Liban,
Palestine: le droit à la Mémoire
Khiam,
Cana, Jenine...
Mes
petits enfants de Cana
La foudre passée
Dans la poussière étouffante
tout s'effondre
Plus
de maman
Dans les gravats
ses voiles noirs ont disparu
Des
cris des râles
A peine parfois le hoquet
d'une prière
brisée
net
Pour
vous
plus de miracle
ni de fête de la terre
Si
seulement votre martyre n'était vain
Grands sourires noirs
biffés
Mes
petits enfants de Cana
Georges
Meckler
LE SANG DES CEDRES (à paraître 2008)
|
Voir
aussi nos pages-souvenir sur la Guerre
du Liban
et celle sur l'Histoire de Beyrouth
|
Au
miroir de l'Histoire, le Liban dans la tourmente
du
XIXème au XXIème siècles
" Quel jouet que les hommes
! écrivait Guizot, ambassadeur de France à Londres
à la princesse de Lieven le 11 septembre 1840,
Il
y a là, au fond de je ne sais quelle vallée, au
sommet de je ne sais quelle montagne du Liban, des maris, des
femmes, des enfants, qui s'aiment et qui s'amusent, qui seront
massacrés demain parce que Lord Palmerston, en roulant
sur le Railway de Londres à Southampton se sera dit : "
Il faut que la Syrie s'insurge, j'ai besoin de l'insurrection
de la Syrie, si la Syrie ne s'insurge pas, I am a fool."
Au Mont-Liban en 1840,
émirat autonome entouré des provinces de Syrie de
l'Empire ottoman, c'est la fin du règne de l'Emir Béchir
II Chéhab, l'allié de l'Egypte. L'Empire ottoman
doit faire face à la campagne militaire en Syrie d'Ibrahim,
fils de Mohammad Ali. Ce dernier, soutenu par la France tente
ainsi de s'affranchir de l'autorité de la Sublime Porte.
Dans sa rivalité avec la France et son appui à l'Empire
ottoman, l'Angleterre contre cette politique. Beyrouth en 1840
fut bombardée par les Anglais et ce qu'on appelait alors
la Montagne commençait à vivre une période
de troubles et de violences qui allait durer jusqu'en 1860, année
où les massacres druzo-chrétiens de Deir Al Kamar
allait faire près de 10.000 morts. Ce fut l'intervention
des puissances européennes, sous l'égide de la France
de Napoléon III, en liaison avec la Sublime Porte qui mit
fin à ces enchaînements violents par le règlement
organique de 1861, instaurant le gouvernorat autonome du Mont-Liban,
à l'origine du Liban contemporain.
Cette période de vingt ans allait mettre en évidence
l'interpénétration de trois niveaux de réalité
qui se mêlent et s'enchevêtrent jusqu'à aujourd'hui,
rendant difficile la compréhension de la situation au Liban
sans les lier entre eux : il s'agit des facteurs internes, régionaux
et internationaux qui constituent la complexité de la question
d'Orient au XIX è siècle tout comme celle des conflits
du XX è siècle. Le premier niveau est le plus visible
et le plus évident ; il sert souvent d'alibi aux autres
niveaux. Le niveau régional est perceptible la plupart
du temps, même s'il est difficile parfois d'en prouver la
pertinence. Ce qui est caché mais fondamental, c'est le
troisième niveau : le jeu international des grandes puissances
et les moyens dont elles disposent pour installer leur domination.
Au XIX è siècle, les tensions entre druzes et chrétiens
sur fond de crise sociale entre paysannerie et notabilités
au Mont-Liban correspondent au terreau intérieur laissant
prise aux conflits régionaux ; la tension et la guerre
entre Mohammad Ali et l'Empire ottoman expriment une rivalité
sur le plan régional par rapport à laquelle prennent
position les deux grandes puissances anglaise et française
; la lutte pour l'hégémonie dans le Levant entre
la France et la l'Angleterre correspond aux enjeux internationaux
de ces deux pays à l'heure de la révolution industrielle
et de la nécessité des débouchés économiques,
intervenant en même temps que la constitution et la consolidation
des empires coloniaux.. Commencée à cette époque,
la rivalité franco-anglaise allait perdurer jusqu'au lendemain
de la deuxième guerre mondiale.
Ces trois strates des conflits du Levant, c'est ce que j'appelle
la loi des trois niveaux qui sont incontournables pour comprendre
la complexité de ce qui s'est déroulé au
Liban au XIX è siècle. Il faut donc les appréhender
ensemble et les relier entre eux, sans quoi on tombe rapidement
dans l'incompréhension et l'engagement partisan qui s'en
nourrit.
Qu'en est-il au XX è siècle et aujourd'hui au début
du XXI è siècle ? Les guerres au Liban, cette "
guerre des autres " entre 1975 et 1990 pour reprendre l'expression
de Ghassan Tuéni ont correspondu aux trois niveaux : sur
le plan interne, les impasses du régime politico-économique
issu de l'indépendance face aux nouveaux défis posés
par la présence de la résistance palestinienne au
Liban et par les inégalités politiques et économiques
du sud chiite sont parmi les premières raisons de la guerre
dite civile et qui l'a été essentiellement dans
ses débuts. Il faut noter ici l'incapacité de la
classe politique libanaise au pouvoir à soutenir la politique
de développement du Liban sud du général/président
Chéhab pour laquelle il avait fait appel à la mission
Lebret d'Economie et humanisme. Il faut aussi rappeler les erreurs
cumulées des mêmes dirigeants à l'égard
de la résistance palestinienne, laissant s'installer au
Liban un appareil politique et militaire créant un État
dans l'État. Par la suite, la guerre aura tous les visages.
Sur le plan régional, le Liban a servi de champ de bataille
entre toutes les forces opposées dans la région,
sur fond de crise du nationalisme arabe après l'effondrement
de Nasser, qu'il s'agisse d'Israël et des Palestiniens, de
l'Arabie Saoudite et de l'Egypte, de la Syrie et de l'Irak, etc
Sur le plan international, la dernière bataille de la guerre
froide entre les Etats Unis et l'URSS, qui avaient pris le relais
de l'hégémonie européenne depuis la guerre
franco-anglo-israélienne de 1956, s'est jouée au
Liban en 1982/1983 et elle s'est terminée en faveur des
Américains. C'est aussi en 1983 que les chiites libanais
ont commis un attentat terrible contre la force multinationale
(Marines américains et soldats français), constituant
l'acte fondateur du Hezbollah, dont les puissances occidentales
n'ont pas mesuré, à l'époque, l'importance
symbolique.
A propos de la frontière géostratégique et
géopolitique entre les deux empires américain et
russe, Arnold Toynbee, dans une conférence au Cénacle
libanais en 1957 s'était alors interrogé : "
A l'heure actuelle, les pays arabes sont devenus l'objet d'une
lutte entre l'Amérique et la Russie, pour déterminer
le tracé, au Levant, de la frontière entre ces deux
empires mondiaux. Cette frontière doit-elle coïncider
avec les limites, au Nord, de la Turquie et de l'Iran ? Ou doit-elle
coïncider avec la frontière entre les Croisés
et le Musulmans ? Evidemment, cette question est d'une importance
capitale pour l'avenir du Liban. Si la frontière russo-américaine
se stabilise aux limites septentrionales de l'Iran et de la Turquie,
les perspectives pour le Liban sont assez favorables. En ce cas,
tous les pays arabes seraient rassemblés sous l'égide
américaine. Au contraire, si cette frontière s'établit
sur la crête de l'Anti-Liban, la république libanaise
risquera, à mon avis, de partager le sort de l'Etat d'Israël.
