Jacques
Chirac et le Liban
Avril
2007
C'est
l'un des héritiers milliardaires, de l'ancien premier
ministre libanais assassiné Rafic Hariri, qui prête
son appartement parisien au couple présidentiel.
Hariri, saga d'une famille libanaise
Rafic
Hariri et son fils Saad
Dans
le dernier classement mondial des milliardaires établi
par le magazine américain Forbes, la fortune
d'Ayman Hariri est évaluée à 1,6
milliard de dollars. Le fils de l'ancien premier ministre
libanais a amplement les moyens de se priver quelque
temps de son appartement du quai Voltaire, mis gracieusement
à la disposition d'un fidèle ami de la
famille, Jacques Chirac. Ses demi-frères aînés,
Saad et Bahaa, ainsi que sa soeur Hind, son frère
Fahd et sa mère Nazek figurent aussi en bonnes
places dans ce club d'ultrariches. Ils pèsent,
à eux six, plus de dix milliards de dollars.
Bien que considérée comme saoudienne par
Forbes, la famille Hariri est avant tout libanaise,
originaire de Saïda, une ville située au
sud de Beyrouth. L'héritage a fait bondir exceptionnellement
de 40 % les droits de succession encaissés par
l'État libanais en 2006. C'est dire si la fortune
léguée par Rafic Hariri, après
sa mort tragique, était gigantesque par rapport
à la taille du petit Liban, dont le PIB est inférieur
à 23 milliards de dollars.
L'homme
est pourtant parti de rien : son père était
ouvrier agricole. Né en 1944, le jeune Rafic
a passé ses premières années dans
les champs d'agrumes, devenant le comptable d'une petite
exploitation. Un diplôme de gestion de l'Université
arabe de Beyrouth en poche, il décide de tenter
l'aventure saoudienne en 1965. Il se frotte à
l'enseignement des mathématiques avant d'opter
pour un métier plus lucratif : le bâtiment.
Le secteur est en plein boom après le choc pétrolier
de 1973 qui fait affluer les pétrodollars dans
les caisses du royaume wahhabite. Mais c'est en relevant
un pari qu'il parvient à se distinguer. À
la fin des années 1970, il accepte de construire
en six mois un palais des congrès à Taëf
où les Saoud fuient les chaleurs estivales. Le
roi Khaled a décidé d'y accueillir le
3e sommet islamique, convoqué de façon
précipitée en réponse à
l'invasion soviétique de l'Afghanistan. C'est
dans ce même palais que les Saoudiens - aidés
de Hariri - réuniront, en 1989, les députés
libanais pour les faire accoucher de l'accord éponyme
qui mettra fin à une guerre de 15 ans. Pour remplir
son contrat, la petite entreprise de Rafic Hariri s'est
associée à Oger, une société
française alors au bord de la faillite. Les délais
sont ténus et l'entrepreneur libanais gagne la
confiance de la famille royale qui, privilège
rare, lui accorde la nationalité saoudienne.
Les prodigalités princières et la multiplication
des chantiers lui permettront d'amasser plusieurs milliards
de dollars qu'il investira ensuite dans la banque, l'immobilier,
la téléphonie mobile et les médias.
En
1982, Rafic Hariri décide d'installer à
Paris le siège de son groupe, rebaptisé
Saudi-Oger. C'est de cette période que date le
début de son amitié avec Jacques Chirac,
racontent Éric Aeschimann et Christophe Boltanski,
dans leur livre Chirac d'Arabie. Oger subit un contrôle
fiscal « abrupt », ressenti par Hariri comme
« un coup bas du gouvernement socialiste fraîchement
élu et encore perçu comme le diable par
les monarchies pétrolières. Il reçoit
alors un petit mot de soutien du cabinet du maire de
Paris. » Les relations qui se noueront au fil
des ans entre les deux hommes feront de Hariri l'un
des « fidèles » de Chirac. Le multimilliardaire
offre au Français les clés pour comprendre
l'Orient compliqué et un carnet d'adresses exceptionnel.
Il entre aussi dans l'intimité du couple en mettant,
par exemple, son avion privé à la disposition
de leur fille Laurence, atteinte d'anorexie mentale,
pour qu'elle consulte des psychiatres aux États-Unis.
Lorsque Rafic Hariri deviendra premier ministre en 1992
- jusqu'en 2004, avec une interruption entre 1998 et
2000 -, ce musulman sunnite consolidera l'amitié
franco-libanaise à travers de multiples accords
de coopération et contrats commerciaux, comme
jamais aucun dirigeant chrétien ne l'avait fait
avant lui. Chirac le lui rend bien, au point que certains
diplomates déplorent le caractère trop
« personnel » des positions de l'Élysée
sur le Liban. Depuis l'assassinat de Hariri, le président
français est, en tout cas, en première
ligne pour défendre les intérêts
du Liban.
Vu
du Liban, le geste d'Ayman Hariri pour l'appartement
du quai Voltaire paraît donc des plus naturels.
Paradoxalement, dans un pays où les mondanités
remplissent des pages entières de magazines,
les Libanais savent peu de chose des Hariri. Ils ont
découvert son fils cadet Saad, né d'un
premier mariage, quand il a été choisi
pour prendre sa succession politique. Novice en la matière,
il a été propulsé chef d'une majorité
parlementaire qui se débat aujourd'hui dans une
crise inextricable avec le Hezbollah. Son aîné,
Bahaa, est resté dans les affaires, même
si la direction du holding Saudi-Oger reste partagée.
Il en est le vice-président tandis que Saad a
le titre de directeur général, le poste
de président restant vacant selon l'organigramme
publié sur le site Internet du groupe. L'une
des filiales a été chargée de construire
une ville touristique à Aqaba, en Jordanie, pour
cinq milliards de dollars. La branche télécoms
a acquis 55 % de Turk Telecom pour plus de 6,5 milliards
de dollars. Le groupe est aussi dans la banque, à
travers la MedBank et l'Arab Bank, les médias
(groupe Future) ou les nouvelles technologies, domaine
d'Ayman qui est le PDG de la société américaine
Epok. Les deux benjamins de la famille, Fahd et Hind,
sont moins impliqués dans les affaires. Le premier
a une galerie de design contemporain à Paris,
tandis que la seconde a fait des études de puériculture.
Leur mère, Nazek, vit à Paris dans un
hôtel particulier, place d'Iéna.
SIBYLLE RIZK pour Le Figaro
19 Février 2007
Chirac salue la mémoire d'Hariri et lance un appel
aux Libanais
Jacques
Chirac a rendu hommage à l'ancien chef du gouvernement
libanais Rafic Hariri, assassiné à Beyrouth
en février 2005, appelant les Libanais à
se mobiliser pour ne pas glisser à nouveau sur
"la pente fatale" de la guerre civile.
"Il
est des douleurs qui ne passent pas", a déclaré
le chef de l'Etat lors d'une cérémonie
à l'Institut du monde arabe, (Ima), à
Paris.
"Pour nous tous, ses parents et ses amis, la blessure
est inguérissable", a poursuivi le chef
de l'Etat en présence de la veuve du Premier
ministre disparu, Nazek Hariri, et de l'ancien secrétaire
général de Nations unies Kofi Annan.
"Son
coeur était généreux, son contact
chaleureux et son amitié indéfectible.
Son courage, sa ténacité, son énergie
emportaient les obstacles. Sa force de persuasion gagnait
ses interlocuteurs. Auprès de lui, on se sentait
plus grand que soi-même", a-t-il ajouté
devant quelques centaines de personnes réunies
dans un amphithéâtre de l'Institut.
Milliardaire
sunnite étroitement lié à la France
et à l'Arabie saoudite, Rafic Hariri a été
l'artisan de la reconstruction d'un Liban dévasté
par la guerre civile de 1975-1900. L'ancien Premier
ministre s'était dressé contre la Syrie,
alors puissance tutélaire, quelques mois avant
sa mort.
"En
revendiquant bien haut un Liban souverain, indépendant,
libre et démocratique, Rafic Hariri avait rendu
aux Libanais leur dignité et leur fierté.
En le frappant, c'est aussi l'honneur d'un peuple qu'on
a voulu atteindre et briser", a dit Jacques Chirac.
"S'ils ont pu tuer l'homme, les criminels n'ont
fait qu'amplifier l'écho de son message".
CONTINUER
LA "RELATION D'EXCEPTION"
Quelque
300.000 Libanais se sont rassemblés mercredi
dans le centre de Beyrouth pour célébrer
le deuxième anniversaire de l'assassinat de Rafic
Hariri et soutenir leur gouvernement hostile à
la Syrie. La veille à Bifkaya, un attentat, interprété
comme un acte d'intimidation, avait fait trois morts.
