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Guerre du Liban:
" parler de l'histoire sans la refaire..."
La Période Michel Aoun au Liban

Légalité et légitimité : des relations conflictuelles

MICHEL AOUN A LANCE LE 19 JUILLET 2007
SA CHAÎNE DE TÉLÉVISION AU LIBAN
Le général à la retraite Michel Aoun, leader du parti d’opposition chrétien et seul prétendant déclaré à la présidence du Liban, a lancé vendredi sa chaîne de télévision.
OTV a commencé à émettre avec un journal d’informations, arborant un symbole orange à l’écran, la couleur du parti du général Aoun, le Courant patriotique libre (CPL).
Dans sa phase de démarrage, la chaîne doit diffuser six heures de programmes par jour. Le premier tour de l’élection présidentielle est prévu le 25 septembre.
Le Parlement doit désigner un remplaçant au pro-syrien Emile Lahoud, dont le mandat s’achèvera le 25 novembre.
A l’heure actuelle, les députés anti-syriens estiment qu’il leur revient de choisir le prochain président puisqu’ils disposent de la majorité absolue (68 sièges de députés sur 126). L’élection se fait à la majorité des deux-tiers au premier tour, à la majorité absolue au second.
La majorité anti-syrienne a en revanche besoin de la présence des députés de l’opposition pro-syrienne, menée par le Hezbollah auquel est allié Michel Aoun, pour atteindre le quorum des deux-tiers, comme le veut la coutume depuis l’indépendance.
> Le site de la chaine

Parution chez Fayard du dernier livre du Général Aoun

"Une certaine vision du Liban"
Entretiens avec Frédéric Domont*

Signature à la FNAC Paris Avenue des Ternes le 31 Mai à 17h30

Figure emblématique de la résistance contre l’occupation syrienne du Liban, Michel Aoun s’est imposé au fil des années comme le personnage incontournable du paysage politique libanais. Ce « fougueux» militaire, élevé à la dure école de l’armée durant la guerre du Liban, entre en politique en 1988 lorsque Amine Gemayel, président de la République, le nomme Premier ministre. Michel Aoun n’aura de cesse, durant ses deux années de mandat, de rétablir l’autorité de l’État et de libérer le territoire de l’occupant syrien - en vain. Le 13 octobre 1990, une offensive syro-libanaise sur ce que l’on appelle le « réduit chrétien» sonne le glas de ces deux ans d’espoir. Le général est contraint à l’exil. Il passe quinze ans en France avant de rentrer au pays en mai 2005. Les Syriens sont partis et il ressent ce départ comme une victoire personnelle en affichant l’ambition de rassembler.
La conclusion, au début de l’année 2006, d’une «entente » entre le Courant patriotique libre du général Aoun et le Hezbollah a suscité de nombreuses interrogations, tant au Liban que dans les rangs occidentaux. Michel Aoun propose, à travers cette entente « audacieuse » et « avantgardiste », un « projet de société » qui transcende les clivages sociaux et communautaires traditionnels afin d’apporter, à l’heure du « choc des civilisations », une réponse aux crises identitaires et à la question du « comment vivre en paix dans une société pluraliste ? »
Né en 1935 dans la banlieue de Beyrouth, Michel Aoun, ancien Commandant en chef de l'armée libanaise et ancien Premier ministre, est aujourd’hui député et l’un des principaux chefs de l'opposition.

* Frédéric Domont est journaliste, spécialiste du Moyen- Orient.

Parution : Mai 2007 - 260 pages - 13,5 x 21,5
Prix TTC : 18 (118,07 FF )
Code ISBN : 978-2-213-63214-8
Code Hachette : 3534542

A l'occasion de sa visite à Paris, le Général Aoun donnera aussi une grande conférence-débat au palais des congrès de Paris
le 2 Juin 2007 à 19 heures >>
Réservation des places



D'Octobre 1990 à Mai 2005...


Après quinze ans d’exil en France, le général Michel Aoun s’apprête à rentrer au bercail. Magazine du 6 Mai 2005 retrace le parcours d’un homme, controversé certes, mais qui a eu au moins le mérite de rester constant dans ses prises de position et d’œuvrer sans cesse pour la libération du Liban. Il a soixante-dix ans derrière lui et tout l’avenir devant. Gros plan sur le retour d’un grand exilé.

Le "V" de la victoire derrière la vitre blindée et le traditionnel
"Ya Chaab Loubnan al-azim"(grand peuple du Liban ont ponctué le discours de Michel Aoun, le 7 Mai sur la place des Martyrs et de la Liberté.
Nous aurions tant aimé entendre quelques mots de remerciement à la France qui, de Beyrouth, eurent conféré encore plus d'émotion à ce moment historique...
Crédit Photo: AFP

Le vendredi 29 avril 2005 à 20h précises

Le Rassemblement Pour le Liban / Courant Patriotique Libre
organise un DINER HISTORIQUE autour des thèmes suivants
LE RETOUR DU GENERAL MICHEL AOUN AU LIBAN
& LE RETRAIT TOTAL DES FORCES D’OCCUPATION SYRIENNES
A l’Hôtel « INTERCONTINENTAL » PARIS
(3, Rue Castiglione 75001)
Dîner de gala libanais, animé par la chanteuse « Rania Antar »
Réservation Obligatoire Places limitées
Réservations :
00 33 6 64 22 64 79
& 00 33 6 13 84 82 70 – 00 33 6 12 60 69 30
mail : diner.historique@tayyar.org Prix du billet : 60 € sur place 50 € en prévente

Le retour du Général Aoun au Liban est prévu le 7 Mai 2005 après un séjour en France durant près de 15 années, à Marseille puis en région parisienne.

