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Le Liban:
les livres y écrivent aussi leur histoire...

1990-2005/2006:
d'un printemps à l'autre entre France et Liban

«Liban, la littérature contemporaine d’expression arabe»
dans la revue «Missives»

Dans sa livraison du mois de décembre 2006, Missives, la revue trimestrielle de la Société littéraire de la poste et de France Télécom, consacre un dossier sur le
«Liban, littérature contemporaine d’expression arabe».
Dans l’avant-propos, Anne-Marie Bence précise que «les écrits donnés à découvrir portent sur la période qui a suivi l’éclatement de la guerre civile au Liban en 1975. Ils n’ont aucun lien avec les événements – imprévisibles lors de notre choix –, qui ont fait du Liban une fois encore hélas, pendant l’été, une terre d’affrontements meurtriers...
Ce qui a retenu notre attention est le retentissement spectaculaire de la guerre civile sur le plan littéraire et la vision que les écrivains ont de la guerre.
Les textes présentés dans ce numéro ont été spécialement traduits de l’arabe pour Missives, hormis ceux d’Élias Khoury et de Issa Makhlouf, extraits d’ouvrages déja publiés en français, ainsi que Najwa Barakat, déjà traduit et non publié. Il n’est pas fait mention, dans ce numéro, de la littérature francophone libanaise. Nous nous limiterons à rappeler sa place considérable dans l’univers littéraire et sa renommée...»
Ce dossier se présente en deux parties, consacrées l’une à la poésie et l’autre à la prose. On retrouve donc, côté poésie, des poèmes de Ounsi el-Hage (Anneaux I et II 1991-1997), Chawki Abou-Chacra (La tenue de soirée de l’oasis et de l’herbe), Paul Chaoul (Les feuillets de l’absent), Abbas Beydoun (Personne dans la demeure du cyclope), Akl Awit (La liberté du supplicié), Issa Makhlouf (Mirages), Bassam Hajjar (Tu vivras après moi), Abdo Wazen (Le feu du retour), Zeinab Assaf (La prière de l’absent).
Côté prose, deux articles signés l’un par Anne-Marie Bence (Le Roman contemporain) et le second par Raffi Reda Saydawi, sociologue et critique littéraire libanais (Images de la guerre dans les romans de l’après-guerre) constituent l’introduction.
Suivent les articles de Hanan el-Cheikh (Sur l’esplanade aux lions, à Grenade, je me suis assise et j’ai pleuré); Élias Khoury (La porte du soleil; Yola – extraits); Hassan Daoud (Lourds attributs de la virilité); Hoda Barakat (Le retour des enfants non prodigues); Khaled Ziadé (La grand-place); Najwa Barakat (Ô Salam).




Chronique du Liban rebelle, publié chez Grasset, témoigne du courage des Libanais abandonnés par les nations occidentales dont la France et surtout l'Amérique.
Chronique du Liban rebelle est un livre de colère et de honte. Colère et honte devant l'incohérence de cette fameuse « politique arabe » de la France, toujours prête à plier devant le chantage et le terrorisme quand elle ne renie pas les engagements que l'amitié, la culture et la raison demandaient d'honorer.
Daniel Rondeau*, témoin de l'épopée du Liban rebelle, raconte.

Paru en 1991, l'auteur y relate la période 1988-1990 qui fut la dernière phase de la guerre du Liban caractérisée par les violentes querelles inter-chrétiennes qui eurent, entre autres, comme épilogue, le départ du Général Aoun vers la France ou son exil durera 15 ans.

L'actualité du Liban remet cet ouvrage sous la lumière et son titre pourrait tout aussi bien être dédié à une parution relative aux récents évènements qui s'y sont déroulés suite à l'assassinat de Rafic Hariri.Les Libanais, dans leur majorité, musulmans et chrétiens, avaient également cru au printemps de Beyrouth en 1990 incarné par un certain général nommé Michel Aoun.Ce livre témoigne en premier lieu de la vitalité et de la ferveur des songes, qui, et souvent sous les obus, mirent en branle les foules libanaises.
Malgré la guerre et les trahisons, dans la solitude, deux ans durant, un peuple privé d'élections libres vota avec ses pieds.