Comme Israël, le Liban n'est pas viable s'il se trouve dans
un état permanent d'hostilité envers ses voisins
de l'Est. Déjà Toynbee en 1957 désignait
les deux points sensibles sur le plan géostratégique
: l'Afghanistan( aux limites de l'Iran) et le Liban qu'on retrouve
en guerre au même moment d'hier à aujourd'hui ! Il
passait ensuite au plan régional, en prédisant que
si les relations syro-libanaises devenaient hostiles, le Liban
serait étouffé. A l'époque la Syrie et l'Egypte
étaient sous influence russe et pour Toynbee on ne pouvait
écarter cette influence en 1957 qu'en trouvant une solution
juste au problème palestinien et il ajoutait : " Tant
que l'Amérique n'impose pas cette solution, les peuples
arabes voisins immédiats d'Israël continueront de
chercher l'appui de la Russie. Imposer une solution à la
question palestinienne , c'est l'Amérique seule qui peut
le faire, parce que c'est l'Amérique seule qui peut exercer
la pression nécessaire sur les Israéliens . "
Le moins que l'on puisse dire c'est que depuis 1957, soit depuis
près de cinquante ans, l'Amérique a échoué
à régler cette question, quel que soit les gouvernements
concernés ou les efforts de tel ou tel président
américain. Cela est devenu particulièrement vrai
depuis l'accession au pouvoir du président Bush et des
néo-conservateurs américains qui mêlent la
rationalité politique à la croyance religieuse des
Christian born again. Ce pays qui disposait d'un capital de sympathie
à l'ère de la domination européenne, a progressivement
perdu son attrait auprès des Arabes. Il a largement mis
à l'épreuve les régimes alliés arabes
gagnés à sa cause soit par nécessité
de protection militaire, soit par besoin de soutien financier,
ceux-ci se coupant de leur peuple et constituant la base du développement
des extrémismes. Si le XX è siècle a été
celui du nationalisme arabe à ambition laïque ou au
moins laïcisante avec le nassérisme et les baathismes
syrien et irakien, force est de constater aujourd'hui l'émergence
d'un islamisme persan, parallèlement à l'échec
de ces nationalismes et des pays arabes face à l'inertie
ou à la complicité de l'Amérique, soutien
inconditionnel d' Israël. C'est déjà une période
historique que l'on peut examiner avec recul, ce qui n'est pas
le cas de ce qui se déroule sous nos yeux depuis les bombardements
et le pilonnage israéliens au Liban. Ce présent
relève de l'histoire immédiate que l'on doit examiner
avec circonspection, notamment depuis les bouleversements dans
le monde soviétique et les pays de l'Est.
La
chute du mur de Berlin et la fin de l'Union soviétique
ont laissé le champ libre au gouvernement américain
pour sa politique moyen-orientale, ce qui était une nouvelle
opportunité pour régler les questions de fond du
Moyen-Orient. Ni la conférence de Madrid ni les initiatives
successives mais biaisées des Américains en ce qui
concerne la Palestine - la feuille de route notamment - n'ont
été concluantes. Cela a laissé toute latitude
à Israël de réduire à néant les
accords d'Oslo qui leur étaient malgré tout plus
favorables qu'aux Palestiniens et de contraindre ces derniers
à la deuxième Intifada, puis d'écarter toute
instauration d'une Palestine viable en n'y laissant survivre que
des Bantoustans, et enfin de construire un long mur de séparation
entre ces deux entités, symbolique de leurs visées
conscientes et inconscientes.
Nous en sommes là au moment où se réunit
le groupe des 8 à Saint Petersbourg le 15 juillet dernier,
marquant sans doute le retour de la Russie sur la scène
des grands, ce qui pourrait être à terme le commencement
d'une autre guerre froide. L'agenda de cette rencontre est bouleversé
par les attaques violentes d'Israël le 12 juillet au sud
Liban, sur l'aéroport de Beyrouth et sur l'ensemble du
territoire libanais. Les bombardements israéliens (avec
des bombes à phosphore et des bombes dites intelligentes)
frappent impitoyablement les populations civiles libanaises dans
une guerre que l'Etat d'Israël veut faire au Hezbollah libanais,
considéré par eux et par les Américains comme
un parti terroriste, allié à la Syrie et à
l'Iran, alors que les Européens évitent cette désignation
et reconnaissent que les membres du Hezbollah sont des résistants.
On peut imaginer, réunis autour de la table ovale, Blair
disant à Bush : " Il y a des femmes, des vieillards
et des enfants dans le sud Liban qui y vivaient malgré
les conditions difficiles des dernières années et
qui avaient repris confiance depuis le retrait israélien.
" et Bush de lui chuchoter en retour - les caméras
de la télévision nous l'ont montré alors
qu'il croyait les micros éteints - : " J'ai besoin
qu'Israël intervienne et brise le Hezbollah, montre aux Iraniens
avec leur projet nucléaire ce dont nous sommes capables,
il faut que la Syrie fasse pression sur ces terroristes libanais
pour que leur milice désarme et intègre l'armée
nationale libanaise , sinon I am a fool ! " .
Une fois de plus le Liban est brutalement visé. Qu'en est-il
sur la scène libanaise des imbrications régionales
et des enjeux internationaux ?
Si
l'on reprend à nouveau la loi des trois niveaux, que
peut-on constater ?
Sur le plan interne, il y a au Liban deux regroupements majeurs
en matière politique : celui qui s'est constitué
autour de la " révolution du cèdre "
après l'assassinat de Rafic Hariri, comprenant les partis
chrétiens, sunnites et druzes, attachés les uns
et les autres à des valeurs démocratiques, et
celui constitué par le mouvement chiite représenté
par les partis Amal et Hezbollah qui trouvent leur cohérence
dans l'observance des valeurs chiites. Le premier a des soutiens
occidentaux et arabes, le second principalement iranien et syrien.
Tant sur le plan interne que régional et international,
il y a une oscillation des influences en faveur soit de la consolidation
de l'unité nationale, soit de l'implosion du Liban et
de sa cantonalisation. L'attaque militaire israélienne
dès le 12 juillet aurait pu accentuer la fragmentation
du Liban, mais elle semble jusqu'à présent avoir
produit le résultat contraire : un renforcement du soutien
des Libanais au Hezbollah et à l'unité libanaise.
La guerre aura-t-elle réussi jusqu'à présent
à souder davantage les Libanais entre eux que les tentatives
de dialogue national ? A l'issue de cette nouvelle tragédie
libanaise, il faudra envisager sérieusement la participation
réelle au pouvoir de la communauté chiite représentée
par ses diverses composantes dont le Hezbollah.
