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L'actualité des auteurs libanais:
baromètre de la réalité et de la vitalité
de la francophonie libanaise
Auteurs libanais francophones et
littérature franco-libanaise

Octobre 2009
Parution de Berlin 36 d'Alexandre Najjar

Vient de paraître Pour Alexandre Najjar, un écrivain se doit de « défendre des valeurs, pas des idéologies ». Fidèle à ses convictions, l'avocat-écrivain poursuit cet objectif de livre en livre. Et plus que jamais dans « Berlin 36 », son dernier roman, qui vient de paraître aux éditions Plon.

Ce roman est celui d’un événement : les jeux Olympiques de Berlin, organisés par le IIIe Reich en 1936. Autour de cette manifestation gravite une foule de personnages manipulateurs ou pittoresques : le Führer, bien déterminé à leurrer le monde en affichant un masque paci­fique de l’Allemagne ; Jesse Owens, l’athlète noir qui défiera les Nazis et leurs théories racistes en remportant quatre médailles d’or ; les ministres Goebbels et Göring, qui déploient mille stratagèmes pour instrumentaliser les Jeux ; le baron Pierre de Coubertin, icône déchue qui se fourvoie en soutenant les organisateurs ; Leni Riefenstahl, l’égérie du Reich, cinéaste exigeante et capricieuse chargée de fixer sur pellicule la spectaculaire mise en scène de l’événement ; Oskar Widmer, un pianiste de jazz qui, tant bien que mal, résiste à la déferlante nazie ; Pierre Gemayel, un jeune Libanais de passage, qui découvre avec étonnement l’envers du décor ; enfin, Claire Lagarde, une courageuse journaliste française qui, en couvrant les Jeux, rencontre subitement l’amour…

Dans un roman foisonnant, Alexandre Najjar met habilement en scène ces personnages, réels pour la plupart, fictifs pour quelques-uns, afin de nous raconter, comme une valse à trois temps, les jeux Olympiques de Berlin et dénoncer, à travers cet événement, le racisme et le terrorisme intellectuel qui sévissent encore de nos jours.

Né en 1967 au Liban, Alexandre Najjar est l’auteur de romans (dont Les exilés du Caucase, Le Roman de Beyrouth et Phénicia, prix Méditerranée 2009), de récits (L’Ecole de la guerre, Le Silence du ténor) et de biographies (Khalil Gibran), traduits dans une douzaine de langues. Avocat, responsable de L’Orient littéraire, il a obtenu le prix Hervé Deluen de l’Académie française pour sa défense de la francophonie au Moyen-Orient.


Alexandre Najjar devant le mémorial dédié à Jesse Owens à Oakville.

«Pour moi, Jesse Owens n'était pas seulement l'athlète accompli qui avait brillé aux Jeux olympiques de Berlin, c'était aussi l'homme qui avait surmonté la ségrégation qui minait son pays et ridiculisé les théories de la suprématie aryenne prônées par les nazis. Au Liban, j'avais, comme lui, connu les "apartheids" et la résistance aux "ténèbres organisées": je ne pouvais rester insensible à son combat contre le racisme et la haine », écrit Alexandre Najjar dans le prologue de Berlin 36.
Né de l'admiration de l'auteur pour Jesse Owens, ce roman - dont les premières pages ont les accents émouvants de La Case de l'oncle Tom ! - n'est pas tant une biographie de l'athlète noir, dont la victoire aux Jeux de Berlin, en 1936, fut un véritable camouflet pour Hitler, qu'une fresque brossant, autour d'un événement historique, les manœuvres sournoises du nazisme. Ce régime qui, sous couvert d'un visage civilisé de l'Allemagne et de ses intentions pacifiques, va chercher, par le biais de la caution des organisateurs des Jeux olympiques, à récupérer cette manifestation pour en faire un véritable instrument de propagande.

Hitler et ses ministres...
C'est donc autour de cet événement sportif, organisé par le IIIe Reich en 1936, que vont graviter les personnages - la plupart bien réels, d'autres fictifs - de ce roman historique. Où l'on voit défiler, dans une succession de petits chapitres, comme autant de courtes séquences, Hitler et ses ministres Goebbels et Göring, Leni Riefenstahl, égérie du régime et fameuse réalisatrice du film Les Dieux du stade, le baron Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux, et...Pierre Gemayel, jeune président idéaliste - et patriote! - de la Fédération libanaise de football, de passage dans la capitale allemande. Mais aussi, parmi une foule d'autres personnages, Oskar Wilmer, un pianiste de jazz (musique considérée « noire » et prohibée par les nazis), et Claire Lagarde, une journaliste française venue couvrir les Jeux. Un duo qui, outre l'histoire d'amour qui se noue entre eux, devra faire face au « terrorisme intellectuel » du régime
hitlérien.

Passé et présent
On l'aura compris, dans ce dernier roman, comme dans la majorité de son œuvre précédente, Najjar met l'accent sur les analogies entre passé et présent. Le lecteur ne manquera pas d'identifier les correspondances entre le régime nazi et les phénomènes totalitaires, idéologiques et d'embrigadement des masses qui prédominent au Moyen-Orient. Tout comme il ne manquera pas d'établir un parallèle entre le récent appel au boycott des Jeux olympiques de Pékin pour cause de désaveu de la politique chinoise en matière de droits de l'homme et celui qui eut lieu plus de sept décennies plut tôt !
Écrit d'une plume limpide et basé sur une solide documentation, pour laquelle l'auteur s'est rendu à Berlin, à Lausanne, au Musée de l'Olympisme et sur les traces de Jesse Owens à Chicago, Alabama et Ohio, sans oublier les recherches entreprises dans les archives de L'Orient-Le Jour (l'auteur reproduit un article de Pierre Gemayel envoyé à L'Orient en 1936, publié dans le «Courrier des lecteurs» et dans lequel il regrettait l'absence de participation du Liban aux Jeux!), Berlin 36 est d'une lecture prenante.
Une fresque qui fait habilement se rencontrer les dieux du stade, de la guerre et de l'amour...

Lu ou entendu dans les médias sur Berlin 36

- "Un roman bouleversant et riche d'enseignement."

(France Culture)

Dans « Berlin 36 », Alexandre Najjar réunit les dieux du stade, de la guerre et de l’amour
Par Zéna ZALZAL | 05/09/2009
-"Ecrit d'une plume limpide et basé sur une solide documentation (...), Berlin 36 est d'une lecture prenante. Une fresque qui fait habilement se rencontrer les dieux du stade, de la guerre et de l'amour."

(L'Orient-Le Jour)

"Un nouveau roman d'Alexandre Najjar, une nouvelle plongée dans l'histoire avec une foule de personnages passionnants qu'on accompagne jusqu'au bout du livre pour le fermer à regret sans vouloir le quitter."
(La Revue du Liban)

"Alexandre Najjar est, à juste titre, considéré comme l'un des auteurs libanais de référence. Fasciné par le destin de Jesse Owens, désireux à sa manière de raconter les Jeux de Berlin de 1936, il a compulsé quantité de documents et rencontré d'innombrables témoins... L'essentiel est là : la mise en échec d'une idéologie bousculée par le talent parfaitement imprévisible de Jesse Owens."
(L'Equipe Magazine)

"Les doigts du romancier ont réussi à façonner l'Histoire."
(An Nahar)


Mai 2009
Le Prix Méditerranée 2009 à Alexandre Najjar

Le Prix Méditerranée 2009 a été décerné hier à Alexandre Najjar pour son roman Phénicia (éditions Plon) qui retrace l'épopée des Phéniciens et la résistance héroïque de Tyr face à l'armée d'Alexandre le Grand. Le prix lui a été décerné au premier tour par 12 voix sur 13, les autres finalistes étant Gérard de Cortanze et Richard Millet.
Créé en 1984, le Prix Méditerranée a pour ambition de valoriser l'espace culturel entre les différents pays, dont la Méditerranée est le creuset, et s'inscrit ainsi pleinement dans le cadre du lancement de l'Union pour la Méditerranée. À sa création, le jury-fondateur était constitué autour d'Hervé Bazin, président de l'Académie Goncourt, de quatre autres académiciens Goncourt : Emmanuel Roblès, François Nourissier, François Mallet-Joris et André Stil, ainsi que de cinq membres de l'Académie française : Edgar Faure, Jean d'Ormesson, Maurice Rheims, Jacqueline de Romilly et Fernand Braudel. Le jury est aujourd'hui constitué d'éditeurs, de journalistes et d'écrivains, dont certains sont d'anciens lauréats ou membres des deux académies, mais également d'autres prix tels le Femina, le Renaudot et le Médicis, comme Dominique Fernandez, Henry Bonnier, Georges-Emmanuel Clancier, Tahar ben Jelloun, Dominique Bona, Amin Maalouf, Solange Fasquelle ou Patrick Poivre d'Arvor.
Depuis sa création, le Prix Méditerranée a déjà récompensé d'importants auteurs francophones ou étrangers, comme Orhan Pamuk (Prix Méditerranée 2006 et prix Nobel de littérature 2007), Michel del Castillo, Arturo Perez-Reverte, Umberto Eco, Claudio Magris, Jean-Pierre Vernant, Robert Solé, Jean-Christophe Ruffin, Jean Daniel, Dominique Fernandez, Sandro Veronesi, Antonio Tabucchi, Ismaïl Kadaré ou Edmonde Charles-Roux.



Mars 2009
La vie antérieure tel un thriller poétique…
Par Edgar DAVIDIAN pour l'OLJ
Vient de paraître Poésie, humour, sensualité, Orient troublant et troublé, choc des images, chats errants ou choyés, personnages cocasses et disjonctés, voilà le fond de décor de « La revenante », le dernier roman, plus baroque, improbable et invraisemblable que jamais, de Vénus Khoury-Ghata.


Trente-huitième opus de Vénus Khoury-Ghata qui a fait de la francophonie son cheval de bataille et de l'écriture son occupation favorite. Fidèle à son inspiration de toujours, c'est-à-dire un mélange d'images insolites, de passions débridées, d'humour noir et grinçant, de défense de la liberté de la femme, de personnages extravagants et d'un Orient coloré aux parfums tenaces, l'auteur de Bayarmine ajoute à ses thèmes de prédilection l'insoluble sujet de la réincarnation et des vies antérieures...
Cela donne un roman loufoque, au sens distillé au goutte-à-goutte, pas souvent crédible, plus proche d'un thriller poétique délirant aux divagations certes amusantes mais guère convaincantes. Il y a là l'impression d'un ouvrage bâclé.
En devanture des librairies donc, La revenante de Vénus Khoury-Ghata (éditions Écriture - 203 pages) dont l'action se passe au Djebel druze en Syrie où les «pierres sont rancunières»... Pour la réincarnation et les métempsychoses, le cadre est par conséquent taillé sur mesure.
Juin 1941. Trois officiers français des troupes du Levant sont ensevelis sous les décombres d'un temple. Cinquante ans plus tard, les trois corps exhumés sont ceux de deux hommes et d'une femme.
Quel meilleur terreau pour piquer la curiosité d'une romancière et l'inviter à se pencher sur cette énigme, et d'en éplucher les parties sombres et empoussiérées ?
Pour percer le mystère et nourrir sa plume gourmande, VKG plonge à corps perdu (et plume éperdue), en archéologue surréaliste et peu portée aux précisions scientifiques, dans un monde onirique où passé et présents se recoupent et se rejoignent en constants flash-back. Et elle tente de dénuder lentement une vérité qui se dérobe comme du
mercure...
Un accident de voiture, un coma, suivis d'hallucinations, de rencontres, de visions, de hasards : Laura, jeune Française de 25 ans, serait-elle Nora ? Et s'enclenche une histoire un peu abracadabrante et confuse d'où surgissent un émir autoritaire, sa fille amoureuse d'un Français, un commandant bourru et sa vamp de femme aux désirs de séduction inassouvis... Avec des scènes coquines (notamment ce désopilant dîner au style colonialiste chez l'émir), peintes en touches chargées de sarcasme et de dérision, dignes parfois du libertinage et des mélodrames ampoulés des films égyptiens en noir et blanc...
Entre paraboles, dictons truffés de mots mâtinés de résonance arabe, aphorismes levantins, et vagabondage de l'esprit et de l'imaginaire, VKG entonne un luron et vibrant hymne à la dualité de la vie et de la mort. Hymne englobant aussi la dualité du rêve et de la réalité, de l'opulence et du dénuement, du désir et de la frustration, de la stabilité et de l'errance, de l'enracinement et de l'exil...
Mais avant de s'ériger en une impénitente conteuse, au verbe enfiévré et débridé, sans contrainte logique, Vénus Khoury-Ghata est une grande amoureuse des vocables. Sa poésie et son goût des sonorités de tout vent le certifient. Peu lui importe d'être crédible, elle voudrait surtout entraîner le lecteur dans le sillage de ses mots. Elle n'est pas une « hakawati » au sens conventionnel du terme, mais une « fouilleuse » de mots pour le plaisir des images qu'ils suscitent et des sons qu'ils font résonner...


