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Les auteurs célébrés
Zeina
Abi Rached, auteur francophone, artiste spécialisée
en dessin graphique et en animation 2D, a publié deux ouvrages
aux éditions Cambourakis: 38, rue Youssef Semaan et Beyrouth
et Catharsis (2006). Les deux uvres relèvent autant
de lobjet dart que de la bande dessinée traditionnelle.
Son prochain livre est paru en septembre 2007.
Mohammad Abi Samra, auteur arabophone, journaliste
à an-Nahar. Dans son dernier roman, Soukkan al-souwar (Les
habitants des images, 2003), il retrace lépopée
des immigres du Liban-Sud dans la capitale. Dans son premier roman,
al-Rajol al-Sabik (Lhomme antérieur, 1995), il ajoute
au roman de la guerre civile un chaînon nécessaire
qui consiste dans le traitement psychologique.
Abbas Beydoun, auteur arabophone, poète,
essayiste, et critique littéraire, il est rédacteur
en chef du supplément culturel du quotidien as-Safir. Deux
ouvrages traduits édités chez Actes Sud: Le poème
de Tyr, 2002 et Tombes de verres, 2007.
Rachid el-Daïf, lun des auteurs arabes
les plus connus et les plus traduits en Europe. Enseignant de
littérature arabe à lUL, il a publié
de nombreux recueils de poèmes et romans pour lesquels
il a été primé. Ouvrages traduits chez Actes
Sud : Cher Monsieur Kawabata, 1998 ; Learning English, 2002 ;
Quelle aille au diable Meryl Streep, 2004 ; Fais voir tes
jambes, Leila, 2006.
Hassan Daoud, auteur arabophone, a collaboré
en tant que rédacteur en chef à plusieurs journaux
et revues. Deux romans traduits chez Actes Sud : Limmeuble
de Mathilde, 1998 et Des jours en trop, 2001.
Tamirace Fakhoury a publié à lâge
de 9 ans un poème en arabe. Mais cest en français
quelle a signé trois recueils chez Dar an-Nahar.
Joumana Haddad, journaliste au quotidien an-Nahar.
Auteur de plusieurs recueils de poésie en arabe et en français.
Imane Humaydane-Younès possède a son
actif un roman Ville à vif, paru aux éditions Verticales
en 2004. Son deuxième roman sortira en septembre 2007.
Élias Khoury, critique littéraire,
essayiste et chroniqueur, il est lauteur de huit romans
traduits et publies chez Actes Sud
qui lont placé parmi les meilleurs écrivains
arabes.
Charif Majdalani, auteur francophone, dirige le
département des lettres françaises de lUSJ.
Il conte dans son roman Histoire de la grande maison (éd.
du Seuil, 2005) les grandeurs et la décadence dune
famille libanaise, témoin de lhistoire du pays.
Alawiya Sobh, critique littéraire arabophone.
Son roman, Marie des Récits, est en cours de traduction
chez Gallimard, à paraître en octobre 2007.
Yasmina Traboulsi, juriste de formation, partage
sa vie entre Londres où elle est documentaliste et Teresopolis,
près de Rio de Janeiro.
Son premier roman, Les enfants de la place, a été
publié en 2003 au Mercure de France. Un roman est en préparation
sur Beyrouth.
Après la Nouvelle-Zélande
en 2006, lédition 2007
des « Belles étrangères » consacrée
au Liban
Lon dit souvent que si vous voulez découvrir un pays,
commencez par vous plonger dans ses livres. Cest donc pour
dévoiler les mystères des littératures étrangères
et de leur pays dorigine quune manifestation comme
les «Belles étrangères» a été
créée en France en 1987. Pour célébrer
(en beauté) les 20 ans de cette manifestation, en 2007,
du 12 au 25 novembre, les «Belles
étrangères» seront consacrées
à la littérature libanaise, de langue arabe et française.
Le Centre national du livre en France, organisateur de lévénement,
invitera ainsi 12 écrivains libanais, 8 auteurs arabophones
et 4 auteurs francophones, représentatifs de la diversité
et de la richesse de la création littéraire libanaise
daujourdhui.
Les noms des heureux élus ont été annoncés
le samedi 31 Mars 2007 au cours dune conférence de
presse tenue à la Résidence des Pins (voir photo
ci-dessus) en présence de Bernard Émie, ambassadeur
de France et maître des lieux; de Benoît Yvert, directeur
du livre et de la lecture du ministère français
de la Culture et président du Centre national du livre;
de Martine Grelle, chef du bureau des échanges internationaux
au CNL et commissaire des «Belles étrangères»;
de Mohammad Kacimi, écrivain, dramaturge, conseiller littéraire
de la manifestation, et de Denis Gaillard, conseiller culturel
près lambassade de France à Beyrouth.
Tournée plus particulièrement vers les littératures
insuffisamment traduites en français, cette manifestation
originale sest imposée en treize ans dexistence
et trente et une éditions comme un des événements
phares de la scène littéraire française.
Sa formule consiste à inviter en France, pendant deux semaines,
une douzaine décrivains représentatifs de
la littérature de leur pays et à les faire dialoguer
de vive voix avec les Français à travers des tables
rondes, des débats et des lectures publiques. Un livre
et un film accompagnent lévénement.
Ces rencontres ne se font pas uniquement à Paris. Après
la soirée inaugurale parisienne, les écrivains invités
sont conduits par le Centre national du livre (CNL), maître
duvre de lopération, à travers
toute la France pour quils puissent rencontrer aussi le
public des petites et grandes villes de province. Le CNL sappuie
pour cela sur son vaste réseau de bibliothèques,
de maisons de la culture, de librairies partenaires, où
les écrivains sont accueillis le temps dune soirée
ou dun débat. Les médias audiovisuels (Radio
France internationale, la chaîne franco-allemande Arte)
sont aussi présents et contribuent à faire de ces
rencontres un événement réellement national.
Lautre souci des organisateurs, cest la disponibilité
des traductions en français. «Nous essayons de choisir
une majorité décrivains déjà
publiés en France, car autrement les rencontres avec le
public ne peuvent pas se faire de façon intéressante,
rappelle Benoît Yvert, directeur du CNL. Mais on prend toujours
deux ou trois auteurs encore non traduits et dont les premiers
textes sont publiés dans lanthologie (coproduite
avec les éditions de lAube) que nous faisons paraître
à loccasion des Belles étrangères.»
Cet important travail de sélection et de prospection se
traduit par la parution dune profusion de nouveaux titres
à chaque édition des «Belles étrangères».
Il suscite aussi quelques répercussions imprévues:
une librairie parisienne prise dassaut par des passionnés
de la littérature tchèque lors de lédition
qui lui était consacrée, ou des bibliothèques
de prêt qui sapprovisionnent massivement en littérature
coréenne, révélée par les «Belles
étrangères» de 1995, pour répondre
à la demande de leur public.
Mais limpact réel de ce festival se situe ailleurs,
sur le plan de la conception et de lapproche de lAutre.
Concernant les auteurs sélectionnés par le comite
du CNL, Martine Grelle, commissaire de lévénement,
avoue que généralement, «létablissement
de cette liste est le moment le plus long et le plus difficile.
Il faut quelle soit la plus représentative possible
des tendances contemporaines et reconnues de la littérature
du pays invité. Sans oublier les jeunes espoirs qui promettent
pour lavenir. Pour le Liban, a-t-elle ajouté, les
choses se sont déroulées assez rapidement avec un
consensus presque général et une équité
hommes-femmes très intéressante».
Dans son allocution, lambassadeur Émie a rendu hommage
aux acteurs de la chaîne du livre au Liban qui constituent
«une communauté particulièrement dynamique
dans un pays quon peut considérer comme la véritable
plaque tournante de lédition dans la région».
Il a précisé que la composante francophone de cette
famille fait preuve dune vitalité toute particulière
et elle se retrouve chaque année en octobre pour cette
grande fête quest le Salon du livre francophone de
Beyrouth, le troisième en français après
Paris et Montréal.
Émie a rappelé, dans ce cadre, laccord de
coopération sur 3 ans, signé entre la France et
le Liban avec un montant de 1,5 million deuros, «pour
favoriser le développement des bibliothèques publiques
notamment dans les régions touchées par le cruel
et inutile conflit de lété dernier».
Bernard Émie a réaffirmé, pour conclure,
le soutien de la France et son engagement qui profite à
lensemble de la population libanaise. On souhaite que les
«Belles étrangères» soit loccasion
pour le grand public français de «découvrir
un autre Liban, un Liban qui a su lété dernier
continuer a rêver sous les bombes, un Liban qui crée
aujourdhui, malgré la douleur, un Liban qui écrit
pour survivre, un Liban qui ne renonce pas».
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Le
Prix Littéraire FRANCE-LIBAN 2004 attribué
le 17 Novembre 2004 à...
Elias Jabre pour son roman d'anticipation "Immortalis"
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Auteurs,
inscrivez-vous pour l'édition 2007
En prévision de la présélection des ouvrages à concourir
pour le prix littéraire "France-Liban", les auteurs intéressés
(Libanais et Français) ayant publié une oeuvre en langue
française entre 2006 et 2007, sont invités à se faire
connaître auprès du responsable du prix, Abdallah Naaman,
en lui adressant un exemplaire de leurs ouvrages respectifs,
accompagné d'un cirriculum vitae, à l'adresse suivante:
3 Villa Copernic,
75116 Paris, avant le 28 février 2008.
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Seconde
récompense pour Elias Jabre après celle
du
prix du roman fantastique
du Festival de Gerardmer 2004 (Fantastic’arts)
Voyage
dans le futur éternel
Elias Jabre est né en
1975 au Liban. Après des études de droit et un passage
par la fiscalité internationale, il se passionne pour
les nouvelles technologies qui le conduisent à travailler
au développement des activités électroniques d'un groupe
d'édition. Immortalis est son premier roman.
Ce récit d'anticipation aux multiples rebondissements
rappelle que ce siècle verra se jouer l'enjeu de l'espèce.
Il retrace le drame de personnages liés par l'amour et
par le sang, happés dans la spirale du progrès. Ils devront
faire des choix déterminants pour l'avenir de l'humanité.
Mais ont-ils le choix ?
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Comme elle le fait chaque année depuis plus de vingt ans,
l'ADELF, Association des Ecrivains de Langue Française
prépare la réunion du jury* en charge de décerner
ce prix qui récompense un auteur libanais ou francophone
dont le Liban a été au cours de l'année écoulée
le thème central d'un livre.
On connait désormais les 23 auteurs nominés pour
cette 23ème édition qui démontre que 2004
fut une année particulièrement féconde et
que les auteurs libanais choisissant la langue française
comme langue d'écriture sont de plus en plus nombreux:
Chez An-Nahar: Ronald Barakat
pour Amour et pénombre
Rita Baddoura pour La Naissance du dé
Rita Bassil pour Beyrouth ou le masque d'Or
Irène Lehr pour "De St Pétersbourg à
Ain El Mreissé"
Lutfallah Manassah pour La belle sunnamite
Chez L'Harmattan: Mirna Hanna
pour Nouvelles d'un néant inversé
Semaan Kfoury pour "Drogman"
Véronique Ruggirello pour Khiam, prison de la honte
Nader Srage pour Dialogue des langues
Chez Mercure de France: Soraya
Khalidi pour Le goût de Beyrouth
Yasmina Traboulsi pour Les enfants de la place
Aux PUF: Eric Debié
pour Le Liban reconstruit
Chez Karthala: Carmen Boustani
pour Effets du féminin
Chez Gallimard: Dominique Eddé
pour Le cerf-volant
Chez La Nouvelle Pleiade: Patricia
Elias pour Née du Silence
Chez Geuthner: Manar Hammad pour
"Aux racines du Proche-Orient"
Chez Le Manuscrit: Elyane Gorsira
pour Jérusalem et Byzance
Beyrouth: Victor Hachem pour
Antoura de 1657 à nos jours
Chez JC Lattès: Elias Jabre
pour Immortalis
Chez Robert Laffont: Jean-Sélim
Kanaan pour Ma guerre à l'indifférence
Chez Fayard: Samir Kassir
pour Histoire de Beyrouth
Chez Odile Jacob: Mozayan Osseiran
Houbbalah pour L'enfant-soldat
et enfin, Michael Davie pour La maison Beyrouthine
* Le Jury de l'ADELF est composé
de huit membres:
Mr Charles Zorgbibe(Président), Mr Abdallah Naaman(responsable
du prix), Paul Blanc, Vénus Khoury-Ghata, Adel Ismail,
Bahjat Rizk, Charles Rizk et Bassam Tourbah
Fondée en 1926,
la Société des écrivains coloniaux rebaptisée ADELF sous la présidence
de Henri Queffélec (1964-68) a pour objet de favoriser dans le
monde l'expansion des littératures de langue française, de soutenir
les écrivains de langue française résidant hors de France, de
grouper les activités d'ordre intellectuel et social relatives
à la défense et au rayonnement des civilisations du monde francophone,
de sauvegarder les intérêts moraux et matériels des écrivains
appartenant à l'association. L'ADELF compte plusieurs centaines
d'écrivains appartenant à 65 nationalités : les écrivains de pays
dont le français est langue nationale, de culture ou d'usage,
et aussi des écrivains qui ont choisi le français pour écrire.
ADELF: 14,rue Broussais, 75014 Paris
Tel: 01 43 219599
Par ailleurs, le prix hors concours est
allé à la professeur
Carmen Boustani pour son livre Effets du
féminin,
variations narratives francophones, publié chez Khathala. À signaler
que ce prix hors concours, à part à Carmen Boustani, a été décerné
quatre fois en 20 ans (1981 au Dr Adel Ismaïl, 1987 au président
Charles Hélou, 1998 à l’ambassadeur Nasri Salhab,
2003 au professeur Jad Hatem).
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Entre France et Liban
Regards appuyés pour:
L’ENFANT
DU SECRET,
par
Alexandrine Siham
ou l'histoire du parcours d'un
enfant adopté entre deux pays:
Quête, identités et droits à travers le témoignage
d'une femme et de son vécu, sur le mystère des origines entre
la France et le Liban (1965-2003)
"Plus de trente ans après son adoption par
une famille française, Alexandrine Siham nous livre ici le récit
de son parcours et sa quête des origines : depuis l’orphelinat
des premières années, l’auteur évoque tour à tour l’oubli, la
fuite en avant vers d’autres terres d’adoption, puis le retour
au Liban natal après les années de guerre. Une véritable enquête
s’engage alors, aventure médiatique et humaine, pour retrouver
celle a qui a donné au jour une
"enfant de la honte"…Celle qui, par une grossesse illégitime,
a déshonoré sa famille et a encouru le " crime d’honneur ". Ce
récit, autobiographique, pose la question de l’accès aux origines
et s’inscrit ainsi dans un contexte ou l’accouchement sous X et
l’adoption d’enfants étrangers agitent l’opinion suscitant débat
et réformes. Avant tout cependant, L’enfant du secret se présente
comme le témoignage sensible d’une histoire d’amour entre une
enfant et ses parents d’adoption, un vibrant appel à la vie."
Un premier livre qui mérite
une attention particulière tant il colle à la réalité
d'une certaine génération libanaise.
Editeur : L’harmattan, collection "Graveur de mémoires".
Invitation
à la conférence au Salon "lire en français"
de Beyrouth
et à la séance de signature du 24 Octobre avec la
Librairie Antoine
Présentation à Paris le 24
Novembre 2004, Librairie Alizées (M° Cardinal Lemoine).
Le message d’amour et le cri de souffrance d’Alexandrine Siham
dans « L’enfant du secret »--
Alexandrine Siham, c’est «
l’enfant du secret », l’enfant aux deux prénoms, l’enfant
aux deux identités. La première, l’originale, la Libanaise, c’est
Siham ou plutôt Siham Nelly qui, jusqu’à l’âge de 4 ans, était
une enfant abandonnée, illégitime, une enfant de la honte recueillie
par les religieuses de la crèche Saint-Vincent-de-Paul et à laquelle
elles ont donné un nom, une identité. La seconde, Alexandrine,
est de nationalité française. Elle a aujourd’hui 39 ans. Née à
l’âge de 4 ans, alors qu’elle venait d’être adoptée par un couple
de Français, elle tente de trouver sa place dans un monde auquel
elle ne s’identifie pas. Brune à la peau mate, dans une famille
de blonds aux yeux bleus, elle souffre de ne pouvoir être la petite
fille modèle tant désirée. Elle souffre surtout du déracinement
de son pays d’origine, le Liban, de ce passé que ses parents adoptifs
tentent d’occulter, mais qui resurgit dans ses cauchemars d’enfant
et ses rêves les plus fous. Rebelle, tant dans son aspect physique
que dans son comportement, elle exprime sa souffrance à travers
ses actes, ses paroles, ses interrogations. Siham Nelly au Liban,
Alexandrine en France, la jeune femme ne se sent ni tout à fait
libanaise ni tout à fait française. Tout juste une étrangère ici
ou là, mais une étrangère partout ailleurs aussi. À travers L’enfant
du secret, Alexandrine se livre totalement, raconte sa détresse,
sa souffrance de cette dualité qui lui pèse, son chagrin de ne
pas parler ni comprendre l’arabe, sa langue maternelle, qu’elle
parlait pourtant exclusivement jusqu’à l’âge de 4 ans, lorsqu’elle
était une enfant de « Azarieh ». Mais ce qu’elle dépeint surtout,
c’est sa quête de ses parents biologiques qui l’ont abandonnée,
sa quête de sa mère surtout, cette « mama ou emmé » à laquelle
elle voudrait tant mettre un visage, qui devient non seulement
son leitmotiv, mais ausi le but de son existence. Ce désir d’en
savoir plus sur sa naissance, de comprendre pourquoi et dans quelles
circonstances elle a été abandonnée, se transforme en une hantise.
Une hantise qui ne peut que faire souffrir ses parents adoptifs,
devenus malgré eux partenaires actifs dans la quête engagée par
leur fille, par amour pour elle, par peur aussi de la perdre.
Au fil des pages, Alexandrine l’enfant rebelle se transforme.
La jeune fille déchirée entre deux mondes, écorchée vive, rancunière,
qui donne des surnoms à sa mère adoptive pour ne pas l’appeler
maman, qui lui crache sa souffrance d’avoir été déracinée, arrachée
à son pays tant chéri, se mue, progressivement, en une Alexandrine
plus tolérante. Une Alexandrine qui a accepté sa situation, même
si sa quête n’a toujours pas abouti. Une Alexandrine qui a intériorisé
sa dualité et qui désire exister en tant que telle. L’enfant du
secret est le cri de souffrance d’une personne qui finit par comprendre
que les mentalités d’une société encore trop traditionnelle sont
plus fortes que le droit à retrouver ses origines. Au terme d’années
de combat, L’enfant du secret est en quelque sorte le parcours
d’Alexandrine, un parcours identitaire, semé d’embûches, mais
aussi tout plein d’émotions, de souvenirs, de parfums, d’amour,
de poésie aussi. Un message d’amour immense qu’elle exprime aussi
bien à ses parents adoptifs qu’aux religieuses de la crèche. Au-delà
de l’histoire personnelle d’Alexandrine, resurgit le problème
de l’adoption, de l’accès aux origines, mais aussi des grossesses
illégitimes dans une société libanaise encore traditionnelle.
Dans le cadre de la signature de son
ouvrage, L’enfant du secret, édité chez L’Harmattan, Alexandrine
Siham organise une conférence-débat, sur le thème « Parcours d’un
adopté entre deux pays », le dimanche 24 octobre à 17 heures,
au Biel, au Salon Lire en français et en musique, à la salle Quatz’arts.
La signature du livre suivra la conférence, à 18 heures, au stand
de la librairie Antoine.
Anne-Marie EL-HAGE
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Premier roman de Yasmine Ghata
( la fille de Vénus)
aux éditions Fayard «La nuit des calligraphes»:
un destin de femme à la pointe du roseau
Sélectionné
pour le Prix Renaudot
« Ma mort me fut aussi douce
que la pointe du roseau trempant ses fibres dans l’encrier,
plus rapide que l’encre bue par le papier. » Ainsi parle Rikkat,
la calligraphe ottomane, d’une voix flottant entre ombre et
lumière, alors qu’elle entreprend le récit de sa vie.
Dans
la plupart des livres d’histoire, Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938),
fondateur, en 1923, de la République de Turquie, est décrit
comme le héros, voire comme le sauveur de son pays. Or, dans
La nuit des calligraphes, le premier roman de Yasmine Ghata,
fille de la poétesse Vénus Khoury-Ghata et spécialiste en histoire
de l’art islamique, le président démocratique est loin d’être
porté aux nues. En effet, dans son empressement à rapprocher
sa nation de l’Europe, Atatürk met la calligraphie arabe, avec
une grosse partie de l’héritage de l’islam, au rebut. Les enlumineurs,
qui, jusque-là, étaient hautement considérés, sont alors lentement
oubliés, pendant que l’alphabet latin fait une entrée fracassante
en Turquie. Yasmine Ghata – dont le premier mérite est de ne
pas avoir accablé son récit de prétentieux étalages de ses connaissances
profondes sur le sujet précis de la calligraphie arabe en Turquie,
dans les premières années du XXe siècle –, présente, à la première
personne du singulier, Rikkat, une des très rares
femmes calligraphes ottomanes.
Spiritualité et déboires conjuguaux
À travers le récit houleux de son existence de 83 ans, se déploie
un monde tout à fait particulier, celui d’hommes et de femmes
qui vivent en lien étroit avec Allah, par le biais de leur «calame»
(pointe de roseau trempée dans l’encre). L’auteur, au fil de
ces quelque 175 pages ponctuées de courts chapitres, a réussi
à poser un climat narratif, à travers une écriture raffinée
et accessible, qui ne cherche pas l’originalité. Rikkat est
à la fois calligraphe d’Allah et mère de deux enfants, nés de
deux pères différents. Entre spiritualité extatique – l’artiste
est protégée, tout au long de sa vie pour le moins malheureuse,
par le fantôme de Sélim, un de ses pairs qu’elle a retrouvé
pendu dans sa chambre et qui lui a légué son matériel et ses
secrets de calligraphe – et déboires conjugaux – son premier
mari est aussi rustre et inattentif que le second –, le roman
trouve son équilibre et sa crédibilité. Et, pour pimenter l’ensemble,
un secret qui ne sera divulgué, habilement d’ailleurs, que dans
les dernières pages. Yasmine Ghata a assurément réussi sa première
tentative romanesque. Même si son style dépouillé, qui s’identifie
au personnage central, a de quoi déconcerter, et si ses allées
et venues sur la ligne temporelle du récit, au gré des souvenirs
de Rikkat, manquent parfois de justification. Le destin de Rikkat,
femme calligraphe du début du siècle dernier, spirituelle et
audacieuse, inspirée et mélancolique, intègre harmonieusement
les terres du roman historique. Un coup d’essai prometteur.