Dans une perspective historique, on peut rappeler ici les étapes
constitutives du système pluriel libanais : l'entente
druzo-chrétienne a fondé la coexistence au Mont-Liban
jusqu'au début du XX è siècle, puis le
pacte national de 1943 a scellé l'entente entre chrétiens
et musulmans sunnites pour le partage du pouvoir au moment de
l'indépendance du pays, en 1943 à la fin du mandat
français. Assistera-t-on dans les temps à venir
à un nouvel accord qui devrait intégrer à
part entière la communauté chiite au destin national
libanais ? Son chef politique, avec son charisme et sa modération,
renforcé par son action d'hier et d'aujourd'hui, ne cesse
de donner des preuves de son attachement à l'entité
libanaise. Il a écarté la perspective d'instauration
d'un Etat islamique au Liban même s'il reconnaît
le soutien financier de l'Iran à son mouvement. De même
qu'en 1943, les chrétiens avaient accepté de ne
plus recourir à la protection française tandis
que les musulmans sunnites renonçaient à rejoindre
dans un projet unitaire les nationalistes arabes, on pourrait
envisager aujourd'hui que les deux regroupements politiques
majeurs au Liban atténuent leur recours aux soutiens
extérieurs et s'entendent pour une nouvelle alliance
nationale. Cela pose la question d'un nouveau pacte national
et du désarmement politique de la milice du Hezbollah.
Selon les déclarations de l'un de ses députés
au parlement, Hassan Fadallah, les conditions d'acceptation
de ce désarmement seraient la libération des fermes
de Chebaa, la libération des prisonniers détenus
par Israël et la fin des agressions israéliennes.
( voir l'Orient-Le Jour du 29 juillet 2006, " Le Hezbollah
prêt à étudier toute proposition mais après
la fin des agressions ").Ce serait une sortie optimale
de crise pour le Liban, les autres scénarios de règlement
étant irréalistes si l'on est attaché aux
valeurs plurielles et à l'équilibre des forces.
En contre partie d'un règlement équitable pour
le Liban, Israël aura assis une meilleure sécurité
sur sa frontière nord que si ce pays persiste à
vouloir écraser le Hezbollah et massacrer les chiites,
créant ainsi pour des générations des résistants
soudés par l'extrémisme du malheur.
Sur le plan régional, l'absence de règlement de
la question palestinienne permet à l'Iran chiite, après
les échecs successifs des gouvernements arabes, de devenir
le champion de cette cause juste, défiant ainsi tout
à la fois les Arabes et les sunnites. Si le XX è
siècle a été celui du nationalisme arabe
sunnite et de son échec patent, le XXI è siècle
s'annonce actuellement comme celui du chiisme et des Persans.
Il faut noter ici que l'Empire ottoman sunnite, puis la Renaissance
arabe ou Nahda et les mouvements nationalistes arabes étaient
tournés vers la modernité occidentale et les systèmes
politiques occidentaux. La branche chiite de l'islam a sa cohérence
propre : à la persécution subie durant des siècles,
les chiites ont opposé de tout temps une résistance
que renforçait leur capacité à vivre et
à intégrer le martyr dans leur conception du monde.
Ceux-ci défendent leur propre vision du politique et
de l'organisation sociale et s'y attachent avec un autre rapport
au temps. L'Iran s'est saisie du flambeau de la cause palestinienne
et se dresse aussi bien face aux sunnites, avec lesquels ils
pourraient un jour s'entre déchirer, que face aux occidentaux,
en menaçant ces dernier de vagues d'attentats meurtriers
! Il est à noter ici que le renforcement du chiisme iranien
s'est doublé de la capacité de l'Iran de produire
du nucléaire militaire. Ceci a fait monter la tension
d'un cran supplémentaire auprès des Israéliens
et des Américains, et qui se traduit depuis deux ans
par des menaces et des pressions sur l'Iran, sommé de
renoncer au nucléaire militaire. Ni le chantage américain
et israélien à la guerre, ni les tentatives diplomatiques
européennes n'ont jusqu'à présent infléchi
l'Iran. Les acteurs se testent en faisant monter la pression
régionale et c'est au Liban que se joue une partie de
bras de fer depuis la résolution 1559 et l'assassinat
de Rafic Hariri. D'une part, l'Amérique et la France
ont soutenu les partisans du président assassiné
et de la révolution du cèdre et pensé pouvoir
utiliser le levier libanais pour entamer la détermination
iranienne à travers le désarmement de la milice
du Hezbollah. D'autre part, l'Iran et la Syrie ont renforcé
leur soutien à ce parti et à sa milice. Une partie
serrée d'influence s'est donc amorcée dès
le début de l'enquête de l'ONU sur les auteurs
de l'assassinat du milliardaire et homme politique libanais.
La Syrie, gouvernée depuis près de quarante ans
par les Alaouites, une secte issue du chiisme, est suspectée
d'abriter le terrorisme après avoir été
courtisée par les Occidentaux, d'être un "
Etat voyou " selon la terminologie américaine et
se trouve pour le moins écartée du jeu occidental.
Poussée à quitter le Liban après y avoir
été installée avec l'aval des grandes puissances
entre 1976 et 2004, elle trouve dans le giron iranien des appuis
qui doublent ceux de l'Arabie saoudite. La possibilité
de concrétisation d'un nucléaire militaire iranien
alarme sur le plan régional les Israéliens qui
sont jusqu'à présent les seuls à détenir
le feu nucléaire., mais aussi les Américains qui
ne veulent pas de contestataires de leur puissance régionale,
mise à mal par les attentats du 11 septembre et par leur
enlisement dans la guerre irakienne !
Sur le plan international : Après l'accession au pouvoir
du président Bush, la nouvelle équipe marque ,
dans un premier temps, son désintérêt pour
le Moyen-Orient, prenant ses distances avec la politique volontariste
du président Clinton jusqu'à la dernière
minute. Mais depuis le 11 septembre 2001, le Moyen-Orient est
redevenu un enjeu central, comme s'il fallait ce terrible événement
pour légitimer la mise en place d'une politique moyen-orientale
occulte. La guerre contre le terrorisme d'abord en Afghanistan
s'est doublée d'une invasion de l'Irak avec des prétextes
et des mensonges qui ont été élucidés
très rapidement. Le désaccord avec l'Europe et
le reste du monde n'a eu aucun effet sur la politique américaine
qui agit désormais d'une manière unilatérale.
En raison de cet unilatéralisme, des liens particuliers
et étroits avec l'État d'Israël qu'un lobby
juif puissant veille à maintenir et à consolider,
et de l'échec depuis 2003 de la guerre en Irak, les Américains
ont probablement laissé passer l'occasion de pacifier
le Moyen-Orient et de préserver ainsi dans le moyen terme
et peut-être le long terme leurs intérêts
géopolitiques, économiques et géostratégiques.
L'échec du projet du Grand Moyen-Orient avec l'instauration
de démocraties de type occidental semblent bien montrer
le côté irréaliste de la politique américaine.
