"Le
soutien syllogique de Chirac à Sarkozy"
Le syllogisme
permet de mettre en rapport dans une conclusion deux termes,
le majeur et le mineur, au moyen d'un moyen terme. Le
majeur et le mineur ne doivent apparaître qu'une
fois chacun dans les prémisses, le moyen terme
est présent dans chaque prémisse (puisqu'il
permet la mise en rapport des deux autres termes) tandis
que la conclusion expose le rapport entre le majeur et
le mineur, de sorte que le syllogisme est un « rapport
de rapports » (expression de Renouvier, Traité)
Jacques Chirac a voulu
l'UMP, l'UMP a choisi Nicolas Sarkozy donc il soutient
naturellement Nicolas Sarkozy. Si son soutien est logique
politiquement parlant, sa forme syllogique en dit long
sur la pensée profonde du président; En
fait, il pouvait difficilement faire moins et le candidat
Sarkozy devrait bien s'en satisfaire car il permis de
penser qu'un soutien trop appuyé l'aurait finalement
embarrassé. Il est en effet bien délicat
d'être un héritier en rupture... Nous sommes
là au coeur de l'ironie politicienne dont les français
sont las.
Même
Claude Chirac, la fille influente du président,
tout comme des chiraquiens affichés tels Patrick
Sébastien ou Vincent Lindon, expriment chacun à
leur façon leur sympathie ou leur soutien au candidat
François Bayrou qui apparait aujourd'hui comme
le recours le moins éloigné politiquement
pour battre Nicolas Sarkozy.On
peut bien atteindre 30% au premier tour, plus difficile
est de rassembler 50% au second et un face à face
Sarkozy/Bayrou en ferait sans doute jubiler plus d'un
dans le camp des Chiraco-villepinistes...Il n'y a qu'à
se reporter au sondage que nous réalisons depuis
le 13 Mars, au lendemain du ralliement déclaré
de Dominique de Villepin, sur les intentions de vote de
cette catégorie d'électeurs: Bayrou draine
autour de 40% des intentions de vote alors que Ségolène
Royal obtient un score au moins égal à celui
de Nicolas Sarkozy autour de 25%!
Il apparait donc rassurant que les électeurs décryptent
avec aisance les subtilités du jeu politique et
les convictions profondes de ses acteurs au-delà
de leurs déclarations formelles. Les électeurs
du suffrage universel sont bien aptes à déceler
l'intérêt de l'usage du
syllogisme ce
qui montre combien notre démocratie
n'est finalement
pas si indigne de ses ancêtres grecs.
JM Druart,
Villepin 2007.org
Villepin entre Chirac et Bayrou
Jusqu'au
dernier moment tous les frustrés d'une non-candidature
de DDV espèrent.
Il
sera déterminant de voir comment Jacques Chirac
se prononcera lors de l'annonce de son probable retrait
de la vie politique institutionnelle.
Tout dépendra de son soutien clair ou sous-entendu
voire de sa totale neutralité vis à vis
de Nicolas Sarkozy. Alors DDV pourra se "libérer"
de sa réserve et annoncer sa décision. Qu'il
sache que 30% des adhérents de l'UMP et bien des
anonymes se forceront à voter pour Sarkozy ou ne
pourront même pas franchir ce pas.
DDV doit bien peser sa décision car, devant le
risque d'apparaitre comme un diviseur au cas ou il se
présenterait, il pourrait effectivement s'aligner
plus ou moins sur la position du chef de l'Etat. Plus
ou moins, parce qu'il est probable qu'il ne se résoudra
pas à afficher un soutien clair et engagé
à Sarkozy compte tenu de leur différence
de caractère. Il aurait tout intérêt
à s'en distancier pour rester en réserve
de la République de manière constructive
et pourrait tout aussi bien laisser entendre, qu'à
choisir, il préfère le frondeur Bayrou au
trop pressé ministre de l'intérieur.
Oui, nous sommes nombreux à ardemment souhaiter
la candidature de DDV à la présidentielle
ou par défaut qu'il demeure actif à travers
un mandat d'élu, député dès
2007 ou maire en 2008 s'il a besoin de se ressourcer quelques
mois.Quelle qu'elle soit, sa décision pésera
dans la campagne et déterminera le choix de ses
partisans.
JM
Druart, réaction dans le figaro.fr le 15 Février
2007
Cela nous fait sourire...
L'article
ci-dessous paru dans Le Figaro du 9 Novembre 2006, ne
peut que réjouir ceux qui ont milité pour
l'idée de DDV candidat pour 2007 dès...2004,
avant même sa nomination à Matignon;
Nous
laisserons donc à l'appréciation des internautes
la marge de conviction et d'opportunisme qui peut exister
entre différentes initiatives. Sans doute cela
illustre t-il la distance qui ne cesse de s'accroître
entre les citoyens et la classe politique. A méditer...
« Tu aimes Villepin ? Rejoins-nous ! »
«
Tu aimes Villepin ? Rejoins-nous ! » : c'est l'accroche
de la « pétition pour Villepin 2007 »
qui doit être mise en ligne le 2 décembre
sur un nouveau blog, intitulé « Ensemble
avec Dominique de Villepin ».
Son créateur, Denis Butaye, jeune conseiller municipal
de Colombes (Hauts-de-Seine), se présente comme
un membre du club Réforme et Modernité,
présidé par le député de la
Drôme Hervé Mariton et coprésidé
par François Goulard, ministre délégué
à l'Enseignement supérieur et à la
Recherche. Interrogé hier par Le Figaro, Hervé
Mariton nous a assuré ne pas avoir été
averti de cette initiative.
De « Villepin ou l'énergie de l'action »
à « no rupture ! », en passant par
l'explicite « je vote Villepin », de nombreux
sites en faveur d'une candidature Villepin à l'Élysée
ont été mis en ligne depuis sa nomination
à Matignon. Et sa chute dans les sondages ne semble
pas décourager ses partisans.
>> Villepin
: un parcours dans le giron de Chirac
|
"Une ambition pour la France"
Si l'on veut bien croire le
premier ministre, Dominique de Villepin, lorsqu'il repète
qu'il n'a aucune ambition
présidentielle, nul ne peut contester que les circonstances
lui donnent un sacré coup de pouce pour affirmer quelques
prétentions et jouer un rôle certain dans la perspective
de 2007.
On ne reviendra pas sur ce jour de Février 2003 ou il se
révèla aux yeux du monde, en qualité de ministre
des Affaires étrangères, un si brillant orateur
pour faire valoir la position de la France en tant que meneur
du camp du refus à l'intervention américaine en
Irak.
Paradoxalement, ce n'est vraiment que depuis la fin du printemps
2005, suite à sa nomination comme premier ministre après
la victoire du Non au référendum européen,
qu'il se révèle
aux yeux du grand public au sein de l'hexagone. C'est la rentrée
de 2005 et le passage du cap des cent jours qui allaient alors
donner un sacré coup d'accélérateur au destin
du premier ministre: alors que Dominique de Villepin présente
le 1er Septembre le plan gouvernemental pour la croissance sociale,
Jacques Chirac est victime le lendemain d'un léger accident
de santé qui nécessite une admission hospitalière
pendant une petite semaine.