Grands repères historiques du Liban
en partenariat avec le site-web "histoire à la carte"
Formation du Grand Liban

Soucieux de préserver une autonomie acquise sous les Ottomans, les nationalistes libanais font admettre à Versailles la création d’un Etat étendu autour du noyau chrétien du Mont Liban.
La guerre au Liban

De 1975 à 1990, le Liban, dont le système politique repose sur un fragile équilibre intercommunautaire, est le terrain d’une guerre aux visages multiples, dont les enjeux sont aussi bien libanais que régionaux et internationaux.
Accès en démonstration des cartes animées et commentées pour le Liban,
en exclusivité sur LibanVision
!


Tournant dans l'histoire d'après-guerre du Liban?
Au lendemain d'une élection législative partielle an Septembre 2003,
Aoun annoncait déjà son intention de rentrer au Liban
en vue des élections générales prévues en 2005....


Sa dernière conférence de presse au CAPE

avant l'attentat contre Rafic Hariri (version audio)


1er Février 2005 >>>
En exil à Paris depuis 14 ans, il voudrait aujourd'hui soutenir l'opposition, voire présenter sa propre candidature aux prochaines législatives
Le général Aoun annonce son retour à Beyrouth

Exilé en France depuis quatorze ans, le général Michel Aoun a ménagé une surprise aux Libanais ce week-end en annonçant qu'il revenait au pays avant les élections législatives prévues au printemps. A 70 ans, l'ancien commandant en chef de l'armée a précisé qu'il n'excluait pas de présenter sa propre candidature, affirmant qu'en tout cas il unirait ses forces à celles de l'opposition «pour engager ensemble la bataille de la souveraineté et de l'indépendance du Liban».
De son exil parisien, le général Aoun s'est fait depuis des années le champion de la dénonciation de la mainmise syrienne sur le Liban consacrée en 1989 par l'accord de paix de Taëf, avec l'aval de la communauté internationale. Son incapacité à faire échouer le processus de Taëf, alors qu'il était premier ministre d'un gouvernement militaire de transition, l'avait contraint à demander l'asile en France en 1990. Son retour au Liban serait l'une des premières conséquences de la résolution 1559 des Nations unies qui a sonné le glas de la bienveillance internationale à l'égard du rôle de Damas au pays du Cèdre. Adopté le 2 septembre dernier à l'initiative de Washington et Paris, le texte réclame implicitement le retrait des troupes syriennes du Liban, la fin des ingérences politiques et le désarmement du Hezbollah. Recevant vendredi à l'Elysée le patriarche maronite, Nasrallah Sfeir, chef de file de l'opposition chrétienne antisyrienne, le président Jacques Chirac a réitéré «l'attachement de la France à la pleine application de cette résolution», selon son porte-parole. «Dans cette perspective, les élections législatives libanaises sont une étape capitale qui sera suivie avec attention par la communauté internationale», a-t-il dit. De son côté, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin a déclaré à un journal tunisien attendre «des gestes concrets» de la part de la Syrie.
Sous le feu des projecteurs, Damas multiplie les initiatives destinées à concrétiser une réorientation de la gestion de ses relations avec le Liban. Le retour de Michel Aoun entrerait dans ce cadre. Après la visite à Damas d'un émissaire aouniste il y a deux semaines, la presse libanaise se faisait l'écho hier d'une volonté officielle de clore les dossiers judiciaires concernant le général, tandis que le premier ministre Omar Karamé a déclaré hier que Aoun serait bien accueilli au Liban. Le nouveau vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, est attendu aujourd'hui à Beyrouth pour donner corps à cette «évolution» des relations libano-syriennes. Celles-ci ne passeraient plus par le canal des services de renseignement syriens (dont le siège à Anjar, dans le nord du Liban, fait office d'ambassade), mais par le ministère des Affaires étrangères, conformément au souhait du président syrien «d'institutionnaliser» les contacts bilatéraux, rapporte la presse locale. M. Mouallem rencontrera notamment l'ancien président Amine Gemayel, devenu l'un des principaux membres de l'opposition antisyrienne, et une entrevue avec le patriarche Sfeir serait prévue pour une visite ultérieure. Confrontée à des pressions sans précédent, la Syrie a ainsi choisi de lâcher du lest en accédant à certaines des revendications principales de l'opposition libanaise, qui a pris de l'ampleur depuis le ralliement de Walid Joumblatt à des thèses qui étaient jusque-là l'apanage de certains cercles chrétiens.
«Notre but devrait être de mettre fin par des moyens démocratiques à la tutelle syrienne», a récemment déclaré le leader druze.
Outre la volonté affichée d'assainir les relations entre les autorités syriennes et libanaises, un autre geste a été effectué en direction de l'opposition : le gouvernement libanais a concocté une loi électorale qui répond au souhait des chrétiens d'améliorer leur représentativité au Parlement. Le nouveau découpage électoral revient en effet à de petites circonscriptions – le caza – afin de soustraire les chrétiens au poids déterminant des électeurs musulmans et de permettre à chaque communauté de choisir ses représentants. Même si elle satisfait une revendication ancienne du patriarche maronite, cette loi a l'avantage de préserver les chances du pouvoir prosyrien de conserver la majorité des sièges à la Chambre, grâce à l'assise populaire de certains alliés de Damas. D'autant qu'elle complique les choses pour l'ancien premier ministre Rafic Hariri, le troisième pôle de l'alliance antisyrienne. Il lui sera cette fois beaucoup plus difficile qu'en 2000 de rafler les 19 sièges à pourvoir dans la capitale.
Sybille Rizk pour le Figaro

Comprendre le scrutin des élections législatives libanaises de Mai 2005...