Les néo-conservateurs ont voulu plaquer de l'extérieur
des modèles politiques occidentaux sur des structures
politiques et religieuses totalement différentes, celles
de l'islam sunnite et chiite. L'introduction dans le jeu régional
de l'Iran chiite face à la Turquie sunnite caractérise
les dernières années du XX è et ce début
de siècle. Les raisons à peine cachées
de cette politique américaine, c'est la tentative de
contrôler les sources pétrolières, de l'Asie
centrale au golfe arabo-persique, et d'écarter toute
prétention régionale de l'Iran, après l'échec
du monde arabe à jouer un rôle régional
de premier plan, avec la Turquie et Israël comme alliés
traditionnels de l'Amérique. Ainsi que l'Angleterre et
la France dans un passé récent et leur politique
à courte vue, l'Amérique veut préserver
ses intérêts à court et moyen terme. Elle
colmate les situations et refuse de traiter les problèmes
quant au fond, provoquant ainsi la montée des extrémismes
et des fondamentalismes.
La question du nucléaire militaire iranien est venu accentuer
les peurs d'Israël pour sa sécurité après
les surenchères du président iranien Ahmadinejad
et les craintes américaines d'un déséquilibre
régional mettant en danger les intérêts
géostratégiques occidentaux et le cordon pétrolier
qu'ils veulent sécuriser pour garder la haute main sur
les approvisionnements pétroliers de l'Europe, du Japon
et de la Chine. Jusqu'à une date récente, la Russie
de Poutine a gardé un profil relativement bas et n'a
pas trop contesté la politique américaine, mais
aujourd'hui elle semble revenir sur la scène internationale,
renforcée par sa capacité gazière et pétrolière
et les bénéfices qu'elle en tire pour son développement
. Dans le jeu régional, l'Amérique s'appuie sur
Israël, les pays arabes conservateurs sauf la Syrie et
favorise un axe Le Caire/Ryad/ Amman en tentant d'attirer dans
ce camp Beyrouth après la résolution 1559 de l'ONU
et l'assassinat de Rafic Hariri, ce qui jusqu'à présent
a divisé le pays entre les partisans de la révolution
du Cèdre et ceux du Hezbollah. Les Américains
ont donc décidé de combattre l'axe Téhéran/Damas/
Sud Liban qu'ils estiment dangereux pour la sécurité
d'Israël ainsi que pour leurs intérêts essentiels,
notamment en Irak où l'Iran joue la déstabilisation
américaine et l'échec de sa politique en activant
ses réseaux chiites pro-iraniens. Depuis novembre 2004,
date de la résolution 1559 et ses conséquences
au Liban, avec les enquêtes sur les origines de l'assassinat
de Rafic Hariri et le départ des forces militaires syriennes
(sans pour autant que la Syrie perde au Liban ses réseaux
d'influence ), les tentatives de désarmer la milice du
Hezbollah n'ont pas abouti, tout comme ont échoué
les négociations de l'Union européenne avec l'Iran
pour régler la question du nucléaire iranien.
Aux pressions pour porter cette question aux Nations-Unies semble
avoir répondu l'activation des mouvements de résistance
palestinien et libanais, et il n'a fallu que les premiers prétextes
pour qu'Israël bombarde Gaza et le Liban mettant en application
un plan probablement préparé à l'avance
en accord avec le gouvernement américain, après
celui d'attaques aériennes contre des sites iraniens
élaboré en 2005 et semble-t-il abandonné
pour l'instant. A l'unilatéralisme américain s'ajoute
semble-t-il une mauvaise connaissance des dossiers et le traitement
des problèmes davantage par la force que par la diplomatie.
Le monde occidental risque de se heurter à une résistance
de guérilla chiite bien plus structurée et cohérente
que l'action militaire des pays arabes qui a été
à chaque fois anéantie. S'il ne se résout
pas à traiter les problèmes par la négociation,
il est à parier que l'Occident payera très cher
le prix de la nouvelle domination moyen-orientale, plongeant
cette région encore durablement dans la guerre et le
malheur et risquant de provoquer un conflit mondial.
Le
Liban est une fois de plus l'épicentre de la tourmente,
le centre des affrontements des forces régionales et
internationales et le lieu symbolique des formes politiques
de regroupement pluriel. Veut-on une fois de plus casser ce
modèle de pluralisme - qui finit par désespérer
ses partisans même face à la violence des secousses
pour l'invalider et aux compromissions qu'ils ont du accepter
- et favoriser une cantonalisation, qui n'est autre qu'un repli
sur des identités homogènes ? Israël dont
l'existence depuis 1948 a bouleversé tous les équilibres
du Moyen-Orient a tendance à se vouloir non seulement
un État juif mais un État séparé,
et son modèle est à l'opposé de celui du
Liban, mais aussi de celui de nombre de pays arabes hérité
de l'Empire ottoman. Depuis Ben Gourion et Moshé Dayan
Israël voudrait favoriser la constitution d'États
homogènes ( chrétien, druze, chiite, etc
)
sans être jamais parvenu à ses fins. Il ne faut
pas oublier non plus un autre fantasme israélo-américain
: cantonner les Palestiniens à la Jordanie.
Contrairement à ce que l'on pouvait craindre, l'action
militaire actuelle au Liban a une fois de plus montré
l'attachement des Libanais à leur modèle pluri-communautaire
et l'a jusqu'à présent renforcé. La France
et l'Europe, avec leurs moyens, tentent de faire ce qu'ils peuvent
pour soutenir ce pays dans l'adversité et le sauver de
l'éclatement. Jusqu'à quel point l'Europe et notamment
la France qui a des liens traditionnels avec le Liban légitimant
sa préoccupation particulière et son action, ont-ils
l'oreille de l'Amérique ? C'est ce que les temps à
venir nous montreront.
Les Etats-Unis et Israël vont-ils enfin comprendre qu'on
ne peut pas tout régler par la guerre et imposer une
hégémonie qui engendre l'extrémisme politique
et ne procure guère de sécurité à
Israël ? La négociation s'impose avec tous les acteurs
actuels du Moyen-Orient, de l'Iran au Hezbollah en passant par
la Syrie. Face au monde chiite, qui a sa revanche à prendre
sur l'histoire et qui se renforce du martyr qu'on lui fait subir,
les Etats-Unis vont-ils tomber dans le piège de la méconnaissance
des autres et de leur culture ? Vont-ils être aveuglés
par leurs propres croyances religieuses - celles des fondamentalistes
américains -, mauvaises conseillères en matière
de rationalité politique, puisque le fondamentalisme
protestant vient exacerber le fondamentalisme juif et musulman
? Si c'était le cas, ils se trouveraient confrontés
à une cohérence redoutable du chiisme politique
et religieux qui tire sa force de sa capacité à
accepter la mort et le sacrifice et qui estime avoir le temps
pour lui. Ce n'est pas le cas des pays occidentaux qui veulent
faire la guerre avec " zéro mort " !
Après ceux de 1996, les nouveaux massacres d'enfants,
de femmes et de populations civiles intervenus à Cana,
n'ont pas réussi à arrêter la guerre au
delà d' un arrêt des combats de quarante huit heures
! Est-ce vraiment cynique de constater que depuis 1914, il n'y
a plus de protection réelle des populations civiles malgré
les conventions internationales, celle de Genève en particulier
? Les horreurs des guerres du XX è siècle en Europe
ont été telles que l'on sait maintenant à
quel point les gouvernants sont insensibles aux pressions humanitaires-
même s'ils protestent diplomatiquement à grands
cris- quand une action militaire servant leurs intérêts
est en cours. Ils ont l'art de gagner du temps et d'user ceux
qu'ils veulent réduire. L'endurcissement du cur
humain, pour reprendre une expression d'Erich Fromm est à
la mesure de la barbarie qu'il engendre. Nous savons aussi depuis
1914 et surtout depuis 1939 à quel point la propagande
et la manipulation de l'information sont devenues monnaie courante.
