Auteurs
libanais francophones et
littérature franco-libanaise
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Octobre
2009
Parution de Berlin 36 d'Alexandre
Najjar
Vient
de paraître Pour Alexandre Najjar, un écrivain
se doit de « défendre des valeurs, pas des
idéologies ». Fidèle à ses
convictions, l'avocat-écrivain poursuit cet objectif
de livre en livre. Et plus que jamais dans « Berlin
36 », son dernier roman, qui vient de paraître
aux éditions Plon.
Ce
roman est celui dun événement :
les jeux Olympiques de Berlin, organisés par
le IIIe Reich en 1936. Autour de cette manifestation
gravite une foule de personnages manipulateurs ou pittoresques
: le Führer, bien déterminé à
leurrer le monde en affichant un masque pacifique
de lAllemagne ; Jesse Owens, lathlète
noir qui défiera les Nazis et leurs théories
racistes en remportant quatre médailles dor
; les ministres Goebbels et Göring, qui déploient
mille stratagèmes pour instrumentaliser les Jeux
; le baron Pierre de Coubertin, icône déchue
qui se fourvoie en soutenant les organisateurs ; Leni
Riefenstahl, légérie du Reich, cinéaste
exigeante et capricieuse chargée de fixer sur
pellicule la spectaculaire mise en scène de lévénement
; Oskar Widmer, un pianiste de jazz qui, tant bien que
mal, résiste à la déferlante nazie
; Pierre Gemayel, un jeune Libanais de passage, qui
découvre avec étonnement lenvers
du décor ; enfin, Claire Lagarde, une courageuse
journaliste française qui, en couvrant les Jeux,
rencontre subitement lamour
Dans un roman foisonnant, Alexandre Najjar met habilement
en scène ces personnages, réels pour la
plupart, fictifs pour quelques-uns, afin de nous raconter,
comme une valse à trois temps, les jeux Olympiques
de Berlin et dénoncer, à travers cet événement,
le racisme et le terrorisme intellectuel qui sévissent
encore de nos jours.
Né
en 1967 au Liban, Alexandre Najjar est lauteur
de romans (dont Les exilés du Caucase, Le Roman
de Beyrouth et Phénicia, prix Méditerranée
2009), de récits (LEcole de la guerre,
Le Silence du ténor) et de biographies (Khalil
Gibran), traduits dans une douzaine de langues. Avocat,
responsable de LOrient littéraire, il a
obtenu le prix Hervé Deluen de lAcadémie
française pour sa défense de la francophonie
au Moyen-Orient.
Alexandre Najjar devant le mémorial
dédié à Jesse Owens à Oakville.
«Pour
moi, Jesse Owens n'était pas seulement l'athlète
accompli qui avait brillé aux Jeux olympiques de
Berlin, c'était aussi l'homme qui avait surmonté
la ségrégation qui minait son pays et ridiculisé
les théories de la suprématie aryenne prônées
par les nazis. Au Liban, j'avais, comme lui, connu les
"apartheids" et la résistance aux "ténèbres
organisées": je ne pouvais rester insensible
à son combat contre le racisme et la haine »,
écrit Alexandre Najjar dans le prologue de Berlin
36.
Né de l'admiration de l'auteur pour Jesse Owens,
ce roman - dont les premières pages ont les accents
émouvants de La Case de l'oncle Tom ! - n'est pas
tant une biographie de l'athlète noir, dont la
victoire aux Jeux de Berlin, en 1936, fut un véritable
camouflet pour Hitler, qu'une fresque brossant, autour
d'un événement historique, les manuvres
sournoises du nazisme. Ce régime qui, sous couvert
d'un visage civilisé de l'Allemagne et de ses intentions
pacifiques, va chercher, par le biais de la caution des
organisateurs des Jeux olympiques, à récupérer
cette manifestation pour en faire un véritable
instrument de propagande.
Hitler
et ses ministres...
C'est donc autour de cet événement sportif,
organisé par le IIIe Reich en 1936, que vont
graviter les personnages - la plupart bien réels,
d'autres fictifs - de ce roman historique. Où
l'on voit défiler, dans une succession de petits
chapitres, comme autant de courtes séquences,
Hitler et ses ministres Goebbels et Göring, Leni
Riefenstahl, égérie du régime et
fameuse réalisatrice du film Les Dieux du stade,
le baron Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux, et...Pierre
Gemayel, jeune président idéaliste - et
patriote! - de la Fédération libanaise
de football, de passage dans la capitale allemande.