Août 2004
Entretien entre Alain Ménargues et François-Xavier

Alain Ménargues
"Les secrets de la guerre du Liban"

Le livre-évènement
Le journaliste a signé ses deux derniers ouvrages au Salon du livre 2004
Pourquoi Alain Ménargues a voulu dévoiler « les secrets de la guerre » du Liban

Alain Ménargues a entrepris, avec ses Secrets de la guerre du Liban, un travail colossal : cinq ans de recherches, près de 350 entretiens avec des personnalités liées de près à la période concerné, une collecte de documents inédits, un souci quasi maniaque de s’en tenir aux faits et de multiplier les détails... Le résultat a été à la mesure du travail abattu par le journaliste : un best-seller et plus de deux cents signatures au Salon du livre le week-end dernier. La publication du deuxième tome, qui couvre la période allant de l’accession d’Amine Gemayel à la présidence de la République jusqu’à sa visite à Damas, en février 1984, est prévue pour bientôt. En attendant, Alain Ménargues a publié un nouvel ouvrage, Le Mur de Sharon, sur le mur israélien de séparation en Cisjordanie. Il précise d’ailleurs d’entrée qu’il reste journaliste avant toute autre chose, comme le dénotent d’ailleurs la sobriété de ses propos, sa modestie et son extrême lucidité quant à la manière d’envisager et d’écrire l’histoire. Sur les motivations qui l’ont conduit à écrire Les secrets de la guerre du Liban, Alain Ménargues rappelle qu’il a été correspondant au Liban : « Je suis arrivé au Liban en 1982, six heures avant que les Israéliens ne bloquent Beyrouth-Ouest. Durant toute la guerre, j’ai vécu avec ce sentiment frustrant de ne pas tout savoir. Et, durant des années, mon souci a été de combler les trous. Par ailleurs, durant la guerre, j’ai été frappé de voir que beaucoup de gens subissaient la guerre sans savoir ce qui se passait. J’ai voulu leur apporter certaines réponses. J’avais des choses à me dire, à dire à ma femme libanaise. Et puis je me suis posé la question : si aucun des Libanais ne peut écrire un livre d’histoire sur ces événements, pourquoi un étranger ne le ferait-il pas ? » Et de poursuivre : « Le livre idéal est celui qui serait accepté par toutes les communautés. Et c’est possible, à condition qu’il y ait deux notions appliquées : la tolérance et la recherche de l’exactitude des faits. L’histoire est une multitude de faits. C’est l’addition de ces faits dans leur contexte qui permet de décrire d’une manière incontestable ce qui s’est passé. Ensuite, c’est le droit le plus strict du lecteur d’évaluer et de porter des jugements. »

La peur des Libanais...
Alain Ménargues explique d’une manière très pragmatique pourquoi son livre a reçu un bon accueil au Liban : « Parmi les lecteurs, il y a beaucoup de jeunes qui n’ont pas connu la guerre et qui sont venus me remercier pour avoir pu lire ce qu’ils ne trouvaient pas dans leur famille. Les jeunes veulent savoir comment leurs ancêtres ont vécu. L’identité et l’avenir d’un jeune dépendent du passé de ses parents. » Alain Ménargues estime que les Libanais ne pourront faire le deuil de la guerre tant qu’ils ne savent pas ce qui s’est produit. « Par ailleurs, personne ne veut parler de la guerre. Ni ses acteurs ni ses victimes. On dresse un voile pudique. Mais il va bien falloir un jour le lever », dit-il. En réponse à ses détracteurs, qui déplorent, entre autres, le timing choisi par l’auteur pour la parution de son livre, il répond : « Ce livre n’a porté préjudice à personne. Mes détracteurs sont des politiciens de salon qui se gargarisent de leurs propres mots et qui ne savent pas faire une analyse de la situation. Il n’était pas question pour moi de porter préjudice à quiconque. La situation régionale, la présence syrienne ou sa non-présence n’ont rien à voir avec un livre. On n’écrit pas un livre par rapport à un timing politique. » Qu’est-ce qui empêche les Libanais de se réapproprier leur mémoire ? « Vous voulez que je vous dise franchement ? La peur d’eux-mêmes. L’incompréhension de ce qui s’est passé. Quand on veut analyser des faits, il faut s’analyser soi-même. Il faut donc se juger par rapport à des événements, et c’est très difficile », répond-il. Il faut aussi avoir la liberté de le faire, non ? « Personne n’empêche quelqu’un de s’asseoir à une table devant un miroir et de se demander ce qu’il a fait », souligne-t-il.


Michel Hajji Georgiou


Article paru dans le Monde le 19 Janvier 2003
Des archives retrouvées-inventées de la guerre à Beyrouth