Il n'est donc pas étonnant d'avoir été
et d'être les témoins de ces pratiques au Moyen-Orient
dans la succession des guerres qui s'y sont produites depuis
1948 jusqu'à la guerre actuelle au Liban. Pour ne prendre
qu'un exemple, on qualifie ceux qu'on veut diaboliser le terme
de terroriste et on dédouane le terrorisme d'État
quand il est flagrant.
Faut-il en arriver à ce degré d'inhumanité
et d'absurde pour se rendre compte que la force et la domination
poussés à l'extrême rejaillissent à
un moment ou à un autre sur ceux qui les avaient aveuglement
exercées ? Sommes-nous à un tournant de l'histoire
où l'hyperpuissance américaine pour reprendre
le terme d'Hubert Védrine sera de nouveau capable de
réviser ses positions, en encourageant ses partenaires
israéliens à en faire autant pour que la négociation,
le droit international et la diplomatie l'emportent sur la guerre
et que des solutions justes aux problèmes du Moyen-Orient
interviennent enfin ? C'est peut-être utopique, mais c'est
peut-être aussi la carte de la dernière chance
pour l'Amérique, pour Israël si ce pays veut vraiment
obtenir la sécurité et l'intégration dans
la région, sans quoi un nouveau cycle de violences planera
à l'horizon du Moyen-Orient du XXI è siècle,
provoquant des recompositions dramatiques et des séismes
économico-politiques dont aucun pays ne sortira intact.
Le
7 août 2006
Gérard D. Khoury
Historien
Chercheur associé à l'IREMAM
Aix en Provence
Ce
dont nous sommes témoins aujourd'hui, c'est de l'écrasement
d'un peuple par les moyens de la technologie moderne. Ils sont
utilisés pour le châtier d'une politique dont il
n'est pas le responsable.
Les souffrances que subit le Liban sont aussi notre souffrance.
Nous sommes dans l'attente de mesures auxquelles nous pourrions
nous associer qui viendraient rapidement soulager le malheur des
Libanais.
10
août 2006
Parmi les premiers signataires :
Chritiane
Abou Adal, Gabriel Abou Adal, Sarah Alexandrakis, Claudie Amado,
André Ancesthi, Jean Paul Anfles, Paule Angles , Huguette
Astier, Geneviève Ayasse, Jean Ayasse, Christiane Audi,
Frédérique Banzet, Maurice Barjavel, Josette Barjavel,
Gilbert Barrillon, François Bayle, Catherine Béja,
Claudine Béja, Jacqueline M. Benoist, Janine Béquié,
Jacques Béquié, Jean-Michel Béquié,
Anita Béquié, Jean -Pierre Biondi, Marie-Claire
Boons, André Bourgey, Chantal Bourgey, Antoine Bres, Pierre
Buffet, Nicole Burger, François Burger, Philippe Cardinal,
Guy Catusse, Guillaume Chabert, Marie Jeanne Champaud, Jacques
Champaud, Jean Chesneaux, William Christie, Henry-Claude Cousseau,
Boris Cyrulnik, Jean-François Cullasfroz, Gérard
Doumet Khoury, Sylvie Denoix, Annick Desandre, Eric Desandre Navarre,
Andrée Duby, René Evain, Simone Evain, Thierry Fabre,
Nicole Gally,Arlette Georges Xavier Girard, Florine Irghi, Philippe
Jaccottet, Laetitia Marie Jamet, Arlene D. Khoury, Marielle D.
Khoury, Jean Lacouture, Paula Laleuf, Daniel Lançon, Henri
Leclerc, Yves Lemière, Claire Lohner, Sophie Martin, Simone
Mondain, Hélène Monsacré, Patrick Nicole,
Fabienne Niel, André Nouschi, Nadine Picaudou, Christiane
Poli, Robert Poli, Ariane Poulantzas, Myra Prince, Camille Proal,
Olivier Proal, François Rappard, Brigitte Raymond-Montignon,
Arnaud Rey, Annie Roland, Geneviève Roland, Jacques Roland,
Georgette Sauzade, Eliette Séméria, Jean-Claude
Simoens, Roger Trefeu, Eliane Tricolo, Max Vialis, Aimée
Vialis, Claude Zeltner, Bernard Zeltner.
Pour
souscrire à cette requête:
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La
guerre du Liban
De
1975 à 1990, le Liban,
dont le système politique repose
sur un fragile équilibre intercommunautaire, est le terrain
d’une guerre aux visages multiples, dont les enjeux sont
aussi bien libanais que régionaux et internationaux.
Cartes animées grâce
au site
"histoire à la carte"
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On
ne croit plus aux miracles à Qana...
Qana, lieu du premier miracle du Christ ; Qana, lieu du dernier
haut-fait de l'armée israélienne le 18 avril 1996 : le massacre
de 100 civils, principalement vieillards, femmes et enfants réfugiés
dans un site de la FINUL (Force Intérimaire des Nations-Unies
au Liban). Qana, symbole des douleurs des Libanais, de la tragédie
du Proche-Orient : 50 ans de massacres, de malheurs, de destructions.
Jusqu'à quand ? Récit d'une visite, par Lucie Heymann.
Près
de deux mille ans après ses célèbres noces, Qana est loin de ressembler
à un tableau de Véronèse : situé dans une région très pauvre du
Sud-Liban, au coeur de terres arides et cependant ô combien convoitées,
cet illustre village déçoit d'emblée. L'ensemble n'est qu'une
succession de bâtisses informes en béton nu, dont la construction
semble s'être arrêtée il y a des années. Seul édifice récent,
un petit cimetière au "beau" milieu de la ville : les tombeaux,
identiques, en marbre sombre, nous tendent des portraits. Ces
clichés, aux couleurs blanchies par le soleil, pourraient sortir
tout droit d'un vieil album. Il n'en est rien : c'est dans ce
lieu, dont seul le nom pourrait encore faire rêver, qu'en avril
1996 un bombardement israélien faisait 107 morts et des centaines
de blessés, tous civils.
Les victimes reposent là, à côté du lieu de leur supplice transformé
en véritable sanctuaire. Il faut s'approcher de la sépulture du
centre pour comprendre la signification de chacun des objets qui
y ont été déposés : un cèdre fictif, dont les branches figurent
des corps enveloppés dans des linceuls, un obus évidé qui sert
de vase à quelques fleurs de tissu, des éclats de métal fondu.
Aux murs, des photos qui bien qu'abîmées restent insoutenables
: des casques bleus tenant dans leurs bras de petits corps sanguinolents,
des cadavres désossés, des amas de chair dont on ne saurait déterminer
la provenance. On ressort du cimetière incrédule, gêné par cet
inhabituel spectacle de mort.