Le
gouvernement libanais et le Conseil de sécurité
des Nations unies ont donné leur feu vert à
la création d'un tribunal spécifiquement
chargé de juger les assassins d'Hariri, faisant
fi des objections du président pro-syrien Emile
Lahoud et d'une opposition emmenée par le Hezbollah.
"Aujourd'hui,
malheureusement, le spectre des dissensions et des affrontements
profile de nouveau sur le Liban son ombre menaçante",
a dit Jacques Chirac. "Personne ne veut revivre
ce cauchemar (...) mais tous les éléments
sont en place pour que le pays, si les Libanais ne se
mobilisent pas, glisse à nouveau sur une pente
fatale".
Jacques
Chirac a beaucoup oeuvré pour la reconstruction
du Liban après la guerre de cet été
entre Israël et le Hezbollah.
La
conférence de soutien organisée à
Paris fin janvier sous sa houlette a permis de réunir
7,6 milliards de dollars pour le pays du Cèdre.
Le
président français, qui doit dire dans
les jours qui viennent s'il compte briguer ou non un
troisième mandat, a plaidé à l'Ima
pour la pérennité du lien franco-libanais.
"Dans
l'inquiétude qui l'assaille, le Liban doit se
souvenir qu'il n'est pas seul. La France entretient
avec lui une relation s'exception qui se perpétuera
en toute hypothèse", a-t-il lancé
à l'adresse de son éventuel successeur.
25 Janvier 2007
Conférence
Paris III du 25 Janvier 2007
Le soutien déterminant de Jacques Chirac
La réunion ministérielle de Paris doit beaucoup
à l'intérêt personnel du chef de l'État
pour le Liban.
POUR
JACQUES CHIRAC, la conférence internationale sur
le soutien au Liban doit marquer un temps fort de la fin
du quinquennat. Avant la grande réunion sur le
climat, la semaine prochaine, et le sommet Afrique-France
de Cannes, à la mi-février, le président
de la République a fait de Paris III une de ses
priorités. Une démonstration de solidarité,
nécessaire à ses yeux pour tenter de restaurer
l'équilibre économique et politique d'un
pays qu'il juge essentiel sur l'échiquier régional.>>
Lire
la suite...
28 Août 2006
Jacques
Chirac très inquiet pour le Liban,
appelle à un "règlement global"
dans le dernier discours de son mandat devant les ambassadeurs,
appelle à une "vaste solidarité"
et suggére l'idée d'une conférence
internationale sur le Liban.
Le
président français estime que sans un
"règlement global et durable" entre
tous les acteurs, il y aura une "reprise des hostilités"
au Liban.
Jacques Chirac craint que le pire ne survienne. Le président
français a prédit lundi 28 août
une "reprise des hostilités" au Liban
en l'absence d'un "règlement global et durable"
entre tous les acteurs de la région.
Devant les ambassadeurs de France réunis à
Paris pour leur conférence annuelle, il a souligné
que la résolution 1701 du Conseil de sécurité
de l'Onu, offrait "le cadre d'une solution durable
fondée sur la sécurité d'Israël
et la souveraineté du Liban sur la totalité
de son territoire".
Cette résolution, adoptée le 11 août
à l'unanimité des quinze membres du Conseil,
a instauré un arrêt des hostilités
entre Israël et le Hezbollah après un mois
de guerre.
"Ainsi chacun est placé devant ses responsabilités:
l'alternative est soit la reprise des hostilités,
qui creuserait un infranchissable fossé entre
deux peuples voisins, soit l'option politique d'un règlement
global et durable", a affirmé Jacques Chirac.
"La résolution trace un processus qui doit
conduire au désarmement des milices et au règlement
des questions frontalières, y compris celle des
fermes de Chebaa", situés aux confins du
Liban, de la Syrie et Israël et contentieux entre
les trois pays, a-t-il souligné.
Concernant la Syrie
Evoquant
la Syrie, Jacques Chirac, en froid avec son homologue
syrien Bachar al-Assad, souligne que celle-ci "doit
sortir de sa logique d'enfermement".
"Elle a vocation à reprendre sa place à
la table des nations en respectant la légalité
internationale et la souveraineté de ses voisins",
a-t-il dit dans une allusion à la longue tutelle
exercée par Damas sur le Liban.
Le président a ajouté que "le Moyen-Orient
a besoin d'une Syrie active au service de la paix et
de la stabilité régionale".
Il a souligné que tous les pays de la région
"doivent comprendre qu'ils ont avantage à
un Liban souverain et indépendant, où
l'autorité exclusive de l'Etat s'exercera sur
l'ensemble du territoire. C'est la meilleure garantie
de leurs intérêts légitimes, en
particulier de sécurité", a ajouté
Jacques Chirac.
Entretien
entre le Président Chirac et
M. Saad Hariri
Le
Président de la République a reçu
le 26 Octobre 2005 M. Saad Hariri, Président
du Mouvement du futur.Lentretien
a porté sur la situation au Liban. Le Président
de la République a souligné limportance
que la France attache à ce que justice soit faite
à la suite de lassassinat du Premier ministre
Hariri. "Tel est, a-t-il dit, lobjectif de
la France".
Le
Président de la République a salué
le professionnalisme et limpartialité du
rapport Mehlis et a estimé que tout doit être
fait pour en tirer toutes les conséquences.
Il
a indiqué à M. Hariri que la France a
proposé un projet de résolution au Conseil
de sécurité afin que la communauté
internationale rassemblée marque son soutien
au Liban et sa volonté que toutes les parties,
et en particulier la Syrie,
coopèrent sans réserve avec la mission
Mehlis.
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Cliquez
sur la photo pour notre page spéciale d'hommage
à Rafic Hariri et la visite de Jacques Chirac du
16 Février 2005
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De
Octobre 2002, visite officielle et sommet de la Francophonie
à Février 2005, visite privée pour l'hommage
à Rafic Hariri
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Page
initialement consacrée à la visite lors du IXème
Sommet de la Francophonie
cliquez sur la photo (AFP/Joseph Barrak) pour la visite du 16
Février 2005
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Après
le déplacement «hautement symbolique» de
Jacques Chirac à Beyrouth,
Les
Libanais tablent sur l'appui de la France
Beyrouth
: Sibylle Rizk (18 février 2005) pour Le
Figaro
- L'émotion
était très forte lorsque les Libanais ont vu Jacques Chirac et
son épouse Bernadette se recueillir sur la tombe de Rafic Hariri,
aux côtés de Nazek, la veuve de l'ancien premier ministre assassiné.
Ceux qui se sont regroupés mercredi soir entre amis ou en famille
pour continuer à participer au deuil national à travers la télévision,
ont entendu, impressionnés, les centaines de personnes restées
rassemblées devant la mosquée al-Amine, où repose Hariri, acclamer
avec ferveur le président français. «Vive Chirac, vive la France»,
ont-ils scandé avant de poursuivre : «La Syrie dehors», comme
s'ils chargeaient la France d'obtenir le départ des troupes syriennes
du Liban. Au-delà de la peine visible du couple Chirac, leur geste
est un «message de solidarité avec tout le peuple libanais», estime
Christine, une jeune Libanaise.
Pour le musicien Nidaa Abou Mrad : «La France
manifeste qu'elle est la nation la plus proche du Liban dans son
malheur.»
Cette solidarité, beaucoup de Libanais souhaitent qu'elle se traduise
par des gestes concrets de la part de la France. «L'enquête sur
la tentative d'attentat contre l'ancien ministre Marwan Hamadé
n'a jamais abouti. Je ne fais pas confiance à la volonté et à
la capacité du gouvernement libanais» à faire justice à Rafic
Hariri, explique Marie-Hélène, un professeur de marketing, qui
espère la mise en place d'une enquête internationale grâce aux
pressions françaises. D'autres souhaitent que la France surveille
la bonne tenue des élections législatives, prévues au printemps.
Si certains émettent des doutes quant à la capacité de Paris à
briser la tutelle de Damas – «la France ne peut rien faire seule»,
dit par exemple Fouad, même s'il salue «le beau geste» de Jacques
Chirac –, l'opposition antisyrienne n'hésite pas, quant à elle,
à jouer ouvertement la carte des «forces démocratiques extérieures»,
selon l'expression du chef druze Walid Joumblatt. Aux loyalistes
qui dénoncent les ingérences et appellent à une conférence d'entente
nationale, il répond qu'il n'y a pas de dialogue possible avec
un pouvoir qui, «par le biais de l'assassinat de Rafic Hariri,
nous met en demeure de l'appuyer ou de nous exposer à être tués».