A Noisy-le-Sec, le collectif libanais Atlas Group expose des documents troublants.
Walid raad, né en 1967 au Liban, a passé une grande partie de son enfance et de son adolescence dans un pays en guerre. Alors que les dirigeants actuels cherchent à en occulter la mémoire, Walid Raad fait partie de ces artistes libanais qui travaillent sur ces événements qui marquent encore le quotidien. En 1999, il a fondé l'Atlas Group, afin de produire ou retrouver des documents - images, textes, vidéos, bandes-son - sur l'histoire contemporaine du Liban. Ses travaux ont été exposés à la Documenta de Kassel et à la Biennale de Venise. Pour cette première exposition en France, La Galerie, à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), présente le dossier du Dr Fakhouri, un historien libanais qui, à sa mort, en 1993, a légué carnets et films à l'Atlas Group. Le Carnet de notes volume 38 contient 145 photos annotées de voitures, répliques exactes de celles qui, piégées, ont explosé entre 1975 et 1991. "Dans la presse libanaise, on apprenait tout sur la marque et la couleur des voitures, la taille du cratère creusé par la déflagration, mais presque rien sur les victimes humaines", expliquait Walid Raad lors de sa conférence-performance inaugurant l'exposition.
VOITURES ET COUCHERS DE SOLEIL
Sur chaque feuille du carnet, on peut voir une reproduction de la voiture et lire des informations chiffrées sur l'attentat. "Nissan blanche. 23 mai 1985. 14 heures. Beyrouth. 55 morts. 174 blessés. 300 kg de TNT. Périmètre 500 mètres. 35 véhicules brûlés." "Mercedes 2805 grise. 20 janvier 1986. Beyrouth 11 h 21. 30 morts. 132 blessés. 200 kg TNT. Cratère 5 mètres × 1,5 mètre." Autant de stèles qui, dans leur style faussement froid, saluent la mémoire de ces morts oubliés. Le Carnet de notes volume 72 manie l'ironie : les historiens libanais auraient été des parieurs forcenés qui se retrouvaient au champ de courses hippiques pendant toute la durée de la guerre. "On raconte, dit Walid Raad, mêlant fiction et réalité, que marxistes et islamistes pariaient de la première à la septième course, maronites nationalistes et socialistes de la huitième à la quinzième." Dans cette société malade de la guerre, un autre "document" du Dr Fakhouri est un film faisant défiler à toute vitesse une série de photos d'enseignes de médecins prises dans les rues de Beyrouth, telle une ritournelle inquiétante. Il aurait aussi pris une image de sa ville à chaque fois qu'il pensait la guerre terminée ; "dernière photo de la guerre" multipliée par autant de fois qu'il y a eu d'espoirs déçus. Dans la même lignée des archives retrouvées-inventées, Walid Raad présente I Think it Would Be Better If I Could Weep ("Je pense que ce serait mieux si je parvenais à pleurer"), une série de couchers de soleil sur la Corniche, célèbre promenade de la capitale libanaise au bord de la Méditerranée, où les habitants de toutes les communautés déambulent et bavardent. Le texte de Raad affirme que, "en 1993, les agents de la sécurité libanaise y installèrent des caméras", le lieu étant un rendez-vous d'espions et agents en tout genre. "Les caméras étaient actionnées manuellement et placées à l'intérieur de buvettes-camionnettes, alignées à 18 mètres d'intervalle les unes des autres." Un opérateur aurait pris la liberté de pointer sa caméra, chaque soir, sur le coucher du soleil. "Cet opérateur fut licencié en 1996, mais on lui permit de garder les cassettes contenant les couchers de soleil. En 1998, le ministère de l'information a confisqué tous les films de couchers de soleil (...), à l'exception de quelques minutes. Les voici, telles quelles", avertit l'introduction du film. Image et politique, trace et censure : le travail subjectif de Walid Raad semble une constante interrogation sur l'histoire et la création. "Au cœur du projet, un trouble", note Jean-Pierre Rehm, critique d'art, commissaire de l'exposition avec Hélène Chouteau, directrice de la Galerie. Qu'est-ce qu'un fait d'actualité ? Une guerre peut-elle être imaginaire ? Une mémoire peut-elle rester enfouie ? L'œuvre de l'Atlas Group s'inscrit dans ce tâtonnement contemporain.
Catherine Bédarida

Atlas Group, jusqu'au 7 février 2004.
La Galerie, 1, rue Jean-Jaurès, Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis).
Tél. : 01-49-42-67-17. RER E, gare Noisy-le-Sec, ou bus 105, arrêt Jeanne-d'Arc. Entrée libre. Conférence-performance le 30 janvier à 20 h 30 aux Laboratoires d'Aubervilliers, 41, rue Lécuyer, Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Mo Quatre-Chemins.


Septembre 2003

Au lendemain d'une élection législative partielle,
Aoun annonce son intention de rentrer au Liban
en vue des élections générales prévues en 2005. >>>

Source: Romandie.com - Le général libanais en exil Michel Aoun a fait savoir par la presse qu'il comptait rentrer au Liban pour les élections de 2005, au lendemain d'une législative partielle où l'un de ses partisans, sans être élu, a réalisé un score salué par les journaux beyrouthins. Cette partielle, qui s'est déroulée dimanche dans la circonscription de Baabda-Aley, à l'est de Beyrouth, a vu la victoire d'un chrétien maronite pro-syrien, Henri Hélou (qui succède ainsi à son père, député et ancien ministre), qui l'a remporté de 3.276 voix seulement sur le candidat aouniste, Hikmat Dib. La partielle a été marquée par un taux de participation très faible (23,8%). "Je considère que nous avons gagné", a déclaré le général Aoun au journal As-Safir, qui titre en une : "Hélou député avec 28.000 voix et Dib +vainqueur+ avec 25.000 voix".
"Je vais rentrer au Liban pour participer aux prochaines législatives", prévues pour 2005, a dit le général maronite, principal opposant à la présence syrienne au Liban. A la tête d'un gouvernement de militaires, le général Aoun avait déclaré en 1989 une "guerre de libération" contre le joug syrien avant d'être évincé l'année suivante par une offensive militaire syro-libanaise. Des journaux beyrouthins ont considéré lundi que le résultat de son candidat était un camouflet pour le chef druze pro-syrien Walid Joumblatt, très influent dans la circonscription de Baabda-Aley mais qui n'a pas réussi à mobiliser ses partisans en dépit d'appels urgents en faveur de M. Hélou. C'est la première fois qu'un partisan du général Aoun se porte candidat au nom du "Courant national libre" (CNL). Ce dernier a toujours refusé de reconnaître le régime libanais pro-syrien né des accords de paix interlibanais de Taëf (1989). L'élection partielle de dimanche visait à attribuer le siège maronite devenu vacant après le décès de Pierre Hélou, entrepreneur richissime. M. Dib est un ingénieur d'origine modeste qui avait été emprisonné lors de la rafle qui avait frappé plus de 200 activistes chrétiens anti-syriens en août 2001.
Le général Aoun vit en exil en France depuis 1990, et réside actuellement à Paris.

L'annonce, fin Septembre 2003, de la réouverture de poursuites à son encontre par les autorités libanaises, qui a suivi son "exposé" devant le congrès américain risque fort de contrecarrer ses velleités de retour, jusqu'au prochain rebondissement?

