Vous soutenez
l'idée de la candidature éventuelle de Mr
Dominique de Villepin à
une
prochaine élection présidentielle pour perpétuer
l'amitié
franco-libanaise et le rayonnement de la France au Moyen-Orient
?
Janvier
2024
L'ex-premier ministre français Dominique de Villepin
a accordé un entretien exclusif à l'Orient
Le Jour sur la situation au Proche-Orient
Il y évoque notamment
la place de la France dans la région et le rôle
de l'Occident dans le conflit actuel qui menace chaque
jour de s'étendre.
Hommage
au poète disparu par
Dominique de VILLEPIN:
Mahmoud Darwich, le poète de lexil
Octobre
2008-
Dans un de ses poèmes, Mahmoud Darwich a écrit
que la rose est devenue blessure. Ces mots révèlent
bien le destin dun poète. Car, chez Darwich,
le Poème et lHistoire sont indissociables.
Ils sont deux formes de la Vie. La ferveur du peuple palestinien
à la mort de Mahmoud Darwich montre à quel
point il avait raison. En effet, chez lui, le destin individuel
et le destin collectif se mêlent sans cesse. Elle
était attachée à tout son être.
Ainsi, son apparence et ses manières exprimaient
une chaleur rugueuse, lhumanité simple. Sa
poésie était à la fois son souffle
et sa terre. À ce titre, il a été
tout à la fois un poète de lexil,
un poète du témoignage et un poète
de la rencontre et de la paix.
Il a été le poète de lexil,
tout dabord. En effet, il na pas connu dautre
existence. À sept ans, la naqba sabat sur
sa famille. Il connaît la guerre et son cortège
de souffrances. Sa famille quitte le village natal de
Birwa, pour lexil libanais. Dans cette souffrance,
il a partagé avec des dizaines de milliers dhommes
et de femmes cette déchirure collective. Avec eux,
aussi, il a fait lexpérience de lexil
intérieur, lorsquil est revenu en Galilée,
à Dayr al-Asad, à Joleydé, à
Haïfa. Toute sa vie, il sest fait passe-murailles,
du Caire à Paris, de Beyrouth à Moscou.
Mais tous les exilés ne sont pas pour autant poètes.
Lui, il a été le poète de lexil,
de tous les exils et de tous les exilés, parce
quil a su reconnaître que la terre se transmet
comme la langue. La langue et la terre se confondent et
se substituent chez lui. Cest pour cela quil
na eu de cesse dhabiter la langue et de la
faire fructifier.
Il a été aussi le poète du témoignage.
Il a senti le besoin dune parole solide pour donner
sens à labsurdité de lHistoire.
Il a travaillé la langue pour quelle puisse
témoigner. Je pense par exemple à ce poème
insoutenable qui évoque lenlèvement
et lassassinat de cinq fillettes à la sortie
de lécole.
Sa parole était ainsi une parole vivante, une preuve
de vie, au-delà de toutes les souffrances. Témoin,
il la été de bien des événements
douloureux de lhistoire du Proche-Orient. Il était
présent à Beyrouth, lors du siège
de 1982. Il a connu lemprisonnement. Mais jamais
il na cessé, à travers ses poèmes,
de dire et de montrer. Mahmoud Darwich a voulu transmettre
une expérience particulière en montrant
au monde ce quelle avait duniversel. Ce faisant,
il a refusé le repli sur la souffrance. Il y a
remarquablement réussi. Comment expliquer sinon
une renommée mondiale, dAmérique en
Europe.
Mais surtout, il a été le poète de
la rencontre et de la paix. Le témoignage ne lui
suffisait pas. Pour lui, la poésie était
surtout un acte de rencontre. Cétait un pont
entre deux êtres humains, entre deux peuples. Ce
nest pas un hasard si lanthologie française
qui lui a été consacrée sachève
sur un Art daimer. Tout y est apaisement, avec le
monde, avec les hommes. Cette rencontre, cest toujours
en même temps la rencontre de la femme aimée.
Car elle aussi, elle se confond avec la terre.
Ne parle-t-il pas des cils de la terre, à propos
des épis de blés. Dailleurs, lexil
aussi, il le vivait dans la séparation avec la
femme aimée. Il refusait labstraction des
grands mots pour souvrir à la vraie rencontre.
Il a toujours cru à lautre.
Je me souviens que cest ce quil ma dit,
la première fois que nous nous sommes rencontrés,
au Quai dOrsay, à Paris. Il la répété
plusieurs fois, la paix nest pas divisible, la terre
suppose lacceptation de lautre. Inlassablement,
il a agi pour la paix. Il a rejeté la violence,
sous toutes ses formes. Car elle était, pour lui,
lantithèse de la parole. Elle était
ce qui rend la parole impossible. Pire, elle est ce qui
la prive de sens.
Nous pouvons essayer de réunir ces trois facettes.
En définitive, je crois en effet que Mahmoud Darwich
a été, au sens plein du terme, un passeur.
Tous les grands poètes sont de tels passeurs. Il
a été passeur, parce quil connaissait
la frontière. Il lavait éprouvée,
elle lavait éprouvé. Il connaissait
celle qui tranche et qui blesse. Cest celle, hérissée
de postes de contrôle. Mais il connaissait aussi
cette autre frontière qui est contact et rencontre.
Celle qui est la chaleur dune peau entre les hommes.
Mahmoud Darwich a été poète, mais
il a été Homme avant tout.
13
Mars 2007
Villepin va,
à titre personnel,
présenter à Harvard un plan de paix pour
le Proche-Orient
Dominique
de Villepin se rendra jeudi 15 et vendredi 16 Mars à
New York et Boston, où il présentera un
plan de paix pour le Proche et le Moyen-Orient dans un
discours à l'université d'Harvard. Le
Premier ministre français entend "expliquer
aux Américains qu'il est urgent de sortir de la
crise actuelle au Proche et au Moyen-Orient", selon
son entourage. Il fixera dans son discours une feuille
de route précise et originale, expliquait-on de
même source.
Dominique de Villepin s'était prononcé pour
un retrait des forces américaines d'Irak d'ici
un an dans un entretien publié le 7 février
dernier par le "Financial Times". Cette proposition
reçoit de plus en plus d'écho aux États-Unis,
observe-t-on à Paris. La majorité démocrate
à la chambre des représentants veut d'ailleurs
adopter une loi imposant un retrait des troupes américaines
d'ici la fin août 2008, voire la fin 2007.
Invité du professeur Stanley Hoffmann, un ami personnel
selon son entourage, le Premier ministre français
prononcera en anglais cette conférence sur le thème
"France et États-Unis : comment faire face
à un ordre mondial en mutation?". Il répondra
ensuite aux questions des étudiants.
La veille, Dominique de Villepin s'entretiendra à
New York avec le secrétaire général
des Nations unies Ban Ki-moon. Il fera le point sur le
déploiement des forces françaises de maintien
de la paix, notamment en Côte d'Ivoire, au Liban
et en Afghanistan. Il aura également des entretiens
avec l'ancien président Bill Clinton et le prix
Nobel d'économie Amartya Sen.
L'ancien ministre des Affaires étrangères
s'était révélé au monde le
14 février 2003 par son discours retentissant contre
la guerre en Irak au Conseil de sécurité
des Nations unies, qui en avait fait l'une des bêtes
noires des États-Unis.
Ce voyage aux États-Unis intervient à deux
mois de son départ de Matignon, et alors que l'on
s'interroge sur l'avenir personnel du Premier ministre.
Il a déclaré lundi matin sur Europe-1, en
annonçant son soutien au candidat de l'UMP à
l'élection présidentielle Nicolas Sarkozy,
vouloir servir la France "autrement et ailleurs".
12 Septembre 2006
Chacun doit prendre ses responsabilités et en particulier
la Syrie », estime le Premier ministre français
Villepin : « Les violences peuvent reprendre à
tout moment »
Cest
une mise en garde pour le moins inquiétante que
le Premier ministre français Dominique de Villepin
a adressée hier aux pays du Proche-Orient,
soulignant la « fragilité » de la
situation au Liban.
M. de Villepin a appelé ces pays à «
prendre leurs responsabilités » face aux
« violences » qui peuvent « reprendre
à tout moment » au Liban et « compromettre
le processus politique ».
« Devant la fragilité de la situation au
Liban et dans la région, devant la menace de
nouvelles violences, rien nest encore acquis »,
a-t-il noté.
« Pour éviter un nouvel embrasement, nous
avons besoin de limplication des autres pays de
la région », a dit le Premier ministre
à loccasion de la déclaration
du gouvernement au Sénat sur la situation au
Proche-Orient.
« Quinze ans à peine après la fin
de la guerre, les bombes se sont à nouveau abattues
sur le Liban, faisant des centaines de victimes civiles
et ébranlant un pays qui avait réussi
le miracle de la réconciliation et un spectaculaire
relèvement économique. Ces images du Liban
dévasté ont touché nos compatriotes.
Car les liens qui unissent la France et le Liban sont
anciens et profonds, nourris par lhistoire et
la culture. Depuis la proclamation de lindépendance
du Liban par le général Catroux au nom
du général de Gaulle en 1941 et ladoption
du pacte national en 1943, notre pays na cessé
de croire en la possibilité dune nation
rassemblant plusieurs confessions et faisant une place
à chaque communauté. La France a payé
un lourd tribut à la défense de cette
idée. Comment ne pas songer à cet instant
à Louis Delamarre, notre ambassadeur assassiné
le 4 septembre 1981, ou encore aux 58 hommes qui ont
perdu la vie
dans lattentat du Drakkar le 23 octobre 1983 ?
» a rappelé M. de Villepin.
« Avec Israël aussi, nos relations sont vivantes
et étroites, fondées sur lhistoire
et les liens entre les hommes. Et cest pourquoi
nous avons partagé la peur et la colère
des habitants de Haïfa frappés par les tirs
de roquettes du Hezbollah.
« Cest au nom de ces liens, mais aussi des
convictions quelle défend depuis plusieurs
années sur la scène internationale, quau
plus fort de la crise, la France a pris ses responsabilités.