Diala GEMAYEL -L'Orient-Le Jour
« Si c’était à refaire
»... par Michel Ghazal
Deux ouvrages à son actif : Mange ta soupe et... tais-toi
(1992) et Circulez, y’a rien à... négocier (1997), tous les
deux parus au Seuil. Voilà le parcours littéraire de Michel
Ghazal. Aujourd’hui, il publie un nouvel ouvrage, un roman entre
conte psychologique et réflexions philosophiques, sur un ton
subtilement ironique et léger, sous le titre de
Si c’était à refaire (Editions Dervy-225).
Refaire quoi? Sa vie bien entendu! Être surtout soi-même
pour mieux vivre et garder ses distances (ou les brûler) avec
l’ambition, le pouvoir; savourer fidélité et loyauté; éviter
les tourmentes de la culpabilité, de la séparation et de la
trahison; tenter de se rapprocher de la perfection et du bonheur;
vivre l’amour dans toute sa force et son intensité. Qui de nous
a jamais su quoi faire dans les méandres et les trappes d’une
vie? Nos errements, nos échecs, nos difficultés à surmonter
les obstacles, comment les voyons-nous avec la fuite du temps
et son irréparable passage temps? À ces interrogations que nul
n’élude, Michel Ghazal a écrit ce roman à la fois badin et grave,
mais où tout est perçu dans une constante bonne humeur et où
l’humour est la clef de voûte de bien des situations. Tout commence
par un rêve, la vie d’ailleurs n’est-elle pas un rêve?... Un
rêve pour sortir de soi-même et croiser «l’ange» qui fera le
parcours à vos côtés... Un voyage qui se dessine au fur et à
mesure en une sorte «d’avancée vers le passé»... Une sorte d’arrêt
sur image pour mieux réfléchir sur soi, ses actions, ses agissements
et les valeurs que nous subissons comme un carcan. L’auteur
nous propose cette aventure pour une leçon de sagesse: «Le saut
dans l’inconnu allait commencer. Seulement, était-ce vraiment
l’inconnu ou s’agissait-il simplement d’accepter de voir ce
qui, depuis toujours, lui pendait au nez et qu’il occultait?»
Sur ce canevas finalement assez simple se trame toute une histoire
d’un roman à rebondissements multiples, avec ses situations
imprévisibles et parfois cocasses, et ses personnages à la hauteur
de tant de péripéties... Un roman entre esprit voltairien et
rêveries gibraniennes (d’ailleurs l’auteur du Prophète est largement
cité en exergue des chapitres dans cette fiction)* pour
dispenser non un art de vivre, mais un «bonheur» de vivre en
harmonie avec soi-même. Alors se déroulent les thèmes qui tourmentent
l’humanité. On en fera le tour avec un jugement à garder en
tête. La puissance est-elle une réalité ou une vanité? La tolérance
serait-elle un différend ou doit-elle rester une différence
à respecter? L’incompréhension serait-elle un envirant sentiment
de vaincre ou doit-elle être un besoin de convaincre? Comment
considérer un échec? Accepter la loi du monde ou imposer la
tienne? Trahir, c’est se duper ou être trompé? Où placer le
don? Altruisme ou égoïsme? Comment traquer la perfection entre
ombre et lumière? L’amour est-il chaîne ou liberté? Le bonheur
est-il notre destination ou un voyage qui nous permet de vivre?
Autant d’interrogations et de réponses que chacun lira d’une
manière différente. Des mots simples, de la distanciation, un
regard lucide, de l’humour, une pointe de bonhomie, une écriture
claire et sans sophistication. Voilà les ingrédients de cet
ouvrage où est abordé le thème d’un véritable parcours initiatique.
Edgar DAVIDIAN - L'Orient Le Jour
* Notez que simultanément sort chez Dervy une réedition
du Jardin du Prophète illustrée
par des calligraphies de Lassad Metoui et traduite par JP Dahdah.
«Mansour
Labaky, la paix par le pardon», d’Évelyne Massoud
ou une une vie remplie à ras bord
Août 2004- Il y a, dans la vie de tout homme, des coïncidences
troublantes. Pour certains, les coïncidences sont mystérieuses
et les mènent vers des passes obscures, des lieux envoûtés,
des contes dont on ne sait s’ils sont de fées. Pour d’autres,
ces coïncidences sont lumineuses. Le père Mansour Labaky (64
ans) est de ceux-là. Sa vie semble une suite ininterrompue de
rendez-vous, dramatiques, douloureux ou heureux, avec la providence.
L’épisode le plus marquant de cette vie remplie à ras bord,
le père Labaky l’a vécu à Damour, le 20 janvier 1976, deux jours
après la chute de la Quarantaine, un camp de réfugiés palestiniens
à l’entrée nord de Beyrouth. Ils furent cinq cents à trouver
refuge à l’intérieur de l’église Saint-Élie, dans l’idée qu’ils
pouvaient mourir d’une heure à l’autre, sous les bombardements
des forces palestiniennes ou massacrés à l’arme blanche.
«Nous avons su comment vivre en chrétiens, sachons comment mourir
de même», exhorte le père Labaky (nommé cinq ans plus tôt curé
de Damour), durant ces heures dramatiques. «S’il nous veut au
Ciel, il nous donnera la force de mourir et pardonner, comme
saint Étienne», ponctue le prêtre, qui a la confiance de tous,
avant de conduire ses paroissiens dans un suprême Notre Père.
Quelques angoissants moments plus tard, des coups violents et
rapides sont frappés à la porte. Est-ce l’attaque finale des
combattants palestiniens? La panique s’empare des fidèles. Le
prêtre joue son va-tout. Il décide d’ouvrir la porte et de se
proposer en otage. S’il est tué, peut-être sa mort assouvira-t-elle
la folie meurtrière des hordes sauvages qui encerclent l’église.
Sous le regard épouvanté des fidèles, il ouvre la porte. Ce
sont deux habitants du village qui leur proposent de couvrir
leur fuite. Après leur départ, l’église sera dynamitée. Cet
épisode est le plus fort de l’ouvrage qu’Évelyne Massoud, journaliste
à La Revue du Liban, ancienne secrétaire de la Jeunesse étudiante
chrétienne, consacre à «l’itinéraire» du père Labaky.
Son titre, La paix par le pardon, donne son sens à l’ouvrage,
qui n’est pas une biographie à proprement dit. De sa jeunesse
insouciante à Baabdate à sa situation présente de président
de la Ligue sacerdotale, en passant par le Foyer de Douvres-la-Délivrande,
près de Caen (France), qui accueillera, sur une dizaine d’années,
quelque 200 enfants venus du Liban, et le mouvement «La Tedhal»
(Ne crains pas), Évelyne Massoud retrace dans les détails l’itinéraire
du père Labaky. Cet itinéraire passe notamment par la belle
histoire de sa mère, engrangeant, sacrifice après sacrifice,
mois après mois, des grains de blé qui servirent à la première
hostie consacrée de son fils. «Ta vie sera marquée par la jalousie
et la calomnie», l’avertira-t-elle avant sa mort.. De fait,
la vie de ce prêtre écrivain, poète, musicien, conférencier,
bâtisseur et éducateur est un peu trop médiatisée aux yeux de
certains. Il faut dire que le monde du mécénat est un monde
de riches, de princesses et de célébrités qui peut facilement
prêter le flanc à la critique et susciter des jalousies.
L’ouvrage est préfacé par Jean Lacouture. Dans un avant-propos,
le père Labaky affirme «qu’il est inutile de chercher un autre
but dans la vie que celui de tapisser d’espérance les chemins
qui mènent le monde à Dieu». Des chemins qui ne sont pas faits
que de roses.
Fady NOUN pour L'Orient-Le Jour
(*) Mansour Labaky, la paix par
le pardon, d’Évelyne Massoud, préface de Jean Lacouture. Éditions
du Jubilé, «Le sarment».
Dictionnaire étymologique des noms du monde arabe
"Les Sources Etonnantes des Noms du Monde Arabe",
par Jana Tamer aux éditions Maisonneuve
& Larose-Paris
405 pages, prix autour de 35
Euros.
Pourquoi
le nom du palmier, nakhlé/nakhla, est-il un prénom toujours
chrétien, jamais musulman ? Quelle est la relation entre des
noms aussi différents en apparence que Hassan et Ghosn ? Comment
Farouk, « sauveur » en syriaque, a pris le sens d’« équitable
» en arabe ? Pourquoi tant de noms ont-ils un sens péjoratif
? Pourquoi les noms de saints chrétiens d’Orient passent-ils
pour « étrangers » ? Pourquoi de nombreux noms arméniens sont-ils
en fait perses ?
C’est à ce genre de questions et bien d’autres que cet ouvrage,
qui recense plus de deux mille noms, tente d’apporter une réponse.
L'étude des noms de personnes dans le
monde arabe révèle une diversité insoupçonnée d'origines, de
cultures et de langues. Par des commentaires détaillés, s'appuyant
sur des références historiques et linguistiques, ce dictionnaire
souligne le rôle majeur des cultures, des religions et des langues
syriaque (araméenne), hellénistique et perse dans la constitution
de la civilisation et de la langue arabes. L'auteur y aborde
les facteurs historiques et sociaux qui expliquent les différences
et les similitudes d'un pays à l'autre et contribue à modifier
la perception du monde arabe comme une région n'ayant qu'une
seule langue, une seule religion, une seule histoire. Cet ouvrage
s’adresse donc à tout public intéressé par le Moyen-Orient.
>>>
Lire
la description et la critique du livre par François-Xavier
Après "le couvent de la lune", deuxième volet
de la fresque historique et sentimentale de Carole Dagher
«Le seigneur de la soie»
Dans
un Liban terrain des rivalités entre les grandes puissances
européennes éclate, en 1840, un soulèvement contre les abus
de Béchir II Chéhab et de son suzerain, Méhémet-Ali, vice-roi
d’Égypte et maître du pays depuis 1831. Les affrontements entre
druzes et maronites deviennent violents (massacres de 1860).
La France, qui assurait la protection des maronites, intervient
en 1861 et fait reconnaître par les Ottomans l’autonomie du
«Mont-Liban». Voilà, en résumé extrêmement concis, les grandes
lignes historiques du roman Le seigneur de la soie, de Carole
Dagher. Diplômée de Sciences-Po, journaliste, auteur de nombreux
essais politiques, Dagher est devenue romancière sur le tas,
suite à une rencontre avec l’éditeur de Plon qui lui a suggéré
de combler une lacune: tisser une trame romantique avec pour
toile de fond le Liban du XIXe siècle. Après des mois de recherches
entreprises à Deir el-Qamar, elle se retrouve avec une masse
d’informations qui dépasse de loin ses espérances. «Il y a de
quoi en faire dix volumes», s’était-elle exclamée. Elle s’en
tiendra finalement à trois. Voilà donc aujourd’hui, Le seigneur
de la soie, second volet de la fresque historique et sentimentale
de Carole Dagher, après Le couvent de la lune, épopée qui racontait
la naissance du Liban moderne. En écrivant le tome 1, Carole
Dagher avait découvert ses «racines historiques, culturelles,
nationales avec un émerveillement et un bonheur presque enfantins»,
avait-elle déclaré lors de la remise du prix Ignace Maroun 2003.
Elle a également compris pourquoi l’histoire se répète chez
nous: «Parce que nous n’en savons rien, ou pas grand-chose,
et que donc nous ne retenons pas les leçons du passé.» Le seigneur
de la soie, c’est l’histoire d’un peuple qui vit dans la psychose
des massacres. L’histoire de religions qui se côtoient avec
autant d’indifférence que de respect. L’histoire de guerre où
l’enjeu est devenu soudain une terre où cohabitaient les belligérants
depuis plus de mille ans… À la mort de son père Karim, premier
chevalier de l’émirat du Liban, Francis se retrouve à la tête
d’une insurrection déclenchée contre l’occupant égyptien. À
la chute de l’émirat, le jeune homme se consacre à l’élevage
des vers à soie. Il rencontre une jeune veuve, Agnès Morand,
venue établir une filature au Mont-Liban. Une idylle s’ensuit,
et Agnès entraîne Francis à Lyon pour qu’il s’initie aux nouvelles
techniques de la soie. Mais nous sommes en 1848; les canuts
de la Croix Rousse s’insurgent et Francis participe au soulèvement.
Ce qui choque le milieu patricien où il évolue et déplaît à
Agnès. Leur liaison bat de l’aile. Francis quitte Lyon pour
rentrer au pays. Devenu le «seigneur de la soie», Francis tombe
amoureux de Yara, la fille de l’émir.
Mais cet amour est condamné d’avance.
Le dernier livre d'Amin Maalouf vient de sortir:
«Origines »:: « Pour patrie, un patronyme...
»
De Aïn el-Qabou à La Havane, une saga familiale qui court
sur un siècle et demi d’histoire
La vie est un roman. Celle des
aïeux spécialement qui, nimbée du mystère des non-dits, des
secrets de famille et du cadre d’époque, interpelle particulièrement
l’imaginaire. Le destin le plus insignifiant s’habille alors
de romanesque et se transforme, avec le passage du temps, en
récit de vie riche de multiples correspondances. Pour les écrivains-conteurs
comme Amin Maalouf, la généalogie est un terreau fertile. Après
y avoir puisé pour ses précédents ouvrages un personnage par-ci,
une anecdote familiale par-là, l’auteur du Rocher de Tanios
a décidé de consacrer à l’histoire des siens une biographie,
ou plutôt un roman vrai. Origines (qu’il vient de publier aux
éditions Grasset) est un long hommage aux ancêtres, au grand-père
surtout, figure centrale de ce livre. Un homme aux idées très
avancées pour son époque, une sorte de mouton noir dans son
milieu, à la fois enseignant, poète, franc-maçon et anticlérical.
Des lettres dans une malle
« Quand mon grand-père avait eu, à la fin des années 1880, le
courage de désobéir à ses parents pour aller poursuivre ses
études dans une école lointaine, c’est à moi qu’il était en
train d’ouvrir les chemins du savoir. Et s’il a laissé, avant
de mourir, toutes ces traces, tous ces textes en vers et en
prose soigneusement recopiés et accompagnés de commentaires
sur les circonstances dans lesquelles il les avait dits ou écrits,
s’il a laissé toutes ces lettres, tous ces cahiers datés, n’est-ce
pas pour que quelqu’un s’en préoccupe un jour?» écrit Maalouf.
Lorsqu’à l’occasion d’un deuil, il tombe sur ces documents –
et quelques autres plus anciens encore – conservés de génération
en génération dans une malle dans la maison familiale, il s’y
plonge, avec son obsessionnel sens du détail exact, pour remonter
les traces de ses origines. Déchiffrant les manuscrits, recueillant
les souvenirs des plus âgés, mettant ses pas dans ceux de ses
prédécesseurs, pour reconstituer la vérité historique, l’écrivain
ira même jusqu’à La Havane, où il retrouvera un cousin dont
il ne soupçonnait même pas l’existence.
Anticléricaux et mystiques
Dans sa lignée, l’auteur va ainsi découvrir un grand-père anticlérical,
un grand-oncle curé catholique, un autre ayant fait fortune
à Cuba, un arrière-grand-père pasteur protestant, un oncle d’Amérique
mystique... Un brassage de caractères, de tempéraments, un enchevêtrement
d’appartenances religieuses, qui donnent forcément quelques
querelles de clochers et des identités complexes. Ingrédients
parfaitement adaptés à une fresque familiale. Sur fond d’un
siècle et demi d’histoire du Levant, allant de l’Empire ottoman
au mandat français, Amin Maalouf nous entraîne dans le sillage
des personnages de sa famille, avec cet art consommé du verbe
qui lui vaut sa réputation de «conteur». Du village de la montagne
libanaise à La Havane, en passant par Paris, New York, on suit
les tribulations de cette «tribu qui nomadise depuis toujours
dans un désert aux dimensions du monde» dont se revendique l’auteur.
Cet écrivain, qui «cultive l’éloignement comme on arrose à sa
fenêtre une fleur triste», réfute d’ailleurs le terme de racines,
parce qu’il est synonyme de captivité, et réclame «pour patrie,
un patronyme». Et pour toutes origines, cette tumultueuse filiation.
À travers ces esquisses de destins singuliers, se profile celui
du Liban. De ce coin de terre soumis à toutes les ingérences,
de ses habitants périodiquement acculés à émigrer vers des cieux
plus cléments. L’histoire se répète. Celle des familles comme
celle des pays (485 pages).
Zéna ZALZAL, dans L'Orient Le Jour
Nouveauté:
«Immortalis», d’Élias Jabre: voyage dans le futur éternel
Prix du roman fantastique
du Festival de Gerardmer 2004 (Fantastic’arts)
Elias Jabre est né en 1975 au Liban. Après
des études de droit et un passage par la fiscalité internationale,
il se passionne pour les nouvelles technologies qui le conduisent
à travailler au développement des activités électroniques d'un
groupe d'édition. Immortalis est son premier roman.
Ce récit d'anticipation aux multiples rebondissements rappelle
que ce siècle verra se jouer l'enjeu de l'espèce. Il retrace
le drame de personnages liés par l'amour et par le sang, happés
dans la spirale du progrès. Ils devront faire des choix déterminants
pour l'avenir de l'humanité. Mais ont-ils le choix ?
---
Pour un coup d’essai, Immortalis d’Élias Jabre s’est révélé
un coup de maître. À peine publié aux éditions du Masque (le
28 Janvier 2004), ce premier ouvrage d’un jeune Libanais de
France a obtenu le prix du roman fantastique décerné, le mois
dernier, à l’occasion du Festival du film Fantastic’arts de
Gerardmer. Consacré par un jury composé d’auteurs et de journalistes
reconnus, Marc Caro, Didier Imbot, Yann Moix, Jacques Baudou
et Bernard Werber (ce dernier est considéré comme le nouveau
pape de la littérature française de science-fiction), Immortalis
mérite bien ses lauriers. Comme son titre l’indique, ce récit
d’anticipation base sa trame sur un rêve vieux comme le monde:
l’immortalité. Un rêve que notre société contemporaine tente
d’ailleurs d’atteindre d’une manière détournée à travers tous
ces élixirs de santé, de beauté et de longévité qui vont de
la simple gélule aux injections de Botox. Mais là n’est pas
la question. Immortalis préfigure ce qui pourrait advenir si
une vraie victoire sur la dégénérescence était arrachée par
les experts généticiens, ces alchimistes des temps modernes
Eugénisme et fantasme d’éternité
À travers les multiples rebondissements d’une épopée familiale
du XXIe siècle, où les liens de sang et d’amour se mêlent aux
manipulations génétiques, le jeune auteur dresse le portrait
d’une société futuriste dont le spectre nous menace. Car les
racines de ce récit, alliant bioéthique et politique véreuse,
sont profondément ancrées dans notre réalité. Imaginez un monde
livré à des politiciens mégalomanes, servis par des savants
fous qui, dans leurs laboratoires high-tech, feraient «œuvre
au noir» pour créer un nouvel homme. Imaginez un monde dominé
par des hommes eugéniques, c’est-à-dire « améliorés », où les
humains ayant des défauts seraient éliminés ou, en attendant
leur extermination, parqués dans un zoo. Oui, un vrai zoo, que
les races supérieures viendraient visiter, caméra à la main.
Une zone où seraient exilés aussi bien les personnes atteintes
de maladies génétiques que les criminels et les opposants au
régime. Mais encore plus, imaginez le fantasme de l’immortalité
enfin réalisé. Un scénario catastrophe qu’Élias Jabre, 29 ans,
juriste de formation, passionné par les nouvelles technologies
(il a d’ailleurs travaillé au développement des activités électroniques
d’un groupe d’édition), a concocté avec une réelle maestria.
Et vous aurez une tragédie bien ficelée, qui puise à la source
grecque de la réflexion philosophique sous-jacente (qu’est l’immortalité
sinon l’éternité, et celle-ci n’est-elle pas la répétition du
cycle de la vie ? ) mais où les personnages ont troqué leurs
toges pour des combinaisons de manga. Immortalis est un livre
prenant. Narrées dans un style imagé, les aventures, en 2041,
des docteurs Léonard et Stanislas et de leur progéniture Lili,
Éléna, Borja et Théo feraient une belle adaptation cinématographique.
Élias Jabre : une jeune plume à suivre.
Zéna ZALZAL pour L'Orient le Jour
|
Parution du dernier livre d'Alexandre Najjar,
Le mousquetaire
La couverture de l’ouvrage: portrait de Zo d’Axa
par Constant Montald.
LBV, 23 Janvier 2004- Voilà un essai sur Zo D'AXA (1864-1930),
célèbre pamphlétaire de la fin du XIXème
et du XXème siècle; de son vrai nom Alphonse Gallaud,
refusant le qualificatif d'anarchiste en lui préferant
celui d'homme libre, il créa les journaux "l'Endehors"
et "la Feuille" avant de se réfugier dans le
mutisme et le nomadisme sans jamais passé inaperçu,
jusqu'au Québec par exemple.
L'ordre du monde n'est pas pour lui; c'est un jusqu'auboutiste
qui finit par abdiquer après la mort de sa femme.
La phrase "le suffrage universel est un moyen d'étouffer
l'initiative individuelle"
illustre l'intensité
et la passion du personnage que la plume d'Alexandre Najjar
transcrit avec verve et fidélité pour une lecture
facile de bout en bout.