Beyrouth, dimanche 23 octobre 1983,
Drakkar a cessé d'exister... Cette nouvelle ébranle le monde… 58 parachutistes français des 1er et 9e RCP trouvent la mort dans les décombres de leur poste baptisé
« Drakkar ».
Le site de la commémoration du 20ème anniversaire

 


Mémoire de maîtrise à l’USJ
sur la complexité du système politique consensuel

Nous publions un extrait du mémoire de maîtrise soumis par le collaborateur du journal L'Orient Le Jour, Michel Hajji Georgiou à la faculté de droit et de sciences politiques de l’USJ
sous le titre

«Légalité et légitimité dans le système politique libanais en temps de crise (la période Aoun)».

Le mémoire, dirigé par le professeur et constitutionnaliste Jean Salem, a obtenu la mention très bien. Il évoque les rapports conflictuels entre la légalité et la légitimité, d’abord de manière générale, dans le cadre du système politique libanais en temps de paix (1943-1973) et en temps de guerre (1975-1990), puis à travers la «période Aoun», où le conflit entre «les» légalités et « les » légitimités atteint son paroxysme.
L’extrait que nous publions est issu de la première partie du mémoire, concernant les relations ambivalentes entre la Constitution et le Pacte national de 1943 dans le cadre du système politique libanais en temps de paix. «Le problème concernant la légitimité au Liban remonte à plus loin que l’avènement de la Constitution libanaise: l’on sait toute la controverse qu’a entraînée – et que continue d’entraîner chez certains idéologues, au sein de certains partis et dans les discours de certains officiels de certains pays – la proclamation même de l’État du Grand-Liban par le général Gouraud en 1920. Dès l’instant où la légalité naît, au Liban, elle est sujette à des tensions et des remous, le camp nationaliste arabe ne voulant voir dans le Liban qu’une création artificielle des accords de Sykes-Picot, un État créé par le mandataire français pour la communauté maronite. Chronologiquement, la reconnaissance du Liban en tant qu’État dans ses frontières reconnues internationalement jette les bases de la première crise au niveau de la légalité et de la légitimité – puisque le Liban est perçu comme une création artificielle, donc un “objet” illégal et illégitime, par un camp politique et, par transitivité, par la grande majorité de la communauté sunnite. Elle constitue aussi un prélude à l’affrontement de légitimités intercommunautaires et interlibanaises entre les tenants du rattachement à la nation arabe et les partisans d’un Liban tourné vers l’Occident qui incitera à la conclusion d’un consensus “national” – lequel porte en fin de compte sur la légitimité nationale – entre les deux communautés “politiquement actives” du pays à l’époque, les maronites et les sunnites : ce sera le Pacte national de 1943. « Si nous insistons de cette manière sur cet affrontement entre ceux qui n’ont jamais vu le Liban autrement qu’à travers le prisme d’une idéologie panarabe ou pansyrienne totalisante, faisant de ce pays un “kotr” (littéralement : diamètre) appartenant à l’espace de la “umma” (nation), et ceux qui ont toujours mis en exergue son “histoire vieille de 6000 ans”, c’est parce que cette lutte de légitimités va déboucher sur une bataille ouverte autour de l’identité du Liban, qui va transcender plus tard à la fois la Constitution, les institutions étatiques et le consensus du Pacte national pour jouer l’un des rôles principaux dans la déstabilisation du système, une première fois lors de la crise de 1958, puis avec le début des hostilités en 1975. Dans ce sens, affirme l’ancien secrétaire général du Parti communiste libanais, Georges Haoui, “on ne peut expliquer la légitimité au Liban sans se référer à l’affrontement identitaire entre deux nationalismes, l’arabisme et le libanisme”. Deux tendances dont on retrouve déjà un avant-goût dans le cadre du Pacte national de 1943. « […]La Constitution de 1926 intègre dans son corps le système communautaire malgré les réticences de Michel Chiha, et sur l’insistance, semble-t-il, des députés musulmans Omar Daouk (sunnite) et Sobhi Haïdar (chiite), à travers l’article 95 qui énonce : “À titre transitoire et conformément aux dispositions de l’article 1er de la Charte du Mandat et dans une intention de justice et de concorde, les communautés seront équitablement représentées dans les emplois publics et dans la composition du ministère, sans que cela puisse cependant nuire au bien de l’État.” « Commentant l’article, modifié par la loi constitutionnelle du 9 novembre 1943 qui supprime la mention “conformément aux dispositions de l’article 1er de la Charte du Mandat”, Edmond Rabbath affirme : “C’est la disposition fondamentale qui a servi, sous le Mandat et avec une force accrue depuis l’indépendance, de motif justificatif à un développement pathologique du confessionnalisme politique issu du régime communautaire, à une forme de métastase qui a envahi mentalités et institutions”. Par conséquent, la légalité subit un premier assaut de la part de la légitimité, représentée ici par la structure communautaire et le “confessionalisme politique” du pays, à travers l’article 95 de la Constitution – mais aussi à travers les articles 9 et 10, relatifs au statut personnel. « […]Le deuxième “débordement” de la légitimité sur la constitutionnalité libanaise se fait à travers le Pacte national de 1943. Mais que représente en réalité ce “pacte”, qui fonde la légitimité consensuelle au Liban ? “La commotion de 1943 avait produit des mouvements de pensée et opéré un reclassement de valeurs et de repères dont l’effet catalyseur avait fini par donner lieu à l’apparition d’une conscience spécifiquement libanaise, sinon nationale, au sens sociologique généralement attaché à ce terme. (…) Le peuple se voulait, en effet, au moins uni dans une patrie libanaise dont les virtualités se sont ouvertes depuis à toutes les communautés indistinctement, sous conditions qu’elles soient cataloguées et reconnues, dans la liberté et le respect mutuel de leurs droits et de leurs traditions”, affirme Edmond Rabbath, avant d’évoquer la multitude de facteurs qui ont eu pour effet “d’asseoir la légitimité de l’entité libanaise sur un consensus général”. “Il faut bien reconnaître que cette conscience collective, proprement libanaise, a été le fruit de l’indépendance. L’on pourrait sans exagérer parler à son propos, au souvenir surtout des éventualités menaçantes agitées sous le Mandat, d’un miracle libanais. Il était de coutume d’en attribuer la cause à ce que l’on est