Cité par la presse libanaise, il ajoute ne plus voir d'inconvénient
à un recours à l'étranger, «car tous les interdits sont tombés».
La visite de Jacques Chirac, qui a refusé de rencontrer des représentants
de l'Etat libanais, est «hautement symbolique», a déclaré pour
sa part au Figaro l'ancien président de la République, Amine Gemayel.
«C'est un encouragement pour le Liban qui mène depuis quelques
mois un combat pour la restauration de sa souveraineté et de son
indépendance.» L'appui de la France n'est pas seulement verbal,
souligne-t-il, «il s'exprime à travers une diplomatie active au
sein du Conseil de sécurité. Que le gouvernement libanais et la
Syrie le veuillent ou non, l'internationalisation est devenue
une réalité», depuis l'adoption en septembre dernier de la résolution
1 559 demandant le retrait syrien du Liban.
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Visite d'Etat au Liban le 17
Octobre et Sommet de la Francophonie de Beyrouth
du 18 au 20 Octobre 2002.
Le Président Chirac accueilli
à l'Aéroport de Beyrouth
par la Troika de l'éxecutif libanais, Mrs Emile Lahoud,
Nabih Berry et Rafic Hariri (de Droite à Gauche).
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Le long séjour du Chef de l'Etat
Français au Liban du 17 au 20 Octobre inclus, à l'occasion
du Sommet de la Francophonie, précédé d'une journée
de visite officielle, dans un environnement international particulier,
justifiait sans doute d'en rassembler les moments et surtout les messages
les plus forts.
Jean-Michel Druart - LibanVision
Francophonie politique, culturelle et économique:
Le tournant de Beyrouth
Le
Président Chirac éprouve une affection particulière
pour le Liban ou il bénéficie d'une popularité
exceptionnelle
Un reflet en parfaite harmonie avec les relations entre les
deux pays et les deux peuples
Son séjour à Beyrouth en cet Automne 2002 a donc
une saveur toute particulière dans l'environnement troublé
auquel tout un chacun doit faire face.
En confidences avec Rafic Hariri
sur le perron de l'Elysée...
Entrez
dans le site de l'Elysée par
la page Actu du déplacement au Liban du 17 au 20 Octobre
2002
L'Agenda
Officiel des Relations France-Liban,
sur le site du Ministère des Affaires
Etrangères, vous trouverez toutes les infos, photos,
déclarations, notes et photos officielles diffusées
notamment à l'attention de la Presse en ce qui concerne
les visites non moins officiellesainsi que des notes de synthèses
sur les relations bi-latérales.Vous voilà en quelque
sorte sur le perron du Quai d'Orsay ou de l'Elysée dès
qu'il se passe quelque chose de visible entre les deux pays!
Les
grandes lignes du discours de Jacques Chirac:
un vibrant acte de foi dans le
Liban Appel aux Libanais :
«Ne laissez personne au bord du chemin»
L’évolution vers la paix permettra un retrait complet des forces
syriennes Paris II dans les toutes prochaines semaines
>>>
Le texte intégral et original du Discours du Président
Chirac prononcé le Jeudi 17 Avril devant le Parlement/Majlis
place de l'étoile
à Beyrouth.
«Monsieur le Président de la Chambre
des députés, Monsieur le Président du Conseil des ministres,
Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les députés,
Rien ne ressemble à la relation franco-libanaise. Que Libanais
et Français se retrouvent, et c’est le cœur qui parle. Aujourd’hui,
vous m’avez invité à faire entendre dans cet hémicycle la voix
de la France. Comme en 1996, vous allez entendre la voix de
l’amitié et de la fraternité. Rien dans le destin, parfois tragique,
souvent magnifique, de votre pays n’est indifférent à la France.
Que les Libanais se déchirent, que souffre le Liban, et, vous
le savez, votre peine est aussi la nôtre. Alors, nous n’avons
de cesse de vous apporter notre soutien, pour trouver avec vous
et avec toutes les parties concernées les voies d’un apaisement
et d’un règlement. Que le Liban se réconcilie, se reconstruise
et relève la tête, alors nous, Français, nous partageons son
espérance et sa joie ! Il y a quatre ans, la Résidence des Pins
redevenait la maison de la France au Liban, la maison de notre
fraternité. J’avais parcouru votre capitale et déjà les stigmates
de la tragédie commençaient à s’effacer. Beyrouth renaissait.
La ville martyre, qui avait si longtemps résonné des explosions
et des cris de souffrance et de peur, reprenait goût à la paix
et à la vie. Elle redevenait ce qu’elle fut dans l’histoire
: la cité de l’accueil. Ce furent pour moi des moments d’intense
émotion. Votre bonheur était aussi le nôtre. Aujourd’hui, Beyrouth
reçoit le Sommet de la francophonie. Elle renoue le fil du temps.
Six mois après avoir accueilli le Sommet arabe, elle retrouve
sa place éminente sur la scène internationale. La ville carrefour
redevient la ville du dialogue. En rassemblant dans ses murs
toutes les sensibilités, tous les génies, toutes les langues
de la francophonie. En faisant se rencontrer le monde francophone
et le monde arabophone, illustration exemplaire du dialogue
des civilisations et des cultures. Faire parler le cœur, c’est
rendre hommage dans cette enceinte aux Libanais, devant celles
et ceux qui les représentent. C’est saluer le courage et l’ardeur
d’un peuple. Oui, le Liban est remonté de l’abîme. Si d’un mot
l’on devait résumer le talent de votre peuple, c’est celui d’ouverture
qui s’impose. L’ouverture comme trait de caractère, c’est-à-dire
la sensibilité aux influences, le goût de mêler et conjuguer
les traditions. Et cet esprit de conquête pacifique dont toute
la Méditerranée porte l’empreinte millénaire. L’ouverture d’un
peuple riche de ses nombreux enfants établis de par le monde
et au sort desquels la France a toujours été attentive, comme
elle l’est aujourd’hui en Côte d’Ivoire. À l’heure de la reconstruction,
le Liban peut compter, je le sais, sur leur force et leur talent.
Cet esprit d’ouverture, chevillé à l’âme libanaise, cette tolérance
qui vous fait poursuivre sans cesse l’œuvre de réconciliation,
la consolidation de l’unité nationale dans le respect des différences.
Votre souci de rassembler et faire vivre en un peuple tant de
communautés. Mesdames et Messieurs les députés, vous incarnez
l’unité nationale retrouvée. Vous êtes les gardiens de ces valeurs
– la tolérance, la démocratie, les droits de l’homme et les
libertés – sans lesquelles le Liban ne serait pas lui-même.
Ces valeurs sont fragiles. C’est à vous qu’il appartient de
les défendre contre tout ce qui les affaiblit. C’est à vous
de veiller à ce que toutes les sensibilités politiques et sociales
soient représentées dans votre enceinte et que chacun puisse
s’exprimer pleinement et librement dans tout le pays. Vous portez
sur vos épaules une part essentielle du destin du Liban. Voici
plus de dix ans, votre pays s’est engagé dans la voie difficile
de la réconciliation nationale et de la restauration de sa souveraineté.
Les accords de Taëf servent de cadre à cette volonté. Il faut
poursuivre et achever leur mise en œuvre. Restaurer l’État dans
toutes ses prérogatives. Un État dans lequel se reconnaissent
tous les Libanais, un État impartial, au service de tous. Un
État de droit qui suscite la confiance des citoyens, dissipe
leur crainte de l’avenir. Un État pleinement souverain et indépendant,
capable de se faire entendre et respecter. Une fois encore,
vous pouvez compter sur le soutien de la France. Soutien que
nous n’avons jamais cessé de réaffirmer, notamment aux heures
les plus noires, au prix parfois de la vie de nos représentants
et de nos soldats. En rappelant, dès 1978, notre attachement
à l’intégrité territoriale, à l’indépendance et à la souveraineté
du Liban. En condamnant fermement l’occupation par Israël du
Liban-Sud. En rappelant inlassablement les termes de la résolution
425, tout en apportant notre contribution directe à la Finul.
Nous avons, les premiers, condamné la tragédie de Cana, avant
d’obtenir qu’un groupe de surveillance, mis en place en avril
1996, veille à circonscrire le conflit et à épargner les populations
civiles. Aussi, avons-nous partagé le sentiment de libération
qu’ont ressenti tous les Libanais lors du retrait israélien
en mai 2000. Depuis lors, les autorités libanaises travaillent
à rétablir la présence de l’État dans ces territoires libérés.