Paris, Editions Balland
---
Zo d'Axa, la
liberté à l'état pur L'écrivain libanais Alexandre Najjar publie
"Le mousquetaire", une biographie d'Alphonse Gallaud, alias
Zo d'Axa, l'un des pamphlétaires les plus virulents de la fin
du XIXe, anarchiste hors de l'anarchie. Flamboyant, impertinent,
épris de liberté. Ce sont quelques-uns des qualificatifs qu'il
convient d'employer au sujet de Zo d'Axa, pseudo qui signifierait,
en grec, "je vis en mordant". Après deux biographies de "Khalil
Gibran" et d' Ernest Pinard, "Le Procureur de l'Empire",
Alexandre Najjar nous fait (re-)découvrir Alphonse Gallaud,
pamphlétaire inclassable (1864-1930). "Ce qui m'a séduit, raconte
l'écrivain, c'est son amour de la liberté, son indépendance
absolue". Dès son plus jeune âge, Zo d'Axa se sent en dehors
de la société. Tellement "endehors" qu'il baptise son premier
journal, à 27 ans, ainsi. Il se déclare "en dehors de toutes
les lois, de toutes les règles, de toutes les théories, mêmes
anarchistes". D'écrits en provocations, des geôles de Mazas
à celles de Jérusalem, ce mousquetaire s'attaque aux mensonges
de la classe politique, la mascarade des élections, la bêtise
de la justice, etc. Il va même jusqu'à présenter son candidat,
"l'âne Nul" aux élections de 1898. A 36 ans, il part, car "la
sagesse est de ne pas rester". Il mettra fin à ses jours à Marseille,
en toute liberté, comme le fut toute sa vie.
Par Jenny Lafond,
Metro
Editions Balland, 175 pages, 15 euros.
« Le mousquetaire Zo d’Axa » : une
biographie pleine d’analogies...
par Zéna ZALZAL
Pour Alexandre
Najjar, c’est toujours la période biographies. Son dernier livre,
«Le mousquetaire. Zo d’Axa – 1864-1930» (paru en janvier 2004
aux éditions Balland), dresse le portrait d’un pamphlétaire
français de la fin du XIXe siècle, un homme d’une liberté sans
concession. Un parfait contraste avec l’ouvrage précédent, une
biographie «en contre-exemple» d’Ernest Pinard, «Le crapaud»,
ce redoutable procureur du Second Empire, qui avait persécuté,
entre autres, Flaubert et Baudelaire. Deux personnages qui,
pour n’avoir rien en commun, s’inscrivent dans l’œuvre d’Alexandre
Najjar avec une certaine logique. Ainsi, après avoir dénoncé
«le symbole même de l’obscurantisme, de l’intolérance et de
la bêtise» , l’avocat-écrivain réhabilite une figure d’« homme
pareil au vent : libre, pur, insaisissable, (...) qui savait
secouer par le souffle de son esprit ceux qui se vautrent dans
la médiocrité», écrit-il dans sa préface. «Les thèmes de mes
livres s’imposent à moi», affirme-t-il d’ailleurs, expliquant
que « c’est le hasard qui détermine, à chaque fois, le choix
de l’un des nombreux sujets que j’ai en tête et me pousse obstinément
à le développer ». C’est ainsi qu’étant tombé plus d’une fois,
au cours de ses lectures, sur le nom étrange de Zo d’Axa, Alexandre
Najjar entreprend des recherches qui le conduisent à la petite-fille
de ce dernier, Béatrice Arnac. Seule descendante directe de
ce personnage plein de panache, qui maniait aussi bien le fleuret
que la plume, elle met à sa disposition les archives familiales.
«Trois caisses pleines de textes manuscrits que j’ai compulsés
un à un», dit-il. Et à travers lesquels, il apparaît qu’en dépit
d’une trajectoire fulgurante, cet «escrimeur de mots» avait
eu une certaine notoriété en fondant vers la fin du XIXe siècle
deux journaux libertaires et satiriques : L’Endehors et La Feuille.
« À vingt-sept ans, Zo d’Axa (Alphonse Gallaud, de son vrai
nom) avait réussi à rassembler autour de lui des intellectuels
parmi les plus importants de son époque. Des personnages comme
Octave Mirbeau, Félix Fénéon (critiques littéraires et artistiques),
Georges Darien, Henri de Régnier, etc. Surnommé par Clemenceau
“ Le mousquetaire rouge ”, cet homme épris de liberté n’a pas
eu peur d’affronter les juges, la prison et l’exil pour dire
tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas. Très audacieux
dans ses écrits comme dans ses actes, il n’a pas versé pour
autant, comme certains anarchistes, dans le terrorisme. D’ailleurs,
rebelle à toutes les classifications, il réfutait toutes les
étiquettes, même celle d’anarchiste », explique l’auteur.
XIXe siècle en France, XXIe siècle au Liban
Fougueux, intransigeant, insoumis, Zo d’Axa ne peut vivre dans
un carcan, encore moins celui d’une société où règnent l’incompétence,
le laxisme et l’injustice. Après avoir attaqué avec virulence
aussi bien l’armée et la magistrature que la famille ou la patrie,
arrivé à la trentaine, à défaut d’avoir pu changer le monde,
il décide de larguer les amarres. Il passera les trente années
suivantes à vagabonder au gré de sa fantaisie aux quatre coins
du globe, avant de finir par se donner lui-même la mort – ultime
liberté – en se tirant une balle dans la tête. Pour ceux qui
reprocheraient à Alexandre Najjar sa propension à faire des
biographies de personnage purement français, l’auteur, en bon
avocat, se défend d’avoir choisi un sujet qui n’a pas le moindre
lien avec le Liban. «D’une part, j’ai toujours revendiqué la
triple liberté de l’écrivain: celle du choix du sujet, du choix
de la langue et du choix du genre littéraire. Et, d’autre part,
je trouve qu’il y a beaucoup d’analogies entre le XIXe siècle
en France et le XXIe siècle au Liban. Les régimes de l’époque
avaient de nombreux travers qu’on rencontre dans notre société
actuelle, tant au niveau des libertés publiques que des dérapages
de la justice...» Une bonne raison, en tout cas, de lire ce
livre.
>>> Lire
aussi: La critique, plutôt flatteuse, de la Revue du Liban
>>>
Tous
les livres d'Alexandre Najjar sont référencés
par la Fnac.com
«
Histoire des Orientaux de France »,
de Abdallah Naaman*
Le 19e ouvrage de Abdallah Naaman,
intitulé Histoire des Orientaux de France, vient de paraître
aux éditions Ellipses (Paris). Il s’agit d’un travail historique,
généalogique et sociologique qui raconte, en 528 pages toutes
pleines de passion et de précision, l’installation en
France de vagues successives d’Orientaux
(les actuels libanais, syriens, égyptiens, jordaniens, palestiniens,
irakiens). En effet, dès les premiers siècles de notre ère,
les Orientaux écument la Méditerranée et deviennent les familiers
de l’Europe qu’ils sont les premiers à évangéliser. La Gaule
connaît tour à tour leurs moines et leurs marchands, puis leurs
cavaliers et leurs savants, enfin leurs voyageurs et leur élite
pensante et industrieuse. Dans sa recherche, l’auteur s’appuie
sur de nombreuses archives inédites, complétées par des témoignages
oraux, pour raconter les pérégrinations de ces Orientaux sur
le sol français pendant deux millénaires, passant en revue le
destin individuel ou collectif des uns et des autres, révélant
pour la première fois des épisodes glorieux et parfois sanglants
du long cheminement de ces passeurs qui n’ont pas démérité de
la France. L’auteur mène en outre une vaste enquête de terrain,
interrogeant les descendants, recueillant beaucoup d’éléments
inconnus enfouis dans la mémoire familiale, explorant une quantité
de documents inédits et consignant avec minutie et fidélité
des témoignages poignants. Ce faisant, il rectifie nombre d’erreurs
historiques et généalogiques, colportées parfois sans discernement,
rétablissant quantité d’informations et de dates erronées au
vu de nombreux documents originaux. Au terme de la lecture de
ce coup d’œil rétrospectif, l’auteur ose espérer que le lecteur
en tirera un sentiment d’admiration pour l’intelligence de ces
Levantins, leur entregent, leur capacité d’adaptation, leur
ténacité à relever les défis, leur participation active à l’enrichissement
intellectuel et économique de la France et leur courage sans
faille à servir leur nouvelle patrie. L’ouvrage, fruit de dix
ans de recherche, comporte 550 pages, grand format, dont un
cahier de soixante illustrations en noir et blanc. Il est à
noter que cet ouvrage parle de certains d’entre nous et, grosso
modo, d’environ 500 familles d’origine libanaise, syrienne,
palestinienne, égyptienne, irakienne, jordanienne, arménienne,
turque... Né en 1947 au Liban, docteur ès lettres françaises,
Abdallah Naaman vit en France depuis plus de trois décades.
Cofondateur de la Maison Naaman pour la culture en 1979, il
a à son actif près de vingt titres en français et en arabe,
dont les livres français suivants : Le bal du Comte d’Orgel
(1971), Printemps perdu (1973), Le français au Liban (1979),
La mort et Camus (1980), Les Levantins : une race (1984), La
guerre libanaise (1985), ainsi que plusieurs contributions à
des travaux encyclopédiques, notamment pour le compte de la
maison Larousse.
L'Auteur: Abdallah
Naaman
* Docteur ès
lettres, écrivain et essayiste bilingue (arabe-français), Abdallah
Naaman est né à Beyrouth le 27 décembre 1947 et vit à Paris
depuis 1974. Il se définit comme un passeur, à la jonction -
plutôt qu'à la frontière - de deux mondes, profondément attaché
aux valeurs universelles, à la laïcité et au dialogue des cultures
entre des peuples égaux. Avec Histoire des Orientaux de France
du 1er au XXe siècle, il signe son dix-neuvième ouvrage, le
huitième en français.
La collection L'Orient politique, dirigée par Aymeric Chauprade,
propose une grille de compréhension claire et synthétique
de la géopolitique du monde oriental. Géographie, histoire et
sciences politiques s'y retrouvent dans le but de décrypter
les enjeux géopolitiques actuels. Dès les premiers siècles de
notre ère, les Orientaux écument la mer Méditerranée et deviennent
les familiers de l'Europe qu'ils sont les premiers à évangéliser.
La Gaule connaît tour à tour leurs moines et leurs marchands,
puis leurs cavaliers et leurs savants, enfin leurs voyageurs
et leur élite pensante et industrieuse. L'auteur s'appuie sur
de nombreuses archives inédites, complétées par des témoignages
oraux, pour raconter les pérégrinations de ces Orientaux sur
le sol français pendant deux millénaires, passant en revue le
destin individuel et collectif des uns et des autres, révélant
pour la première fois des épisodes glorieux et parfois sanglants
du long cheminement de ces passeurs qui n'ont pas démérité de
la France...
Fady Stephan, prix Phénix de
littérature 2003
pour "Le Berceau du Monde"
cliquez pour les détails
« Le Liban contemporain,
histoire et société »
par Georges Corm, aux Éditions La Découverte
Georges Corm ne peut pas rester
tranquille. L’an dernier, il bousculait les idées reçues, sur
un Orient spirituel et un Occident matérialiste, dans un ouvrage
qui a eu un grand succès, en France notamment. Cette année,
il récidive, en s’attaquant cette fois au « prêt-à-penser libanais
», qui veut que la démocratie communautaire, rebaptisée consensuelle
par M. Antoine Messarra, soit la seule solution pour le Liban.
Dans un ouvrage foisonnant, Le Liban contemporain, histoire
et société, qui est aussi le premier essai traitant de la Seconde
République (après Taëf), il propose un regard nouveau, sans
être tout à fait celui d’un historien et a surtout le mérite
de pousser à une réflexion profonde, qui change des platitudes
devenues habituelles. Comme d’habitude, Georges Corm fait salle
comble, et comme d’habitude, à la fin de la conférence, l’assistance
sort toute remuée, comme si elle avait soudain honte de son
inertie. Officiellement, il est là pour parler de son dernier
ouvrage, mais il ne peut s’empêcher de sortir de ce cadre, pour
pousser les Libanais à changer leurs mentalités. « Tant que
nous continuerons à être un aussi bon public pour la classe
politique actuelle, celle-ci restera en place et nous continuerons
à envoyer nos enfants à l’étranger », dira-t-il en guise de
conclusion, avant d’être longuement applaudi par les personnes
présentes. Présenté par M. Henri Laurens, Corm commence par
expliquer la ligne directrice de son ouvrage qui tout en évoquant
l’histoire contemporaine du Liban, dénonce le système communautaire
qui n’en finit pas, selon lui, de faire des ravages et de détruire
les fondements de l’État libanais. Pour l’ancien ministre des
Finances, l’identité communautaire n’est pas une fatalité génétique,
mais un concept fabriqué à partir de 1 840, lorsque Français
et Britanniques, en route vers les Indes, ont coincé les Libanais
dans cette identité communautaire et ont politisé les communautés.
Il dénonce ainsi l’idée reçue selon laquelle la Moutassarifia
serait le début de la démocratie au Liban. Pour lui, elle ne
serait que le début de la représentativité des communautés,
car la démocratie, c’est essentiellement le respect des libertés
individuelles et pas seulement celles des communautés. Se référant
au phénomène de démocratie consensuelle en vigueur en Suisse
ou en Belgique, il a affirmé qu’un tel système peut fonctionner
dans des milieux apaisés, non dans un pays comme le Liban, où
les communautés sont prises dans des réseaux de puissances étrangères.
« De plus, en Suisse et en Belgique, il y a une démocratie au
sein des communautés et non pas des chefs qui terrorisent les
autres », dit-il. Enfin, au Liban, le pire c’est que des civils
prétendent désormais parler au nom des communautés religieuses.
Corm prône donc un retour aux valeurs républicaines, si on veut
un État dans lequel les communautés ne sont pas la base de l’ordre
public. Pour lui, les droits individuels sont plus importants
que ceux des communautés, et il faut donc défaire ce que le
haut-commissaire français a tissé en 1932, en nous emprisonnant
dans des communautés dites historiques.
La fameuse théorie de l’État
tampon L’ancien ministre s’insurge aussi contre la théorie qui
veut faire du Liban un État tampon. « Pourquoi une telle vocation,
se demande-t-il, alors qu’elle consiste à faire du Liban un
État non souverain, voué à servir de tampon aux guerres que
les autres pays ne veulent pas mener ? » C’est d’ailleurs ce
qui s’est passé en 1975. L’ancien ministre précise aussi qu’aujourd’hui,
les communautés n’ont plus de fonction spirituelle, mais sociologique
et politique. Évoquant ensuite la partie traitant de la Seconde
République, Corm, qui n’est pas tendre avec la politique suivie,
tout en abordant avec franchise et courage la période où il
était lui-même ministre des Finances, se défend de régler des
comptes personnels. « Je présente des faits, dit-il. Mis bout
à bout, ils donnent une image négative, mais ce n’est pas là
mon objectif. » Corm tient toutefois à terminer son rapide exposé
sur une note positive, en affirmant que malgré tous ses défauts,
le Liban tient le coup, surtout comparé à ce qui s’est passé
en ex-Yougoslavie. Il rend aussi hommage à ces milliers de personnes
anonymes qui sont mortes sous les balles des francs-tireurs,
pendant les années de guerre, parce qu’elles refusaient de se
terrer et de ne plus faire leur travail. « C’est l’histoire
de ceux-là qu’il faut écrire, ceux qui par leur sang ont voulu
qu’un Liban nouveau émerge, au lieu de ne s’étendre que sur
les cruautés qui ont été commises. » L’assistance ne peut s’empêcher
de poser des questions, tant les idées développées par l’ancien
ministre l’ont secoué. Et un homme se lève pour déclarer : «
Je suis né en 1920. Dans le recensement de 1932, j’ai été placé
dans la case chiite. Et je crois malheureusement que je quitterai
cette terre sans avoir su si j’étais aussi Libanais. » Il est
longuement applaudi, mais une vague de tristesse plane sur les
présents. Corm, lui, décide de réagir, s’élevant contre le prêt-à-penser
que l’on sert actuellement aux Libanais, fatigués par 15 ans
de guerre. « Mais cela fait treize ans que la guerre est finie,
même si quelque part, nous sommes encore en guerre. Nous devons
nous réveiller et cesser d’accepter de ne plus avoir de repère
moral. L’argent tue les consciences. » Corm termine en refusant
les accusations de révolutionnaire portées contre lui. « Je
suis un conservateur socio-démocrate », lance-t-il sérieusement.
Des conservateurs avec un tel profil, on en redemanderait.
Scarlett HADDAD
L'OrientLeJour
Le prix France-Liban décerné à Lamia es-Saad
par l’Association des écrivains de langue française
Le
prix France-Liban, pour cette année 2003, a été décerné à Lamia
Fouad es-Saad pour son ouvrage Le bonheur bleu édité à Dar an-Nahar.
L’Association des écrivains de langue française (ADELF), qui
réunit quelque 1 500 écrivains de 60 nationalités, remet chaque
année douze prix littéraires dont celui de France-Liban. Elle
a pour objectif de favoriser, dans le monde, l’expansion des
littératures de langue française où qu’elles se trouvent. Ce
prix a été créé en 1980 et son jury est composé d’écrivains
français et libanais. Il a déjà été décerné, entre autres, aux
écrivains Amin Maalouf, Andrée Chedid, Nazih Hamad et Sabrina
Mervin. La lauréate est invitée le 15 mars au Sénat français
afin de recevoir son prix au cours d’un déjeuner organisé à
cette occasion, en présence de nombreux écrivains francophones
de plusieurs pays.
Avant la sortie du second tome au Printemps
2004
Le prix Ignace Maroun à Carole Dagher
pour son roman
« Le Couvent de la Lune »
Tous les conquérants
ont tenté de faire douter les Libanais de leur identité
Carole Dagher reçoit son prix
de Mgr Boulos Matar, archevêque maronite de Beyrouth, et de
M. Fouad Turk, président de la Fondation Ignace Maroun.
(Photo Ibrahim Tawil)
Le prix Ignace Maroun a été décerné le 9 Décembre à Carole
Dagher, pour le premier volume de son roman Le Couvent de la
Lune (Deir el-Kamar), paru chez Plon. Plusieurs écrivains libanais
francophones ont tenté leur chance dans le roman historique.
Ce que Carole Dagher a fait est différent. Ce n’est pas seulement
la belle intrigue qui l’intéresse, mais la restitution aux Libanais
de leur passé de peuple. Un passage de son intervention, à la
cérémonie de remise du prix, qui s’est déroulée à la salle Gibran
de l’amicale des anciens de La Sagesse, illustre son intention
: « En écrivant Le Couvent de la Lune (...), j’ai découvert
mes racines historiques, culturelles, nationales avec un émerveillement
et un bonheur presque enfantin. J’ai compris pourquoi l’histoire
se répète chez nous : parce que nous n’en savons rien, ou pas
grand-chose, et que donc nous ne retenons pas les leçons du
passé (...). Beaucoup de stations historiques nous réunissent,
nous Libanais de toutes les confessions, à côté de celles qui
nous ont séparés (...). Je citerai le témoignage de Lamartine
quand il entreprit son fameux Voyage en Orient : “Si dans telle
ou telle contrée de l’Orient, il y a un homme, au Liban, il
y a un peuple”. Il y a un peuple, oui ! Plusieurs communautés,
avec des sensibilités différentes, avec des histoires, des cheminements
différents, mais un même combat pour la liberté. Faire douter
un peuple tenace de lui-même, de son histoire, de sa stabilité,
de son avenir, a été un jeu auquel se sont livrés tous les conquérants
de notre pays. La première règle de ce jeu consiste en général
à occulter l’histoire, quand il ne s’agit pas de la falsifier.
» Aujourd’hui encore, nos enfants grandissent sans passé, et
un grand pan de l’histoire du Liban continue à ne pas être enseigné
dans les écoles. La même vieille ruse est utilisée : faire oublier
son passé à un peuple, pour lui faire oublier qu’il est un peuple.
Présentant Carole Dagher, Mgr Boulos Matar s’est étendu sur
ce même point : « Nous sommes invités, a-t-il dit, à reconstituer
notre volonté générale unie, en pensée et en action. Alors,
la souveraineté nous viendra, inévitablement, en récompense.
Son avenir est entre nos mains. Personne ne nous la donnera
(...). Unis, nous la garderons, désunis, elle déchoira de nos
mains. » Pour sa part, Fouad Turk, président de la Fondation
Ignace Maroun, a relevé que le roman a été couronné parmi 17
autres œuvres qui lui ont été soumises. Et pour parler de l’ouvrage,
le jury a choisi d’évoquer les noms prestigieux de Balzac, Flaubert
et Zola. Le roman se situe à l’époque de l’émir Béchir II Chéhab
et des personnages hauts en couleur comme Béchir Joumblatt et
Lady Esther Stanhope y défilent, aux côtés des héros du roman
proprement dit. Pour sa part, Thérèse Bou Maroun, de la Fondation
Ignace Maroun, a souligné combien ce « roman libanais d’expression
française, signe d’inculturation, est aussi signe d’un dialogue
permanent entre notre peuple et le monde des valeurs humaines
et culturelles que représente la francophonie ».
Indispensable pour de véritables fêtes, en attendant le second
tome, à paraître au printemps.
Fady NOUN pour l'Orient le Jour
Le prix Ignace Maroun
On connaît mal Ignace Maroun, dont l’action
pédagogique s’est étalée sur près d’un demi-siècle, et qui a
laissé sa marque dans tous les domaines où il a servi : l’archevêché
maronite de Beyrouth, l’école La Sagesse, le patriarcat, la
Mission pontificale, le secrétariat des écoles catholiques et
le Bureau international des écoles catholiques. « Plusieurs
générations d’élèves ont bénéficié de ses charismes d’éducateur,
de galvanisateur de la jeunesse », comme l’a bien souligné,
au cours de la cérémonie, Mgr Boulos Matar, archevêque maronite
de Beyrouth, qui l’a bien connu. Le prix qui porte son nom est
destiné à prolonger son rayonnement, et récompense « une œuvre
littéraire ou artistique qui met en valeur le patrimoine libanais
».
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Lire en français et en musique:
« Née du silence », de Patricia Élias
Signature
le Samedi
8 novembre au stand de la librairie Antoine,
La poésie comme source de vie,
la paix en partage et surtout comme paraphrase sont d’une prière.