Alors que les médias admettaient pour la plupart que la
prestation de Mr de Villepin avait été plutôt
réussie et qu'elle lui avait surtout permis de prendre
un peu de vitesse le présidentiable ostensiblement déclaré
qu'est Nicolas Sarkozy, le voilà dans un premier temps
dans les habits de Jacques Chirac pour sobrement diriger le conseil
des ministres le 7 Septembre puis suppléer à nouveau,
le plus naturellement du monde, le chef de l'Etat à l'occasion
du sommet de l'Onu la semaine suivante à New-York.
Dès le mois de Mai 2004, nous entrevoyions un destin présidentiel
pour Dominique de Villepin en créant Villepin2007.org afin
de contribuer à une meilleure connaissance de la personnalité
de notre actuel premier ministre. Nous nous félicitons
qu'aujourd'hui, les circonstances donnent un petit coup de pouce
à son destin en le
propulsant sans ostentation volontaire au tout premier plan dans
l'exercice des plus hautes responsabilités de l'Etat.
On croira sans aucun doute le palais de l'Elysée qui refuse
toute mise en orbite de Dominique de Villepin face au Président
de l'UMP.
On souscrira volontiers à l'idée que lorsqu'une
ambition est si forte et sincère, celle pour la France
bien sûr..., les circonstances peuvent amener une personnalité
à se retrouver le plus sobrement du monde dans la position
de présidentiable sans en afficher réellement l'ambition.
Il est incontestable que cette période laissera dans l'inconscient
collectif d'un grand nombre de françaises et de français
que l'homme aura simplement fait étalage d'une vraie dimension
présidentielle.
C'est manifestement le scénario qui semble se dérouler
depuis la rentrée 2005, et si les circonstances ne font
alors que faciliter le processus, nous ne nous en plaindrons pas
et nous pourrons remercier le ciel... Alors que la quasi-totalité
des observateurs et analystes pensent encore que l'appareil d'un
grand parti politique est indispensable pour pouvoir prétendre
à la compétition présidentielle, nous pensons
pour notre part que s'en distancier subtilement peut se transformer
en un sacré avantage surtout si une succession de hasards
vous propulse
dans une position de président virtuel.
Il convient donc de bien gérer la nouvelle situation ainsi
engendrée par les récents évènements
afin de sereinement poursuivre un chemin encore long et
sans doute semé d'embuches. Mais, lorsqu'on connait les
rapports privilégiés de confiance et de fidélité
entre Jacques Chirac et Dominique de Villepin,
on se dit que décidément beaucoup d'atouts sont
réunis pour réussir dans l'entreprise!
JM Druart
Villepin2007.org / Septembre 2005
Villepin
cultive ses différences avec Sarkozy
par Bruno Jeudy du Figaro / 30 septembre 2006
Si le premier ministre répète qu'il n'a
pas «d'ambition présidentielle»,
il prend systématiquement le contre-pied des
propositions du président de l'UMP.
Un
pillonage en règle. Depuis la rentrée,
Dominique de Villepin ne rate pas une occasion de se
démarquer des propositions de Nicolas Sarkozy.
Tout y passe : la suppression de la carte scolaire,
le service civil obligatoire, la réforme des
régimes spéciaux, la «démission»
des magistrats ou encore le «minitraité»
européen. Invité hier de RMC, le premier
ministre a encore exprimé son hostilité,
à tout le moins son scepticisme. Dans sa mire,
d'abord, la suppression des droits de succession, prônée
par Nicolas Sarkozy, et «qui n'irait pas, selon
Villepin, dans le sens de la justice sociale».
Mais, il a surtout profité de son passage à
la radio pour critiquer vertement les orientations du
président de l'UMP en matière de politique
étrangère. L'ancien ministre des Affaires
étrangères a mal digéré
que Nicolas Sarkozy, en voyage aux États-Unis,
ait qualifié son action en 2003, pendant la crise
irakienne, «d'arrogante». «Je crois
qu'il faut connaître et se souvenir des enjeux
qui étaient sur la table : le terrorisme, la
sécurité de la planète, éviter
le choc des civilisations. C'était des enjeux
immenses», a-t-il rappelé.
Le sujet du Proche-Orient lui a permis d'évoquer
l'affaire Robert Redeker, ce professeur de philosophie
menacé de mort depuis qu'il a publié une
tribune sur l'islam dans Le Figaro.
«C'est inacceptable, ca montre bien que nous vivons
dans un monde dangereux», a-t-il dit.
Sur RMC, Dominique de Villepin a aussi exprimé
publiquement ses doutes sur la possibilité pour
Nicolas Sarkozy de cumuler sa casquette de ministre
et celle de candidat, au risque d'entretenir la confusion
sur le financement de la campagne. «Il peut y
avoir un problème. Il faut que la confusion soit
à tout prix évitée. Quand il s'agit
d'un déplacement spécifiquement politique,
il doit être clairement affiché comme tel»,
a-t-il prévenu, alors que le numéro deux
du gouvernement n'exclut pas de rester ministre jusqu'au
bout.
«Faut vous présenter !»
Que cherche Villepin ? Officiellement, il n'a pas «d'ambition
présidentielle». «Je n'ai pas d'arrière-pensées»,
jure-t-il en privé, sans jamais dire explicitement
qu'il ne sera pas candidat en 2007. «Il est libre
de dire ce qu'il pense, que ça plaise ou non»,
explique un de ses amis.
Rassuré par sa rentrée plutôt réussie,
Dominique de Villepin est d'abord en quête d'une
réhabilitation après le désastre
du CPE et l'affaire Clearstream. En hausse dans les
sondages, il se repositionne sur une image plus «gaulliste
social». Il affiche aussi un profil plus décontracté,
presque libéré.
Après ce passage à la radio, il a arpenté
pendant deux heures les allées du Mondial de
l'automobile. L'occasion de défendre toujours
et encore son «patriotisme économique».
Il a assuré qu'il se montrerait «particulièrement
vigilant» sur les promesses du PDG de PSA, Jean-Martin
Folz, de ne procéder à «aucun licenciement
sec» après l'annonce d'un plan de réduction
d'effectifs.
Dominique de Villepin a aussi échangé
quelques mots avec le patron de Michelin Michel Rollier
ainsi qu'avec Serge Dassault président
du Figaro , qui lui a fait découvrir le
véhicule tout électrique Cleanova, conçu
par le groupe.
Il a serré beaucoup de mains. Apprécié
les encouragements de jeunes supporters : «Faut
vous présenter ! On ne veut pas de Sarkozy !»,
a lancé l'un d'eux. Il a même retrouvé
son sens de l'humour. Témoin cette scène.
Thierry Breton, qui accompagne le premier ministre,
, interrompt Carlos Goshn : «Quand mettrez-vous
sur le marché la nouvelle Twingo ?» «En
juin 2007», répond le PDG de Renault. Hilare,
Dominique de Villepin prend alors son ministre de l'Économie
par le bras : «Tu cherches déjà
une voiture pour le printemps prochain !»
Rentrée 2006: Dominique de Villepin joue à
qui perd gagne
par
Michel Noblecourt
Avant l'été, le diagnostic était
aussi implacable qu'unanime : Dominique de Villepin,
défait sur le CPE, englué dans l'affaire
Clearstream, était politiquement mort. Définitivement
hors jeu pour l'élection présidentielle,
confronté à une fronde de sa majorité
sur la fusion GDF-Suez, il ne lui restait plus, croyait-on,
qu'à gérer les affaires courantes jusqu'en
avril 2007 et à se faire oublier.