Mais, que ce soit dans le domaine de la sécurité ou dans celui
de l’administration et des services publics, il faut aller plus
loin. La restauration de l’autorité de l’État dans toute cette
région constituera un soulagement et un réconfort pour une population
soumise à plus de vingt années d’occupation. Elle permettra
aussi à la France et à la communauté internationale de se mobiliser
plus activement en faveur du développement de cette partie du
territoire libanais. Mais il faut rester vigilant. Les risques
d’escalade demeurent. Évitons les provocations de part et d’autre.
Nous appelons toutes les parties à respecter, comme elles s’y
sont engagées, la ligne bleue fixée par les Nations unies, à
faire preuve en toute occasion de la plus grande retenue. C’est
l’intérêt du Liban et de tous les Libanais. C’est aussi par
le respect du droit international que les différends concernant
les ressources en eau doivent être résolus. La France est prête,
si le Liban le souhaite, à apporter sa contribution à leur règlement.
La solidarité de la France avec le Liban est également économique.
Vous savez la part que nous avons prise, dès le lendemain de
la guerre, à la reconstruction du pays. C’est désormais à son
développement que nous nous attachons. Dans cet esprit, nous
avons décidé d’inscrire le Liban dans le premier cercle des
partenaires de notre coopération. Mais la poursuite de votre
développement dépend aujourd’hui des succès de la restructuration
financière de votre économie. Il faut maintenant que le Liban
maîtrise et réduise son déficit budgétaire, et allège le poids
de sa dette. L’enjeu dépasse les seules considérations économiques
et sociales. Il touche à la stabilité même du pays et donc à
celle de la région dans son ensemble. C’est pour aider le Liban
dans cette tâche qu’en accord avec le président du Conseil des
ministres, j’ai demandé à une éminente personnalité du monde
financier international, M. Michel Camdessus, gouverneur honoraire
de la Banque de France et ancien directeur général du FMI, de
plaider la cause du Liban auprès des membres du G8, de nos partenaires
européens et arabes et des organisations financières internationales.
Tout est mis en œuvre pour qu’une réunion internationale se
tienne dans les toutes prochaines semaines et prenne les mesures
qui aideront le Liban à faire face à ses difficultés. À travers
les efforts engagés par votre gouvernement, votre pays accomplit
sa part de chemin. Je ne doute pas que votre Assemblée lui apportera
tout son soutien dans la mise en œuvre de cette politique courageuse
et indispensable. Je sais, Monsieur le Président de la Chambre
des députés, Mesdames et Messieurs les députés, la part importante
que vous prenez comme législateurs à ce grand chantier de réformes.
Le Liban a su rapidement se mettre en conformité avec les exigences
actuelles de la lutte contre le blanchiment d’argent, consolidant
ainsi le rôle de place financière internationale de Beyrouth.
Déjà, des résultats tangibles ont pu être enregistrés. Ils sont
un encouragement à continuer à assainir la situation financière,
à moderniser l’appareil d’État et à permettre à l’économie libanaise
de revenir dans la compétition internationale. Le récent accord
d’association entre le Liban et l’Union européenne, qui va prochainement
vous être soumis, donnera une puissante impulsion aux réformes
et à leur mise en œuvre. Il amarre le Liban à l’Europe et souligne
notre communauté de destin. Il favorise aussi le développement
des liens avec vos voisins arabes méditerranéens. La construction
de ce nouvel ensemble euro-méditerranéen et l’avènement d’une
paix juste et globale, que nous appelons de tous nos vœux, permettront
au Liban de renforcer à la fois son indépendance et sa coopération
avec les pays de la région. Une région où planent encore de
lourdes menaces. À vos portes, l’impasse tragique dans laquelle
s’éternise le conflit israélo-arabe inquiète la France autant
que le Liban. Quel paradoxe alors que les convergences internationales
sur les éléments d’une solution n’ont jamais été aussi grandes
! Et quelle injustice pour tous ces peuples qui se côtoient
sans pouvoir mêler leurs destins dans la paix et la sécurité
! La France ne s’y résigne pas et continuera à travailler à
un règlement équitable de ce conflit, sur la base des résolutions
du Conseil de sécurité des Nations unies. Équitable pour les
Palestiniens qui, en tant que peuple, ont le droit de vivre
dans un État souverain. Nous ne nous sommes jamais résolus à
une occupation contraire au droit, une occupation qui humilie,
qui appauvrit et qui nourrit, de génération en génération, la
haine et le ressentiment. Équitable aussi pour Israël, qui a
un droit absolu à vivre dans des frontières sûres et reconnues,
et pour les Israéliens, qui ont droit à la sécurité. La France
condamne sans réserve la violence terroriste. Mais d’abord,
le dialogue doit reprendre, comme l’exige le Conseil de sécurité.
Chacune des parties doit prouver sa bonne volonté. L’Autorité
palestinienne en se réformant. Et Israël en se retirant des
territoires palestiniens. Nous ne devons pas nous décourager.
Nous poursuivrons inlassablement nos efforts pour relancer,
dans le cadre d’une conférence internationale, la recherche
d’une solution politique. Ces efforts s’appuieront sur les recommandations
du “quartette”, mais aussi sur cette chance historique que représente
le plan arabe de paix adopté lors du Sommet de Beyrouth, en
mars dernier. Bien entendu, la paix ne sera globale, juste et
durable que si elle inclut le Liban et la Syrie, et si elle
apporte une solution équitable à la question des réfugiés palestiniens,
une solution qui tienne compte des intérêts du Liban. C’est
la position constante de la France. Dans le même temps, l’évolution
vers cette paix tant souhaitée permettra au Liban et à la Syrie
d’harmoniser leurs relations et de mener à terme le retrait
complet des forces syriennes de votre pays, conformément aux
accords de Taëf. Une autre crise, la crise irakienne, menace
la région. La France met tout en œuvre pour que la légalité
soit respectée. Le désarmement irakien est impératif. Toutes
les résolutions doivent être appliquées. Nous ne pouvons tolérer
que l’Irak fasse fi de ses obligations et constitue une menace
pour la paix et la stabilité. Toutes les résolutions, mais rien
qu’elles. Nous voulons agir collectivement, dans le cadre des
Nations unies, qui seul assure la légitimité de toute action.
C’est une nécessité à la fois morale et politique. C’est une
garantie d’efficacité. C’est aussi l’avenir des relations internationales
qui est en jeu. L’option militaire, ultime recours, n’est pas
une fatalité. Faisons d’abord le pari de la responsabilité et
de la sécurité dans la paix. Mesdames et Messieurs les députés,
Le Liban n’est pas seul. Nous sommes à ses côtés et nous continuerons
à mobiliser la communauté internationale en sa faveur pour l’aider
à retrouver toute sa place, une place éminente, parmi les nations.
Les Libanaises et les Libanais l’ont démontré au moment de se
réconcilier et de reconstruire ensemble leur pays : ils débordent
de talent, de courage et de ressources. Mesdames, Messieurs
les députés, à travers vous c’est à tous les Libanais que je
m’adresse. Libanais du Liban ou Libanais de l’étranger : soyez
confiants en l’avenir de votre pays ! Mobilisez-vous ! Votre
pays a besoin de l’énergie et de la volonté de tous. Agissez
ensemble, sans laisser place aux querelles fratricides, sans
laisser aucun d’entre vous au bord du chemin. C’est ainsi que
votre pays réussira et répondra aux aspirations d’une jeunesse
libanaise ardente, généreuse et tournée vers l’avenir. Voilà
le message de la France que je souhaitais vous porter aujourd’hui.
Voilà le message du cœur : la France aime le Liban et sera toujours
avec lui, pour travailler à la paix, à la coopération et à la
prospérité dans une région qui n’en peut plus de ses déchirements
et de ses guerres. Merci, Monsieur le Président, Mesdames et
Messieurs les députés de l’Assemblée nationale libanaise, de
m’avoir accueilli dans cette enceinte où s’incarnent la démocratie
et l’unité libanaises. Merci, au nom de la France, de votre
accueil chaleureux et fraternel.