Au-delà de ces parallèles, il faut savoir que ce livre fut interdit au Liban et que pour l'anecdote, quelques exemplaires purent y être distribués sous le manteau dans les années 90 parfois avec le concours de quelques bonnes soeurs pour faire le voyage entre Paris et Beyrouth... Certains éditeurs n'ont d'ailleurs pas hésiter à rappeler,
non sans humour, à Rondeau, lors de son passage au salon " lire en français" en Novembre 2005, que son livre les avait sans doute aidés à faire un petit séjour
dans les geôles libanaises! Ce n'est donc que suite aux évènements du Printemps 2005 que Chronique du Liban rebelle est désormais en vente libre au Liban.

Daniel Rondeau resta fidèle au Général Aoun qui est le personnage central dans ce livre.
Il lui a rendu régulièrement visite durant ses années d' exil en France et l'a d'ailleurs accompagné dans l'avion qui l'a ramené au Liban le 7 Mai 2005.
Cet épisode lui a permis de replacer son livre de l'époque dans un contexte très actuel jusqu'à être surpris par la popularité intacte du général lors de ce retour, notamment auprès d'une génération tout juste née dans la phase 1988-1990.
Comme aime à le rappeler l'auteur, on n'imagine pas à quel point un livre pourrait lui-même se raconter une vraie vie bien après sa parution.Celui-ci vient typiquement illustrer cette remarque en s'offrant une sorte de seconde vie au coeur de l'automne 2005.
Ainsi, même le livre peut, lui aussi, vivre une sorte de retour d'exil;
voilà pourquoi il sera tout aussi intéressant pour le lecteur de découvrir ou de relire
Chronique du Liban rebelle

JMD Novembre 2005


Commander le livre?

* Daniel Rondeau, 57 ans, écrivain et chroniqueur littéraire à L'Express, a publié de nombreux livres, parmi lesquels
Chronique du Liban rebelle (1991),
Tanger (1987), Tambours du monde (1989), Alexandrie (1997), Istambul (2002) et, plus récemment,
Dans la marche du temps (Grasset), paru en 2004.

Il a reçu en 1998 le grand prix Paul-Morand de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre et dirige la collection "Bouquins" chez Robert Laffont au sein de la quelle doit paraître en 2006 l'oeuvre complète de Gibran Khalil Gibran.

Son dernier essai, "Camus ou les promesses de la vie", vient de paraître en Novembre 2005.


Sa « Chronique du Liban rebelle » continue d’attirer les lecteurs beyrouthins
Daniel Rondeau : « Pour bien écrire, il ne faut pas oublier son cœur »


Daniel Rondeau

Décidément, les choses ont bien changé au pays du Cèdre. Jadis persona non grata, notamment après la publication de son livre Chronique du Liban rebelle, en 1991,
Daniel Rondeau est désormais un hôte de marque, invité au salon « Lire en français et en musique » (qui l’avait d’ailleurs boudé jusque-là), pour y signer son dernier ouvrage, La marche du temps. Pour cet écrivain et historien, qui est aussi un critique littéraire, cette situation est particulièrement émouvante.
En 1989, il avait fait un lobbying en France en faveur de ceux qui militaient pour un Liban libre, sans connaître alors le général Michel Aoun. Il avait même lancé son fameux appel : « Nous sommes tous libanais », qui a été suivi par de nombreuses personnalités françaises. Et puis, pour donner un caractère concret à son appui, il était venu à Baabda, avec notamment Frédérique et Jean-François Deniau, et d’autres figures politiques et humanitaires françaises. Ils ont été la cible des bombes, comme les Libanais, et essayé de résister malgré tout, comme certains d’entre eux.
Mais après le 13 octobre 1990, lorsque les troupes syriennes ont délogé le général Aoun de Baabda, il a refusé de se taire et de s’incliner devant la réalité. Il a donc écrit Chronique du Liban rebelle, qui était, dit-il aujourd’hui, « un cri de révolte et de protestation ». Le livre avait alors été interdit au Liban, et un groupe de jeunes s’était employé à l’imprimer et à le distribuer en cachette. « Je n’en revenais pas, affirme-t-il, que des inconnus se battent et risquent la prison pour mon livre. »
Daniel Rondeau ne pouvait pas à l’époque se rendre au Liban où une note de la Sûreté générale demandait son expulsion à tous les postes-frontières et à l’AIB. Pourtant, il n’a jamais cessé de s’intéresser à la situation de ce pays. Il a même gardé un contact régulier avec le général Aoun, en exil en France. Et chaque fois qu’il lui parlait, Aoun lui affirmait qu’il rentrerait très bientôt au Liban. Mais Rondeau avait fini par ne plus y croire. C’est pourquoi, lorsque le général Aoun l’invite à l’accompagner dans l’avion qui le ramène à Beyrouth le 7 mai dernier, jour de son anniversaire, il saute sur l’occasion et retrouve ce pays qu’il a aimé. Mais cette fois, le peuple est plein d’enthousiasme, résolument tourné vers l’avenir.