Novembre 2008
Le 28ème prix France-Liban exceptionnellement co-décerné à deux auteurs: Boutros al-Hallaq et à François Boustani

Le jury du prix France Liban s’est réuni à Paris le mercredi 12 novembre sous la direction de son président Jacques Chevrier, en présence de l’attaché culturel de l'ambassade du Liban en France et administrateur du prix, Mr Abdallah Naaman et des autres membres : Bahjat Rizk, Paul Blanc, Vénus Khoury Ghata, Bassam Tourbah. Kénizé Mrad et Gérard Khoury, absents et excusés, ont pu voter par correspondance.
Après délibération, le prix 2008 a été attribué ex aequo à:
Boutros al -Hallaq pour "Gibran et la refondation littéraire arabe " (éditions Actes Sud ) et à François Boustani pour "La circulation du sang, entre orient et occident" (éditions Philippe Rey).
La cérémonie de remise du prix est prévue au mois de mars 2009.

Un total de dix-neuf ouvrages étaient en lice. Le choix du jury s’est avéré particulièrement difficile compte tenu du talent littéraire des auteurs mais aussi de l'originalité et de la diversité des thèmes abordés par chaque candidat - écrivain.
L'actualité a sans doute constitué un critère de choix et joué un rôle déterminant pour l'ouvrage "Gibran et la refondation littéraire arabe", dans la mesure où l'année 2008 représente le 125ème anniversaire de la naissance de Gibran Khalil Gibran ainsi que dans le centenaire de l’arrivée de Gibran à Paris puisque le philosophe-écrivain-peintre et poète est arrivé à Paris en octobre 1908.
Universitaire de formation, le professeur Boutros Al Hallaq s’intéresse de près à l’univers de la littérature contemporaine arabe. D’ailleurs, le sujet de sa thèse de doctorat s’intitule “Dieu et la révolution dans la poésie arabe contemporaine du proche orient.” Il a notamment déjà publié aux éditions Actes Sud deux volumes monumentaux : “Histoire de la littérature arabe moderne” . Le premier volume est consacré à la période 1800-1945; le second volume, à la période 1945-2000.

Quant à François Boustani, cardiologue de formation et frère du professeur Carmen Boustani, (figure éminente de la littérature féminine et féministe francophone), son ouvrage se présente sous la forme d'un documentaire historico-scientifique, fruit d'un lourd travail de recherche et de passion. L'ouvrage situe les trois chaînes du savoir : le monde gréco-romain, le monde arabo-musulman et le monde chrétien occidental. Plus qu'un simple livre scientifique, "la circulation du sang entre orient et occident", relate un univers d'échanges plus riches les uns que les autres, entre deux mondes, deux cultures.
Parmi les autre ouvrages nominés, on pourra notamment faire mention du dernier recueil de la poétesse et peintre Laurette Succar intitulé "Bruits d'elle".

Avril 2008
Sortie dans les librairies le 10 Avril du dernier roman d'Alexandre Najjar
Phénicia

Le philosophe Zénon n’a jamais caché ses origines phéniciennes. A Athènes où il a fondé l’école des stoïciens, il raconte à son disciple Apollonios la tragédie de sa mère, une Tyrienne prénommée Elissa. La jeune femme accompagne son oncle dans un long périple qui lui permet de découvrir les comptoirs phéniciens qui jalonnent la côte méditerranéenne.
A son retour, Tyr, sa ville natale, se retrouve assiégée par l’armée d’Alexandre le Grand dont l’ambition est d’annexer tous les ports de Phénicie. La résistance s’organise. Les Phéniciens refusent l’occupation, multiplient les stratagèmes pour venir à bout de leur ennemi et, durant sept mois, vont se battre avec l’énergie du désespoir.
Ils n’ignorent pas que le devenir même de leur civilisation est en jeu…

A travers les récits croisés de l’assiégeant et de l’assiégé, Alexandre Najjar nous propose dans ce roman historique une double perspective du siège de Tyr, en même temps qu’une métaphore du Liban, pays meurtri avide de liberté.

Editions Plon, sortie simultanée en France et au Liban
Alexandre Najjar entouré de Mrs Naaman à gauche, l'ambassadeur Boutros Assaker et Mr Serge Akl
C’est à l’Office du tourisme du Liban, à Paris, et sous le patronage de l’ambassadeur du Liban en France, Boutros Assaker, qu’Alexandre Najjar a dédicacé son nouveau roman, Phénicia, paru aux éditions Plon. Une foule d’amis, de lecteurs et de journalistes de la communauté franco-libanaise s’est retrouvée, pour l’occasion, dans les locaux dirigés par Serge Akl, qui en a fait un lieu de rendez-vous culturel pour les Libanais de Paris. Le roman d’Alexandre Najjar sort à une période où le thème phénicien est d’actualité, avec l’exposition sur « La Méditerranée des Phéniciens » à l’Institut du monde arabe et l’intérêt recrudescent pour les civilisations de l’Antiquité, dont témoigne l’exposition sur « Babylone » au Louvre.
En choisissant d’évoquer le siège de Tyr par Alexandre le Grand dans son dernier ouvrage et la résistance acharnée des Phéniciens, Alexandre Najjar livre une métaphore du Liban, dont le nom s’est assimilé à travers l’histoire à la liberté. Un roman historique d’une actualité sans cesse recommencée.


«Nadim, un Liban généreux»
conte l’épopée d’al-Kafaàt
Construire et réunir, une devise pour Raïf Shwayri

Entre documentaire et fiction, réalité et romanesque, Raïf Shwayri, directeur général de la fondation al-Kafaàt, présente dans son ouvrage, «?Nadim, un Liban généreux?», l’autre face de ce pays, tombé par hasard sur l’échiquier d’une politique internationale cruelle. À travers les joies, les peines et les pérégrinations d’hommes et de femmes qui ont vécu les déchirures de leur terre d’origine, l’auteur retrace l’histoire sanglante de deux populations, libanaise et palestinienne, qui ont vu un jour leurs chemins se croiser et leurs destins s’unir dans le sang. «?Nadim, un Liban généreux?» donne la parole à ceux qui étaient déterminés à bâtir malgré la guerre et à aimer en dépit de la haine. Un véritable acte de foi et d’espoir envers le genre humain.
L’histoire commence lorsque Nadim, jeune anthropologue d’origine libanaise installé en Angleterre, est un jour rattrapé par son passé. Une lettre écrite en braille l’appelle au chevet de sa maman, atteinte de la maladie d’Alzheimer et résidant encore au Liban. Aussitôt, la mécanique de la mémoire se met en branle. Nadim, dont la mère l’avait un jour abandonné, n’a nulle envie de retourner dans ce pays qui lui rappelle trop de souvenirs douloureux. Seul un personnage le relie à cette terre qu’il a un jour désavouée : Charlie. Cet homme, atteint de cécité depuis son enfance et destinataire de la lettre, est le personnage central sur lequel va s’articuler le récit et autour duquel pivotent les événements et des caractères hauts en couleur.
Nadim, un Liban généreux n’est pas un simple roman car, à travers la vie de ses personnages, on assiste, d’une part, aux grands changements politiques d’une région et, d’autre part, à la fondation de cet organisme, al-Kafaàt, qui allait, au fil du temps, au moyen de divers programmes, réunir toutes ces personnes sous un même toit, contribuer à leur réinsertion et leur fournir des emplois. Avec des incursions historiques dans la narration, à l’image de fenêtres entrouvertes sur le passé, baptisées par l’auteur « Carrés d’histoire », Shwayri s’érige en narrateur et réalise quelques éclairages...
Colette KHALAF


Douzième édition du prix Phénix
Carole Dagher et Georgia Makhlouf, ou la résistance par l’écriture

De G. à D.;Raymond Audi, Carole Dagher, Georgia Makhlouf et Alexandre Najjar

Né il y a douze ans en France à l’occasion du Salon « Livres du Sud », le prix Phénix, devenu une tradition, a été décerné cette année à deux lauréates ex aequo, Georgia Makhlouf (« Les Hommes debout ») et Carole Dagher (« La princesse des Batignolles »), au cours d’une cérémonie conviviale qui s’est traditionnellement déroulée à la
Banque Audi
(centre-ville).
« Dans les moments difficiles que traverse le pays et à l’heure où des milliers de jeunes prennent le chemin de l’exil, il est important pour nous de ne pas baisser les bras, de continuer à défendre la culture libanaise et d’apporter notre appui à nos artistes et écrivains » : c’est ainsi que s’est exprimé Raymond Audi, en mettant l’accent sur l’importance d’un prix qui en est à sa douzième édition, avant de passer la parole à Alexandre Najjar qui a présenté les heureuses gagnantes. « Politologue, journaliste et romancière, Carole Dagher est une véritable militante qui a toujours eu le Liban au cœur », a-t-il dit. La princesse des Batignolles, son dernier roman publié aux éditions du Rocher, nous entraîne au XIXe siècle sur les traces d’une Libanaise, une princesse du Levant, qui, de Paris au Caire, va connaître toutes sortes d’aventures passionnantes.
Georgia Makhlouf, universitaire, docteur en sciences de la formation et de la communication, anime depuis plusieurs années des ateliers d’écriture. Elle a à son actif plusieurs ouvrages, dont Les Hommes debout, qui rend un vibrant hommage aux Phéniciens. « Sans chauvinisme, souligne Alexandre Najjar, Georgia Makhlouf nous dit la grandeur de cette civilisation et nous révèle sa Phénicie intérieure. Au terme d’un cheminement jalonné de réflexions profondes et de découvertes insolites. » « Ces deux livres ont séduit le public qui n’a pas pu les départager », poursuit Najjar, qui a rappelé à l’audience que « le roman libanais d’expression française, né au siècle dernier grâce à trois femmes (Evelyne Bustros, Amy Kheir et Jeanne Arcache), voit sa tradition se perpétuer par les lauréates d’aujourd’hui. » « Enfin, poursuit Najjar, ces femmes de lettres défendent, par leurs écrits, une certaine idée du Liban en mettant en valeur notre patrimoine menacé par l’obscurantisme de ceux qui nient l’indépendance, voire l’identité du Liban. Elles font ainsi de la résistance au nom d’une culture toujours vivante malgré toutes les épreuves. »
En réitérant ses remerciements à la Banque Audi Saradar Group et plus particulièrement à Raymond et Georges Audi, Najjar a espéré que le nom du lauréat de 2008 soit proclamé dans le cadre du Salon du livre qui a été annulé cette année en raison des circonstances.
Par la suite, Raymond Audi et Alexandre Najjar ont remis les prix aux lauréates. Dagher a qualifié Raymond Audi de « mécène des arts et des sports ». «C’est un bâtisseur de projets », a dit Makhlouf en évoquant Alexandre Najjar, avant de parler de sa « Phénicie buissonnière » et des chemins de traverse qu’elle a empruntés pour écrire ce livre. Archéologue à sa manière, puisqu’elle fouille dans les mots, la lauréate a rendu hommage à ceux qui l’ont précédée, les vrais archéologues, ainsi qu’à « leur travail silencieux ». « Ils nous apprennent la ténacité, a-t-elle dit, l’exigence du travail collectif et la modestie. »
C’est Carole Dagher qui a clôturé cette cérémonie conviviale. Après avoir évoqué la période difficile où elle a écrit ce livre, elle a dédié La princesse des Batignolles aux martyrs de la révolution du Cèdre et à tous ceux qui se battent pour un Liban meilleur. « On devrait tous s’inspirer de la devise gravée sur la monnaie de Paris, a t-elle conclu : Créer c’est vivre deux fois et faire chanter l’univers. »



Présentation de "Mémoires de survie" de Maria Chakhtoura,
pour le devoir de mémoire...


