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Une histoire de valeurs et d'amitiés:
entre Octobre 2002, Février 2005 ou l'été 2006
Jacques Chirac incarne le lien franco-libanais

Jacques Chirac et le Liban

Jacques Chirac lors de la conférence de presse du 25 Août avec la chancelière allemande/Crédit-Photos AP


Avril 2007
C'est l'un des héritiers milliardaires, de l'ancien premier ministre libanais assassiné Rafic Hariri, qui prête son appartement parisien au couple présidentiel.

Hariri, saga d'une famille libanaise

Rafic Hariri et son fils Saad

Dans le dernier classement mondial des milliardaires établi par le magazine américain Forbes, la fortune d'Ayman Hariri est évaluée à 1,6 milliard de dollars. Le fils de l'ancien premier ministre libanais a amplement les moyens de se priver quelque temps de son appartement du quai Voltaire, mis gracieusement à la disposition d'un fidèle ami de la famille, Jacques Chirac. Ses demi-frères aînés, Saad et Bahaa, ainsi que sa soeur Hind, son frère Fahd et sa mère Nazek figurent aussi en bonnes places dans ce club d'ultrariches. Ils pèsent, à eux six, plus de dix milliards de dollars. Bien que considérée comme saoudienne par Forbes, la famille Hariri est avant tout libanaise, originaire de Saïda, une ville située au sud de Beyrouth. L'héritage a fait bondir exceptionnellement de 40 % les droits de succession encaissés par l'État libanais en 2006. C'est dire si la fortune léguée par Rafic Hariri, après sa mort tragique, était gigantesque par rapport à la taille du petit Liban, dont le PIB est inférieur à 23 milliards de dollars.

L'homme est pourtant parti de rien : son père était ouvrier agricole. Né en 1944, le jeune Rafic a passé ses premières années dans les champs d'agrumes, devenant le comptable d'une petite exploitation. Un diplôme de gestion de l'Université arabe de Beyrouth en poche, il décide de tenter l'aventure saoudienne en 1965. Il se frotte à l'enseignement des mathématiques avant d'opter pour un métier plus lucratif : le bâtiment. Le secteur est en plein boom après le choc pétrolier de 1973 qui fait affluer les pétrodollars dans les caisses du royaume wahhabite. Mais c'est en relevant un pari qu'il parvient à se distinguer. À la fin des années 1970, il accepte de construire en six mois un palais des congrès à Taëf où les Saoud fuient les chaleurs estivales. Le roi Khaled a décidé d'y accueillir le 3e sommet islamique, convoqué de façon précipitée en réponse à l'invasion soviétique de l'Afghanistan. C'est dans ce même palais que les Saoudiens - aidés de Hariri - réuniront, en 1989, les députés libanais pour les faire accoucher de l'accord éponyme qui mettra fin à une guerre de 15 ans. Pour remplir son contrat, la petite entreprise de Rafic Hariri s'est associée à Oger, une société française alors au bord de la faillite. Les délais sont ténus et l'entrepreneur libanais gagne la confiance de la famille royale qui, privilège rare, lui accorde la nationalité saoudienne. Les prodigalités princières et la multiplication des chantiers lui permettront d'amasser plusieurs milliards de dollars qu'il investira ensuite dans la banque, l'immobilier, la téléphonie mobile et les médias.

En 1982, Rafic Hariri décide d'installer à Paris le siège de son groupe, rebaptisé Saudi-Oger. C'est de cette période que date le début de son amitié avec Jacques Chirac, racontent Éric Aeschimann et Christophe Boltanski, dans leur livre Chirac d'Arabie. Oger subit un contrôle fiscal « abrupt », ressenti par Hariri comme « un coup bas du gouvernement socialiste fraîchement élu et encore perçu comme le diable par les monarchies pétrolières. Il reçoit alors un petit mot de soutien du cabinet du maire de Paris. » Les relations qui se noueront au fil des ans entre les deux hommes feront de Hariri l'un des « fidèles » de Chirac. Le multimilliardaire offre au Français les clés pour comprendre l'Orient compliqué et un carnet d'adresses exceptionnel. Il entre aussi dans l'intimité du couple en mettant, par exemple, son avion privé à la disposition de leur fille Laurence, atteinte d'anorexie mentale, pour qu'elle consulte des psychiatres aux États-Unis. Lorsque Rafic Hariri deviendra premier ministre en 1992 - jusqu'en 2004, avec une interruption entre 1998 et 2000 -, ce musulman sunnite consolidera l'amitié franco-libanaise à travers de multiples accords de coopération et contrats commerciaux, comme jamais aucun dirigeant chrétien ne l'avait fait avant lui. Chirac le lui rend bien, au point que certains diplomates déplorent le caractère trop « personnel » des positions de l'Élysée sur le Liban. Depuis l'assassinat de Hariri, le président français est, en tout cas, en première ligne pour défendre les intérêts du Liban.

Vu du Liban, le geste d'Ayman Hariri pour l'appartement du quai Voltaire paraît donc des plus naturels. Paradoxalement, dans un pays où les mondanités remplissent des pages entières de magazines, les Libanais savent peu de chose des Hariri. Ils ont découvert son fils cadet Saad, né d'un premier mariage, quand il a été choisi pour prendre sa succession politique. Novice en la matière, il a été propulsé chef d'une majorité parlementaire qui se débat aujourd'hui dans une crise inextricable avec le Hezbollah. Son aîné, Bahaa, est resté dans les affaires, même si la direction du holding Saudi-Oger reste partagée. Il en est le vice-président tandis que Saad a le titre de directeur général, le poste de président restant vacant selon l'organigramme publié sur le site Internet du groupe. L'une des filiales a été chargée de construire une ville touristique à Aqaba, en Jordanie, pour cinq milliards de dollars. La branche télécoms a acquis 55 % de Turk Telecom pour plus de 6,5 milliards de dollars. Le groupe est aussi dans la banque, à travers la MedBank et l'Arab Bank, les médias (groupe Future) ou les nouvelles technologies, domaine d'Ayman qui est le PDG de la société américaine Epok. Les deux benjamins de la famille, Fahd et Hind, sont moins impliqués dans les affaires. Le premier a une galerie de design contemporain à Paris, tandis que la seconde a fait des études de puériculture. Leur mère, Nazek, vit à Paris dans un hôtel particulier, place d'Iéna.
SIBYLLE RIZK pour Le Figaro


19 Février 2007

Chirac salue la mémoire d'Hariri et lance un appel aux Libanais

Jacques Chirac a rendu hommage à l'ancien chef du gouvernement libanais Rafic Hariri, assassiné à Beyrouth en février 2005, appelant les Libanais à se mobiliser pour ne pas glisser à nouveau sur "la pente fatale" de la guerre civile.

"Il est des douleurs qui ne passent pas", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une cérémonie à l'Institut du monde arabe, (Ima), à Paris.


"Pour nous tous, ses parents et ses amis, la blessure est inguérissable", a poursuivi le chef de l'Etat en présence de la veuve du Premier ministre disparu, Nazek Hariri, et de l'ancien secrétaire général de Nations unies Kofi Annan.

"Son coeur était généreux, son contact chaleureux et son amitié indéfectible. Son courage, sa ténacité, son énergie emportaient les obstacles. Sa force de persuasion gagnait ses interlocuteurs. Auprès de lui, on se sentait plus grand que soi-même", a-t-il ajouté devant quelques centaines de personnes réunies dans un amphithéâtre de l'Institut.

Milliardaire sunnite étroitement lié à la France et à l'Arabie saoudite, Rafic Hariri a été l'artisan de la reconstruction d'un Liban dévasté par la guerre civile de 1975-1900. L'ancien Premier ministre s'était dressé contre la Syrie, alors puissance tutélaire, quelques mois avant sa mort.

"En revendiquant bien haut un Liban souverain, indépendant, libre et démocratique, Rafic Hariri avait rendu aux Libanais leur dignité et leur fierté. En le frappant, c'est aussi l'honneur d'un peuple qu'on a voulu atteindre et briser", a dit Jacques Chirac. "S'ils ont pu tuer l'homme, les criminels n'ont fait qu'amplifier l'écho de son message".