Elle a uvré avec la communauté internationale
à la recherche dun arrêt des affrontements
et dune issue politique.
Elle la fait dans un esprit dunité
et de cohésion nationales pour lequel je tiens
à vous remercier.
« Ensemble nous devons tirer les leçons
de cette crise, à la fois pour le Liban, pour
le Proche-Orient et pour lengagement de notre
pays sur la scène internationale. Car nos compatriotes
attendent que la France joue tout son rôle, pour
défendre leurs intérêts et leur
sécurité. Mais ils veulent aussi quelle
défende sa vision dun ordre international
juste fondé sur le respect du droit et de lidentité
des peuples », a-t-il poursuivi, avant de rappeler
ce que la France avait fait et faisait pour aider le
Liban à tous les niveaux depuis cette guerre.
Après avoir évoqué la nécessité
duvrer pour un règlement dans lensemble
de la région et de faire face à la menace
terroriste, Dominique de Villepin a indiqué :
« Au Liban, les violences peuvent reprendre à
tout moment et compromettre le processus politique.
Pour éviter un nouvel embrasement, nous avons
besoin de limplication des autres pays de la région.
Chacun doit prendre ses responsabilités, en particulier
la Syrie, qui doit contribuer à une application
pleine et entière des résolutions 1559,
1595 et 1701. Lapplication de cette dernière
résolution implique de veiller au retrait effectif
des troupes israéliennes, parallèlement
au déploiement de la Finul renforcée,
à la libération des soldats israéliens
enlevés, au respect de lembargo sur les
armes, au désarmement des milices et enfin au
règlement de la question des fermes de Chebaa.
»
« Enfin, nous avons besoin dune Europe capable
de faire entendre sa voix sur la scène internationale.
Vous le savez, cest lun des principes défendus
depuis longtemps par la France. Aujourdhui lEurope
est présente en Afrique, en Afghanistan et au
Liban. Cest la preuve que nous pouvons, si nous
savons rassembler nos forces, peser davantage sur la
scène internationale. Cest lambition
que la France continuera à défendre auprès
de nos partenaires européens dans les mois à
venir », a-t-il ajouté.
Et de conclure : « Une nouvelle fois, dans la
crise, sous la conduite du président de la République,
nous avons assumé nos responsabilités.
Nous avons su faire entendre la voix de la France, dans
le respect de nos principes et des convictions que nous
défendons partout dans le monde. Mais devant
la fragilité de la situation au Liban et dans
la région, devant la menace de nouvelles violences,
rien nest encore acquis. Lexigence daction
et dengagement reste entière. Soyez assurés
que mon gouvernement restera pleinement mobilisé
au service de la paix. »
7 Septembre
2006 Villepin
réaffirme l'engagement de la France au Liban Dominique
de Villepin a solennellement réaffirmé devant
l'Assemblée nationale l'engagement de la France
à agir pour éviter que le Liban ne redevienne
le « champ de bataille » d'autres pays, en
appelant la Syrie et l'Iran à prendre leurs «
responsabilités » dans la région.
S'exprimant
devant les députés lors d'un débat
sur la situation au Proche-Orient, qui ouvrait la session
extraordinaire du Parlement, le Premier ministre a expliqué
que la France, qui va engager au total 2 000 soldats
au sein de la Finul élargie, devait « se
mobiliser toujours davantage en faveur de la paix »,
au Liban et au Proche Orient.
M. de Villepin a estimé qu'au Liban « le
conflit pouvait reprendre à tout moment. Or,
nous ne pouvons accepter que ce pays serve une nouvelle
fois de champ de bataille aux guerres des autres ».
Il a lancé un appel à l'Iran et à
la Syrie, principaux soutiens du mouvement chiite libanais
du Hezbollah, en soulignant qu'il fallait
« désormais placer les différents
acteurs régionaux devant leurs responsabilités
».
« C'est bien la stabilité de l'ensemble
de la région qui est en jeu », a-t-il estimé,
en voyant « un risque véritable de contagion
et de radicalisation ».
A quatre jours de l'anniversaire des attentats du 11
septembre, M. de Villepin s'est encore démarqué
du leitmotiv du président George W. Bush en réaffirmant
que « contre le terrorisme, ce n'est pas une guerre
qu'il faut engager ». « Nous ne viendrons
à bout de ce fléau qu'en luttant aussi
contre l'injustice », a-t-il assuré.
Si les députés de gauche et de l'UDF se
sont félicités de l'action du gouvernement
et de Jacques Chirac pour la cessation des hostilités,
ils ont toutefois émis des réserves
sur l'action de la diplomatie française.
Le Premier ministre français,
en visite éclair à Beyrouth et porteur
dun message de solidarité et damitié
au Liban appelle à une trêve humanitaire
immédiate En
visite éclair à Beyrouth pour «
exprimer la solidarité et lamitié
de la France » à légard des
Libanais, le Premier ministre français, Dominique
de Villepin, a examiné avec son homologue Fouad
Siniora des moyens de rétablir le calme au Liban,
et appelé à « une trêve humanitaire
immédiate ».
Dépêché par le président
Jacques Chirac, M. de Villepin est arrivé dans
laprès-midi depuis Paphos, à Chypre,
à bord dun hélicoptère qui
sest posé sur le terrain de sport du collège
de Jamhour. Il était accompagné du ministre
français des Affaires étrangères,
Philippe Douste-Blazy. MM. de Villepin et Douste-Blazy
se sont immédiatement rendus au Sérail
où ils ont eu avec M. Siniora un entretien dune
heure, suivi dune réunion élargie
avec les membres du gouvernement, en présence
de lambassadeur de France, Bernard Émié.
Au cours dune conférence de presse conjointe
avec M. Siniora, le Premier ministre français
a appelé à « une trêve humanitaire
immédiate » pour mettre fin aux «
souffrances de la population civile », après
avoir déploré le recours à la violence.
« La France condamne le recours à la violence
et dénonce lenlèvement des deux
soldats israéliens. Elle appelle à leur
libération », a-t-il déclaré,
après avoir affirmé être porteur
dun message de solidarité et damitié
au peuple libanais.
Le chef du gouvernement français a déploré
« les destructions et le grand nombre de victimes
» depuis le lancement de lopération
militaire israélienne contre le Liban. Soulignant
la nécessité duvrer en faveur
du pays, M. de Villepin a estimé que le recours
à la force est inutile et a mis laccent
sur lengagement de la France à parvenir
rapidement à un cessez-le-feu et à trouver
un règlement à la crise actuelle. «
Lindépendance, la souveraineté et
la liberté du Liban sont pour nous une priorité
absolue qui doit être respectée de tous
», a-t-il insisté, affirmant quil
a demandé à M. Siniora de népargner
aucun effort dans ce sens, en conformité avec
la résolution 1559 du Conseil de sécurité.
M. de Villepin a ensuite souligné « la
détermination » de son interlocuteur à
« restaurer lautorité de lÉtat
sur lensemble du territoire ».
Selon
le porte-parole de lhôtel Matignon,
les entretiens de M. de Villepin à Beyrouth
se sont articulés autour de deux axes principaux:
Le premier est politique et se rapporte à
la position du G8, à savoir que le gouvernement
français se propose dobtenir un cessez-le-feu
qui serait suivi de la libération des deux
soldats israéliens capturés par
le Hezbollah et larrêt des tirs de
missiles de cette formation contre Israël.
Le deuxième est diplomatique. Le Premier
ministre français tentera dobtenir
un arrêt des opérations militaires,
et une aide européenne et internationale
au Liban pour quil puisse panser ses blessures
et concrétiser, avec laide de la
communauté internationale, lapplication
de la résolution 1559 du Conseil de sécurité
des Nations unies.
23 Décembre 2005 Villepin
: Damas doit « coopérer sans conditions »
à lenquête
Marquant encore
tout l'intérêt qu'il porte au Liban, le Premier
ministre français, Dominique de Villepin, demande,
à la veille de Noel, à la Syrie de «
se conformer pleinement à ses obligations internationales
», en coopérant « sans conditions »
avec la Commission denquête sur lassassinat
de Rafic Hariri, dans un entretien que publie ce samedi
le quotidien al-Hayat.
« Les autorités syriennes savent ce que la
communauté internationale attend delles,
et nous leur demandons de sy conformer »,
déclare M. de Villepin.
Quant aux « objectifs » de la France concernant
le Liban, ils sont connus.
« Le premier, cest la recherche de la vérité
sur les odieux assassinats qui ont endeuillé ce
pays ami et la punition des coupables », a-t-il
dit.
« Le second, cest le soutien à lindépendance
et à la souveraineté du Liban par la mise
en uvre complète des résolutions de
lONU, notamment la 1559 », a ajouté
M. de Villepin. Rappelons
que a résolution 1644 du Conseil de sécurité,
adoptée le 15 décembre dernier, a prorogé
le mandat de la Commission denquête internationale,
lautorisant à apporter une assistance au
sujet des enquêtes sur les attentats commis au Liban
depuis le 1er octobre 2004, et engageant la Syrie à
coopérer davantage à lenquête.
La résolution prenait acte par ailleurs de la demande
du gouvernement libanais à ce que les personnes
qui seraient mises en cause dans lattentat contre
Hariri soient jugées par un tribunal international.
Elle priait aussi le secrétaire général
de l'ONU, Kofi Annan, daider le gouvernement libanais
à déterminer la nature et létendue
de lassistance internationale nécessaire
à cet égard et de lui rendre promptement
compte sur la question.
Interrogé
sur les relations entre la France et les Etats-Unis, Dominique
de Villepin a par ailleurs estimé que la guerre
contre le terrorisme "ne se pose pas en termes de
'confrontation' entre Orient et Occident". "Les
pays du monde arabo-musulman sont tout autant victimes
d'actes terroristes que les pays occidentaux. "Face
à cette menace globale, nous avons un devoir de
mobilisation collective, qui est la condition du succès",
a t-il expliqué."Pour être vraiment
efficace, la communauté internationale doit aussi
agir pour résoudre les crises régionales,
la grande pauvreté, les injustices. Le dialogue
doit être permanent et approfondi entre Européens,
Américains, les Etats de la région et tous
nos partenaires, afin d'éviter que les frustrations
ne se transforment en rejet de l'autre, voire en haine
et en violence", a t-il insisté.Villepin s'est
principalement efforcé de prôner, tout au
long de cet entretien, l'usage de la coopération
et de la franchise avec les Etats-Unis.