convenu d’appeler le Pacte national. Ce Pacte n’a jamais été écrit et encore moins nettement formulé. Il fut en réalité une sorte de modus vivendi dont la formation originelle et les applications successives – mais aussi les retombées politiques – ont constitué les facteurs dominants de la vie libanaise” (1), souligne-t-il. « Dans une perspective analytique, il convient de constater qu’à travers le Pacte national, il est possible de retrouver trois sources enchevêtrées de légitimités existant au Liban, dont deux reviennent d’ailleurs couramment dans les différentes sources écrites dans lesquelles auraient été énoncés les principes du Pacte (en l’occurrence certains discours du président Béchara el-Khoury et la déclaration ministérielle du gouvernement Solh (2)) : « – Le Pacte national est avant tout un consensus sur le Liban, sa souveraineté et son indépendance. Dans son arrière-fond psychologique, il correspond à une “libanisation des musulmans” et à une « arabisation des chrétiens”, et “constitue l’effet spontané d’un rapprochement entre les deux pôles, jusque-là opposés, de l’arabité, assortie de sa greffe naturelle, relative à l’unité syrienne, d’une part, et de la libanité portant les couleurs françaises et chrétiennes, d’autre part” (3). Il met en principe un terme à la querelle intercommunautaire qui a prévalu autour de l’identité du Liban, et qui constitue l’une des dynamiques de la légitimité. […] » « – Le Pacte national a été conclu entre les communautés maronites et sunnites, et constitue le fondement de la légitimité consensuelle libanaise. Il est donc possible de retrouver une deuxième source de légitimités, celle de la structure communautaire et pluraliste du pays, qui, déjà introduite dans la Constitution à travers la représentation électorale et le statut personnel, devient maintenant le fondement du Pacte national. “Au Liban, il n’y a que des légitimités confessionnelles. Le Pacte est un consensus forcé entre les deux communautés”, estime l’ancien gouverneur de la Banque du Liban, le juriste Edmond Naïm. « – Par delà les communautés […], le Pacte national, fondateur de l’État libanais affranchi du Mandat, relève, dans une perspective sociologique, d’un accord entre les élites politiques respectives des deux communautés concernées, représentées ici par Béchara el-Khoury pour les maronites et Riad es-Solh pour les sunnites. L’on se retrouve ainsi au cœur des particularités – et des controverses – du système politique libanais : connaissant toute la problématique de la représentation au Liban, et les aspérités d’un système où un phénomène de découpage électoral par régions combiné à des structures sociales, culturelles et anthropologiques bien déterminées (phénomènes de clanisme, de tribalisme, de familiarisme et de féodalisme), il sera intéressant de se demander dans quelle mesure un accord interélites au Liban peut garantir un accord “national”. Dans le sens où il est légitime de se demander si la vision du Liban prônée dans le discours élitiste, celle d’un Liban consensuel, et, partant, d’une légitimité consensuelle, correspond à la légitimité telle qu’elle est perçue par les milieux populaires, qui pourraient aspirer à autre chose qu’au simple consensus. « La question se pose de savoir, à la lumière de cette idée, si le système de représentation tel qu’il existe au Liban n’assure pas la reproduction d’une même caste politique pseudo-élitiste traditionnelle, de plus en plus fondée sur le pouvoir des clans et des familles, tellement imprégnée de consensus qu’elle finit par oublier sa fonction de représentation et, sans transcender les barrières communautaires, parvient, par le consensus, à former une caste homogène dont le seul but serait de se maintenir au pouvoir. Le système pluraliste « consensuel » opérerait alors à la reproduction et à la perpétuation de ses propres structures en permettant une absence de reproduction et de circulation des élites, et empêcherait de facto l’existence d’une légitimité “nationale” qui transcenderait le simple consensus. Toujours est-il que le Pacte national donne naissance à la culture – et, partant, à la légitimité – du consensus au Liban. « […] Depuis 1943, “on a beaucoup plus légiféré dans le sens du Pacte national que dans celui de la Constitution”, estime par ailleurs le politologue et secrétaire général du Parti national libéral (PNL), Élias Abou Assi. C’est-à-dire, explique-t-il, que la légitimité communautaire a pris le dessus sur la constitutionnalité, et que l’esprit dans lequel les lois ont été élaborées depuis 1943 est fondamentalement communautaire. “Au Liban, la question de la légitimité doit être appréciée en fonction des critères libanais. Entre la Constitution et le Pacte national, c’est ce dernier qui prévaut. Cela est clairement perceptible dans la répartition des pouvoirs publics”, indique le professeur Abou Assi. “Le support de la légitimité n’est pas dans les textes. L’esprit qui régit les institutions libanaises était le Pacte de 1943, supérieur à la Constitution de 1926, tout comme actuellement l’accord de Taëf prévaut sur les amendements constitutionnels de 1990”, affirme pour sa part le ministre Marwan Hamadé. «Ainsi, dans les rapports entre la légalité et la légitimité, la prééminence a été donnée à la seconde sur la première dans la vie politique du pays. Même si le communautarisme, désigné par la suite, à tort ou à raison, sous le terme fort péjoratif de “confessionalisme politique” existait déjà dans le corps de la Constitution de 1926, et dans ses amendements multiples, il n’empêche que le Pacte national, ou, plus précisément la pratique qui a découlé du Pacte, va préserver, raffermir et consacrer cette formule, en la doublant d’une dimension consensuelle. C’est donc à travers le prisme du binôme consensualisme/communautarisme qu’il faut voir la légitimité instaurée par le Pacte de 1943, et dont l’effet sur la Constitution se fera ressentir. « Selon le professeur Theodor Hanf, l’axe Constitution-loi électorale-Pacte national fonde au Liban “un régime consensuel évident”. “Le pays n’est plus gouverné par une majorité simple mais toujours par une large coalition, chaque communauté importante disposant d’un droit de veto en vertu de la règle de la représentation proportionnelle”, indique-t-il. De plus, ajoute le sociologue allemand, “le Pacte impose une réalité constitutionnelle et démocratique consensuelle, les décisions importantes ne pouvant être prises à la majorité simple, mais uniquement par le consensus et l’unanimité”».