CONTINUER LA "RELATION D'EXCEPTION"

Quelque 300.000 Libanais se sont rassemblés mercredi dans le centre de Beyrouth pour célébrer le deuxième anniversaire de l'assassinat de Rafic Hariri et soutenir leur gouvernement hostile à la Syrie. La veille à Bifkaya, un attentat, interprété comme un acte d'intimidation, avait fait trois morts.

Le gouvernement libanais et le Conseil de sécurité des Nations unies ont donné leur feu vert à la création d'un tribunal spécifiquement chargé de juger les assassins d'Hariri, faisant fi des objections du président pro-syrien Emile Lahoud et d'une opposition emmenée par le Hezbollah.

"Aujourd'hui, malheureusement, le spectre des dissensions et des affrontements profile de nouveau sur le Liban son ombre menaçante", a dit Jacques Chirac. "Personne ne veut revivre ce cauchemar (...) mais tous les éléments sont en place pour que le pays, si les Libanais ne se mobilisent pas, glisse à nouveau sur une pente fatale".

Jacques Chirac a beaucoup oeuvré pour la reconstruction du Liban après la guerre de cet été entre Israël et le Hezbollah.

La conférence de soutien organisée à Paris fin janvier sous sa houlette a permis de réunir 7,6 milliards de dollars pour le pays du Cèdre.

Le président français, qui doit dire dans les jours qui viennent s'il compte briguer ou non un troisième mandat, a plaidé à l'Ima pour la pérennité du lien franco-libanais.

"Dans l'inquiétude qui l'assaille, le Liban doit se souvenir qu'il n'est pas seul. La France entretient avec lui une relation s'exception qui se perpétuera en toute hypothèse", a-t-il lancé à l'adresse de son éventuel successeur.



25 Janvier 2007
Conférence Paris III du 25 Janvier 2007

Le soutien déterminant de Jacques Chirac

La réunion ministérielle de Paris doit beaucoup à l'intérêt personnel du chef de l'État pour le Liban.
POUR JACQUES CHIRAC, la conférence internationale sur le soutien au Liban doit marquer un temps fort de la fin du quinquennat. Avant la grande réunion sur le climat, la semaine prochaine, et le sommet Afrique-France de Cannes, à la mi-février, le président de la République a fait de Paris III une de ses priorités. Une démonstration de solidarité, nécessaire à ses yeux pour tenter de restaurer l'équilibre économique et politique d'un pays qu'il juge essentiel sur l'échiquier régional.>> Lire la suite...


28 Août 2006

Jacques Chirac très inquiet pour le Liban,
appelle à un "règlement global" dans le dernier discours de son mandat devant les ambassadeurs, appelle à une "vaste solidarité" et suggére l'idée d'une conférence internationale sur le Liban.

Le président français estime que sans un "règlement global et durable" entre tous les acteurs, il y aura une "reprise des hostilités" au Liban.

Jacques Chirac craint que le pire ne survienne. Le président français a prédit lundi 28 août une "reprise des hostilités" au Liban en l'absence d'un "règlement global et durable" entre tous les acteurs de la région.
Devant les ambassadeurs de France réunis à Paris pour leur conférence annuelle, il a souligné que la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'Onu, offrait "le cadre d'une solution durable fondée sur la sécurité d'Israël et la souveraineté du Liban sur la totalité de son territoire".
Cette résolution, adoptée le 11 août à l'unanimité des quinze membres du Conseil, a instauré un arrêt des hostilités entre Israël et le Hezbollah après un mois de guerre.
"Ainsi chacun est placé devant ses responsabilités: l'alternative est soit la reprise des hostilités, qui creuserait un infranchissable fossé entre deux peuples voisins, soit l'option politique d'un règlement global et durable", a affirmé Jacques Chirac.
"La résolution trace un processus qui doit conduire au désarmement des milices et au règlement des questions frontalières, y compris celle des fermes de Chebaa", situés aux confins du Liban, de la Syrie et Israël et contentieux entre les trois pays, a-t-il souligné.

Concernant la Syrie…

Evoquant la Syrie, Jacques Chirac, en froid avec son homologue syrien Bachar al-Assad, souligne que celle-ci "doit sortir de sa logique d'enfermement".
"Elle a vocation à reprendre sa place à la table des nations en respectant la légalité internationale et la souveraineté de ses voisins", a-t-il dit dans une allusion à la longue tutelle exercée par Damas sur le Liban.
Le président a ajouté que "le Moyen-Orient a besoin d'une Syrie active au service de la paix et de la stabilité régionale".
Il a souligné que tous les pays de la région "doivent comprendre qu'ils ont avantage à un Liban souverain et indépendant, où l'autorité exclusive de l'Etat s'exercera sur l'ensemble du territoire. C'est la meilleure garantie de leurs intérêts légitimes, en particulier de sécurité", a ajouté Jacques Chirac.

Entretien entre le Président Chirac et
M. Saad Hariri


Le Président de la République a reçu le 26 Octobre 2005 M. Saad Hariri, Président du Mouvement du futur.L’entretien a porté sur la situation au Liban. Le Président de la République a souligné l’importance que la France attache à ce que justice soit faite à la suite de l’assassinat du Premier ministre Hariri. "Tel est, a-t-il dit, l’objectif de la France".

Le Président de la République a salué le professionnalisme et l’impartialité du rapport Mehlis et a estimé que tout doit être fait pour en tirer toutes les conséquences.

Il a indiqué à M. Hariri que la France a proposé un projet de résolution au Conseil de sécurité afin que la communauté internationale rassemblée marque son soutien au Liban et sa volonté que toutes les parties, et en particulier la Syrie,
coopèrent sans réserve avec la mission Mehlis.




Cliquez sur la photo pour notre page spéciale d'hommage à Rafic Hariri et la visite de Jacques Chirac du 16 Février 2005

De Octobre 2002, visite officielle et sommet de la Francophonie
à Février 2005, visite privée pour l'hommage à Rafic Hariri

Page initialement consacrée à la visite lors du IXème Sommet de la Francophonie

cliquez sur la photo (AFP/Joseph Barrak) pour la visite du 16 Février 2005
Après le déplacement «hautement symbolique» de
Jacques Chirac à Beyrouth,

Les Libanais tablent sur l'appui de la France

Beyrouth : Sibylle Rizk (18 février 2005) pour Le Figaro - L'émotion était très forte lorsque les Libanais ont vu Jacques Chirac et son épouse Bernadette se recueillir sur la tombe de Rafic Hariri, aux côtés de Nazek, la veuve de l'ancien premier ministre assassiné. Ceux qui se sont regroupés mercredi soir entre amis ou en famille pour continuer à participer au deuil national à travers la télévision, ont entendu, impressionnés, les centaines de personnes restées rassemblées devant la mosquée al-Amine, où repose Hariri, acclamer avec ferveur le président français. «Vive Chirac, vive la France», ont-ils scandé avant de poursuivre : «La Syrie dehors», comme s'ils chargeaient la France d'obtenir le départ des troupes syriennes du Liban. Au-delà de la peine visible du couple Chirac, leur geste est un «message de solidarité avec tout le peuple libanais», estime Christine, une jeune Libanaise.
Pour le musicien Nidaa Abou Mrad : «La France manifeste qu'elle est la nation la plus proche du Liban dans son malheur.»
Cette solidarité, beaucoup de Libanais souhaitent qu'elle se traduise par des gestes concrets de la part de la France. «L'enquête sur la tentative d'attentat contre l'ancien ministre Marwan Hamadé n'a jamais abouti. Je ne fais pas confiance à la volonté et à la capacité du gouvernement libanais» à faire justice à Rafic Hariri, explique Marie-Hélène, un professeur de marketing, qui espère la mise en place d'une enquête internationale grâce aux pressions françaises. D'autres souhaitent que la France surveille la bonne tenue des élections législatives, prévues au printemps. Si certains émettent des doutes quant à la capacité de Paris à briser la tutelle de Damas – «la France ne peut rien faire seule», dit par exemple Fouad, même s'il salue «le beau geste» de Jacques Chirac –, l'opposition antisyrienne n'hésite pas, quant à elle, à jouer ouvertement la carte des «forces démocratiques extérieures», selon l'expression du chef druze Walid Joumblatt. Aux loyalistes qui dénoncent les ingérences et appellent à une conférence d'entente nationale, il répond qu'il n'y a pas de dialogue possible avec un pouvoir qui, «par le biais de l'assassinat de Rafic Hariri, nous met en demeure de l'appuyer ou de nous exposer à être tués». Cité par la presse libanaise, il ajoute ne plus voir d'inconvénient à un recours à l'étranger, «car tous les interdits sont tombés».
La visite de Jacques Chirac, qui a refusé de rencontrer des représentants de l'Etat libanais, est «hautement symbolique», a déclaré pour sa part au Figaro l'ancien président de la République, Amine Gemayel. «C'est un encouragement pour le Liban qui mène depuis quelques mois un combat pour la restauration de sa souveraineté et de son indépendance.» L'appui de la France n'est pas seulement verbal, souligne-t-il, «il s'exprime à travers une diplomatie active au sein du Conseil de sécurité. Que le gouvernement libanais et la Syrie le veuillent ou non, l'internationalisation est devenue une réalité», depuis l'adoption en septembre dernier de la résolution 1 559 demandant le retrait syrien du Liban.