Le Premier ministre français remet au rédacteur
en chef du « Nahar », Ghassan Tueni,
les insignes dOfficier de la Légion
dhonneur
Des paroles importantes, des paroles essentielles
ont été prononcées le Jeudi
8 Décembre, à Matignon, au cours
dun de ces moments forts et émouvants
où lamitié multiséculaire
entre la France et le Liban ressort avec un particulier
éclat. Cétait à l'occasion
de la remise des insignes dOfficier de la
Légion dhonneur par le Premier ministre
français, Dominique de Villepin, à
Ghassan Tuéni, rédacteur en chef
du quotidien an-Nahar.
Dans son discours, le Premier ministre français
a demblée mis en exergue lamour
de Tuéni pour le Liban. « Vous témoignez
de la nécessité de servir sans relâche
votre pays », a-t-il dit, avant de le décrire
comme « un homme de cur qui sest
toujours engagé avec ferveur au service
des autres, quel quen soit le prix, quelles
quen soient les conséquences ».
« La République française
mhonore doublement, dabord en me conférant
lOrdre de la Légion dhonneur,
ensuite en vous désignant personnellement
pour men remettre les insignes dOfficier.
Homme de lettres et poète aux inspirations
multiples, cest à travers lécriture
que sest forgée entre nous une amitié
qui va au-delà des relations personnelles,
pour sépanouir au service de principes
communs et du même idéal des libertés
démocratiques », a répondu
Ghassan Tuéni au Premier ministre français.
Nous reproduisons ci-dessous lessentiel
des discours prononcés par les deux hommes,
en présence dun parterre comprenant
notamment Mme Nazek Hariri, Mgr Élias Audeh,
métropolite de Beyrouth, Marwan Hamadé,
Michel Eddé, Ghassan Salamé, Wadih
el-Khazen, Gebran Tuéni, Myrna Boustany,
Sylvie Fadlallah, ambassadrice du Liban, Samira
el-Daher, représentante du Liban à
lUnesco, Philippe Lecourtier, Camille Aboussouan,
Salah Stétié, Alia el-Solh, Raymond
Audi et Joseph Maïla.
La mémoire
de Rafic Hariri «
Avant toute chose, vous me permettrez de saluer
la présence parmi nous dune femme
qui a affronté les épreuves les
plus difficiles de la vie avec un courage et une
dignité sans pareils, a notamment déclaré
M. de Villepin. Madame Nazek Hariri, chère
Madame, cest un honneur pour nous de vous
recevoir ici ce soir. Vous êtes toujours
la bienvenue en France où le souvenir de
votre mari et la mémoire de son engagement
passionné au service de son pays restent
vivants à jamais.
« Cette cérémonie est un moment
important pour moi. Cest loccasion
de rendre hommage à un homme, à
un humaniste, à un écrivain et à
un journaliste qui na cessé de participer
avec conviction et avec enthousiasme aux débats
de notre temps. Un grand Libanais, un grand homme
de culture.
« Cher Ghassan Tuéni, vous me permettrez
de vous citer tout de suite, parce que vous témoignez
de lengagement au service de lintérêt
général, de la nécessité
de servir sans relâche son pays. À
votre ami le grand journaliste libano-français
Samir Kassir, assassiné le 2 juin, vous
disiez : Pour mieux comprendre, avec sa
raison et son âme, la vie de la Cité,
il faut dabord laimer, laimer
à la fois avec douceur et violence.
Dans ces mots se reflète votre image, celle
dun homme de cur qui sest toujours
engagé avec ferveur au service des autres,
quel quen soit le prix, quelles quen
soient les conséquences.
« Tous ici, nous connaissons les combats
que vous avez menés, les causes que vous
avez soutenues, les hommes et les femmes pour
lesquels vous avez pris parti au nom de la justice.
Nous savons tous ici avec quelle ardeur vous luttez
chaque jour au service de lesprit de dialogue
et de liberté.
« Comme journaliste, vous navez cessé
de défendre ces valeurs ( ) Car vous
avez une conviction : le journalisme nest
pas un métier comme les autres. Cest
une véritable mission au service de la
vérité des faits et de la liberté
de pensée.
Vous avez dailleurs toujours veillé
à ouvrir à toutes les tendances
et toutes les opinions les colonnes de votre journal,
comme celles du quotidien francophone LOrient-Le
Jour, dont je salue le président qui est
parmi nous ce soir. Vous avez toujours préféré
le pluralisme à la défense dun
parti ou dune opinion unique. » Samir Kassir et May Chidiac
« Ce combat quotidien vous a valu des ennemis
et vous a même conduit en prison. Mais votre
courage et votre humanisme lont toujours
emporté sur la peur, la haine et lintimidation.
Vous dites vous-même qu il faut
savoir côtoyer la mort et habiter déjà
sa propre mémoire, pour survivre tous les
jours à son propre assassinat et lattendre
sans peur, parce que sans reproche ».
« Ce soir, jai une pensée particulière
pour ceux de vos confrères que cet engagement
a marqués dans leur chair. Je pense à
Marwan Hamadé, votre beau-frère,
ce ministre engagé qui est lun des
symboles du printemps de Beyrouth, et à
May Chidiac. Tous deux ont survécu à
de terribles attentats. Je pense aussi à
Samir Kassir, qui a payé de sa vie son
amour de la liberté. Tous ces hommes et
toutes ces femmes ont toujours mis lesprit
de liberté et de résistance au-dessus
de leur propre personne. Ils ont toujours considéré
comme vous quun homme était fait
de ses convictions et de ses engagements.
Chirac et Villepin envoient deux couronnes
de fleurs à la famille Tuéni
Jacques
Chirac a envoyé hier, en sa qualité
de président de la République
française, une couronne de fleurs
à la famille Tuéni.
De son côté, et dans un geste
très personnel, le Premier ministre
français, Dominique de Villepin,
a également envoyé une couronne
à la famille du journaliste assassiné,
mais cette fois en son propre nom et celui
de son épouse Marie-Laure. Quatre jours
après la cérémonie,
Gebran Tueni allongeait la liste des martyrs
évoqués ci-dessus...
« Vous avez fait de votre journal lun
des symboles de la démocratie libanaise
( ). La liberté et le dialogue, vous
les avez aussi défendus à travers
votre engagement politique. Au cur de cet
engagement, il y a votre amour immense pour votre
terre, le Liban( ). Vous avez également
défendu votre pays sur la scène
internationale. Sur les traces de Charles Malek,
votre ancien professeur à lUniversité
libanaise, et lun des pères de la
Déclaration universelle des droits de lhomme,
vous avez représenté le Liban aux
Nations unies pendant cinq années. Cinq
années cruciales pour le Liban. Combien
de résolutions des Nations unies avez-vous
fait voter sur le Liban pendant cette période.
Vous êtes notamment à lorigine
de la résolution 425 du Conseil de sécurité
qui, le 19 mars 1978, a créé la
Finul. Laissez vivre mon peuple !
Ce cri que vous lanciez en 1978, alors que le
sang coulait dans un Liban déchiré
et meurtri, na pas perdu de sa force. Homme-
clé de la diplomatie libanaise, vous avez
toujours eu à cur de lutter contre
lindifférence, la lassitude, la résignation.
» « Digne héritier de la Nahda »
« Aujourdhui, vous mettez votre engagement
et votre plume au service de la paix et du dialogue
entre les cultures.Fervent défenseur de
larabité, vous êtes aussi porteur
du message dune nouvelle renaissance arabe.
Vous avez participé à la fondation
de la première Université de droit,
de sciences politiques et déconomie
en langue arabe, en 1950, aux côtés
de Kamal Joumblatt. En cela, vous êtes un
digne héritier de la Nahda, portée
par Chekri Ghanem, Georges Samné, Chakib
Arslan, Taha Hussein et tant dautres.
« La renaissance de la culture arabe passe
à vos yeux par un nouveau dialogue entre
chrétiens et musulmans, entre les deux
rives de la Méditerranée. Car pour
vous, être Méditerranée-arabe
, cest répondre au besoin que
le Liban a toujours éprouvé daller
au-devant des horizons les plus divers pour accueillir
tout à la fois les civilisations dOrient
et dOccident. Vous êtes attaché
à un Liban cosmopolite, un Liban de la
tolérance riche de sa diversité,
où le « verbe serait roi dans sa
réalité plurielle ». Pour
vous, il est essentiel de parler plus dune
langue, pour participer à plus dune
culture ». La
francophonie
« Dans ce dialogue entre les deux rives,
vous accordez au français un rôle
fondamental. Langue du cur, le français
est aussi selon vous le véhicule
culturel par excellence. Un dialogue dans la convivialité
de lesprit, où nous pourrions nous
comprendre, nous faire confiance et aller vers
une même transcendance .
« ( ) Ce combat pour la francophonie,
vous ne le menez pas seul. Cest aussi celui
de votre épouse, Chadia el-Khazen, qui
préside aux destinées de la librairie
al-Bourj. Cest enfin celui de vos compatriotes
et amis Vénus Khoury-Ghata et Salah Stétié,
à qui je tiens à rendre un hommage
amical, et tant dautres, que je ne peux
tous citer ce soir.
« Depuis soixante ans, vous vous engagez
sans relâche pour la souveraineté
du Liban et en faveur du dialogue et de la paix.Aujourdhui,
le Liban, ce pays difficile tel un très
long poème , disait Nadia Tuéni,
a reconquis son indépendance et sa souveraineté.
« Aujourdhui, vous êtes cette
figure éminente du « nouveau Liban
», qui émerge, de ce pays qui demeurera
toujours lindispensable « communauté
existentielle de la convivialité islamo-chrétienne
».