Touchés par un sens religieux profond, surtout chrétien, ces
poèmes groupés en une mince plaquette, sous le titre un peu
énigmatique "Née du silence", de Patricia Élias (50
pages – Éditions Nouvelle Pléiade, Paris, avec des illustrations
de Rudy Rahmé), viennent d’obtenir le Grand prix 2003 de la
Société des poètes français. On dit un peu énigmatique car il
est évident que la vie commence par un cri… Inspiration placée
sous le signe de l’amour du divin et des impénétrables desseins
du Seigneur. Verbe ardent, protégé par le recueillement et la
réflexion, qui touche aux frontières du Parnasse pour mieux
atteindre les cœurs et s’ériger comme un rempart contre l’adversité
du destin. Avec des images calmes, une certaine musicalité jaillie
des vers alliant rimes et sonorités douces, cette poésie enserrée
dans sa métrique sage et un peu surannée est surtout non un
cri d’amour, mais une détermination à aimer. Aimer à tout prix,
surtout son prochain, s’accepter et triompher des épreuves de
la vie. Aux abords des complaintes d’une croyante à la foi inébranlable,
cette poésie illuminée de la grâce du Seigneur tente de répondre
aux interrogations les plus profondes et les plus pressantes
d’une traversée humaine. Expliquer le sens d’une vie ? Mais
enfin qui de nous peut prétendre, et avec certitude,« où nous
allons » et surtout « savoir qui nous sommes »… Ni Claudel ni
Péguy n’ont su élucider ce mystère insondable. Cédant peu à
une tentation plasticienne de l’écriture, l’auteur privilégie
la trame de la simplicité et de l’humilité avec quelque emphase
dans le dire poétique, de petites répétitions (« mon corps chancelle
») et surtout certaines naïvetés de style (« À son sourire,
marquise des anges, je me prosterne tel un archange »). Combat
avec soi-même et les autres, sereine acceptation plus que résignation,
offrande plus qu’avarice de cœur, pour qu’à « jamais le mal
s’endorme dans les bras de la lumière »…
En toute transparence et dans les mains des anges et de Dieu.
Les cheveux châtains dénoués sur ses épaules, les traits fins,
de grands yeux clairs en amande captant la lumière, Patricia
Élias avoue en toute simplicité, presque avec effacement, que
l’écriture, pour elle, est « un besoin, besoin de dire, de confesser,
d’instaurer un dialogue entre l’invisible et nous-mêmes. D’ailleurs
la mère de la poésie est le Cantique des Cantiques. Et par-delà
toute quête spirituelle, la poésie est un chant intérieur, on
peut l’embellir, la sculpter...» Comment est venue cette aventure
du verbe quand de formation on est gestionnaire ? « Je n’étais
pas censée écrire, dit-elle avec un sourire. Mais tout a commencé
avec des premiers essais qui ont reçu l’appréciation et l’encouragement
de mon entourage. Et puis, lors d’un voyage en France où vivent
mes parents, j’ai finalement décidé de publier ce premier recueil
tout en sachant combien la poésie a peu d’audience et surtout
n’ignorant rien de ses difficultés d’édition. La chance m’a
souri et puis me voilà. » Et quel est le message dans ce premier
recueil ? « Si message il y a, c’est cette paix que j’ai rencontrée
et que je voudrais partager. » Aujourd’hui, à la veille de la
manifestation culturelle « Lire en français et en musique »
(qui sera l’événement de Beyrouth du 31 octobre au 9 novembre),
Patricia Élias prépare la venue de « La Société des poètes français
», qui aura lieu au Biel. « C’est un hommage aux poètes libanais
d’expression française, tels Schéhadé, Tuéni, Naffah, explique-t-elle.
C’est tout un programme, une sorte de “spectacle” son et lumière
autour de la poésie. » Fervente lectrice de Gibran (qui s’en
étonnerait), travaillant d’ailleurs en collaboration avec le
Comité national Gibran, Patricia Élias, infiniment humaine,
car elle est aux aguets de la détresse et du besoin de l’homme,
ambitionne seulement de vivre, en toute simplicité. Inquiète
aussi, car elle ne voudrait guère échouer dans ce qui lui est
demandé de faire (« le reste, Dieu y pourvoira », dit-elle en
toute paisible confiance) et par-dessus tout elle ne voudrait
pas échouer d’aimer... Des projets ? Oui, des projets d’écriture.
Un roman en préparation. Une chronique familiale. Mais, pour
le moment, sa grande préoccupation c’est l’événement du Biel.
Entre-temps, elle vit le jour au jour. Comme seuls les poètes
et ceux qui ont la foi savent le faire.
Edgar DAVIDIAN
>>> Visite
au Liban de la Société des Poètes Français
Dix-huitième prix littéraire international
« Francophonie »
Avis
à tous les poètes, auteurs et écrivains de langue française
: du 1er novembre au 15 mars, le dix-huitième prix littéraire
international « Francophonie » est ouvert à tous dans les catégories
poésie classique, poésie libre, sonnet, nouvelle (policière,
fantastique, aventure) et texte de chanson. Pour recevoir le
règlement, contre une enveloppe préadressée et deux timbres
ou deux coupons-réponses, envoyer un courrier à
Christian Ulmer - prix littéraire «Francophonie » -
25, place des Pyrénées - 64150 Mourenx - France.
A la veille de l'édition 2003 du Salon Lire en Français...
Yasmina Traboulsi, prix du premier
roman
Yasmina Traboulsi, de passage
au Virgin Megastore pour présenter son roman « Les enfants de
la Place ». (Photo Michel Sayegh)
On l’a découverte il y a moins
d’un an, lors de la sortie de sa nouvelle, «Maria Aparecida
». Yasmina Traboulsi y faisait ses débuts officiels dans l’écriture.
Après avoir décroché le « premier prix des jeunes écrivains
francophones », elle revient avec un roman, «Les enfants de
la Place», paru au Mercure de France, et une étonnante maturité.
«Les enfants de la Place est la suite de Maria Aparecida, explique
d’emblée Yasmina, j’avais le désir de raconter l’histoire de
chacun des personnages, d’aller plus loin. La nouvelle est une
valse sans fin, très rapide. Quand on s’arrête, on reste un
peu étourdi. J’ai voulu aller plus profondément dans mes héros
et le Brésil, car cette fois-ci, on part à Rio, São Paulo, dans
les prisons et les bidonvilles. Les enfants de la Place pourrait
être une valse plus lente, qui entraîne à son passage des êtres
désespérés, désespérément heureux, fous, en quête de Maria Aparecida,
en quête d’amour, une quête de soi, surtout. Autour de la Place,
une valse à deux temps entre l’absente, « la reine de la Place»,
Maria et Sergio, petit vendeur de bonbons et de mouchoirs, Gringa,
l’étrangère, le miroir de la Place, c’est à travers ses yeux
que les personnages se voient, Mama Lourdes, voyante de pacotille,
Gabriela l’orpheline jeune prostituée insolente, Tonio le borgne,
musicien difforme, le chien errant, mascotte de la Place et
les autres. La Place est une famille, il n’y a pas de jalousie,
il y règne malgré tout de la joie et beaucoup d’humour. » La
Place, c’est aussi les extrêmes du Brésil, que l’auteur aime
avec passion, le pays de sa mère Paula ; son rythme, ses teintes
à la fois sombres et colorées ; comme une scène de théâtre qui
plante le décor et impose une ambiance, imbibée de violence,
en même temps que s’échappe une note d’espoir, qui ressemble
à Yasmina. « C’est une totale fiction qui aurait pu aussi se
passer ailleurs. » Rayonnante en bleu turquoise et fuchsia,
c’est avec un sourire serein qu’elle dénonce la cruauté, la
misère tellement courante dans ce pays de tous les excès. «
J’avais envie de parler de certaines choses qui me révoltent,
la violence banalisée, l’horreur montrée à la télévision et
qui fascine les foules, les sectes, comme celle de l’Église
universelle, les prisons. Il y a dans chacun des personnages
non pas un peu de moi, mais de mes idées. » Et la principale
: «J’ai l’espoir que derrière chaque criminel, il reste une
part d’humanité. » Peur de rien
Rien, en effet, n’a altéré ce bel optimisme qui caractérise
Yasmina, surtout pas ses rencontres avec la pauvreté et la criminalité.
« J’ai rencontré un chef trafiquant de 22 ans pour essayer de
comprendre pourquoi il faisait ça, j’ai visité des prisons,
j’y ai vu la solitude, la peur, qui suintait, dissimulée par
de l’agressivité, de la violence, du mépris ou de l’indifférence.
Un peu comme dans la vie, en fait. J’ai vu des maisons de redressement
de mineurs, la meilleure école pour apprendre “ comment devenir
pire”. Mais partout, il y avait aussi de belles histoires. »
Partout, dans la vie comme dans ces pages, habitées par des
gens qui s’aiment, s’affrontent, s’ignorent, se frôlent ou se
détruisent. « Chacun a son histoire. J’ai vécu avec eux pendant
un an. Quand je me réveillais, ils se réveillaient un à un.
Quand je rédigeais une scène où il arrivait quelque chose de
mauvais à l’un d’entre eux, j’en avais les larmes aux yeux !
» Le livre est terminé ; Gringa, Turco, l’Accordeur et leurs
acolytes sont repartis ; Yasmina a commencé à se fabriquer de
nouveaux amis pour son prochain roman encore en gestation. «
Je me suis rendu compte, en terminant la nouvelle, que l’écriture
était une urgence dans ma vie, mon oxygène. Le deuxième roman
est le plus dur. Il sera sur le Soudan, je crois. » Pressentie
pour le « prix du premier roman du Touquet », elle vient d’obtenir
le « prix du premier roman », et réagit à cette victoire avec
un gracieux sourire. « Je n’aime pas trop le fait d’être mise
en avant », aime-t-elle à répéter. « Je suis étonnée mais flattée.
Je reste un peu timide », avoue-t-elle enfin. Les enfants de
la Place ressemble lui aussi à une valse douce amère dont on
ressort un peu étourdi mais heureux. « Attention talent ! »
C’est dit sur la couverture.
Carla HENOUD
* L’auteur signera «
Les enfants de la Place » au stand Virgin du salon « Lire en
français et en musique », les 8 et 9 novembre.
Selim Abou
Chaque 19 mars, entre 1996 et
2003, le père Sélim Abou, alors recteur de l’USJ, prononçait
un discours d’anthologie à l’occasion de la Saint-Joseph. Directeur
des Presses de l’USJ depuis septembre 2003 – et titulaire de
la chaire « Louis D. – Institut de France » d’anthropologie
interculturelle – le père Abou a pris l’heureuse initiative
de regrouper ces allocutions dans le cadre d’un ouvrage, Les
Libertés dans une édition bilingue arabe-français. Un avertissement
au lecteur, au début de l’ouvrage, indique : « À regrouper les
allocutions par ordre chronologique dans un même recueil, on
saisit mieux l’évolution du discours et les méandres de la réalité
sociale, culturelle et politique dont il essaie de rendre compte
dans une perspective critique. » À parcourir l’ouvrage, l’on
se rend compte comment Sélim Abou a exprimé l’esprit de l’époque
à travers ses discours. Avec, en toile de fond, une exigence
: celle de défendre les libertés, jusqu’à la « colère » (discours
de mars 2002), et même, circonstances obligent, jusqu’à la «
résistance » (discours de mars 2003). Le père Abou signera son
ouvrage dans le cadre d’une cérémonie au Salon Lire en français.
Venus Khoury-Ghata,
poètesse et conteuse,
une inconditionnelle du Salon Lire
en Français de Beyrouth
>>> Son entretien avec la
Revue du Liban
Quelques idées de Lecture pour
l'Eté...
Entre Romans et Poésie
Temps idéal pour lire en été. Beaucoup
de livres dans les devantures des librairies. Une petite sélection
des derniers ouvrages parus où, entre essais, romans, poésie
et critique littéraire, la culture, en français ou en arabe,
sonde plus d’un domaine du paysage littéraire libanais. Et en
donne des reflets variés.
«L’idéal du chancelier de l’université»
de Raja Choueiri
Prolifique auteur et homme de
lettres avisé, Raja Choueiri n’est plus inconnu des lecteurs
libanais. Après une série d’œuvres placées sous le label «Terroirs
littéraires du Liban» où l’on cite volontiers Dhour Choueir
ou la paix des pins, Deir el-Qamar et Fakhreddine, Bécharré,
Gibran et le gibranisme, Baskinta et Neaimeh ou la nouvelle
montagne inspirée, Le pays de Byblos-Jbeil visité par Amine
Rihani et Nostalgie, sagesse et folklore selon Anis Freiha,
voilà que Raja Choueiri, loin de l’analyse littéraire et de
l’essai biographique, tâte du roman. Fidèle à son inspiration
au pays du Cèdre, l’auteur fait plonger les racines de sa fiction
en terre libanaise et au cœur même de Beyrouth. L’idéal du chancelier
de l’université (éditions Felix Beryte – 315 pages) de Raja
Choueiri est un regard pertinent et quelque peu interrogateur
sur une institution académique célèbre dans notre capitale et
la région. Une université centenaire, de beaux bâtiments dispersés
dans un jardin à la végétation bien entretenue, une communauté
de missionnaires américains, un chancelier désenchanté et mettant
en doute le sens d’une vie, des étudiants préoccupés par leurs
études mais aussi par le tourbillon de la vie, tout cela s’agite,
vit et palpite dans ces pages formant un tableau vivant et coloré
où se nouent drames, passions et aspirations secrètes livrées
au hasard et à l’imprévisible de l’avenir...
«La vision» de Jean Salmé
Recueil de quelques nouvelles,
courtes comme un exercice de style, groupées sous le titre La
vision de Jean Salmé. Nouvelles traduites de l’arabe en français
par Antoine Rizkallah Mouchati, où l’auteur aborde la fiction
à travers des détails puisés au quotidien et inspirés de la
vie courante. Six nouvelles au souffle tendre et parfois moralisateur
qui portent différents titres. On cite volontiers Thémis, L’indésirable,
Le singe, Un écrivain, La résurrection, Une promenade en voiture…
Croquées sur le vif, dans une expression simple et claire, ces
nouvelles mettent en situations des personnages et des évènements
comme pour mieux éclairer ou expliquer le cours d’une vie…
«Kitab al-Sawaii» de Gérôme Chahine
Préfacé par l’archevêque Georges
Khodr, le dernier ouvrage de Gérôme Chahine, Kitab al-Sawaii
(93 pages – éditions Dar an-Nahar), est de la poésie d’inspiration
religieuse. Mots limpides et pensée vibrante, où Dieu est la
source première de ces poèmes empreints d’une certaine lumière
mystique. Long parcours de l’auteur, parfaitement à l’aise aussi
bien en français qu’en arabe et dont nous citons volontiers
certaines de ses œuvres : Maan ala tarik, Al-massihiya wal markaa
(La chrétienté et la femme)1975, Et j’aurai un nom (1986), La
sagesse arabe (1989) et les traductions en arabe des livres
d’Etel Adnan (Sitt Marie-Rose) et d’Albert Memmi (L’image du
colonisé et du colonisateur). Avec des mots simples, des images
radieuses, un lyrisme à peine contenu, une musicalité soigneusement
mesurée, ces poèmes libres de toute prosodie conventionnelle
sont presque une prière ardente et un vibrant message de fraternité
humaine.
«Adwaa Kachifat» de François el-Hélou
De la critique mordante enrobée
d’humour mais aussi d’un certain vitriol. Critique de la vie
culturelle et des travers de la société, voilà ces « lumières
» qui se projettent sur plus d’un paysage libanais à travers
la plume touchée non seulement par la dérision mais aussi par
la poésie de François el-Hélou. Paru aux éditions Dar el-Salwa,
son ouvrage intitulé Adwaa Kachifat (Lumières révélatrices),
96 pages, où justement l’auteur met à nu sans ménagement ni
tendresse le monde du show-business libanais et égratigne en
passant les rouages rouillés d’un système social dominé encore
par l’obscurantisme et les tabous. Tonique malgré son allure
farfelue. Sans nul doute, un livre de réflexion malgré sa fausse
apparence de légèreté.
Avec la collaboration de
et
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« Correspondance
nostalgique » de Nadia Nammar
Témoignage et cri du cœur
Un livre simple, émouvant, révélateur des
moments les plus difficiles dans la vie des Libanais affrontant
une longue période de guerre sanglante et meurtrière. Correspondance
nostalgique de Nadia Nammar (274 pages – édité par les FMA avec
en couverture une reproduction d’une toile intitulée Lames de
fond de Nicolas Nammar) jette la pleine lumière sur une tranche
de vie des difficultés quotidiennes d’une population littéralement
«bombardée » (et c’est à peine là une figure de style) par des
ennuis et des tracas insurmontables dans une constante atmosphère
d’extrême violence, de débâcle et de déroute. L’auteur signe là
son premier ouvrage en langue française et son second après la
parution de Hikayat Jassad (Histoire d’un corps) dont nous avons
fait la présentation dans ces mêmes colonnes. En exergue, Lucien
George note : « Dans le Moyen-Orient de tous les dangers et de
toutes les turbulences, Correspondance nostalgique, chronique
de la guerre du Liban vue à travers le prisme personnel des lettres
échangées par Nadia Nammar avec sa famille et ses amis, paraît
alors qu’une autre guerre, en Irak, vient de bouleverser la géopolitique
de la région et déboussoler ses populations.» Formulation et narration
simples pour dire le désarroi mais aussi un certain espoir dans
ces journées sombres où vivre (et survivre) était presque une
gageure. Nadia Nammar explique son entreprise : « Essayer de remettre
plus ou moins en ordre tout ce désordre que je retrouve écrit
selon l’humeur du moment vécu, au cours de nos errances durant
cette période maudite et chaotique qui n’a causé que morts, malheurs
et séparations, n’a pas été chose facile. Pourquoi ai-je gardé
toute cette correspondance ? Je ne saurais le dire. Je tiens toutefois
à préciser que seules quelques lettres sans intérêt, hors d’un
cercle très intime, ont été sciemment supprimées. Quant au reste,
tout est reproduit intégralement et tel quel. Y changer quoi que
ce soit altérerait authenticité et sincérité. Nous avons beaucoup
souffert, quinze années durant. Puissions-nous effacer à jamais
de nos mémoires ces moments douloureux qui ont souillé de sang
et de honte un grand chapitre de l’histoire de notre nation. Puissent
surtout nos enfants et petits-enfants dépasser cette période amère
dans leur marche vers un avenir meilleur. » Relation épistolière
un peu décousue où, sans évoquer la régularité des lettres d’une
Madame de Sévigné, la plume, même dans un siècle aujourd’hui dominé
par la rapidité des e-mails, a toute la force et la pertinence
d’un sérieux constat doublé d’une certaine analyse sociale. Dans
la préface, Jean-Paul Fransceschini relève les détails suivants
: « Le cliché journalistique sur l’attitude des Libanais pendant
la guerre est bien connu : au lendemain de chaque bombardement,
le commerçant balayait les éclats de verre de sa vitrine avant
de reprendre la vente. Et il est vrai que peu de peuples, dans
l’histoire, ont montré l’extraordinaire force de résistance, l’étonnant
courage face au déchaînement de l’horreur dont les Libanais ont
fait preuve. Toutefois, c’est d’un autre courage que nous parlent
les signataires de ces lettres. Le courage plus haut et tellement
plus rare de refuser la haine si tentante qui tourbillonne, la
vengeance qui propose à chaque instant sa drogue hébétante, la
sottise qui fait préférer la vérité d’un camp à celle de l’âme.
Le courage qu’il faut pour survivre à la frénésie et la bassesse
quand on voit son pays déchiré et sa famille séparée. » Et les
années ont passé… La dernière lettre est signée de janvier 2003.
L’euphorie de la mort violente dépassée, toujours pas de lendemains
qui chantent... Et cette phrase terrible qui clôt le cycle des
lettres : « Les années passent…Et nos rêves avec elles. »
30 Juillet 2003
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Nouveauté aux
PUF
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La Paix et
la crise:
le Liban reconstruit?
par Franck Débié
et Danuta Pieter
Paru à la fin du mois de Mai 2003, on
ne saurait passer à côté de cette Monographie
traitant de la situation du Liban qui s'attarde dans une transition
entre la Paix et la Crise.
Voici un ouvrage bien documenté et plein d'analyses pertinentes
pour comprendre le Liban d'aujourd'hui au coeur d'une région
en pleine mutation.
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Khiam, prison de la honte*:
le titre du livre de Véronique
Ruggirello peut se lire de deux façons. Ce centre
de détention barbare qui est devenu le symbole de l'occupation
israélienne du sud du Liban incarne aux yeux du monde les crimes
dont s'est rendue coupable l'armée d'un Etat jugé «démocratique»
hors du monde arabe. C'est la prison de la honte, dénoncée par
Amnesty International. Mais pour les lecteurs libanais, la honte
surgit d'emblée à un autre niveau.
>>> Lire
l'Article de l'Hebdo Magazine...
*
Editions L'Harmattan, collection Comprendre le
Moyen-Orient
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« Parcours en francophonie(s)
», de Zahida Darwiche Jabbour
Professeur à
l’Université libanaise, Zahida Darwiche Jabbour n’en est pas à
sa première tentative d’écriture. À son actif déjà, plus d’un
ouvrage attestant de sa culture et préoccupation littéraires.
On cite volontiers ses publications au Dar an-Nahar : Poésie et
initiation dans l’œuvre de Nadia Tuéni (1992), Études sur la poésie
libanaise francophone (1997) et, finalement, Histoire et expérience
dans le Livre I d’Adonis (2000, en arabe). Aujourd’hui, fidèle
à sa maison d’édition, c’est-à-dire Dar an-Nahar, voilà qu’elle
signe un ouvrage de réflexion et d’analyse sur le concept et les
réalités de la francophonie et sur la littérature francophone,
notamment au Proche-Orient, au Maghreb et en Afrique noire. Parcours
en francophonie(s) (182 pages), tel est le titre de cet ouvrage
ayant jeté son dévolu sur trois espaces géographiques avec des
rapprochements socio-historico-culturels, qui permettent de les
aborder dans une perspective identique.