Visite d'Etat au Liban le 17 Octobre et Sommet de la Francophonie de Beyrouth
du 18 au 20 Octobre 2002
.


Le Président Chirac accueilli à l'Aéroport de Beyrouth
par la Troika de l'éxecutif libanais, Mrs Emile Lahoud, Nabih Berry et Rafic Hariri (de Droite à Gauche).

Le long séjour du Chef de l'Etat Français au Liban du 17 au 20 Octobre inclus, à l'occasion du Sommet de la Francophonie, précédé d'une journée de visite officielle, dans un environnement international particulier, justifiait sans doute d'en rassembler les moments et surtout les messages les plus forts.
Jean-Michel Druart - LibanVision

A Lire >>>
L’Orient de Jacques Chirac,
d’Ahmed Youssef, préfacé par Jean Lacouture, publié aux Editions du Rocher (Paris), 2003.


Francophonie politique, culturelle et économique:
Le tournant de Beyrouth

Le Président Chirac éprouve une affection particulière pour le Liban ou il bénéficie d'une popularité exceptionnelle
Un reflet en parfaite harmonie avec les relations entre les deux pays et les deux peuples
Son séjour à Beyrouth en cet Automne 2002 a donc une saveur toute particulière dans l'environnement troublé auquel tout un chacun doit faire face.

Rencontre J.Chirac-R. Hariri à l'Elysée -02/2001
En confidences avec Rafic Hariri
sur le perron de l'Elysée...

Entrez dans le site de l'Elysée par la page Actu du déplacement au Liban du 17 au 20 Octobre 2002

L'Agenda Officiel des Relations France-Liban,
sur le site du Ministère des Affaires Etrangères, vous trouverez toutes les infos, photos, déclarations, notes et photos officielles diffusées notamment à l'attention de la Presse en ce qui concerne les visites non moins officiellesainsi que des notes de synthèses sur les relations bi-latérales.Vous voilà en quelque sorte sur le perron du Quai d'Orsay ou de l'Elysée dès qu'il se passe quelque chose de visible entre les deux pays!


Les grandes lignes du discours de Jacques Chirac:
un vibrant acte de foi dans le Liban Appel aux Libanais :
«Ne laissez personne au bord du chemin»
L’évolution vers la paix permettra un retrait complet des forces syriennes Paris II dans les toutes prochaines semaines

>>> Le texte intégral et original du Discours du Président Chirac prononcé le Jeudi 17 Avril devant le Parlement/Majlis place de l'étoile
à Beyrouth.