« Pour lensemble de votre uvre
et de votre combat dhomme libre, pour votre
action décisive au service de la francophonie
du Liban, pour rendre hommage à limmense
personnalité que vous êtes, le président
de la République française a souhaité
vous distinguer et vous honorer.
« Cest donc un très grand honneur
et une très grande joie pour moi que de
vous faire aujourdhui, au nom du président
de la République, Officier de la Légion
dhonneur. » La réponse
de Ghassan Tuéni
« Monsieur le Premier ministre ( ),
le Liban, placé à la croisée
des chemins dune géographie torturée,
la France la voulu, avec nous, un exemple
politique unique : celui dune convivialité
constitutionnelle entre des « familles spirituelles
» se réclamant toutes du même
Dieu, Unique et Miséricordieux. Nous devions
demeurer libres de Ladorer chacun à
sa manière sans quaucun ne soctroie
le droit den monopoliser le combat et de
le prendre ainsi otage des guerres pour Dieu,
qui aisément dégénèrent
en luttes claniques et tribales. Vous comprendrez,
Monsieur le Premier ministre, que nous ne puissions
continuer à tolérer que nos libertés
constitutionnelles servent dalibis à
pareils anathèmes, ni que les guerres de
religions-nationalités ne sinfiltrent
toutes chez nous, tantôt israélo-arabes,
maintenant irano-arabes, demain qui sait
? israléo-iraniens, sans oublier les convoitises
interarabes et les guerres régionales,
tantôt froides, tantôt chaudes, etc,
etc
« Telle est la signification profonde du
printemps de Beyrouth, cette révolution
tranquille, provoquée par lassassinat
cataclysmique du Premier ministre Rafic Hariri,
qui eut pour effet de révéler soudain,
à travers la manifestation géante
du 14 mars, unique dans les annales de lHistoire,
le tiers de la population du pays au centre
de la capitale Beyrouth lunité
organique du peuple libanais et sa détermination
à imposer son droit à la justice
autant quà lindépendance.
« Plus jamais de tutelle, plus jamais de
tyrannie ». Un retour déterminé
au Pacte national rêvé par tous les
citoyens, siècle après siècle,
depuis Fakhreddine, et régime après
régime, depuis lindépendance
acquise en 1943.
« Et surtout, surtout un grand non aux «
guerres pour les autres », et un énorme
oui à la légitimité internationale,
soutenus par une constatation unanime : le rejet
instinctif du retour à la violence religieuse,
malgré les incitations quotidiennes des
fossoyeurs et les provocations permanentes de
leurs agents.
« Mais il demeure nécessaire de consolider
les structures de lÉtat, de ramener
le dialogue au quotidien dans son seul cadre constitutionnel
absolu et de cesser dutiliser les prétextes
pseudo-religieux comme boucliers politiques.
« Du plus profond de ses souffrances cumulées,
le Liban appelait le monde à croire et
à proclamer que la raison dêtre
de ce que le pape Jean-Paul II appelait la
Patrie-message était non seulement
un impératif catégorique national,
mais aussi un impératif de la paix régionale
et internationale.
« Au moment où Euromed annonce au
dernier Sommet de Barcelone la décision
de créer une Alliance des civilisations,
la mémoire de lExpédition
dÉgypte par Bonaparte ne simpose-t-elle
pas en termes contemporains comme
un choc civilisationnel énorme, certes,
mais qui très vite se transfigure en un
« dialogue des cultures » si enrichissant
pour toute lhumanité ? Que davenues
ouvertes vers des nostalgies dAndalousie,
égarées et retrouvées, mais
qui, hélas, devinrent toutes mirages !
Cependant, nest-ce pas là un apport
positif de ce que Samir Kassir, journaliste-martyr
de « lIndépendance 2005 »
assassiné le 2 juin appelait
le malheur arabe ?
« Le Liban na cessé de rêver
dAndalousie et naura de cesse de le
faire quen la redevenant.
« Face au monde qui continue hélas
! en vain à senliser dans
la somptuosité académique des dialogues
entre les religions, devenus professionnels, je
me permets de dire que lalliance des civilisations
implique une révolution culturelle chez
les partenaires de cette nouvelle alliance.
« Mon appel ici-même à cette
révolution culturelle se justifie du fait
historique que cest à Paris, dès
le XIXe siècle et jusquaux années
1930 (avec lémir Chakib Arslan et
son action pour une réforme du monde arabe
et musulman) que sest livré ce vaillant
combat, quoique sur des modes divers. Ce combat,
une pléiade de penseurs, décrivains
modernes de lislam, dhorizons pluriels,
le poursuivent aujourdhui, au nom de mêmes
idéaux, et ils lexpriment par choix,
en français. Tous réclament que
lislam se ressource à la spiritualité
des mystiques et à la philosophie originelle
de la tolérance et de lamour de lautre,
pour ainsi briser le cercle vicieux dun
pseudo-jihad criminel et suicidaire.
Je pense à Mohammed Arkoun, à Abdel
Wahhab Meddeb, à Malek Chebel, et à
tant dautres que je ne saurais tous citer.
« Mais dégale importance devrait
être le combat jose dire la
croisade quil faut livrer en francophonie
parce que plus crédible à
un certain christianisme dit néo-conservateur,
fortement implanté à Washington
même, et qui risque Israël aidant
de mettre en péril les anciennes
Églises chrétiennes dOrient
(de Jérusalem à Antioche et jusquen
Alexandrie) héritières de la pensée
première de Saint-Augustin le punique,
leur ancêtre patriarche dAfrique.
Puis, la crainte majeure de vider les Lieux Saints
de leur substance humaine, donc de la véritable
Église lÉglise des
hommes même si lÉglise
des pierres devait subsister comme hauts lieux
de pèlerinages, mais déserts et
touristiques.
« Monsieur le Premier ministre, face à
ces risques, demain peut-être à portée
universelle, que faire ? Il faut que la responsabilisation
constitutionnelle, voire pénale, portée
par le Conseil de sécurité, à
une échelle internationale, soit poursuivie.
« Il faut que linitiative du président
Jacques Chirac soit développée,
jusquà létablissement
dune sanctuarisation de la souveraineté
qui protégerait la démocratie, les
libertés républicaines et les droits
de lhomme, et que cette sanctuarisation
soit consacrée par une légitimation
fonctionnelle du droit des gens et de la Charte
des Nations unies. »
Vus de Beyrouth, les évènements
de violence urbaine qui agitent la société
et la classe politique française suscitent
étonnement,
inquiétude et parallèles à
la fois humoristiques ou troublants selon le degré
de lecture choisi;
en témoigne ce succulent billet paru le
11 novembre 2005 dans
le quotidien de Beyrouth, l'Orient-leJour.
À lécole du Koullouna* Douce
France ! À entendre Noël Mamère,
député écolo vert de rage,
il suffirait de résoudre le problème
de lexclusion frappant les jeunes beurs
pour stopper net le Salon de lauto des banlieues.
Joli raccourci quon pourrait illustrer par
ce pensum puissant : « Je suis pauvre, donc
je casse. » Visiblement, Noël a dû
prendre la sage précaution denterrer
sa voiture au quatrième sous-sol avant
de débiter son verbiage humaniste. Lui,
cest le Nabih Berry français.
Autre agité du bocal, qualifié de
« charlot » par ses détracteurs
: Olivier Besancenot. Pendant des années,
ce postier adepte du jurassic park trotskiste
a milité pour les lendemains chantants.
Aujourdhui, il croit sérieusement
quil fera enfin partie de la chorale. Alors
Olivier voit soudain venir le « grand soir
», sexcite et appelle les «
sauvageons » des cités à la
résistance contre ce couvre-feu qui porte
atteinte à la liberté dincendier.
On croirait entendre Hassan Nasrallah à
bicyclette et rasé de près.
Et puis, de temps en temps, il y a un revenant
qui se la ramène : Lionel Jospin, dit Yoyo-la-bérézina,
depuis quen 2002 il sest fait doubler
par Jean-Marie Le Pen, ouvrant à Jacques
Chirac un boulevard vers lÉlysée
avec un taux quasi syrien. Quand on entend son
argumentation pitoyable à géométrie
variable, on se dit vraiment quil fait bien
de rester dans sa voie de garage de lîle
de Ré. Alors lui, cest indiscutablement
le Sélim Hoss de France et de Navarre.
Le tableau serait bien évidemment incomplet
sans Nicolas Sarkozy pour qui la banlieue de Paris,
cest lArabe qui cache la forêt.
Un coup de Karcher à droite pour nettoyer
la « racaille », un coup de plumeau
à gauche pour faire voter les immigrés.
Sarko a dû certainement fréquenter
Walid Joumblatt et Michel Aoun. Voilà comment le Liban fait école.
Ne reste plus aux Français quà
prier bien fort :
« Seigneur, donnez-nous notre Villepin quotidien.
»
Gaby
NASR Editorialiste
à l'Orient-leJour
* Koullouna signifie littéralement "tous
ensemble (moi avec les autres)"
Création à Beyrouth en 2006
d'un
Centre pour les Etudes en France
Beyrouth, 30 Novembre 2005-
Dans le cadre de la présentation d'un plan
pour une meilleure gestion de l'immigration, le
premier ministre français, Dominique de
Villepin, a annoncé la création
à l'étranger, de six nouveaux centres
pour les études en France dont le Liban
fera partie dès 2006.
La politique du gouvernement français a
fixé une politique d'immigration choisie
comme nouvel axe directeur de l'accueil de nouveaux
étrangers en France.
En ce qui concerne les étudiants étrangers,
il s'agit donc d'effectuer une sélection
accrue en amont, c'est à dire dans le pays
d'origine.Les centres seront chargés de
filtrer les candidats aux études en France
en vérifiant, outre leurs aptitudes linguistiques,
l'adéquation de leur niveau dans les matières
en relation avec leur projet personnel.