Vive le Liban ! Vive la France ! »
Beyrouth le
17 Octobre 2002
Octobre 2002
Nouvel ouvrage en quatre tomes,
par Alexandre Najjar
éditions orientalistes
Geuthner-Paris-
---
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de couverture qui illustre une chaleureuse amitié
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La Presse locale:
Succès diplomatique pour Chirac au Sommet de
Beyrouth
Servi par une conjoncture favorable,
Jacques Chirac a réussi un coup diplomatique en obtenant que
le premier Sommet de la francophonie à avoir une véritable dimension
politique appuie la position française sur l’Irak, estimaient
les analystes hier. L’étape de Beyrouth, la plus longue du périple
du président français dans quatre pays (Égypte, Liban, Syrie
et Jordanie), aura été l’occasion pour Paris de marquer des
points sur la scène internationale, et pour la francophonie
de sortir de l’ombre. La Déclaration de Beyrouth, adoptée par
les 55 pays participants au sommet, au plus fort du débat sur
l’Irak entre Français et Américains au Conseil de sécurité,
reprend les thèses françaises selon lesquelles « un rôle primordial
» doit revenir à l’Onu pour traiter du désarmement irakien tandis
que Bagdad doit « respecter ses obligations ». Si le premier
Sommet francophone en terre arabe a permis à la France de retrouver,
au moins momentanément, une stature lui permettant de se faire
entendre de l’hyperpuissance américaine, c’est grâce à la conjonction
de facteurs favorables où se mêlent l’actualité, le calendrier
et l’équation personnelle de M. Chirac, selon les analystes.
Pour le ministre de la Culture, Ghassan Salamé, « le Sommet
a servi de tribune à l’expression d’une double peur : celle
de l’unilatéralisme et de l’hégémonisme américain dans un monde
unipolaire, et, avec encore plus de vigueur, la peur des plus
faibles et des plus démunis d’être marginalisés par l’accélération
de la mondialisation ». De sources diplomatiques françaises,
on note que « les antécédents historiques de la France et la
popularité de son président actuel au Moyen-Orient, ainsi que
ses liens anciens avec la plupart des chefs d’État africains
et arabes, ont certainement joué un rôle ». Bien que M. Chirac
ait affirmé à Amman dimanche soir qu’il ne « situait pas les
relations franco-américaines en termes de rapports de force
», l’opinion arabe reste imprégnée de l’époque où le général
Charles de Gaulle n’hésitait pas à se démarquer spectaculairement
de Washington. Le président français « a vigoureusement placé
la francophonie comme un des acteurs de la formulation d’un
nouveau système international plus équilibré », estime M. Salamé.
« C’est pourquoi, les chefs d’État ont été unanimes à saluer
l’engagement personnel de Chirac, non seulement en faveur de
la visibilité de l’OIF mais aussi de sa crédibilité », poursuit-il.
Enfin, le Sommet, reconnu par tous les participants comme un
tournant dans l’histoire de la francophonie institutionnelle,
jusque-là surtout cantonnée à la coopération culturelle, a contribué
à donner un certain retentissement à la visite de M. Chirac.
Les retrouvailles avec l’Algérie, dont le président Abdelaziz
Bouteflika siégeait pour la première fois à titre d’invité,
ont également marqué les esprits, en faisant comprendre que
l’on avait changé d’époque. « La page est tournée : après les
périodes coloniale et post ou néo-coloniale, on entre dans la
phase d’une nouvelle forme de partenariat », conclut M. Salamé.
Lu le 22 Octobre 2002
---
le
site officiel du
|
... ou en entretien avec le Président
Emile Lahoud
dans les salons en Mai 2001
Le
Programme de la visite:
accueil à l'AIB le 17 Octobre
2002
AFP ( pour la bonne cause...)
Le Wazzani et Paris
II au coeur d'un agenda chargé...
Paris
II et le conflit israélo-libanais au sujet des eaux
du Wazzani constituent incontestablement les principaux
points à l’ordre du jour des entretiens du président
français, Jacques Chirac, à Beyrouth, où il est attendu
, le jeudi 17 en matinée, à la veille de l’ouverture
du Sommet de la francophonie, indique notre correspondant
au palais Bustros, Khalil Fleyhane.
Aussitôt arrivé à Beyrouth, M. Chirac aura avec son
homologue libanais, le général
Émile Lahoud, un entretien qui sera suivi d’une
réunion élargie libano-française puis d’un déjeuner
de travail. Après l’inauguration
de l’École nationale d’administration (Ena),
placée sous son égide, le président français devra se
rendre place de l’Étoile, où il
prononcera un discours, qualifié d’important
par des sources diplomatiques. Dans ce discours, M.
Chirac pourrait annoncer la date prévue pour la tenue
de Paris II qui se tiendrait vers la fin du mois de
novembre. Le bilan des contacts effectués par la France
avec les principaux pays sollicités pour aider le Liban
à assainir ses finances publiques sera au centre des
entretiens du président français à Beyrouth où il devra
conférer avec le chef du gouvernement, Rafic Hariri,
après son discours à la Chambre. M. Chirac discutera
aussi avec les dirigeants libanais du dossier du Wazzani
d’autant que la France se tient aux côtés du Liban dans
cette affaire.
Paris rejette les menaces israéliennes de bombarder
les installations de la station de pompage construite
au niveau de cette rivière. Selon des sources diplomatiques,
les autorités françaises ont déjà pris contact avec
Washington et l’Onu afin de plaider en faveur du droit
du Liban à exploiter sa part des eaux de cette rivière.
Dans les allocutions qu’il doit prononcer au cours de
son séjour à Beyrouth, M. Chirac relèvera aussi, toujours
selon les mêmes sources, que les explications fournies
par le gouvernement libanais dans son rapport sur le
Wazzani, distribué aux membres permanents du Conseil
de sécurité de l’Onu, sont « convaincantes, scientifiques
et légales ».
Lu dans l'Orient-le Jour du 15 Octobre
|
>>>
Pour l'anecdote à la fois mondaine mais synonyme de reconnaissance,
mentionnons que le Président Chirac aura l'occasion de
remercier son Sauveur francophone, Mohammed Chelali, Franco-Canadien-Algérien,
récemment nommé Professeur en nouvelles technologies
à l'IC, International College.
Ne pas Manquer
>>>
L'Entretien de J.Chirac avec L’Orient-Le Jour
le 16 Octobre 2002:
Pas de paix, pas de grandeur possible pour le Liban sans le
respect de l’autre
Il faut organiser le rapport avec la Syrie à partir de Taëf,
et poursuivre Taëf jusqu’à son terme
Le monde doit aider au redressement du Liban, mais celui-ci
doit faire sa part d’efforts
Le Président Chirac en compagnie d'Issa
Goraieb,
rédacteur en chef de l'Orient-Le Jour
L'intrégalité
de l'entretien?
L’ORIENT-LE JOUR – Ce IXe Sommet
s’ouvre sous le signe du dialogue des cultures. Mais Beyrouth
peut-il être une étape vers une francophonie politique, c’est-à-dire
un regroupement international, sinon un bloc, capable de se
prononcer sur des problèmes internationaux ?
Jacques CHIRAC – D’abord, ce
Sommet est une étape supplémentaire dans la reprise par Beyrouth
de sa place historique de grande cité internationale. Il y a
aujourd’hui le Sommet de la francophonie, le premier Sommet
de la francophonie en terre arabe. Et je crois que Beyrouth
est un lieu privilégié, par son histoire, pour permettre le
dialogue des cultures, le dialogue des civilisations. Beyrouth
est chargé d’une très vieille histoire, d’une longue et prestigieuse
histoire marquée par le dialogue des cultures. Donc, je me réjouis
de ce sommet, que j’avais beaucoup souhaité et qui avait été
obtenu à l’initiative, à l’époque, de M. Hariri quand il était
le président du Conseil des ministres. Alors, l’objectif de
ce Sommet doit être, sans aucun doute, d’affirmer clairement
que les francophones, au-delà de leur diversité, ont une vocation
commune à être porteurs d’une vision politique du monde, qui
est une vision de dialogue et non pas de confrontation. De dialogue
politique, de dialogue de culture. Et, à ce titre, la francophonie
a, c’est vrai, une vocation à apporter une réflexion dans les
crises, permanentes ou circonstancielles, que connaît notre
planète, qu’il s’agisse des grands problèmes liés au développement
durable, liés à la lutte contre la pauvreté, liés à la nécessité
d’imposer le respect de l’autre, et d’avoir une certaine idée
des droits de l’homme et de la défense de ces droits. Nous aurons
à Beyrouth l’occasion de développer notre vision, qui a déjà
été exprimée dans la Déclaration de Bamako. Et puis, la francophonie
a une vocation à intervenir comme médiateur dans certaines crises,
pas partout, mais là où elle peut être désirée ou souhaitée,
qu’il s’agisse notamment des crises du Moyen-Orient ou en Afrique.