«Monsieur le Président de la Chambre des députés, Monsieur le Président du Conseil des ministres, Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les députés, Rien ne ressemble à la relation franco-libanaise. Que Libanais et Français se retrouvent, et c’est le cœur qui parle. Aujourd’hui, vous m’avez invité à faire entendre dans cet hémicycle la voix de la France. Comme en 1996, vous allez entendre la voix de l’amitié et de la fraternité. Rien dans le destin, parfois tragique, souvent magnifique, de votre pays n’est indifférent à la France. Que les Libanais se déchirent, que souffre le Liban, et, vous le savez, votre peine est aussi la nôtre. Alors, nous n’avons de cesse de vous apporter notre soutien, pour trouver avec vous et avec toutes les parties concernées les voies d’un apaisement et d’un règlement. Que le Liban se réconcilie, se reconstruise et relève la tête, alors nous, Français, nous partageons son espérance et sa joie ! Il y a quatre ans, la Résidence des Pins redevenait la maison de la France au Liban, la maison de notre fraternité. J’avais parcouru votre capitale et déjà les stigmates de la tragédie commençaient à s’effacer. Beyrouth renaissait. La ville martyre, qui avait si longtemps résonné des explosions et des cris de souffrance et de peur, reprenait goût à la paix et à la vie. Elle redevenait ce qu’elle fut dans l’histoire : la cité de l’accueil. Ce furent pour moi des moments d’intense émotion. Votre bonheur était aussi le nôtre. Aujourd’hui, Beyrouth reçoit le Sommet de la francophonie. Elle renoue le fil du temps. Six mois après avoir accueilli le Sommet arabe, elle retrouve sa place éminente sur la scène internationale. La ville carrefour redevient la ville du dialogue. En rassemblant dans ses murs toutes les sensibilités, tous les génies, toutes les langues de la francophonie. En faisant se rencontrer le monde francophone et le monde arabophone, illustration exemplaire du dialogue des civilisations et des cultures. Faire parler le cœur, c’est rendre hommage dans cette enceinte aux Libanais, devant celles et ceux qui les représentent. C’est saluer le courage et l’ardeur d’un peuple. Oui, le Liban est remonté de l’abîme. Si d’un mot l’on devait résumer le talent de votre peuple, c’est celui d’ouverture qui s’impose. L’ouverture comme trait de caractère, c’est-à-dire la sensibilité aux influences, le goût de mêler et conjuguer les traditions. Et cet esprit de conquête pacifique dont toute la Méditerranée porte l’empreinte millénaire. L’ouverture d’un peuple riche de ses nombreux enfants établis de par le monde et au sort desquels la France a toujours été attentive, comme elle l’est aujourd’hui en Côte d’Ivoire. À l’heure de la reconstruction, le Liban peut compter, je le sais, sur leur force et leur talent. Cet esprit d’ouverture, chevillé à l’âme libanaise, cette tolérance qui vous fait poursuivre sans cesse l’œuvre de réconciliation, la consolidation de l’unité nationale dans le respect des différences. Votre souci de rassembler et faire vivre en un peuple tant de communautés. Mesdames et Messieurs les députés, vous incarnez l’unité nationale retrouvée. Vous êtes les gardiens de ces valeurs – la tolérance, la démocratie, les droits de l’homme et les libertés – sans lesquelles le Liban ne serait pas lui-même. Ces valeurs sont fragiles. C’est à vous qu’il appartient de les défendre contre tout ce qui les affaiblit. C’est à vous de veiller à ce que toutes les sensibilités politiques et sociales soient représentées dans votre enceinte et que chacun puisse s’exprimer pleinement et librement dans tout le pays. Vous portez sur vos épaules une part essentielle du destin du Liban. Voici plus de dix ans, votre pays s’est engagé dans la voie difficile de la réconciliation nationale et de la restauration de sa souveraineté. Les accords de Taëf servent de cadre à cette volonté. Il faut poursuivre et achever leur mise en œuvre. Restaurer l’État dans toutes ses prérogatives. Un État dans lequel se reconnaissent tous les Libanais, un État impartial, au service de tous. Un État de droit qui suscite la confiance des citoyens, dissipe leur crainte de l’avenir. Un État pleinement souverain et indépendant, capable de se faire entendre et respecter. Une fois encore, vous pouvez compter sur le soutien de la France. Soutien que nous n’avons jamais cessé de réaffirmer, notamment aux heures les plus noires, au prix parfois de la vie de nos représentants et de nos soldats. En rappelant, dès 1978, notre attachement à l’intégrité territoriale, à l’indépendance et à la souveraineté du Liban. En condamnant fermement l’occupation par Israël du Liban-Sud. En rappelant inlassablement les termes de la résolution 425, tout en apportant notre contribution directe à la Finul. Nous avons, les premiers, condamné la tragédie de Cana, avant d’obtenir qu’un groupe de surveillance, mis en place en avril 1996, veille à circonscrire le conflit et à épargner les populations civiles. Aussi, avons-nous partagé le sentiment de libération qu’ont ressenti tous les Libanais lors du retrait israélien en mai 2000. Depuis lors, les autorités libanaises travaillent à rétablir la présence de l’État dans ces territoires libérés. Mais, que ce soit dans le domaine de la sécurité ou dans celui de l’administration et des services publics, il faut aller plus loin. La restauration de l’autorité de l’État dans toute cette région constituera un soulagement et un réconfort pour une population soumise à plus de vingt années d’occupation. Elle permettra aussi à la France et à la communauté internationale de se mobiliser plus activement en faveur du développement de cette partie du territoire libanais. Mais il faut rester vigilant. Les risques d’escalade demeurent. Évitons les provocations de part et d’autre. Nous appelons toutes les parties à respecter, comme elles s’y sont engagées, la ligne bleue fixée par les Nations unies, à faire preuve en toute occasion de la plus grande retenue. C’est l’intérêt du Liban et de tous les Libanais. C’est aussi par le respect du droit international que les différends concernant les ressources en eau doivent être résolus. La France est prête, si le Liban le souhaite, à apporter sa contribution à leur règlement. La solidarité de la France avec le Liban est également économique. Vous savez la part que nous avons prise, dès le lendemain de la guerre, à la reconstruction du pays. C’est désormais à son développement que nous nous attachons. Dans cet esprit, nous avons décidé d’inscrire le Liban dans le premier cercle des partenaires de notre coopération. Mais la poursuite de votre développement dépend aujourd’hui des succès de la restructuration financière de votre économie. Il faut maintenant que le Liban maîtrise et réduise son déficit budgétaire, et allège le poids de sa dette. L’enjeu dépasse les seules considérations économiques et sociales. Il touche à la stabilité même du pays et donc à celle de la région dans son ensemble. C’est pour aider le Liban dans cette tâche qu’en accord avec le président du Conseil des ministres, j’ai demandé à une éminente personnalité du monde financier international, M. Michel Camdessus, gouverneur honoraire de la Banque de France et ancien directeur général du FMI, de plaider la cause du Liban auprès des membres du G8, de nos partenaires européens et arabes et des organisations financières internationales. Tout est mis en œuvre pour qu’une réunion internationale se tienne dans les toutes prochaines semaines et prenne les mesures qui aideront le Liban à faire face à ses difficultés. À travers les efforts engagés par votre gouvernement, votre pays accomplit sa part de chemin. Je ne doute pas que votre Assemblée lui apportera tout son soutien dans la mise en œuvre de cette politique courageuse et indispensable. Je sais, Monsieur le Président de la Chambre des députés, Mesdames et Messieurs les députés, la part importante que vous prenez comme législateurs à ce grand chantier de réformes. Le Liban a su rapidement se mettre en conformité avec les exigences actuelles de la lutte contre le blanchiment d’argent, consolidant ainsi le rôle de place financière internationale de Beyrouth. Déjà, des résultats tangibles ont pu être enregistrés. Ils sont un encouragement à continuer à assainir la situation financière, à moderniser l’appareil d’État et à permettre à l’économie libanaise de revenir dans la compétition internationale. Le récent accord d’association entre le Liban et l’Union européenne, qui va prochainement vous être soumis, donnera une puissante impulsion aux réformes et à leur mise en œuvre. Il amarre le Liban à l’Europe et souligne notre communauté de destin. Il favorise aussi le développement des liens avec vos voisins arabes méditerranéens. La construction de ce nouvel ensemble euro-méditerranéen et l’avènement d’une paix juste et globale, que nous appelons de tous nos vœux, permettront au Liban de renforcer à la fois son indépendance et sa coopération avec les pays de la région. Une région où planent encore de lourdes menaces. À vos portes, l’impasse tragique dans laquelle s’éternise le conflit israélo-arabe inquiète la France autant que le Liban. Quel paradoxe alors que les convergences internationales sur les éléments d’une solution n’ont jamais été aussi grandes ! Et quelle injustice pour tous ces peuples qui se côtoient sans pouvoir mêler leurs destins dans la paix et la sécurité ! La France ne s’y résigne pas et continuera à travailler à un règlement équitable de ce conflit, sur la base des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Équitable pour les Palestiniens qui, en tant que peuple, ont le droit de vivre dans un État souverain. Nous ne nous sommes jamais résolus à une occupation contraire au droit, une occupation qui humilie, qui appauvrit et qui nourrit, de génération en génération, la haine et le ressentiment. Équitable aussi pour Israël, qui a un droit absolu à vivre dans des frontières sûres et reconnues, et pour les Israéliens, qui ont droit à la sécurité. La France condamne sans réserve la violence terroriste. Mais d’abord, le dialogue doit reprendre, comme l’exige le Conseil de sécurité. Chacune des parties doit prouver sa bonne volonté. L’Autorité palestinienne en se réformant. Et Israël en se retirant des territoires palestiniens. Nous ne devons pas nous décourager. Nous poursuivrons inlassablement nos efforts pour relancer, dans le cadre d’une conférence internationale, la recherche d’une solution politique. Ces efforts s’appuieront sur les recommandations du “quartette”, mais aussi sur cette chance historique que représente le plan arabe de paix adopté lors du Sommet de Beyrouth, en mars dernier. Bien entendu, la paix ne sera globale, juste et durable que si elle inclut le Liban et la Syrie, et si elle apporte une solution équitable à la question des réfugiés palestiniens, une solution qui tienne compte des intérêts du Liban. C’est la position constante de la France. Dans le même temps, l’évolution vers cette paix tant souhaitée permettra au Liban et à la Syrie d’harmoniser leurs relations et de mener à terme le retrait complet des forces syriennes de votre pays, conformément aux accords de Taëf. Une autre crise, la crise irakienne, menace la région. La France met tout en œuvre pour que la légalité soit respectée. Le désarmement irakien est impératif. Toutes les résolutions doivent être appliquées. Nous ne pouvons tolérer que l’Irak fasse fi de ses obligations et constitue une menace pour la paix et la stabilité. Toutes les résolutions, mais rien qu’elles. Nous voulons agir collectivement, dans le cadre des Nations unies, qui seul assure la légitimité de toute action. C’est une nécessité à la fois morale et politique. C’est une garantie d’efficacité. C’est aussi l’avenir des relations internationales qui est en jeu. L’option militaire, ultime recours, n’est pas une fatalité. Faisons d’abord le pari de la responsabilité et de la sécurité dans la paix. Mesdames et Messieurs les députés, Le Liban n’est pas seul. Nous sommes à ses côtés et nous continuerons à mobiliser la communauté internationale en sa faveur pour l’aider à retrouver toute sa place, une place éminente, parmi les nations. Les Libanaises et les Libanais l’ont démontré au moment de se réconcilier et de reconstruire ensemble leur pays : ils débordent de talent, de courage et de ressources. Mesdames, Messieurs les députés, à travers vous c’est à tous les Libanais que je m’adresse. Libanais du Liban ou Libanais de l’étranger : soyez confiants en l’avenir de votre pays ! Mobilisez-vous ! Votre pays a besoin de l’énergie et de la volonté de tous. Agissez ensemble, sans laisser place aux querelles fratricides, sans laisser aucun d’entre vous au bord du chemin. C’est ainsi que votre pays réussira et répondra aux aspirations d’une jeunesse libanaise ardente, généreuse et tournée vers l’avenir. Voilà le message de la France que je souhaitais vous porter aujourd’hui. Voilà le message du cœur : la France aime le Liban et sera toujours avec lui, pour travailler à la paix, à la coopération et à la prospérité dans une région qui n’en peut plus de ses déchirements et de ses guerres. Merci, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés de l’Assemblée nationale libanaise, de m’avoir accueilli dans cette enceinte où s’incarnent la démocratie et l’unité libanaises. Merci, au nom de la France, de votre accueil chaleureux et fraternel.
Vive le Liban ! Vive la France ! »

Beyrouth le 17 Octobre 2002


Octobre 2002
Nouvel ouvrage en quatre tomes,
par Alexandre Najjar


éditions orientalistes
Geuthner-Paris-

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Une photo de couverture qui illustre une chaleureuse amitié
cliquez pour agrandir...