Or
voilà que le premier ministre opère une
rentrée en fanfare. En une seule semaine, il
aura fait le "20 heures" de TF1, un déplacement
mouvementé en Haute-Savoie, une interview à
L'Express, une conférence de presse et un séminaire
gouvernemental à Troyes. Sans oublier l'université
d'été de l'UMP.
Dominique
de Villepin est de retour. Requinqué, offensif,
pugnace même, il est sur tous les terrains, décidé
à être lui, et, à la différence
d'un Nicolas Sarkozy qui, sitôt investi par l'UMP
en janvier, quittera le gouvernement, "dans l'action
jusqu'au dernier jour". Il arbore, comme autant
de trophées, les fruits de "sa" politique
: une croissance revigorée, un taux de chômage
qui redescend à 8,9 % et qu'il espère
faire passer en 2007 sous la barre des 8 %. Une vraie
embellie !
Le
politique reconnaît des erreurs et s'offre un
nouveau visage, social. Il avait dédaigneusement
négligé le dialogue social sur le CPE,
malgré une loi de mai 2004 qui aurait dû
l'y contraindre, et le voilà décidé
à engager une réforme, concertée
avec les partenaires sociaux, pour donner plus d'espace
à la négociation. Il avait concocté,
pour 2007, un "bouclier fiscal" favorisant
les ménages aisés, et le voilà
qui distribue du pouvoir d'achat, comme l'aurait fait
un premier ministre socialiste soucieux de profiter
de l'aubaine de la croissance, aux ménages modestes.
Mieux encore, sur l'épineux dossier GDF-Suez,
objet de la session extraordinaire du Parlement début
septembre, il ne semble plus avoir à craindre
que la volonté d'obstruction de la gauche.
Le
nouveau Villepin n'a pas pour autant reconquis une légitimité
qu'on lui a toujours disputée. Non élu,
il a été nommé à Matignon
au lendemain d'un référendum perdu. Remis
en selle, en juillet, sur la crise proche-orientale,
avec une visite à Beyrouth où il a retrouvé
ses talents de diplomate, il a recueilli de faibles
dividendes. Dans le dernier baromètre IFOP-Journal
du dimanche, il a gagné, fin août, 4 points
en un mois, mais il n'est jamais qu'à 32 % d'opinions
favorables. Il croit pourtant avoir trouvé l'antidote
à la mort politique qui lui était promise
au printemps : l'action, encore l'action, toujours l'action.
Dominique de Villepin tente de jouer à qui perd
gagne.
Etre "dans l'action jusqu'au dernier jour",
c'est, pour le premier ministre, sa façon d'être
"utile" pour faire gagner son camp en 2007.
Mais avec quel champion ? Bien sûr, Dominique
de Villepin ne perd pas une occasion d'afficher son
total... désintéressement personnel :
il n'est pas candidat. Voire. Dans son esprit, la "cristallisation
du choix" présidentiel est la rencontre
entre un homme et un peuple et ne se joue que dans l'ultime
ligne droite. Il ne cache pas sa réticence sur
la "primaire" de l'UMP, qu'il juge de surcroît
prématurée, tant il faut "éviter
de choisir quelqu'un qui suscite ensuite le doute"...
Quand il parle des "atouts considérables"
de la droite pour 2007, il prend soin de mettre exactement
sur le même plan "le président de
l'UMP, le gouvernement, le président de la République".
Enfin, quand, semblant faire la leçon au PS,
il trace le portrait-robot d'un présidentiable
- "On ne s'improvise pas président, cela
se prépare, s'apprend, on prend des coups, on
réfléchit, on fait mieux, on éprouve
la solitude de la décision et de l'impopularité"
-, il dessine davantage son propre profil que celui
de son rival. En jouant à qui perd gagne, Dominique
de Villepin est peut-être simplement en train
de "reprofiler" son destin politique.
Michel Noblecourt
opinion parue dans Le Monde du 2 Septembre 2006
2006, le chemin de la réforme
L'éditorial,
d'Alexis Brézet du Figaro
C'était
il y a six mois un siècle. Sur les décombres
de la Constitution européenne, Dominique de Villepin
prenait les rênes d'une majorité moralement
épuisée et électoralement exsangue.
Croissance en berne, pétrole en hausse, chômage
persistant : le contexte économique était
calamiteux. Sur le plan politique, le nouveau premier
ministre faisait figure de novice ; son attelage avec
Nicolas Sarkozy paraissait une incongruité. Bien
peu imaginaient que Villepin pourrait faire bouger si
peu que ce fût une France encalminée.
Deux
cents jours plus tard, autre tableau. La croissance
repart, timidement certes, mais elle repart. Le chômage
recule, doucement sans doute, mais avec régularité.
La majorité est stabilisée ; les relations
entre Villepin et Sarkozy, normalisées : en s'accordant
sur les primaires, les deux hommes viennent d'offrir
à la droite quelques mois de (relative) tranquillité.
Résultat : Dominique de Villepin, dont la cote
de popularité n'a cessé de progresser,
fait désormais figure de rival sinon d'égal
de Nicolas Sarkozy dans la course à l'Elysée.
«A-t-il de la chance ?», demandait Napoléon
avant de nommer un général. «N'a-t-il
que de la chance ?», reprend l'écho face
à la «surprise» Villepin. Procès
injuste : le premier ministre n'a certes pas décrété
la reprise mondiale mais il a su saisir l'occasion pour
adapter la France au contexte nouveau. Contrat nouvelles
embauches, apprentissage, bouclier fiscal, privatisations,
mais aussi «responsabilité parentale»,
regroupement familial, mariages blancs : en matière
économique comme en matière «sociétale»,
les six mois écoulés dessinent un indéniable
chemin réformateur.
Et maintenant, faut-il maintenir le rythme ? La question,
ravivée par l'urgente nécessité
du désendettement, va se poser en cent occasions
dans les mois qui viennent. Peut-on, dans l'année
qui précède l'élection présidentielle,
poursuivre des réformes rarement populaires ?
Ou bien faut-il mettre à la cape en espérant
parvenir sans trop de casse au grand rendez-vous ? En
affirmant que 2006 serait une «année utile»,
Dominique de Villepin a affiché sa détermination.
Au-delà d'un bilan qui plaide en sa faveur, deux
raisons, au moins, incitent à prendre son engagement
au sérieux. La première raison tient à
la relative sérénité avec laquelle
la société française a accueilli
la médecine villepinienne.
Qui aurait dit il y a six mois que le Code du travail
serait assoupli sans heurt, le collège unique
adapté sans drame ?
Les syndicats, ces temps-ci, essuient échec sur
échec : c'est le signe que la France, pour peu
qu'on sache lui parler, est sans doute moins irréformable
qu'on le dit.
La deuxième raison est plus politique. Face à
Sarkozy, principe d'action et même d'hyperaction,
Villepin n'a pu se créer un espace que parce
qu'il a su, à sa manière, incarner lui
aussi le mouvement. En contraignant sa nature à
l'immobilité, il laisserait le champ libre à
son rival. En somme, si Dominique de Villepin ne songe
pas à être candidat en 2007, l'intérêt
du pays lui commande de pousser les feux de la réforme.
Mais, s'il envisage de se présenter, son intérêt
politique lui crée la même obligation.
Alors...
|
Villepin
pile et face
par
Daniel RONDEAU*
Depuis
plus de dix ans, l'écrivain Daniel Rondeau entretient
avec Dominique de Villepin un dialogue ininterrompu.
