Liban 
                et Phénicie 
                   
                Libanais 
                et Phéniciens 
                 
             | 
           
         
          
        
          
             
                
                Découvrez Tanit by Phenicity, bijou et signe 
                de reconnaissance phénicien  
                & symbole de la déesse protectrice de la fécondité 
                et de l'enfant 
                  
                Phénicity.com est Phenicity.info à compter d'Avril 
                2023  
                 
                 
                  
                « Les Phéniciens et la Méditerranée 
                » à lIMA 
                Préparation de la grande exposition sur 
                « Les Phéniciens et la Méditerranée 
                » 
                du 1er octobre 2007 au 
                30 mars 2008 
                   
                Cliquez pour accéder 
                à la page de l'IMA 
                Nouveau président de lInstitut du monde arabe (IMA) 
                à Paris, Dominique Baudis, qui connaît parfaitement 
                le Liban, prépare une méga-exposition sur le thème 
                « Les Phéniciens et la Méditerranée 
                » qui se déroulera dans les locaux de cette maison 
                prestigieuse. 
                 
                Vingt ans déjà que lInstitut du monde arabe 
                domine le paysage culturel français marquant les diverses 
                étapes de son existence par des méga-expositions 
                dont la prochaine aura pour thème « Les Phéniciens 
                et la Méditerranée ». Pour piloter cette opération, 
                un connaisseur doublé dun passionné de la 
                rive orientale de ce que Michel Chiha appelait  
                « cette mer intérieure. » 
                Il sagit de Dominique Baudis, nouveau président de 
                lIMA qui, après de brillants mandats à la 
                mairie de Toulouse et à la présidence du CSA, ne 
                cache pas sa joie de retrouver ses premières amours. Cet 
                Orient si proche dans son appellation et si loin dans le temps 
                qui la attiré comme coopérant au Liban où 
                on noublie pas le présentateur du journal télévisé 
                et, plus tard, le romancier-chroniqueur des croisades. 
                Aujourdhui, Baudis veut remonter le temps, encore une fois 
                et encore plus loin pour conter dune autre manière 
                la prodigieuse épopée phénicienne du premier 
                millénaire avant lère chrétienne. 
                Lévénement est prévu du 1er octobre 
                2007 au 30 mars 2008.  
                Avec la collaboration exceptionnelle du Louvre et dautres 
                musées et institutions du pourtour méditerranéen 
                dont, bien entendu, ceux du Liban et de Tunisie. 
                Cadmos, Europe, Adonis, Byblos, Tyr, Sidon, Carthage et dautres 
                noms légendaires. Lalphabet et larchitecture 
                phéniciens, qui restent encore peu connus, se révéleront 
                dans leurs mystères et leurs splendeurs. 
                Dominique Baudis se rendra dans quelques semaines au Liban dans 
                le cadre des préparatifs de cette exposition. 
                Il a bien voulu en parler en une sorte davant-première. 
                Avec passion et fierté. Il a également fait part 
                de ses idées et stratégies sur lavenir de 
                lIMA.  
                Dabord 
                  un constat et un état des lieux 
                  « LInstitut du monde arabe, affirme M. Baudis, est 