La Presse locale:
Succès diplomatique pour Chirac au Sommet de Beyrouth

Servi par une conjoncture favorable, Jacques Chirac a réussi un coup diplomatique en obtenant que le premier Sommet de la francophonie à avoir une véritable dimension politique appuie la position française sur l’Irak, estimaient les analystes hier. L’étape de Beyrouth, la plus longue du périple du président français dans quatre pays (Égypte, Liban, Syrie et Jordanie), aura été l’occasion pour Paris de marquer des points sur la scène internationale, et pour la francophonie de sortir de l’ombre. La Déclaration de Beyrouth, adoptée par les 55 pays participants au sommet, au plus fort du débat sur l’Irak entre Français et Américains au Conseil de sécurité, reprend les thèses françaises selon lesquelles « un rôle primordial » doit revenir à l’Onu pour traiter du désarmement irakien tandis que Bagdad doit « respecter ses obligations ». Si le premier Sommet francophone en terre arabe a permis à la France de retrouver, au moins momentanément, une stature lui permettant de se faire entendre de l’hyperpuissance américaine, c’est grâce à la conjonction de facteurs favorables où se mêlent l’actualité, le calendrier et l’équation personnelle de M. Chirac, selon les analystes. Pour le ministre de la Culture, Ghassan Salamé, « le Sommet a servi de tribune à l’expression d’une double peur : celle de l’unilatéralisme et de l’hégémonisme américain dans un monde unipolaire, et, avec encore plus de vigueur, la peur des plus faibles et des plus démunis d’être marginalisés par l’accélération de la mondialisation ». De sources diplomatiques françaises, on note que « les antécédents historiques de la France et la popularité de son président actuel au Moyen-Orient, ainsi que ses liens anciens avec la plupart des chefs d’État africains et arabes, ont certainement joué un rôle ». Bien que M. Chirac ait affirmé à Amman dimanche soir qu’il ne « situait pas les relations franco-américaines en termes de rapports de force », l’opinion arabe reste imprégnée de l’époque où le général Charles de Gaulle n’hésitait pas à se démarquer spectaculairement de Washington. Le président français « a vigoureusement placé la francophonie comme un des acteurs de la formulation d’un nouveau système international plus équilibré », estime M. Salamé. « C’est pourquoi, les chefs d’État ont été unanimes à saluer l’engagement personnel de Chirac, non seulement en faveur de la visibilité de l’OIF mais aussi de sa crédibilité », poursuit-il. Enfin, le Sommet, reconnu par tous les participants comme un tournant dans l’histoire de la francophonie institutionnelle, jusque-là surtout cantonnée à la coopération culturelle, a contribué à donner un certain retentissement à la visite de M. Chirac. Les retrouvailles avec l’Algérie, dont le président Abdelaziz Bouteflika siégeait pour la première fois à titre d’invité, ont également marqué les esprits, en faisant comprendre que l’on avait changé d’époque. « La page est tournée : après les périodes coloniale et post ou néo-coloniale, on entre dans la phase d’une nouvelle forme de partenariat », conclut M. Salamé.


Lu le 22 Octobre 2002

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le site officiel du


... ou en entretien avec le Président Emile Lahoud
dans les salons en Mai 2001


Le Programme de la visite:


accueil à l'AIB le 17 Octobre 2002
AFP ( pour la bonne cause...)

Le Wazzani et Paris II au coeur d'un agenda chargé...

Paris II et le conflit israélo-libanais au sujet des eaux du Wazzani constituent incontestablement les principaux points à l’ordre du jour des entretiens du président français, Jacques Chirac, à Beyrouth, où il est attendu , le jeudi 17 en matinée, à la veille de l’ouverture du Sommet de la francophonie, indique notre correspondant au palais Bustros, Khalil Fleyhane.
Aussitôt arrivé à Beyrouth, M. Chirac aura avec son homologue libanais, le général Émile Lahoud, un entretien qui sera suivi d’une réunion élargie libano-française puis d’un déjeuner de travail. Après l’inauguration de l’École nationale d’administration (Ena), placée sous son égide, le président français devra se rendre place de l’Étoile, où il prononcera un discours, qualifié d’important par des sources diplomatiques. Dans ce discours, M. Chirac pourrait annoncer la date prévue pour la tenue de Paris II qui se tiendrait vers la fin du mois de novembre. Le bilan des contacts effectués par la France avec les principaux pays sollicités pour aider le Liban à assainir ses finances publiques sera au centre des entretiens du président français à Beyrouth où il devra conférer avec le chef du gouvernement, Rafic Hariri, après son discours à la Chambre. M. Chirac discutera aussi avec les dirigeants libanais du dossier du Wazzani d’autant que la France se tient aux côtés du Liban dans cette affaire.
Paris rejette les menaces israéliennes de bombarder les installations de la station de pompage construite au niveau de cette rivière. Selon des sources diplomatiques, les autorités françaises ont déjà pris contact avec Washington et l’Onu afin de plaider en faveur du droit du Liban à exploiter sa part des eaux de cette rivière. Dans les allocutions qu’il doit prononcer au cours de son séjour à Beyrouth, M. Chirac relèvera aussi, toujours selon les mêmes sources, que les explications fournies par le gouvernement libanais dans son rapport sur le Wazzani, distribué aux membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, sont « convaincantes, scientifiques et légales ».

Lu dans l'Orient-le Jour du 15 Octobre


>>> Pour l'anecdote à la fois mondaine mais synonyme de reconnaissance, mentionnons que le Président Chirac aura l'occasion de remercier son Sauveur francophone, Mohammed Chelali, Franco-Canadien-Algérien, récemment nommé Professeur en nouvelles technologies à l'IC, International College.


Ne pas Manquer
>>> L'Entretien de J.Chirac avec L’Orient-Le Jour
le 16 Octobre 2002:

Pas de paix, pas de grandeur possible pour le Liban sans le respect de l’autre
Il faut organiser le rapport avec la Syrie à partir de Taëf, et poursuivre Taëf jusqu’à son terme
Le monde doit aider au redressement du Liban, mais celui-ci doit faire sa part d’efforts


Le Président Chirac en compagnie d'Issa Goraieb,
rédacteur en chef de l'Orient-Le Jour

L'intrégalité de l'entretien?

L’ORIENT-LE JOUR – Ce IXe Sommet s’ouvre sous le signe du dialogue des cultures. Mais Beyrouth peut-il être une étape vers une francophonie politique, c’est-à-dire un regroupement international, sinon un bloc, capable de se prononcer sur des problèmes internationaux ?
Jacques CHIRAC – D’abord, ce Sommet est une étape supplémentaire dans la reprise par Beyrouth de sa place historique de grande cité internationale. Il y a aujourd’hui le Sommet de la francophonie, le premier Sommet de la francophonie en terre arabe. Et je crois que Beyrouth est un lieu privilégié, par son histoire, pour permettre le dialogue des cultures, le dialogue des civilisations. Beyrouth est chargé d’une très vieille histoire, d’une longue et prestigieuse histoire marquée par le dialogue des cultures. Donc, je me réjouis de ce sommet, que j’avais beaucoup souhaité et qui avait été obtenu à l’initiative, à l’époque, de M. Hariri quand il était le président du Conseil des ministres. Alors, l’objectif de ce Sommet doit être, sans aucun doute, d’affirmer clairement que les francophones, au-delà de leur diversité, ont une vocation commune à être porteurs d’une vision politique du monde, qui est une vision de dialogue et non pas de confrontation. De dialogue politique, de dialogue de culture. Et, à ce titre, la francophonie a, c’est vrai, une vocation à apporter une réflexion dans les crises, permanentes ou circonstancielles, que connaît notre planète, qu’il s’agisse des grands problèmes liés au développement durable, liés à la lutte contre la pauvreté, liés à la nécessité d’imposer le respect de l’autre, et d’avoir une certaine idée des droits de l’homme et de la défense de ces droits. Nous aurons à Beyrouth l’occasion de développer notre vision, qui a déjà été exprimée dans la Déclaration de Bamako. Et puis, la francophonie a une vocation à intervenir comme médiateur dans certaines crises, pas partout, mais là où elle peut être désirée ou souhaitée, qu’il s’agisse notamment des crises du Moyen-Orient ou en Afrique. Elle doit pouvoir apporter, si on lui demande ou de sa propre initiative, en quelque sorte, la voix de la raison, la voix du dialogue. De ce point de vue, le Sommet de Beyrouth sera très important.