L’auteur porte son regard sur la littérature comme miroir pour
illustrer les notions de métissage, de dialogue et de diversité
culturelle, à l’heure de la mondialisation. L’objectif ici n’est
pas de retracer une histoire de la francophonie, mais d’éclairer
ses aspects problématiques, notamment ceux relatifs à l’identité
nationale, en particulier au Liban, au Maghreb et en Afrique.
Pour cela, Zahida Darwiche Jabbour interroge certaines œuvres
et prête l’oreille à leur auteur tout en cherchant à garder sa
neutralité et en respectant autant que possible l’objectivité
nécessaire à toute approche critique.
Opter aujourd’hui pour la francophonie signifierait plus une adhésion
aux valeurs de l’humanisme que prendre le parti de la langue française
ou la privilégier par rapport aux autres langues. Après un bref
survol des notions de colonisation, de négritude, de francophonie
et une illustration littéraire à travers certains écrits de Vénus
Khoury-Ghata, Myriam Antaki, Malika Mokeddem et Henri Lopes, le
mot de la fin revient à cette citation tirée des dernières lignes
: « Instrument de la diversité culturelle, le français est pour
chacun de nous francophones une des composantes d’une identité
culturelle, non pas double mais plurielle ». Ghassan Tuéni y voit,
à juste titre, « un véhicule culturel par excellence, offert à
tous ceux qui sont habités par un instinct de dépassement de soi
et une propension à transcender le particulier pour atteindre
à l’universel. »
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Cliquez sur la photo pour en savoir
plus sur la riche bibliographie artistique et éclectique
du Libano-Canadien Wajdi Mouawad.
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Premier roman du dramaturge
libanais
« Visage retrouvé », de Wajdi Mouawad
:
le deuil de la guerre
Ceux
qui ont vu «Littoral», la plus célèbre pièce de Wajdi Mouawad
qui s’est jouée en mars 2001 au théâtre Monnot, ne l’ont pas
oubliée facilement. Il faut dire que l’écriture du dramaturge
est chargée d’une grâce violente, presque romantique dans ses
excès et sa sincérité, qui touche au plus profond. Le voilà
qui signe son premier roman, «Visage retrouvé», aux Éditions
Actes Sud - Leméac. Et encore une fois, il fait mouche. Une
seule et unique motivation l’occupe et le hante : la guerre
libanaise, qui l’a exilé loin de sa terre natale. Lorsqu’il
reçoit, en novembre 2000 à Montréal, le prix littéraire du gouverneur
général, il confie, lors de son discours, que « l’écriture est
devenue pour (lui) la seule position tenable pour répondre à
cette barbarie . » Si Littoral s’ouvre sur la mort du père et
le retour au pays natal, Visage retrouvé évoque l’agonie de
la mère dans le pays d’accueil, le Canada. Ici, le personnage
principal, Wahab, a sept ans le 13 avril 1975 lorsque l’autocar
avec à son bord des Palestiniens est criblé de balles devant
ses yeux à Aïn el-Remmaneh. À 14 ans, quelques jours après son
anniversaire fêté au Québec, où il est installé depuis quelques
années avec sa famille, il rentre chez lui et ne reconnaît plus
ni sa mère ni sa sœur. La violence verbale, les punitions prennent
le dessus sur la douceur. Effrayé et ne comprenant pas ce qui
lui arrive, Wahab fait une fugue pendant une semaine. Le temps,
en forme de prologue, puis le premier livre, avec ses deux parties,
La peur et La beauté, suivent cet enfant et cet adolescent dans
ses rêves, ses attentes, ses moments de solitude, ses peurs
et ses décisions. En filigrane, le visage d’une mère complètement
transformé. Avec une facilité déconcertante, l’auteur rend la
voix de l’adolescent tangible, crédible, troublante de toute
manière. Angoissé, rongé par des apparitions morbides qui le
poursuivent depuis la vision macabre de l’autobus en flammes,
il trouvera la solution à son angoisse en rendant la parole
à une petite fille croisée pendant sa fuite et en rencontrant
le grand-père de celle-ci, qui lui confie le secret : « Il n’y
a qu’une peur d’enfance pour terrasser une autre peur d’enfance
». Révélation Le deuxième livre, placé sous le titre du chapitre
unique La colère, rattrape Wahab à ses 19 ans. Son discours
a changé. Il ne sait plus pleurer, il est agressif, perdu. Une
nuit, son frère l’appelle et lui demande de les rejoindre à
l’hôpital pour accompagner leur mère, rongée par un cancer,
dans ses dernières heures. Cinquante pages admirables où toute
la rage et tout l’amour dont est capable un jeune homme envers
sa mère se déploient dans des phrases puissantes, tantôt longues
comme des lianes, tantôt courtes comme des lames de rasoir.
Les circonvolutions interminables des pensées du héros avant
d’arriver à l’hôpital, sa lucidité, sa cruauté et la révélation
finale, qu’il affronte alors que sa mère vient de s’éteindre,
livrent la clé du roman. Cette clé, le lecteur l’attend sur
plus de 200 pages, et cette attente n’est pas déçue. Wajdi Mouawad,
avec un sens aguerri du rythme, déroule son récit sans couac.
En somme, ce coup d’essai est plus qu’honorable : Visage retrouvé
est le roman d’apprentissage par excellence. Ou comment faire
son deuil de la guerre.
Diala GEMAYEL - L'Orient-LeJour du 17 Avril 2003
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Fady
Stéphan dédicace son roman au Salon du livre de Paris
À l’instar de Braudeau, Sollers et Le Clézio, Fady Stéphan est
à l’honneur de la couverture du magazine des libraires français
Page dans son numéro de février dernier. Stéphan a également
eu droit à une interview pour son récent roman inspiré par sa
ville natale, Deir el Kamar, Le berceau du monde , qu’il
signera au Salon du livre de Paris, Porte de Versailles, au
stand Versailles/Le Seuil (carré Seuil et diffusions), samedi
22 mars de 16 à 17 heures.
Un livre qui sort des sentiers
battus et qui se fraie son propre chemin… Baroque, insolite,
érudit, jetant des ramifications et des embranchements multiples,
oscillant entre digressions inspirées et contes levantins inédits,
ce premier roman de Fady Stephan semble l’affaire d’une vie.
Une vie où compilation, histoire (grande et petite), poésie,
littérature et désirs d’évasion font un heureux mariage d’amour.
Portant le titre Le berceau du monde avec deux mots-clefs «
orient-opéra » en sous -titre, cet ouvrage (aux éditions Verticales
– 389 pages) s’inscrit dans le sillage des écritures richement
documentées où la réalité dépasse, devance et explique la fiction.
Né à Beyrouth en 1946, Fady Stéphan est professeur d’archéologie
et de langues nord-est sémitiques à l’Université libanaise.
Fouilles (au Liban, à Chypre, au Yémen) et traductions en français
de nombreux textes latins, araméens, syriaques, hébreux, phéniciens
et puniques lui sont familières. Spécialités qui non seulement
se reflètent dans ces pages foisonnantes de détails historiques
mais les inondent et parfois en débordent. Une authentique invitation
au voyage au cœur de l’Orient que ce Berceau du monde dont parlait
justement Gérard de Nerval. Fourmillant récit initiatique pour
retrouver l’essence d’une vie, d’un pays. De l’enfance de Fady
Stéphan, lui servant à la fois de voilette et d’écran pour se
soustraire aux regards et projeter son « intériorité », aux
incroyables turbulences d’une histoire du Liban touffue, dense,
panachée de couleurs vives et variées dans sa mosaïque de communautés,
brassant événements sanglants et personnages pittoresques, ce
livre est un vibrant hommage à une terre aimée et à son insaisissable
société. Labyrinthe d’histoires pour un kaleidoscope d’images
et une galerie de personnages attachants. Comme Proust avait
rêvé de faire un livre sur la musicalité et les richesses sonores
des seuls noms, Stéphan entreprend une longue et minutieuse
promenade à travers nos « villes douces » pour émerger à Deir
el-Kamar où « les étés se déroulaient dans un cirque élevé de
collines, couronné d’un bois de cyprès argentés… » Histoire
du Liban comme on ne l’a jamais racontée, avec des chapitres
palpitants de vie qui s’enchaînent comme ces poupées russes
gigognes, prolongeant ainsi le sens du merveilleux d’une narration
puisée au sein même d’une terre aux légendes millénaires. Épique,
lyrique, bruissant d’une poésie aux phosphorescences magiques,
ce livre hors norme passant du conte au journal intime, des
poèmes à l’historiographie, évoque avec subtilité une terre
édénique, paradis retrouvé des romantiques et point de rencontre
et d’accueil de toutes les religions, communautés de pensées
et sectes philosophiques. De l’unité à la réconciliation à notre
innommable guerre-déchirure, sur fond de paysages somptueux
et impassibles, se déroule cette fresque où défilent Hindiyé,
le Djazzar, des émirs (Béchir, Fakhreddine), Lady Hester Stanhope,
Lamartine, Nerval, la reine de Saba, Kamal Joumblatt et bien
d’autres…Orient rêvé , Orient de rêve, dans ce tissu chamarré
de couleurs éclatantes et comme ployant sous les nuages d’encens
qui s’en dégagent, voilà des pages bourrées de connaissances
où tout se succède et se téléscope (comme un film) à une vitesse
déroutante et c’est à peine si ce volumineux ouvrage, avec un
saut de plus de cent ans dans le vide d’un trait de plume, peut
contenir autant de monde, d’aspiration, d’agitation et de paysages…
Approche savante, spirituelle et littéraire du Liban, passionnément
et profondément aimé. L’auteur semble être sous le charme de
ce pays aux innombrables correspondances secrètes et il en communique
cette richesse fondamentale à travers une écriture sobre, précise,
imagée mais aussi ornée et poétique. Alliant le romanesque,
l’autobiographique et un sens critique réservé, ce livre singulier,
s’il ne livre pas entièrement la personnalité de son auteur,
n’en jette pas moins toute la lumière, avec émotion et ravissement,
sur « un petit pays caché derrière un éventail de collines et
de ravins de mer, recelant tant de merveilleux ».
Edgar Davidian l'Orient-Le Jour.
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XXIIe
édition du festival annuel du
livre du 6 au 16 Mars 2003:
Le Mouvement culturel-Antélias
se place sous le signe du changement par la culture
Le Ministre Salamé lors de l'inauguration du Salon - Photo
Marwan Assaf -
Le
Mouvement culturel-Antélias a annoncé hier, par la voix de son
secrétaire général Georges Abi Saleh, la 22e édition de son Festival
libanais du livre, qui fait date dans l’agenda culturel annuel,
et qui est placé, cette année, sous le patronage du chef de l’État.
Le Festival libanais du livre se tient dans la grande salles des
fêtes de l’Église Mar Élias, à Antélias, et restera ouvert quotidiennement
entre 11 heures et 21 heures, du 6 au 16 mars. Comme chaque année,
plusieurs dizaines de maisons d’édition arabes et étrangères participeront
à cette foire du livre où le taux d’escompte des prix des livres
n’est jamais inférieur à 25 %. Le festival propose en outre un
stand aux auteurs ayant édité leurs ouvrages à leur propre compte,
ainsi qu’une variété d’activités culturelles orientées vers différentes
catégories de lecteurs. En réalité, le Festival du livre du Mouvement
culturel-Antélias reflète la profonde conviction de ses organisateurs
dans la possibilité d’un « changement par la culture », a affirmé
M. Georges Abi Saleh dans sa présentation. Un changement dont
les moteurs invariables sont « la défense de certaines causes
humaines et nationales sacrées au premier rang desquelles il faut
placer la souveraineté, l’indépendance, la liberté de décision,
l’unité nationale et la libération de l’occupation, de la tutelle
et de l’arriération ». Voici le programme des activités culturelles
qui animeront et rempliront les dix journées du Festival du livre.
Hommage aux anciens. Le Festival du livre a pris l’habitude de
rendre hommage aux anciens pour leur contribution à l’enrichissement
du patrimoine culturel national, sous divers angles. Des livrets
seront consacrés à chacune des personnalités auxquelles il sera
rendu hommage. Les hommages seront organisés tout les soirs à
18h30.
1 - Cette année, le Mouvement culturel-Antélias a établi la liste
de personnalités à honorer comme suit :
– le juriste Hassan Kawwas (8 mars), présenté par M. Mounif Hamdane
;
– l’éminent professeur irakien de langues anciennes Bassil Akoula,
présenté par Georges Chalhoub ;
– l’ambassadeur Fouad Turk, présenté par Henri Zgheib ;
– l’écrivain d’origine syrienne Salma Haffar Kouzbari, présentée
par Me Ghaleb Ghanem, président du Conseil d’État ;
– le pionnier du travail social Joseph Donato, présenté par Moussa
Gédéon ;
– l’historiographe et chercheur Wagih Kawtharani, présenté par
Massoud Younès ; – l’économiste et banquier Amine Alami, présenté
par Ghassan Ayyache.
2 - Par ailleurs, le Festival du livre organise, comme chaque
année, une série de conférences tables rondes sur un thème ou
un ouvrage. Cette année, les thèmes choisis sont « le risque de
guerre en Irak » (7 mars, 18h30), avec la participation d’Élias
Hanna, de Chafic Masri et de Jihad el-Zein ; l’ouvrage de Camille
Naufal sur « Les Arabes américains, otages impuissants, de Eisenhower
à Ford » (14 mars à 16 heures) avec la participation des anciens
ministres Farès Boueiz et Nadim Dimachkiyé ; l’ouvrage de Michel
Geha sur les poètes libanais écrivant en langue vernaculaire,
avec la participation de Sami Makarem, Elham Kallab-Bsat et du
poète Joseph Abi Daher (15 mars à 18h30) ; l’ouvrage Recommandations
dernières de l’imam Chamseddine, avec la participation de Mohammed
Hussein Chamseddine et Samir Frangié (16 mars à 18h30).
3 - Le Festival libanais du livre offrira par ailleurs des activités
artistiques aux étudiants, selon le calendrier suivant :
– Mardi 11 mars : rencontre-débat autour d’un film vidéo avec
Georgette Gébara sous le titre : « La danse et l’identité » (7-12
ans).
– Mercredi 12 et jeudi 13 mars : scènes de théâtre présentées
par les élèves de l’Institut des beaux-arts de l’Université libanaise-deuxième
section, suivies d’un débat sut « le théâtre et l’éducation »
conduit par le président de la section théâtre Jean Daoud (secondaire).
– Vendredi 14 mars : Scènes théâtrales pour enfants présentées
par Gisèle Hachem Zard Abou Jaoudé.
4 - Le Festival du livre organisera à l’intention des élèves du
secondaire qui ont pris l’habitude de le visiter deux concours
de culture générale destinés aux élèves du complémentaire et du
secondaire. Leurs résultats feront l’objet d’une cérémonie de
remise de prix spéciale.
5 - Dans le but de mettre en rapport l’auteur avec ses lecteurs
et de leur permettre de tirer profit de cette relation pour un
enrichissement mutuel, des signatures d’ouvrages seront organisées,
suivant un programme en cours de définition qui sera publié quotidiennement
dans la presse. Une quarantaine d’auteurs bénéficieront de cette
occasion.
6 - À l’occasion du Festival du livre, le Mouvement culturel-Antélias
publie une série d’ouvrages, et d’abord une sorte d’actes du Festival
du livre (2002-2003), un recueil des présentations des auteurs
honorés l’année dernière et enfin, un ouvrage sur le philosophe
libanais personnaliste René Habachi, qui vient de s’éteindre.
Ces ouvrages seront distribués gratuitement aux visiteurs. Le
Mouvement culturel aura par ailleurs son propre stand dans le
festival.
7 - Un stand nouveauté affichera les principales publications
parues entre deux éditions du Festival du livre. Le festival,
insiste la présentation, n’est pas seulement une foire aux livres,
mais une célébration d’un rite, celui du livre.
C’est la fête du mot, de la pensée, du dialogue et de la créativité
littéraire, des valeurs auxquelles le Mouvement culturel-Antélias
croit et pour lesquelles il œuvre.
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Un livre
engagé au coeur de l'actualité qui ne pourra pas
plaire à tout le monde...
« ISRAËL LE DERNIER QUART D’HEURE
» de Gabriel Enkiri
A LIRE ABSOLUMENT AVANT LA
GUERRE : Le Litani menacé !
Remaniée et actualisée,
la seconde édition de son livre paraît en format poche.
Elle comporte un nouveau chapitre éclairant intitulé « de l’Affaire
Rosenberg… à la Shoa ». (Membre du PCF au moment de l’Affaire,
son témoignage n’a pas fini de faire des vagues aux States…
et ailleurs !) Plus important encore : pour la première fois,
un observateur de la vie politique, qui fut gaulliste puis communiste,
a enfin compris, douze ans après la disparition de l’URSS, que
les communautés juives d’Europe (centrale et de l’Est), émancipées
par le capitalisme (allemand) au cours du 19e siècle, se sont
lancées - mues par une formidable volonté de domination (due
à une longue frustration) - à l’assaut de l’Europe (et du monde)
en s’alliant avec la nouvelle puissance au cœur de l’Europe.
Elles furent « retournées » en 1917 (en pleine guerre !) par
l’Angleterre soucieuse de rompre l’alliance des Juifs avec ce
pays en plein essor. Quelques mois plus tard, quatre Empires
s’effondraient comme des châteaux de cartes, laissant place
à deux entreprises à vocation hégémonique : la « soviétique
» et le sionisme, les Juifs sortant triomphants de la guerre,
à Moscou comme à Londres, avec Trotski et Weizmann. Ces deux
« démences » accouchèrent à l’Est d’un État totalitaire, à l’Ouest
d’un État sioniste dominateur. Le XXe siècle fut traversé et
ensanglanté par ces deux entreprises qui fusionnèrent en 1941,
dans le cadre de l’alliance « américano-soviétique » conclue
lors de l’invasion de l’URSS. Après deux guerres (la « promesse
» avec l’Angleterre puis la « concrétisation de la promesse
» en 1945-1949 avec l’aide conjointe de Staline et de l’Oncle
Sam) les Juifs ont fini par s’emparer d’une partie de la Palestine…
et par passer à l’Ouest ! Le massacre des Juifs – commencé sous
le tsarisme après l’assassinat d’Alexandre II en 1881 –devenait
inévitable, dès 1917, après leur « trahison », ressentie comme
telle en Allemagne, et le soulèvement des peuples de l’Est contre
le nouvel impérialisme moscovite. Les assassinats de Rosa Luxembourg
et de Karl Liebknecht en 1918 annonçaient le formidable « règlement
de comptes » qui eut lieu… en 1941 lorsque ces peuples opprimés
(profondément croyants) crurent venue la fin de l’occupation
judéo-soviétique athée. L’alliance réalisée avec Roosevelt sauva
Staline et son régime despotique mais les sionistes, en choisissant
les States en 1949, plongèrent Staline dans un délire antisémite
qui ne prit fin qu’avec sa mort en 1953. En reprenant le chemin
de l’Ouest, les Juifs condamnaient l’URSS à disparaître. Aujourd’hui,
ils font naturellement corps avec l’hyper puissance dominante.
Pour consolider et tenter de sauver l’État juif, Ariel Sharon
a besoin d’une nouvelle guerre au Proche-Orient. Il a convaincu
Bush junior que le pétrole irakien (et plus encore) était à
sa merci. Et lui, pendant ce temps, tentera d’imposer sa solution
à lui. Ira-t-il jusqu’à détourner le Litani, dont les eaux seront
absolument nécessaires au grand Israël ? L’annexion du Golan
par Shamir le laisse penser. Nous sommes bien à un tournant
de l’histoire de l’Humanité. Après le Traité de Versailles (1918),
après Yalta (1945), voici le nouveau « partage » auquel les
Anglais espèrent être associés en participant, aux côtés des
Américains, à la « grande guerre » des pétroliers texans. Dans
une « lettre ouverte » publiée par le site internet la-paix.org
Gabriel Enkiri, dont la famille paternelle est originaire de
Saint-Jean-d’Acre, lance un appel à Jacques Chirac : « Opposez-vous
à la guerre avec Gerhard Schröder. Proposez ensemble à l’ONU
une grande Conférence pour la paix ». Dans sa réponse, son Chef
de Cabinet, Annie Lhéritier, écrit : « chargée de vous répondre,
je puis vous assurer qu’il a été pris attentivement connaissance
de vos réflexions ». Il faut rappeler que Gabriel Enkiri est
né lui aussi en 1932, et qu’il est également un « ancien du
Lycée Carnot » à Paris. Dans son livre autobiographique « romancé
» intitulé « Kidnapping – entre Saint-Caradec et l’Elysée »
l’auteur a narré son itinéraire à la fois « parallèle » et «
croisé » avec celui de l’actuel Président de la République pour
lequel il a voté dès le 1er tour, en 1995 et en 2002 ! Ce qui
rend d’autant plus incompréhensible ( ?) la censure des médias
français, alors que les journaux arabes (Al Ittihad, Al
Watan…) découvrent son livre, fort dérangeant il est vrai, pour
les sionistes . Une « paix juste et durable » ne pourra prendre
forme que sur la vérité.
« Israël le dernier quart d’heure » - seconde édition remaniée,
complétée et actualisée- après l’échec de L. Jospin et la réélection
de J. Chirac - 380 pages en format poche – 8 euros
Distribution : Alterdis pour la France,
et Albouraq (Librairie de l’Orient) pour le monde arabe
– en vente également à l’IMA. Egalement sur les librairies en
ligne Amazone et Alapage
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Janvier 2003
Le
prix littéraire "France-Liban" attribué
à Nazir Hamad pour
"l'enfant adoptif et ses familles"
Le vendredi 17 janvier 2003, et pour la 22e fois, le jury du prix
littéraire "France-Liban" s'est réuni au siège de l'Association
des écrivains de langue française (ADELF), à Paris, en présence
de Paul Blanc, Adel Ismaïl, Edmond Jouve, Vénus Khoury-Ghata,
Abdallah Naaman (responsable du prix), Bahjat Rizk, Charles Rizk
et Bassam Tourbah. Sept ouvrages étaient en compétition et c'est
"L'Enfant adoptif et ses familles" (aux éditions Denoël) de Nazir
Hamad qui a été couronné. Le lauréat, né à Baalbek en 1947, est
un psychanalyste libanais installé à Paris. Auteur de nombreux
ouvrages, dont un co-écrit avec la célèbre Françoise Dolto (1909-1988),
Nazir Hamad est membre de l'Association freudienne. Il a été nommé,
en décembre dernier, chevalier dans l'ordre des Palmes académiques.