Il ouvre pour nous ses carnets et raconte la longue ascension
qui l'a conduit à Matignon; témoignage:
1ère partie
Le
21 juin dernier, chaleur et gris sur Paris. A Matignon,
des ouvriers montent une estrade pour la Fête
de la musique. Dans son bureau du 1er étage,
Dominique de Villepin, en chemise et cravate bleue,
long, mince, oppose un calme inédit à
ceux qui tiennent son échec pour assuré
: "Je voudrais prouver que le pouvoir n'est pas
forcément le refuge du cynisme, du scepticisme
et de l'inaction." Ce matin-là, Thierry
Breton, le ministre des finances, a parlé de
la dette publique avec des chiffres abyssaux. Trois
semaines plus tôt, la France a dit non à
l'Europe, cette maison commune paradoxale, parce que
non démocratique, dont les architectes semblent
avoir au fil du temps oublié les origines et
les fins.
Une
morosité durable affecte notre pays, dirigé
depuis longtemps par des gouvernants paralysés
par leur prudence. Dernier en titre : Jacques Chirac.
Les Français, tentés de vivre en arrière,
dans une quiétude provinciale, s'enferment avec
leurs plaintes, s'adonnent à la peur et au repentir,
sans savoir qu'ils sont enviés, leur volonté
trébuche. "Notre démocratie est complètement
bloquée, dit Villepin. Je ne peux réformer
que par surprise, en restant dans l'équilibre,
la vraie nature française, dans la justice, qui
n'est pas l'égalité, et dans le mouvement.
C'est seulement parce que c'est difficile que je peux
réussir."
Les
deux plus proches collaborateurs de Villepin nous rejoignent.
Il entretient avec eux un dialogue de chaque instant.
Pierre Mongin, cheveux courts et gris, sourcils et yeux
noirs, teint mat, bistre des cernes ; et Bruno Le Maire,
grande taille, peau pâle, sourire et placidité
sans affectation sur toute sa personne. Mongin a apporté
une photo de Jean Moulin sur son bureau de directeur
de cabinet. Sur celui de Le Maire (auteur d'une thèse
sur Proust sous la direction du professeur Tadié),
un exemplaire des Essais de Montaigne. Deux styles.
Villepin reprend avec eux une discussion assez vive.
"Vous avez les chiffres que Breton a donnés
ce matin. Il faudra trouver les moyens de faire des
économies. C'est juin 1940, nous sommes le dos
au mur. Est-ce que les gens s'en rendent comptent ?"
Depuis
juillet 2004, les trois hommes se sont préparés
à ce qu'ils considèrent comme une mission
de la dernière chance. La Place Beauvau, sous
Villepin, est devenue une sorte de laboratoire clandestin
de la société française, où
le ministre de l'intérieur a beaucoup reçu,
écouté, sans jamais rien en laisser savoir.
Des syndicalistes, des professeurs, des économistes,
des patrons de PME, des parlementaires, des agriculteurs,
des experts-comptables spécialistes de l'emploi,
des prostituées, un ancien président (Giscard),
des dirigeants de grandes sociétés, parmi
lesquels Villepin compte de nombreux amis (Jean-Louis
Beffa, Thierry Desmarest, Henri de Castries, Bertrand
Collomb, etc.). Tous ces efforts, naturellement, sans
aucune certitude de se retrouver à Matignon (Villepin
a été prévenu de sa nomination
deux jours avant son arrivée Rue de Varenne,
mais il l'avait activement anticipée, par déduction,
dès le début de l'année, j'y reviendrai).
J'avais
été surpris, Place Beauvau, de l'entendre
dire qu'il faisait alors "un travail sur lui-même"
. Curieux. Mais il avait le sentiment qu'il y avait
quelque chose de fondamental dans notre société
(les violences, les angoisses, les crispations, mais
aussi l'identité nationale) qui lui échappait
(et à tous les politiques) et qu'il ne pouvait
imaginer réformer sans d'abord se réformer
lui-même. Pour regarder le proche et l'innommé
d'une réalité française souvent
observée de haut, il a maté ses impatiences,
s'est interdit ses condamnations à l'emporte-pièce
("Tous des cons..." ).
Son lyrisme s'est bridé.
C'est
un nouveau Villepin qui arrive à Matignon. D'une
conférence de presse à l'autre, les journalistes
découvrent l'aune de sa métamorphose.
De quoi leur parle-t-il ? De l'emploi, du prix de l'essence,
de la croissance sociale... Je lui dis que certains
le trouvent un peu... Il m'interrompt : "... Un
peu besogneux. Oui, je suis besogneux. Et humble. Je
ne veux pas gâcher les deux ans que j'ai devant
moi. La démocratie, ce n'est pas attendre sempiternellement
les prochaines élections. Je connais le maître
mot de Nicolas Sarkozy et de Laurent Fabius, et d'autres
encore : rupture. Ils n'ont que ça à la
bouche ! S'il y a rupture, je crains qu'elle ne soit
pas démocratique. Evitons la surenchère
et la montée des extrêmes, faisons bouger
les lignes.
La réalité d'aujourd'hui ne tient pas
dans les vieux clivages."
C'est
ainsi qu'il a fait de ses cent jours un début
plutôt qu'une fin. En changeant, et en restant
lui-même, c'est-à-dire gaulliste ascendant
Bonaparte. L'Empereur, "alchimiste des hommes et
des légitimités", avant d'user la
France dans la gloire militaire, avait jeté les
bases d'un Etat moderne et d'une réconciliation
des deux France. "De Gaulle aussi, dit Villepin.
Qu'est-ce qu'il fait en 1944 ? La rupture ? Non, la
continuité. Et quand il revient en 1958 ? La
continuité."
La
presse le désigne concurrent adoubé de
Sarkozy pour l'élection de 2007. Il lève
les bras au ciel : "J'ai rencontré trois
fois Nicolas Sarkozy en tête à tête
depuis que je suis ici. A chaque fois, il m'a répété
la même chose : 'Ça se jouera entre vous
et moi. Personne n'en doute. Que le meilleur gagne'.
A chaque fois, j'ai nié être entré
dans cette perspective."
Cela
ne veut pas dire qu'il ne pense pas à demain.
Depuis qu'il a 20 ans il se prépare. "Mais
enfin, qu'est-ce que tu veux ? Dis-le-nous, préviens-nous
un peu à l'avance" , lui disent ses proches,
parfois lassés de cette tapisserie qui ne s'achève
pas. Il dit que servir est son secret. Réponse
de sphinx. C'est son côté ombre. Il cache
ses besoins d'absolu sous un manteau de mystères.
On
croit le connaître, et on le découvre plus
complexe qu'on ne l'imaginait.Quand Bayrou dénonce
la politique people (les photos de la fille de Villepin
publiées dans Elle , les joggings médiatisés
avec ou sans Sarkozy), Villepin lui téléphone
aussitôt : "Je fais mon jogging tous les
jours depuis trente ans, sans journalistes. Les photos
de ma fille ont été publiées sans
son accord et sans même qu'elle soit prévenue.
Sache bien que j'ai servi l'Etat pendant toute ma vie
dans la discrétion la plus totale et surtout
dans le bonheur de cette discrétion."
2ème
Partie
Le
15 septembre dernier, le premier ministre français
rit avec Zapatero, serre la main de Bush, embrasse Kofi
Annan et Lula, parle avec Poutine, Jintao, Blair et
Berlusconi. Il vient de passer une nuit blanche à
mettre au point ses déclarations dans une chambre
de l'hôtel Mandarin Oriental à Colombus
Circle, avec Bruno Le Maire et nos deux ambassadeurs,
Jean David Levitte et Jean-Marc de la Sablière.