Plus égoïstement, les Libanais sont-ils en droit, selon vous, d’attendre beaucoup de ce sommet, notamment pour ce qui est d’un retour aux traditions démocratiques du Liban, malmenées ces derniers temps avec des rafles, des arrestations, des tabassages de jeunes manifestants et la fermeture d’une station de télévision ?
Je le souhaite vivement. De ce point de vue, je souhaite que le Liban, qui, par ailleurs, a souscrit à la Déclaration de Bamako, en tire, bien entendu, toutes les conséquences. C’est-à-dire affirme, bien clairement, qu’il n’y a pas de dignité sans le respect de l’autre et qu’il n’y a pas de paix et de sécurité sans un dialogue tranquille entre les différents groupes, les différents intérêts, les différentes traditions. Le Liban, très longtemps, a trouvé sa force dans le respect de ces valeurs. Sa force nationale, sa force internationale. Il est certain qu’à la suite des drames que le Liban a connus, de la guerre, des affrontements, ces valeurs ont été, je dirais, hélas, et naturellement, maltraitées. Je souhaite beaucoup que tous les Libanais, à quelque communauté qu’ils appartiennent, réalisent qu’il n’y a pas de paix possible, qu’il n’y a pas de développement possible, qu’il n’y a pas de grandeur possible pour le Liban, sans que chacun respecte l’autre avec ses droits, avec ses traditions, avec sa personnalité. Et c’est cette voie qu’il faut emprunter. Il n’en existe pas d’autre. Je crois comprendre que cette vérité est de plus en plus comprise par un certain nombre de responsables au Liban et, je dirais, exigée par les jeunes du Liban. Si le Liban veut garder sa jeunesse, ce qui est essentiel, il faut que celle-ci soit sûre que les querelles du passé et les excès qui ont pu être commis sont tout à fait dépassés.

Le courant passe-t-il bien désormais avec le président Lahoud ? On a dit qu’au Sommet de Moncton, votre premier contact était un peu froid.
Je ne sais pas pourquoi on a dit cela. Au Sommet de Moncton, j’ai eu un entretien très agréable avec le président Lahoud. Les contacts et les relations que j’ai pu avoir avec lui, jusqu’ici, ont toujours été marqués par la sérénité et la compréhension. Le président Lahoud assume les fonctions qui sont les siennes et il a conscience qu’il doit les assumer dans le seul intérêt du Liban et des Libanais

Partagez-vous l’optimisme du Premier ministre Hariri quant à la Conférence de Paris II ?
Plus qu’un optimisme, c’est une nécessité. Le Premier ministre Rafic Hariri est un homme moderne et conscient des exigences d’une économie moderne, et conscient aussi des exigences que nous évoquions tout à l’heure et qui sont celles du respect de l’autre et de la solidarité. Il est certain que le Liban, qui porte un passé lourd de drames et de difficultés, connaît aujourd’hui une situation économique difficile. Et il est légitime que la communauté internationale l’aide à sortir de cette situation. C’est la raison pour laquelle, en accord avec le président Hariri, et d’ailleurs en accord avec l’approbation des représentants des grandes institutions internationales et des grands pays concernés, j’ai demandé à M. Michel Camdessus, gouverneur honoraire de la Banque de France et ancien directeur général du Fonds monétaire international, d’organiser à Paris la réunion dite « Paris II » pour permettre de prendre les décisions nécessaires pour soutenir l’action du gouvernement libanais, l’action de redressement menée par le gouvernement libanais. Une action qui sera porteuse de fruits, à condition qu’elle soit encouragée. Mais cela suppose, naturellement, que chacun fasse sa part d’efforts. La France qui, au nom de sa tradition d’amitié avec le Liban, doit, en quelque sorte, donner l’exemple et doit rassembler les bonnes volontés pour aider le Liban. Cela suppose aussi que le Liban fasse sa part d’efforts à lui. Et cette part d’efforts suppose une politique de réformes, réformes qui sont aujourd’hui nécessaires. C’est très exactement cette politique qui est traduite par le projet de budget qui vient d’être présenté par le gouvernement au Parlement libanais. Comme tous les budgets de réforme, il est forcément critiquable ou critiqué. Mais j’appelle tous les Libanais à se rendre compte que, si cette politique de réformes, si ce budget ne sont pas adoptés et soutenus par l’ensemble des responsables libanais, alors il ne peut pas y avoir accord des institutions financières internationales. Et, par conséquent, l’aide internationale sera tout à fait insuffisante ou limitée. Il y a donc un double effort à faire : prise de conscience de la part de toutes les autorités libanaises que l’on doit sortir de la polémique politique pour entrer dans un effort cohérent et national de réformes et de redressement, et prise de conscience par les institutions financières internationales et par les grands pays amis du Liban – qu’il s’agisse de l’Union européenne, qu’il s’agisse des pays arabes, qu’il s’agisse des États-Unis ou du Japon, où le président Hariri vient de faire un voyage extrêmement positif d’après les échos que j’en ai eus de la part du Premier ministre japonais – des efforts faits pour permettre le redressement de la situation du Liban. Je suis optimiste.

Monsieur le Président, peut-on parler de l’État des libertés au Liban sans penser aussitôt au problème de la présence syrienne au Liban ? Et êtes-vous toujours confiant qu’il est possible avec le régime de Bachar el-Assad, que vous allez d’ailleurs rencontrer bientôt, d’aller vers une libéralisation graduelle en Syrie ?
D’abord, je dirais que je le souhaite, naturellement. Vous savez, la relation entre le Liban et la Syrie relève, d’abord, et je dirai uniquement, d’un rapport entre les deux pays et je n’ai pas l’intention de faire de l’ingérence dans ce domaine. Mais ce rapport doit être organisé à partir de l’accord de Taëf. Et cet accord de Taëf doit être respecté et poursuivi jusqu’à son terme. En tous les cas, je ne vois pas de solution conforme aux intérêts du Liban et de la Syrie, aux intérêts à la fois politiques et économiques du Liban et de la Syrie, sans un respect intégral et sans aller jusqu’au terme de l’application de l’accord de Taëf.

Parmi les efforts exigés de Beyrouth, faut-il mentionner l’extension de l’autorité de l’État au Liban-Sud ? Le fait que le Hezbollah continue de faire la loi au Liban-Sud, et puis cette cérémonie pour le pompage pour les eaux du Wazzani survenant à la veille du sommet peuvent-ils être des obstacles pour Paris II ?
Je répète que je n’ai pas l’intention de faire de l’ingérence dans les affaires intérieures libanaises. Et dès le retrait des forces israéliennes du Liban-Sud, la communauté internationale, et notamment la France, a exprimé très fortement son souhait de voir l’armée libanaise et l’Administration libanaise exercer leurs fonctions sur l’ensemble du territoire libanais. Je crois que c’était une nécessité internationalement reconnue, et qui est toujours aussi vraie aujourd’hui. Vous avez reçu tour à tour MM. Shimon Peres et Nabih Berry et vous avez évoqué avec eux l’affaire du Wazzani. Avez-vous quelque chose à dire à ce propos, notamment sur une possibilité de médiation de la France dans ce litige ? La France est toujours disposée à faire entendre la voix de la raison. Je pense qu’il y a dans le domaine du partage de l’eau des règles internationales. Nous en avons parlé avec nos amis américains. Des experts européens et français vont se rendre sur place, à la demande des autorités libanaises. Je crois que, dans une affaire de ce genre, il faut chercher, là encore, la solution dans le dialogue et dans le respect des règles internationales et se garder en tous les cas, de part et d’autre, de tout geste qui serait de nature à envenimer les choses.