                  une des expressions de la cohésion sociale en France, 
                  puisque cest là où de nombreux jeunes, issus 
                  de limmigration en provenance des pays arabes, sentent 
                  quils vivent et quils peuvent continuer de vivre 
                  dans un pays quils reconnaissent, quils valorisent 
                  et dont ils respectent la culture. » 
                  Lancien maire de Toulouse poursuit en soulignant que lIMA 
                  est un lieu de dialogue exceptionnel avec le monde arabe, ses 
                  cultures et ses traditions puisquil permet la connaissance 
                  de lautre et même lapprentissage de sa langue 
                  par la littérature, le cinéma et la découverte 
                  dans toute la plénitude des autres moyens dexpression 
                  du monde arabe. 
                  Cest par conséquent, ajoute le nouveau président 
                  de lIMA, un lieu de respect mutuel, puisque cest 
                  une maison qui est placée sous le signe de la diversité 
                  et du respect ; avec un potentiel considérable dun 
                  million de visiteurs chaque année. »  
                  Des visiteurs fidèles, poursuit M. Baudis, puisquils 
                  soutiennent lIMA avec une contribution de 50 pour cent 
                  aux recettes ; une contribution bienvenue, puisque lapport 
                  de certains États nest pas au niveau espéré. 
                  » 
                  Le nouveau patron de lIMA reconnaît lexistence, 
                  au sein de cette institution, de rivalités entre Maghrébins 
                  et représentants des pays du Machrek, affirmant à 
                  cet égard que ceci nest pas le propre de lIMA, 
                  mais un problème qui concerne le monde arabe. Pour lui, 
                  cette maison (comme il lappelle) vit sous le signe de 
                  la diversité, puisque le monde arabe et la France y sont 
                  chez eux et aussi puisque le monde arabe lui-même est 
                  divers du fait de ses facteurs géographiques et qui sétendent 
                  sur plusieurs continents. 
                  « LIMA est un lieu de rencontre et un élément 
                  fédérateur, puisque son haut conseil comprend 
                  les ambassadeurs de tous les pays arabes », ajoute lancien 
                  président du CSA. Il précise que dans la programmation 
                  des événements qui se déroulent dans les 
                  locaux de linstitut, on tient compte des diverses sensibilités 
                  pour renforcer cet élément fédérateur. 
                  Dominique Baudis veut dynamiser, innover, élargir les 
                  domaines dactivité de « sa maison » 
                  de manière à dépasser le cadre des événements 
                  culturels. « Il faut, dit-il, organiser dans la maison 
                  des rencontres touchant les domaines économique, scientifique 
                  ou autres. Il faut aussi recourir au mécénat à 
                  travers des entreprises intéressantes et intéressées. 
                  » 
                  Une orientation bienvenue en tout cas pour lexposition 
                  sur les Phéniciens dont le budget se chiffre à 
                  1,9 million deuros avec un budget de mécénat 
                  à hauteur de 750 000 euros. 
                  Cest donc à partir de Beyrouth que Dominique Baudis 
                  entamera, dans quelques semaines, son tour de table franco-méditerranéen 
                  pour assurer la réussite de lopération Phénicie. 
                   