La
zone est contrôlée par l'ONU, et le village de Qana abrite un
camp de la FINUL occupé par des casques bleus fidjiens. Leur camp
actuel jouxte le petit cimetière, et nous sommes cordialement
invités à faire la visite des lieux. Un libanais d'une quarantaine
d'années nous sert de guide, et se présente avec ces mots : "je
suis un survivant du massacre". Nous déambulons au milieu des
baraquements, des tranchées et des ambulances : le camp sert de
dispensaire pour les parages. On est étonné par l'exiguïté de
la position, à peine plus grande qu'un terrain de football, ce
qui correspond mal dans notre imaginaire occidental à l'idée qu'on
peut se faire d'un camp pour réfugiés... Mais le camp de la FINUL
ne l'a en fait jamais été, et c'est par nécessité qu'il a dû accueillir
les 800 civils d'avril 1996 : des constructions en dur avait dues
être aménagées tant bien que mal, et on imagine aisément l'entassement
qui devait y régner. "On
pense qu'il n'y a eu qu'un massacre à Qana, ce qui est faux."
commence notre guide en s'arrêtant devant une tranchée profonde
bordée de sacs de sable. "Il y en a eu deux. L'un s'est produit
ici, et 55 personnes y ont trouvé la mort. Le bâtiment a été rasé
parce qu'il se trouvait au milieu du camp et que les odeurs, même
après quelques jours, demeuraient insupportables. Une autre bâtisse
a été touchée, à côté de là où se trouve maintenant le cimetière,
et celle-là a été laissée telle quelle, mais hors du camp, pour
que les gens puissent venir s'y recueillir." Il nous emmène à
l'extrémité du cantonnement d'où on aperçoit ladite bâtisse. Il
s'arrête, soupire : "Le 12 avril, les habitants de Qana et de
trois autres villages voisins ont commencé à affluer chez nous
à cause de l'intensification des tirs d'artillerie. Cette population
civile, essentiellement des femmes et des enfants, bien que très
nombreuse, s'est mise à vivre à peu près normalement. Les femmes
cuisinaient et les enfants jouaient au football dans les allées.
Le sureffectif était difficile à gérer, mais le moral était bon,
d'autant que les tirs passaient au dessus de nous sans jamais
nous atteindre, et que le camp avait déjà été un refuge très sûr
lors d'attaques israéliennes similaires en 1993. " "Ils étaient
installés depuis 7 jours lorsque le bombardement a eu lieu. Il
s'agissait bien de tirs d'artillerie, même si les gens ont cru
sur le moment qu'il s'agissait de salves tirées depuis des hélicoptères.
Des obus à fragmentation ont commencé à s'abattre sur les deux
abris : un ou deux tirs auraient pu être des erreurs, mais l'une
des maisons a reçu pas moins de 35 obus en l'espace d'une vingtaine
de minutes ! " L'homme se tait et lève son index pour nous demander
de tendre l'oreille. Au loin, des échos de tirs viennent appuyer
ses derniers mots. Un sourire las apparaît sur son visage : "Ils
recommencent !" "J'ai moi-même été blessé" glisse t-il en effleurant
du pouce le bas de sa chemise, suivant la cicatrice qu'elle cache.
"Les gens qui ont survécu à ça ne peuvent plus vivre normalement.
Certains sont même incapables de manger de la viande... En 16
ans de collaboration avec l'ONU, c'est la chose la plus effroyable
qu'il m'est été donné de voir. Mais j'écris un livre sur le sujet,
je crois que cela peut m'aider."
Nous approchons de la bâtisse conservée : juste à côté, une autre
maison, intacte, donne une double idée de la force de l'attaque
mais aussi de son implacable précision. Des murs, il ne reste
que la base en béton sur une cinquantaine de centimètres de hauteur,
la maison semble avoir été décapitée. Le sol est uniformément
noir. En fixant son regard sur cet amas de cendres, on découvre
des formes : des boîtes de conserve, des effets personnels, cette
chaussure autrefois portée par une femme et qui colle maintenant
littéralement à la terre, le talon fondu. Je repense aux dernières
paroles de notre guide, à ces histoires qui prennent vie dans
nos esprits par l'horreur de la mort qu'elles contiennent. Celle
des 22 membres d'une même famille, dont 3 seulement sont sortis
vivants de cet enfer. Celle d'un groupe réfugié sous des couvertures,
et protégé par les corps des autres occupants. Et tous ces autres
chiffres encore, ces bilans, ces enfants morts avant d'avoir neuf
ans, ce nouveau-né décapité à quatorze jours seulement. Sur les
tombeaux du cimetière de Qana, les portraits décolorés des défunts
me regardent à présent, et je me fais la promesse de ne pas oublier.
Après une telle visite, comment pourrait-on ?
Qana est un lieu de mémoire important.
Le fléau qui s'est abattu sur lui, dans l'indifférence la plus
générale, et ce il y a si peu de temps, nous confronte directement
à ce qu'il existe de plus terrible pour des événements tels que
celui-ci : l'oubli. Et pourtant le calvaire de Qana soulève les
questions élémentaires que nous devrions nous poser quant à notre
implication internationale réelle, au delà de notre engagement
illusoire aux Nations Unies. Il s'agit d'un massacre volontaire
de civils ayant pourtant cherché la protection de la force d'interposition
internationale présente sur place. Ce massacre a été perpétré
en utilisant des armes volontairement meurtrières et mutilantes,
interdites par la plupart des pays développés. Les autorités israéliennes
ont elles-mêmes reconnues qu'il s'agissait d'une action préméditée
dans le cadre de l'opération militaire au sud Liban, les "Raisins
de la Colère". Ces aveux, où aucune forme de regret n'est exprimée,
ajoutés au rapport accablant de l'ONU pour Tsahal, n'ont nullement
ébranlé la conscience de la communauté internationale. Qui est
donc Israël pour s'indigner du terrorisme aveugle qui frappe sa
population, alors qu'il assassine de manière organisée des femmes
et des enfants ? Le terrorisme d'un État est-il moins atroce que
celui d'un groupe de fanatiques ? Nous nous indignons à raison
de la passivité du gouvernement algérien, sans doute satisfait
du climat de terreur qui règne au sein de son pays et qui permet
l'installation d'un pouvoir dictatorial sans qu'aucune contestation
ne puisse l'empêcher. La notion de meurtre, ou de complicité de
meurtre s'évaporerait-elle avec l'implication de L'Etat dans le
crime ? C'est bien la triste conclusion que nous offre Qana. L'échec
en cours du processus de paix dans la région, voulu par un gouvernement
israélien suffisamment puissant pour rejeter les critiques qui
se font pourtant vives à son égard, est celui plus criant encore
de l'ONU. Il y a un an, des enfants mouraient dans les bras de
ceux que NOUS -les citoyens du monde par l'intermédiaire des Nations
Unies- avions désigné pour les protéger. Jamais l'ONU n'avait
été rempart plus chimérique et jamais l'oubli n'avait autant caché
la honte de notre impuissance.
Lucie
Heymann - Liban
Depuis
le retrait du Liban, le Hezbollah a multiplié ses réseaux
au sein de la société israélienne
>
Lire
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On
les disait terroristes sous l'occupation du Liban-Sud
.