Ces dispositions visent désormais un objectif
d'excellence afin d'attirer les meilleurs éléments
qui avaient tendance depuis plusieurs années
à partir vers des universités anglo-saxonnes
dont l'attractivité semble bien croissante.
Cette démarche semble particulièrement
adaptée à la situation au Liban
et contribuera sans doute à ajuster la
réalité à l'image encore
positive mais fragile dont bénéficie
encore la France parmi la jeunesse libanaise.Cela
permettra aussi de pérenniser le vivier
de francophonie que celle-ci constitue comme en
témoignent les nombreuses activités
socio-culturelles qui se tissent entre les deux
pays.
En contrepartie, l'année de leur arrivée,
les étudiants choisis seront dispensés
des procédures en préfectures. Leur
visa vaudra titre de séjour. A l'issue
de leurs études, ceux qui auront décroché
au minimum un mastère pourront chercher
du travail en France pendant six mois. Ceux qui
décrocheront un emploi en relation avec
leurs diplômes obtiendront un titre de séjour.
Le choix du Liban marque de toute évidence
l'importance particulière que lui accordent
toujours la France et son gouvernement actuel
notamment envers sa jeunesse qui contribuera à
perpétuer des relations privilégiées
entre les deux pays.
JM Druart
De
Villepin, ardent défenseur sur la scène
internationale de la restauration de la souveraineté
du Liban.
La
commission Mehlis doit pouvoir bénéficier
de « tous les moyens »
pour enquêter, affirme Dominique de Villepin
2
Novembre 2005-
Lenquête internationale sur lassassinat
de lancien Premier ministre Rafic Hariri
a repris tout aussi discrètement quelle
avait été menée depuis la
formation de la commission Mehlis,
conformément à la résolution
1595 du Conseil de sécurité. Le
Premier ministre français, Dominique de
Villepin, a estimé que cette commission
devrait bénéficier de tous les moyens
nécessaires pour approfondir ses investigations.
Au niveau politique, la France
a donc réitéré par la bouche
de son Premier ministre, Dominique de Villepin,
son attachement à ce que lenquête
sur lassassinat de Hariri soit menée
jusquau bout.
« Après le rapport présenté
par le magistrat Detlev Mehlis, la commission
doit se voir donner tous les moyens pour approfondir
son enquête », a déclaré
M. de Villepin dans un entretien publié
hier par le quotidien anglophone canadien National
Post et dont des extraits ont été
rapportés par lAFP.
« Le seul but de la commission denquête
dirigée par Detlev Mehlis est daider
le système judiciaire libanais à
traduire en justice les responsables de cette
attaque terroriste »,
a-t-il fait valoir à propos de lattentat
du 14 février.
Lassassinat de Rafic Hariri a constitué
« une tentative claire de bloquer le processus
politique dans lequel le Liban était en
train de sengager », a encore dit
M. de Villepin. « En ce qui concerne la
Syrie et le Liban, les objectifs de la France
sont on ne peut plus clairs: nous voulons voir
la souveraineté du Liban pleinement restaurée,
ni plus ni moins », a-t-il ajouté.
Paris veut intensifier la coopération entre France et
Liban
Dominique de Villepin a
affirmé la volonté de la France d'intensifier sa coopération
avec le Liban. PARIS,
18 Oct.2005-
"Nous souhaitons bien sûr nous mobiliser pour aider le
Liban sur le plan économique, pour préparer la conférence
internationale des amis du Liban, nous souhaitons qu'elle
puisse se tenir le plus rapidement possible. Et nous sommes
naturellement prêts à poursuivre et intensifier notre
coopération bilatérale avec ce grand pays ami", a-t-il
ajouté. Fouad Siniora a insisté pour sa part sur la coopération
technique et économique entre la France et le Liban. Il
a par ailleurs rappelé que son pays était déterminé à
tout faire pour collaborer à l'enquête internationale
sur l'assassinat de Rafic Hariri, La semaine dernière,
le chef du gouvernement libanais a demandé à l'Onu de
prolonger jusqu'à la mi-décembre le mandat de sa commission
d'enquête sur l'assassinat le 14 février dernier à Beyrouth
de l'ancien Premier ministre. Le secrétaire général des
Nations unies, Kofi Annan, étudie actuellement cette requête.
Interrogé sur l'arrestation, dimanche près de Paris, d'un
ressortissant syrien, Zaïr Mohamed Zaïd al Siddik, dans
l'enquête sur l'attentat contre Rafic Hariri, Fouad Siniora
a estimé qu'il avait été interpellé "parce qu'il y a quelque
chose qui rendait cette arrestation nécessaire". "Mais
je ne veux pas faire de l'ingérence dans le travail des
autorités judiciaires", a-t-il ajouté. Le Premier ministre
libanais a enfin estimé que la sécurité s'améliorait au
Liban. "Hormis les attaques terroristes dont nous avons
souffert, je pense que la situation est excellente. Nous
espérons que ceux qui ont commis ces actes terroristes
vont s'arrêter et nous faisons tous les efforts nécessaires
pour améliorer l'organisation de nos services de sécurité
et de renseignement", a-t-il dit. "J'ai confiance et je
suis persuadé que nous serons à la hauteur du défi".
Entretien du Premier ministre, M. Dominique
de Villepin, avec le journal Al Hayat
Extraits (24/12/2005)
Q
- Comment voyez-vous lavenir du Liban ? Pensez-vous
que les relations françaises avec le régime
syrien en place ont atteint un point de non-retour ?
Sur
le Liban, nos objectifs sont connus : le premier, cest
la recherche de la vérité sur les odieux
assassinats qui ont endeuillé ce pays ami, dont
le dernier encore très récemment, et la
punition des coupables. Le second, cest le soutien
à lindépendance et à la souveraineté
du Liban par la mise en oeuvre complète des résolutions
des Nations unies, notamment la résolution 1559.
Le
Liban traverse aujourdhui une phase cruciale de
sa longue histoire. Le départ des troupes syriennes,
en avril 2005, a été une première
étape fondamentale vers le recouvrement de la
pleine indépendance et la souveraineté
de ce pays, en permettant la tenue des premières
élections libres depuis plus de trente ans.
Dans
ce contexte, la France se tient fermement et résolument
aux côtés du Liban et du peuple libanais,
pour laider à surmonter les épreuves
daujourdhui et les défis de lavenir.
La communauté internationale est également
mobilisée pour aider le Liban et son gouvernement
- notamment pour la mise en oeuvre dun ambitieux
plan de réformes politiques et économiques,
dans la perspective de la tenue dune conférence
des amis du Liban en 2006.
Quant
aux relations entre la France et la Syrie, il ne tient
quà la Syrie de les améliorer en
se conformant pleinement à ses obligations internationales,
en particulier en coopérant sans conditions avec
la commission internationale denquête sur
lassassinat de Rafic Hariri comme vient de le
lui demander, une nouvelle fois, le Conseil de sécurité
des Nations unies. Les autorités syriennes savent
ce que la communauté internationale attend delles
et nous leur demandons de sy conformer.
Vous
soutenez l'idée de la candidature éventuelle
de Mr De Villepin
à une prochaine élection présidentielle
en France?
Contactez-nous
Dominique De Villepin et la relation franco-libanaise Interrogé à
l'Assemblée Nationale en Octobre 2002 au sujet de la politique
française au Liban, quelques jours après la visite en France
du président du parlement libanais Nabih Berry et à la veille
du Sommet de la Francophonie de Beyrouth, voici la réponse de Mr
de Villepin alors Ministre des Affaires Etrangères:
" La France est un des partenaires privilégiés du Liban, avec lequel
nous avons des intérêts communs, économiques et culturels. Nous sommes
attachés à la souveraineté et à l'indépendance du Liban, d'où notre satisfaction
du retrait israélien du Liban Sud, d'où notre insistance pour que le règlement
de paix global au Proche-Orient intègre les volets libanais et syriens,
d'où notre souhait de voir se consolider les relations entre le Liban
et la Syrie avec, à terme, un retrait total des armées syriennes. Nous
sommes également attachés à la réforme et à la reconstruction du Liban,
d'où notre soutien à son gouvernement. A titre bilatéral, le Liban fait
partie de la zone de solidarité prioritaire, la France est le premier
investisseur étranger au Liban ; au titre de l'Union européenne, nous
avons soutenu la signature de l'accord d'association dans le cadre du
processus de Barcelone ; à titre multilatéral, nous appuyons les efforts
du Liban auprès des institutions financières et plaidons pour la tenue
d'une nouvelle conférence ad hoc à Paris. Autant de raisons, donc, pour
que le sommet de la francophonie ait lieu à Beyrouth".
Liban:
le Premier ministre français s'exprime sur la résolution
1559 et l’assassinat de Hariri De
Villepin : « Seul un État consolidé aura les moyens de traiter
la question du Hezbollah »
« La mission Mehlis ira jusqu’au bout, la Syrie doit coopérer
»
A la
réunion de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF),
M. Saad Hariri a soigneusement évité de se retrouver face à face
avec le président Lahoud, mais s’est brièvement entretenu avec
le Premier ministre français, Dominique de Villepin, qui présidait
la réunion de l’OIF.
NEW
YORK,15 Sept.2005- Au terme de la réunion sur
la francophonie, le Premier ministre français, Dominique de Villepin,
a tenu une conférence de presse pour donner le point de vue de
la France sur le document final et la réforme du système international.
M. De Villepin a aussi longuement évoqué la question libanaise.
Répondant aux questions de L’Orient-Le Jour, il a affirmé que
Paris est « mobilisée pour que les objectifs de la résolution
1559 soient atteints », estimant que « seul un État consolidé
aura les moyens de traiter la question du Hezbollah » et qu’il
faudra, par conséquent, « laisser le temps nécessaire au Liban
pour renforcer ses institutions ». Concernant l’enquête sur l’assassinat
de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, il a insisté sur le
fait que celle-ci doit être « menée jusqu’à son terme », appelant
la Syrie à coopérer pleinement avec la commission d’enquête internationale.