Décembre 2006- Après « La guerre des graffitis » et « La gardienne du clan », voici les « Mémoires de survie » de Maria Chakhtoura. Un recueil d’articles qui abordent « la guerre au quotidien » durant les années allant de 1977 à 1984, que l’auteur a présenté à la Villa Audi (Centre Sofil) le 6 Décembre 2007.
Une sélection de plus d’une trentaine de « comptes rendus de la vie des Libanais sous les bombes » que cette sociologue de formation – qui venait tout juste d’intégrer l’équipe du journal – rapportait dans de nombreux reportages au cours desquels elle sillonnait le pays, alors cloisonné en différentes régions.
Publié aux éditions L’Orient-Le Jour, préfacé par Issa Goraieb, conçu et réalisé par Saad Kiwan, cet ouvrage, que l’auteur a voulu comme « un devoir de mémoire », s’adresse, en premier lieu et dans un esprit de dissuasion, «aux jeunes qui n’ont pas connu la guerre, qui rêvent de la guerre ou qui ont la nostalgie de la guerre ». Puis aux plus âgés, qui vont retrouver dans ces « papiers d’ambiance » le rappel de jours que l’on voudrait espérer définitivement révolus !
Elle défiait les balles des francs-tireurs, Maria Chakhtoura, les barrages des miliciens, l’interdiction de son rédacteur en chef qui, cherchant en vain à la dissuader, menaçait de ne pas publier ses articles, pour... aller voir ce qui se passait de l’autre côté de la ligne de démarcation. De l’autre côté des différentes lignes de démarcation qui divisaient le pays du Cèdre en territoires des uns, impénétrables pour les autres.
Mue par son insatiable curiosité des autres, tous les autres, et cette énergie combative qui la porte – toujours ! – à s’enflammer, à prendre fait et...plume pour la cause de ceux qui, souvent, n’ont pas droit à la parole, Maria Chakhtoura en rapportait des témoignages saisissants de « vérité impartiale » sur les ravages de la guerre. Des articles qui lui ont d’ailleurs valu, en 1989, le prix de l’information vraie décerné par le syndicat des journalistes de la Confédération générale des cadres de France.
Elle partait seule, munie de sa caméra et de son courage, pour ne pas entraîner un photographe dans ses pérégrinations risquées, « pour ne pas le mobiliser aussi une journée entière », ajoute-t-elle, cherchant, comme à son habitude, à minimiser l’impact de ses faits et gestes.
Elle partait le matin pour ne rentrer que le soir. Exténuée par toute la tension accumulée durant ces longues heures occupées à braver la peur – c’est en cela que réside le courage ! – pour observer, sentir, enregistrer, comprendre les uns et les autres, de quelques bords qu’ils soient.
Un regard de sociologue
À peine rentrée chez elle, elle se jetait sur sa machine à écrire (l’ordinateur n’était pas encore là !) pour écrire « à chaud », témoigner avec toute la fraîcheur du ressenti, de ce qu’elle avait vu, découvert et capté de cette vie restreinte, réduite aux gestes de survie, emprisonnée dans des territoires fragmentés, que nombre de Libanais ont dû subir durant des années. Le lendemain, elle passait au journal pour remettre son article « déjà prêt et pour superviser le développement de la photo selon l’angle que je cherchais à mettre en valeur », se souvient-elle. Ces souvenirs, confiés à nous autres journalistes de son équipe, servaient parfois d’exemples, lorsqu’il lui arrivait de vouloir nous inculquer quelques notions de reportage.
De ce journalisme de terrain, nourri de son regard de sociologue,
qui est sa véritable passion.
Précurseur, en quelque sorte, des femmes reporters que l’on a vu émerger durant la guerre de juillet 2006, Maria Chakhtoura s’escrimait, elle aussi, trente ans plus tôt, à rapporter à ses lecteurs des nouvelles des uns et des autres. Des nouvelles des uns aux autres.
Elle brossait ainsi, aux habitants des régions plus épargnées, des descriptions détaillées de la vie de ceux qui, abrités derrière des sacs et des conteneurs de sable, essayaient de survivre, le long de la rue Monnot, à Sodeco, à Badaro, à Aïn el-Remmaneh, à Hadeth... Elle narrait, à ceux qui ne pouvaient plus y mettre le pied, les métamorphoses, sinon les mutations, de certains secteurs comme Raouché, la rue Maarad, Lazarieh, Bourj Brajneh. Elle se rendait au Liban-Sud prendre le pouls d’une région essentielle. En 1983, c’est elle qui donnait des nouvelles du siège de Deir el-Qamar. Elle a été jusqu’à suivre, à bord des bateaux de l’exode, ses compatriotes pour couvrir leur arrivée à Chypre...
Mettant l’accent toujours dans ses articles sur « la volonté, la rage de vivre, la débrouillardise des Libanais. Ces qualités qui ont permis à ce pays de se maintenir en dépit de tout », relève-t-elle.
Des scènes surréalistes
Des reportages de survie qui, trois décennies plus tard, deviennent des mémoires de survie avec les petites histoires que l’ont retrouve dans les mémoires. À l’instar de certaines scènes dignes de films surréalistes, qu’il lui est arrivé de saisir en plein cœur de l’enfer, dans une rue al-Moutanabi entourée d’herbes folles, où elle découvre deux marginales recluses, ou à Aïn el-Remanneh, dans la désolation d’un no man’s land où retentit brusquement l’air de Non, rien de rien d’Édith Piaf...
Durant la guerre, Jean-Pierre Péroncel-Hugoz avait proposé à Maria Chakhtoura de réunir ses articles dans un recueil qu’éditerait Le Monde. Elle avait refusé. Aujourd’hui que la guerre est – théoriquement – finie, il lui a semblé nécessaire d’évoquer, en textes et photos, ces années sans répit, ce temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître. Afin que souvenir ne se perde...

Zéna Zalzal pour L'Orient-Le Jour


« La princesse des Batignolles » de Carole Dagher
Octobre 2007- La princesse des Batignolles est le nouveau roman de Carole Dagher déjà en librairie en France. La passionnante et tumultueuse histoire de Marina, princesse libanaise exilée à Paris au lendemain des massacres des chrétiens en 1860, qui exorcise ses cauchemars en s’adonnant à la peinture. Elle fréquente le Louvre où elle se fait remarquer par le peintre Arnold Bückel qui fait son portrait et vit avec elle une intense passion.
Le portrait intitulé La princesse orientale du Louvre s’épanouit à l’ombre des Monet, Cézanne, Renoir, Degas ou Sisley et les autres indépendants qui font scandale à l’exposition d’avril 1874 avec leur « peinture révolutionnaire : l’impressionnisme ».
Au Caire, où elle se rend auprès de son frère, l’émir Mikaël, qui dirige un journal aux accents nationalistes arabes, Marina retrouve son portrait volé au fond d’une galerie.
« Peindre en Orient et se laisser peindre n’est pas innocent », peut-on lire. Surtout quand le sujet évoque une souveraineté nouvelle. À croire que sous les touches révolutionnaires du portrait impressionniste s’est engagé un rapport de force entre l’Empire ottoman et l’identité des peuples. Et quel rôle jouera la France dans cette lutte sans merci qui prend Marina dans son tourbillon ?
Un roman fourmillant de portraits, d’intrigues politiques et de drames sentimentaux sur une gigantesque toile de fond qui s’étire entre le Paris bohème et haussmannien et l’Orient conspirateur et coloré de la seconde moitié du XIXe siècle, jusqu’à l’avènement du mandat français au Levant en 1920.

Editions du Rocher / Prix conseillé : 19 euros
Nombre de pages : 320 pages ISBN : 9782268061894


Avril 2007
Qui veut détruire le Liban?

Par l'Euro-député Béatrice Patrie & l'historien Emmanuel Espanol

A l'occasion du déplacement au Liban d'une délégation du Parlement européen du 12 au 17 avril,
Béatrice Patrie et Emmanuel Espanol animeront une conférence débat le mardi 17 avril à 17 heures 30 à la Librairie El-Bourj, place des martyrs,
à l'occasion de la sortie de leur livre:
"Qui veut détruire le Liban?" aux éditions Actes sud.

Depuis l'assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005, l'histoire du Liban s'est brutalement accélérée. Dans les semaines qui suivent la disparition de l'ancien Premier ministre, des milliers de Libanais se rassemblent pour réclamer la fin de la tutelle syrienne et l'émergence d'un nouveau Liban. Les troupes syriennes se replient dans un délai record, non en application de l'accord de Taëf, qui prévoyait de mettre fin à la tutelle de Damas dès 1991, mais en raison de la mise en œuvre de la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée à l'automne 2004. Des élections législatives sont organisées au printemps 2005, dans le délai constitutionnel et sous observation européenne. Elles font émerger une majorité clairement opposée au régime de Damas, mais, à défaut de réforme de la loi électorale en vigueur, elles ne permettent ni un renouvellement réel de la classe politique ni la remise en question du confessionnalisme.
Dans les mois suivants, malgré une série d'attentats meurtriers, commence un dialogue national entre les principales forces politiques libanaises sur les questions d'intérêt national : enquête sur les assassinats politiques et tribunal international, souveraineté territoriale, récupération des fermes de Chebaa, désarmement du Hezbollah...
Pourquoi et comment, dans ces conditions, a éclaté la guerre de l'été 2006 ? Etait-ce pour interdire au Liban d'accéder à sa maturité démocratique ? Ou bien, une fois encore, n'était-il qu'un terrain où s'affrontent les puissances régionales ?
Dans cette séquence de l'histoire, l'unité nationale du Liban a été souvent ébranlée sans jamais céder. Mais la "balkanisation" demeure une réalité possible dans un contexte dominé par le conflit israélo-palestinien, la guerre civile en Irak et une désastreuse tentation communautaire.


Y a t-il un complot contre le Liban?

L'interview de Béatrice Patrie sur France 24


« Le ciel m’attendra »

May Chidiac, entre mots et maux
Victime d’un attentat le 25 septembre 2005, la journaliste May Chidiac est réapparue sur le petit écran le 25 juillet 2006. Une fois encore, à travers l’écriture d’un ouvrage intitulé «Le ciel m’attendra», elle revient pour parler de ses blessures, de son vécu. Une sorte de résurrection qu’elle entend partager avec tous ceux qu’elle aime, le lundi 16 avril à l’Eau de vie (hôtel «Phoenicia»).
En rose comme le jour de l’attentat. Debout et souriante comme tous les jours. Comme tous les jours qui ont précédé cette date funeste et comme tous les jours qui l’ont suivie. C’est ainsi que May Chidiac est représentée sur la couverture de son ouvrage édité par Florent Massot. Le bandeau rouge qui entoure le livre est comme cette plaie indélébile qui a marqué son corps. Et pourtant !
Livre-thérapie? Confidences? Non, mais un simple témoignage de vie qui a vu le jour, avec la collaboration d’Amal Moghaïzel, lors de son séjour à Valenton alors que May était soumise à une rééducation. Ce témoignage s’est poursuivi par la suite dans une écriture plus personnelle et plus intime. «J’ai commencé à répondre aux questions d’Amal et à lui faire part de mes impressions alors que j’étais en France puis, encouragée par Florent Massot qui a voulu éditer le livre, j’ai abordé une grande tranche de ma vie», confie la journaliste. Une biographie écrite en français et qui sera bientôt traduite en arabe chez Dar an-Nahar.
Pour May Chidiac la battante, la date zéro du roman autobiographique ne remonte pas au jour de l’attentat, quand tout a basculé, mais à celui où elle a décidé de revenir à l’antenne. Tout en douleur mais vivante dans une émission au titre plus qu’éloquent, intitulée Avec courage. Un pied de nez au destin, et une affirmation de son optimisme et de sa volonté de vivre.
Une vie pas très rose
À partir de ce jour-là, c’est par des flash-back et des flash-forward, à la manière d’un film et comme un voyage dans le temps, que la journaliste revient sur son enfance passée à Gemmayzé, sur la guerre et sur ses débuts dans le métier. Un parcours en parallèle avec celui d’un Liban meurtri, mutilé tout comme elle. «Je ne veux pas passer inaperçue dans la vie, disait-elle à sa mère. Ça vient peut-être de là, l’attrait des projecteurs.»
C’est sous le signe de cette phrase au goût prémonitoire amer que Chidiac allait être propulsée sous les feux de la rampe avant d’être aveuglée par les éclairages des hôpitaux.
Le ciel m’attendra est le récit d’une femme simple, aux goûts et aux désirs modestes, qui s’était juré un jour de ne jamais devenir comme ces dames tout de noir vêtues qui habitaient son immeuble, «ne jamais ressembler à ces ombres au regard déçu qui portaient indéfiniment le deuil. Je ne laisserai jamais la tristesse me prendre comme elle s’était emparée d’elles».
Entre colère et résignation, révolte et dépression, la journaliste a ôté son fard, pris la plume et reconstitué les événements qui ont marqué sa vie. Avec réalisme et humour, elle a entrepris de sonder son vécu intime, de trifouiller dans ses émotions les plus profondes et d’évoquer ses blessures (du corps et de l’âme) pour en ressortir avec un témoignage poignant, celui d’un être qui refuse de se laisser abattre malgré les deuils et les souffrances qu’elle a traversés.
C’est toujours dans le même esprit que May la brave, la vaillante, la déterminée va continuer à animer des émissions audacieuses et à donner espoir à ceux qui croient qu’une charge d’explosifs peut faire taire une âme qui vibre. Courageuse, certes, mais pas héroïque. D’ailleurs, elle s’en défend avec sa franchise habituelle: «Je suis probablement une “Bionic Woman” (à cause de mes prothèses), mais non une “superwoman”, dit-elle en rigolant. J’ai mes moments de faiblesse et de tristesse que je ne dissimule pas.»
Avec des mots contre ses maux et sa foi inébranlable en un Très-Haut, la journaliste défie le destin, brave le regard des autres et ne plie pas.
Classé parmi les meilleures ventes en librairie en France, Le ciel m’attendra est un témoignage touchant et sincère. D’une femme debout.