1) RABBATH (Edmond), La Formation du Liban politique et constitutionnel, Presses de l’Université libanaise, 1986, 2e ed., p. 542.
(2) cf. JISR (Bassem), Mithaq 1943, Dar an-Nahar, Beyrouth, 1997, 2e ed., p. 143-174.
(3) RABBATH (Edmond), op.cit., p. 543.



Plus de dix ans après avoir quitté le Liban, le Général Aoun attire toujours de nombreux partisans, notamment parmi les libanais résidant à l'étranger, comme ici, lors d'une visite en Australie.



Petite Biographie plurielle du Général Aoun

Né en 1935 dans une famille maronite pauvre de la banlieue sud de Beyrouth, il effectue un stage aux Etats-Unis, à Fort-Seale en 1966 et un stage en France à l'Ecole supérieure de Guerre de 1978 à 1980. Il est nommé en 1984 général de brigade puis commandant en chef de l'armée libanaise. Dans la confusion de sa nomination comme premier ministre en 1988, il se sent investi d'une mission : « la libération du Liban de l'occupation syrienne ». Il est le « Saint Michel » pour ses partisans Chrétiens et « Napolé-aoun » pour ces libanais de toutes confessions qui voient en lui le libérateur de la patrie. Mais Aoun est abandonné dans sa « guerre de la libération ». Il décide le 13 octobre 1990 de cesser le combat et demande asile à l'ambassade de France. Actuellement, il vit depuis 1991 en France, près de Meaux en Ile de France après un passage à Marseille.

Ancien Premier ministre libanais, Michel Aoun est né en 1935 à Haret Hraik (banlieue de Beyrouth) dans une famille catholique-maronite pauvre et fera carrière dans l'armée. Il passe par l'Académie militaire libanaise d'où il sort officier d'artillerie. Il complète sa formation en France (Châlons-sur-Marne; Ecole supérieure de guerre) et aux Etats-Unis (Fort Seale, Oklahoma). Lors de la guerre civile des années '70, il reste fidèle au gouvernement. Au début des années '80, il commande une brigade de défense contre les troupes syriennes, puis israéliennes. Il jugule des milices prosyriennes, est nommé général de brigade, puis commandant en chef de l'armée. En 1988, le président Amin Gemayel le nomme Premier ministre, à la tête d'un gouvernement militaire provisoire. Il mate les milices chrétiennes et musulmanes. Combattant les forces d'occupation syriennes, il doit se réfugier à l'ambassade de France d'où, en 1991, il part en exil à Marseille. Il conserve toujours une forte popularité au Liban.

Aoun, Michel, est né en 1935 dans une famille maronite pauvre de la banlieue sud de Beyrouth. Il choisit la carrière militaire dans l'arme de l'artillerie, effectue en 1966 un stage à Fort Seale aux Etats-Unis puis à l'Ecole Supérieur de Guerre à Paris dont il est diplômé en 1980. En 1983, avec la 8ème brigade, il arrête les milices chiites pro-syriennes au village de Souk el Gharb dans les monts Liban, est promu général en 1984 puis nommé, avec l'accord des musulmans, commandant en chef des forces armées. Il favorise l'esprit de corps parmi les 15000 hommes qu'il dirige et tient un discours nationaliste anti-syrien qui va jusqu'à séduire un certain nombre de musulmans. L'assemblée nationale n'arrivant pas à s'entendre sur le nom du successeur d'Amine Gemayel qui arrive en fin de mandat, celui-ci nomme Michel Aoun Premier ministre le 23 octobre 1988. En concurrence avec Sélim Hoss, Premier ministre par intérim depuis l'assassinat le 1er juin de Rachid Karamé, le général s'attaque aux milices chrétiennes de Samir Geagea et entreprend de fermer les ports illégaux par où transite la drogue qui permet aux milices, chiites et druzes notamment, de se financer. En représailles, les Syriens bloquent les ports chrétiens. Michel Aoun déclenche alors, le 14 mars 1989, la guerre de libération, espérant un soutien de la communauté internationale qui ne viendra pas. Le premier cessez-le-feu du 11 mai 1989 imposé par la Ligue arabe n'interrompt pas les bombardements sur le palais de Baabda et le réduit chrétien. Le second cessez-le-feu du 23 septembre conduit à la réunion de réconciliation de Taëf, parrainée par l'Arabie Saoudite*. Mais le général Aoun refuse l'accord de Taëf au motif qu'il assoie l'hégémonie syrienne sur le Liban. Il conteste en conséquence l'élection en décembre, en tant que président de la République, de René Moawad puis, ce dernier étant assassiné, celle d'Elias Hraoui. Le 8 décembre, le nouveau président lance un ultimatum à Michel Aoun de quitter le palais de Baabda. Loin de s'y conformer, le général ordonne le désarmement de la milice de Samir Geagea, accusée de collusion avec les Syriens, provoquant ainsi à Beyrouth de violents affrontements interchrétiens. Le général tiendra encore tête plusieurs mois au gouvernement mais le 21 août, le Parlement vote les amendements constitutionnels permettant la mise en vigueur de l'accord de Taëf. Le président Hraoui demande alors l'aide de la Syrie pour réduire le général et ses partisans. Le 11 octobre 1990, les forces syriennes se mettent en mouvement. Le 13 octobre, le général Aoun se réfugie à l'ambassade de France d'où il annonce sa reddition. Il gagnera la France le 30 août 1991 où il vit depuis en exil.