Un
livre de Josée Lambert
Le Liban-Sud se remet difficilement
des blessures infligées par une occupation de 22 ans,
de 1978 à 2000, qui a causé des milliers de morts et plus
encore de déportations. Photographe et militante, Josée
Lambert connaît bien cette région du monde qu'elle a fréquentée
pour la dernière fois juste après le retrait des forces
israéliennes. De cette visite, elle a rapporté une courte
pièce de théâtre, un témoignage et des photographies consacrées
au rôle du centre de détention de Khiam où plus
de 2000 personnes, enfermées sans inculpation ni procès,
ont survécu au mépris des droits humains les plus élémentaires.
Livre trilingue (français, anglais, arabe), On les disait
terroristes porte un éclairage intéressant sur le Moyen-Orient
à travers le destin de gens ordinaires, marqués par cette
tragédie. Éd. Sémaphore, 2004, 184 pages.
Israël
, Etat assassin
L’assassinat
du chef du mouvement palestinien Hamas dans les territoires
occupés Abdelaziz al-Rantissi, samedi soir lors d’un raid
aérien israélien dans la ville de Gaza, s’ajoute à une
série d’assassinats perpétrés par Israël et qui ont coûté
la vie depuis 1973 à des personnalités palestiniennes.
13
avril 1973 :
deux ans jour pour jour avant le début de la guerre du
Liban, un commando israélien débarque de nuit à Beyrouth
et assassine trois des principaux dirigeants de l’OLP
: Kamal Adouane, responsable des territoires occupés,
le poète Kamal Nasser, porte-parole officiel de la centrale
palestinienne, et Youssef Al-Najjar.
22 janvier 1979 : Aboul Hassan (Ali Hassan Salameh),
chef du département des “opérations spéciales” du Fatah,
principale composante de l’OLP, est tué par les Israéliens
à Beyrouth dans l’explosion de sa voiture. - 9 octobre
1981 : Majed Abou Charar, responsable de l’information
de l’OLP, est assassiné dans sa chambre d’hôtel à Rome
(Italie).
16 avril 1988 : Assassinat à Tunis par un commando
israélien d’Abou Jihad, chef de la branche militaire du
Fatah, l’un des plus proches collaborateurs de Yasser
Arafat. Il s’agit du deuxième forfait perpétré en Tunisie
depuis le bombardement meurtrier du quartier général de
Yasser Arafat, au sud de Tunis, en octobre 1985, qui a
fait plus de 70 morts.
8 juin 1992 : L’assassinat à Paris d’Atef Bseiso,
responsable des services de sécurité de l’OLP, est attribué
par l’OLP aux services de renseignement israéliens.
5 janv 1996 : Attentat au téléphone piégé contre
, Yehya Ayache, alors dans la bande de Gaza. 27 août 2001
: Abou Ali Moustapha, élu en juillet 2000 secrétaire général
du FPLP en remplacement de George Habache, est éliminé
en Cisjordanie lors d’un raid d’hélicoptères israéliens
contre son bureau à Ramallah. 21 août 2003 : Ismaïl
Abou Chanab, l’un des principaux dirigeants politiques
du Hamas, dont il est l’un des con-fondateurs, est tué
par des missiles israéliens tirés contre sa voiture à
Gaza. Deux de ses gardes du corps sont également tués.
22 mars 2004 : Cheikh Ahmad Yassine, le fondateur
et chef spirituel du mouvement, est tué dans un raid d’hélicoptères
alors qu’il sortait d’une mosquée à Gaza. Sept autres
personnes sont tués et quinze blessées, parmi eux deux
des trois fils du dirigeant palestinien.
D’autre part, M. Arafat a échappé à de nombreuses tentatives
d’assassinat depuis son accession à la présidence de l’OLP,
en 1969.
|
18
Avril 1996 : Massacre à Qana ...
L'article
du Palestine times de 1997
traduit en français grâce au site Aloufok
Voici
le reportage du massacre de Qana qui eut lieu le 18 avril
1996. C'était sans aucun doute un acte terroriste, effectué
par un État qui s'est du coup révélé être un menteur sans
vergogne.
Robert Fisk révèle la Vérité et expose les mensonges.
Passons enfin à Qana.
Robert Fisk fut le premier journaliste à pénétrer l'enceinte
des Casques Bleus du Fidji après qu'elle fut attaquée
par des obus de proximité au plus fort des bombardements
israéliens du Sud Liban l'année dernière.
Au cours de sa description très détaillée et émouvante,
qui fit couler les larmes de plusieurs membres du public,
il raconta la scène alors qu'il entrait dans le camp.
"Le sang coulait à flots depuis les portes de l'enceinte
des Nations Unis, dans laquelle ces pauvres gens avaient
trouvé refuge. C'était les portes de l'enfer. Alors que
je pénétrai à l'intérieur, je vis une petite fille entourant
de ses bras le corps d'un homme d'âge mûr, berçant le
corps de droite à gauche et gémissant et pleurant sans
cesse "mon père, mon père". Il y avait des bébés sans
tête, des femmes sans bras. Je n'oublierai jamais ce que
j'ai vu. J'ai tout décrit dans le quotidien qui m'emploie."
Il raconta ensuite toute l'histoire du massacre de Qana.
Le fait qu'il parlait le 18 avril, exactement un an après
l'attaque d'Israël, rendit sa présentation d'autant plus
poignante. "Pour nous reporters de l'époque - et pour
les Nations Unis - la vérité ou autre de l'explication
d'Israël - qu'ils n'avaient jamais eu l'intention d'attaquer
la base Onusienne, ni les civils musulmans qu'elle protégeait
- reposait sur leur affirmation qu'ils ne pouvaient pas
voir où tombaient les obus. Mais les survivants, des soldats
de l'ONU comme les réfugiés, ont tous témoigné avoir vu
un avion israélien sans pilote capable de prendre des
photos de reconnaissance, survoler le camp pendant le
massacre. Et si c'était vrai, alors la conclusion était
évidente : les Israéliens savaient très bien ce qu'ils
faisaient." Après avoir interrogé les réfugiés et les
soldats des Nations Unies, Robert Fisk entendit des rumeurs
à plusieurs reprises qu'un soldat de l'ONU d'une base
proche avait filmé tout à fait par hasard le bombardement
de Qana ainsi que l'avion de reconnaissance israélien.
Sa recherche du film mystérieux resta sans succès. On
lui dit que les personnels de l'ONU avaient reçu les ordres
strictes de ne pas parler de son existence à qui que ce
soit. Deux jours après les funérailles communes des victimes
du massacre de Qana, la sonnerie du téléphone de Fisk
retentit dans son appartement de Beyrouth. Une voix anonyme
lui donna une référence sur une carte et ajouta : "13h".
L'audience de Fisk restait captivée par son récit émouvant,
peut-être l'événement principal de la soirée, et mérite
d'être reproduit mot à mot. La référence de carte indiquait
un carrefour à l'extérieur de Qana. Je n'ai jamais conduit
aussi vite jusqu'au Sud Liban. A 13h, dans mon rétroviseur,
je vis une Jeep de l'ONU s'arrêter derrière moi. Un soldat
de l'ONU en tenue de combat et portant le béret bleu s'approcha
de moi, me serra la main et dit : "J'ai fait une copie
de la vidéo avant que les Nations Unies ne la saisissent.
On y voit l'avion. J'ai pris une décision personnelle.