Colette Khalaf pour l'Orient-Le Jour
Présentation au restaurant l’Eau de vie,
hôtel « Phoenicia », Lundi 16 Avrilde 17h30 à 20h00



23 Mars 2007

Le prix France-Liban remis à Georgia Makhlouf au cours
d’une cérémonie au Sénat ou écrire le libanais … en français


Georgia Makhlouf reçoit le vendredi 23 Mars 2007, au cours d’une cérémonie au Sénat à Paris, le prix France-Liban.
Décerné par l’Association des écrivains de langue française, l’Adelf (fondée en 1925 et reconnue d’utilité publique), ce prix est attribué par un jury composé de Jacques Chevrier, président de l’Adelf, de Abdallah Naaman, Paul Blanc, Bahjat Rizk, Charles Rizk, Bassam Tourbah, de Vénus Khoury-Ghata et Kénizé Mourad.
Il a par le passé été décerné à des écrivains largement reconnus, tels que Amin Maalouf (qui fait partie du comité d’honneur de l’Adelf) ou Andrée Chédid et à d’autres peu connus qu’il s’agissait d’encourager.
Cette pro de marketing et de communication, directrice de l’école Élisabeth Bing à Paris, vient souvent à Beyrouth pour animer des ateliers d’écriture en collaboration avec la Maison du livre.
Elle est également l’auteur de plusieurs publications dont Éclats de mémoire, Beyrouth, fragments d’enfance (éditions Al-Manar-Méditerranée, 2005), un kaléidoscope d’images et de sensations, de joie et de tristesse, de rêves et de frayeurs, de douleurs et d’espoirs. Où transparaît la nostalgie d’une ville, d’un Beyrouth d’avant-guerre, d’avant l’exil.
Le prix qu’elle reçoit aujourd’hui revêt une signification bien particulière.
En tant qu’auteur confirmée, elle se sent désormais concernée par le manifeste de quarante-quatre écrivains en faveur d’une langue française qui serait «libérée de son pacte exclusif avec la nation», publié il y a une semaine dans Le Monde des livres (supplément littéraire du journal Le Monde). «Ce manifeste fait le constat d’une littérature en langue française dont la France a cessé d’être le centre et qui est désormais partout, aux quatre coins du monde, le constat d’une fin de la francophonie et de la naissance d’une littérature-monde en français», précise Makhlouf. Et d’en tirer une citation: «Soyons clairs, dit le manifeste, l’émergence d’une littérature-monde en langue française consciemment affirmée, ouverte sur le monde, transnationale, signe l’acte de décès de la francophonie. Personne ne parle le francophone ni n’écrit en francophone. La francophonie est de la lumière d’étoile morte.»
Ce texte marque la fin de la francophonie et le début d’une renaissance, d’une effervescence créatrice, d’un dialogue dans un vaste ensemble polyphonique, entre les littératures de langue française de par le monde.
«Signé entre autres par les Libanais Amin Maalouf et Wajdi Mouawad, explique l’auteur, il résonne pour moi de façon très forte, et si modeste que soit pour l’instant ma contribution à cette littérature-monde, j’ai le sentiment de participer à ce dialogue des cultures et des langues, à ce mouvement de réappropriation et d’enrichissement de la langue par le biais de la diversité des expériences culturelles, historiques et géographiques dont la littérature permet de rendre compte.»
Nadia Tuéni disait déjà qu’elle écrivait l’arabe en français. Georgia Makhlouf croit qu’aujourd’hui on écrit le créole, le berbère, le tchèque et... le libanais en français. Et que «chacune de ces aventures littéraires enrichit le français de nouvelles musiques et élargit encore davantage les horizons de cette langue.»
Beyrouth, éclats de mémoire
Concernant son dernier ouvrage, qui a attiré l’attention du jury, elle rappelle que son travail a consisté à aller vers ce qui lui paraissait être le plus profondément enfoui, donc le plus intime, dans la mémoire. « Vers une mémoire des sensations et non des événements, proche de l’indicible, et qu’il s’agissait justement de dire, par un travail au plus près des mots, dit-elle. Ce qui m’a le plus touchée, c’est la façon dont la vérité de ce livre a rencontré les expériences singulières de personnes qui me paraissaient très différentes de moi, étrangères à mon univers. Et néanmoins, ces personnes se “reconnaissaient”. Davantage sans doute par le biais de ce que l’écriture est capable de provoquer en eux, ce même mouvement de retour vers une mémoire ancienne, que dans le détail précis de ce qui est raconté. »
Makhlouf croit également que ceux qui ont aimé son livre ont apprécié l’esthétique de l’écriture fragmentaire, avec son travail sur les blancs, les silences, l’épure.
Ses projets d’écriture ? Plusieurs chantiers sont en cours en ce moment, reconnaît-elle. Et de citer un texte de réflexion autour des Phéniciens et qui sera publié parallèlement à l’exposition qui va se tenir à l’Institut du monde arabe sur Les Phéniciens et la Méditerranée. Un recueil de nouvelles. « Une fiction inspirée de la vie de mon grand-père paternel que je n’ai jamais connu, mais dont l’exil en Haïti a été un des thèmes qui ont “ hanté” mon enfance sous forme de rêves et d’ interrogations. »
Et l’envie aussi de revenir vers des choses plus ludiques et plus légères via la littérature jeunesse.
« En fait, ce prix m’a aidé à décider que l’écriture devait légitimement trouver une place plus importante dans ma vie », conclut-elle.


M.G.H


130 exposants au 26ème salon libanais du livre
du 2 au 18 Mars à Antélias




Daniel Rondeau et Alexandre Najjar lors d'une tribune au salon du livre libanais d'Antélias en Mars 2007, symbole fort d'une fraternité franco-libanaise entre les auteurs des deux rives



Rentrée littéraire 2006:

le Liban et le Proche Orient dans l'actualité des librairies: une dizaine de livres sur le Liban vont paraître dans les prochaines semaines.
>>> voir


Vénus Khoury Ghata dans la troisième sélection du prix Renaudot

Le jury Renaudot a publié le 31 octobre sa troisième et dernière sélection,
en vue de son prix qui sera décerné le 6 novembre.

Dans la série romans et récits
Vénus Khoury Ghata: La maison aux orties (Actes Sud)
paru en Mars 2006, présentation >>>

Alain Mabanckou: Mémoires de porc-épic (Seuil)
Gabriel Matzneff: Voici venir le fiancé (Table ronde)
Olivier et Patrick Poivre d’Arvor: Disparaître (Gallimard)
Michel Schneider: Marilyn dernières séances (Grasset).

Essais et documents
Pierre Boncenne: Pour Jean-François Revel (Plon)
Pierre Lepape: La disparition de Sorel (Grasset)
Benjamin Stora: Les trois exils, juifs d’Algérie (Stock).

Septembre 2006
Alexandre Najjar parle de son dernier roman, «Le silence du ténor»,
paru aux Éditions Plon


«Mon père, ce héros»
Le ténor s’est tu, un triste jour de novembre 2002. Depuis, Alexandre Najjar a tenté de retrouver les mots de son père, les souvenirs de son enfance qui s’estompent peu à peu et un tableau de famille qui reste à ses yeux idéal. Ces mots pudiques, à la fois émus et drôles, l’auteur les a réunis dans son dernier roman qu’il a bien évidemment titré « Le silence du ténor ».
Celui que l’on surnomme encore, ce qui le fait sourire, « le jeune écrivain français » va avoir 40 ans. Avocat car, précise-t-il, « l’injustice m’a toujours révolté », cinq jours par semaine, écrivain les jours qui restent, en vacances, et écrivain en permanence dans sa tête, car « j’ai rêvé, très jeune, d’être un écrivain chez de grands éditeurs français », ce «petit avocat », comme aimait à l’appeler son père, ne se repose jamais. « La vie est trop courte, murmure-t-il, telle une confession, pour ne faire qu’une seule chose. Je constate avec effroi que cela fait 20 ans déjà que j’ai quitté l’école et plus de 20 ans que j’écris. » Pourtant, dans son regard nostalgique, traînent encore les poussières d’une enfance heureuse, à l’abri des agressions de la vie. Des moments, des sentiments, qu’il semble ne jamais vouloir lâcher. Et l’image de son père, Roger, grand avocat qui reste pour lui un exemple, une référence, « à la fois autoritaire et facétieux, un père sévère, mais aussi plein d’affection et de tendresse. Un professeur d’espérance et un personnage de roman. » Alors, lorsqu’un drame comme celui qui va foudroyer ce chêne s’abat sur la tribu Najjar, le long fleuve tranquille se transforme en torrent. Puis en nécessité, pour l’aîné des six enfants, celui qui écrit mieux qu’il ne parle, de mettre sur papier, avec la réserve naturelle qui le caractérise et qui caractérise sa relation avec son père, les souvenirs d’«avant ». Avant ce jour fatal où le ténor est tombé, victime d’une attaque cardiaque, le laissant sur chaise roulante, privé de parole, de sa verve naturelle, de son autorité et, d’une part, de son identité. « Écrire ce livre était, pour moi, une revanche sur la maladie. C’était ma façon de combattre la fatalité, en montrant un être plein de vie et d’espoir. Je me suis surpris à écrire au passé car il y a un avant et un après. Il est là, mais ce n’est plus le même homme, aussi précieuse que soit sa présence. »
Le témoignage d’un fils et d’un homme
Il aura fallu quatre ans à Alexandre Najjar pour arriver au bout de ce roman, ces « 125 pages d’un exercice très douloureux ». Au bout de cette cascade de souvenirs, ceux qui s’invitent naturellement et ceux qui résistent, un parcours de combattant... « Je constituais le puzzle », dira-t-il. Cette « enfance libanaise », sous-titre du livre, vécue à l’ombre d’un homme « exemplaire », qu’un demi-siècle séparait, et d’une mère admirable « qui a guidé mes premiers pas d’écrivain », il en garde le meilleur, malgré une vie parfois trop réglementée, avec, au menu, gymnastique quotidienne obligatoire, repas communs obligatoires, prière obligatoire, une grande exigence et une sobriété de rigueur. Sur un ton à la fois léger et retenu, il offre, comme un album ouvert, les images de ces bonheurs simples et des peines plus importantes, jusqu’au drame. «Les saints ont toujours souffert », répondra sa mère à cette « douleur incommensurable ». Usant de mots lisses, réservés, pudiques, l’auteur décrit une relation humaine et professionnelle déterminante. «Il y a beaucoup d’admiration, de non-dits et de complicité implicite. Mon livre est fidèle à nos rapports.» Fidèle également à l’esprit du « général de brigade » et au style de Najjar, déjà saisis dans nombre de ses romans, notamment L’école de la guerre. « La sobriété et la simplicité peuvent, je pense, transmettre l’émotion. Je ne voulais pas que mon roman soit trop personnel pour qu’il cesse d’être universel. »
Ce roman, qu’il lira un jour à son ténor, en s’éclaircissant la voix à sa place, sera sans doute suivi, plus tard, d’un bel hommage à Ma, sa mère. Une autre pièce du puzzle. « Nos actes nous suivent », avait prévenu le père. Les souvenirs aussi…

Carla HENOUD pour L'Orient Le Jour

* Viennent également de paraître en Octobre 2006:
Une édition des œuvres complètes de Khalil Gibran aux Éditions Robert Laffont,
Aouraq Goubranya, avec des documents inédits, aux Éditions Dar an-Nahar,
Le Roman de Beyrouth aux Éditions Pocket et
L’école de la guerre, aux Éditions La Table ronde.