Souhaitez-vous adresser un message aux Libanais et plus particulièrement aux lecteurs de L’Orient-Le Jour, aux francophones du Liban ?
Je voudrais d’abord adresser un message aux lecteurs de L’Orient-Le Jour qui sera, vous le comprenez, un message d’amitié d’autant plus sincère que, par définition, ils sont francophones, et donc plus proches encore que les autres du cœur des Français et du mien. Donc, un message d’estime et d’amitié à tous vos lecteurs. Et un message également à tous les Libanais pour leur dire que je crois, depuis toujours, à la vocation du Liban d’être une grande nation, forte de son histoire et de sa culture au service de la paix, au service de la sérénité dans le monde. Je crois à sa capacité d’être un lien essentiel entre l’Orient et l’Occident. Tout cela supposant, naturellement, que chacun au Liban ait conscience qu’il doit respecter l’autre. Et enfin, je dirai simplement un mot, et c’est peut-être plus important encore, aux jeunes libanais. J’ai beaucoup de relations avec des jeunes libanais, et suis toujours frappé à la fois par leur qualité mais aussi parfois par un certain manque de confiance dans l’avenir du Liban. Et la première responsabilité de tous les Libanais, et notamment des responsables politiques ou économiques libanais, est de redonner confiance aux jeunes. Ils ont la chance d’avoir des jeunes qui sont extraordinaires, qui sont prêts à se mobiliser pour le service de leur pays, qui se détachent de plus en plus de vieilles querelles, qui sont attachés à l’exigence de la démocratie moderne et qui sont l’avenir et le futur du Liban et qui doivent être encouragés à rester chez eux et à mettre leurs forces et leur intelligence, leur cœur au service du Liban et non pas se laisser tenter, parce qu’ils auraient été découragés, à s’expatrier.

Merci beaucoup, Monsieur le Président. Je suis sûr que les Libanais seront très sensibles à ce message d’amitié.
Je le leur dis avec le cœur autant qu’avec la tête.

Croyez-vous que Yasser Arafat, comme le pensent notamment les Américains, a raté une chance historique lors du sommet de Camp David ?
Permettez-moi en premier lieu, sur ce sujet, de dire ma consternation face à l’évolution de la situation. La perpétuation des violences et de l’occupation, la poursuite du terrorisme, l’aggravation inacceptable des conditions de vie des Palestiniens, nous ne devons pas nous résigner face à cela. Nous avons un véritable devoir d’action envers les populations, qui souffrent de part et d’autre. J’ajoute que la question irakienne constitue à mes yeux une raison supplémentaire d’avancer résolument vers une solution au conflit du Proche-Orient. Cette solution ne peut être que politique, fondée sur le dialogue et la négociation entre les parties, assistées par la communauté internationale. S’agissant du sommet de Camp David, il n’a malheureusement pas conduit à l’accord de paix que le monde entier souhaitait. La responsabilité ne peut évidemment pas en être imputée à une seule personne. Peut-être a-t-on voulu obtenir trop, trop vite ! J’en retiens pour ma part les progrès que cette négociation et celle de Taba ont permis d’accomplir vers la définition des paramètres d’une solution acceptable par les deux parties, fondée sur la coexistence de deux États. Ces paramètres font aujourd’hui l’objet d’un consensus international reflété dans les résolutions du Conseil de sécurité et les déclarations de l’Union européenne, des autorités américaines et du quartette. Cet héritage essentiel ne doit pas être perdu.

Et que fait de concret la France pour contrer la ligne extrémiste d’Ariel Sharon ?
Le problème ne se pose pas en ces termes. Le terrorisme, que la France condamne, qui est toujours inacceptable, fait peser sur la population israélienne une angoisse intolérable. Nul ne peut contester le droit d’Israël à se défendre contre le terrorisme. Ce qu’on peut contester en revanche, c’est la méthode utilisée par Israël pour combattre ce fléau : la France l’a fait lorsqu’elle le jugeait nécessaire, tout dernièrement encore par son action au Conseil de sécurité, qui a permis l’adoption de la résolution 1435. Mais le terrorisme doit cesser. Les Palestiniens ne concrétiseront pas leur légitime projet national par la violence, pas plus qu’Israël n’assurera sa sécurité par la seule force armée. Une solution politique doit prévaloir, sur la base des paramètres que je viens d’évoquer. Pour cela, le dialogue doit reprendre. Le quartette a tracé la voie à suivre dans sa déclaration du 17 septembre.

Les accords d’Oslo sont-ils vraiment morts et enterrés, et l’Europe a-t-elle des idées susceptibles de mettre fin à l’impasse actuelle ?
Oslo reste, pour la communauté internationale dans son ensemble, une référence incontestable. C’est un processus qui a conduit à des accords internationaux, pour certains sous les auspices du président des États-Unis. Leur validité est incontestable. Ces accords n’ont certes pas abouti au résultat espéré, mais ils ont permis des avancées décisives en terme de reconnaissance mutuelle des parties et de définition des paramètres du règlement définitif. Au moment où les négociations politiques reprendront, les acquis d’Oslo, tout autant que ceux de Madrid (« la terre contre la paix »), et les avancées des négociations, de Camp David à Taba, contribueront à la définition d’une solution politique. S’agissant du rôle de l’Union européenne dans une sortie de l’impasse actuelle, il est important et doit s’intensifier encore. Les États membres de l’Union siégeant au Conseil de sécurité ont joué un rôle décisif dans l’adoption de la résolution 1435, qui a permis, grâce au soutien américain que nous avons obtenu, de sortir de la nouvelle crise créée par le siège des locaux de M. Arafat. L’Union européenne a aussi largement contribué à l’élaboration de la feuille de route esquissée par le quartette le 17 septembre dernier, sur la base de propositions de la présidence danoise. M. Peres m’a fait part tout récemment de l’acceptation par Israël de cette feuille de route. Il faut maintenant avancer vers sa mise en œuvre, ce que le quartette devrait faire en se réunissant à nouveau à Paris demain. Enfin, l’Union européenne apporte une contribution décisive aux réformes palestiniennes, dans le respect absolu du droit des Palestiniens à choisir leurs dirigeants et leurs institutions. N’oubliez pas non plus l’effort d’aide de l’Europe à l’égard des Palestiniens, qui est considérable.

Quelle est votre conception de l’État palestinien et quelle solution pratique verriez-vous éventuellement pour Jérusalem et la question des réfugiés ?
La paix, pour être durable, nécessite la création, à côté d’Israël, d’un État palestinien viable, démocratique et pacifique, sur la base des frontières de 1967. C’est une idée en faveur de laquelle la France œuvre depuis des décennies et qui est désormais partagée par le monde entier ! Le Conseil européen de Séville, en juin dernier, a énoncé solennellement les paramètres de cet État. Le président Bush en a fait de même dans ses discours. Ce n’est pas le moindre paradoxe de la situation actuelle de voir un si large consensus international sur les données de la solution, alors que les conditions sur le terrain n’ont jamais été aussi graves. Faire coïncider cette vision partagée avec la réalité du terrain, c’est là notre devoir, celui des parties, c’est le but que se fixe l’action de la France dans la région.

D’aucuns ont reproché dans le passé à la France de ménager Saddam Hussein pour des considérations commerciales. Croyez-vous à votre tour que la nouvelle guerre du Golfe pourrait être largement motivée par des intérêts pétroliers ?
Nul n’ignore que le Moyen-Orient constitue une zone majeure de réserves et de production d’hydrocarbures. Il représente aujourd’hui 65 % des réserves mondiales, et cette proportion est en hausse du fait du tarissement prévisible des réserves hors Golfe. L’Irak, pour sa part, détient aujourd’hui environ 10 % des réserves mondiales. Pour autant, le problème aujourd’hui posé par l’Irak à la communauté internationale n’est pas celui de ses capacités pétrolières. Il s’agit en effet de répondre à la menace potentielle que représente l’Irak, avec le risque de prolifération des armes de destruction massive. Le régime de Bagdad a utilisé de telles armes par le passé. Aujourd’hui un certain nombre d’indices peuvent laisser penser que, depuis près de quatre ans, en l’absence des inspecteurs internationaux, ce pays a poursuivi des programmes d’armement. La prolifération des armes de destruction massive constitue une menace pour l’ensemble de la planète. Notre sécurité dépend de notre capacité à traiter collectivement ce risque majeur. Sur ce dossier, pas plus que sur les autres, notre politique n’est pas de ménager l’Irak : nous avons toujours demandé la stricte application des résolutions des Nations unies. Je tiens à souligner que de nombreux pays commercent avec l’Irak, y compris d’ailleurs les États-Unis. Le commerce franco-irakien se déroule dans le cadre strict des résolutions du Conseil de sécurité, et nous sommes particulièrement vigilants quant au respect de ce dispositif juridique. L’Irak n’occupe au demeurant qu’une place modeste dans notre commerce extérieur. En 2001, l’Irak n’a été que le 53e client et le 39e fournisseur de la France, représentant 0,2 % de nos exportations et 0,3 % de nos importations.