Elle doit pouvoir apporter, si on lui demande ou de sa propre
initiative, en quelque sorte, la voix de la raison, la voix
du dialogue. De ce point de vue, le Sommet de Beyrouth sera
très important.
Plus égoïstement, les Libanais
sont-ils en droit, selon vous, d’attendre beaucoup de ce sommet,
notamment pour ce qui est d’un retour aux traditions démocratiques
du Liban, malmenées ces derniers temps avec des rafles, des
arrestations, des tabassages de jeunes manifestants et la fermeture
d’une station de télévision ?
Je le souhaite vivement. De ce
point de vue, je souhaite que le Liban, qui, par ailleurs, a
souscrit à la Déclaration de Bamako, en tire, bien entendu,
toutes les conséquences. C’est-à-dire affirme, bien clairement,
qu’il n’y a pas de dignité sans le respect de l’autre et qu’il
n’y a pas de paix et de sécurité sans un dialogue tranquille
entre les différents groupes, les différents intérêts, les différentes
traditions. Le Liban, très longtemps, a trouvé sa force dans
le respect de ces valeurs. Sa force nationale, sa force internationale.
Il est certain qu’à la suite des drames que le Liban a connus,
de la guerre, des affrontements, ces valeurs ont été, je dirais,
hélas, et naturellement, maltraitées. Je souhaite beaucoup que
tous les Libanais, à quelque communauté qu’ils appartiennent,
réalisent qu’il n’y a pas de paix possible, qu’il n’y a pas
de développement possible, qu’il n’y a pas de grandeur possible
pour le Liban, sans que chacun respecte l’autre avec ses droits,
avec ses traditions, avec sa personnalité. Et c’est cette voie
qu’il faut emprunter. Il n’en existe pas d’autre. Je crois comprendre
que cette vérité est de plus en plus comprise par un certain
nombre de responsables au Liban et, je dirais, exigée par les
jeunes du Liban. Si le Liban veut garder sa jeunesse, ce qui
est essentiel, il faut que celle-ci soit sûre que les querelles
du passé et les excès qui ont pu être commis sont tout à fait
dépassés.
Le courant passe-t-il bien désormais
avec le président Lahoud ? On a dit qu’au Sommet de Moncton,
votre premier contact était un peu froid.
Je ne sais pas pourquoi on a
dit cela. Au Sommet de Moncton, j’ai eu un entretien très agréable
avec le président Lahoud. Les contacts et les relations que
j’ai pu avoir avec lui, jusqu’ici, ont toujours été marqués
par la sérénité et la compréhension. Le président Lahoud assume
les fonctions qui sont les siennes et il a conscience qu’il
doit les assumer dans le seul intérêt du Liban et des Libanais
Partagez-vous l’optimisme du
Premier ministre Hariri quant à la Conférence de Paris II ?
Plus qu’un optimisme, c’est une
nécessité. Le Premier ministre Rafic Hariri est un homme moderne
et conscient des exigences d’une économie moderne, et conscient
aussi des exigences que nous évoquions tout à l’heure et qui
sont celles du respect de l’autre et de la solidarité. Il est
certain que le Liban, qui porte un passé lourd de drames et
de difficultés, connaît aujourd’hui une situation économique
difficile. Et il est légitime que la communauté internationale
l’aide à sortir de cette situation. C’est la raison pour laquelle,
en accord avec le président Hariri, et d’ailleurs en accord
avec l’approbation des représentants des grandes institutions
internationales et des grands pays concernés, j’ai demandé à
M. Michel Camdessus, gouverneur honoraire de la Banque de France
et ancien directeur général du Fonds monétaire international,
d’organiser à Paris la réunion dite « Paris II » pour permettre
de prendre les décisions nécessaires pour soutenir l’action
du gouvernement libanais, l’action de redressement menée par
le gouvernement libanais. Une action qui sera porteuse de fruits,
à condition qu’elle soit encouragée. Mais cela suppose, naturellement,
que chacun fasse sa part d’efforts. La France qui, au nom de
sa tradition d’amitié avec le Liban, doit, en quelque sorte,
donner l’exemple et doit rassembler les bonnes volontés pour
aider le Liban. Cela suppose aussi que le Liban fasse sa part
d’efforts à lui. Et cette part d’efforts suppose une politique
de réformes, réformes qui sont aujourd’hui nécessaires. C’est
très exactement cette politique qui est traduite par le projet
de budget qui vient d’être présenté par le gouvernement au Parlement
libanais. Comme tous les budgets de réforme, il est forcément
critiquable ou critiqué. Mais j’appelle tous les Libanais à
se rendre compte que, si cette politique de réformes, si ce
budget ne sont pas adoptés et soutenus par l’ensemble des responsables
libanais, alors il ne peut pas y avoir accord des institutions
financières internationales. Et, par conséquent, l’aide internationale
sera tout à fait insuffisante ou limitée. Il y a donc un double
effort à faire : prise de conscience de la part de toutes les
autorités libanaises que l’on doit sortir de la polémique politique
pour entrer dans un effort cohérent et national de réformes
et de redressement, et prise de conscience par les institutions
financières internationales et par les grands pays amis du Liban
– qu’il s’agisse de l’Union européenne, qu’il s’agisse des pays
arabes, qu’il s’agisse des États-Unis ou du Japon, où le président
Hariri vient de faire un voyage extrêmement positif d’après
les échos que j’en ai eus de la part du Premier ministre japonais
– des efforts faits pour permettre le redressement de la situation
du Liban. Je suis optimiste.
Monsieur
le Président, peut-on parler de l’État des libertés au Liban
sans penser aussitôt au problème de la présence syrienne au
Liban ? Et êtes-vous toujours confiant qu’il est possible avec
le régime de Bachar el-Assad, que vous allez d’ailleurs rencontrer
bientôt, d’aller vers une libéralisation graduelle en Syrie
?
D’abord, je dirais que je le
souhaite, naturellement. Vous savez, la relation entre le Liban
et la Syrie relève, d’abord, et je dirai uniquement, d’un rapport
entre les deux pays et je n’ai pas l’intention de faire de l’ingérence
dans ce domaine. Mais ce rapport doit être organisé à partir
de l’accord de Taëf. Et cet accord de Taëf doit être respecté
et poursuivi jusqu’à son terme. En tous les cas, je ne vois
pas de solution conforme aux intérêts du Liban et de la Syrie,
aux intérêts à la fois politiques et économiques du Liban et
de la Syrie, sans un respect intégral et sans aller jusqu’au
terme de l’application de l’accord de Taëf.
Parmi
les efforts exigés de Beyrouth, faut-il mentionner l’extension
de l’autorité de l’État au Liban-Sud ? Le fait que le Hezbollah
continue de faire la loi au Liban-Sud, et puis cette cérémonie
pour le pompage pour les eaux du Wazzani survenant à la veille
du sommet peuvent-ils être des obstacles pour Paris II ?
Je répète que je n’ai pas l’intention
de faire de l’ingérence dans les affaires intérieures libanaises.
Et dès le retrait des forces israéliennes du Liban-Sud, la communauté
internationale, et notamment la France, a exprimé très fortement
son souhait de voir l’armée libanaise et l’Administration libanaise
exercer leurs fonctions sur l’ensemble du territoire libanais.
Je crois que c’était une nécessité internationalement reconnue,
et qui est toujours aussi vraie aujourd’hui. Vous avez reçu
tour à tour MM. Shimon Peres et Nabih Berry et vous avez évoqué
avec eux l’affaire du Wazzani. Avez-vous quelque chose à dire
à ce propos, notamment sur une possibilité de médiation de la
France dans ce litige ? La France est toujours disposée à faire
entendre la voix de la raison. Je pense qu’il y a dans le domaine
du partage de l’eau des règles internationales. Nous en avons
parlé avec nos amis américains. Des experts européens et français
vont se rendre sur place, à la demande des autorités libanaises.
Je crois que, dans une affaire de ce genre, il faut chercher,
là encore, la solution dans le dialogue et dans le respect des
règles internationales et se garder en tous les cas, de part
et d’autre, de tout geste qui serait de nature à envenimer les
choses.
Souhaitez-vous
adresser un message aux Libanais et plus particulièrement aux
lecteurs de L’Orient-Le Jour, aux francophones du Liban ?