Mais aussi, parmi une foule d'autres personnages, Oskar
Wilmer, un pianiste de jazz (musique considérée
« noire » et prohibée par les nazis),
et Claire Lagarde, une journaliste française
venue couvrir les Jeux. Un duo qui, outre l'histoire
d'amour qui se noue entre eux, devra faire face au «
terrorisme intellectuel » du régime
hitlérien.
Passé
et présent
On l'aura compris, dans ce dernier roman, comme dans
la majorité de son uvre précédente,
Najjar met l'accent sur les analogies entre passé
et présent. Le lecteur ne manquera pas d'identifier
les correspondances entre le régime nazi et les
phénomènes totalitaires, idéologiques
et d'embrigadement des masses qui prédominent
au Moyen-Orient. Tout comme il ne manquera pas d'établir
un parallèle entre le récent appel au
boycott des Jeux olympiques de Pékin pour cause
de désaveu de la politique chinoise en matière
de droits de l'homme et celui qui eut lieu plus de sept
décennies plut tôt !
Écrit d'une plume limpide et basé sur
une solide documentation, pour laquelle l'auteur s'est
rendu à Berlin, à Lausanne, au Musée
de l'Olympisme et sur les traces de Jesse Owens à
Chicago, Alabama et Ohio, sans oublier les recherches
entreprises dans les archives de L'Orient-Le Jour (l'auteur
reproduit un article de Pierre Gemayel envoyé
à L'Orient en 1936, publié dans le «Courrier
des lecteurs» et dans lequel il regrettait l'absence
de participation du Liban aux Jeux!), Berlin 36 est
d'une lecture prenante.
Une fresque qui fait habilement se rencontrer les dieux
du stade, de la guerre et de l'amour...
Lu
ou entendu dans les médias sur Berlin 36
- "Un roman bouleversant et riche d'enseignement."
(France Culture)
Dans
« Berlin 36 », Alexandre Najjar réunit
les dieux du stade, de la guerre et de lamour
Par Zéna ZALZAL | 05/09/2009
-"Ecrit d'une plume limpide et basé sur
une solide documentation (...), Berlin 36 est d'une
lecture prenante. Une fresque qui fait habilement se
rencontrer les dieux du stade, de la guerre et de l'amour."
(L'Orient-Le Jour)
"Un
nouveau roman d'Alexandre Najjar, une nouvelle plongée
dans l'histoire avec une foule de personnages passionnants
qu'on accompagne jusqu'au bout du livre pour le fermer
à regret sans vouloir le quitter."
(La Revue du Liban)
"Alexandre
Najjar est, à juste titre, considéré
comme l'un des auteurs libanais de référence.
Fasciné par le destin de Jesse Owens, désireux
à sa manière de raconter les Jeux de Berlin
de 1936, il a compulsé quantité de documents
et rencontré d'innombrables témoins...
L'essentiel est là : la mise en échec
d'une idéologie bousculée par le talent
parfaitement imprévisible de Jesse Owens."
(L'Equipe Magazine)
"Les
doigts du romancier ont réussi à façonner
l'Histoire."
(An Nahar)
Mai 2009
Le Prix Méditerranée 2009
à Alexandre Najjar
Le
Prix Méditerranée 2009 a été
décerné hier à Alexandre Najjar pour
son roman Phénicia (éditions Plon) qui retrace
l'épopée des Phéniciens et la résistance
héroïque de Tyr face à l'armée
d'Alexandre le Grand. Le prix lui a été
décerné au premier tour par 12 voix sur
13, les autres finalistes étant Gérard de
Cortanze et Richard Millet.
Créé en 1984, le Prix Méditerranée
a pour ambition de valoriser l'espace culturel entre les
différents pays, dont la Méditerranée
est le creuset, et s'inscrit ainsi pleinement dans le
cadre du lancement de l'Union pour la Méditerranée.
À sa création, le jury-fondateur était
constitué autour d'Hervé Bazin, président
de l'Académie Goncourt, de quatre autres académiciens
Goncourt : Emmanuel Roblès, François Nourissier,
François Mallet-Joris et André Stil, ainsi
que de cinq membres de l'Académie française
: Edgar Faure, Jean d'Ormesson, Maurice Rheims, Jacqueline
de Romilly et Fernand Braudel. Le jury est aujourd'hui
constitué d'éditeurs, de journalistes et
d'écrivains, dont certains sont d'anciens lauréats
ou membres des deux académies, mais également
d'autres prix tels le Femina, le Renaudot et le Médicis,
comme Dominique Fernandez, Henry Bonnier, Georges-Emmanuel
Clancier, Tahar ben Jelloun, Dominique Bona, Amin Maalouf,
Solange Fasquelle ou Patrick Poivre d'Arvor.