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Décembre 2002:
Inauguration d'une MédiaZone à l'ABC Dbayé
avec un débat sur le littérature libanaise contemporaine.
Animée par May Menassa, notre consœur du quotidien «
an-Nahar », une table ronde, intitulée « Regards sur la littérature
libanaise contemporaine», a réuni, à l’ABC, à l’occasion de l’inauguration
d’un espace Media Zone au sous-sol du grand magasin (et à l’invitation
de la librairie Antoine), quatre grands auteurs libanais.
Il s’agit de Vénus Khoury-Ghatta (romancière et poétesse), d’Alexandre
Najjar (avocat et écrivain), d’Élias el-Khoury (romancier,
essayiste, critique littéraire et rédacteur en chef du supplément culturel
du « Nahar ») et de Hassan Daoud (romancier et journaliste au
quotidien « al-Mustaqbal »).
Quatre plumes différentes, dans leur style, leur langue et leur mode
d’expression, mais qui ont en commun le talent et cette vocation d’être
des messagers de l’identité profondément multiculturelle du Liban, comme
l’a dit May Menassa dans son mot de présentation. Devant une assemblée,
composée au départ uniquement de lecteurs assidus puis grossissant au
fur et à mesure que se développait le débat, May Menassa a d’abord souligné
l’importance de la langue française pour les auteurs libanais. Qu’ils
soient d’expression française, comme Vénus Khoury-Ghatta et Alexandre
Najjar, ou «arabophones » (étiquette que récuse avec humour Élias el-Khoury,
en faisant remarquer l’utilité d’une telle précision, un écrivain libanais
étant forcément arabophone !), à l’instar de ce journaliste et de son
confrère Hassan Daoud. «La langue française a trouvé au Liban ses purs
reflets, affirme May Menassa. Des poètes, des romanciers (...) ont laissé
transparaître leur langue mère sous la langue française, outil d’expression.
(...)
Voilà que bon nombre d’auteurs arabes offrent à la langue française
une âme, une histoire, une émotion, un Levant encore fascinant d’où
un nombre de maisons d’édition françaises qui trouvent dans les arabophones
matière riche à traduire ; notamment: Hoda Barakat, Adonis, Ounsi el-Hage,
Paul Chaoul, Élias el-Khoury, Hassan Daoud, Rachid Daïf et d’autres...»
L’animatrice a ensuite présenté brièvement les écrivains réunis pour
l’occasion, avant de leurs demander de parler chacun d’une de leurs
œuvres majeures ou récentes. Vénus Khoury-Ghatta a confirmé son identité
d’écrivain oriental de langue française. Cet auteur de 12 recueils de
poèmes et de 16 romans en français aborde presque toujours le Moyen-Orient
dans ses écrits. Mis à part son dernier roman, La Maestra, inspiré par
une morte dans la maison de laquelle Vénus Khoury-Ghatta s’est retrouvée
lors d’un voyage en Amérique du Sud.
Un livre dont l’écriture garde cependant une coloration orientale.
Une histoire d’amour différente
Élias el-Khoury est l’auteur de huit romans, dont Bab el-Chams (La porte
du soleil), qui a obtenu le grand prix littéraire palestinien. Et qui
a été traduit en français, en anglais et en... hébreu. «Ce livre raconte
une histoire d’amour, placée dans le contexte de la « nakba » palestinienne.
Mais à la différence des romans d’amour habituels qui parlent généralement
de séparation, La porte du soleil est le récit des retrouvailles d’un
couple, séparé lors des événements de 1948. Khalil est un combattant
chassé de Palestine, qui vit dans le camps de Chatila. Sa femme et son
fils se sont réfugiés à Deir al-Assad. Leur séparation forcée, entrecoupée
de visites régulières, va attiser les sentiments de Khalil pour sa femme.
Il va en retomber amoureux.» Hassan Daoud a parlé, lui, de Ayyam zaidat
(Les jours ajoutés), qui conte les derniers jours d’un nonagénaire qui
n’est autre que le grand-père de l’auteur. «J’ai écrit ce livre en mémoire
de mon grand-père, dont j’étais, il me semble, le petit-fils préféré,
pour rendre hommage à cet homme à la personnalité hors du commun, indique
Hassan Daoud. Mais ce livre est aussi une forme d’excuse que je lui
adresse pour une faute que j’ai commise envers lui.»
La modernité dans l’écriture
Enfin Alexandre Najjar, le plus jeune d’entre tous et le plus prolifique,
puisqu’il a publié, depuis 1988 à 2002, 12 romans, 2 recueils de poèmes,
une pièce et enfin une biographie de Gibran Khalil Gibran. À propos
de ce dernier ouvrage, Najjar a expliqué que c’était là son premier
livre écrit sur commande, à la demande d’une maison d’édition française
spécialisée dans les biographies de grands hommes. Qu’il y avait trouvé
une sorte de défi à relever, après toutes les biographies écrites sur
l’auteur du Prophète. Et qu’il avait essayé de donner sa vision objective
de Gibran, basée sur une somme de recherches, de documentations et d’études
de thèses et d’ouvrages multiples sur cette grande figure. Un débat
autour d’une question posée par May Menassa, sur la modernité dans l’écriture,
a suivi les présentations des auteurs. Certains s’en réclamant comme
Hassan Daoud ou Élias el-Khoury, qui affirme que la modernité de l’écriture
transparaît surtout dans les sujets inspirés du quotidien qu’elle aborde.
D’autres, comme Vénus Khoury-Ghatta, préfèrent se placer hors du contexte
d’une modernité qui ramène la littérature à des élucubrations nombrilistes
et exhibistionnistes, ou comme Alexandre Najjar, qui affirme qu’«avoir
une plume moderne ou pas est, avec le choix du sujet et celui de la
langue, une des trois libertés primordiales de l’écrivain ».
Une séance de signature ainsi qu’un cocktail ont suivi cette table ronde.
Laquelle ne devrait pas rester, on l’espère, une de ces heureuses initiatives
isolées qui sortent la culture des cercles et cénacles restreints aux
seuls intellectuels. Mais faire effet boule de neige, pour mettre enfin
la culture à la portée du grand public. Dans des lieux publics.
Zéna ZALZAL
3.12.2002
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Nouveautés
pour commander une fois dans le site tapez Beyrouth, prix: 24 €uros
"Regards sur Beyrouth"aux Editions Romain
Pages,
de Astrid Gateau, Frédéric Soreau et Olivier Dalle. Ce livre contient
des photos, des textes et des interviews et a pour thème Beyrouth et
la langue française.
Les personnalités culturelles interviewées dans ce livre sont :
Abbas Beydoun, Alexandre Najjar, Gebran Tuéni, Hanan el Cheikh, Aref
Rayess et Ounsi el Hage.
"Nous avons beaucoup erré et beaucoup écouté, au hasard des rues
et des quartiers de Beyrouth, nous sommes partis à la rencontre de toutes
ces communautés qui forment la source vive et l’histoire de la capitale
libanaise, Druzes, Maronites, Arméniens, Sunnites, Chiites, et cette
centaine d’autres micro-communautés.
Surtout, les auteurs ont interrogé les écrivains de la ville, ceux qui
y vivent ou y ont vécu, ceux qui ont écrit sur Beyrouth, qui l’ont connue.
Qui mieux que des romanciers, des poètes, sauraient nous parler de leur
ville ? "
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De Gaulle et le Liban, Vers l'Orient compliqué (1929-1931)
Au Liban, le général de Gaulle est, depuis longtemps, entré dans la
légende. A sa mort, il n'est pas un homme politique libanais qui n'ait
salué sa mémoire et rappelé son action en faveur du Liban et de la "
cause arabe ". Pourquoi cette idolâtrie ? Est-elle justifiée ? Quelles
furent exactement les relations entre le Liban et le Général, qui résida
deux années au pays des Cèdres alors qu'il n'était que commandant, qui
joua un rôle déterminant dans l'accession du Liban à l'indépendance,
qui accueillit chaleureusement le président libanais Charles Hélou en
mai 1965, et décréta l'embargo sur les armes destinées à l'Etat hébreu
à l'issue du raid israélien sur l'Aéroport International de Beyrouth
en 1968… Des articles, des mémoires ont déjà évoqué les liens entre
de Gaulle et le Liban. Mais c'est la première fois qu'un livre, en quatre
volumes, est consacré à ce sujet. Fruit de recherches minutieuses au
Liban et en France, enrichi de documents inédits et d'un important dossier
iconographique, il lève le voile sur des aspects méconnus de la vie
du " plus illustre des Français
Editions Geutner-Paris
Quand le Liban regarde
le Québec, cela donne le livre de
Zeina El Tibi : Le Québec, l’Amérique en français.
Une petite encyclopédie sur ce pays finalement peu connu, à l’usage
de tous.
Le Magazine Québecois
du Livre
NUIT BLANCHE
consacre son
numéro de l'Automne 2002 à la littérature libanaise
d'expression francophone.
Poésie, Roman, Théatre, un dossier complet...
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La
fiction au coeur de la réalité du 11 Septembre?
Quelques jours après la destruction du
World Trade Center, des lettres contenant de l'anthrax contaminent de
paisibles employés aux quatre coins de l'Amérique... Meg, microbiologiste
de renom, est contactée par la CIA pour mener une enquête planétaire
qui la conduira jusqu'en Irak. A peine arrivée à Bagdad, elle doit affronter
une femme redoutable, responsable du programme bactériologique irakien
et surnommée «Lady Virus»... Entre elles, deux hommes: Chris, un chercheur
français qui en sait long sur le syndrome du Golfe et le crash mistérieux
d'un avion israélien à Amsterdam, et Rachid, un informaticien libanais
en mal d'amour. De New York à Amman et d'Amsterdam à Beyrouth, Meg parviendra-t-elle
à déjouer les plans diaboliques de son ennemie? Un roman d'espionnage
haletant, qui mêlant fiction et réalité, nous entraîne dans l'univers
impitoyable du bioterrorisme mondial
Alexandre Najjar, l'auteur de ce roman était l'invité
de l'émission matinale de Jacques Pradel, le 20 Août sur
Europe 1, en compagnie de Mr Roland Jacquard.
Lady Virus, 218 p., éd. Balland, 2002.
Sortie en Octobre 2002:
une nouvelle Biographie de Khalil Gibran par Alexandre
Najjar
Octobre 2002
Publication -
Un ouvrage unique en son genre, destiné au sommet de Beyrouth
« L’armorial de la francophonie » de Maurice Saliba :
16000 notices bibliographiques sur le Liban
* Dès l’annonce, en 1997 au Vietnam,
de la décision d’organiser le IXe Sommet de la francophonie à Beyrouth,
j’ai résolu, en tant que citoyen libanais vivant en France, de contribuer
à faire connaître la francophonie du Liban», déclare d’emblée Maurice
Saliba. Il se lance alors dans l’élaboration de cet armorial de la francophonie
dans lequel il a réuni plus de 16 000 notices bibliographiques ayant
trait directement ou indirectement au pays du cèdre. D’une part, cela
concerne les publications des Libanais en langue française toutes disciplines
confondues. Et, d’autre part, les écrits en français sur le Liban depuis
1515 jusqu’à fin 2001.
L’auteur ne prétend pas que son travail soit exhaustif. «En effet, certains
ouvrages publiés à compte d’auteur, à tirage réduit, ne figurent pas
toujours dans les catalogues des bibliothèques ou centres de documentation.
Autre raison: un bon nombre de thèses ou de mémoires n’ont pu être identifiés.»
Maurice Saliba est spécialiste en sociologie de l’éducation et du développement,
consultant libre auprès des organisations des Nations unies. Il enseigne
actuellement en France. À son actif, notamment, l’Index Libanicus I,
œuvre bibliographique répertoriant quelque 5000 publications parues
en langues européennes touchant directement ou indirectement le Liban
(histoire, géographie, archéologie, politique, économie, droit, sciences,
arts, etc.) et L’Index Libanicus II, un inventaire de touts les thèses
et mémoires soutenus dans les universités du Liban de 1900 à 1980. Il
a traduit de nombreux ouvrages dont la fameuse étude du professeur Théodore
Hamf, Liban, coexistence en temps de guerre (en arabe, aux éditions
Dar an-Nahar).
L’armorial de la francophonie est un dictionnaire dont les notices bibliographiques
sont classées par ordre alphabétique selon les noms des auteurs et dans
l’ordre chronologique de leur parution. L’auteur donne des informations
sur chaque type de document (ouvrage, article dans une revue littéraire
ou scientifique, thèse, ou littérature grise, etc.). L’ouvrage est complété
par deux index: le premier est thématique et géographique, le second
est onomastique (pour signaler les coauteurs, les traducteurs, les préfaciers
et les illustrateurs). Pour parvenir à son objectif, l’auteur a lancé
des initiatives de recherche avec des proches, des amis, d’anciens collègues
universitaires, des bibliothécaires et des pigistes. Près de 40 personnes
dans sept pays (France, Canada, Belgique, Suisse, Italie, Espagne et
Liban) y ont contribué.
Chose étonnante: des centaines de Libanais ont soutenu leurs thèses
en français dans des pays non francophones, comme l’Espagne, l’Italie,
l’Allemagne, la Russie ou la Pologne. Homme de chiffres, Saliba affirme
que plus de «50 ouvrages et collections de références ont été dépouillés;
48 catalogues consultés; 43 bibliothèques, instituts de recherche et
centres de documentation visités; 192 revues compulsées et plus de 40
sites Internet interrogés.» La somme de cette recherche constitue un
répertoire de 16027 notices bibliographiques. À qui s’adresse cet ouvrage?
L’auteur souhaite qu’il soit distribué à tous les délégués qui participeront
au sommet ainsi qu’à toutes les bibliothèques francophones dans le monde
pour que la vraie participation libanaise à la francophonie soit identifiée
et bien connue. Maurice Saliba espère que «les Libanais connaîtront
mieux leur patrimoine culturel francophone, qui est un vrai facteur
d’enrichissement et d’ouverture. Ce patrimoine leur permet de cultiver
les échanges de tout genre avec le monde entier mais aussi de promouvoir
sainement le dialogue des cultures et des civilisations, affinités constantes
de leur histoire et de leur destin.» Comme le souhaite Camille Aboussouan
dans l’avant-propos: «Peut-être que l’analyse détaillée de cet ouvrage
et de ses thèmes permettra de dire que l’observation attentive de l’histoire,
de l’écriture et du langage devait un jour mener aux rigueurs d’une
exceptionnelle et harmonieuse exigence.»
Le sociologue dédie cet ouvrage à la mémoire de quatre Libanais: «Le
président Charles Hélou, père de la francophonie, Boutros Dib, le père
Étienne Sakr et l’éminent homme de sciences Rammal Rammal.»
Maurice Saliba conclut sur cette réflexion: «Aurons-nous un jour la
chance d’avoir une bibliothèque nationale qui réunirait toutes les publications
des Libanais dans toutes les langues?» Reste à souligner que cet ouvrage
est disponible en librairie. Les Messageries du Moyen-Orient assurent
sa distribution au Liban et la librairie orientaliste Geuthner en France.
MGH
Edition du 8 Octobre 2002
Septembre 2002
Nouveauté- «
La folle odyssée de Didon », un ouvrage de jeunesse en français Les
mythes fondateurs phéniciens revisités par Karine Safa
Le siège de Tyr (éditions Sader), suivi de L’invraisemblable
histoire de Cadmos le Phénicien et de sa sœur Europe (édition du Béryl)
et maintenant La folle odyssée de Didon, princesse de Tyr, reine de
Carthage (également aux éditions du Béryl) clôture la trilogie phénicienne
signée Karine Safa. L’auteur, docteur en philosophie, s’est attachée
« à combler un vide, dit-elle. Mon idée générale était de m’occuper
du patrimoine du Liban. J’ai choisi de m’attaquer aux mythes fondateurs
de la Phénicie sur lesquels on ne trouve pas grand-chose dans les livres
d’histoire du Liban. Les pérégrinations de Cadmos, par exemple, y sont
relatées en trois lignes qu’on oublie aussitôt lues ». Son Cadmos a
d’ailleurs été très apprécié des écoliers libanais, « parce qu’il n’y
a pas au Liban de livres en français aussi attrayants sur notre patrimoine
». Et en France, où il est distribué en librairie, il a participé au
salon du livre de jeunesse de Montreuil, où il a été sélectionné parmi
les 50 meilleurs ouvrages du salon. Encouragée par ce succès, Karine
Safa s’attaque donc à une autre figure légendaire de la civilisation
sphénicienne Élissa, la fondatrice de Carthage, « connue en Europe sous
le nom romain de Didon, lequel est tiré de Dido, qui signifie en latin
errante », signale Karine Safa, qui a fait ses classes de latin, et
tiré même une partie de ses recherches de la littérature gréco-latine,
dans le texte. « Virgile a été une référence, dit-elle. Mais ce n’est
pas toujours facile de se retrouver avec la profusion de textes écrits
sur Didon, très connue en Europe pour ses fameuses amours avec le Troyen
Énée. C’est d’ailleurs une thématique récurrente dans l’art européen.
La peinture dans tous les siècles s’est attelée à ce sujet: Raphaël,
l’Anglais Turner... Et donc dans cette masse d’informations, on obtient
souvent des récits tout à fait contradictoires. C’est là où le travail
d’écriture commence. Des voies émergent, on leur donne une direction
en fonction de ce que l’on a envie d’écrire.» Élissa-Didon « Pour ma
part, j’avais envie de passer d’une information formelle, classée à
mi-chemin entre histoire et mythologie, à quelque chose de plus vivant
et d’y introduire la dimension de l’aventure, du merveilleux et du rêve.
Dans La folle odyssée de Didon, poursuit-elle, ce que je mets surtout
en valeur, c’est la première partie de son histoire. Sa vie à Tyr et
les péripéties qu’elle y a vécues, les persécutions qu’elle a subies
de la part de son frère Pygmalion qui en voulait à sa fortune. Ce qui
l’a justement poussée à fuir Tyr pour aller fonder la ville de Carthage,
qui deviendra par la suite un empire. Et le grand concurrent de Rome.
J’ai expliqué donc ce qui s’est passé et je termine le livre à la fondation
de Carthage. » C’est dans un style simple et poétique à la fois que
Karine Safa narre cet épisode de la vie d’une figure sans doute historique
qui a été embellie par l’imagination populaire. Ce livre, joliment illustré,
s’adresse aux enfants à partir de 11 ou 12 ans. Il a été publié grâce
au concours du fonds de soutien à l’édition de l’Agence intergouvernementale
de la francophonie (AIF). Cette agence consacre un fonds spécial pour
aider, à travers le monde, les éditeurs de livres de jeunesse francophones
à constituer un stock d’ouvrages de qualité, dont le prix ne soit pas
très élevé, de manière à ce qu’il convienne au pouvoir d’achat des pays
du Sud. Au Liban, il est vendu 9 euros.
est le distributeur
pour le Liban et le Moyen-Orient de
, l' éditeur des cultures francophones.
Contact : SELECTION Distribution BP 1162-5267 Musée –
Beyrouth, 1106 - 2030 LIBAN
Tél/Fax: 961-1-381111 ou 961-1-394343
Parution
en Mars 2002
aux éditions
ACL "Atelier de la création libertaire"
1er
Roman de Georges Saad
"
Marie Luce Bruyère ou la
vie d'un étudiant libanais en France"
En vente au Liban, dans les Libraires
Antoine et à la Librairie Le Point
Pour la France:
ATELIER DE CREATION LIBERTAIRE 2002 Atelier de
création libertaire BP 1186,
F-69202 Lyon cedex 01 Tél 04 78 29 28 26 - email : ateliber@multimania.com
ISBN 2 - 905691 - 76 – X janvier 2002 - 10
euros seulement!.
Pour les intéressés il faut le commander chez l’éditeur qui n’est pas
riche pour engager une maison de diffusion. Il le fera si l’ouvrage
devient le best-seller du 21ème siècle!
Ce livre a fait l'objet d'une conférence spéciale de présentation
par la
Mission Culturelle Française à Beyrouth
Le
23 Mai 2002 au Centre Culturel Français de Beyrouth
Avec >>>>>>>>
Intervenants : Carmel Mitifiot,
attachée de coopération à l’Ambassade de France, Suheil al Kach, professeur
à l’université libanaise, Hervé Lecuyer, professeur à l’U.S.J. Présentateur-modérateur
Nadim Schoucair, journaliste.
La présentation sera suivie d’une signature ; elle aura lieu le jeudi
23 mai 2002, à 18h, salle des conférences du centre culturel français,
rue de Damas, Beyrouth.
Trois échantillons gratuits
:
1. Mademoiselle, le théâtre de la
sagesse, s’il vous plaît ? – On n’est pas d’ici. Ce regard malicieux,
c’était pour me dire qu’elle avait compris que ce théâtre n’existait
pas en Avignon. Elle s’est quand même arrêtée à ma hauteur, le sac en
bandoulière et la main droite qui s’y accrochait pour plus de contenance.
Son sourire était si encourageant, – une véritable aubaine pour le grand
timide que je suis, que je l’ai invitée à se joindre à moi autour d’un
café, sur une de ces places dont seule la France a le secret. Ah ! cette
douce France, une affaire de cœur ! On ne trouve ça ni dans les pays
rhénans, ni Outre-Atlantique, ça grouille tellement de monde de toutes
les couleurs. ?a murmure, ça ronronne, ça se dispute, ça gigote, ça
remue... Et quelle belle source d’eau sur cette place ! Et je ne vous
dis rien de ces maisons en briques rouges ou en vieilles pierres de
pays qui contrastent, malgré la beauté sublime du pays du cèdre, avec
les vilains immeubles de Beyrouth.
2.On était vendredi. Le lendemain
je retournais à Bourgoin. Je devais d’abord emprunter à quelqu’un un
peu d’argent. Mais je n’ai trouvé personne. J’assistais à tous les cours.