Quand il arrive à la tribune, George W. Bush
se redresse sur son siège et branche son écouteur.
L'aisance
avec laquelle Villepin a endossé les habits présidentiels
pour s'asseoir à la table des grands et souffler
avec eux les soixante bougies de l'ONU ne doit rien
au hasard. Il y a vingt-cinq ans que Villepin est entré
dans la diplomatie et qu'il en fréquente chaque
jour les hommes et les dossiers.
A
l'aube des années 1980, pour ce jeune homme né
au Maroc en 1953, sortant de l'ENA, assoiffé
de mouvement et qui n'oublie pas que de Gaulle a toujours
raisonné, dès juin 1940, à l'échelle
de la planète, la diplomatie était plus
qu'une vocation, une évidence. D'autant que le
Quai d'Orsay sait s'y prendre avec les poètes
comme lui, ceux dont les mots roulent de la lave ou
des délicatesses de sylphe. Il suffit que leurs
dépêches restent concises.
Sur
la carte du monde, il ne voit que l'Afrique. L'Afrique
reste le socle fantôme de la planète, une
terre de surnature et de grande pauvreté, ravagée
(et abandonnée) par l'Occident. En 1977, effectuant
son service militaire dans la marine, il descend du
Clémenceau, où il présente le journal
télévisé du bord tous les soirs
aux 2 000 membres de l'équipage. Il est caillassé
avec ses camarades par des enfants qui protestent contre
la présence française. A sa sortie de
l'ENA, Villepin choisit le Quai, et retrouve la Corne
de l'Afrique, avant de prendre la direction du service
de presse de l'ambassade de France à Washington.
De
l'autre côté de l'Atlantique, sa réputation
grandit. Il reçoit tous les Français de
passage ou en poste sur la Côte est. Des journalistes
(Jean-Pierre Elkkabach, Jean Daniel), des intellectuels
(Régis Debray, Edgar Morin, Alain Minc), des
hommes d'affaires (Alain Gomez). Il noue une amitié
imprévue et durable avec Katherine Graham, la
propriétaire du Washington Post , rencontrée
lors d'une exposition Gauguin. L'Amérique du
Nord agit sur lui comme un accélérateur.
L'impact du pays sera suffisamment durable pour que,
quelques années plus tard, en 2002, évoquant
son avenir en cas de défaite de Chirac à
l'élection présidentielle, il envisage
en privé la possibilité d'un exil de l'autre
côté de l'Atlantique.
Après
Washington, New Delhi. Dans l'air indien montent les
fumées des bûchers où des hommes
s'immolent. Villepin est "ébloui" par
la douceur d'un homme, Rajiv Gandhi, revenu affronter
le chaos, après une traversée du désert.
"Il m'a aidé à comprendre la grande
leçon de Napoléon et de Gaulle : il y
a toujours deux chances." Puis c'est le retour
à Paris en 1992, et à ses dossiers africains,
au Quai.
C'est
peu après que Chirac le convoque : "Dominique,
lui dit-il, voyez Balladur. Il faut l'aider à
préparer sa réflexion diplomatique."
Il se met aussitôt au travail avec Nicolas Bazire
et Edouard Balladur, qui lui propose, en arrivant à
Matignon, de devenir son conseiller diplomatique. Trop
tard. Alain Juppé vient de lui demander de prendre
la direction de son cabinet au Quai d'Orsay.
Curieux
tandem : Villepin l'imaginatif et Juppé le raisonnable.
Ce chaud-froid crée une dynamique. Pour la première
fois, Villepin trouve une tâche à la mesure
de son énergie et de son goût pour l'effort
: un directeur de cabinet est toujours prisonnier de
son travail. Ni soirée ni week-end. Villepin
gère l'ordinaire et les crises, envoie son ministre
à Sarajevo sans avertissement, prépare
une réforme du Quai, tout en mettant de l'ordre
dans les circuits. Quelques vieux kroumirs se montrent
alors oublieux des règles de la morale publique.
Villepin purge notre diplomatie de ces réseaux
parallèles où prospèrent les bacilles
de la corruption. Il neutralise les connexions de ces
diplomates et les pousse vers la sortie, avec discrétion,
sans états d'âme.
A
la veille de Noël 1994, l'affaire de l'Airbus piraté
à Alger le mobilise vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
Chirac, qui parle à Villepin au téléphone
dix fois par jour, comprend que son interlocuteur est
seul à Paris. "Qu'est-ce que vous faites
ce soir ?", demande le maire de Paris. "Rien,
je reste à mon bureau." "Venez dîner
avec nous." "Et c'est ainsi, raconte Villepin,
que je me suis retrouvé pour le réveillon
de Noël chez Joe Allen, aux Halles, avec Chirac,
Claude et Bernadette." Depuis le début de
la prise d'otages, Villepin plaide pour que l'avion
soit autorisé à décoller et à
atterrir en France, où la police trouvera plus
facilement le moyen d'intervenir. Le lendemain, Chirac
persuade Pasqua de laisser décoller l'avion pour
Marseille.
En
2002, après cinq années au palais de l'Elysée,
le voici de retour comme ministre des affaires étrangères.
Contre toute attente, car il s'était préparé
à partir pour la Place Beauvau. Sur sa table
de travail, qui fut celle de Vergennes, l'encrier de
Talleyrand, ce "diable boiteux" qui a toujours
voulu être l'homme de la France, et près
de lui, face à ses visiteurs, un tableau de Zao
Wou-ki. Personne, et lui non plus, ne peut encore imaginer
les prochaines accélérations de l'Histoire,
qui vont lui donner un rôle.
L'Amérique,
traumatisée par le 11-Septembre, cherche à
entraîner la communauté internationale
dans une embuscade diplomatique à l'ONU contre
l'Irak, pays désarmé dont elle prétend
qu'il menace la paix mondiale. Le 14 février
2003, Villepin porte la parole française à
l'ONU. Son discours est applaudi dans l'enceinte des
Nations unies. En France, il provoque un frisson à
droite comme à gauche. Le pouvoir est aussi une
question d'incarnation. Villepin a incarné, ce
jour-là, une certaine idée de la France.
En Amérique du Sud, où les télévisions
diffusent alors quotidiennement ses interviews en espagnol,
dans les pays arabes et musulmans, en Afrique, il est
devenu l'homme qui résiste à George W.
Bush. Ce sont les événements qui fabriquent
les hommes. Villepin est en phase avec l'idée
qu'il s'est toujours faite de la vocation universelle
de notre pays : il fonce.
3ème
partie
Je
l'ai alors accompagné pendant deux mois. Il menait
les conseillers qui lui faisaient cortège, leurs
impedimenta informatiques dans les bras, à un
train de marathonien, les exhortant d'une voix forte
à parfaire jusqu'à la dernière
minute chacune des interventions qu'ils avaient souvent
passé la nuit à préparer. Son principal
ennemi ? Le temps. Et pourtant, aucune lésine
dans la gestion de son agenda : il se montre avec chacun
de ses visiteurs d'une disponibilité aux limites
de l'extravagance. Pendant cette guerre pour la paix,
où la féerie diplomatique remplace les
batailles, curieusement, l'Europe reste absente de ses
préoccupations. Comme si le monde lui cachait
l'Europe.