Depuis sa création, le Prix Méditerranée
a déjà récompensé d'importants
auteurs francophones ou étrangers, comme Orhan
Pamuk (Prix Méditerranée 2006 et prix Nobel
de littérature 2007), Michel del Castillo, Arturo
Perez-Reverte, Umberto Eco, Claudio Magris, Jean-Pierre
Vernant, Robert Solé, Jean-Christophe Ruffin, Jean
Daniel, Dominique Fernandez, Sandro Veronesi, Antonio
Tabucchi, Ismaïl Kadaré ou Edmonde Charles-Roux.
Mars 2009
La vie antérieure tel un thriller
poétique
Par Edgar DAVIDIAN pour
l'OLJ
Vient de paraître Poésie,
humour, sensualité, Orient troublant et troublé,
choc des images, chats errants ou choyés, personnages
cocasses et disjonctés, voilà le fond de
décor de « La revenante », le dernier
roman, plus baroque, improbable et invraisemblable que
jamais, de Vénus Khoury-Ghata.
Trente-huitième
opus de Vénus Khoury-Ghata qui a fait de la francophonie
son cheval de bataille et de l'écriture son occupation
favorite. Fidèle à son inspiration de toujours,
c'est-à-dire un mélange d'images insolites,
de passions débridées, d'humour noir et
grinçant, de défense de la liberté
de la femme, de personnages extravagants et d'un Orient
coloré aux parfums tenaces, l'auteur de Bayarmine
ajoute à ses thèmes de prédilection
l'insoluble sujet de la réincarnation et des vies
antérieures...
Cela donne un roman loufoque, au sens distillé
au goutte-à-goutte, pas souvent crédible,
plus proche d'un thriller poétique délirant
aux divagations certes amusantes mais guère convaincantes.
Il y a là l'impression d'un ouvrage bâclé.
En devanture des librairies donc, La revenante de Vénus
Khoury-Ghata (éditions Écriture - 203 pages)
dont l'action se passe au Djebel druze en Syrie où
les «pierres sont rancunières»... Pour
la réincarnation et les métempsychoses,
le cadre est par conséquent taillé sur mesure.
Juin 1941. Trois officiers français des troupes
du Levant sont ensevelis sous les décombres d'un
temple. Cinquante ans plus tard, les trois corps exhumés
sont ceux de deux hommes et d'une femme.
Quel meilleur terreau pour piquer la curiosité
d'une romancière et l'inviter à se pencher
sur cette énigme, et d'en éplucher les parties
sombres et empoussiérées ?
Pour percer le mystère et nourrir sa plume gourmande,
VKG plonge à corps perdu (et plume éperdue),
en archéologue surréaliste et peu portée
aux précisions scientifiques, dans un monde onirique
où passé et présents se recoupent
et se rejoignent en constants flash-back. Et elle tente
de dénuder lentement une vérité qui
se dérobe comme du
mercure...
Un accident de voiture, un coma, suivis d'hallucinations,
de rencontres, de visions, de hasards : Laura, jeune Française
de 25 ans, serait-elle Nora ? Et s'enclenche une histoire
un peu abracadabrante et confuse d'où surgissent
un émir autoritaire, sa fille amoureuse d'un Français,
un commandant bourru et sa vamp de femme aux désirs
de séduction inassouvis... Avec des scènes
coquines (notamment ce désopilant dîner au
style colonialiste chez l'émir), peintes en touches
chargées de sarcasme et de dérision, dignes
parfois du libertinage et des mélodrames ampoulés
des films égyptiens en noir et blanc...
Entre paraboles, dictons truffés de mots mâtinés
de résonance arabe, aphorismes levantins, et vagabondage
de l'esprit et de l'imaginaire, VKG entonne un luron et
vibrant hymne à la dualité de la vie et
de la mort. Hymne englobant aussi la dualité du
rêve et de la réalité, de l'opulence
et du dénuement, du désir et de la frustration,
de la stabilité et de l'errance, de l'enracinement
et de l'exil...
Mais avant de s'ériger en une impénitente
conteuse, au verbe enfiévré et débridé,
sans contrainte logique, Vénus Khoury-Ghata est
une grande amoureuse des vocables. Sa poésie et
son goût des sonorités de tout vent le certifient.
Peu lui importe d'être crédible, elle voudrait
surtout entraîner le lecteur dans le sillage de
ses mots. Elle n'est pas une « hakawati »
au sens conventionnel du terme, mais une « fouilleuse
» de mots pour le plaisir des images qu'ils suscitent
et des sons qu'ils font résonner...
Novembre 2008
Le 28ème prix France-Liban
exceptionnellement co-décerné à deux
auteurs: Boutros
al-Hallaq et à François Boustani
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