Le Liban au Salon du Livre de Paris 2006

Spectacles, Tables rondes, Rendez-vous culturels
Parution le 16 Mars 2006
Arabesques
chez Robert Laffont / Editions du Temps


L'aventure de la langue arabe en Occident
de Henriette Walter et Bassam Baraké*

L'ouvrage a été conçu selon deux éclairages complémentaires : d'une part, le cheminement historique de la langue arabe et des gens qui l'ont parlée, enrichie, normalisée ou illustrée, de l'autre une sorte de visite guidée à l'intérieur des manifestations orales de cette langue, tout en soulignant au passage ce qu'elle a donné et ce qu'elle doit aux autres langues, et en particulier à la langue française (cf. les deux glossaires consacrés à leurs emprunts réciproques).
Il s'agit d'un ouvrage aux entrées multiples et aisément repérables : cartes géographiques, tableaux, liste de mots commentés, événements historiques se détachant à l'intérieur d'un cadre, pauses récréatives proposant des énigmes linguistiques dont la solution est à découvrir en tenant le livre à l'envers.

* Professeur de linguistique française et arabe à l’Université Libanaise (Beyrouth), Membre du Conseil supérieur de l’Institut Supérieur Arabe de Traduction (Ligue des Etats arabes), est l’auteur d’un ouvrage sur la phonétique de l’arabe et de plusieurs dictionnaires français-arabe, dont le Larousse français-arabe (Académia, Beyrouth).


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Le 10e prix Phénix 2005, attribué chaque année au Salon du livre de Beyrouth, a été décerné à Charif Majdalani pour son roman
Histoire de la grande maison (Éditions du Seuil) et
à Olivier Germain-Thomas pour Un matin à Byblos (Éditions du Rocher).

Accordé par un jury composé d’écrivains et journalistes libanais et français, le prix récompense l’œuvre d’un écrivain libanais francophone ou celle d’un auteur francophone écrivant sur le Liban.
Le prix sera remis aux lauréats lors d’une cérémonie spécialement organisée en janvier au siège de la Banque Audi, sponsor du prix.


PRIX PHÉNIX
Charif Majdalani et Olivier Germain-Thomas :
deux lauréats pour une dixième édition



L’on ne pouvait qu’éprouver un serrement de cœur en pénétrant, hier, au siège de la banque Audi, à Bab Idriss, où avait lieu, comme chaque année, la remise du Prix Phénix, sponsorisé par le grand établissement bancaire. Et pour cause, l’an passé, c’était Samir Kassir qui, entouré des siens – parents et amis, mais aussi personnalités culturelles et politiques, dont son rédacteur en chef, Ghassan Tuéni – y recevait ce prix, les yeux brillant de fierté. Une fierté qui se lisait sur la photo souvenir, agrandie et projetée sur le mur, de Samir Kassir posant, son Phénix 2004 à la main, entouré de MM. Raymond Audi, Georges Audi et Alexandre Najjar.
L’ombre du journaliste martyr planait donc sur cette édition du Phénix 2005. Lequel a été attribué ex aequo à Charif Majdalani pour son Histoire de la grande maison (éditions du Seuil) et à Olivier Germain-Thomas pour Un matin à Byblos (éditions du Rocher)
« Un Prix Phénix qui revêt, cette année, une double importance, a affirmé le PDG de la banque, Raymond Audi, car, d’une part, il s’agit de la dixième édition de ce prix fondé en 1996 (…) pour renforcer les liens entre le Liban et la France ainsi que pour défendre une certaine idée de la francophonie. Et, d’autre part, cette édition est également importante, car elle survient dans un contexte d’espoir pour le Liban, après une série d’événements tragiques au cours desquels des personnalités comme le regretté Rafic Hariri ou les journalistes Gebran Tuéni et Samir Kassir ont perdu la vie. » Évoquant, avec émotion, le souvenir de Samir Kassir, M Audi a affirmé que si ce dernier laisse un très grand vide, il continuera néanmoins à « vivre parmi nous, grâce à ses écrits remarquables et à l’esprit de liberté qu’il nous a insufflé ».
Responsable et initiateur de ce prix qui est aujourd’hui le prix littéraire le plus important au Liban, l’avocat-écrivain Alexandre Najjar a présenté chacun des deux lauréats, et a donné un bref aperçu de leurs ouvrages.
Saluant « l’entrée en littérature par la grande porte de Charif Majdalani, directeur du département de lettres françaises de l’USJ », Alexandre Najjar a signalé que « l’Histoire de la grande maison a fait sensation, puisque ce premier roman (une fresque historique qui se situe au temps de la grande famine au début du XXe siècle) a été retenu par toutes les listes des prix littéraires de la rentrée et qu’il a obtenu les éloges de la critique. Olivier Germain-Thomas (écrivain, journaliste et éditeur, grand spécialiste de l’Extrême-Orient et fervent gaulliste) a, pour sa part, offert à Byblos l’un de ses plus beaux livres », a-t-il poursuivi. « Un matin à Byblos, paru aux éditions du Rocher, nous propose une réflexion profonde sur l’écriture et le langage, tout en rendant hommage à cette ville considérée comme le berceau de l’alphabet. L’écriture remarquable d’Olivier Germain-Thomas, sa culture encyclopédique, sa capacité à faire dialoguer les cultures ont séduit le jury du Prix Phénix », a assuré l’avocat-écrivain. Qui n’a pas manqué, par ailleurs, de rendre hommage à Samir Kassir et à Mirèse Akar, notre ancienne collaboratrice, décédée il y a quelques mois et dont le premier roman (Je ne suis là pour personne) était également en compétition pour le prix de cette année.
Après la remise des prix (des chèques, assortis d’une médaille de la Monnaie de Paris), les lauréats ont, à tour de rôle, pris la parole pour exprimer leur gratitude et leur émotion. Olivier Germain-Thomas a ainsi témoigné de son amour pour le Liban, de sa fierté à succéder, par l’obtention de ce prix, à Samir Kassir – « que j’avais interviewé dans mon émission Fort intérieur, sur France Culture » – et de son bonheur de se retrouver aux côtés de Charif Majdalani, dont il a beaucoup apprécié le livre. Évoquant le mythe du Phénix qui renaît de ses cendres, l’auteur français a assuré qu’il s’agirait pour lui d’« une incitation à se débarrasser des vieilles peaux, des habitudes et des facilités d’écriture ».
Charif Majdalani s’est dit, pour sa part, « très ému pour d’innombrables raisons. Celle de se trouver assis devant la photo de Samir Kassir (avec qui il avait collaboré au temps de L’Orient-Express). Mais aussi d’avoir décroché ce prix, première véritable instance de consécration littéraire libanaise ». D’autant, a-t-il souligné, que ce livre est d’abord un roman libanais s’adressant en premier à un public libanais. Revendiquant même sa « libanité » dans l’écriture, émaillée de termes arabes ou français propres au pays,
Charif Majdalani a assuré n’avoir pas voulu « faire un roman historique, mais un roman dans lequel les Libanais se réapproprieraient une partie de leur histoire, souvent occultée par l’histoire officielle ».
Dix ans déjà
Ce prix, créé en 1996 à Villeneuve-sur-Lot par un groupe de journalistes libanais et français, récompense, chaque année, un ouvrage écrit en français par un Libanais ou un ouvrage sur le Liban écrit par un auteur francophone. Il a été attribué, entre autres, à Ghassan Salamé (premier Prix Phénix en 1996, pour son essai Appels d’empire. Éd. Fayard), à Denise Ammoun, pour son Histoire du Liban contemporain (Fayard), à Richard Millet pour sa pièce L’Accent impur (Dar an-Nahar), à Joseph Chami pour son Mémorial du Liban et à Samir Kassir pour son Histoire de Beyrouth (Fayard)…

Z. Z.



La contribution des Libanais au rayonnement de la littérature francophone

Le Département de Langue et Littérature Françaises de l'USEK,
Université du Saint-Esprit de Kaslik, organise un colloque, qui aura lieu en mai 2006, avec pour thème :
Les Libanais à l’avant-garde de la Francophonie.
Il s’agira de mettre à l’honneur la contribution des écrivains libanais à l’élargissement et à l’enrichissement de la langue et la littérature françaises.

EN SAVOIR PLUS?


A l'occasion de "Lire en Fête" et de la Nuit des Libraires
le 14 octobre 2005 à partir de 19h 30

La librairie Wallonie-Bruxelles reçoit jusqu’à deux heures du matin
une exposition une performance des intermèdes chorégraphiques
des moments musicaux des lectures
En collaboration avec Trésors du Liban artisanat libanais
À partir de 19h 30 jusqu’à 21h 30
Eugène Savitzkaya Vernissage de son exposition de dessins Présentation de son dernier livre Fou trop poli (Éditions de Minuit) lecture-performance de l’artiste-écrivain
À partir de 21h 30 jusqu’à deux heures du matin
Lectures, par les auteurs, d’extraits de leurs œuvres accompagnées de moments musicaux :
Fadi Abdallah et Jalal Abdallah (luth), Chirine Kassem (clarinette), Ali Baydoun (Bouzouk), Emily Tissot (hautbois) et Renaud Steinhausser (clavier) et
d’intermèdes chorégraphiques de Lamia Safiedine (danse arabe contemporaine)
- entre 21h 30 et 23h 30- en collaboration avec les éditions CADEX
LES CARNETS DU DESSERT DE LUNE LUCE WILQUIN MAELSTRÖM
À partir de 21h 30 jusqu’à deux heures du matin
-(dans l’ordre alphabétique: Thierry Clermont Brooklyn : sketches (MAELSTRÖM)
William Cliff Les chiens du vent (CADEX)
Chantal Deltenre La cérémonie des poupées (MAELSTRÖM)
Daniel Fano Le privilège du fou (LES CARNETS DU DESSERT DE LUNE)
Marc Hanrez Colom, Cortez et Cie (CADEX)
Paul Hermant Au temps pour moi (LES CARNETS DU DESSERT DE LUNE)
Vénus Khoury-Ghata Une maison au bord des larmes (ACTES SUD)
Philippe Lekeuche L’homme traversé (CADEX)
Nicole Malinconi À l’étranger (LABOR)
Jean-Louis Massot Sans envie de rien (EDITINTER)
Salah Stetié Fils de la parole (ALBIN MICHEL)
Franck Venaille La halte belge (CADEX)
Michel Zumkir Nicole Malinconi, l’écriture au risque de la perte (LUCE WILQUIN) et Martin Bakero, traducteur Gérard Fabre, fondateur des Éditions CADEX
David Giannoni, MAELSTRÖM Dalia Obeid et Rita Bassil

A deux pas de la place Beaubourg au coeur de Paris!

Librairie Wallonie-Bruxelles
46, rue Quincampoix 75004 Paris 01 42 71 58 03 libwabr@club-internet.fr
Centre Wallonie-Bruxelles 75004 Paris 01 53 01 96 94 www.cwb.fr
Trésors du Liban
artisanat libanais 45, rue Quincampoix 75004 Paris 01 40 27 02 20
info@tresorduliban.com
Métros Rambuteau, Les halles et Châtelet


Saint Jean Baptiste, dernier livre d'Alexandre Najjar

Jean – Baptiste est sans doute l’un des personnages les plus marquants de la Bible. Partout, églises et musées exposent des œuvres qui le représentent et nombre de villes - comme Québec, Florence ou Turin – l’ont choisi comme saint patron. Pour les chrétiens, ce prophète, considéré comme le précurseur et premier témoin du Christ, se situe à l’orée du Nouveau Testament : c’est lui qui baptise Jésus, « le Fils bien-aimé » de Dieu, marquant ainsi le commencement de sa mission divine. Que sait-on de lui ? ce livre retrace, à travers le récit des Evangiles mais aussi à travers la littérature et l’iconographie, la vie de ce fils du désert, évoque les possibles influences de Qumrân sur son ministère et l’originalité de son baptême, analyse son message et ses rapports avec Jésus, et se penche sur l’énigme de sa mort tragique réclamée par Hérodiade et la belle Salomé… Personnage puissamment évocateur, saint Jean-Baptiste est porteur de la Bonne Nouvelle. Sa voix a survécu à l’oubli : elle ne crie plus dans le désert.
Septembre 2005 - Editions Pygmalion


Charif Majdalani: «Le français est ma langue maternelle et l'arabe,
ma langue paternelle»

L'écrivain libanais Charif Majdalani était l'invité du chat littéraire du jeudi 13 octobre. Il a répondu aux questions des internautes de Libération.fr, à l'occasion de la sortie de son dernier roman, «Histoire de la Grande Maison».
Lire la critique de l'«Histoire de la Grande Maison»
.


Un résumé du livre?

Robert: Votre littérature s'imprègne-t-elle du passé du Liban comme moyen de reconstruire un cosmopolitisme mis à mal dans votre pays
par les années de guerre?