Je voudrais d’abord adresser
un message aux lecteurs de L’Orient-Le Jour qui sera, vous le
comprenez, un message d’amitié d’autant plus sincère que, par
définition, ils sont francophones, et donc plus proches encore
que les autres du cœur des Français et du mien. Donc, un message
d’estime et d’amitié à tous vos lecteurs. Et un message également
à tous les Libanais pour leur dire que je crois, depuis toujours,
à la vocation du Liban d’être une grande nation, forte de son
histoire et de sa culture au service de la paix, au service
de la sérénité dans le monde. Je crois à sa capacité d’être
un lien essentiel entre l’Orient et l’Occident. Tout cela supposant,
naturellement, que chacun au Liban ait conscience qu’il doit
respecter l’autre. Et enfin, je dirai simplement un mot, et
c’est peut-être plus important encore, aux jeunes libanais.
J’ai beaucoup de relations avec des jeunes libanais, et suis
toujours frappé à la fois par leur qualité mais aussi parfois
par un certain manque de confiance dans l’avenir du Liban. Et
la première responsabilité de tous les Libanais, et notamment
des responsables politiques ou économiques libanais, est de
redonner confiance aux jeunes. Ils ont la chance d’avoir des
jeunes qui sont extraordinaires, qui sont prêts à se mobiliser
pour le service de leur pays, qui se détachent de plus en plus
de vieilles querelles, qui sont attachés à l’exigence de la
démocratie moderne et qui sont l’avenir et le futur du Liban
et qui doivent être encouragés à rester chez eux et à mettre
leurs forces et leur intelligence, leur cœur au service du Liban
et non pas se laisser tenter, parce qu’ils auraient été découragés,
à s’expatrier.
Merci
beaucoup, Monsieur le Président. Je suis sûr que les Libanais
seront très sensibles à ce message d’amitié.
Je le leur dis avec le cœur autant qu’avec la tête.
Croyez-vous que Yasser Arafat,
comme le pensent notamment les Américains, a raté une chance
historique lors du sommet de Camp David ?
Permettez-moi en premier lieu,
sur ce sujet, de dire ma consternation face à l’évolution de
la situation. La perpétuation des violences et de l’occupation,
la poursuite du terrorisme, l’aggravation inacceptable des conditions
de vie des Palestiniens, nous ne devons pas nous résigner face
à cela. Nous avons un véritable devoir d’action envers les populations,
qui souffrent de part et d’autre. J’ajoute que la question irakienne
constitue à mes yeux une raison supplémentaire d’avancer résolument
vers une solution au conflit du Proche-Orient. Cette solution
ne peut être que politique, fondée sur le dialogue et la négociation
entre les parties, assistées par la communauté internationale.
S’agissant du sommet de Camp David, il n’a malheureusement pas
conduit à l’accord de paix que le monde entier souhaitait. La
responsabilité ne peut évidemment pas en être imputée à une
seule personne. Peut-être a-t-on voulu obtenir trop, trop vite
! J’en retiens pour ma part les progrès que cette négociation
et celle de Taba ont permis d’accomplir vers la définition des
paramètres d’une solution acceptable par les deux parties, fondée
sur la coexistence de deux États. Ces paramètres font aujourd’hui
l’objet d’un consensus international reflété dans les résolutions
du Conseil de sécurité et les déclarations de l’Union européenne,
des autorités américaines et du quartette. Cet héritage essentiel
ne doit pas être perdu.
Et que fait de concret la France
pour contrer la ligne extrémiste d’Ariel Sharon ?
Le problème ne se pose pas en
ces termes. Le terrorisme, que la France condamne, qui est toujours
inacceptable, fait peser sur la population israélienne une angoisse
intolérable. Nul ne peut contester le droit d’Israël à se défendre
contre le terrorisme. Ce qu’on peut contester en revanche, c’est
la méthode utilisée par Israël pour combattre ce fléau : la
France l’a fait lorsqu’elle le jugeait nécessaire, tout dernièrement
encore par son action au Conseil de sécurité, qui a permis l’adoption
de la résolution 1435. Mais le terrorisme doit cesser. Les Palestiniens
ne concrétiseront pas leur légitime projet national par la violence,
pas plus qu’Israël n’assurera sa sécurité par la seule force
armée. Une solution politique doit prévaloir, sur la base des
paramètres que je viens d’évoquer. Pour cela, le dialogue doit
reprendre. Le quartette a tracé la voie à suivre dans sa déclaration
du 17 septembre.
Les accords d’Oslo sont-ils vraiment
morts et enterrés, et l’Europe a-t-elle des idées susceptibles
de mettre fin à l’impasse actuelle ?
Oslo reste, pour la communauté
internationale dans son ensemble, une référence incontestable.
C’est un processus qui a conduit à des accords internationaux,
pour certains sous les auspices du président des États-Unis.
Leur validité est incontestable. Ces accords n’ont certes pas
abouti au résultat espéré, mais ils ont permis des avancées
décisives en terme de reconnaissance mutuelle des parties et
de définition des paramètres du règlement définitif. Au moment
où les négociations politiques reprendront, les acquis d’Oslo,
tout autant que ceux de Madrid (« la terre contre la paix »),
et les avancées des négociations, de Camp David à Taba, contribueront
à la définition d’une solution politique. S’agissant du rôle
de l’Union européenne dans une sortie de l’impasse actuelle,
il est important et doit s’intensifier encore. Les États membres
de l’Union siégeant au Conseil de sécurité ont joué un rôle
décisif dans l’adoption de la résolution 1435, qui a permis,
grâce au soutien américain que nous avons obtenu, de sortir
de la nouvelle crise créée par le siège des locaux de M. Arafat.
L’Union européenne a aussi largement contribué à l’élaboration
de la feuille de route esquissée par le quartette le 17 septembre
dernier, sur la base de propositions de la présidence danoise.
M. Peres m’a fait part tout récemment de l’acceptation par Israël
de cette feuille de route. Il faut maintenant avancer vers sa
mise en œuvre, ce que le quartette devrait faire en se réunissant
à nouveau à Paris demain. Enfin, l’Union européenne apporte
une contribution décisive aux réformes palestiniennes, dans
le respect absolu du droit des Palestiniens à choisir leurs
dirigeants et leurs institutions. N’oubliez pas non plus l’effort
d’aide de l’Europe à l’égard des Palestiniens, qui est considérable.
Quelle
est votre conception de l’État palestinien et quelle solution
pratique verriez-vous éventuellement pour Jérusalem et la question
des réfugiés ?
La paix, pour être durable, nécessite
la création, à côté d’Israël, d’un État palestinien viable,
démocratique et pacifique, sur la base des frontières de 1967.
C’est une idée en faveur de laquelle la France œuvre depuis
des décennies et qui est désormais partagée par le monde entier
! Le Conseil européen de Séville, en juin dernier, a énoncé
solennellement les paramètres de cet État. Le président Bush
en a fait de même dans ses discours. Ce n’est pas le moindre
paradoxe de la situation actuelle de voir un si large consensus
international sur les données de la solution, alors que les
conditions sur le terrain n’ont jamais été aussi graves. Faire
coïncider cette vision partagée avec la réalité du terrain,
c’est là notre devoir, celui des parties, c’est le but que se
fixe l’action de la France dans la région.
D’aucuns ont reproché dans le
passé à la France de ménager Saddam Hussein pour des considérations
commerciales. Croyez-vous à votre tour que la nouvelle guerre
du Golfe pourrait être largement motivée par des intérêts pétroliers
?
Nul n’ignore que le Moyen-Orient
constitue une zone majeure de réserves et de production d’hydrocarbures.
Il représente aujourd’hui 65 % des réserves mondiales, et cette
proportion est en hausse du fait du tarissement prévisible des
réserves hors Golfe. L’Irak, pour sa part, détient aujourd’hui
environ 10 % des réserves mondiales. Pour autant, le problème
aujourd’hui posé par l’Irak à la communauté internationale n’est
pas celui de ses capacités pétrolières. Il s’agit en effet de
répondre à la menace potentielle que représente l’Irak, avec
le risque de prolifération des armes de destruction massive.
Le régime de Bagdad a utilisé de telles armes par le passé.
Aujourd’hui un certain nombre d’indices peuvent laisser penser
que, depuis près de quatre ans, en l’absence des inspecteurs
internationaux, ce pays a poursuivi des programmes d’armement.
La prolifération des armes de destruction massive constitue
une menace pour l’ensemble de la planète. Notre sécurité dépend
de notre capacité à traiter collectivement ce risque majeur.
Sur ce dossier, pas plus que sur les autres, notre politique
n’est pas de ménager l’Irak : nous avons toujours demandé la
stricte application des résolutions des Nations unies. Je tiens
à souligner que de nombreux pays commercent avec l’Irak, y compris
d’ailleurs les États-Unis. Le commerce franco-irakien se déroule
dans le cadre strict des résolutions du Conseil de sécurité,
et nous sommes particulièrement vigilants quant au respect de
ce dispositif juridique. L’Irak n’occupe au demeurant qu’une
place modeste dans notre commerce extérieur. En 2001, l’Irak
n’a été que le 53e client et le 39e fournisseur de la France,
représentant 0,2 % de nos exportations et 0,3 % de nos importations.