Au
prince Saoud Al-Fayçal, ministre des affaires
étrangères d'Arabie saoudite, il raconte
sa visite au pape Jean Paul II : "Sa parole est
en avant, comme Rimbaud." Réponse du prince
: "Vous aussi vous étiez une star, à
l'ONU..." A chacun, il montre la même détermination,
tempérée par la vitesse du sourire et
le précis des phrases, sans arrogance. Sa décontraction
chaleureuse range prudents et rieurs de son côté.
C'est ainsi que dans l'antichambre de Jean Paul II,
à Rome, quand le baron Copa-Solari, gentilhomme
du pape, lui montre une fresque représentant
Néron, Villepin éclate de rire et s'exclame,
à la stupéfaction de Pierre Morel, notre
ambassadeur au Vatican : "Vous savez que Bernadette
Chirac m'a surnommé Néron depuis la dissolution
! Maintenant, je pourrai dire que j'ai le pape avec
moi..."
L'un
de ses soucis était alors de garder le contact
avec les deux chefs de la diplomatie anglo-saxonne,
Jack Straw et Colin Powell, moins éloignés
des positions françaises qu'ils ne pouvaient
l'avouer. Il arrivait qu'il les rudoie. Prenant connaissance
dans l'avion Ankara-Amman d'une déclaration de
Colin Powell indiquant que "la France subirait
les conséquences de sa politique" , il avait
aussitôt fait prévenir le département
d'Etat de son souhait de parler au ministre. Colin Powell
l'avait rappelé quand nous étions encore
en voiture sur le tarmac d'Amman. Villepin lui avait
alors posé une question sans préambule
: "Alors, Colin ! Que se passe-t-il, tu veux que
les Etats-Unis déclarent la guerre à la
France ? Tu n'as aucune chance de gagner..." Powell
vivait alors avec la "tâche" du mensonge
sur son uniforme de général. Il encaisse
en silence, son interlocuteur éclate de rire.
Le
même jour, dans l'avion qui nous ramenait de Riyad,
il était tard et nous étions encore loin
de Paris, quand Villepin me confia : "Jamais je
n'aurais imaginé que ce à quoi je m'étais
préparé toute ma vie soit confronté
à un tel choc de la réalité."
J'ai
reparlé récemment de cette période
de la guerre d'Irak avec Villepin, devenu premier ministre,
en lui demandant s'il n'était jamais tenté
d'en tirer les leçons. Après tout, les
faits n'ont-ils pas démontré qu'il y avait
dans la désinvolture de Bush quelque chose de
dangereux pour le monde et l'Amérique elle-même
? "Impossible, je suis contraint à l'humilité
tant que notre pays ne se sera pas relevé."
Quelques
jours plus tard, le destin lui permettait de revenir
symboliquement à l'ONU, en lieu et place de Jacques
Chirac. A son retour, le président, sorti du
Val-de-Grâce, le convoque pour le féliciter.
"J'ai senti qu'avec lui, dit Villepin, il n'y avait
pas de rapport de force. Tous ceux qui imaginent que
je serai un jour en indélicatesse avec lui se
trompent."
3.
Les deux hommes se connaissent depuis 1980. Jacques
Chirac, alors maire de Paris, cherche quelqu'un pour
l'aider sur le terrain diplomatique. Ce sera Villepin.
Dès cet instant, Chirac le consulte chaque semaine.
Villepin travaille tous les soirs et chaque week-end,
en plus du reste, et bénévolement, pour
nourrir la réflexion de Chirac et le tenir informé
des dossiers sensibles. Un jour, le maire de Paris lui
demande son avis sur une déclaration qu'il doit
faire. Villepin envoie sa note à Alain Juppé,
alors la plume de Chirac. Une seule phrase en fait,
d'un humour qui cingle. Chirac, en l'absence de Juppé,
convoque aussitôt l'auteur de la remontrance pour
lui dire : "C'est de gens comme vous dont j'ai
besoin. Un jour, nous travaillerons ensemble."
Et il dresse la liste des présidents de la Ve
et de leurs hommes de confiance. "De Gaulle avait
Capitant. Pompidou, ses copains de Normale. Giscard
n'avait personne. Quant à Mitterrand, il est
entouré d'une cour et cela le perdra."
En
1995, dans les semaines qui précèdent
la campagne présidentielle, quand les sondages
et la presse donnent Balladur vainqueur, la rumeur dit
Chirac près de jeter l'éponge. Villepin,
en tête à tête, l'exhorte non sans
brutalité à marquer son territoire et
envoie lui-même son fax de candidature. "Depuis
cette campagne, nos destins sont liés" ,
dit Villepin.
4.
Je le rencontre à l'automne de cette année-là,
chez un peintre marocain, Medhi Qotbi, assis un jour
à côté de lui dans un avion et avec
qui il s'est lié (il faudrait dresser la liste
de ces amitiés de hasard qui ne doivent rien
à la politique). Villepin était alors
une pièce maîtresse du sérail présidentiel.
Il surprenait par sa franchise et par son charme, mais
plus encore par une énergie singulière,
que j'apparentais à une sorte d'enthousiasme
révolutionnaire, que ne modérait pas un
attachement conservateur aux principes de notre Histoire
et de l'Etat.
Pour
ne rien arranger, il était aussi poète,
écrivain et menait de front plusieurs projets
de livres (Les Cent-Jours , Eloge des voleurs de feu
, Le Cri de la gargouille ). "J'assume" ,
disait-il alors. La poésie est action : souvenons-nous
de René Char au plus fort de la guerre, sa façon
de forcer l'homme vers plus de souveraineté.
Et de Paul Celan : "Jadis, il y avait de la hauteur."
Evoquer
ce qui a été sublime, de l'endroit où
il se tenait, c'était la verveine qu'il avait
trouvée pour dire ce qu'il pensait de notre temps
et de son camp. Il n'était pas difficile de deviner
où il cherchait ses modèles, parmi les
hommes qui acceptaient la présence du destin
et connaissaient "le langage chiffré"
des mots.
4ème
partie
Je
le retrouve de loin en loin dans son bureau de l'Elysée.
Peintures coptes de chevaliers célestes au mur,
éditions originales (Gracq, Genet) dans sa bibliothèque.
Pour qui se plaît à imaginer la vie comme
un roman, l'Elysée est une bonne adresse. Le
lieu où se nouent et se dénouent les intrigues
de la cour. Hubert Védrine, qui avait occupé
la même fonction de secrétaire général
sous Mitterrand, m'avait dit un jour : "C'est un
poste d'observation unique sur la comédie humaine."
Villepin regarde, jauge, apprécie. Les caractères,
les profondeurs de champ, les volontés, les épaisseurs
de secrets. La société française
est déjà bloquée et apparemment
incohérente. "Que fait le pouvoir ? me dit
Villepin un matin de mars 1997 ? S'enferme-t-il dans
une pièce décidé à n'en
sortir qu'une fois prises un certain nombre de décisions
? Non, bien sûr, il consulte, il prend un verre
avec les pompiers. Bref, il s'arrange pour ne rien décider.
C'est un pouvoir virtuel, comme notre démocratie,
brouillée par de faux débats et contaminée
par le chômage."
En
1995, Chirac a été élu sur une
idée, la fracture sociale, concept aiguisé
par Villepin pendant la campagne. Mais chaque projet
de réforme soulève des protestations catégorielles
en même temps que les députés défilent
dans le bureau de Chirac pour l'encourager à
dissoudre. Le président, Juppé et Villepin
décident d'en finir. Les législatives
propulsent Lionel Jospin à Matignon. Le secrétaire
général est désigné comme
responsable du désastre de la droite.