Charif Majdalani.
Je crois que les traditions libanaises ne sont pas spécialement portées sur le cosmopolitisme. C'est une obligation de l'histoire. Et finalement une partie des Libanais s'est vue obligée de composer avec les apports extérieurs. Et donc finalement la société libanaise s'est trouvée forcée à être multiple. Et elle a bien fait. Elle a réussi à être généreusement multiple. Dans le roman, j'ai effectivement cherché à montrer les antagonismes entre les confessions, et en même temps le fait que les Levantins, comme on disait à l'époque, étaient en même temps orientaux et ouverts à l'Occident.
Jim: Si «Histoire de la Grande Maison» est votre propre saga familiale, quel est le personnage dont vous vous êtes senti toujours le plus proche?
Oui, c'est ma famille, mais c'est inspiré de l'histoire de ma famille. Il y a une grande part d'invention quand même. Cela dit, le personnage principal est inspiré de mon grand-père paternel, celui dont je me sens le plus proche. Mais aussi du personnage du fils qui s'appelle Farid, qui est le personnage noir mais en même temps le plus romanesque. Les points saillants du roman sont réels et le reste, inventé, parce que j'ai voulu raconter une histoire familiale et raconter comment on raconte une histoire familiale.
Tarrp: A la lecture de la critique de «Libération», il semble que vous êtes très soucieux dans vos livres de reconstituer à chaque fois les atmosphères de votre ville natale, Beyrouth?
On est toujours attaché à sa ville natale et Beyrouth est une ville dont on a particulièrement la nostalgie parce qu'elle a été maintes fois détruite par les Libanais eux-mêmes. Donc, refaire Beyrouth par l'imagination c'est reconstituer une part de l'identité culturelle du Liban.
Monopolite: Comment vous êtes perçu pour cela au Liban?
Apparemment, cela se passe très bien, j'ai une très bonne presse, et les Libanais me semblent trouver dans le personnage principal une sorte de héros épique libanais et c'est important parce que c'est ce que j'espérais.
KKO: Il semble que vous avez une quête perpétuelle, celle de chercher constamment dans votre pays des objets témoins d'un passé chrétien et
musulman cosmopolite.

Je cherche cela au Liban et comme je le disais au début, le Liban est un vrai pays de mélanges mais je m'intéresse énormément, dans le monde entier, à toutes les formes de métissage culturel. Et d'ailleurs j'ai écrit un livre ludique sur cette question, un livre publié au Liban. Ce livre sera mis en vente, en ligne, début novembre sur deux sites, dont l'un est kinetoscope.free.fr. C'est un site construit autour de ce livre qui s'appelle
«Petit Traité des mélanges».

Lqaui:
Excusez-moi pour mon ignorance, mais c'est quoi le bannissement en Anatolie?
Le bannissement en Anatolie, c'est un épisode peu connu de l'histoire du Moyen-Orient, c'est le moment où les Ottomans, à partir de 1915, ont exilé en Anatolie des nationalistes libanais, syriens, irakiens et palestiniens de toutes confessions et les ont fait habiter dans les villages arméniens dont les habitants venaient d'être massacrés.
Orio:
Vous citez, dans l'article que «Libération» vous consacre, plusieurs noms d'écrivains, comme Stendhal et Garcia Marquez, mais ceux comme Elias Khoury et Hassan Daoud sont peu connus de nous. Que représentent-t-ils dans la littérature libanaise?
Elias Khoury est considéré comme un des principaux romanciers arabes contemporains. Il est libanais mais son œuvre est traduite en français, notamment «la Porte du Soleil» qui a également été tourné en film récemment. Ses œuvres sont traduites chez Actes Sud. Et Hassan Daoud est un romancier libanais important mais peu connu dont l'œuvre s'inspire un peu de celle de Faulkner et raconte la vie des chiites du sud Liban.

HUIO:
Par la littérature, les syro-libanais ont joué un rôle important durant la Nahda (renaissance) au XIX siècle. Pensez-vous qu'il va y avoir un même phénomène pour guérir les consciences arabes?
Je le souhaite et je crois qu'une grande réflexion avait commencé à être élaborée sur cette question par l'historien Samir Kassir, assassiné en juin dernier. Juste avant sa mort, Kassir avait publié un livre intitulé: «Considérations sur le malheur arabe», chez Actes Sud où il réfléchissait sur les raisons de la grande déprime arabe et les moyens d'en sortir. Sari: L'assassinat de Samir Kassir est-il un tournant pour la liberté de penser au Liban? Au vu des réactions après son assassinat, je pense que la liberté de la presse va rester forte au Liban. D'ailleurs, une récente fondation Samir Kassir a décidé, en accord avec l'Union européenne, de décerner annuellement un prix de la liberté de la presse.

HUIO:
Pensez-vous réellement que la littérature dans votre pays peut contribuer à reconstituer les fils entre les communautés et faire émerger un milieu intellectuel multi-culturel?
Je crois qu'il y a un milieu réellement multiculturel dans ce pays, et multiconfessionnel, c'est le milieu intellectuel libanais, mais le problème c'est que son impact sur la société est encore relativement limité.

HUIO:
Vous écrivez en français ou en arabe et si c'est dans la langue de Voltiare, que représente dans votre littérature la langue natale?
J'écris en français. J'ai coutume de dire par boutade que le français est ma langue maternelle et l'arabe, ma langue paternelle. Dans le roman, j'ai pris soin de laisser passer nombre de mots et d'expressions de l'arabe local pour bien rappeler que le roman est un roman libanais.

Merci pour vos questions.


Septembre 2005:

«Le petit abécédaire de la dérision» de Ghassan Khoury
ou comment jongler avec les mots et se jouer de leur sens

Lexique personnel de la vie, le petit abécédaire de la dérision, rédigé par Ghassan Khoury, préfacé par sa mère, Vénus-Khoury Ghata, et édité par la maison du Cherche midi
(cf fiche de l'ouvrage), est un livre humoristique, amusant à feuilleter. Un exercice ludique sous forme de définitions brèves, rapportées par ordre alphabétique. L’écrivain, devenu pour l’occasion équilibriste du mot, jette un regard cocasse et dérisoire sur l’homme et son environnement. Il saute des sujets généraux, comme ceux de la diplomatie et de la politique, à d’autres plus personnels comme l’amour, en passant par des thèmes comme ceux des métiers ou des fantômes, avec une agilité et une subtilité savamment dosées.
Étayé par les illustrations de Piem, l’ouvrage de Ghassan Khoury n’a rien négligé sur son passage. Il se joue des mots tout en se jouant de la vie, cette énorme dérision. Il les tourne, les retourne, les tord et les retord, et sous son regard la réalité apparaît sous un autre angle. Son humour, changeant au fil des pages et au gré des humeurs, peut tantôt être noir et décalé, tantôt empreint de poésie. Mais il est toujours imagé et sarcastique. Et c’est cet humour à multiples facettes qui fait dire à Ghassan Khoury que l’incinération est «déconseillée aux clients allergiques à la fumée»; que l’arme chimique est «un insecticide humain ou humainticide»; la maman un «catalyseur familial» et la femme au réveil «un papillon sans ailes». Aussi, le Viagra qui «permet à l’escargot de crever le mur du son», et les testicules, ces «endroits pour traiter les démangeaisons des doigts», reflètent l’humour salace de l’écrivain.

Jongleur du verbe, l’humoriste au style corrosif n’y va pas de main morte et lance de nombreux clins d’œil à la politique, aux médias et à la condition féminine. Ce qui lui fait dire, dans ce dictionnaire des trouvailles, que «le plasticien est un faussaire cutané», que «le journal est une corde en papier pour étendre le linge sale» et que Bush est «un donateur de bombes à peuples opprimés». Brins de fantaisie et autres expressions volent à la face du lecteur. Et il serait amusant de les découvrir soi-même.
Colette Khalaf pour L'Orient-LeJour


Juillet 2005: Appel à souscription

"Histoires de goule et autres contes"

Envoyez directement par email votre
promesse de souscription à l'auteur





«Liban: le vivre ensemble», de Aïda Kanafani-Zahar
Un sujet d’une brûlante actualité. Le vivre ensemble libanais dans un pays composé de dix-huit communautés! Aïda Kanafani-Zahar se penche sur le sujet et en tire un livre remarquable, intitulé Liban: le vivre ensemble – Hsoun, 1994-2000 (204 pages, aux éditions Geuthner). À titre de rappel, les autres ouvrages intéressants publiés par le même auteur: Le mouton et le mûrier: rituel du sacrifice dans la montagne libanaise (Presses universitaires de France), Mûné, la conservation alimentaire traditionnelle au Liban (Maison des sciences de l’homme, avec le concours du Centre national du livre, prix Langhe Ceretto 1995) et La réconciliation des druzes et des chrétiens du Mont-Liban ou le retour à un code coutumier. Quelque lumière sur le parcours de Aïda Kanafani-Zahar, chargée de recherche au CNRS, groupe de sociologie des religions et de la laïcité (CNRS-EPHE). Après un PhD en anthropologie à l’Université du Texas, à Austin, elle a enseigné à l’Université libanaise de 1979 à 1989, date à laquelle elle se rend à Paris où elle est maître de conférence invitée au Musée de l’homme. Après de nombreux travaux sur l’anthropologie de l’alimentation, elle se consacre depuis 1994 à l’étude de l’après-guerre dans la société libanaise (travail de mémoire, réconciliation, tentatives de sécularisation institutionnelle). La première idée qui viendrait à l’esprit, en parcourant le dernier opus de Aïda Kanafani-Zahar, pourquoi Hsoun? Et de quel vivre ensemble s’agit-il? Qu’est-ce que le vivre ensemble dans un village bi-religieux? Comment se construit-il? Qu’implique-t-il de la part de ceux qui vivent dans le même village? Quels sont ses enjeux et ses limites.
Tout d’abord pourquoi Hsoun.

L’auteur y répond, en toute simplicité, dans son introduction: «Entre 1994 et 2000, j’ai effectué plusieurs séjours à Hsoun. Le village est situé dans le district de Byblos (Jbeil), dans le département du Mont-Liban, à une quarantaine de kilomètres au nord de Beyrouth. Je vivais tantôt dans une famille chiite, tantôt dans une famille maronite, circulant entre les deux durant les jours de fête et les jours ordinaires. J’ai également rendu visite à de nombreuses familles des deux communautés; j’ai entretenu des contacts réguliers avec certaines d’entre elles pendant les six ans qu’a duré mon travail et, avec d’autres, la communication a été moins régulière. J’ai aussi recueilli des informations auprès des habitants de Michân et de Firhit, deux villages biconfessionnels, et auprès des habitants de Fatrî, un village maronite, et de Calmât, un village chiite. Pourquoi Hsoun? Lors des travaux consacrés à l’étude de traditions alimentaires rurales (la constitution de réserve – 1994-1999 –, la fabrication du pain – 1994-1995,1997), le choix des villages n’a obéi qu’à un critère, celui de les sélectionner dans des régions plus ou moins urbanisées pour évaluer les modifications que subissaient ces traditions. Je n’avais associé aucune préoccupation d’ordre religieux à ce choix.» Un univers représentatif à plus d’un égard et dont le préfacier de l’ouvrage, Jean-Paul Willaime, dit en substance: «Le grand mérite de l’ouvrage de Aïda Kanafani-Zahar est de nous faire découvrir, à partir d’une enquête localisée et approfondie, comment des Libanais vivent ensemble avec leurs différences religieuses... La saisie de ce vivre ensemble interreligieux à l’échelle d’un village n’empêche pas l’auteur de mesurer les difficultés et les obstacles qui subsistent à l’échelle nationale : non seulement l’échec du mariage civil, en 1998, et l’abolition du confessionnalisme politique, mais aussi les difficultés persistantes pour déboucher sur une vision commune de l’histoire récente du Liban à travers les manuels scolaires, comme l’opposition manifestée au retrait des cours confessionnels de religion à l’école. On ne décide pas ces choses par décret face à une société civile fortement imprégnée de segmentations communautaires. Si celles-ci ont une incontestable dimension religieuse, le livre n’omet pas de mentionner le poids très important des lignages familiaux dans ces segmentations: à Hsoun même, il y a, outre deux mosquées, deux églises maronites issues de deux familles différentes… Si ce village bi-religieux n’offre forcément qu’une vision limitée des réalités libanaises, l’enquête fouillée qu’a menée Aïda Kanafani-Zahar permet de mieux comprendre les logiques sociales à l’œuvre dans un pays où les cultures religieuses sont fortement structurantes des identités individuelles et collectives. Mais si 47,6% des Libanais déclaraient en 1997, selon une enquête citée par l’auteur, ne pas avoir d’opinion à propos du projet d’introduction du mariage civil, on peut se demander si, au Liban comme ailleurs, un processus de sécularisation des mentalités n’est pas à l’œuvre.»
Et, en même temps, une invite à réfléchir en profondeur sur un état d’être. Le mot de la fin est encore à Jean-Paul Willaime: «La religion est ici une culture structurante et englobante, pourvoyeuse d’une identité régulièrement vécue à travers des rites et des coutumes qui entretiennent le sentiment d’un entre-soi symbolique.
Une manière d’être, une façon de faire lien, de se rapporter au monde, de vivre le don et d’accepter la différence...»