Que
suggéreriez-vous pour renforcer l’efficacité et donc la crédibilité
des inspections onusiennes en Irak ?
L’accès immédiat des inspecteurs à l’ensemble des sites, sans
condition et sans restriction, constitue la garantie indispensable
de l’efficacité et de la crédibilité des inspections de l’Onu.
Cette exigence figure d’ailleurs dans toutes les résolutions
existantes. L’Irak a dit accepter tous les droits des inspecteurs
sans condition, et les arrangements pratiques de la reprise
des inspections ont été clarifiés à Vienne. Si MM. Blix et el-Baradei
estiment toutefois qu’un certain nombre de questions doivent
être encore précisées, que des garanties supplémentaires doivent
être obtenues sur certains points, nous sommes tout à fait disposés
à examiner leurs demandes et à prendre en compte leur avis,
dans le cadre du Conseil de sécurité, qui est le seul cadre
légitime pour traiter du problème irakien.
Quelles répercussions aurait une guerre
internationale contre l’Irak ?
Notre responsabilité est de veiller à la stabilité au Moyen-Orient.
Avec la crise irakienne, c’est la région tout entière qui est
menacée. Le Moyen-Orient est au cœur de l’arc de crise qui s’étend
de la Méditerranée orientale à l’Asie du Sud-Ouest : zone dans
laquelle les fractures politiques, économiques et sociales sont
multiples. Nous avons tous en mémoire les multiples conflits,
internes et internationaux, qui ont ébranlé cette région depuis
plus de cinquante ans. Au moment où l’impasse du conflit israélo-palestinien
alimente les sentiments de frustration et d’injustice parmi
les peuples de la région, et où nous sommes engagés dans une
lutte de longue haleine contre le terrorisme, nous devons être
vigilants et mettre tout en œuvre pour que soit gagné le pari
de la sécurité dans la paix.
Existe-t-il, selon vous, un lien direct
entre l’affaire irakienne et le dossier du terrorisme, c’est-à-dire
la filière Ben Laden ?
À ma connaissance, aucune preuve n’a été trouvée, ou en tous
les cas rendue officielle, d’un lien entre l’Irak et el-Qaëda.
Même si certains terroristes ont pu trouver refuge en Irak,
il ne faut pas mélanger les sujets. L’objectif prioritaire de
l’action de la communauté internationale, s’agissant de l’Irak,
doit être le désarmement. En revanche, on ne peut exclure que
des groupes terroristes n’utilisent l’affaire irakienne comme
prétexte à de nouvelles actions et comme argument de propagande.
L'inauguration de l'ENA Liban à Baabda:
Un partenariat que la France s’engage
à réussir; les Présidents Chirac et Lahoud, côte à côte
pour l’inauguration de l’Ena
C’est en personne que les deux
présidents Jacques Chirac et Émile Lahoud ont inauguré, hier,
à Baabda, l’École nationale d’administration du Liban (Ena),
qui formera, dès l’année 2003, les cadres supérieurs de l’administration
publique. La cérémonie d’inauguration, qui s’est déroulée à
quatorze heures quinze, dans une ambiance de bonne humeur générale,
a rassemblé, pour une dizaine de minutes seulement, un important
parterre de personnalités politiques tant libanaises que françaises.
Étaient notamment présents le président de la Chambre, Nabih
Berry, le Premier ministre, Rafic Hariri, le ministre français
de la Coopération et de la Francophonie, Pierre-André Wiltzer,
le ministre français de la Culture et de l’Information, Jean-Jacques
Aillagon, l’ambassadeur de France, Philippe Lecourtier, ainsi
que de nombreux ministres et députés libanais. « Je n’avais
pas réalisé que les travaux étaient aussi avancés », lançait
le président Chirac à son arrivée, au président directeur général
de l’Ena-Liban, Élie Assaf. Après les salutations d’usage aux
membres du conseil d’administration de l’Ena ainsi qu’aux personnalités
libanaises présentes, les deux chefs d’État, accompagnés de
MM. Berry et Hariri, se sont dirigés vers le bâtiment. « Un
superbe endroit », remarque le président français. « Ce sont
les plantes vertes qui l’embellissent », rétorque le président
Lahoud, en riant. Prononçant pour l’occasion une courte allocution,
le PDG de l’Ena a remercié le président Chirac pour sa présence
auprès du président Lahoud. Il a remarqué que l’Ena était «
le fruit d’une réflexion profonde et d’une volonté ferme »,
tout en félicitant le président libanais pour les efforts qu’il
a entrepris pour la renaissance de la fonction publique. Le
professeur Assaf a salué le soutien de la France à la réédification
de la fonction publique. « C’est un véritable partenariat entre
l’Ena-France et l’Ena-Liban », note-t-il. Et de conclure en
affirmant que la réforme de l’administration publique, le développement
du secteur public ainsi que la restructuration et la relance
de l’économie sont des défis que s’est fixés l’Ena, qui envisage
de jouer « un rôle essentiel pour motiver la jeunesse libanaise
à prendre part aux décisions politiques, économiques et sociales
». C’est alors que les deux présidents ont levé d’un même geste
le voile couvrant la plaque commémorative gravée en arabe et
en français. « La France est prête à assurer par tous les moyens
la réussite de ce partenariat », dit Jacques Chirac à l’assemblée.
Et le président français de conclure par une note d’humour :
« C’est du solide ? », demande-t-il, tapotant en riant la plaque
de marbre noir. « Aussi solide que les cèdres du Liban », répond
M. Lahoud, avec la même bonne humeur. Au terme de la cérémonie,
Élie Assaf a exposé à L’Orient-Le Jour les modalités de collaboration
entre la France et le Liban. « Grâce aux encouragements de la
France, nous avons signé, en 1999, un protocole de coopération
avec l’Ena-France. Aujourd’hui, la convention définissant les
modalités de coopération est prête », observe-t-il, ajoutant
que sa ratification par les deux parties est imminente. En effet,
précise l’ancien doyen de la faculté d’information et de documentation
de l’Université libanaise, cette coopération tant académique
que technique ou financière, définira notamment les cursus d’enseignement,
le mode de sélection dans les concours d’entrée, les stages
ainsi que l’assistance technologique de l’Ena-France à l’Ena-Liban.
Anne-Marie EL-HAGE
L'Orient-leJour
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Chirac et Paris II
Les efforts du président Chirac
ont abouti. Sollicités par le ministre français des Affaires
étrangères Dominique de Villepin, plusieurs pays ont décidé
de relever au maximum leur niveau de représentation à la conférence
d’aide internationale au Liban, dite « Paris II », qui se tient
samedi 23 novembre dans la capitale française. Gerhard Schröder,
Jean Chrétien, Guy Verhofstadt, Anders Fogh Rasmussen seront
samedi au nombre des participants, a annoncé hier l’Élysée.
« La France, qui avait pris en février 2001 l’initiative de
la conférence “Paris I”, considère, au vu des efforts significatifs
déjà accomplis par le Liban, que la communauté internationale
doit à nouveau se mobiliser pour lui apporter maintenant le
soutien décisif nécessaire », indique-t-on à l’Élysée. La conférence
débutera samedi à 9 heures (10 heures à Beyrouth) à l’Élysée
sous la présidence de Jacques Chirac. Une conférence de presse
est prévue en fin de matinée, suivie d’un déjeuner de travail.
Les pays et institutions financières représentés seront les
suivants : l’Allemagne, par Gerhard Schröder, le Canada, par
le Premier ministre Jean Chrétien, les États-Unis, par le secrétaire
d’État adjoint William Burns, la Belgique, par le Premier ministre
Guy Verhofstadt, la Grande-Bretagne, l’Italie, le Japon, l’Espagne,
par des personnalités dont le nom n’a pas été encore annoncé,
le Danemark, par le Premier ministre Anders Fogh Rasmussen,
président en exercice de l’Union européenne. Le président de
la Commission européenne, Romano Prodi, sera présent. Seront
également représentés : l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Émirats
arabes unis, Oman, le Qatar, la Malaisie, le Fonds monétaire
international (FMI), la Banque mondiale, la Banque européenne
d’investissement, le Fonds monétaire arabe, le Fonds saoudien
pour le développement, le Fonds koweïtien pour le développement
arabe, le Fonds arabe pour le développement économique et social.
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