J'ai deux enfants en bas-âge. Du même âge que ceux que
j'ai portés, morts, dans mes bras à Qana. C'est pour eux
que je le fais." Et de sa chemise kaki, il sortit une
cassette vidéo et la jeta sur le siège passager de ma
voiture. C'était, je pense rétrospectivement, l'acte individuel
et personnel le plus dramatique que j'ai jamais vu faire
un soldat. Les grands pouvoirs peuvent parfois essayer
de cacher des choses, mais les petites gens peuvent parfois
gagner. Le film à l'état brut, sans coupures, montrait
clairement la base des Nations Unies de Qana sous les
bombardements avec l'avion sans pilote au-dessus. Fisk
commenta la projection de la vidéo au public, montrant
la trajectoire et la direction des obus qui venaient de
l'extérieur. Un hélicoptère israélien était également
visible au-dessus de Qana au moment de l'attaque, larguant
des balises lumineuses pour éviter les missiles à tête
chercheuse thermique. Qana était recouverte de fumée tandis
que les obus d'artillerie tombaient du ciel. A un moment,
les flammes étaient clairement visibles dans la base de
l'ONU. Fisk annonça en montrant l'écran, "Ici, c'est la
salle de conférence en feu. Il y a environ 50 personnes
qui sont en train d'être brûlées vives en ce moment. Cette
fumée, continua-t-il, montrant une autre section proche
sur l'écran, provient en fait de la crémation de ces gens
alors que les murs prennent feu." Le public restait immobile
et silencieux comme des jurés dans un tribunal, tandis
que Fisk présentait ses preuves avec la précision méticuleuse
et le sang-froid d'un avocat de l'accusation démolissant
de façon convaincante l'argument principal des avocats
de la défense. Après que la vidéo fut arrêtée, il retourna
sur le podium et finit son discours sur les phrases suivantes
: "C'est ici, je crois, que le travail du journaliste
doit s'arrêter et que les faits historiques doivent prendre
la relève. Pour votre gentillesse ce soir, mesdames et
messieurs, et pour votre gentillesse de m'avoir invité
à Ottawa pour vous faire cette présentation, je vous remercie
beaucoup." Un tonnerre d'applaudissement et une ovation
debout s'ensuivit.
Robert Fisk, reporter vétéran du Moyen Orient, présenta
une conférence le mois dernier devant un public de 350
personnes, à Ottawa au Canada, intitulée "Menaces, Mensonges
et Vidéo : Être correspondent au Moyen-Orient" . Le titre
aurait pu aussi bien être : "Honnêteté et Intégrité Morale
: Être correspondent au Moyen-Orient". Avec un style oral
pénétrant et une diction anglaise parfaite, il parla pendant
1h45, s'appuyant sur son expérience de 30 ans comme journaliste
professionnel, dont 21 passés en tant que correspondent
au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
Source : The Palestine Times daté de juin 1997
Khiam,
prison de la honte
«Contribuer
humblement à la mémoire…», disait la dédicace de Véronique
Ruggirello, auteur de Khiam, prison de la honte*, lorsqu’elle
m’adressa son livre à sa sortie en mars 2003.
Jusqu’ici,
je n’avais pas pu aller jusqu’au bout de ce terrifiant
récit, celui recueilli auprès de douze survivants de la
prison de Khiam au sud du Liban qui, de 1985 à 2000, servit
de bagne et de centre de torture aux alliés libanais de
l’occupant israélien.
Certes, Jean Genet, dans Quatre heures à Chatila, nous
avait déjà restitué l’horreur des massacres des deux camps
palestiniens de Beyrouth en 1982. Mais ici ce sont les
acteurs eux-mêmes qui restituent leur parcours personnel.
Ainsi, Kifah, réfugiée palestinienne, numéro de détention
2232 à Khiam, avait 12 ans en septembre 1982 lorsqu’elle
allait rencontrer brutalement la mort, celle des hommes
fusillés devant elle à la Cité sportive, celle de cette
femme enceinte éventrée dans une ruelle du camp: J’ai
eu peur, mais je crois que c’est vraiment à partir de
ce moment là que je n’ai plus eu peur de mourir…J’avais
la force de la haine. Après çà, là où il y avait des combats
je me jetais dedans. Ecrit à partir d’entretiens avec
les anciens de Khiam, ce récit nous livre d’abord les
racines de la résistance. La conviction de la résistance
à l’occupation israélienne s’est forgée lentement dans
l’humiliation et s’est ancrée sous la torture pour, finalement,
s’imposer avec force. Les récits de Namaan (numéro 2198
à Khiam), Mohammad (N° 788), Afif (N° 1188), ou Degaulle
(N° 7532) convergent pour nous décrire les images de guerre,
leurs terreurs d’enfants, l’humiliation d’une maison détruite
en représailles, la nostalgie d’une Palestine qu’ils n’ont
jamais connue.
Véritable parcours de psychologie post-conflit, le récit
de Véronique Ruggirello nous entraîne dans l’univers effrayant
d’une prison sans existence légale, sans règles et sans
échéances. Et surtout sans pénétration du CICR jusqu’à
1995. Autrement dit, un voyage au bout de l’horreur qui
ne peut être restitué ici: «le nid», «le sac», «le poteau»,
«la souillure» ou «le pas du gardien» sont autant d’expressions
qui se suffisent à elles-mêmes. Nul besoin d’en dire plus.
Le vrai mérite de Khiam, prison de la honte, c’est ce
patient travail d’entretiens et d’enquête, par lequel
la parole est rendue à ceux qui en sont ressortis vivants.
Vivants mais brisés. Et cette belle illustration du désespoir
transformé en rage de survivre: De rien ils feront tout.
La dérision va devenir un remède, l’humour un antidote,
le chant un combat pour la liberté, et plus que tout,
l’ingéniosité, une arme de survie contre l’ennui. Censés
être annihilés, ils vont reconstruire une vie à l’échelle
d’une cellule. Faire un film à plusieurs en assemblant
des souvenirs personnels de films vus des années auparavant,
récupérer dans la cour un lambeau de journal trempé pour
y apprendre la chute du mur de Berlin en 1989, discuter
dans le calme de philosophie ou de religion, apprendre
à lire aux analphabètes, tout apprendre du métier d’un
électricien ou de la science d’un médecin co-détenus,
passer des heures à fabriquer une aiguille à coudre, redécouvrir
après des années son visage dans un fragment de miroir,
c’était en fait créer un morceau de vie dans le néant.
De la libération du 24 mai 2000, retenons cette anecdote:
A un jeune homme (libéré) qui ne retrouve pas sa famille,
le journaliste propose son téléphone portable pour contacter
quelqu’un: ‘ il a eu un mouvement de recul et m’a regardé
étrangement. Il ne savait pas ce que c’était, du moins
il ne pouvait pas croire qu’on puisse avoir un téléphone
qu’on transporte comme cela dans un sac à main’. Avec
ce récit poignant et engagé, l’auteur nous permet de comprendre
un peu mieux la complexité de l’histoire contemporaine
du Liban et la force du lien identitaire -une notion d’ordinaire
occultée dans le Liban d’après la guerre civile- au sein
de la résistance libanaise à l’occupation.
Marco
Medina
Editions
L’Harmattan, Collection ‘Comprendre le Moyen-Orient’,
Paris, mars 2003.
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