L’accord de Taëf

Signé en 1989, l’accord de Taëf (Arabie Saoudite) a permis de mettre fin à la guerre civile (1975-1990). Son volet concernant la présence militaire syrienne au Liban prévoit le retrait par étapes des troupes de Damas et leur regroupement dans la plaine de la Bekaa. Il ne fixe pas de date pour le retrait définitif, qui doit faire l’objet d’une renégociation entre Libanais et Syriens. De plus, l’accord stipule que la Syrie pourra conserver trois positions stratégiques dans la montagne libanaise tant que le plateau du Golan sera occupé par Israël.

S’il est normal d’attendre d’une thèse de doctorat qu’elle apporte une contribution inédite, un éclairage nouveau, ou tout au moins une perspective originale sur le sujet traité, il est beaucoup plus rare qu’un mémoire de maîtrise, fût-il des plus soignés, dépasse les ambitions et les limites de sa destination académique. Aussi est-ce une surprise et un véritable bonheur quand l’enseignant (et le lecteur éventuel) se trouve devant un travail qui sort des sentiers battus et tente de s’aventurer, diligemment et courageusement, sur les sentiers difficiles de la réflexion personnelle et de l’authentique recherche. Parmi ces heureuses exceptions, prend certes place le mémoire de maîtrise de sciences politiques que vient de soutenir, à la faculté de droit et de sciences politiques de l’Université Saint-Joseph, Michel Hajji Georgiou, sous le titre Légalité et légitimité dans le système politique libanais en temps de crise (la période Aoun). Outre l’intérêt évident que présente le sujet sur le plan de l’analyse des coordonnées de base du régime politique du Liban, examiné à travers un épisode particulièrement dramatique et traumatisant de la vie institutionnelle du pays – ce qui le rend d’autant plus riche d’enseignements sur les mécanismes profonds qui commandent la praxis politique libanaise – le travail de Michel Hajji Georgiou, qui donne largement la parole aux principaux protagonistes des deux camps qui s’affrontèrent, présente le mérite d’insérer son analyse dans une réflexion plus large, très solidement informée, sur les concepts de légalité et de légitimité et sur leurs relations, qui ne sont pas toujours sereines ni pacifiques.

Car si les deux notions sont, en principe, distinctes, et peuvent, de ce fait, se trouver plus ou moins disjointes, voire antagonistes, des interférences complexes s’établissent entre elles, qui conduisent à distinguer différents types de relations entre le légal et le légitime. En principe, le légal doit être présumé légitime, et ce, sous peine de l’anéantir dans ses fondements, son autorité et son existence même ; mais il n’est présumé que légitime, d’une présomption non irréfragable, et qui cède devant l’évidence de la violation des normes supérieures de la légitimité, telles qu’elles découlent du droit naturel, du droit des gens et du consensus solidement établi des nations, sorte de commun dénominateur et patrimoine de la civilisation universelle. Dès lors, on est amené à affirmer qu’il n’est normalement pas de légitimité qui ne se coule dans un cadre légal, lequel la consacre, l’explicite et la formule dans la règle de droit, la loi positive, mais qu’elle garde la possibilité de s’en détacher. À partir de ces brèves réflexions, il est aisé de constater qu’au Liban, depuis l’indépendance du pays, la coïncidence de la légalité et de la légitimité ne s’est réalisée qu’exceptionnellement, et qu’on invoque trop souvent la seconde pour se dispenser de respecter la première, qui, à son tour – la confusion sémantique aidant –, sert à couvrir les atteintes les plus graves à la légitimité, laquelle se trouve alors entièrement absorbée par la légalité. Ainsi légitimité et légalité se trouvent-elles renvoyées dos à dos. La panoplie des justifications est invariable: défense de l’«unité nationale», lutte contre le confessionalisme, «échéances cruciales», sans oublier l’inévitable et fort opportun «complot israélien» qui tombe à point nommé pour justifier les atteintes les plus grossières à l’ordre constitutionnel et légal1. Toujours présente, en quelque sorte, à l’état latent, cette contradiction revêt, en temps de crise, un caractère aigu, que les mécanismes régulateurs des compromis et des arrangements au jour le jour ne parviennent plus à maîtriser, créant une situation ingérable qui remet en question les fondements, laborieusement acquis, de la coexistence nationale et de la paix civile. C’est à un situation de cet ordre que le pays s’est trouvé confronté durant la longue crise qui l’a secoué pendant plus de quinze ans, et qui devait aboutir à lui ôter l’autonomie de son destin, ne lui laissant qu’une ombre humiliante de souveraineté «assistée» – cette «ombre décharnée» de roi fainéant dont parlait Napoléon. L’épisode marqué par l’exercice du pouvoir gouvernemental par le général Michel Aoun (1989-1990) a constitué le point culminant d’une rupture sociale et politique où se sont trouvées bouleversées et remises en cause aussi bien la notion de légalité que celle de légitimité, laissant un pays exsangue, désemparé, incertain de son avenir dans le concert des nations. Les extraits que nous publions de l’étude de Michel Hajji Georgiou permettent de situer le débat dans sa véritable dimension et son véritable contexte.

Jean SALEM Professeur à l’USJ



 

La Revue de Presse Francophone du Site du CPL,
Le Courant Patriotique Libre,
support d'expression de la branche de l'Opposition Libanaise menée par le Général Aoun.


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