26 Mai 2005
Signature par Ibrahim Tabet* de son ouvrage « Les grands empereurs européens »
à la librairie Antoine Sin el-Fil de 17h à 20h


C’est un concentré de cours d’histoire. Un livre qui intéressera ceux qui veulent rafraîchir leurs connaissances en la matière. Un ouvrage qui passe en revue les divers empires européens : de l’Empire romain aux empires coloniaux français et britannique, en passant par ceux de Charlemagne, du Saint Empire germanique, de Napoléon, des Habsbourg, etc., pour conclure par une réflexion sur ce que l’on pourrait baptiser aujourd’hui d’empire américain. Car la superpuissance américaine, dont l’hégémonie est à l’heure actuelle planétaire, est comparable à celle qu’exerçait Rome sur le bassin méditerranéen dans l’Antiquité. Les grands empereurs européens, d’Ibrahim Tabet (éditions Darnetalaises, collection L’actualité de l’histoire), est sous-tendu par cette idée-force que les empires ainsi que les ambitions impérialistes finissent toujours par s’effondrer.
« L’empire, comme le royaume, est invariablement lié à l’idée de conquête, écrit en introduction Lionel Dumarcet, docteur en histoire. Supranational, le concept d’empire dépasse les particularismes ethniques pour tendre à l’universalisme. L’empire est conquérant. Il est civilisateur (…). Il dispense son influence avant d’être décadent. Il est souvent trop grand, pourri de l’intérieur, porte les affres de sa désintégration, sombre souvent sous les coups de boutoir des barbares et des nationalistes. » À partir de là, l’objectif du livre d’Ibrahim Tabet est de démontrer qu’il s’agit de tirer parti des leçons de l’histoire pour essayer de mieux envisager l’avenir.
Basé sur des recherches bibliographiques diverses qui empruntent aussi bien aux essais qu’aux romans historiques (Hélène Carrère d’Encausse, André Maurois, Philippe Séguin, Marguerite Yourcenar, Amin Maalouf, Henry Kissinger, Samuel Huntington, Maurice Druon, Henri Troyat…), cet ouvrage décrit bien des aventures impériales. D’Auguste à Guillaume II, en passant par Hadrien, Néron, Justinien, Charlemagne, Charles Quint, François-Joseph, Ivan le Terrible, Pierre le Grand, etc., l’auteur dresse d’une plume claire, sobre et concise la chronique de ces empereurs. Divisé en plusieurs chapitres, chacun consacré à un empire (romain, byzantin, carolingien, Saint Empire germanique, russe…), Les grands empereurs européens aborde aussi la lignée des sultans de l’Empire ottoman, dont la domination s’était étendue jusqu’aux portes de Vienne.
À l’heure où la Turquie se réclame de l’Europe, cette page de son histoire peut être intéressante à compulser. Un ouvrage érudit qui semble confirmer l’axiome selon lequel l’histoire est un perpétuel recommencement.


10 Mai 2005

Alexandre Najjar signe à Paris son Livre "Le Roman de Beyrouth"
à l'Office du Tourisme du Liban le Mardi 10 mai 2005
à partir de 18h 124 rue du faubourg St Honoré.

Le Lundi 9 Mai,
Alexandre Najjar sera également l'invité de l'IPSE (Institut de Prospective et de Sécurité de l'Europe) > en partenariat avec "Jeune Francophonie".
La soirée sera organisée autour d'un diner-débat ( à partir de 20h) sur le thème:
"Le Liban entre Orient et Occident, reflexion sur la place du Liban au
Proche-Orient et sur ses relations avec l'Europe et la Francophonie".

L'Auteur dédicacera son ouvrage sur place à l'issue du débat.
Lieu: Restaurant Thoumieux, 79, rue Saint Dominique 75007 Paris Renseignements: tel: 01 42 79 88 45 (répondeur) ou email ipse2004@hotmail.com > Participation: entre 30 et 40 Euros

Mars 2005

Le Liban présent au 25ème Salon du Livre de Paris
· Exposition et vente d'ouvrages francophones édités au Liban,
ou écrits par des auteurs libanais.

· Tables rondes et débats (Salle Agora, Espace cosmopolivres)

1. La Poésie Libanaise contemporaine : " Terres et poésie "
Vendredi 18 /03/05 à 17h.00 · Bruno Doucey ( Directeur des éditions Seghers), médiateur
· Salah Stétié · Vénus Khoury Ghata · Zahida Darwiche Jabbour

2. " Une nouvelle renaissance arabe est-elle possible ? "
Samedi 19/03/05 à 17h00 · Henry Laurens, médiateur · Samir Kassir · Joseph Maïla ·
Gilbert Achkar · Nawaf Salam

3. Le roman Libanais contemporain Dimanche 20/03/05 à 17h00 · Gérard Meudal
(Le Monde des Livres), médiateur · Elias Khoury · Alexandre Najjar · Yasmine Ghata


De gauche à droite (Photo Michel Sayegh) :
Nawaf Salam, Samir Kassir, Henry Laurens, Gilbert Achkar, Joseph Maïla


Présence de l’édition libanaise et la renaissance arabe

Au stand du pays du Cèdre, figurent en bonne place des ouvrages édités par les éditions Alam, Tamyras, Dar an-Nahar, Presse universitaire (USJ), Librairie orientale, Terre du Liban, Paravision. Et à côté, dans le brouhaha d’un flot de foule incessant, commence une table ronde, organisée par le ministère libanais de la Culture, groupant d’éminents spécialistes du monde arabe. À la tribune confrontant les auditeurs (bien nombreux ce jour-là vu l’intérêt et l’actualité du sujet traité) Henry Laurens (médiateur), Samir Kassir (qui signe simultanément deux ouvrages, l’un chez Fayard, Histoire de Beyrouth, et l’autre chez Actes Sud), Joseph Maïla, Gilbert Achkar et Nawaf Salam (qui vient aussi de publier un ouvrage chez Actes Sud sur le conflit irakien). Thème du sujet abordé : «Une nouvelle renaissance arabe est-elle possible?». Survol du passé pour retrouver les significations de la Nahda et entrée dans le vif du sujet, c’est-à-dire tout le système des régimes arabes qui doit être revu et corrigé pour emboîter le pas à la modernité et être en harmonie avec une mondialisation galopante. Problème complexe pour tirer au clair les notions de religion, de civisme et de constitutionnalité dans une région dominée par le conflit israélo- arabe. Enthousiasme évident des orateurs pour les changements qui s’opèrent et réserves pour diverses considérations pour atteindre cette célèbre trilogie de la Révolution française: liberté, égalité, fraternité. On retient la boutade d’Henry Laurens: «Si vous avez compris quelque chose au Liban, c’est qu’on vous l’a mal expliqué!» Détente et rire. Plus rassurants sont les propos de Samir Kassir, (portant au poignet un fin bracelet en fils rouge et blanc, couleurs de l’opposition libanaise): «Il n’y a plus d’appétit de guerre comme en 75, mais un appétit de vivre.» Et pour rester dans les normes de l’espoir et de l’optimisme, pour une renaissance, on retient les propos de Joseph Maïla qui «salue ces manifestants à la place des Martyrs comme un lever de soleil». Pour reprendre les termes d’un titre phare de Jean-Paul Sartre: que peut la littérature? Beaucoup. Le monde des livres en témoigne!


Parution à l'occasion du salon du livre 2005

Le Roman de Beyrouth

d'Alexandre Najjar aux éditions Plon
La saga du Liban libre de 1858 à l'an 2000, à travers trois générations d'une famille de Beyrouth. Combinant adroitement fiction et réalité, Alexandre Najjar ressuscite sa ville en donnant vie à ceux qui ont su l'aimer et la défendre.
Un roman passionnant, brûlant d'actualité ! 375 pages


C'est peu avant le Salon du livre de Paris, début Mars 2005, que paraitra ce nouveau livre d'Alexandre Najjar qui nous propose un vrai roman.

Le roman de Beyrouth est une fresque romanesque qui raconte l'histoire d'une famille libanaise de la moitié du XIXème siècle à nos jours et, à travers elle, l'histoire de Beyrouth, ville Mythique crucifiée par la guerre, mais ressuscitée.

Autour de la fameuse place des canons, lieu de rencontre et de contestation, gravitent des personnages pittoresques comme Roukoz, drogmann du consulat de France, qui participe à la révolution des paysans et proclame la première république en Orient; Elias, médecin dévoué et courageux, et son épouse, Alice, mère possessive et autoritaire; Joe, artiste incompris et militant au sein des Phalanges; Nour, la frêle étudiante devenue passonaria; et le narrateur, Philippe, journaliste en mal d'amour qui accumule les reportages édifiants ou insolites, combat l'obscurantisme et devient le témoin de toute une époque.
Entre Nour et Philippe, c'est la passion: mais elle est musulmane, il est chrétien;
elle est de gauche, il est de droite. Comment surmonter ces différences?
Comment, surtout, faire en sorte que le lourd secret que porte Philippe ne mette en péril leur union?

Alexandre Najjar procède par séquences, par petites touches, pour nous offrir cette fresque qui combine adroitement réalité et fiction, et nous aide à mieux comprendre le Liban, ce pays pluriel considéré par le Pape Jean-Paul II comme "un message".

Né à Beyrouth en 1967, auteur de romans historiques (dont les exilés du Caucase),
de récits (L'école de la guerre), de biographies (Gibran, Le Procureur de l'Empire, Le Mousquetaire), traduits pour certains dans une dizaine de langues, Alexandre Najjar est considéré comme l'un des meilleurs écrivains francophones de sa génération. Il a obtenu, en 1990, la Bourse de l'écrivain de la Fondation Hachette et a pris l'initiative en 1996 de créer le Prix Phénix qui consacre chaque année
un ouvrage écrit en français par un Libanais ou un ouvrage écrit par un auteur francophone à propos du Liban.

La citation suivante résume sans doute fidèlement sa vision:
«-A quoi bon développer les arts dans un pays occupé? -Un pays ne meurt pas quand il est occupé: c'est quand sa culture disparaît qu'il meurt vraiment!»


Alexandre Najjar au Salon du Livre de Paris en Mars 2005
L’histoire revisitée et mise en scène
«Le roman de Beyrouth», d’Alexandre Najjar

Dans «Le roman de Beyrouth» d’Alexandre Najjar (éditions Plon), on croise Charles de Gaulle, Pierre Gemayel, Béchara el-Khoury, Alfred Sursock, mais aussi Chafic Abboud, Claudia Cardinale, Édouard Saab, Karim Pakradouni, Samir Frangié, Amine Maalouf. Et encore des personnages insolites ou inquiétants, comme le Dr Dahesh et l’espion Philby…