Avec plaisir, en plus. Un cours de Monsieur le Professeur Vincent, encore
un, et un autre de Monsieur Azéma. Un professeur sympathique, commercialiste
et libéral. Les mauvaises langues disaient qu’il était de droite. Moi
je le trouvais gentil. Je pensais, à cette époque d’engagement un peu
sectaire, qu’on ne pouvait pas être de droite, pro-capitaliste et gentil
à la fois. Ce vendredi, j’ai pris moi-même mes cours. Et pour une fois,
comme tous les étudiants français, je m’apprêtais à partir en week-end
moi aussi. J’étais même privilégié, puisque moi, je ne partais pas vers
de vieux parents par obligation mais vers Marie, ma copine, ma moitié,
ma femme à moi, qui allait m’attendre à la gare et avec qui j’entrevoyais
déjà la belle nuit qui nous attendait, le bon plat avec mille ingrédients,
une quiche lorraine par exemple, rien qu’en entrée, avec ces petits
morceaux de lard fumé, de la crème fraîche et aigre.
3.C’est que chez Marie ces épices
t’appelaient de loin, leur présence embaumait, je suppose que chez moi
elles devaient être bien cachées dans le grenier ou bien on ne devait
pas les utiliser souvent. Ce sont des aromates, des petits riens qui
font quelquefois basculer les choses et les concepts, qui vous font
passer brusquement d’un plat ordinaire à un mystère, à un amour, à une
belle histoire : laurier, thym, basilic, gingembre, girofle, origan,
romarin, safran... Enfin tout était doux dans cette maison. Effectivement,
Marie était une fille sincère. Une fois chez elle, on s’apercevait qu’elle
était quelqu’un de vrai. J’ai compris cela quand elle m’a présenté ses
amis. Ritou, Bibi, Tonton, Quiqui, Riri, Ahmad, Bouch... Une dizaine
de jeunes, filles et garçons, dont aucun ne m’a été présenté par son
vrai prénom, ce qui voulait dire que leurs relations étaient plutôt
du genre mignon, humain, peu compliqué, égalitaire, socialiste, et même
mieux que ça, communiste libertaire. [1][1][1] Signature au centre culturel
français de Beyrouth le 23 mai, 16h, 2002. Deux signatures en France
(sud et Paris dates à déterminer), probablement été 2002. Georges Saad
Tant de Libanais qui ont passé quelques années en France
pour y étudier pourront certainement s'identifier au personnage
de l'ouvrage...
LibanVision souhaite le meilleur succès à
"Marie-Luce Bruyère ou la vie d’un étudiant
libanais en France "
Georges Saad
un livre au coeur de la francophonie libanaise!
et aussi:
«Le couvent de la Lune» de
Carole Dagher,
ou Deir el-Kamar à travers le temps
Premier roman d’une trilogie aux éditions Plon
Carole Dagher : Le recours a l'histoire , pour comprendre
le present
Auteur de trois essais politiques sur le Liban et le Moyen-Orient,
Carole Dagher, journaliste et chercheur associé à l’Université de Georgetown,
signe aujourd’hui une fresque historique et sentimentale, flash-back
sur le Liban du XIXe siècle. «Le couvent de la Lune», premier roman
d’une trilogie aux éditions Plon, transporte le lecteur au temps de
l’émir Béchir II Chéhab, période faste en évènements, intrigues, prouesses
militaires, témoignages d’amitié et de loyauté.
De la cour de Deir el-Kamar à Constantinople, de Damas à Saint-Jean
d’Acre, il y a là les personnages illustres de l’époque et ceux imaginés
par la romancière. Les faits sont vus et vécus par le jeune héros Kérim,
idéaliste chef de cavalerie de l’émir. Quelles sont les raisons qui
ont poussé Carole Dagher à écrire ce roman ? « Curieusement, et en dépit
du fait que le XIXe siècle fut un siècle foisonnant et déterminant dans
l’histoire des nations, orientales aussi bien qu’européennes, il reste
à découvrir par le grand public, souligne la jeune écrivain. Le XIXe
siècle fut le terreau des grands conflits du XXe siècle en Orient. Le
rôle décisif joué par la France, l’Angleterre et subsidiairement la
Prusse, l’Autriche et la Russie dans l’Empire ottoman reste aussi méconnu
en France qu’il l’est en Orient.
Au Liban, entre l’histoire de la conquête arabe et celle de la France,
des générations de Libanais ont grandi à l’école sans rien apprendre
de l’histoire de leur pays autre que ce que les uns et les autres ont
bien voulu leur distiller à des fins politiques, poursuit-elle. Cette
négligence n’est pas innocente : parce que l’histoire pèse encore lourdement
dans l’inconscient collectif, parce que l’on n’ose pas l’assumer de
crainte qu’en remuant la cendre, l’on ranime une braise toujours ardente,
parce que l’on préfère éviter ce que l’on ne sait pas aborder de manière
scientifique, non passionnelle, dans cet Orient de tous les déchaînements,
l’on a préféré démissionner ». Le romantisme aussi… « Un souci de romantisme
et d’esthétique a présidé à l’écriture du “ couvent de la Lune” , affirme
Dagher.
Il s’agit de faire revivre le Levant riche en couleurs des grands voyageurs,
peintres, écrivains, explorateurs et consuls européens du XIXe siècle.
Le monde d’aujourd’hui a besoin de rêve et de dépaysement ; cet ouvrage
se propose de répondre à ce besoin. Ce souci de romantisme est couplé
à un autre, qui lui est corollaire : le souci d’authenticité. Il m’a
guidée dans la peinture des mœurs et traditions, des costumes et d’un
style de vie aujourd’hui disparus ou ne survivant plus que dans des
villages reculés. Cela ajoute un parfum d’exotisme à l’œuvre ».
Carole Dagher s’est installée pendant 6 mois dans une maison de Deir
el-Kamar. S’imprégnant de l’atmosphère du village, entreprenant des
recherches sur le terrain, fouillant les archives des grandes familles
de la région, revivant les us et coutumes des ancêtres à travers divers
témoignages. Les faits historiques sont authentiques. Les personnages
qui évoluent autour de l’émir ont existé. « Je n’ai pas porté de jugement
sur telle ou telle personnalité », note Carole Dagher. Pour cela, il
fallait entrer dans la peau des personnages. Imaginer leurs motivations
et réactions. Et les expliquer plutôt que de les condamner. «L’autorité
et la rigidité de l’émir Béchir sont légendaires. Il a gouverné d’une
poigne de fer. Les Libanais sont divisés à son propos. Certains le voient
comme un despote, ils le tiennent responsable de nombreux malheurs.
D’autres le considèrent comme un héros, un des fondateurs du Liban moderne
». Parler d’un personnage aussi controversé est une entreprise assez
audacieuse. Elle en est consciente. « À des moments, je sortais épuisée
du travail d’écriture », dit-elle. « Mais si on le présente de manière
à rendre toutes les contradictions des personnages, c’est honnête. Les
lecteurs jugeront par eux-mêmes ». Acte donc.
LibanVision Mai 2002
avec
le concours de
Francophonie - Création de l’Association internationale
des libraires francophones
Une vingtaine de libraires venant de dix-huit pays francophones, réunis
le 27 mars 2002 au siège de l’Agence intergouvernementale de la francophonie,
ont créé l’Association internationale des libraires francophones.
Objectifs : dynamiser la diffusion du livre francophone et développer
la solidarité professionnelle, notamment entre libraires du Nord et
du Sud.
L’idée de créer cette association s’était imposée
comme une nécessité en octobre dernier, à Beyrouth, lors d’un colloque
qui a réuni pour la première fois une quarantaine de libraires francophones.
Le colloque avait été organisé par l’agence en partenariat avec France
Édition, en réponse à l’initiative de libraires libanais. L’Association
internationale des libraires francophones a pour principaux objectifs
de dynamiser la diffusion du livre francophone et de soutenir les libraires
– qui souffrent souvent d’isolement, en particulier dans les pays du
Sud – en instaurant des mécanismes de partage et de solidarité entre
libraires du Nord et du Sud, en recensant leurs besoins et en collectant
et diffusant l’information qui les intéresse. Sur la base des propositions
concrètes formulées lors du colloque de Beyrouth, six axes de travail
ont été dégagés par l’association, notamment dans les domaines de la
formation, la diffusion et l’informatisation. Des jumelages entre librairies
sont envisagés dans le but de promouvoir l’esprit de réseau.
L’Association internationale des libraires
francophones s’est dotée d’un conseil d’administration dont le coordonnateur
est le libraire libanais, Michel Choueiri.
A la Une ce mois-ci:
Aux Editions l'Harmattan:
Faites tomber les murs, le défi du Liban de l'aprés-guerre*
par Carole Dagher
L'auteur propose au lecteur une reflexion sur
l'idée libanaise avec le recul de la guerre, transmet sa croyance
en la réalité de ce rêve, pronant davantage la Libanité
du monde arabe que l'arabité du Liban.
Elle milite ainsi pour une plus grande implication des Chrétiens
du Liban, dont la présence apporte la richesse et la complémentarité
qui en font sa spécificité.
Or, que deviendrait celle-ci, faite de dialogue, pluralisme et respect
si le reflexe était la fuite face à certaines peurs.
De leur comportement dépendent en grande partie l'avenir du Liban
et ses chances de survie, la vision partagée d'un pays et d'une
idée commune.La priorité consiste donc à restaurer
l'âme du Liban selon la formule de l'Avocat et penseur Pharès
Zoghbi lors d'un débat organisé en Mars à Beyrouth
à l'occasion de la présentation de ce livre lucide et
courageux qui pose certainement la vraie problématique libanaise
du moment.
* Original écrit
en Anglais sous le titre "bring down the walls"-éditions
St Martin's Press -Mc Millan
" Communiqué Libanvision
"
Retour sur la Forte Présence
Libanaise au Salon du Livre de Paris
du 22 au 27 Mars 2002
Participation du Liban, pour
la 1ère fois, au Salon du Livre de Paris, Porte de Versailles, du 22
au 27 mars 2002
avec:
Un stand d'éditeurs libanais francophones
Une expo sur Gibran,
ainsi qu'une
Table ronde "Le Liban en toutes lettres" le 23 à 17 h 30,
salle Leopardi, au Salon, avec
des écrivains libanais francophones.
Renseignements sur le site
officiel du Salon
La Maison du Livre
à Beyrouth
Inauguration
le 27 Février
Un triple objectif : information, formation et diffusion
La Maison du livre francophone, passeur de culture
L’ouverture officielle, hier soir, de
la Maison du livre francophone, n’a fait, semble-t-il, que des heureux,
à commencer par les fondateurs eux-mêmes. En effet, Nadim Tarazi et
Michel Choueiri, les deux professionnels du livre à l’initiative du
projet, ont vu celui-ci se réaliser 26 mois après son ébauche d’origine.
Le ministère de la Culture ensuite – ou devrait-on simplement dire Ghassan
Salamé ? –, qui voit dans la création de cet espace de quoi «reprendre
espoir dans la vitalité du peuple libanais». Le représentant de l’Agence
internationale de la francophonie enfin, Roger Dehaybe, venu pour l’occasion
et décoré pendant son bref séjour de l’insigne de grand officier de
l’Ordre du Cèdre par le président de la République. M. Dehaybe a félicité
le comité fondateur de contribuer à consolider «la grande politique
de la diffusion de la culture francophone». Quant à Sélim Abou, recteur
de l’USJ, il a déclaré avoir été convaincu, de même que René Chamussy,
vice-recteur aux ressources humaines, et Bruno Sion, vice-recteur à
l’administration, par «le triple objectif que se propose la Maison du
livre, à savoir l’information, la formation et la diffusion».
Les trois piliers fondateurs
Les trois piliers fondateurs de la Maison du livre ont
été explicités par Nadim Tarazi, qui a choisi, au début de son intervention,
de «définir la MDL par ce qu’elle n’est pas» :
*plutôt qu’une librairie, «elle se propose d’être un relais international
d’informations sur les publications francophones et une vitrine permanente
de nouveautés» ;
*plutôt qu’une bibliothèque, «elle cherche à devenir un lieu de rencontres
et d’échanges autour du livre» ; plutôt qu’une maison d’édition, «elle
se veut une plate-forme de promotion de la production locale et internationale
francophone, au Liban et ailleurs» ;
*enfin, plutôt qu’une entreprise commerciale, «elle est une association
à but non lucratif, qui réalise ses activités grâce au soutien de ses
partenaires et des amis du livre».
Ces précisions données, Nadim Tarazi précise que la Maison du livre,
«dans sa dimension de diffusion, sera en mesure d’offrir des services
tels que l’accès à des sites et à des banques de données et la consultation
de catalogues ou de brochures». De plus, deux salles d’exposition permettront
«d’encourager la diversification et l’offre dans le marché du livre
et de sensibiliser le public à la qualité et à la variété dans ce domaine».
Dans sa dimension de formation ensuite, «la MDL propose des formations
en cours d’emploi et une formation de base, qui se ferait en coordination
avec l’USJ». Enfin, la dimension d’information et d’animation fait de
la MDL «un lieu de rencontres et d’échanges grâce à, entre autres, des
ateliers d’écriture, un café littéraire et des projets communs avec
d’autres domaines culturels».
Pour conclure, Nadim Tarazi évoque l’écrivain Daniel Pennac qui a classé
les librairies selon deux catégories, les gardiens et les passeurs :
«La Maison du livre se situe résolument du côté des passeurs». Dans
un avenir proche, l’espace devrait former un pôle culturel avec la Bibliothèque
orientale, le Musée libanais de la préhistoire, le théâtre Monnot et
la crypte de l’église Saint-Joseph.
Panorama de l’édition locale francophone
Dans la crypte où s’est déroulée hier l’inauguration
officielle, la Maison du livre a présenté sa première exposition, à
découvrir pendant une semaine, axée autour de l’édition locale francophone.
Presque tout le paysage éditorial libanais a été réuni, à travers 60
maisons et 900 ouvrages, depuis l’ouvrage d’art au manuel scolaire,
en passant par les éditions scolaires et universitaires. Quant au poète
et peintre Alain Tasso, il expose huit ouvrages de son cru, issus de
sa propre maison d’édition et illustrés par des artistes tels que Charles
Khoury, Rita Awn ou Fayçal Samra.
La Maison du livre,
rue de l’Université Saint-Joseph. Tél.:
01-203 104.
E-mail : maisondulivre@usj.edu.lb
28.02.02
Créé par Nadim Tarazi et Michel Choueiri, le nouveau site
ouvrira ses portes fin février La Maison du livre, pour le plaisir de
la découverte
L’un a fermé sa librairie de la rue Monnot en
février 2001, l’autre vend toujours avec passion des livres à Badaro.
Mais tous les deux se sont accrochés mordicus à leur projet commun,
la Maison du livre. En annonçant
son inauguration prochaine, dans des locaux prêtés par la
Bibliothèque orientale, rue de l’Université Saint-Joseph, Nadim
Tarazi -à G- et Michel Choueiri -à D-affichent
le sourire des persévérants récompensés, un jour ou l’autre, de leurs
efforts déployés pour que le livre ne meure pas : «Nous nous connaissons
depuis 1978», racontent-ils, un œil vigilant sur les travaux en cour
dans leurs locaux. «Ce n’est que l’année dernière que nous avons travaillé
ensemble pour la première fois en organisant, il y a quelques mois,
le colloque des libraires francophones». En décembre 1999, alors que
Daniel Le Goff était encore à la tête du Bureau du livre du Centre culturel
français, l’idée d’une «maison du livre» est lancée. Les deux libraires
la saisissent au vol, en particulier Nadim Tarazi, qui a «toujours énormément
misé sur les activités annexes à la librairie» : rencontres et découvertes
d’auteurs et de maisons d’édition, expositions autour d’un thème spécifique.
Mais, faute de moyens, ces projets sont la plupart du temps restés au
fond d’un tiroir.
La librairie au Liban : carences et demandes
de formation
Retour en 1995 : France-Éditions propose à Beyrouth
un stage de formation pour libraires professionnels. Le succès est certain
mais incomplet. Après de nombreux pourparlers, la société française
revient dans la capitale libanaise, encouragée par l’enthousiasme et
le travail de fourmi réalisé par le tandem Tarazi-Choueiri, qui sont
arrivés à prouver l’importance d’une formation complète et continue.
En avril 2001, plus d’une soixantaine de libraires s’inscrivent aux
stages de formations de formateurs, de bibliothécaires et de libraires
: «Selon le syndicat des libraires, il y aurait au Liban quelque 150
“librairies” dont à peine le tiers possède un rayon livres», explique
Michel Choueiri, membre de ce syndicat. «Le succès de ce stage prouve
combien les besoins sont importants et les carences grandes». En effet
: certains libraires n’ont jamais utilisé un ordinateur, d’autres ne
savent pas ce qu’une gestion de stocks veut dire ; certains gérants
ne cèdent aucune responsabilité à leurs vendeurs tandis que certains
responsables de rayons sont incapables d’épeler correctement le nom
d’un auteur classique. La liste est longue mais les espoirs sont grands.
«Après ce stage, certains vendeurs se sont vus valorisés pour leur travail,
d’autres libraires ont fait de grands changements dans leurs locaux
tout comme pas mal d’autres sont restés les mêmes», concluent les deux
compères en souriant.
Les jésuites et l’Agence internationale de
la francophonie :
les bons génies Ils se sont rapidement tournés vers
l’Agence internationale de la francophonie, qui est restée assez longtemps
dans le même état d’esprit : enthousiaste mais attendant des faits concrets.
Sélim Abou, recteur de l’Université Saint-Joseph, soutenu par René Chamussy,
grand défendeur du projet, ont eu vent du projet qui correspondait parfaitement
à leur désir de voir se transformer le secteur Bibliothèque orientale-Musée
de Préhistoire-Crypte-Théâtre Monnot en un pôle culturel d’envergure.
La Maison du livre de Nadim Tarazi et de Michel Choueiri trouvait naturellement
sa place dans cette arborescence. Résultats : la rentrée universitaire
2002 de l’USJ inaugure une formation, à partir de la licence, vers les
métiers du livre, et la Maison du livre trouve un appui de taille, qui
convainc aussitôt l’agence. Plus d’un million de francs est débloqué
et les travaux commencent dans 300 m2 attenant au bâtiment de la Bibliothèque
orientale. «Les locaux de la Maison du livre seront dès le mois de février
composés de trois pièces, poursuivent les initiateurs. Une pour l’administration,
une autre réservée à l’information – celle-ci est équipée de 11 ordinateurs
reliés à une banque de données permettant d’accéder à la vie internationale
francophone du livre ; une dernière enfin, la “salle de montre”, qui
présentera régulièrement une actualité ou proposera de découvrir une
maison d’édition, un auteur, un thème».
Les idées foisonnent et les envies ne s’arrêtent pas là, comme celle,
en particulier, d’encourager les libraires, les médias et tous les acteurs
de la vie francophone à intégrer la Maison du livre. Nadim Tarazi et
Michel Choueiri ont gagné leur pari. Que ceux qui les aiment, eux et
le livre en français, les suivent.
Diala GEMAYEL
7.1.02
Découverte...
Le Liban en Bande Dessinée
!
dans la série Carnets d'Orient de Jacques Ferrandez
Aux éditions Casterman, la célèbre
maison d'édition de Tintin
Une très bonne idée
de Cadeaux....
et toujours...
LA FRANCOPHONIE
et
le
DIALOGUE DES CULTURES
par Zeina el TIBI
Photo de la Couverture
Avant-propos
du général Emile Lahoud, Président de la République du Liban, Préface
de Bernard Landry, Premier ministre du Québec
Dans la perspective du IXè Sommet des chefs d'Etat et
de gouvernement de la Francophonie internationale à Beyrouth, une réflexion
sur le dialogue des cultures était nécessaire pour fixer un certain
nombre d’idées sur cette question essentielle qui met en jeu la préservation
de la diversité culturelle des nations face au défi d'une mondialisation
qui, non régulée et non organisée par la volonté des Etats - nations
, seuls représentants légitimes des peuples, pourrait conduire à une
uniformisation générale et à un laminage des cultures. Le monde du XXIè
siècle sera-t-il celui de la diversité ou de l'uniformité qui n'est
jamais rien d'autre que le totalitarisme? Dans quelle mesure la Francophonie
internationale, qui rassemble 55 Etats et gouvernements, peut-elle apporter
une réponse à ce défi et à quelles conditions?
Pour mener cette réflexion, plusieurs
personnalités du monde francophone et des responsables d'organisations
internationales ont bien voulu répondre à une enquête qui a fait l’objet
d'une série d'entretiens parus dans l’hebdomadaire la Revue du Liban.
Le danger était de susciter une succession de discours semblablement
lénifiants. Or, si les diverses personnalités interrogées, représentant
des cultures et des courants d’idées fort différents, sont d’accord
sur le fond, il est notable que chacune d’entre elles a apporté une
contribution originale, posé des problèmes précis, proposé une analyse
d’envergure. Sans doute faut-il voir dans cette originalité des contributions,
le symbole même de la diversité que défend précisément la Francophonie.
A la menace d'un choc des civilisations
que certains prophétisent; à l'incompréhension et à l'injustice qui
nourrissent les fanatismes de toutes sortes, il faut répondre par le
dialogue des cultures qui seul permettra la construction d'un monde
plus serein. C'est l'objet de la Francophonie internationale qui, selon
Zeina el Tibi, propose "une nouvelle grille de lectures des relations
internationales fondée sur la prise en compte de la dignité des peuples
et des nations et sur l’exigence d’un développement plus équilibré et
plus harmonieux de notre planète
." Préfacé par le président de la République
du Liban, le général Emile Lahoud et le Premier ministre du Québec,
M. Bernard Landry, l'ouvrage comprend des entretiens avec le ministre
des relations internationales du Québec, Louise Beaudoin; l'écrivain
algérien Slimane Benaïssa; le secrétaire général de l'OIF, Boutros Boutros-Ghali;
le président de l'assemblée nationale du Québec, Jean-Pierre Charbonneau;
l'ancien ministre des affaires étrangères Hervé de Charrette; le député
européen Paul-Marie Coûteaux; le secrétaire général de l'Agence de la
Francophonie Roger Dehaybe; le sénateur Adrien Gouteyron; l'ambassadeur
de la Ligue arabe Nassif Hitti à Paris; l'ambassadeur Antoine Jemha;
le ministre français de la Coopération et de la Francophonie, Charles
Josselin; l'écrivain québécois Jean-Marc Léger; le ministre de la culture
du Québec Diane Lemieux; l'écrivain congolais Henri Lopès; le directeur
général de l'Unesco, Koïchiro Matsuura; Luc Plamondon; l'écrivain français
Charles Saint-Prot; le ministre de la culture du Liban, Ghassan Salamé;
Philippe Séguin; le poète libanais Salah Stétié; le président de la
République du Sénégal, Abdoulaye Wade.