Je
le revois quelques mois plus tard. Il fulmine contre
la consanguinité parisienne, la médiocrité
des ambitions. Et Chirac ? "Il va mieux, mais il
est sans monture." Et lui, s'est-il fait des relations
amicales dans le gouvernement Jospin ? "Deux ou
trois, Allègre, Védrine, Kouchner."
Jeudi dernier, à Matignon, je l'interroge de
nouveau sur cette dissolution. "La seule différence
entre moi et les autres, c'est que j'ai toujours assumé
notre décision. Cela dit, les problèmes
n'ont pas changé. Le refus des réformes,
le goût des combinaisons, la survie sans risque.
Cette inaction engendre la dérision et salit
la politique. Je n'ai oublié ni le 21 avril ni
le 29 mai. Je crois que la politique c'est l'action,
et, pour conduire la mienne, je m'arrime à une
fidélité française et à
quelques grands principes que chacun commence à
connaître, c'est ma clarté."
5. Ce qui est certain, c'est que la crainte bien connue
du président de la République de "déchirer
le tissu social français", exprimée
devant nombre de ses visiteurs, a fini par empoisonner
ses relations avec ses premiers ministres. Le président
avait peur de déchirer le tissu, et le premier
ministre craignait que le président n'ait raison.
Leur dialogue fortifiait la tyrannie du statu quo. Pourquoi
est-ce que cela changerait ? "Ma relation avec
le président est fondée sur un double
registre. Celui des principes républicains et
gaullistes. Et celui d'une recherche de solutions concrètes,
sans idéologie. Je crois aux synthèses
politiques, pas aux marchandages. Le président
est assuré de ma fidélité, je connais
sa pensée, le clavier qui est le sien, les fragilités
dont il parle, je les prends en compte et nous avançons."
Et si, au bout du compte, Chirac n'était pas
mécontent d'avoir en face de lui un premier ministre
qui décide ?
Il
y a six mois, l'histoire n'était pourtant pas
écrite. Une solide connivence existait entre
les deux hommes, fondée sur des années
de travail en duo, de passions communes, l'Afrique,
la culture asiatique, de fidélité (jamais
je n'ai entendu un mot contre Chirac dans la bouche
de Villepin, qui sait mes réserves). Mais le
président envisageait de finir son quinquennat
avec Raffarin. C'était pour lui un confort politique
et personnel. Par qui voudriez-vous le remplacer, disaient
ses interlocuteurs (dont Alain Juppé) ? Villepin
? Votre ancien secrétaire général
? Surtout pas. La politique est un métier et,
au coeur de ce métier, il y a l'élection.
Villepin
lui a forcé la main. Un soir de l'été
2004, chez Claude Perdriel, industriel et homme de presse,
la précision de ces phrases vaut condamnation
d'un système à bout de souffle : "Regardons
les pays qui sortent de soixante-dix ans de communisme
! Pour la première fois depuis longtemps, ils
ont le sentiment d'avoir rendez-vous avec l'Histoire.
Quittons notre léthargie ! Et que le pouvoir
redevienne un espace d'invention et de décision."
Au
début de l'année 2005, lassé d'attendre
des décisions qui tardent, il part à la
conquête de Matignon et s'en cache à peine.
Le 2 janvier, je lis son entretien, très offensif,
dans le Journal du dimanche , et je l'appelle : "Villepin
premier ministre, c'est pour cette année ?"
Réponse sans hésitation : "Absolument."
Place Beauvau, il accélère sa réflexion
et son travail de métamorphose. Un matin, il
met publiquement Raffarin dans les cordes. "Il
faut aller plus vite, plus loin, plus fort." Habité
par le sentiment de l'urgence, persuadé que la
crise morale, sociale et politique exige davantage de
sacrifices et de pédagogie.
Villepin
voit Raffarin le lendemain, qui ne lui dit rien. Aucune
réaction de "recadrage" à l'Elysée.
Chacun s'habitue à le regarder de façon
différente. Après le 29 mai, Chirac l'appelle
à Matignon et tourne une page de sa propre vie.
6.
L'été passe sur Matignon avec une douceur
enviable. Un léger retard à l'allumage
de l'état de grâce, mais le nouveau Villepin,
son obsession de l'emploi, créent la surprise,
et les événements semblent s'organiser
pour le servir. Il touche les premiers dividendes de
sa préparation, de ses méthodes de travail
collectif, du style de sa communication (jamais de petites
phrases, une conférence de presse mensuelle).
Il savoure ce calme sans illusions, s'inquiétant
de voir de grands Etats (les Etats-Unis, la Chine, l'Inde,
l'Iran) s'organiser pour défendre leurs intérêts
nationaux et leur souveraineté, et donne tous
ses soins aux concepts de patriotisme économique
et de croissance sociale.
Mais
au retour des journées parlementaires de l'UMP
à Evian, le 20 septembre, tous ses visiteurs
sont brutalement décommandés. Les vrais
rendez-vous se nomment : déficit de la Sécurité
sociale, prix du pétrole, Hewlett-Packard, SNCM.
C'est pour affronter la crise qu'il est à Matignon.
La crise cogne à sa porte. Plus de palladium.
Le voici en première ligne, dans le temps des
épreuves, l'ordalie qu'il attendait, au fond.
Il a besoin d'obstacles pour que ses élans ne
soient pas arrêtés court.
Plus
important : il était impatient de rencontrer
la vérité des Français, et la sienne
aussi, face à ce déclin qu'il récuse.
Les dossiers dévorent ses jours et ceux de ses
ministres, dont certains, déjà, peinent
à suivre les premiers pas de cette marche forcée
qu'est le parcours de tout locataire de Matignon. Jeudi
dernier, après une nuit très écourtée,
il évoque rapidement les élections allemandes.
Partout les dés roulent. "Que chacun prenne
ses responsabilités. Les jeux de rôle ne
suffiront pas à nous sortir de la nasse."
Il se prépare pour demain et promet des surprises.
Il n'oublie pas que ce sont les événements
qui emploient les hommes.
Cet "Article" qui a
fait l'objet de nombreuses réactions est paru
dans le journal Le
Monde du 4 Octobre 2005
Daniel Rondeau à
Istambul par © Ara Guler
*
Daniel Rondeau, 57 ans, écrivain et chroniqueur
littéraire à L'Express, a publié
de nombreux livres, parmi lesquels
Tanger
(1987),
Tambours du monde (1989), Chronique
du Liban rebelle (1991),
Alexandrie (1997), Istambul (2002)
et, plus récemment, Dans la marche du temps (Grasset),
paru en 2004.
Il a reçu en 1998 le grand prix Paul-Morand de
lAcadémie française pour lensemble
de son uvre et dirige la collection "Bouquins"
chez Robert Laffont.
Son dernier essai, "Camus ou les promesses de la
vie", vient de paraître en Novembre 2005.
Villepin
est-il à Chirac ce que Pompidou fut à
de Gaulle ?
par
Guillaume Tabard *
A l'aube du quinquennat, Valéry Giscard
d'Estaing avait qualifié Jean-Pierre Raffarin
de «Pompidou poitevin». Dans le président
de la région Poitou-Charentes, l'ancien
chef de l'Etat retrouvait la rondeur et l'esprit
madré de son prédécesseur
à l'Elysée.