La critique de Zéna Zalzal
Mêlant adroitement la petite histoire à la grande, les personnages réels et fictifs, les figures historiques et celles du Liban contemporain, Alexandre Najjar construit une saga familiale qui se déploie sur trois générations. Et dont les protagonistes gravitent autour d’une place qui est depuis toujours le cœur battant du Liban: place des Canons ou place des Martyrs, aujourd’hui rebaptisée place de la Liberté. C’est dans ce lieu de rencontre et de contestation que les personnages du Roman de Beyrouth évoluent: Roukoz, le «drogman» du consulat de France, acteur en coulisse de la fronde des paysans. Son fils Élias, médecin renommé, qui se trouve mêlé au mouvement de révolte contre le mandat français. Ses petits-fils, Joe, artiste devenu militant des phalanges, et Philippe, le narrateur, qui vit une histoire d’amour houleuse avec Nour, pasionaria communiste… Dans ce roman-vérité grouillant de monde, l’auteur revisite le tableau social du Liban de 1858 à nos jours. Autant pour ceux qui reprochaient à Najjar de ne s’attaquer qu’à des sujets éloignés des préoccupations locales! L’écrivain réussit même la gageure de faire résonner, à travers le temps, l’écho d’une toute brûlante actualité…Car on retrouve, le long du récit, ce même pays luttant toujours pour sa liberté. Une lutte qui ne date pas d’hier, n’en déplaise à ceux qui soutiennent qu’«elle n’a jamais eu vraiment lieu, parce qu’il n’y a jamais eu de peuple au Liban». Une assertion que l’écrivain-avocat récuse, en retraçant d’abord la révolte des paysans conduite par Tanios Chahine contre les féodaux de la montagne, puis celle des nationalistes de 1943… L’auteur dessine, par séquences, le paysage politique et humain d’un pays à l’histoire aussi mouvementée que son ciel est serein. Avec, comme fil conducteur, les souvenirs de Philippe, ancien journaliste (à L’Orient-Le Jour!) témoin des événements majeurs de Beyrouth au siècle dernier.
Petite histoire et destins personnels
Dans cette fresque, qui suit donc l’histoire d’une famille, le lecteur retrouvera, présentés sous un éclairage original, les grands événements de l’histoire du pays du Cèdre. De l’insurrection des paysans du Kesrouan en 1858 à nos jours, en passant par l’établissement du mandat français en 1919, l’indépendance de 1943, l’âge d’or jusqu’en 1975, la guerre domestique… Entre ces bornes événementielles, les petites histoires du quotidien. Des touches qui, mieux que n’importe quelle étude savante, brossent un portrait de la société libanaise. Des rivalités entre jésuites et Américains, illustrées par un match de football devenu légendaire, à l’évolution progressive des mentalités, des mœurs et du mode de vie dans la capitale… L’on découvre, par exemple, que cinquante ans plus tôt, une marche des femmes pour la liberté, similaire à celle qui a eu lieu lundi, avait été organisée par Honeiné Tarché et Évelyne Bustros, pour soutenir le mouvement de l’indépendance! Ainsi, dans une langue fluide, émaillée d’expressions fleuries tirées du vocable libanais, l’événement historique, les destins personnels et les petites anecdotes s’enchevêtrent. C’est, parmi les romans d’Alexandre Najjar, le plus émouvant, le mieux senti. Même si son élaboration a nécessité, comme toujours chez cet auteur, un minutieux travail de recherche (les références bibliographiques sont impressionnantes!). Un ouvrage qui ressuscitera des souvenirs chez les anciens, en donnant aux générations montantes une vraie compréhension des fondements même de leur présent, de leur avenir.
Disponible depuis début mars, en pleine «révolution du Cèdre», Le roman de Beyrouth se clôture sur cette invite:
«Un peu de patience, Beyrouth retrouvera son âme et le Liban sa liberté.
Il suffit d’y croire et de lutter.»


Parution aux éditions Fayard du second tome
de l'histoire du Liban contemporain par Denise Ammoun



15 Décembre 2004

Remise du Prix Phénix à Samir Kassir pour son
«Histoire de Beyrouth»


C’est au siège de la Banque Audi, à Bab Idriss, et en présence d’amis, de parents et de personnalités culturelles et politiques, dont le député Nassib Lahoud et le rédacteur en chef d’an-Nahar, Ghassan Tuéni, qu’a eu lieu la remise du prix Phénix de littérature
à Samir Kassir, lauréat 2004 pour son Histoire de Beyrouth (éd. Fayard).
Un ouvrage qui, selon l’avocat-écrivain Alexandre Najjar, responsable du prix, «est rapidement devenu un classique. Samir Kassir y fait preuve d’ une vaste érudition et d’une grande finesse, ne négligeant aucun visage de cette ville cosmopolite qui a nourri un immense imaginaire. En récompensant son Histoire de Beyrouth, le prix Phénix a voulu rendre hommage au travail colossal réalisé par Samir Kassir, mais aussi à son style, à sa rigueur et à la justesse de ses observations...», a-t-il assuré.

Souvenir: De G. à D. : Alexandre Najjar, Georges Audi, Samir Kassir et Raymond Audi.

Rappelant, par ailleurs, que «ce prix est décerné par un jury prestigieux, composé d’une douzaine d’écrivains et journalistes libanais et français, dont trois lauréats du prix Goncourt, à savoir: Amin Maalouf, Yann Queffélec, Paule Constant, Jean Lacouture, Salah Stétié, Josyane Savigneau, Vénus Khoury-Ghata, Mona Béchara, Lucien George, Nicole Avril et Yves Berger» , il a signalé que ce dernier – auteur de nombreux romans et lauréat du prix Médicis –, décédé il y a quelques jours, sera désormais remplacé par Daniel Rondeau, écrivain et éditorialiste à l’Express.
Rappelons que ce prix créé en avril 1996, à l’occasion du Salon du livre de Villeneuve-sur-Lot, récompense, chaque année, un ouvrage écrit en français par un Libanais ou un ouvrage écrit par un auteur francophone à propos du Liban. Heureux que cette récompense aille cette année à Samir Kassir, «l’un de nos meilleurs essayistes et dont les chroniques dans les pages du quotidien an-Nahar témoignent d’une rare clairvoyance et d’un courage exceptionnel», Raymond Audi a indiqué qu’«à travers ce prix, la Banque Audi, devenue Audi-Saradar, affirme son engagement en faveur de la culture libanaise, en faveur de la francophonie, qui en est indissociable, et en faveur de nos écrivains qui, trop souvent, ne trouvent hélas la reconnaissance qu’en dehors de leur propre pays». Le PDG de la Banque a, par ailleurs, soutenu que «le mécénat culturel est un devoir pour une institution comme la nôtre, qui se doit de participer à la renaissance de notre pays et d’intervenir là où les pouvoirs publics, faute de moyens ou de personnel qualifié, sont incapables d’agir». Après avoir reçu des mains de Georges Audi, président honoraire de la banque, le chèque de 2000 euros et deux médailles commémoratives dont une de la Monnaie de Paris, Samir Kassir a remercié le jury «pour son vote massif et franc en faveur de ce livre». Il a estimé que ce prix est un hommage à la ville de Beyrouth (...), dont l’histoire, contrairement à un roman, n’a pas de fin. Et à ce titre, il a souhaité que «la magnifique contribution architecturale de la Banque Audi» – dont il signale dans son ouvrage l’installation à Beyrouth, au début du siècle dernier – soit évoquée par le prochain historien de Beyrouth.
«Quant au Roman de Beyrouth, qui paraîtra dans quelques mois, c’est Alexandre Najjar qui s’y attelle», a-t-il révélé, avant de conclure par un mot sur les mesures de rétorsions qui pourraient être prises contre les médias français:
«Il serait regrettable que Beyrouth devienne seulement bilingue,
comme le reste des pays du monde arabe.»

Signalons que Samir Kassir, journaliste réputé pour ses éditoriaux publiés dans le quotidien an-Nahar et professeur à l’Institut des sciences politiques de l’USJ, est titulaire d’un DEA de philosophie de l’Université de Paris I et d’un doctorat en histoire de l’Université de Paris V. Il a à son actif plusieurs ouvrages, dont La guerre du Liban, Considérations sur le malheur arabe.


Parution du Second tome de la série De Gaulle et le Liban,
par Alexandre Najjar

"de la Guerre à l'Indépendance (1941-1943")

Le rôle du général de Gaulle pendant la Seconde Guerre mondiale est mal connu du grand public. Pourquoi déclencha-t-il avec les Britanniques l'opération "Exporter" qui conduisit à une bataille fratricide? Pourquoi après avoir proclamé l'indépendance du Liban le 8 juin 1941, se montra-t-il réticent à l'accorder? Pourquoi visita-t-il le Liban en 1941 et en 1942? Comment réagit-il aux machinations du chef de la mission britannique Sir Edward Spears? Pour quelles raisons ses relations avec Churchill furent-elles affectées par la question du Levant? Et comment fut-il amené à reconnaître l'indépendance sans conditions? Fruit de recherches minutieuses, enrichi d'un important dossier iconographique, cet ouvrage analyse le rôle joué par de Gaulle au Liban de 1941 à 1943 et, tout en insistant sur le courage et la ténacité de l'homme du 18 juin, évoque le duel sans merci qui l'opposa à Spears et les erreurs commises par la France Libre au coeur de cet Orient que le Général savait "compliqué".

Pour commander ce livre en France:
Librairie Geuthner, 12, rue Vavin, 75 006 Paris.
Sur le web: www.geuthner.com
De Gaulle et le Liban, de la Guerre à l'Indépendance (1941-1943),
212 p., éd. Terre du Liban, 2004.

Considérations sur le malheur arabe, par Samir Kassir

Il fallait un Beyrouthin pour oser ce livre et ce titre. Auteur en 2003 d'une Histoire de Beyrouth, Samir Kassir, Professeur de Sciences politiques et éditorialiste à An Nahar, a osé. Il brosse en effet un tableau original du "malheur arabe", de ses racines et de ses expressions. Pour ce faire, il puise dans l'histoire et la culture arabes et convoque tant l'islam politique que le néo-colonialisme américain ou encore ausculte les régimes arabes hégémoniques.
En 100 pages et pour 10 €, ces Considérations sur la malheur arabe, publiées chez Actes Sud en novembre 2004 et dont une version arabe est attendue presque simultanément, éclairent d'un jour nouveau les réflexions sur le devenir du monde arabe à l'aube du troisième millénaire. Pour bref qu'il soit, cet essai va sans nul doute captiver les passionés du monde arabe, même si, inévitablement, il en agacera quelques-uns. Un premier paradoxe relevé par l'auteur réside dans le fait que le malheur arabe est davantage une affaire de perceptions que de réalité objective. Plutôt mieux lotis que nombre de pays en développement, les pays arabes sont globalement convaincus que l'avenir est obstrué et que l'apanage des avancées démocratiques, de la croissance économique et de la maîtrise technologique appartient à d'autres, qu'ils soient Asiatiques, Latino-américains ou Africains. Même lorsqu'ils sont au premier plan de l'actualité mondiale, comme avec la guerre en Irak, c'est pour constater que, si cette guerre a pû être retardée, ce ne fût par eux mais grâce à la société civile internationale, cet altermondialisme dans lequel les Arabes n'ont qu'une part infinitésimale.
Cheminant dans son exploration de l'Histoire, l'auteur nous assène au passage quelques mises au point salutaires: que la femme syrienne ait eu le droit de vote avant la française n'est pas indifférent dans le concert actuel de démocratisation universelle; le rapprochement entre les flagellations sanguinolantes des Chiites lors d'Achoura et celles du Vendredi Saint lors de certaines célébrations en Espagne ou aux Philippines n'est pas non plus inutile en cette époque de démonisation médiatique. Le conflit arabo-israélien est bien entendu mis par Samir Kassir au centre de la démonstration: Il n'a pas fallu attendre l'occupation américaine de l'Irak, en effet, pour que le sentiment d'impuissance commence à ronger les Arabes. A chaque nouvel épisode de la question de Palestine, l'impuissance est là, et d'autant plus déstabilisante que même l'expert le mieux prévenu du rapport des forces effectif ne peut manquer de la mesurer au différentiel démographique entre Israéliens et Arabes. S'y ajoute le déficit démocratique de la quasi-totalité des pays arabes: Le sentiment d'impuissance que nourrit cette domination, et qui est d'autant plus irrésistible que l'inconscient arabe le mesure à la nostalgie d'une gloire oubliée et toujours fantasmée, se double d'une impuissance citoyenne. Non seulement les pouvoirs en place ne peuvent donner ou rendre à leurs Etats une capacité d'initiative dans les relations internationales, mais ils interdisent à leurs citoyens toute initiative susceptible, sinon de changer les pouvoirs, du moins de leur insuffler, par le truchement d'une participation populaire, une vigueur renouvelée (…)
La crise des idéologies aidant, il n'y a plus, dès lors, que le recours à la religion pour canaliser la frustration et véhiculer la demande de changement. On ne saurait être plus limpide. Et pour mieux enfoncer le clou, l'auteur ajoute Si elle résulte d'abord du déficit démocratique, la montée de l'islam politique ne saurait être une réponse à l'impasse des Etats et des sociétés arabes. Résistance à l'oppression, elle naît aussi de l'échec de l'Etat moderne et de l'égalitarisme des idéologies du progrès et, en ce sens, s'apparente à la montée des fascismes en Europe (…) C'est dire combien est fausse l'illusion que l'islam politique puisse offrir une possibilité de sortir du malheur arabe, quand il en est l'un des éléments constitutifs.
Renverser cette logique du 'malheur arabe' appelle une remise en question qui, selon Kassir, n'est pas impossible, mais sa difficulté vient de ce que les élites susceptibles de la promouvoir sont prises en sandwich entre des pouvoirs non démocratqieus, le plus souvent d'ailleurs soutenus par l'Occident malgré la 'croisade démocratqiue' du Grand Proche Orient, et les courants de l'islamisme radical. Et, dans ce contexte, une condition urgente: que les Arabes abandonnent le fantasme d'un passé inégalable pour voir enfin leur histoire réelle. En attendant de lui être fidèle.


Actes Sud/Sindbad, Arles, France, Novembre 2004.

Rédaction Babelmed

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de Paris du 17 au 23 Mars 2005