À la question de savoir s’il a évoqué avec le président Émile
Lahoud, lors de la réunion de la francophonie, et plus tôt dans
la journée avec M. Saad Hariri, l’évolution de l’enquête ainsi
que l’application de la 1559, M. De Villepin a répondu : « Vous
savez, cette enquête est menée dans le cadre de la résolution
1595 et la France juge qu’elle doit être menée jusqu’à son terme.
Nous n’avons pas de commentaires à faire sur une commission qui
est indépendante. Nous respectons son travail et nous souhaitons
qu’elle puisse être menée jusqu’à son terme. Mais il est tout
à fait important, pour cela, que l’ensemble des parties puissent
coopérer pleinement avec la commission. Les déclarations du président
syrien (Bachar el-Assad) sur la coopération de son pays avec les
enquêteurs de l’ONU doivent, bien sûr, être suivies de faits.
Le Conseil de sécurité examinera le rapport final de M. Mehlis
et en tirera les conséquences qui s’imposent le moment venu. »
Il a ajouté : « La France est mobilisée également pour que les
objectifs de la résolution 1559 puissent être atteints. Nous serons
très attentifs au rapport que remettra au Conseil de sécurité,
en octobre, l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations
unies, M.Terjé Roed-Larsen.
Le désarmement du Hezbollah doit s’opérer dans le cadre d’un accord
et d’un processus politique entre les Libanais. Seul un État consolidé,
nous le savons, aura les moyens de traiter la question du Hezbollah.
Nous devons laisser donc le temps nécessaire au Liban pour renforcer
ses institutions et l’aider à avancer dans la voie de cette consolidation.
C’est pourquoi nous pensons qu’il est important d’appuyer ce processus,
comme nous l’avons toujours fait. » Répondant aux questions d’autres
journalistes sur la présence syrienne aux différentes rencontres
bilatérales dans le cadre du sommet mondial ainsi que sur la nature
des tribunaux chargés de juger les responsables de l’assassinat
de Rafic Hariri, M. De Villepin a déclaré : « La commission Mehlis
poursuit son travail dans un cadre qui est fixé par la communauté
internationale, à savoir celui de la résolution 1595. C’est une
commission indépendante. La justice libanaise fait son travail.
Il ne m’appartient pas de rentrer dans ce qui est un processus
judiciaire. Ce que nous souhaitons et ce que nous affirmons, c’est
la nécessité pour chacun d’apporter son concours. Il s’agit là
d’un processus judiciaire s’appuyant aussi sur ceux qui sont susceptibles
de disposer d’informations. De ce point de vue-là, je n’ai pas
de commentaires d’appréciation à apporter.
En ce qui concerne la politique libanaise, notre souhait est de
voir la 1559 pleinement appliquée. Nous souhaitons aussi que les
choses puissent avancer rapidement. »
Avec la correspondante de l'Orient-LeJour
aux Nations unies, Sylviane ZEHIL
Dominique de Villepin rend hommage au Liban et aux Libanais à
l'occasion de la remise de décorations à des auteurs
libanais:
Remise des insignes d’Officier de l’Ordre national du Mérite à
Vénus Khoury Ghata
Dominique de Villepin :« La France fête le talent,
celui de l’esprit et de la plume» C’est place Beauvau, au ministère
français de l’Intérieur, à Paris, que M. Dominique de Villepin
a remis en Avril 2005 à Vénus Khoury Ghata, au nom du président
Chirac, les insignes d’Officier de l’Ordre national du Mérite
français. À cette occasion, M. de Villepin devait prononcer une
allocution retraçant le parcours intéressant de l’auteur et dont
nous reproduisons de larges extraits:
"…Encore et toujours la France fête le Liban, en ces heures
douloureuses de son histoire. Le Liban, cette terre si familière,
si fraternelle. Encore et toujours la France fête le talent, celui
de l’esprit et de la plume. Encore et toujours nous sommes au
rendez-vous de l’inspiration quand elle puise aux sources du cœur…
Alors comment saisir en quelques mots cette personnalité si riche,
si intense et si généreuse ? …Votre vie trace un chemin d’exigence
et de courage. Il commence dès l’enfance dans cette Maison au
bord des larmes, qui ne cessera jamais de vous hanter, avec son
lot d’incompréhensions et de violences… Plus tard, ce sera Beyrouth,
une ville où vous étouffez et que vous fuyez avec vos sœurs dès
l’arrivée de l’été pour votre village natal, Becharré: Becharré,
perché dans les montagnes rocheuses du Nord du Liban, cette «
région tout en cimes et en gouffres »; Becharré, « un village
si haut qu’il donnait l’impression d’avoir bondi sur un nuage
et de s’y être installé, avec ses cèdres »; Becharré, le village
de Gibran Khalil Gibran, inhumé dans l’anfractuosité d’un rocher,
et dont les livres ont constitué vos premières lectures. Ensuite,
viendra la guerre civile, qui dévastera votre pays. Ce sera pour
vous un nouveau point de départ…c’est la guerre qui vous pousse
à quitter votre pays pour un nouveau destin dans cette France
dont vous aviez tant rêvé. …Arrivée en France, c’est une
autre figure tutélaire qui vous guide sur les sentiers de la poésie:
Louis Aragon, dont vous traduirez les poèmes en arabe; Louis Aragon,
le poète le plus lu dans le monde arabe parce qu’il fait entendre
«le pouls du peuple»; Louis Aragon qui, avec vos compagnons de
la revue Europe, constitue alors votre nouvelle famille. Grâce
à eux, votre terre d’exil devient une nouvelle patrie. Votre poésie,
depuis Au sud du silence, jusqu’à Un faux pas du soleil ou encore
L’Anthologie personnelle, fait vivre une langue ardente et bouleversante.
Héritière de la grande tradition arabe mais aussi des fulgurances
et de l’audace des surréalistes, vous savez concilier l’érudition
et la spontanéité, les constructions savantes et la sensualité
des arabesques… Donnant à voir la chair des mots, vos poèmes nous
prennent par la main sur des chemins que nous croyons familiers,
mais qui nous mènent souvent au bord de l’abîme, vers ce point
de rupture où tout bascule dans le rêve… …Dans vos poèmes, il
y a bien sûr les souvenirs douloureux de l’enfance, l’image de
votre mère qui hante vos pensées. Il y a la mort des être chers.
Mais il y a toujours, chère Vénus, cette sagesse pétrie d’ironie
et d’espoir qui illumine les heures de doute et de tristesse…
Mais vous êtes aussi une conteuse. Depuis votre premier roman,
Les inadaptés, jusqu’au Fiancées du cap Ténès, c’est une même
passion qui vous anime : une passion pour la narration, pour les
fables racontées au coin du feu, pour les légendes transmises
de génération en génération; mais aussi une passion pour l’histoire,
dont vous faites revivre les grandes tourmentes mais aussi les
épisodes moins connus, comme le destin des naufragées du cap Ténès.
C’est enfin une passion pour le romanesque, les personnages picaresques
et hauts en couleur, comme cette jeune Emma Chattelhorse, héroïne
de La Maestro, qui traverse le Mexique pour s’établir parmi les
Indiens. À travers l’écriture, vous ne cessez de jeter des ponts : Entre
deux cultures d’abord, l’Orient et l’Occident, deux mondes qui
croisent leur regard dans les eaux de la Méditerranée, cette mer
d’échanges mais aussi de conflits et de violence...
…Partagée
entre deux cultures, vous l’êtes aussi entre deux langues, le
français et l’arabe. Le français, c’est d’abord la langue imposée
par votre père, serviteur de la France et interprète du général
de Gaulle lors de sa tournée au Proche-Orient. À l’inverse de
cette conception rigide et autoritaire de la langue, votre mère
crée son propre langage, le «franbanais», qui mélange l’arabe
dialectal et le français. Après quelques années d’hésitation,
vous avez choisi d’écrire en français: peut-être parce qu’avec
la langue française vous pouviez plus facilement exprimer cette
part d’universel qui relie les hommes à travers le monde ; peut-être
aussi parce que vous recherchiez un garde-fou de rigueur et de
sobriété, face à l’arabe, dont vous dites qu’il est « nourri de
joliesse et de miel » ; peut-être enfin parce qu’il était plus
facile de dire en français les blessures du Liban en guerre, cette
terre « où les rues crient sous le poignard de la lune ». Mais
ce choix n’est en rien un renoncement puisque, comme vous le dites
vous-même, le français, c’est le choix de la maison commune contre
celui de l’exil, le choix du partage contre celui de la solitude...
Dans la lignée de Georges Schéhadé et d’Andrée Chedid, à l’image
d’Amin Maalouf et de Salah Stétié, vous enrichissez notre langue
en y insufflant les saveurs et la sensibilité de votre pays d’origine,
en l’épurant et en l’asséchant jusqu’à l’os, pour pouvoir exprimer
l’essentiel… Cette conception ouverte et généreuse de notre langue,
vous la défendez à travers votre engagement résolu en faveur de
la francophonie. Oui, c’est un honneur pour notre pays de pouvoir
compter sur votre plume, votre esprit et votre voix.
la Légion d’honneur française à Salah Stétié
Paris, Octobre 2004- À
travers son adresse à Salah Stétié, lors de la remise à ce dernier
des insignes de commandeur de la Légion d’honneur par le ministre
français de l’Intérieur, c’est du Liban et du Libanais que M.
Dominique de Villepin a manifestement voulu s'entretenir. Morceaux choisis:
«Cher Salah, mon ami, Un jour, pendant la guerre du Liban, tu
es sorti sous une pluie de bombes assourdissantes chercher un
chat pour le sauver. D’où venait-il, ce chat? D’Égypte, de Perse,
d’Abyssinie? Venait-il du Levant? Que faisait-il avant que la
fureur des armes n’interrompe son sommeil? Dormait-il à l’ombre
d’un cèdre, d’une jeune fille ou d’un citronnier en fleurs, dans
un coin de Beyrouth, de Tyr ou de Byblos? Comme ce chat qui s’avance,
porteur d’une musique silencieuse, tu es une énigme. Comme ce
chat, tu gardes jalousement ton mystère : à travers toi parle
le temps, car ton regard traverse le monde et ses métamorphoses.