Zeina El Tibi en compagnie de Luc Plamondon
Metteur en scène de "Notre Dame de Paris"
Issue d'une vieille famille de la presse libanaise,
fille de Wafic el Tibi, propriétaire du quotidien al Yom et qui a été
l'un des pionniers de l'enseignement du journalisme à l’Université libanaise,
Zeina el Tibi collabore à plusieurs publications libanaises et françaises.
Editions L'Age d'Homme (Paris/Lausanne)
Editions Dar al Moualef (Beyrouth)
Communiqué
Présentation à Paris du livre La Francophonie
et le dialogue des cultures de Zeina el TIBI (éditions l'Age d'homme)
Le 22 janvier 2002, à Paris, la journaliste libanaise
Zeina el Tibi, collaboratrice à l'hebdomadaire La Revue du Liban, a
présenté son livre La Francophonie et le dialogue des cultures, paru
aux éditions l'Age d'homme. Sous le haut patronage de Boutros Boutros-Ghali,
secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie,
cette présentation s'est déroulée lors d'une réception à l'Office du
tourisme du Liban, en présence de nombreuses personnalités de la Francophonie,
d'hommes politiques et d'intellectuels.
Plusieurs représentants du corps diplomatiques étaient également présents
dont l'ambassadeur du Liban, M. Elysé Alam et l'ambassadeur de la Ligue
des Etats arabes, M. Nassif Hitti. Tout en proposant de nombreuses réflexions
sur la question nationale québécoise, le dialogue avec le monde arabe,
les défis de l'Afrique, la Méditerranée, les enjeux de la mondialisation-américanisation,
ce livre présente une analyse très pertinente de ce que pourrait être
une grande ambition francophone qui pourrait participer à l'organisation
d'un nouvel ordre mondial.
Ainsi, Zeina el Tibi souhaite que "la Francophonie propose une nouvelle
grille de lectures des relations internationales fondée sur la prise
en compte de la dignité des peuples et des nations et sur l'exigence
d'un développement plus équilibré et plus harmonieux de notre planète".
" La Francophonie et le dialogue des cultures " est
préfacé par le général Emile Lahoud, président de la République libanaise,
et par Bernard Landry, Premier ministre du Québec.
Ce livre comprend des entretiens avec de Louise Beaudoin, ministre des
relations internationales du Québec; l'écrivain algérien Slimane Benaïssa;
le secrétaire général de l'OIF, Boutros Boutros-Ghali; le président
de l'assemblée nationale du Québec, Jean-Pierre Charbonneau; l'ancien
ministre des affaires étrangères Hervé de Charrette; le député européen
Paul-Marie Coûteaux; le secrétaire général de l'Agence de la Francophonie
Roger Dehaybe; le sénateur Adrien Gouteyron; l'ambassadeur de la Ligue
arabe Nassif Hitti; l'ambassadeur Antoine Jemha; le ministre français
de la Coopération et de la Francophonie, Charles Josselin; l'écrivain
québécois Jean-Marc Léger; le ministre de la culture du Québec Diane
Lemieux; l'écrivain congolais Henri Lopès; le directeur général de l'Unesco,
Koïchiro Matsuura; Luc Plamondon; l'écrivain Charles Saint-Prot; le
ministre de la culture du Liban, Ghassan Salamé; Philippe Séguin; le
poète libanais Salah Stétié; le président du Sénégal, Abdoulaye Wade
L'Identité
pluriculturelle Libanaise par Bahjat Rizk , aux éditions
IDLIVRE.com
, collection " Esquilles ".
et
Culture Libanaise
et Francophonie par
A.H Mourany,
aux éditions Dar al Mashrek, Librairie Orientale
Vient de paraître
aux Éditions Autrement, Paris
« Beyrouth, la brûlure des rêves
», une ville terrifiante, tendre... en quête
d’auteur ---
La couverture de l’ouvrage.
Beyrouth «ne ressemble plus à rien à
force de s’être brûlée à l’imaginaire des autres», dit l’architecte
Jade Tabet qui a dirigé la réalisation de l’ouvrage «Beyrouth la brûlure
des rêves».
Aux Éditions Autrement, Paris, et bientôt chez nos libraires. Le volume,
qui déroule 221 pages, est illustré de croquis, type bande dessinée,
signés Jacques Liger-Belair. Ils représentent des instants volés au
grand chambardement et les quartiers réhabilités de Foch-Allenby et
de la place de l’Étoile. En annexe, une chronologie synthétique de l’histoire
de la ville, de ses lointaines origines, en l’an 5 000 avant Jésus-Christ,
jusqu’à l’an 2000.
Voilà donc Beyrouth démythifiée, banalisée. Il ne s’agit plus de chanter
la ville sept fois détruite sept fois reconstruite. Ni de la représenter
à travers des clichés, comme la place du farniente au Moyen-Orient autrefois
alanguie dans ses habits de lumière avant de sombrer sous le déluge
du feu et du fer. Ni de débattre des rêves réalisés ou avortés de la
reconstruction. Ce n’est pas un livre d’histoire ou d’urbanisme. Mais
une série de réflexions sur «une ville irresponsable où se croisent
sans se voir les rescapés des utopies d’hier, les nostalgiques de l’islam,
les nouveaux riches et les miliciens devenus hommes d’affaires».
Un groupe d’architectes, d’historiens,
de politologues, de sociologues et d’écrivains tissent une histoire
dans laquelle le passé éclaire le présent. En se fixant un but : trouver
ou «imaginer, avant qu’il ne soit trop tard, des espaces ouverts à la
pluralité des cultures et des appartenances, où l’expression des différences
ne vienne pas, à chaque fois, remettre en cause les bases de la convivance»,
explique Jade Tabet.Il n’en fallait pas beaucoup pour faire plancher
sur le sujet Adonis, Amin Maalouf, Élias Khoury, Samir Kassir, Ahmad
Beydoun, Fawaz Traboulsi, Omar Boustany, Bilal Nsouli, Jihane Sfeir
Khayat, Christine Delpal, Jean Hannoyer, Élisabeth Picard et Maud Santini.
Comme un personnage de Pirandello Beyrouth, miroir aux alouettes où
le luxe masque une misère silencieuse. Laboratoire de populations, de
cultures et d’expériences intellectuelles menacées par les possibles
totalitarismes ou déchirés entre la globalisation uniformisante et les
replis identitaires.
Grammaire complexe d’une ville à différentes facettes, rétive rebelle,
à l’ordre, à la rationalité, mais toujours fascinante, attachante. Et
pour cause, vers elle ont convergé «les révolutionnaires du monde arabe
et d’ailleurs, Égyptiens, Irakiens, Syriens, Yéménites, ceux du Golfe
et de l’Arabie, mais aussi les déçus de toutes les révolutions avortées,
les Brigades et les Fractions rouges du monde entier, les Zenkaguren
japonais, et les aventuriers de tous bords : la guerre civile libanaise
aura aussi son côté guerre civile espagnole, où les membres des brigades
arabes et internationales mèneront les guerres de substitution qu’ils
n’ont pas pu ou pas voulu entreprendre dans leur propre pays», écrit
Fawaz Traboulsi.
Aujourd’hui, après avoir été jusqu’au bout de ses fantasmes auxquels
on l’a si souvent identifiée, au point de s’y détruire, «Beyrouth se
retrouve désemparée, comme à la recherche d’un rôle que personne ne
veut plus lui proposer. Elle ressemble de plus en plus aux personnages
de Pirandello, une ville en quête d’auteur…», ajoute Traboulsi. Beyrouth
de l’après-guerre ne sait plus où elle en est, ne sait plus que faire
ou que dire de son conflit entre la culture du mythe et celle de la
vie. «La première se nourrit de nostalgie, d’antiquités et d’oubli.
La seconde se construit à partir de la mémoire critique et de la multiplicité
des formes du vivre ensemble. Partant de l’hypothèse que la culture,
l’écriture et les arts sont des formes de la vie elle-même, et non pas
de simples expressions de la vie, elle tente de peindre une grande fresque
pluraliste qui intégrerait les différences en s’appuyant sur l’expérience
vécue et les pratiques de la quotidienneté. Ce conflit culturel se produit
dans un monde où la perte des repères traditionnels, sacrifiés sur l’autel
de la rentabilité économique, se conjugue avec un accouplement hybride
entre une modernité devenue postmoderne et une obéissance aveugle aux
valeurs religieuses et sociales les plus rétrogrades. C’est dans ce
conflit que naît le nouveau Beyrouth : non plus une ville arrogante
par son assurance, unifiée dans le mythe d’un passé idéalisé ou d’un
futur projeté à l’image de ce passé, mais une terre de conflits, de
turbulences et de rêves. Un lieu terrifiant et tendre, beau et laid
à la fois», écrit Élias Khoury.
Beyrouth, c’est aussi le camp misérable
de Chatila. Jihane Sfeir-Khayat, jeune historienne, a interviewé des
Palestiniens qui y sont nés et qui ont décidé d’y rester parce que ce
camp est leur seule Palestine même si maintenant tous les crève-la-faim
de Beyrouth (Syriens, Kurdes, Sri Lankais, et même Libanais) y sont
installés. De l’autre côté de la barrière, les îlots rénovés du centre-ville,
les quartiers bouillonnant de vie de la célèbre corniche, et au centre
du spectacle, la boîte la plus branchée, la plus insolente : le B018
où l’on vient «s’ébattre frénétiquement» et rencontrer les filles. «Une
charge érotisée label Méditerranée qui a vite fait de vous électriser
ou de vous tétaniser», écrit Omar Boustany. «Aguicheuses, enjouées,
bêcheuses, allumeuses, nombril découvert parfois, souvent. On se trémousse,
on fait la moue, on allume la galerie. À la libanaise, même techno,
c’est baroque !». Beyrouth qui parle de calumet de la paix depuis 1990,
veut s’étourdir pour oublier «l’ordinaire de la normalité».
Mais les clivages subsistent ! «Les habitants de Beyrouth continuent
à discuter la question de savoir ce qu’ils sont réellement : Arabes
ou non ? Libanais ou plus ? surhommes ou sous-monstres ?», note Ahmad
Beydoun.
Fragments d’une ville telle qu’elle est ressentie du dedans par les
auteurs. Fragments d’un quotidien passé souvent sous silence. Morceaux
choisis qui traitent de la vie dans ce qu’elle a de moins grandiose
et donc de plus réel et qui demande autant d’implication du lecteur
qu’il en a exigé de l’auteur.
M.M.
L'Orient-le Jour 29.10.2001
Depuis le 20 0ctobre 2001, 14 centres "CLAC"au
Liban
article
de l'Orient-le Jour du
22-10-2001
--- Roger Dehaybe - en photo ci-dessus -
, administrateur général de l’Agence francophone,
de passage à Beyrouth pour l’inauguration des Clac.
Rencontre - L’Agence intergouvernementale
de la francophonie est un soutien au développement, explique Roger Dehaybe.
Quatorze centres de lecture et d’animation culturelle inaugurés samedi
dernier
----
Malgré l’ajournement du Sommet, l’Organisation
internationale de la francophonie continue de poursuivre son programme
au Liban. En effet, après des manifestations comme «Ciné Caravane» en
juillet dernier ou comme le colloque des libraires francophones il y
a quelques semaines, c’était au tour de l’inauguration, samedi 20 octobre,
de 14 Clac (Centres de lecture et d’animation culturelle) à travers
le pays, en présence de Roger Dehaybe, administrateur général de l’Agence
intergouvernementale de la francophonie.
Rencontre avec un Belge, amoureux d’une langue, le français,
et d’une notion : le dialogue des cultures.
«Le dialogue des cultures, dont on parle beaucoup ces
temps-ci, existe depuis la création, le 20 mars 1970, de l’Agence de
la francophonie, initiée par trois chefs d’État, le Sénégalais Léopold
Sedar Senghor, le Tunisien Habib Bourguiba et le Nigérien Hamani Diori»,
explique Roger Dehaybe. «Elle se devait alors d’instaurer un dialogue
intergouvernemental et d’encourager la diversité culturelle». Le respect
de la culture d’un pays ou d’une communauté est en effet le noyau fondateur
de l’institution : «Ce n’est pas la langue française qui nous importe
en premier lieu, comme on pourrait d’emblée le penser, souligne-t-il.
L’Agence est avant tout un organisme de soutien et de développement
: en clair, cela veut dire que le respect de la langue de la communauté
est essentiel et que nos actions se limitent à souder les liens des
gens d’un village ou d’une bourgade, les aider à fonder une structure
qu’ils prennent eux-mêmes en charge». Mais il est vrai que l’Agence
continue de se battre pour que le français soit conservé au sein du
Conseil de l’Union européenne comme «langue internationale», souvent
deuxième langue des pays africains ou autres.
Agir ensemble
Le Clac est une illustration parfaite de la préoccupation
culturelle de l’Agence : «À la demande d’une municipalité, un Clac est
inauguré», poursuit Roger Dehaybe. «Rien n’est jamais imposé, ce qui
serait en effet une aberration. Ce centre fait office de bibliothèque
(environ 2 000 ouvrages), mais aussi et surtout de lieu de rencontre
: c’est pour cela que la plupart des centres sont ouverts dans les milieux
ruraux. Ceux-ci sont désertés à cause de l’exode vers la ville et la
communication entre ceux qui sont restés est rompue. Le Clac leur donne
une occasion de se retrouver». De se retrouver, mais surtout d’agir
ensemble. Roger Dehaybe donne l’exemple d’un Clac d’Afrique qui a donné
la possibilité au village où il était installé de lutter efficacement
contre une invasion endémique de déchets urbains ; d’un autre, toujours
sur le même continent, qui est parvenu, avec ses propres moyens, à maîtriser
la présence gênante de rats ou encore de celui dont les jeunes ont lancé
une campagne efficace contre la poliomyélite. Belles réussites «Un des
beaux exemples de la réussite de la politique de coopération de l’Agence,
ce sont les radios locales», renchérit l’administrateur général. «Elles
sont fondées avec notre soutien puis entièrement prises en charge par
les gens de la communauté. Elles émettent à 90 % dans la langue parlée
et sont en contact direct avec la vie quotidienne du village : annonce
de décès, aide aux malades, conseils, etc. La formule est efficace et
il existe à ce jour 50 radios de ce genre». «De la culture vers le développement»
: c’est l’étendard, discret mais prégnant, de l’Agence francophone.
«La francophonie, ce n’est rien d’autre que l’utilisation d’une langue
pour le développement», affirme Roger Dehaybe.
L’inauguration, samedi dernier, des Clac de Bint Jbeil, Hasbaya,
Jbaa, Barja, Jab Jenine, Mansoura, Bednayel, Bickfaya, Kfarzebian,
Amioun, Halba, Kobeyat, Haret Hreik et Sin el-Fil continue l’expérience
sur un sol francophone, avec cependant trois nouveautés : «Pour la première
fois, nous inaugurons un Clac dans un milieu urbain comme Beyrouth,
précise l’administrateur général. Ensuite, nous avons tenu à ce que
la moitié du fonds de la bibliothèque soit en arabe. Enfin, les 14 centres
seront mis en réseau pour un meilleur suivi de leur actualité». L’Agence
intergouvernementale de la francophonie, dans son travail depuis 31
ans sur «la coopération Nord-Sud d’un point de vue culturel», est une
authentique réussite, ce qui permet à Roger Dehaybe de conclure sur
une note enthousiaste : «Notre action est certainement un modèle pour
les politiques de coopération».
D.G.
- Lire
en français et en musique -
18 Novembre 2001
Le jury du Prix des Cinq
continents rencontre le public du Salon et récompense Yasmine Khlat
Les membres du jury réunis au «Café
littéraire» du Salon du livre.
(Photo Mahmoud Tawil)
Pour lancer son «Prix des Cinq continents»
à Beyrouth, à l’occasion du sommet reporté mais aussi de la dixième
édition de «Lire en français et en musique», bien présent, l’Agence
internationale de la francophonie, représentée pour l’occasion par son
administrateur général, M. Roger Dehaybe, a convoqué un jury à la qualité
très enviable. En effet, ses membres, sous la présidence de la poétesse
libanaise Vénus Khoury-Ghata, étaient JMG Le Clézio, Linda Lê, Andreï
Makine, Lyonnel Trouillot, René de Obaldia, Aminata Sow Fall, Leïla
Sebbar, Lise Bissonnette et Christiane Baroche. Lors du café littéraire
qu’ils ont donné ensemble samedi après-midi, ils ont évidemment débattu
du thème-phare, celui du «dialogue des cultures». Chacun y est allé
de son opinion, de son expérience, de ses espoirs et de ses angoisses.
Cinq continents, une seule planète C’est
avec beaucoup d’émotion et d’empressement que la présidente du jury
annonce le nom du lauréat, choisi par six voix contre quatre, celui
de la Libanaise Yasmine Khlat, pour son premier roman paru en janvier
dernier aux éditions du Seuil, Le désespoir est un péché. Avec une mention
spéciale pour le roman du Séoudien Ahmed Aboudehman, La Ceinture, publié
chez Gallimard. En compagnie du ministre de la Culture Ghassam Salamé
et de Roger Dehaybe, Vénus Khoury-Ghata remet à la lauréate le prix,
d’une valeur de 120 000 FF, ainsi qu’un stylo de collection signé Michel
Audiard (voir encadré). Le ministre, dans sa courte allocution, redira
son admiration pour les membres du jury qui, par leur présence, ont
opposé «au discontinu de la politique le continu de l’émotion» et rappelle
que «les cinq continents francophones sont une seule planète, celle
de tous les individus qui refusent les crispations identitaires et l’hégémonie
d’une langue unique».
* * *
Yasmine Khlat, l’art de l’ellipse
Près de 12 ans consacrés à une écriture
silencieuse et obstinée et qui aboutissent aux 87 pages – rédigées avec
une densité et une retenue exemplaires parce que réconciliées – du premier
roman de la Libanaise Yasmine Khlat, Le désespoir est un péché. Celui-ci
a pour héroïne Nada, une jeune femme devenue servante à l’âge de sept
ans chez les Nassour. Elle est aussi belle que bossue, ce qui est la
moindre de ses contradictions. Elle parle peu, travaille beaucoup, elle
est la risée des enfants du quartier et se fait quotidiennement humilier
par le fils aîné de la famille, Ichhane. Jusqu’au jour où celui-ci la
viole. Elle venait d’apprendre par le voisinage que la famille Nassour
était accablée d’un secret tragique. «J’ai rencontré une femme qui m’a
inspiré le personnage de Nada, explique laconiquement l’auteur. Celui-ci
est une alchimie du réel et de mon imaginaire». Yasmine Khlat préfère
évoquer la construction de son roman, «élaborée avec une petite série
d’éléments qui se répondent, une mélodie aux résonances très construites.»
Il semblerait, comme l’a constaté une lectrice proche de l’écrivain,
qu’«aucune phrase ne soit à retirer, l’essentiel est là, sans apprêt».
«C’est un travail réfléchi», répond l’intéressée. Alors dans ces paragraphes
ramassés, l’auteur découvre une famille traditionnelle libanaise dont
les membres quittent peu à peu la maison mère, celle qui, immuable,
constitue le squelette du roman. Après la souffrance, l’amour, parfois
L’épouse, décédée, brille par son absence qui scelle le destin. Nasri
Nassour, l’époux veuf, le père impuissant voit s’envoler ses enfants
: Nour et Omar se marient, Narimane se réfugie chez des cousins pour
fuir le vide laissé par le départ de sa sœur et Moha va apprendre la
musique à Beyrouth. Ne reste que son fils aîné, Ichhane, son espoir,
sa descendance, le violeur de servantes. Nada voudra en mourir, de ce
viol, alors Ichhane en mourra de honte, surpris par le voisinage alors
qu’il la maltraitait sur une plage. Il s’enfuira sans laisser de trace
et son père l’attendra jusqu’au bout : «Le désespoir est un péché»,
une phrase magnifique qu’il prononce dans sa souffrance qui sert de
titre au premier roman de Yasmine Khlat. Cette conviction, Nada la servante
la fait sienne. Car au bout du tunnel de la souffrance, il y a parfois
l’amour. Elle le connaît dans les bras de Taymour, le neveu de Nasri,
le fils d’un père meurtrier. Voilà le secret de la famille Nassour :
il est teinté de sang. Ce n’est pas celui de Nada qui, après la mort
du maître qu’elle idolâtrait, vit seule dans la grande maison. Taymour
vient l’y rejoindre jusqu’au jour où il ne la trouve pas. Nada est morte
mais Yasmine Khlat ne le dit pas. Nada et Taymour, issus de «castes»
différentes, ne se seraient jamais aimés au grand jour, mais là aussi,
la romancière fait une grande ellipse.
Pourtant, comme celle-ci le dit elle-même, «tout est là, évident». Son
roman laisse assurément une empreinte prégnante dans les émotions du
lecteur – le sujet est connu, voire sensible pour tout Libanais – et
dans ses appréciations purement littéraires. Douze ans de recherches,
de doutes, bref, de tout ce qui constitue la recherche d’une écriture
forgent une authentique personnalité d’auteur. Coup de maître ? Oui,
sans l’ombre d’un doute, parce que Yasmine Khlat n’a jamais désespéré
de mettre au monde un texte qui l’habite depuis longtemps : «On se débarrasse
de certaines images», ajoute-t-elle sans en dire davantage. Le Liban
a une nouvelle plume, une grande.
Voici
une bonne sélection Bibliographique sur le Liban dans divers domaines
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