Que suggéreriez-vous pour renforcer l’efficacité et donc la crédibilité des inspections onusiennes en Irak ?
L’accès immédiat des inspecteurs à l’ensemble des sites, sans condition et sans restriction, constitue la garantie indispensable de l’efficacité et de la crédibilité des inspections de l’Onu. Cette exigence figure d’ailleurs dans toutes les résolutions existantes. L’Irak a dit accepter tous les droits des inspecteurs sans condition, et les arrangements pratiques de la reprise des inspections ont été clarifiés à Vienne. Si MM. Blix et el-Baradei estiment toutefois qu’un certain nombre de questions doivent être encore précisées, que des garanties supplémentaires doivent être obtenues sur certains points, nous sommes tout à fait disposés à examiner leurs demandes et à prendre en compte leur avis, dans le cadre du Conseil de sécurité, qui est le seul cadre légitime pour traiter du problème irakien.

Quelles répercussions aurait une guerre internationale contre l’Irak ?
Notre responsabilité est de veiller à la stabilité au Moyen-Orient. Avec la crise irakienne, c’est la région tout entière qui est menacée. Le Moyen-Orient est au cœur de l’arc de crise qui s’étend de la Méditerranée orientale à l’Asie du Sud-Ouest : zone dans laquelle les fractures politiques, économiques et sociales sont multiples. Nous avons tous en mémoire les multiples conflits, internes et internationaux, qui ont ébranlé cette région depuis plus de cinquante ans. Au moment où l’impasse du conflit israélo-palestinien alimente les sentiments de frustration et d’injustice parmi les peuples de la région, et où nous sommes engagés dans une lutte de longue haleine contre le terrorisme, nous devons être vigilants et mettre tout en œuvre pour que soit gagné le pari de la sécurité dans la paix.

Existe-t-il, selon vous, un lien direct entre l’affaire irakienne et le dossier du terrorisme, c’est-à-dire la filière Ben Laden ?
À ma connaissance, aucune preuve n’a été trouvée, ou en tous les cas rendue officielle, d’un lien entre l’Irak et el-Qaëda. Même si certains terroristes ont pu trouver refuge en Irak, il ne faut pas mélanger les sujets. L’objectif prioritaire de l’action de la communauté internationale, s’agissant de l’Irak, doit être le désarmement. En revanche, on ne peut exclure que des groupes terroristes n’utilisent l’affaire irakienne comme prétexte à de nouvelles actions et comme argument de propagande.



L'inauguration de l'ENA Liban à Baabda:
Un partenariat que la France s’engage à réussir; les Présidents Chirac et Lahoud, côte à côte pour l’inauguration de l’Ena

C’est en personne que les deux présidents Jacques Chirac et Émile Lahoud ont inauguré, hier, à Baabda, l’École nationale d’administration du Liban (Ena), qui formera, dès l’année 2003, les cadres supérieurs de l’administration publique. La cérémonie d’inauguration, qui s’est déroulée à quatorze heures quinze, dans une ambiance de bonne humeur générale, a rassemblé, pour une dizaine de minutes seulement, un important parterre de personnalités politiques tant libanaises que françaises. Étaient notamment présents le président de la Chambre, Nabih Berry, le Premier ministre, Rafic Hariri, le ministre français de la Coopération et de la Francophonie, Pierre-André Wiltzer, le ministre français de la Culture et de l’Information, Jean-Jacques Aillagon, l’ambassadeur de France, Philippe Lecourtier, ainsi que de nombreux ministres et députés libanais. « Je n’avais pas réalisé que les travaux étaient aussi avancés », lançait le président Chirac à son arrivée, au président directeur général de l’Ena-Liban, Élie Assaf. Après les salutations d’usage aux membres du conseil d’administration de l’Ena ainsi qu’aux personnalités libanaises présentes, les deux chefs d’État, accompagnés de MM. Berry et Hariri, se sont dirigés vers le bâtiment. « Un superbe endroit », remarque le président français. « Ce sont les plantes vertes qui l’embellissent », rétorque le président Lahoud, en riant. Prononçant pour l’occasion une courte allocution, le PDG de l’Ena a remercié le président Chirac pour sa présence auprès du président Lahoud. Il a remarqué que l’Ena était « le fruit d’une réflexion profonde et d’une volonté ferme », tout en félicitant le président libanais pour les efforts qu’il a entrepris pour la renaissance de la fonction publique. Le professeur Assaf a salué le soutien de la France à la réédification de la fonction publique. « C’est un véritable partenariat entre l’Ena-France et l’Ena-Liban », note-t-il. Et de conclure en affirmant que la réforme de l’administration publique, le développement du secteur public ainsi que la restructuration et la relance de l’économie sont des défis que s’est fixés l’Ena, qui envisage de jouer « un rôle essentiel pour motiver la jeunesse libanaise à prendre part aux décisions politiques, économiques et sociales ». C’est alors que les deux présidents ont levé d’un même geste le voile couvrant la plaque commémorative gravée en arabe et en français. « La France est prête à assurer par tous les moyens la réussite de ce partenariat », dit Jacques Chirac à l’assemblée. Et le président français de conclure par une note d’humour : « C’est du solide ? », demande-t-il, tapotant en riant la plaque de marbre noir. « Aussi solide que les cèdres du Liban », répond M. Lahoud, avec la même bonne humeur. Au terme de la cérémonie, Élie Assaf a exposé à L’Orient-Le Jour les modalités de collaboration entre la France et le Liban. « Grâce aux encouragements de la France, nous avons signé, en 1999, un protocole de coopération avec l’Ena-France. Aujourd’hui, la convention définissant les modalités de coopération est prête », observe-t-il, ajoutant que sa ratification par les deux parties est imminente. En effet, précise l’ancien doyen de la faculté d’information et de documentation de l’Université libanaise, cette coopération tant académique que technique ou financière, définira notamment les cursus d’enseignement, le mode de sélection dans les concours d’entrée, les stages ainsi que l’assistance technologique de l’Ena-France à l’Ena-Liban.

Anne-Marie EL-HAGE
L'Orient-leJour

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Chirac et Paris II

Les efforts du président Chirac ont abouti. Sollicités par le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin, plusieurs pays ont décidé de relever au maximum leur niveau de représentation à la conférence d’aide internationale au Liban, dite « Paris II », qui se tient samedi 23 novembre dans la capitale française. Gerhard Schröder, Jean Chrétien, Guy Verhofstadt, Anders Fogh Rasmussen seront samedi au nombre des participants, a annoncé hier l’Élysée. « La France, qui avait pris en février 2001 l’initiative de la conférence “Paris I”, considère, au vu des efforts significatifs déjà accomplis par le Liban, que la communauté internationale doit à nouveau se mobiliser pour lui apporter maintenant le soutien décisif nécessaire », indique-t-on à l’Élysée. La conférence débutera samedi à 9 heures (10 heures à Beyrouth) à l’Élysée sous la présidence de Jacques Chirac. Une conférence de presse est prévue en fin de matinée, suivie d’un déjeuner de travail. Les pays et institutions financières représentés seront les suivants : l’Allemagne, par Gerhard Schröder, le Canada, par le Premier ministre Jean Chrétien, les États-Unis, par le secrétaire d’État adjoint William Burns, la Belgique, par le Premier ministre Guy Verhofstadt, la Grande-Bretagne, l’Italie, le Japon, l’Espagne, par des personnalités dont le nom n’a pas été encore annoncé, le Danemark, par le Premier ministre Anders Fogh Rasmussen, président en exercice de l’Union européenne. Le président de la Commission européenne, Romano Prodi, sera présent. Seront également représentés : l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Émirats arabes unis, Oman, le Qatar, la Malaisie, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement, le Fonds monétaire arabe, le Fonds saoudien pour le développement, le Fonds koweïtien pour le développement arabe, le Fonds arabe pour le développement économique et social.

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