Je ne pourrai pas plus percer ce mystère que celui des arbres,
des puits, des femmes, des mille âmes de ton pays...
Mais l’exil ne doit pas faire oublier une autre dimension fondamentale
de ta poésie: tu es veilleur mais aussi passeur. Un passeur entre
les mondes imaginaires et le monde réel bien sûr, mais un passeur
aussi au cœur de notre monde déchiré, soucieux de la quête, des
rives intérieures aux rives d’aujourd’hui, sous toutes les latitudes
du monde. Ponts, porches, seuils, passerelles te sont familiers,
lieu de passage, de rencontre, de retrouvailles. Nourri du voisinage
et du dialogue avec tous “ces horribles travailleurs” qui t’ont
précédé, tu es au croisement de plusieurs lignées de poètes: celle
d’Apollinaire, le “flâneur des deux rives”, traversant les ponts
de Paris; celle de Rimbaud et des voyageurs impénitents; celle
d’Ibn Arabi, pour qui le monde est suspendu aux lèvres du “respir
divin”; celle des poètes soufis, insatiables voleurs du feu céleste;
celle de bien d’autres encore, tous inscrits dans cette “dynamique
du spirituel” dont tu parles. À travers la poésie, tu exprimes
tout ton amour de la langue, ton amour de France, comme un port
choisi.
Toutes tes œuvres, tu les as écrites en français. De là, elles
ont été traduites dans le monde entier. Et pourtant, nombreux
sont les berceaux de ta langue poétique, et si “difficile” est
“ton identité”, comme tu l’exprimes dans Fils de la parole. Tu
as choisi la langue française parce qu’elle contient, comme la
poésie, cette part d’universel, qui unit et réconcilie les hommes
à travers le monde. Pour cela, en 1995, à l’unanimité, l’Académie
française t’a décerné le prestigieux Grand prix de la francophonie
pour l’ensemble de ton œuvre. Ce choix de la langue française,
c’est aussi le choix d’un questionnement. Tu es un poète libanais
de langue française, un poète de langue arabe qui écrit en français.
Un poète français qui pense les métamorphoses du monde et le voyage
dans la langue dans sa quête de l’autre. Tu es aujourd’hui Français
comme tu es Libanais. Tu es né à Beyrouth le 28 décembre 1929
et tu vis dans les Yvelines. Le Liban de tes origines était sous
protectorat français, et l’accès à notre langue n’avait rien d’un
accident dans ce pays francophile et pour une part francophone.
«Je suis arabe et je tiens à mon arabité. Qui est la forme la
plus profonde de mon identité, matrice originelle en quelque sorte»,
confiais-tu en 2001. Tu y rappelles aussi que tes parents étaient
de vieille souche beyrouthine, que ta mère s’appelait Raïfé et
ton père Mahmoud. Mais ce père poète, linguiste et grammairien,
qui aimait passionnément sa langue, t’a placé, dès l’âge de quatre
ans, “entre les mains d’une autre nourrice qui te deviendra mère”,
cette langue française que tu ne devais jamais quitter.
Ce qui t’habite, ce qui te hante depuis toujours, c’est au fond
ce grand rêve de partage et de réconciliation. C’est la soif de
ces autres mondes que ton œuvre fait danser ensemble, le Ponant
et le Levant, l’Orient et l’Occident, le Nord et le Sud. Ce goût
de la réconciliation est le pivot qui relie tes deux vies: celle
d’écrivain et de poète, avec une exigence permanente de questionnement
et de renouvellement; et celle du diplomate, du conseiller culturel
à Paris au délégué du Liban à l’Unesco, de l’ambassadeur du Liban
au Maroc et aux Pays-Bas jusqu’à secrétaire général des Affaires
étrangères, ardent représentant d’un pays meurtri, en guerre,
que d’aucuns croyaient mort sous un déluge de feu.
Affermie et agrandie par notre amitié, cette même passion de la
rencontre est aussi mon étoile, des Affaires étrangères à ce ministère
de l’Intérieur, qui est aussi celui des Cultes. Chacun sur notre
route, nous servons ce dialogue au sein de la communauté internationale,
de part et d’autre de la Méditerranée, pour encourager la compréhension
mutuelle entre toutes les origines, toutes les religions, entre
le monde arabe et l’Europe. Ici, je veux travailler sans relâche,
avec les musulmans de France, à la construction d’un islam de
paix au sein de la République. Ici, je veux enraciner dans la
terre de notre pays “l’arbre entier” de l’islam, pour reprendre
une image que tu utilises dans Fils de la parole: l’arbre de vie,
à l’opposé du bois mort des intégrismes et des fondamentalismes
qui veulent couper les feuilles et les fruits de la tolérance
et du respect de l’autre. Ta soif, cher Salah, est celle du voyageur.
Tes bagages sont tes œuvres, et l’ancien diplomate s’est transformé
en un ambassadeur de la culture admiré dans le monde entier, dans
la tradition de Claudel, Saint-John Perse, ou encore Octavio Paz
ou Pablo Neruda.»
Salon "Lire en Français"
de Beyrouth Quand le poète libanais
Adonis signe la traduction arabe de
« Terres enflammées », de Dominique de Villepin
Adonis s’est fait un nom à la hauteur de sa rime, sa voix,
depuis trente ans, pour en récolter l’écume de la reconnaissance
internationale. Après avoir donné, il y a plus d’un an, une conférence
tout feu tout flamme au théâtre al-Madina (et s’être fait quelques
amis et ennemis de plus), le poète universel revient à Beyrouth
pour présenter, dans le cadre du Salon du livre français, sa traduction
arabe de poèmes écrits par le ministre français Dominique de Villepin.
Rendez-vous demain dimanche, à 17h, pour un récital de poèmes
extraits du recueil Terres enflammées (éd. Dar an-Nahar) à la
salle des Quatz’arts, au Biel. L’amitié. C’est en premier lieu,
ce qui a poussé le poète à s’intéresser aux écrits du diplomate.
L’admiration. C’est ce qu’Adonis a ressenti envers de Villepin
après avoir approfondi sa connaissance de l’homme et du poète.
La traduction. Elle est venue spontanément, pour, dit-il, présenter
au monde arabe la pensée de « cet homme remarquable ». « En tant
que ministre des Affaires étrangères, de Villepin a réussi à donner
une image rayonnante de la France, surtout dans ses relations
avec les pays arabes et dans le conflit israélo-palestinien. Il
me fallait ajouter à ce portrait de diplomate chevronné la touche
sensible et humaniste du poète. » « Il appartient à cette trempe
de poètes diplomates que la France produit, comme Saint John Perse
ou Paul Claudel », ajoute-t-il. Adonis a été également séduit
par l’absence du « je », cette première personne galvaudée à toutes
les sauces, autant par les poètes français qu’arabes. « Chez le
diplomate français, la dimension est humaine, historique, universelle.
L’engagement est universel. Il ne prend pas la poésie comme un
moyen ou un outil au service d’une idéologie. Pour lui, qui manie
si bien le verbe, la poésie est un langage à part qui aide à éclairer
le monde et les choses. » Aujourd’hui, ce recueil inédit en français
paraît en arabe. Pourquoi ? « Au départ, nous avions envisagé
une édition bilingue. Mais nous avons finalement opté pour une
version en arabe uniquement.
Pour rester loin d’un certain académisme. » La traduction
Concernant la traduction, Adonis estime qu’il est plus ardu de
transposer un poème vers une autre langue que d’en écrire un.
« Il y a ce conflit entre les deux langues : celle du poète traducteur
et celle du poète traduit. Ce conflit ne se situe pas uniquement
au niveau lexique, il se manifeste dans le langage poétique lui-même.
Il est impossible de traduire littéralement un texte poétique.
Ce serait le trahir. On transcrit plutôt le sens profond des mots,
leur relation avec les images. On conserve la vision essentielle,
sertie dans une autre langue. Le processus est une création nouvelle.
» Mais le poète précise qu’il ressent un certain plaisir à explorer,
sur le terrain, sa relation avec l’œuvre d’autres poètes. Il encourage
d’ailleurs tous les poètes à traduire, car cela enrichit leur
langage. Mais alors, faut-il être poète pour traduire des poèmes
? « Il est préférable, en effet», admet Adonis. Il précise toutefois
qu’un poète n’est pas nécessairement une personne qui taquine
la muse. « Les vrais poètes sont ceux qui possèdent une certaine
vision du monde, de la vie, des personnes, des choses. Un individu
sans culture poétique mais qui possède la langue donnerait une
traduction inférieure à celle d’une personne ayant une certaine
sensibilité mais n’ayant jamais rédigé de poèmes. » Cette vision
poétique, Adonis la définit ainsi : « C’est voir, nommer les choses,
en dehors de leur utilité, de leur aspect fonctionnel. » L’homme
de lettres profite de cette escale pour exprimer un regret : que
cette vision soit absente de l’œuvre de la grande majorité de
poètes d’aujourd’hui. « Mais cela reste une autre histoire, et
nous sommes ici pour parler de ce recueil-là, n’est-ce pas ? »
s’excuse l’homme en esquissant un sourire entendu. Revenons donc
à nos moutons. Les thèmes développés dans Terres enflammées concernent-ils
le citoyen arabe en particulier ? « Aujourd’hui l’Autre est devenu
une part essentielle et fondatrice du Moi. Ce qui touche l’Européen
touche également l’Arabe. » Après avoir enseigné pendant trente
ans, Adonis dit ne plus avoir la patience d’interpréter des œuvres
littéraires. Il invite plutôt les lecteurs à s’immerger dans les
mots, à se débattre avec les virgules et les ponctuations pour
en tirer le sens profond. Car la poésie est le plus profond des
moyens d’expression enracinés dans la conscience humaine.
Elle n’est pas seulement l’esthétique des mots ; elle est aussi
la vie et son esthétique.
Maya GHANDOUR-HERT pour L'Orient-Le Jour
Humour
en musique!