                  Avec le participation d'Elie Massboungi 
                   
                    
                  Létude du généticien 
                  Pierre Zalloua fait la lumière sur lhistoire des 
                  Levantins, depuis la Syrie jusquà la Palestine: 
                  près de 30 % des Libanais de toutes confessions possèdent 
                  le gène phénicien  
                  par Anne-Marie EL-HAGE 
                   
                  Il est désormais établi que près 
                  de 50 % des Libanais de toutes confessions habitent le Liban 
                  depuis 10 000 ans et quenviron 30 % de lensemble 
                  des Libanais sont bel et bien les descendants des Phéniciens. 
                  Ces hommes de la mer, grands navigateurs et commerçants 
                  ont habité, il y a 4 000 ans, soit bien avant lapparition 
                  des religions chrétienne et musulmane, le littoral méditerranéen 
                  et notamment les côtes libanaise, syrienne, palestinienne, 
                  tunisienne, espagnole, maltaise et anatolienne. Il est aussi 
                  démontré que les Libanais possèdent principalement 
                  le gène levantin, cananéen ou phénicien 
                  J2, indépendamment de leur appartenance communautaire 
                  et religieuse, même si certaines différences minimes 
                  ou au contraire certaines ressemblances apparaissent dune 
                  communauté à lautre, mais aussi dune 
                  région à une autre. Cette caractéristique 
                  génétique, également retrouvée dans 
                  une grande proportion chez les Cananéens, peuple qui 
                  vivait dans les régions littorales, permet dassimiler 
                  les Phéniciens aux Cananéens. 
                  Cest à ces conclusions qua abouti le généticien 
                  libanais Pierre Zalloua, de la Lebanese American University 
                  (LAU), à lissue de son étude sur le thème 
                  « Qui étaient les Phéniciens ? ». 
                  Une étude qui apporte désormais une réponse 
                  à la question que se posent de nombreux Libanais depuis 
                  bien longtemps : « Les Libanais sont-ils les descendants 
                  des Phéniciens ? »  
                Entamée 
                  en 2002 par le docteur Pierre Zalloua, également passionné 
                  dhistoire, en collaboration avec le généticien 
                  et anthropologue américain Spencer Wells, cette étude 
                  menée sur un échantillon de 2 500 personnes au 
                  Levant, dont un important nombre de pêcheurs de Saïda, 
                  Tyr et Jbeil, et près de 3 000 personnes dans dautres 
                  régions méditerranéennes, avait pour objectif 
                  de confirmer une évidence : celle que les Phéniciens 
                  ont effectivement semé leurs gènes dans les régions 
                  par lesquelles ils sont passés. Cette étude, financée 
                  par la National Geographic Research and Exploration Society, 
                  avait fait lobjet dune publication dans le National 
                  Geographic Magazine. Elle avait même été 
                  le sujet dun documentaire télévisé 
                  qui a été diffusé sur la chaîne internationale 
                  National Geographic, après avoir été diffusé 
                  en prime time aux États-Unis. 
                Deux 
                  grands groupes génétiques  
                  Quant au procédé utilisé par le généticien, 
                  il a consisté, à partir de prises de sang, à 
                  étudier les gènes de léchantillon, 
                  exclusivement de sexe masculin. Ces gènes ont été 
                  comparés à lADN déchantillons 
                  de dents phéniciennes remontant à près 
                  de 4 000 ans fournis par des archéologues libanais, ainsi 
                  quà des échantillons de dents et de peau 
                  de la momie phénicienne King Tabnet (le roi des Phéniciens 
                  de Saïda), qui lui ont été fournis par la 
                  Turquie. Pierre Zalloua rappelle par ailleurs que deux raisons 
                  lont poussé à choisir un échantillon 
                  essentiellement masculin : la première explication, scientifique, 
                  est que « le chromosome sexuel masculin, transmis par 
                  lhomme à son fils, ne subit aucun croisement et 
                  ne change pas par mutation aléatoire ». On retrouve 
                  donc ce chromosome dans toute la descendance mâle. La 
                  seconde raison est que « ce sont les hommes qui ont voyagé 
                  et qui ont donc semé leurs gènes dans les pays 
                  où ils se sont installés ». 
                  Cest en identifiant une caractéristique génétique, 
                  « le J2, commune à près de 30 % des Libanais, 
                  mais aussi aux populations levantines, issues dune partie 
                  de la Syrie et de la Palestine », que Pierre Zalloua a 
                  tiré ses conclusions. « Il est aussi clair et net 
                  que les régions méditerranéennes, notamment 
                  Malte, Chypre, la Sicile et la péninsule Ibérique, 
                  regorgent de populations qui ont des origines levantines et 
                  qui présentent les caractéristiques génétiques 
                  J2 », constate le docteur Zalloua. 
                  En fait, le généticien tient à préciser 
                  qu« il a été possible de retracer 
                  la présence de deux grands groupes génétiques 
                  qui se sont installés au Liban depuis 10 000 à 
                  18 000 ans environ, mais à 5 000 ans décart, 
                  et donc bien avant lapparition des religions » : 
                  le gène principal étant le J2, caractéristique 
                  cananéenne ou phénicienne. Quant à lautre 
                  grand groupe génétique, il sagit du gène 
                  J1. Quoique moins important en nombre que le J2, ce gène 
                  retrace le premier groupe moyen-oriental qui a habité 
                  le littoral levantin et qui est venu du Yémen, de la 
                  Péninsule arabique et de la Mésopotamie (Bilad 
                  ma beyn el-Nahreyn). 
                  Bien plus tard, le Liban sera le lieu de nombreuses invasions 
                  et la population libanaise sera génétiquement 
                  marquée par trois conquêtes, celle des croisés, 
                  qui répandront le gène R1B (de nombreux Libanais 
                  sont blonds aux yeux bleus, notamment à Tripoli et à 
                  Saïda, qui ont directement subi la présence des 
                  croisés), celle des Ottomans et celle des peuples de 
                  la Péninsule arabique, qui répandront le gène 
                  J1, déjà présent au Liban. « