Des rapports
pour la Vérité |
Mars 2008
Révèlation: un réseau
criminel à l'origine de l'assassinat de Rafic Hariri !!
Dans
son rapport rendu public aujourd'hui, le président de la
commission denquête internationale, Daniel Bellemare,
a indiqué que lattentat ayant couté la vie
à lancien premier ministre libanais Rafic Hariri,
le 14 février 2005 aurait été organisé
par un réseau criminel. Il n'aurait pas cependant révélé
le nom des personnes impliquées dans cet assassinat.
Le
10ème rapport de la commission d'enquête et premier
du juge canadien, remis au conseil de sécurité
de l'ONU a également indiqué qu'un certain nombre
de suspects de ce crime seraient également impliqués
dans les différents attentats ayant visé des personnalités
libanaises depuis entre octobre 2004 et décembre 2005.
Le
même rapport également remis à 18 heures
aujourd'hui au premier ministre libanais Fouad Saniora note
la coopération satisfaisante de la Syrie accusée
par la majorité parlementaire libanaise de ces assassinats.
Le
juge canadien déclare cependant que cette enquête
se poursuivra et indique qu'il révèlera l'identité
des personnes impliquées à l'issue des investigations
seulement.
3
années d'enquêtes aux frais des contribuables du
monde entier, trois rapporteurs hyper-protégés
comme des chefs d'états pour en arriver à cette
révèlation aussi banale!
Si la vérité sur l'identité des membres
du présumé réseau est déjà
connue de certains, elle n'est sans doute pas prête d'être
rendue publique car elle serait peut-être bien éloignée
de l'idée la plus répandue sur le sujet et risquerait
de débloquer trop vite la situation libanaise au gré
de tous ceux à qui profite le blocage...
Novembre
2007
Mort de Rafic Hariri : Un Canadien
sur la piste des assassins ...
Le magistrat canadien Daniel
Bellemare
est pressenti pour être nommé
procureur du tribunal international suite au départ de
Brammertz du TPIY fin décembre et lui succédera
à la tête de la commission denquête de
lONU
Juillet 2007
Assassinat Hariri: le huitième
rapport Brammertz
>>> lire
le rapport complet
Mars
2007 Rapport Brammertz: progrès
significatifs dans lenquête Hariri Le
magistrat belge Serge Brammertz, chef de la commission denquête internationale
sur lassassinat de Rafic Hariri, lancien Premier ministre libanais,
a exposé mercredi 21 mars devant le Conseil de sécurité,
son rapport trimestriel quil avait remis une semaine auparavant au Secrétaire
général de lONU. Il a évoqué des progrès
significatifs réalisés dans les investigations, avancé
lhypothèse que le crime pourrait être lié aux
activités politiques de Hariri et a indiqué avoir recueilli
de nouvelles preuves. Il a, par ailleurs, demandé la prorogation
du mandat de la commission à partir du juin 2007, tel que lavait
réclamé le gouvernement libanais. Dans
ce septième rapport détape, Brammertz affirme avoir effectué
des avancées sur de nombreux points qui restaient jusque-là flous.
Concernant lattentat proprement dit qui a eu lieu le 14 février et
a coûté la vie à lex-Premier ministre libanais Rafic
Hariri et 22 autres personnes, des éléments de sismographie
renforcent lidée dune seule explosion non souterraine.
Des analyses comparatives avec dautres explosions qui se sont produites
à Beyrouth seront rendues publiques lors du prochain rapport. A propos
des auteurs du crime, le document affirme que la commission continue denquêter
sur les différentes possibilités concernant le groupe qui la
exécuté, des analyses dADN et disotopes ayant dores
et déjà, montré que le poseur de bombes na pas grandi
au Liban et a dû vivre en ville jusquà lâge de
12 ans; puis, sest installé en milieu rural et serait venu au Liban
trois mois avant lattentat. En ce qui concerne Ahmad Abou Adass, lhomme
ayant revendiqué lattentat par vidéo et depuis porté
disparu, le rapport relève quil était en relation avec
des individus liés à des groupes extrémistes, au moins parce
quils fréquentaient le même lieu de culte, ou, une autre
hypothèse serait quAbou Adass a été soit contraint
de faire la vidéo, soit piégé. De même,
le document fait état de nouveaux détails relatifs à la camionnette
Mitsubishi qui a été utilisée pour lexplosion, les
pièces recueillies sur la scène du crime confirment
que le détonateur a dû être actionné de lintérieur
du véhicule. Il a de même indiqué que des éléments
importants ont été révélés par les six
cartes de cellulaires qui auraient été utilisées par ceux
qui ont exécuté lattentat du 14 février.
12 Décembre 2006
Les
liens entre les assassinats récents au Liban se précisent
L'enquête de la commission spéciale de l'Onu sur l'assassinat de
l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, en février 2005, a mis
au jour des "liens significatifs" avec 14 autres meurtres ou tentatives
commis depuis, déclare le chef de la mission, Serge Brammertz.
Le
magistrat belge (en photo ci-dessus), qui rendait compte de l'état de l'enquête
au Conseil de sécurité des Nations unies, a précisé
que "le travail de la commission sur ces 14 cas continue de faire apparaître
des liens significatifs entre chaque cas et à indiquer des liens avec le
dossier Hariri". Faisant
allusion à l'opposition des victimes à la tutelle de Damas au Liban,
Brammertz a ajouté que les éléments réunis amènent
à croire à une vague cohérente d'attentats contre des personnalités
ayant des tendances politiques partagées et notoires. Elle aurait visé
à "répandre la peur parmi la population" et à "déstabiliser
la situation en matière de sécurité". Serge
Brammertz a déclaré que sa commission continuait à formuler
à la Syrie diverses demandes d'interrogatoires et de preuves - information,
objets, matériel informatique et documents - concernant des individus
et des groupes. Les
enquêteurs ont réalisé six entretiens et participé
à cinq rencontres avec des responsables syriens pertinents au cours des
récents mois, a-t-il précisé, en estimant "généralement
satisfaisant" le niveau de coopération de Damas durant cette période.
Mais
il a ajouté que la commission "continuera à requérir
l'entière coopération de la Syrie, qui reste cruciale pour l'achèvement
rapide et fructueux de son travail". Hariri,
qui s'était rebellé contre la détermination de Damas à
imposer fin 2004 la prorogation de son homme lige Emile Lahoud à la présidence
libanaise, avait été assassiné quelques mois plus tard lors
d'un attentat au véhicule piégé qui a fait 22 autres victimes
sur le front de mer de Beyrouth. Tous
les regards s'étaient tournés alors vers la Syrie, qui a nié
toute implication dans cet assassinat, mais la vague d'indignation avait été
telle que Damas avait dû retirer ses troupes du Liban et assister les bras
croisés à des élections libres qui ont porté au pouvoir
une majorité hostile. Créée
par le Conseil de sécurité pour enquêter sur le meurtre de
Hariri, la commission de l'Onu a été chargée au fur et à
mesure des autres attentats et assassinats contre des personnalités anti-syriennes.
Le dernier en date est le meurtre du ministre de l'Industrie Pierre Gemayel, le
21 novembre. Avec
Reuters
25 Septembre 2006
Le magistrat
belge Serge Brammertz a remis, le lundi 25 septembre au secrétaire général
de lONU, Kofi Annan, son rapport détape sur lenquête
internationale concernant lassassinat de Rafic Hariri, le 14 fé-vrier
2005, qui avait coûté la vie à 22 autres personnes. Ce document,
le cinquième depuis louverture de lenquête, est à
caractère essentiellement technique et procédural et na rien
de spectaculaire quant à lidentité des commanditaires du crime,
tel que lexpectaient les Libanais. Il confirme, toutefois, certaines thèses
dont celle de lattentat-suicide au camion piégé et établi
que la charge qui a tué lex-Premier ministre libanais, pouvait atteindre
1.800 kg de TNT et aurait été activée par un homme mort dans
lexplosion. Le rapport établi, aussi un lien entre cet attentat et
les 14 autres commis au Liban entre le 1er octobre 2004 et le 15 décembre
2005. Il signale, également, que la Syrie sest montrée dans
lensemble coopérative.
Contribution
syrienne satisfaisante et efficace La coopération
de Damas a été généralement satisfaisante, conti-nue
et efficace durant les trois derniers mois, peut-on lire dans ce rapport
qui rappelle que la commission a mené plusieurs missions en Syrie et effectué
onze interrogatoires, y compris avec des officiels syriens. Le rapport souligne
que la commission examine la validité des réponses obtenues
et juge nécessaire de les recouper, le niveau de la coopération
étant variable selon les individus interrogés. Lan
dernier, un rapport du prédécesseur de Brammertz, le juge allemand
Detlev Mehlis, avait évoqué limplication de hauts responsables
de la sécurité syrienne dans cet attentat et accusait la Syrie de
faire obstruction à lenquête. On note par là,
la différence des méthodes dactions et de révélations
des données entre les deux hommes. Ceci nempêche pas quils
pourraient aboutir aux mêmes résultats. Mais Brammertz a choisi la
discrétion tant quil na pas toutes les données en main.
Une charge
de 1.800 kg de TNT
Le rapport détape de lenquête internationale sur cette
affaire a, par ailleurs, établi que la charge mortelle a pu atteindre 1.800
kg de TNT (le précédent rapport indiquait un minimum de 1.200kg
de TNT) et aurait été activée par un homme mort dans lexplosion.
Lanalyse dune dent et de 32 restes humains retrouvés sur les
lieux de lattentat ayant un ADN identique, a permis détablir
quils appartiennent tous à un même homme âgé de
20 à 25 ans, qui se trouvait dans ou à côté de la camionnette
bourrée dexplosifs et aurait activé la charge. Certains
indices de la dent, dit le rapport, laissent penser que le Kamikaze ne venait
pas du Liban. La commission étudie, toutefois, une nouvelle hypothèse
relative à un lâcher aérien qui aurait provoqué lexplosion.
Autre fait important à relever dans ce document: le lien entre les 14 attentats
commis au Liban du 1er octobre 2004 contre Marwan Hamadé au 15 décembre
2005 qui a coûté la vie à Gebran Tuéni. La
commission a renforcé sa conclusion préliminaire selon laquelle
les 14 cas nont pas été commandités ou exécutés
par 14 groupes ou personnes indépendantes et disparates avec des motivations
différentes. Des preuves soulignant leur lien sont en train dêtre
mises à jour, assure le rapport. Elle a poussé, de ce
fait, plus loin son assistance aux autorités libanaises concernant les
14 autres assassinats, tentatives dassassinat et attentats. Une équipe
multidisciplinaire conti-nue à travailler étroitement avec le procureur
général libanais. Les
motifs de lattentat Sur ce point précis, le document
avance plusieurs motifs potentiels qui prennent racines dans des considérations
variées: internationales, régionales et internes. La commission
évoque la possibilité quil y ait eu plus dune raison
ayant motivé le crime dont: les élections législatives, les
relations avec dautres Etats de la région, laffaire de la Banque
al-Madina, les rapports personnels de Hariri avec des acteurs politiques et ajoute:
Cet aspect du travail des enquêteurs sera détaillé dans
le prochain rapport. Le document sétend sur la scène
du crime et les éléments associés, dont les restes humains
découverts en juin 2006 et analysés. Il reprend en détail
le trajet du convoi de lex-Premier ministre et la flexibilité du
plan criminel, vu que les actes de Hariri étaient difficilement prévisibles;
le fait, aussi, que léquipe en charge de lassassinat pourrait
avoir été au courant de la technologie électronique utilisée
pour sa sécurité. Le rapport souligne de même quune
dernière étape dinterrogations de témoins sur la scène
du crime et de différentes autres données, est nécessaire
pour tirer au clair les mouvements exacts de la Mitsubishi durant les dernières
étapes de lopération. Dans le cadre de la poursuite de
des investigations, la commission a annoncé la mise en place dun
mécanisme de protection des témoins pour permettre à davantage
dindividus, disposant dinformations de se faire connaître et
daider les enquêteurs. Létape
à venir En conclusion, ce rapport détape souligne
que lobjectif stratégique de la commission est de conduire
près de 50 entretiens-clés, de rassembler et danalyser une
grande quantité de données électroniques déjà
disponibles, dinformations techniques et de documentation, de poursuivre
et développer ses expertises et ses recherches sur les liens horizontaux
et verticaux entre tous les attentats,
Une fois de plus, le procureur
Serge Brammertz a confirmé sa haute compétence, son professionnalisme
dans la conduite de lenquête, sa grande discrétion, en sabstenant
de toute théorie ou spéculation sur les respon-sabilités
et les commanditaires. Les Libanais doivent donc ronger leurs freins et attendre,
pour en savoir plus, le prochain rapport prévu pour le mois de décembre.
Entre-temps, à moins dévénements inattendus, le tribunal
international chargé de juger les coupables, aura été confirmé
dans sa structure finale et peut-être mis en place pour faire démarrer
le procès. Brammertz sera entendu ce vendredi soir par le Conseil de
sécurité.
Comprendre l'enquête Entre les lignes de Brammertz
11
Juin 2006
Technicité,
prudence, professionnalisme... Autant de termes laudatifs pour qualifier le travail
du juge Serge Brammertz. Mais si des progrès sont visibles dans le rapport
concernant le modus operandi de l'attentat qui a tué Rafic Hariri, l'enquête
de la Commission internationale n'est pas près d'être bouclée.
Serge Brammertz,
c'est d'abord un style. Et son deuxième rapport, remis samedi 10 juin à
Kofi Annan, confirme sa réputation d'expert, scrupuleux et consciencieux.
«Ce qui saute aux yeux à la lecture du rapport, c'est une méthode
méticuleuse. Les expressions sont académiques, scientifiques, tout
comme les investigations menées par son staff». Pas de doute, Omar
Nashabe, criminologue et responsable de la rubrique Justice au sein du journal
al-Akhbar qui sera lancé prochainement, nourrit une certaine admiration
pour le successeur de Detlev Mehlis. Toute une première partie du rapport
est en effet consacrée à l'organisation même du travail d'enquête
et à sa méthodologie. Avec un leitmotiv: fournir une matière
juridiquement exploitable, pour un futur tribunal international qui jugera les
assassins de Rafic Hariri. Il n'empêche, il est loin le temps où
l'on pensait que la Commission d'enquête internationale dénouerait,
en trois mois, l'écheveau du crime qui a coûté la vie à
l'ancien Premier ministre Rafic Hariri. Alors que le quatrième rapport
de la Commission a été rendu publique, l'impression que l'enquête
nécessitera encore des mois, voire des années, a pris le pas sur
l'engouement provoqué par les rapports Mehlis 1 et 2. Serge Brammertz a
d'ailleurs demandé un prolongement d'un an, pour faire aboutir les investigations
sur l'assassinat. Satisfecit à Damas Le rapport parle
de «progrès considérables», mais il ne contient pas
de révélations fracassantes à la Detlev Mehlis. Pas d'ébranlement
politique en vue, donc. Et pas question non plus, pour Serge Brammertz, d'épingler
la Syrie à ce stade. Detlev Mehlis avait très vite pointé
du doigt Damas, brandissant l'existence de «preuves convergentes montrant
à la fois l'implication libanaise et syrienne dans cet acte terroriste».
Au manque de coopération de la Syrie déploré par Mehlis,
Brammertz juge, dans son rapport, la coopération de la Syrie «satisfaisante
dans l'ensemble». De quoi contenter Damas, accusant jusque-là la
commission de partialité politique. L'ambassadeur syrien à Washington,
Imad Moustapha, s'est d'ailleurs déclaré «prudemment optimiste»,
à la lecture du rapport. Ni noms, ni accusations intempestives, Brammertz
tente de reconstruire des liens de confiance avec la Syrie, nécessaires
au bon déroulement de l'enquête. Et sa méthode paie, puisque
Damas avait accepté de fournir des dossiers des Services de renseignements
militaires concernant la situation politique et sécuritaire au Liban.
1200
kg de TNT
Mais l'intérêt du rapport réside surtout dans le modus operandi
du crime. Les enquêteurs ont passé 23 jours sur la scène du
crime, quartier Saint-Georges. L'immense tente qui servait aux sondages du sol,
examens balistiques, analyses biologiques... vient d'être démantelée,
il y a quelques jours. Plus de 1900 pièces à convictions supplémentaires
y ont été retrouvées. Le rapport indique que «connaître
le nombre d'explosions et la localisation de la charge au moment de l'attentat
facilite une meilleure compréhension de la planification et de l'exécution
du crime, de la composition du groupe qui a commis l'attentat, des compétences
et de la coordination requises, du laps de temps qui a été nécessaire
pour planifier le crime, de la période durant laquelle la décision
de tuer Rafic Hariri a été prise et du degré d'implication
ou de complicité d'autres individus, et du fait de savoir si d'autres personnes
étaient préalablement au courant de l'opération». D'après
la taille du cratère provoqué par l'explosion, la quantité
d'explosifs nécessaire pour créer ce cratère est l'équivalent
de près de 500 kg de TNT à une profondeur de 1,7 mètre au-dessous
de la chaussée, ou l'équivalent de 1200 kg de TNT, si la charge
est placée au-dessus de la chaussée, ou l'équivalent de 1800
kg de TNT, si la charge est approximativement à 0,80 mètre au-dessus
du niveau de la chaussée. Selon le juge Brammertz, si la Mitsubishi a été
utilisée pour transporter la bombe, la charge aurait été
d'au moins l'équivalent de 1200 kg de TNT. Le détonateur était
donc probablement au-dessus de la chaussée. En outre, un examen des souterrains,
dans le secteur et ses environs, a été mené, et aucune trace
de détonateur n'a été découverte. C'est donc l'attentat
en surface et non souterrain qui est privilégié par les enquêteurs,
même si Serge Brammertz, par précaution, n'écarte pas encore
totalement l'hypothèse de l'explosion souterraine. En tout cas, la charge
a été calculée de manière à s'assurer que le
souffle et l'onde de choc de l'explosion provoqueraient automatiquement la mort
de Rafic Hariri. Tous les détails techniques ont été
passés au peigne fin. Ainsi, l'hôtel Saint-Georges n'était
peut-être pas prévu comme le lieu exact de l'explosion, souligne
le rapport. «Il est possible que le plan avait prévu une attaque
roulante, l'explosion devant se produire sur le parcours du convoi, probablement
au-delà de l'hôtel Saint-Georges, mais sûrement pas avant que
le convoi n'atteigne l'hôtel, en raison de considérations de logistique
et de timing». La Commission affirme en outre que la détonation
a été déclenchée par un individu, sans toutefois évoquer
«un attentat-suicide», pour la simple et bonne raison que les enquêteurs
ignorent encore si celui qui a actionné l'engin explosif «a été
forcé de le faire» ou l'a fait volontairement (kamikaze). Les 27
restes humains, retrouvés initialement sur la scène du crime, ont
par ailleurs été identifiés comme appartenant à la
même personne, un homme, celui qui aurait déclenché le détonateur.
La commission estime également que «l'explosion au-dessus du
sol s'est produite à 12h55'05''. Elle a été provoquée
par une charge représentant au moins l'équivalent de 1200 kg de
TNT. 12h55'05'' est donc bien l'heure exacte de l'explosion. Or dans les précédents
rapports, l'explosion était censée avoir lieu à 12h56'26''.
Cette erreur serait due, selon le rapport, à un mauvais réglage
de l'heure sur la caméra de surveillance de la banque HSBC. «Or,
dès le rapport Fitzgerald (le chef de la mission d'information de l'Onu
sur les causes, circonstances et conséquences de l'assassinat de l'ancien
Premier ministre, dont la mission a duré du 25 février au 24 mars
2005), c'est cette heure qui était annoncée comme celle du crime!
Et c'est cette heure qui a été reprise par Mehlis! L'heure est un
élément clé de l'enquête: elle détermine l'itinéraire,
le problème balistique et l'angle de la trajectoire!», s'étonne
Omar Nashabe. Autre cheval de bataille des enquêteurs: l'analyse des
appels téléphoniques. Elle est au cur même de la procédure.
Cinq milliards d'enregistrements d'appels téléphoniques ont été
recueillis pour être analysés! Un travail titanesque qui va bien
au-delà de l'analyse des six cartes prépayées, mentionnées
dans le précédent rapport, et qui mentionne une dimension internationale
de ces appels, et non plus simplement régionale. Malgré le travail
de fourmis des enquêteurs, Omar Nashabe note, malgré tout, quelques
restrictions. Dès le début du rapport, Brammertz écrit qu'un
inventaire et une banque de données de toutes les pièces à
conviction vont être établis. «Comment se fait-il qu'après
une année entière d'enquête, ce ne soit pas déjà
fait?», interroge le criminologue. Pour lui, c'est la preuve que la Commission
va poursuivre son travail d'enquête pour un bon moment encore. Autre détail
troublant pour Omar Nashabe et qui ne colle pas à l'image méticuleuse
de Serge Brammertz: pourquoi d'abord mettre les unités de mesure en mètre
lorsque le rapport évoque l'hypothèse de la charge placée
approximativement à 0,80 mètre au-dessus de la chaussée,
puis utiliser les centimètres pour parler du mécanisme d'embrayage
d'un véhicule trouvé dans le sol à l'intérieur du
cratère, à 40 centimètres au-dessous de la surface? Simple
erreur? L'imbrication
des mobiles du crime L'un des apports essentiels du rapport Brammertz
est la multiplicité des mobiles. Ainsi, le rapport n'exclut pas la possibilité
qu'il y ait eu plus d'une raison de tuer Rafic Hariri, tout comme plusieurs auteurs.
La commission examine, en effet, l'éventualité que «l'attentat
ait été commis par un seul groupe muni d'un seul objectif... ou
au contraire d'individus ou de groupes divers, ayant des motifs différents,
uvrant ensemble pour commettre le même crime». Diverses hypothèses
sont relevées: mobiles politiques, vendetta personnelle, considérations
financières ou idéologies extrémistes. Pour Omar Nashabe,
ce paragraphe du rapport est des plus intéressants. «Le terme même
de vendetta, ce terme italien évoque la mafia. Quant aux considérations
financières, cela pourrait impliquer une enquête sur les comptes
bancaires de Rafic Hariri, alors que nous sommes dans un pays où règne
le secret bancaire! Concernant les idéologies extrémistes, selon
moi, c'est une référence aux fondamentalistes musulmans».
La Commission continue d'envisager que «l'effondrement de la banque
al-Madina ait pu constituer un facteur qui aurait motivé l'assassinat de
Rafic Hariri», tout comme le fait que des sommes d'argent provenant de la
fameuse banque aient pu servir à financer l'attentat. Mais, si al-Madina
est sous les feux des projecteurs de la Commission, pourquoi le rapport précise-t-il
que «la commission ne gaspillera pas ses moyens pour élargir le champ
d'investigation sur l'affaire al-Madina»? «Pourquoi alors laisser
le sujet al-Madina à la justice libanaise? Pourquoi, alors que Brammertz
affirme lui-même qu'il y a peut-être un lien entre l'assassinat et
la banque, ne veut-il pas explorer plus profondément cette piste?».
Là encore, pour Omar Nashabe, le rapport Brammertz, bien que très
technique, laisse planer de nombreuses interrogations. La Commission ne se
contente pas d'enquêter sur l'assassinat du 14 février. Elle cherche
aussi à dresser un parallèle entre cet assassinat et les 14 autres
attentats qui ont tué ou blessé des hommes politiques et des journalistes.
Serge Brammertz et son staff suivent une approche méthodologique permettant
de mettre en lumière ou non les liens entre ces 14 attentats et celui qui
a coûté la vie à l'ancien Premier ministre. Ces attentats
sont classifiés en deux catégories: huit attentats ont eu lieu dans
des endroits publics pour perpétrer un climat de terreur, six attentats
ont visé des personnalités particulières. Les 14 opérations
pourraient servir les intérêts d'un seul et même commanditaire.
Pour autant, le rapport n'exclue pas l'hypothèse de deux commanditaires.
Mais, aucun lien n'a pu être encore établi, à ce stade, entre
les 14 attentats et celui qui a coûté la vie à Rafic Hariri,
malgré des similarités de modus operandi. En revanche, pour
ces 14 attentats, le rapport relate qu'un temps précieux a été
perdu à cause de failles structurelles et d'un manque d'expertise. Et au
passage, Brammertz adresse une critique très sévère des autorités
judiciaires et policières libanaises, soulignant le manque de confiance
entre les différents partis des autorités libanaises et les conflits
internes ralentissant les progrès de l'enquête. En attendant,
Brammertz promet des résultats et conclusions pour l'automne prochain.
Ce laps de temps suffira-t-il à boucler l'enquête? Rien n'est moins
sûr.
|
Rapport
Brammertz : lenquête progresse, la Syrie coopère
16
Mars 2006- Le
premier rapport de lère Brammertz, chef de la commission denquête
internationale de lONU sur lassassinat de Rafic Hariri vient d'être
rendu public. Ce rapport de 25 pages, plus modéré que les deux
précédents rendus par Detlev Mehlis, souligne une meilleure coopération
de la Syrie. Le
style est indéniablement différent de celui du magistrat allemand
qui la précédé, le rapport de Serge Brammertz est à
limage de lhomme discret et méticuleux qui est apparu aux libanais
depuis son arrivée au début de lannée. Le contenu du
document tant attendu se révèle très technique, détaillé
et tempéré. Au
sujet de lenquête, la Commission « développe actuellement
une meilleure compréhension de lenvironnement structurel et politique
dans le cadre duquel le crime a eu lieu, renforce sa capacité à
suivre de nouvelles pistes dans lenquête et développe une nouvelle
approche méthodologique pour assurer la fiabilité des informations
obtenues, pour corroborer les nouvelles preuves et découvertes, et, si
nécessaire, pour revoir de premières pistes et hypothèses.
» Si le rapport indique que la commission progresse dans létablissement
des circonstances et du modus vivendi exacts de lexplosion, ce qui «
apportera un lien essentiel dans la chaîne des preuves nécessaires
pour identifier ceux qui ont perpétré, sponsorisé et organisé
le crime, ainsi que leurs complices » les enquêteurs de lONU
refusent pour autant de fournir des détails complémentaires, sécurité
et secret de linstruction oblige. La
Syrie coopère En
ce qui concerne la coopération syrienne, quasi-inexistante pendant le mandat
Mehlis, le rapport qui rappelle les difficultés passées indique
que « des progrès rapides ont été réalisés
dans le domaine critique de la coopération avec la Syrie ». Ainsi,
« le gouvernement syrien sest officiellement soumis, en particulier
au cours des trois derniers mois, à la quasi-totalité des demandes
dassistance de la commission ». Un accord, qui « sera testé
» dans les prochains mois, a été trouvé pour garantir
laccès pour les enquêteurs à des citoyens syriens quils
soient témoins ou suspects et à des sites. Comme
pour confirmer la dextérité du procureur belge, le rapport dévoile
lacceptation du président syrien Bachar El-Assad et du nouveau vice-président
du régime baasiste Farouk El-Chareh de recevoir la Commission denquête
internationale de lONU sur lassassinat de Rafic Hariri. Prudent, le
rapport tempère en précisant qu« en dépit de
cette avancée encourageante, il est important de noter que la commission
ne jugera au final de la coopération des autorités syriennes quen
fonction des informations fournies et de la rapidité avec laquelle ses
demandes ont été satisfaites ». Sil
ne reprend pas à son compte les conclusions des rapports Mehlis qui avaient
évoqué des "preuves convergentes" de l'implication des
services de renseignement syriens et libanais dans l'assassinat de Rafic Hariri,
le rapport Brammertz semble, plus discrètement certes, lui aussi orienter
son enquête vers Damas et son régime de fer. Liban-Le
Blog Info
C'est officiel: Le Belge Serge Brammertz
reprend l'enquête sur l'assassinat
de Rafic Hariri au Liban
11
Janvier 2006 L'ONU a officiellement annoncé, mercredi 11 janvier,
la nomination du procureur belge Serge Brammertz à la tête de la
commission d'enquête internationale chargée d'élucider l'assassinat
de l'ex-premier ministre libanais Rafic Hariri. Réputé pour sa discrétion
et son indépendance, Serge Brammertz remplacera le juge allemand Detlev
Mehlis, qui passe la main pour des raisons familiales après avoir mis en
cause, dans ses deux premiers rapports, de hauts responsables syriens et libanais.
M.
Brammertz est depuis 2003 procureur adjoint de la Cour pénale internationale
(CPI) de La Haye, où il supervise les enquêtes sur les atrocités
commises en République démocratique du Congo, en Ouganda et au Darfour
(Soudan). A 43 ans, recommandé par M. Mehlis et accepté par les
Etats-Unis en dépit de leur opposition à la CPI, le magistrat belge
reprend un poste à haut risque : un groupe qui a revendiqué l'assassinat
du journaliste libanais Gebrane Tuéni l'a déjà menacé
de mort, l'exhortant à conclure que "la Syrie est innocente du sang
de Hariri".
Comme
M. Mehlis, M. Brammertz ne se déplacera plus qu'entouré de gardes
du corps. Avant d'accepter la mission, il a tenu à obtenir la bénédiction
du procureur de la CPI et des Etats parties au traité instituant la Cour,
qui ont limité à six mois sa mise en disponibilité, par souci
de limiter l'impact négatif de son détachement sur les enquêtes
en cours. Ces obstacles levés, le fonctionnaire international, qui n'a
ni femme ni enfant, a jugé qu'il ne pouvait refuser un poste que Kofi Annan
avait du mal à pourvoir.M. Brammertz est considéré comme
un procureur talentueux, entièrement dévoué à son
travail. Il n'affiche pas le charisme de certains juges "stars" mais
a accompli une carrière brillante et parle quatre langues, dont le français.
Né d'un père menuisier, il a grandi dans une famille de quatre enfants
à Eupen, en Belgique, où il a d'abord été avocat,
puis substitut du procureur. En 1997, il est nommé à l'Office du
magistrat national, chargé de la coopération judiciaire internationale.
Il
devient en 2002 procureur fédéral, un poste en vue qui l'amène
à superviser des affaires transnationales de terrorisme et de crime organisé.
Un an et demi plus tard, on le sollicite pour la CPI. "Il est à l'écoute",
affirme Antoine Bernard, de la Fédération internationale des droits
de l'homme, qui aurait toutefois souhaité "qu'il prenne plus de risques"
à la CPI et juge son départ "regrettable" pour la Cour.
M. Brammertz
reprend les rênes à un moment clé : la commission d'enquête
a demandé pour l'heure sans succès à interroger
le président syrien, Bachar Al-Assad, et son ministre des affaires étrangères,
Farouk Chareh. Le magistrat belge, qui se prépare à partir à
Beyrouth, fuit, plus que son prédécesseur, toute publicité,
et entend privilégier l'aspect technique d'une enquête fondée
sur un faisceau de présomptions dense, mais sur peu de preuves irréfutables.
Philippe Bolopion et Stéphanie Maupas
Le Monde édition du 12 Janvier 2006
|
21
Décembre 2005 M. Mehlis
laisserait sa place à un magistrat belge pour diriger l'enquête
de l'ONU
Un
procureur belge de la Cour pénale internationale de La Haye devrait poursuivre
l'enquête des Nations unies sur l'assassinat de l'ancien premier ministre
libanais Rafic Hariri, selon des responsables des Nations unies et des diplomates
cités, mardi 20 décembre, par l'agence britannique Reuters.
Serge
Brammertz (en photo ci-dessus), procureur adjoint à la CPI, remplacerait
le procureur allemand Detlev Mehlis, qui a annoncé qu'il se retirerait
de l'enquête dès qu'un successeur lui serait trouvé. La nomination
de Serge Brammertz, ancien procureur fédéral en Belgique, pourrait
être annoncée mardi ou mercredi, ont rapporté des diplomates
sous le sceau de l'anonymat. "Il y a une forte possibilité qu'il
remplace M. Mehlis", a déclaré l'ambassadeur de Grande-Bretagne
Emyr Jones Parry, qui assure ce mois-ci la présidence du Conseil de sécurité.
Mais il a ajouté que ce dernier n'avait encore reçu aucune notification
du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. Serge Brammertz
se mettrait en congé de la CPI, créée il y a plus de deux
ans pour juger les personnes soupçonnées de crimes de guerre, crimes
contre l'humanité et génocide. Il a été nommé
à la CPI en novembre 2003 pour un mandat de six ans. Les Etats-Unis, qui
sont opposés à la CPI, ne devraient néanmoins pas faire objection
à sa nomination.
Affaire Hariri : le complément du rapport Mehlis fait état en 25
pages de nouvelles preuves impliquant les Syriens M. Mehlis se prononce
enfin pour la prorogation, pour au moins six mois, du mandat de la commission
d'enquête.
>> Lire
le texte complet du second rapport
13
Décembre 2005-
La commission
d'enquête sur l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais a émis
des doutes sur la réalité de la coopération apportée
par Damas à l'enquête. La commission d'enquête des Nations
unies sur l'assassinat de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, tué,
avec vingt personnes, le 14 février 2005, par l'explosion d'une voiture
piégée à Beyrouth, a fait état, hier, de nouvelles
preuves de l'implication de responsables syriens et émis des doutes quant
à la réalité de la coopération apportée par
Damas à l'enquête. Opérations frauduleuses, corruption et
blanchiment d'argent sont également cités parmi les mobiles possibles
de l'assassinat. Dans un rapport remis au Conseil de sécurité
de l'ONU, le chef de la commission, Detlev Mehlis, affirme que certains témoins
interrogés récemment ont fourni «des informations cruciales».
Ces témoignages se rapportent directement aux auteurs, commanditaires et
organisateurs de l'opération coordonnée ayant abouti au meurtre
d'Hariri, y compris le recrutement d'agents spéciaux par les services de
renseignement libanais et syriens. Le texte fait référence à
un nouveau témoin, jugé «crédible», dont les
déclarations «renforcent les indices confirmés à ce
jour contre les responsables libanais actuellement détenus et des responsables
syriens de haut rang», dit le rapport. Le texte émet en
outre des doutes sur l'engagement de la Syrie à faire toute la lumière
sur l'assassinat dans le cadre de sa propre enquête judiciaire. Selon deux
responsables syriens interrogés par les enquêteurs onusiens, toutes
les archives du renseignement syrien sur le Liban auraient été détruites.
La
mission d'enquête de l'ONU sur l'assassinat de Rafic Hariri sera prolongée
de 6 mois à compter du 15 Décembre mais Detlev Mehlis partira
le 1er Janvier et serait remplacé par le belge Van der Mersh tout en continuant
à collaborer aux travaux de la commission.
Mehlis : un lien évident entre les assassinats
au Liban 16
Décembre 2005 - Dans le cadre dune interview télévisée
sur la chaîne américaine CNN, le chef de la commission d'enquête
sur l'assassinat de Rafic Hariri, le juge Detlev Mehlis, a déclaré
jeudi qu'il y avait "manifestement" un lien évident entre les
assassinats qui ont frappé le Liban depuis le meurtre de Rafic Hariri,
dans une interview à la télévision américaine CNN.
"Il faut rechercher les relations entre ces assassinats, et c'est ce
que nous sommes en train de faire, parce que, manifestement, il y a des liens
entre tous ces assassinats survenus après la mort d'Hariri", a déclaré
le magistrat allemand Detlev Mehlis. Mehlis s'exprimait ainsi au terme de
son mandat à la tête de la Commission d'enquête sur lassassinat
de Rafic Hariri et trois jours après le meurtre du journaliste et député
libanais antisyrien Gebrane Tuéni, dans un attentat à la voiture
piégée près Beyrouth. L'explosion qui a tué lundi
Gebrane Tuéni était la 13e dune serie dattentats survenue
depuis celui qui a tué l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et qui plongé
le Liban dans une crise libano libanaise et libano syrienne sans précédent.
M. Mehlis a aussi appelé le Conseil de sécurité des Nations
unies à adopter une résolution "forte" sur l'assassinat
de Hariri. Son dernier rapport, présenté mardi devant le Conseil,
offre de nouveaux indices d'une implication évidente des services syriens
dans cet attentat. "Ce n'est qu'après avoir subi des pressions
considérables du Conseil de sécurité que la Syrie a accepté
de commencer à coopérer dans une mesure limitée" avec
la commission d'enquête de l'Onu, a indiqué M. Mehlis. "C'est
pourquoi je pense qu'il faut maintenir cette pression politique pour nous donner
une chance de poursuivre l'enquête côté syrien", a-t-il
dit. |
Paris propose que la commission Mehlis élargisse son champ d'enquête
aux autres assassinats commis au Liban
13 Décembre 2005-
Au soir de la présentation du nouveau rapport Mehlis devant le Conseil
de sécurité de l'ONU mardi, la France a fait circuler un projet
de résolution qui proroge pour six mois le mandat de la commission d'enquête
sur l'assassinat de Rafic Hariri, et élargit ses compétences à
d'autres assassinats récemment commis au Liban. A
la demande du gouvernement libanais, le texte prévoit la prorogation jusqu'au
15 juin 2006 du mandat de la commission dirigée par le magistrat allemand
Detlev Mehlis, qui expire jeudi, et permet au Conseil de le proroger de nouveau
après cette date. Il
prévoit, par ailleurs, "d'élargir le mandat de la commission
pour lui permettre d'enquêter également sur les attaques terroristes
perpétrées au Liban depuis le 1er octobre 2004, à la discrétion
de la commission". La commission pourra ainsi enquêter sur le dernier
de ces attentats, qui a coûté la vie, lundi 12 décembre, au
député et journaliste antisyrien Gebran Tuéni . Le premier
ministre libanais avait appelé l'ONU à enquêter sur ce nouvel
assassinat. Si
le projet de résolution "prend note" de la demande du gouvernement
libanais de création d'un tribunal international pour juger les personnes
accusées du meurtre de l'ex-premier ministre libanais Rafic Hariri, il
ne se prononce pas sur cette requête. Il charge le secrétaire général
de l'ONU, Kofi Annan, d'aider Beyrouth à "définir la nature
et le champ de l'aide internationale nécessaire en la matière".
"PROFONDE PRÉOCCUPATION"
Par ailleurs, le texte note avec "une profonde préoccupation"
les conclusions du second rapport Mehlis, publié lundi, confirmant "l'implication
de responsables syriens et libanais de haut rang" dans l'assassinat de Rafic
Hariri. Il relève aussi l'affirmation de la commission selon laquelle "il
est peu probable qu'un crime de cette ampleur ait pu être commis à
l'insu des services de sécurité libanais et de leurs homologues
syriens". Le
projet exprime la "profonde préoccupation" du Conseil de sécurité
à la lecture du rapport selon lequel "le gouvernement syrien ne lui
a pas apporté la coopération entière et inconditionnelle
exigée dans la résolution 1636". Cette résolution comportait
une menace discrète de sanctions au cas où Damas ne coopérerait
pas. Le texte de résolution réitère l'obligation pour la
Syrie de coopérer pleinement à la suite de l'enquête et demande
à la commission de faire un rapport au Conseil tous les deux mois sur les
progrès des investigations, y compris sur le degré de coopération
syrienne. M.
Mehlis a estimé mardi, devant le Conseil de sécurité, que
la Syrie ne montrait pas assez d'empressement à coopérer à
son enquête, avertissant qu'à ce rythme, celle-ci "pourrait
durer encore un an ou deux". "Une coopération de bonne foi doit
être diligente et ponctuelle", a-t-il affirmé. L'ambassadeur
de Syrie, Fayssal Mekdad, a rejeté les affirmations de M. Mehlis. "La
Syrie a coopéré pleinement au cours de la période écoulée
et réitère sa disposition à coopérer à l'enquête
dans la période à venir", a-t-il affirmé. M. Mehlis,
qui a exprimé son intention de quitter son poste le 15 décembre,
restera chargé du dossier jusqu'à la nomination de son successeur,
a indiqué mardi M. Annan.
Avec AFP |
Liban : pressions accrues sur Lahoud et la Syrie après le rapport Mehlis
Des députés réclament la démission
du président libanais après la publication du rapport de l'Onu sur
l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri, qui met en cause la Syrie
et certains de ses alliés au Liban. LE
TEXTE INTEGRAL DU 1er RAPPORT MEHLIS
>> en Anglais (cliquez sur l'animation)
>> en
Français (source
L'Orient leJour)
30 novembre 2005 Le rapport
Mehlis bute sur des faux témoignages Proche-Orient.
Alors que cinq personnalités syriennes doivent être
entendues à Vienne par la commission d'enquête de l'ONU sur l'assassinat
de l'ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, un témoin clé
est revenu sur ses accusations. LES
CINQ SYRIENS que la commission Mehlis souhaite entendre sur l'assassinat de Rafic
Hariri n'étaient pas encore partis pour Vienne (Autriche) hier soir. Mais,
après le feu vert donné par Damas, leur départ paraît
imminent. La liste des personnes concernées n'a pas été publiée,
mais elle devrait comporter les noms de Rostom Ghazalé, le chef des services
de renseignements syriens au Liban au moment de la liquidation de l'ancien premier
ministre libanais, le 14 février. Ceux de Jameh Jameh, responsable du secteur
de l'hôtel Saint-Georges où eut lieu l'attentat, et de Mohamed Khallouf,
un de ses collaborateurs. En
revanche, le beau-frère du président Bashar al-Assad, Assef Shawkat,
qui dirige les renseignements militaires, ne ferait pas partie des agents interrogés
à Vienne par les enquêteurs onusiens. Son nom figurait dans une première
version du rapport Mehlis, dont le texte définitif fut présenté
au Conseil de sécurité de l'ONU fin octobre, mettant en évidence
une implication syrienne dans le meurtre d'Hariri. «Un bon rapport de synthèse
pour des diplomates, analyse un policier proche de l'enquête, mais qui ne
contient pas de preuves pour établir une culpabilité», ajoute-t-il. Si
les présomptions convergent vers Damas, la faiblesse des témoignages
est en effet le principal talon d'Achille de l'enquête, qui se poursuit
jusqu'au 15 décembre. Damas a commencé de s'engouffrer dans la brèche.
Lundi, le pouvoir alaouite a présenté un Syrien kurde, Hassam Taher
Hassam, qui a reconnu avoir fait, sous la menace, un faux témoignage devant
la commission. Il y accusait deux proches de Bashar, son frère Maher et
Assef Shawkat, d'avoir commandité l'assassinat de l'ex-premier ministre
libanais. De son côté, la commission a déclaré que
l'homme était volontairement venu à elle le 1er septembre. Mais
la fausse piste Taher Hassam ne surprend pas les services de renseignements, DGSE
en tête, informés durant l'été qu'un témoin
anonyme du rapport Mehlis avait été contraint de mettre en cause
un haut responsable syrien au cours d'un interrogatoire haut en couleur. Sans
doute s'agissait-il de Taher Hassam. Damas
cherche à discréditer le rapport Mehlis Après
avoir beaucoup tergiversé, «la Syrie fait tout ce qu'elle peut pour
montrer qu'elle coopère avec l'ONU et pour décrédibiliser
le rapport Mehlis», souligne un diplomate occidental au Proche-Orient. Hier,
Damas a mis en garde contre les tentatives de «certains Libanais»
d'induire en erreur la commission. Aux yeux des Syriens, le faux témoignage
de Taher Hassam rappelle celui de Mohamed Zuher al-Sadiq (lire notre article ci-dessous),
incarcéré en France. Là encore, Mehlis avait été
averti du peu de fiabilité de ce dernier. «Il ne faudrait pas que
l'ONU se décrédibilise», avertit un bon connaisseur de
la Syrie. Damas
aurait reçu l'assurance que les cadres interrogés à Vienne
regagneront ensuite la Syrie, sans risquer une demande d'arrestation de la part
de la commission. Fin septembre, en Syrie, ces mêmes cadres avaient récité
une leçon bien apprise devant les limiers onusiens, furieux d'un tel manque
de coopération. «Aujourd'hui, Damas est sans doute prêt à
lâcher Rostom Ghazalé, dit un interlocuteur des services syriens,
car il est mal aimé par le pouvoir.» Mais malgré les failles
de l'enquête, le problème pour le régime alaouite reste le
même : comment limiter au plus haut niveau son implication dans l'assassinat
d'Hariri ? «S'il coopère vraiment, le pouvoir est fichu, car les
langues vont se délier, constate le policier. Mais s'il ne coopère
pas, la commission va conclure de nouveau à une mauvaise volonté
syrienne. C'est insuffisant judiciairement, mais, diplomatiquement, ça
suffit pour que les Américains fassent circuler à l'ONU un projet
de résolution avec des sanctions à la clé contre Damas.»
Georges
Malbrunot pour
le Figaro A
la Une dans la presse
Les prolongements du rapport Mehlis accentuent la pression sur la Syrie
Mehlis
exposant son rapport au conseil de sécurité de l'Onu le 25 Octobre
2005 25 Octobre 2005-
La Syrie se trouve sommée darrêter tout suspect impliqué
dans lassassinat de Rafic Hariri. et dautoriser les interrogatoires
à l'intérieur comme à lextérieur de ses frontières.
Paris et Washington coparrainent un projet de résolution de l'ONU extrêmement
dur contre Damas et Mehlis assène également aux autorités
syriennes un mode demploi précis pour une véritable coopération.
31 Octobre 2005:
résolution 1636
de l'ONU sans mention de sanctions...
Le Conseil de sécurité des Nations
unies, réuni au niveau ministériel, a adopté, lundi 31 octobre,
à l'unanimité de ses quinze membres, une résolution sommant
la Syrie de coopérer à l'enquête internationale sur l'assassinat
de l'ex-premier ministre libanais Rafic Hariri. Cette
résolution - numéro 1636 - ne contient pas de menace claire de sanctions
à l'égard de la Syrie si elle venait à ne pas coopérer.
Elle se contente de mentionner qu'en pareil cas, le Conseil "pourra, si nécessaire,
envisager d'autres mesures". Le préambule de la résolution
signale toutefois que le Conseil agit "aux termes de l'article VII de la
Charte". Ce chapitre concerne "l'action en cas de menace contre la paix,
de rupture de la paix et d'acte d'agression". C'est celui sur lequel se base
le Conseil pour prendre des sanctions. Le texte, qui contenait initialement
une menace implicite d'un recours à des sanctions économiques ou
diplomatiques à l'égard de Damas, a été édulcoré
par ses trois parrains (Etats-Unis, France et Grande-Bretagne) pour obtenir l'unanimité
du Conseil. PAS
DE MENACES DE SANCTIONS Cette
concession a permis d'obtenir l'assentiment de la Chine, de la Russie et de l'Algérie,
hostiles par principe à l'utilisation par le Conseil de la menace de sanctions.
La réunion du Conseil de sécurité s'est d'ailleurs ouverte
lundi, avec un retard d'une heure, du fait des consultations de dernière
minute qui, selon une source diplomatique, ont permis d'obtenir l'unanimité
sur le projet de résolution. Plusieurs
responsables syriens ont été accusés dans le rapport de la
commission d'enquête internationale d'être impliqués dans l'assassinat
de Rafic Hariri, le 14 février. Rafic Hariri a été tué
dans un attentat à l'explosif à Beyrouth, où les services
de renseignement militaire syriens jouissaient à l'époque d'une
influence déterminante. De Villepin:
"La commission Mehlis doit pouvoir bénéficier de «
tous les moyens » pour enquêter" >>
lire... |
"Preuves convergentes" Dans
le rapport remis dans la nuit de jeudi à vendredi au secrétaire
général de l'Onu Kofi Annan, le magistrat allemand Detlev Mehlis,
qui dirige la commission d'enquête de l'Onu, note qu'"il y a des preuves
convergentes montrant à la fois l'implication libanaise et syrienne dans
cet acte terroriste". L'ancien Premier ministre libanais a été
tué le 14 février dernier dans un attentat à Beyrouth qui
a coûté la vie à 20 autres personnes. Le rapport remis
jeudi par Detlev Mehlis conclut que l'attentat était si complexe à
organiser qu'il est difficile d'imaginer que les services de renseignement syrien
et libanais n'aient pas été au courant. La décision d'assassiner
Rafic Hariri "ne pouvait pas avoir été prise sans l'approbation
de responsables syriens de haut rang et n'aurait pas pu être organisée
sans la collusion de leurs homologues des services de sécurité libanais",
estime le rapport, dont les premières conclusions doivent être évoquées
mardi devant le Conseil de sécurité de l'ONU. Damas
accusé Si le nom du président syrien Bachar
el-Assad n'est pas directement évoqué, le document cite son beau-frère,
Assef Shawkat, et le chef des services secrets syriens. Selon un témoin,
Shawkat aurait contraint un homme à enregistrer une revendication pour
l'attentat de Rafic Hariri quinze jours avant sa mort. Des accusations vivement
démenties par Damas, qui a dénoncé un rapport "partial"
et "politisé à 100%".
Lahoud cité Le
président libanais Emile Lahoud n'est pas épargné par les
enquêteurs, qui ont révélé que le plus sûr allié
de la Syrie au Liban avait reçu un appel du frère d'un responsable
pro-syrien, quelques minutes avant l'attentat. Cet appel fera partie des éléments
examinés lors de la suite de l'enquête, qui doit continuer jusqu'au
15 décembre. Les services du chef de l'Etat ont "catégoriquement
démenti" ces informations dans un communiqué, précisant
qu'elles étaient "dénuées de tout fondement". Lahoud
s'est refusé à démissionner. Selon le rapport, les services
syriens et libanais ont posé des écoutes téléphoniques
sur les lignes de Rafic Hariri avant son assassinat, et une antenne de télécommunications
a été brouillée à Beyrouth, près de l'endroit
où la voiture de l'ancien Premier ministre a explosé. Poursuite
de l'enquête Un
témoin syrien affirmant avoir travaillé pour les services secrets
de son pays a déclaré à la commission "que des hauts
responsables syriens et libanais ont décidé d'assassiner Rafic Hariri"
en septembre 2004, deux semaines après l'adoption par le Conseil de sécurité
d'une résolution demandant le retrait des troupes syriennes du Liban.
Parmi ces responsables, le général Rustum Ghazale, alors chef des
services secrets syriens au Liban, et le général libanais Mustafa
Hamdan, qui commandait alors la garde présidentielle. Hamdan et trois autres
généraux libanais ont été arrêtés par
les autorités libanaises. Le rapport Mehlis de 53 pages ajoute que
l'enquête n'est pas achevée et doit être poursuivie avec la
justice libanaise et les services de sécurité. Dans une lettre accompagnant
le rapport, le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan annonce
la poursuite de l'enquête jusqu'au 15 décembre.
Déjà plus de 4 mois d'enquête minutieuse
14 juin 2005: dirigée
par Detlev Mehlis (en photo ci-dessus), la commission d'enquête internationale
sur l'assassinat de Rafic Hariri entame ses travaux. 21
octobre 2005:
Le rapport de l'ONU accable la Syrie
[21
octobre 2005] La
Syrie est impliquée, aux côtés du Liban, dans l'assassinat
de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, a conclu le rapport de la commission
indépendante d'enquête des Nations unies. «Il
y a des preuves convergentes montrant à la fois l'implication libanaise
et syrienne dans cet acte terroriste», affirme le chef de la commission,
Detlev Mehlis, dans ce rapport, remis jeudi, au bout de quatre mois d'enquête,
au secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, et rendu public
dans la soirée à New York. Le
magistrat allemand souligne que l'assassinat n'aurait pu être commis sans
l'accord de responsables syriens de haut rang. «C'est
un fait bien connu que le renseignement militaire syrien a eu une présence
envahissante au Liban au moins jusqu'au retrait des forces syriennes à
la suite de la résolution 1559. Les anciens hauts responsables de la sécurité
au Liban étaient désignés par lui», dit-il. «Vu
l'infiltration des institutions et de la société libanaises par
les services de renseignement syrien et libanais oeuvrant en tandem, il serait
difficile d'imaginer un scénario où un complot en vue d'un assassinat
aussi complexe aurait pu être mené à leur insu», ajoute-t-il. «On
peut raisonnablement penser que la décision (d'assassiner Rafic Hariri)
n'aurait pu être prise sans l'approbation de responsables de haut niveau
de la sécurité syrienne et n'aurait pu être organisée
sans la complicité de leurs homologues au sein des services de sécurité
libanais», poursuit M. Mehlis. «Le motif de l'assassinat
était probablement politique», ajoute-t-il. «Toutefois, comme
le crime n'a pas été l'oeuvre d'individus mais plutôt d'un
groupe aux moyens perfectionnés, il est fort possible que la fraude, la
corruption et le blanchiment d'argent aient également constitué
des raisons pour certaines personnes de participer à l'opération»,
poursuit le texte. M.
Mehlis affirme également que des responsables syriens, y compris le ministre
des affaires étrangères, Farouk al-Chareh, ont «tenté
d'égarer ses recherches». «Tandis
que les autorités syriennes, après une hésitation initiale,
ont coopéré dans une certaine limite (...) plusieurs personnes interrogées
ont tenté d'égarer nos recherches», dit-il. «La
lettre adressée à la Commission par le ministre des Affaires étrangères
de la République arabe syrienne s'est révélée contenir
des informations fausses», accuse-t-il. La
Commission conclut qu'«après avoir interrogé témoins
et suspects en Syrie et établi que plusieurs voies mènent directement
à des responsables de la sécurité syrienne pour ce qui est
de l'implication dans l'assassinat, il incombe à la Syrie de clarifier
une part considérable des questions non résolues». L'assassinat
de Rafic Hariri et de 20 personnes, dans un attentat à la bombe en plein
Beyrouth le 14 février, avait plongé le Liban dans la crise. De
nombreux Libanais avaient imputé le crime à la Syrie, pays voisin
du Liban qui a exercé une tutelle sur son petit voisin pendant trois décennies.
Damas a toujours nié toute implication. Le
crime avait également causé un tollé dans le monde et accéléré
le départ des forces syriennes du Liban, ce qui était l'une des
exigences de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. Le
rapport Mehlis a été transmis jeudi aux quinze pays membres du Conseil
de sécurité, ainsi qu'au Liban, a indiqué l'Onu. Dans une
lettre d'accompagnement, M. Annan indique son intention de demander au Conseil
l'extension jusqu'au 15 décembre du mandat de la commission Mehlis, comme
l'a demandé le gouvernement libanais. Le
Conseil a prévu une réunion publique ainsi que des consultations
à huis clos sur le Liban le mard 25 Octobrei. (Avec
AFP.)
La
réponse de la Syrie au rapport sur l'assassinat d'Hariri se fait attendre...
22
Octobre 2005- Au lendemain de la publication
du rapport Mehlis sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic
Hariri qui l'accuse, la Syrie n'a toujours pas dit si elle acceptait de coopérer
avec l'Onu au risque de s'attirer des sanctions internationales.
23 Octobre 2005-
Le chef du Bloc du futur, Saad Hariri, a mis en
garde contre tout compromis politique de nature à profiter à la
Syrie et appelé à la création dun tribunal international
pour juger les coupables, tout en égratignant au passage la présidence
de la République. La Syrie rejette naturellement le rapport Mehlis mais
se dit prête à coopérer alors que le suspect mentionné
dans le rapport Mehlis qui aurait téléphoner au président
Lahoud quelques minutes seulement avant l'attentat a été arrêté
dimanche 23 Octobre à Beyrouth. Cité dans le rapport de
la commission d'enquête de l'Onu sur l'assassinat de Rafic Hariri publié
jeudi, Mahmoud Abdel-Al *, membre de la Société de bienfaisance
islamique Al-Ahbache, a été arrêté sur ordre du procureur
général Saïd Mirza, a-t-on ajouté de même source,
confirmant une information donnée dans la nuit par une chaîne de
télévision locale. *
Mahmoud Abdel-Al est le frère d'un suspect clef, Ahmad Abdel-Al, membre
éminent d'Al-Ahbache, "groupe libanais ayant des liens historiques
forts avec les autorités syriennes", peut-on lire dans le rapport
de la commission onusienne dirigée par le magistrat allemand Detlev Mehlis.Selon
ce document, Mahmoud Abdel-Al a appelé le 14 février le téléphone
mobile du président Emile Lahoud à 12h47 heure locale, quelques
minutes avant l'explosion, et, à 12H49 a eu un contact avec le téléphone
portable de Raymond Azar, alors chef des renseignements militaires libanais, emprisonné
depuis deux mois.L'arrestation de Mahmoud Abdel-Al est la première annoncée
au Liban depuis la publication du rapport de la commission de l'Onu chargée
de faire la lumière sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais.
Un troisième frère d'Abdel-Al est membre de la Garde présidentielle,
dont le chef, le général Moustapha Hamdane, est (avec le général
Azar) l'un des quatre officiers de haut rang pivots du système sécuritaire
libanais sous la tutelle syrienne à avoir été écroués
en septembre sur recommandation de la commission Mehlis.
Liban
: après la Syrie, l'Arabie saoudite?
L'édito de Richard Labévière
de RFI |
Le
rapport de Detlev Mehlis: 54
pages, divisées en 210 paragraphes pour des conclusions accablantes:
1ère conséquence prévisible: La position du président
Lahoud semble plus que jamais intenable
Mr
MEHLIS lors de la remise du rapport à Koffi Annan au siège de l'ONU
Les passages épurés du rapport
Voici certains
passages qui ont été épurés de la version officielle
du rapport Mehlis remise dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 octobre 2005
à la presse. La délégation britannique a toutefois laissé
filtrer la version originelle du rapport à plusieurs organes de presse.
Ces passages citent des noms de responsables syriens et libanais, ainsi que la
Banque al-Madina : 96
Un témoin, dorigine syrienne mais résidant au Liban,
prétend quenviron deux semaines après ladoption de la
résolution 1559 par le Conseil de sécurité, de hauts responsables
officiels libanais et syriens, Maher el-Assad, Assef Chawkat, Hassan Khalil, Bahjat
Sleimane et Jamil al-Sayyed, ont décidé dassassiner Rafic
Hariri. Il a prétendu quun haut responsable libanais, Sayyed, de
sécurité, sest rendu à plusieurs reprises en Syrie
pour planifier le crime, se réunissant une fois à lhôtel
Méridien à Damas et plusieurs fois au palais présidentiel
et au bureau dun haut responsable syrien de sécurité, Shawkat.
La dernière réunion a été tenue à la maison
du même haut responsable syrien, de la sécurité, Shawkat,
environ sept à dix jours avant lassassinat et comprenait un autre
haut responsable libanais de sécurité, Moustapha Hamdane. Le témoin
entretenait des relations étroites avec des officiers syriens supérieurs
en poste au Liban. 204
Il est également de lavis de la commission que lassassinat
de M. Hariri sest déroulé dans un contexte de polarisation
et de tension politiques extrêmes. Les accusations et les contre-accusations
visant principalement M. Hariri au cours de la période précédant
son assassinat corroborent la conclusion de la commission, selon laquelle le motif
probable de lassassinat était politique. Cependant, puisque le crime
nétait pas luvre des individus mais plutôt dun
groupe complexe, il est fort possible que la fraude, la corruption et le blanchiment
dargent, impliquant probablement la Banque al-Madina, aient également
constitué des raisons pour que certains individus participent à
lopération. 206
La commission conclut que lenquête continue devrait être
poursuivie et poussée par les autorités judiciaires et sécuritaires
appropriées, qui ont prouvé durant linvestigation quavec
laide et le soutien internationaux, elles peuvent aller de lavant
et parfois prendre linitiative dune façon efficace et professionnelle.
En même temps, les autorités libanaises devraient examiner lensemble
des ramifications de laffaire, y compris les transactions bancaires, à
travers la Banque al-Madina. Lexplosion du 14 février doit être
prise en compte dans le cadre de la série dattentats qui lont
précédée et qui ont suivi, puisquil pourrait y avoir
des liens entre certains dentre eux, sinon entre tous.
Assassinat
Hariri:
Assef
Chawkat, Rustom Ghazalé et Farouk el-Chareh pointés du doigt
La vérité selon Detlev Mehlis : le régime syrien frappé
au cur Conclusions accablantes contre les 4 généraux
libanais arrêtés le 30 Août; un
suspect-clé des Ahbache a téléphoné à Lahoud
juste avant lattentat
«
Tout porte à croire raisonnablement que la décision dassassiner
Rafic Hariri na pas pu être prise sans lapprobation de hauts
responsables sécuritaires syriens, que le crime naurait pas pu être
organisé sans la complicité de leurs homologues libanais. »
Cest la première des très nombreuses conclusions que
Detlev Mehlis a tirées
Deux semaines après ladoption de la 1559, Maher
el-Assad, Assef Chawkat, Hassan Khalil, Bahjat Sleimane, Jamil Sayyed et Moustapha
Hamdane ont décidé, réunis à Damas, de tuer Rafic
Hariri. » Cest le fameux « témoin syrien »
qui laurait dit au juge allemand. |
Le rapport attendu par tous les Libanais comme une nouvelle Bible ou un nouveau
Coran est une véritable bombe politique, qui touche le régime syrien
en plein cur. Établissant sans ambages « des motifs politiques
» et des « preuves convergentes » de la double implication des
appareils sécuritaires libano-syriens, le juge allemand écrit que
« vu linfiltration des institutions et de la société
libanaises par les services de renseignements syriens et libanais uvrant
en tandem, il serait difficile dimaginer quun scénario où
un complot en vue dun assassinat aussi complexe aurait pu être mené
à leur insu ». Ainsi, après avoir rappelé les menaces
faites directement par Bachar el-Assad à Rafic Hariri, rapportées
par plusieurs témoins (Joumblatt, Aridi, Saad Hariri, Tuéni, etc.),
le rapport commence par indiquer que les SR libano-syriens étaient informés
jour après jour de chaque déplacement du président martyr
Hariri des mois avant son assassinat. Il précise que les investigations
autour des cartes téléphoniques prépayées ont été
un des moteurs principaux de lenquête, « pour définir
qui était réellement sur le terrain pour exécuter le crime
». Detlev Mehlis écrit ensuite quune antenne de télécommunications
qui couvrait la scène de lexplosion a été mise hors
service durant le crime ; linvestigation autour de ces deux points «
doit être poursuivie minutieusement », dit-il. Tout cela, sachant
que le rapport fait état dun « témoin syrien »
qui dit que lassassinat a été décidé sur le
papier quelques jours après la résolution 1559. Estimant au passage
que les aveux de Mohammed Zouheir Siddik à propos de son implication directe
dans lattentat, qui ont mené à son arrestation, « augmentent
sa crédibilité », Detlev Mehlis donne une importante part
à un suspect « qui sera clé dans les investigations à
venir » : Ahmed Abdel-Aal, responsable au sein des Ahbache et frère
de Walid, membre de la garde républicaine. Il justifie cela par les liens
dAhmed avec Moustapha Hamdane, ses appels téléphoniques, notamment
« à Émile Lahoud sur son portable le 14 février à
12h47, quelques minutes avant lexplosion, et à Raymond Azar à
12h49 ». Concernant le fameux Abou Adass, le juge allemand assure
quil nexiste « aucune preuve » de lappartenance
de ce dernier au groupuscule al-Nasr wal jihad fi bilad el-Cham, et quil
a conduit le van qui transportait la bombe qui a tué Rafic Hariri. «
À lévidence, Abou Adass a quitté sa maison le 16 janvier
2005 et a été emmené, volontairement ou pas, en Syrie, où
il a disparu depuis. » Detlev Mehlis cite un témoin qui a affirmé
que Abou Adass « a été obligé par le général
Assef Chawkat (le beau-frère de Bachar el-Assad) denregistrer à
Damas ses aveux sur vidéo 15 jours avant la date de lexplosion ».
Les allusions directes incriminant de grosses pointures syriennes et confirmant
la responsabilité des quatre généraux libanais arrêtés
(sans compter de nouveaux noms, dont Adnane Addoum) sont nombreuses. Detlev Mehlis
affirme ainsi que certaines de ces personnes, y compris Farouk el-Chareh, ont
« tenté dégarer les recherches. La lettre
adressée à la commission par le ministre des Affaires étrangères
de la République arabe syrienne sest révélée
contenir des informations fausses », accuse-t-il. Il écrit en outre
que « Jamil Sayyed a coopéré étroitement avec Moustapha
Hamdane (le rapport est accablant à lencontre de ce dernier) et Raymond
Azar dans la préparation de lassassinat. Il a également coopéré
avec Rustom Ghazalé et, entre autres, avec des gens dAhmed Jibril,
chef du FPLP-CG. Hamdane et Azar ont assuré le soutien logistique, largent,
les téléphones, les voitures, les talkies-walkies, les pagers, les
armes, les cartes didentité, etc. Ceux qui savaient à
propos du crime à lavance étaient, entre autres, Nasser Kandil
et Ali el-Hajj ». Detlev Mehlis cite également lancien député
et ancien ministre Abdel-Rahim Mrad. En conclusion, le juge allemand affirme,
entre autres, qu« il incombe à la Syrie de clarifier une part
considérable de tout ce qui reste encore irrésolu ».
Il est clair que dans le cas contraire, si Damas décidait de ne pas
coopérer dici au 15 décembre ou de ne pas livrer,
le cas échéant, les suspects syriens, elle sexposerait à
un isolement dont les conséquences risquent dêtre extrêmement
négatives pour le peuple syrien. Surtout que Washington, qui attend
de lire le rapport pour se prononcer, a jugé bon de rendre un hommage appuyé
à Detlev Mehlis, à « la précision », et «
au sérieux » de son travail et de sa « méthodologie
».
21 Octobre 2005 |
L'heure
de la Syrie
L'éditorial par Pierre Rousselin du Figaro
[21
octobre 2005] Au
moment même où Saddam Hussein doit s'expliquer devant un tribunal
à Bagdad, le sort du régime syrien de Bachar el-Assad est suspendu
à l'en quête internationale sur l'assassinat de Rafic Hariri.
L'Irak,
la Syrie : deux approches très différentes. Mais une même
volonté, impulsée par les Etats-Unis, de voir les choses changer
radicalement dans cette région du monde.
Il semble que, cette fois, les Américains prennent soin de ne pas répéter
les erreurs du passé. Face à Damas, et avec le soutien de la France,
la diplo matie a repris tous ses droits, et il est demandé d'emblée
au régime syrien de répondre de ses actes.
Tout porte à croire que le rapport de la commission de l'ONU, remis hier
à Kofi Annan, met en cause, d'une façon ou d'une autre, la Syrie
dans le meurtre de l'ancien premier ministre libanais.
La mort suspecte de Ghazi Kanaan, présentée officiellement comme
un suicide, ne fait qu'aggraver les soupçons. Le ministre de l'Intérieur,
qui, pendant vingt ans, fut le proconsul syrien au Liban, ne venait-il pas d'être
interrogé par le président de la commission de l'ONU, le magistrat
allemand Detlev Mehlis ?
Pour
mieux dénouer l'imbrication très étroite entre services libanais
et syriens, la mission de M. Mehlis sera sans doute prolongée. Ainsi sera
maintenue, quelques mois encore, la pression sur un régime syrien, dont
on voit mal comment il peut briser son isolement. Dans
cette affaire, Condoleezza Rice, le secrétaire d'Etat américain,
s'est assurée du soutien non seulement de Paris, mais aussi de Moscou.
Les attentats à répétition qui continuent à faire
régner la terreur dans l'opposition libanaise montrent que Damas n'a pas
encore compris que les temps avaient changé et qu'il fallait changer de
méthode.
Compte tenu de ce climat, le Conseil de sécurité, qui recevra bientôt
un autre rapport sur l'application de la résolution 1 559 appelant
au retrait des forces syriennes du Liban , pourrait décider de sanctions.
A condition, souligne-t-on à Paris, qu'elles visent les dirigeants syriens
et épargnent la population.
Ainsi, à la différence de ce qui s'était passé avec
l'Irak, un dispositif international se met en place, sans heurt et dans le cadre
des Nations unies, pour contraindre le régime syrien à modifier
son comportement.
Il
faut espérer que le président Bachar el-Assad finira par coopérer.
Il doit savoir qu'une opposition est en train de s'organiser dans son propre pays
et qu'elle bénéficiera d'appuis aux Etats-Unis, même si elle
est liée aux Frères musulmans. Damas
a beaucoup d'atouts dans son jeu. Il lui est demandé de cesser ses ingérences
au Liban, d'arrêter de servir de base arrière aux djihadistes qui
se battent en Irak, de rompre avec l'Iran et avec le Hezbollah, d'expulser les
organisations radicales palestiniennes... Si
le régime de Bachar el-Assad veut survivre, il lui faut abattre ses cartes.
Son heure est venue.
Syrie et Liban mis en cause dans l'assassinat de Rafic Hariri Des
responsables syriens et libanais de haut rang, voire même le président
libanais Emile Lahoud, sont impliqués dans l'assassinat de l'ancien Premier
ministre libanais Rafic Hariri, estime le rapport d'enquête de l'Onu rendu
public le jeudi 20 Octobre 2005 en soirée. Il
y a des "preuves concordantes" d'une implication des deux pays, indique
le rapport publié sous la direction du procureur allemand Detlev Mehlis
et chargé de faire la lumière sur l'attentat au camion piégé
qui a coûté la vie à Hariri et 20 autres personnes le 14 février
dernier. L'enquête a établi que "de nombreux indices désignent
directement des responsables syriens de la sécurité comme étant
impliqués dans l'assassinat", lit-on dans le rapport présenté
au Conseil de sécurité des Nations unies. En conséquence,
estiment les enquêteurs dirigés par Detlev Mehlis, il incombe maintenant
à la Syrie "de clarifier une très grande partie des questions
non résolues". Les gouvernements syriens et libanais n'ont pas
réagi dans l'immédiat. La semaine dernière, le président
syrien Bachar Al Assad avait affirmé que son pays été "100%
innocent". La commission Mehlis indique que les éléments
qu'elle a pu rassembler montrent que l'attentat qui a tué Hariri et des
membres de son escorte à Beyrouth avait été mené par
un groupe disposant d'une organisation et de ressources "considérables".
"Le crime avait été préparé sur une durée
de plusieurs mois", lit-on encore dans le rapport qui a été
remis jeudi matin au Secrétaire général des Nations unies
Kofi Annan qui l'a transmis dans la soirée aux 15 membres du Conseil de
sécurité et au gouvernement libanais. "On peut vraisemblablement
penser que la décision d'assassiner (Hariri) n'aurait pas pu être
prise sans l'approbation de hauts responsable (s) syriens de la sécurité
et n'aurait pas pu être ensuite organisée sans la connivence de leurs
homologues des services de sécurité libanais", affirme le rapport.
HARIRI SUR ECOUTE TELEPHONIQUE Parmi les
noms des personnes citées par le rapport comme ayant participé au
complot figurent Ahmad Abdel-Al, membre du groupe islamiste Ahbach au Liban dont
les liens avec les autorités syriennes sont anciens et étroits.
Ahmad Abdel-Al a eu de nombreux contacts avec la sécurité publique
libanaise le jour de l'attentat, et notamment avec le brigadier général
Fayçal Rachid, responsable de la sécurité publique à
Beyrouth. Le frère d'Abdel-Al, Mahmoud Abdel-Al, "a appelé
quelques minutes avant l'explosion, à 12h47, le téléphone
mobile du président libanais Emile Lahoud", indiquent les enquêteurs.
Les mouvements et les horaires de l'escorte d'Hariri avaient été
étroitement surveillés et enregistrés en détail avant
l'attentat, indique le rapport. "Grâce à la mise sur écoute
permanente des lignes téléphoniques de M. Hariri, les services de
sécurité et de renseignement syriens et libanais étaient
restaient informés de ses déplacements et de ses contacts."
Selon les enquêteurs, les autorités syriennes ont coopéré
à l'enquête "de façon limitée". Mais plusieurs
personnes, dont certaines haut placées, ont tenté d'induire les
enquêteurs en erreur "en faisant des déclarations fausses ou
inexactes". Ainsi, une lettre adressée à la commission
d'enquête par le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk
Chara, s'est révélée contenir "de fausses informations".
Pour établir son rapport la commission Mehlis dit avoir interrogé
plus de 400 personnes, examiné 60.000 documents, identifié "plusieurs
suspects" et établi un faisceau d'indices importants. Elle conclut
que l'enquête doit se poursuivre "pour encore quelques temps"
( sans doute la mi-décembre 20005) pour bien établir précisément
ce qui s'est passé. La commission estime que la poursuite de l'enquête
doit être menée par les autorités libanaises compétentes,
avec, le cas échéant, une assistance internationale. |
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