"Salam Villepin":
2' d'électromusic
sur fond de dialogue Villepin/Elkabbach et de mélodie
inspirée par Fayrouz...
D. De Villepin aparticulièrement
attentif et sensible au Liban
et à la situation au Proche Orient Dominique
De Villepin, le 12 Avril 2003 au palais présidentiel de
Baabda
en compagnie du Président libanais Emile Lahoud
ALLOCUTION DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, M. DOMINIQUE
DE VILLEPIN
LORS DE LA REMISE DU PRIX "L'EQUERRE D'ARGENT"
POUR LE PROJET DE L'AMBASSADE DE FRANCE A BEYROUTH
Paris,
10 Février 2004
Monsieur
le Ministre,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Lauréats,
Mesdames et Messieurs,
L'attribution de "l'Equerre d'argent" à
l'ambassade de France à Beyrouth
constitue, à mes yeux, la reconnaissance du travail
du ministère des Affaires
étrangères en tant que constructeur et gestionnaire
des bâtiments à l'étranger.
Déjà, je puis vous dire sans livrer de secret
qu'en
juillet 2002, en
inaugurant
cette ambassade, j'avais pressenti ce petit quelque chose
d'une ambassade "habitée".
Construire
à l'étranger n'est pas tâche facile
et suppose une parfaite entente
entre l'architecte, maître d'oeuvre et le ministère,
maître d'ouvrage. Car
construire une ambassade suppose de concilier plusieurs
exigences parfois
contradictoires : l'art, la beauté, au service
d'une ambition, d'une
incarnation humaine. Orgueil et humilité où
l'architecte rejoint le diplomate
dans un mouvement, dans un geste, dans un élan,
dans une parole et une action.
Avant tout, une ambassade, c'est un lieu de travail. C'est
un ensemble de
bureaux où se côtoient des services qui,
s'ils concourent tous à assurer le
rayonnement de la France, n'ont ni les mêmes méthodes
ni les mêmes attentes
puisqu'il s'agit de concilier le politique, l'économique,
le culturel et le social.
Il peut s'agir d'un travail solitaire - rédiger
une dépêche, un télégramme
-,
ou au contraire collectif : l'accueil du public.
Il faut ainsi pouvoir tout à la fois recevoir facilement
un public désireux de
commercer avec la France et habitué à avoir
des interlocuteurs aisément
accessibles, et garantir la discrétion voire le
secret aux services qui
traitent une information confidentielle.
L'art de l'architecte en la matière est de faire
en sorte que toute personne
qui franchit le seuil sache qu'elle pénètre
dans une ambassade de France sans
pour autant se dire qu'elle a déjà vu maintes
fois ce décor, ces pièces et cet
agencement. Il faut nommer, signifier et en même
temps surprendre.
Une ambassade, c'est ensuite un véritable enjeu
politique, un symbole de notre
pays. Or, dans un monde marqué par le terrorisme,
l'ambassade doit être
protégée contre les velléités
destructrices de ceux qui veulent s'en prendre à
nous, à nos positions, à notre message.
C'est pourquoi, la sécurité est une
priorité absolue : parce que le monde est comme
il est, tout projet
architectural d'ambassade, où qu'il soit, doit
être conçu en fonction de cette
contrainte. Elle est d'autant plus difficile à
satisfaire qu'il faut que le
bâtiment puisse être évacué
sans entraves en cas de nécessité, un incendie,
un
tremblement de terre, un attentat par exemple, et par
ailleurs qu'il ne se
réduise pas à une sorte de forteresse militaire
à l'aspect peu compatible avec
son rôle de représentation diplomatique.
Sécurité donc dans la générosité,
les
mains ouvertes, tendues. Une sécurité intégrée
dans le profond des
préoccupations mais non dans l'obsession qui aveugle,
enlaidit, déforme.
Car une ambassade, c'est aussi une certaine image de la
France, image complexe
qui doit porter haut les valeurs de notre pays et être
représentative de sa
culture, de ses modes de vie et de son art, tout en étant
toujours soucieuse de
simplicité et de fonctionnalité. Evidence
du coeur, évidence de nos valeurs,
évidence d'accueil, d'amitié et de fraternité.
Enfin, une ambassade, c'est un élément de
prestige dans la capitale d'un pays.
Il convient donc d'en assurer l'insertion dans le site
où elle se trouve, de
façon non seulement à ne pas écorcher
la vision, la mémoire et les sensibilités
locales, mais, mieux encore, à faire se répondre
image de la France et style du
pays dans un dialogue qui élève et nourrit.
Il ne sert à rien de piquer la
curiosité de Paris si c'est pour ne pas apprivoiser
le coeur du pays où l'on
construit ! Le chaud et le froid, la lumière et
l'ombre, le bois, la pierre, le
verre., tout doit être considéré.
Il faut s'adapter au lieu où l'on s'installe,
à son climat comme à sa culture, mais aussi,
de façon très pragmatique, au type
de vie que l'on y mène, à la qualité
des services publics : cela n'a guère de
sens de multiplier les instruments automatiques dans des
pays où l'électricité
est défaillante. Penser à tout et même
à demain, là où aux avant-postes
du
monde, il nous faudra vivre et servir encore.
C'est à ces défis permanents qu'est confronté
le ministère des Affaires
étrangères. Depuis quarante ans, il a eu
beaucoup à faire : créer des
ambassades dans les anciens empires coloniaux, puis faire
face à l'éclatement
de l'URSS, accompagner les décisions de certains
pays de changer de capitale
comme l'Allemagne ou le Nigeria.
Tout cela a conduit à l'émergence d'un grand
réseau, riche de sa diversité, où
l'on trouve la plus vieille maison d'Amérique -
notre ambassade à Saint
Domingue -, et l'ambassade ultramoderne de Berlin, le
palais Farnèse et,
aujourd'hui, la belle réalisation d'Yves Lion et
de Claire Piguet à Beyrouth.
Chaque année, ce sont donc en moyenne quelque 70
millions d'euros que consacre
le ministère des Affaires étrangères
à ses réalisations immobilières,
tant par
de nouveaux édifices que sous forme de reprise
d'anciens comme nous venons de
le faire de la résidence de l'ambassadeur à
Bangkok, un bâtiment du XIXème
siècle ou de la chancellerie de Varsovie. Voilà
un bâtiment très représentatif
de l'architecture des années 1970 qu'il a fallu
désamianter. Cela a été
l'occasion de le faire bénéficier d'équipements
modernes tout en conservant
l'essentiel de l'.uvre de Bernard Zehrfuss, son architecte.
Le ministère des Affaires étrangères
est soucieux dans le choix de ses maîtres
d'.uvre de promouvoir la qualité et le savoir-faire
tout en essayant de
diversifier au maximum les architectes qui travaillent
avec lui. Nous
choisissons des architectes tant en province qu'à
Paris (Beyrouth est à ce
titre particulièrement illustratif, puisque, si
Yves Lion et Claire Piguet ont
réalisé la chancellerie, c'est une équipe
d'architectes lyonnais, Sud
Architecture, qui a réalisé la réhabilitation
de la résidence des Pins, qui est
la résidence de l'ambassadeur).
Quant aux bureaux d'études, nous nous efforçons
de leur assurer une certaine
notoriété locale et leur permettre ainsi
de s'implanter.
Si l'attribution de "l'Equerre d'argent" à
l'ambassade de Beyrouth paraît
particulièrement bien venue, c'est que l'architecte
a su répondre, avec un
grand talent, à toutes les contraintes imposées.
En choisissant une pierre locale d'un bel aspect blond
pour les façades, il a
su insérer le bâtiment dans cette partie
de Beyrouth, non loin du Musée, sur un
des axes principaux de la ville. A l'intérieur,
chaque zone est bien définie,
avec son degré plus ou moins grand de sécurité
; je crois que chacun des 136
agents qui y travaillent est satisfait de son bureau.
Réalisée en 18 mois par
une entreprise libanaise - ce point est essentiel, il
faut s'appuyer sur les
forces vives du pays -, pour un coût de 5 millions
d'euros, cette opération a
donné à la France une implantation à
la fois fonctionnelle, de qualité et peu
dispendieuse. Elle constitue un bel exemple de ce que
peuvent être et doivent
être les réalisations de la France à
l'étranger.
Avant de terminer, Monsieur le Ministre, je n'aurai garde
d'oublier tout ce
que, notamment à travers l'Association française
d'Action artistique (AFAA),
nous faisons, en partenariat avec votre ministère,
pour promouvoir
l'architecture française à l'étranger
: échanges, missions de professionnels,
expositions, programmes de recherche et de résidence,
coopérations diverses,
notamment dans le domaine du patrimoine, présence
dans les grands événements
internationaux, de Pékin à Rotterdam, de
Sao Paulo à Venise. Notre expertise,
comme vous le savez tous, est attendue et reconnue.
Acte politique (ce le fut particulièrement au Liban
dans cet endroit même où se
livrèrent des combats durant le conflit des années
70-80), acte patrimonial,
acte culturel, acte social, acte économique au
service d'une grande profession
exportatrice, construire une ambassade, c'est toujours
l'occasion de réfléchir
à ce que doit être une diplomatie moderne,
au plus près des citoyens, des
autres, de ceux à qui elle s'adresse. C'est toujours
- symbole de la présence
française - un moment important pour définir
ce que doit être notre action
internationale et notre rayonnement. C'est enfin, comme
toujours en
architecture, un acte en prise sur le futur dont les racines
plongent, à
Beyrouth comme partout où nous construisons, dans
l'éclatante tradition
architecturale française, de Salomon de Brosse
à Le Corbusier (même s'il
n'était pas français !) et à ces
grands architectes qui l'incarnent aujourd'hui
de par le monde.
C'est pourquoi, l'attribution de ce prix nous honore,
comme elle vous honore
tous dans ce partenariat que nous voulons construire entre
cette France de
l'ailleurs et les inventeurs de formes, de relations,
de bonheur, que vous êtes.
Je vous remercie.
Cette Page est en développement
et attends aussi vos contributions ou suggestions...