La fascination
de la Méditerranée

Daniel Rondeau rentre en France le 8 mai, convaincu qu’il reviendra souvent au pays du Cèdre. « Me voilà donc de nouveau ici, comme prévu, dit-il simplement. Malheureusement, mon séjour est très court. Mais je compte revenir encore. Je suis fasciné par la Méditerranée et j’ai le projet d’écrire sur les grandes villes qui entourent cette mer. J’ai déjà écrit sur Istanbul, Tanger et Alexandrie. Beyrouth devrait bientôt s’ajouter à la liste. Je trouve que tous les peuples qui vivent ou ont vécu autour de la Méditerranée ont des valeurs communes, une même loi morale, quelles que soient les religions auxquelles ils appartiennent. »
Originaire de la région de Champagne « dans les brumes et les bulles », dit-il avec humour, Daniel Rondeau affirme que sa principale source d’inspiration est l’histoire, qui est, selon lui, la sœur de la littérature. Et en général, ses ouvrages, notamment La marche du temps, sont des récits qui mêlent l’histoire à la fiction. Seul le livre sur le Liban échappe à cette règle. « Mais alors, j’étais moi-même dans l’histoire. J’étais plus qu’un témoin, un acteur. Et il fallait raconter cette expérience. »

« Les mots ne sont pas
innocents »

Daniel Rondeau est convaincu que les « mots ne sont pas innocents. Les livres pèsent sur la vie des gens et les influencent ». Il estime donc que son livre a certainement contribué au changement de la situation générale du Liban, même s’il est conscient que la politique des grandes puissances est essentiellement dictée par leurs propres intérêts. « On ne peut certes pas faire confiance aux démocraties occidentales. Pendant des années, les États-Unis ont mis la tête des Libanais sous l’eau. Mais l’amertume ne doit pas devenir désenchantement, et le scepticisme ne pas se transformer en cynisme. La vie et l’histoire, sont plus fertiles et riches en développements que l’imagination du plus imaginatif des romanciers.
Moi, j’ai toujours fait confiance en l’avenir, surtout lorsqu’il y a un passé. »
Aux Libanais, Daniel Rondeau conseille aujourd’hui d’avoir en tête d’unir et non de séparer. Surtout, il leur demande de ne pas mentir ou se mentir. « Les épreuves, dit-il, ont revêtu les Libanais d’une tunique de chagrin. Mais celle-ci peut être aussi tissée de sagesse. Il faut, à mon avis, éviter de faire du vaincu un bouc émissaire et laisser parler l’intelligence. Aujourd’hui, les Libanais ont une conscience plus grande de l’histoire et de la politique internationale. Ils devraient donc pouvoir aller de l’avant. »
Si, pour les Libanais, sa carrière est liée à celle de sa Chronique du Liban rebelle, Daniel Rondeau est un écrivain prolifique qui, dès l’âge de dix ans, savait ce qu’il voulait faire : écrire des histoires sans donner des leçons, juste raconter la vie, le passé, avec quelques pistes de méditation sur l’avenir. Il a été révolutionnaire, mais aujourd’hui, il se contente de dénoncer l’injustice, l’oppression et le chantage terroriste. Au Salon du livre, où il a signé son dernier ouvrage, samedi soir, les Libanais sont venus nombreux le voir pour lui témoigner leur admiration et redécouvrir avec lui sa Chronique du Liban rebelle.
« Aujourd’hui, reconnaît-il, j’ai plus de recul et je vois les choses d’une façon plus globale.» Mais il est heureux de constater que le livre qui avait été à l’époque une réaction
– « même si j’y avais mis le meilleur de moi-même », précise-t-il – a aujourd’hui
encore beaucoup d’impact. Ce qui le pousse à la constatation suivante :
« Pour bien écrire, dit-il, il ne faut pas oublier son cœur. »
Le sien bat pour le Liban depuis quinze ans.

Scarlett HADDAD pour L'Orient Le Jour


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