La
comparaison sied pourtant davantage à Dominique
de Villepin. Elle vient spontanément à
l'esprit avec la rencontre symbolique du premier
ministre avec les partenaires sociaux, hier après-midi,
au ministère du Travail, Rue de Grenelle.
Le dix-huitième locataire de Matignon de
la Ve République n'a pas choisi par hasard
la salle où Georges Pompidou signa les
célèbres «accords de Grenelle»
qui mirent fin à l'embrasement de mai 1968.
Certes,
au physique, rien ne rapproche le fumeur trapu
du sportif élancé. La fougue lyrique
et la passion de l'Etat du premier ministre
en place, puisant son inspiration dans la geste
gaullienne, ne ressemble pas plus au pragmatisme
de son lointain prédécesseur,
passé par la banque et agacé par
la vigilance grandiloquente des gardiens de
la flamme gaulliste. On se plaît pourtant
à imaginer les conversations littéraires
entre l'auteur d'une Anthologie de la poésie
française, citant de mémoire Eluard
dans ses conférences de presse, et celui
d'un Eloge des voleurs de feu, passionné
de René Char.
Mais le vrai parallèle entre les deux
premiers concerne leur trajectoire. Villepin
et Pompidou ont débarqué à
Matignon sans être passé par la
case électorale, tenant leur légitimité
de leur seul lien de confiance avec le président
de la République. Georges Pompidou avait
été chargé de mission auprès
du général de Gaulle à
la Libération et son directeur de cabinet
à Matignon, en 1958 ; Dominique de Villepin
fut secrétaire général
de l'Elysée durant tout le premier mandat
de Jacques Chirac. Cette absence de légitimité
politique initiale fut pour eux comme une tache
originelle difficile à effacer. En 1962,
les députés UNR (gaullistes) prirent
comme un affront la désignation d'un
non parlementaire.
En 2005, les élus UMP ne cachèrent
pas leur scepticisme à l'égard
de celui que Jacques Chirac préféra
à Nicolas Sarkozy et que beaucoup assimilaient
toujours
à l'«expérimentation hasardeuse»
de la dissolution.
Pompidou
comme Villepin n'ont cependant pas tardé
à prendre pleinement la dimension de
leur poste et à démentir les pronostics
les ravalant au rang de simple directeur de
cabinet du président de la République.
La
différence de chronologie et de contexte
ne doit pas conduire au contresens. Pompidou
est devenu premier ministre au milieu du premier
mandat de De Gaulle et est resté six
ans et deux mois à Matignon un
record qui ne sera sans doute jamais battu
; Villepin, lui, fut nommé dans la deuxième
moitié du second mandat de Chirac et,
du fait du quinquennat, n'a signé qu'un
bail de moins de deux ans.
Mais,
le Pompidou de 1968 et le Villepin de 2006 sont
dans la même position à l'égard
du chef de l'Etat. En raison de leur ambition
autant que de la situation institutionnelle.
«C'est
en gravissant les marches de Matignon que l'on
pense la première fois à l'Elysée»,
admettait le président défunt.
Pour l'actuel premier ministre, le scénario
est plutôt inverse : c'est parce qu'il
pensait déjà à l'Elysée
qu'il a voulu passer par la case Matignon.
Toujours
est-il que la cote présidentielle de
l'un comme de l'autre a grandi à mesure
que celle de leur mentor déclinait. Dans
les deux cas, une crise a servi de révélateur.
Celle de mai 1968 pour Pompidou, celle des banlieues
pour Villepin. A tort ou à raison, de
Gaulle à l'époque et Chirac aujourd'hui
ont donné le sentiment de peiner à
comprendre le mouvement et à y apporter
une réponse forte tandis que leurs chefs
de gouvernement respectifs affichaient autorité
et sérénité.
Dès
lors, à leur corps défendant,
l'affirmation du chef du gouvernement a mécaniquement
conduit à affaiblir ou à marginaliser
le chef de l'Etat. Aux yeux de nombreux électeurs
gaullistes, un départ du père
de la Ve République n'était plus
un drame puisqu'en la personne de Georges Pompidou
la relève était garantie. Le fameux
appel de Rome, par lequel le futur président
élu assurait avoir «peut-être
un destin», fut à la fois un affront
à de Gaulle et un soulagement pour les
électeurs de droite. Les plus intégristes
des gaullistes ne se sont d'ailleurs pas privés
de reprocher à Pompidou d'avoir ainsi
favorisé la victoire du non au référendum
de 1969.
Trente-six ans plus tard, les chiraquiens, qui
craignaient de voir l'actuel chef de l'Etat
cloué au sol par l'offensive Sarkozy,
disposent d'un nouveau champion capable, du
moins dans les sondages, de rivaliser avec le
président de l'UMP. Du coup, la mise
en orbite de Villepin passe par une marginalisation
de Chirac. Pour preuve : l'humiliant sondage
Ifop publié avant-hier dans Le Journal
du dimanche affirmant que 2% seulement des électeurs
de l'UMP souhaitaient voir le président
de la République porter l'étendard
du parti majoritaire en 2007.
Mais
la réussite de l'opération de
transfert électoral suppose une certaine
prise de distance pour que le successeur présenté
soit porteur d'une nouvelle offre et non simple
légataire d'un héritage. Entre
de Gaulle et Pompidou, le passage de témoin
fut en partie conflictuel.
Rien
de tel entre Chirac et Villepin. Les deux hommes
ont un objectif commun : empêcher la victoire
de Nicolas Sarkozy, favori d'aujourd'hui. Mais
pour ne pas laisser au patron de l'UMP le monopole
de la «rupture», le premier ministre
sera contraint d'exercer à son tour un
«droit d'inventaire» sur les années
Chirac. Et, déjà, certains chiraquiens
évoquent la nécessité pour
Dominique de Villepin de quitter Matignon plusieurs
mois avant la présidentielle, pour ne
pas se retrouver dans la même situation
que Jacques Chirac, Edouard Balladur et Lionel
Jospin, tous trois battus. D'autres évoquent
même l'idée d'une élection
présidentielle anticipée. Départ
de Matignon, présidentielle anticipée
: les deux événements, tous deux
imprévus, qui avaient facilité
l'entrée de Pompidou à l'Elysée.
*
Rédacteur en chef adjoint au service
politique du Figaro.
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La révélation Villepin
La présentation de son plan de relance
et l’hospitalisation du Président ont conféré au Premier ministre
une stature de dauphin.
> Les mesures du plan Villepin
Ces mesures peuvent-elles redonner confiance aux Français ? Les
mesures Villepin peuvent-elles relancer la croissance ?
Les mesures fiscales annoncées par le gouvernement ont-elles déjà
fonctionné ailleurs ? La réforme de l’impôt sur le revenu va-t-elle
dans le bon sens ?
Une réforme fiscale favorable aux très hauts revenus
Le plan Villepin va-t-il réduire le chômage ?
Nicolas Sarkozy contraint à la surenchère libérale Sarkozy et
Villepin,
des ennemis de dix ans
Challenges
(n°2 nouvelle formule)
a interrogé cinq économistes pour analyser ses mesures.
Toujours sur le thème
du dauphin
Monsieur le dauphin Dominique de
Villepin a mis ses pas dans ceux du président. « Le Point » raconte
comment, dans le plus grand secret, il s'était préparé à Matignon
; comment il « travaillait Chirac » et comment, aujourd'hui,
il joue la mélodie du bonheur.
> Lire
l'article de Catherine Pégard paru dans Le Point du 29 Septembre
2005
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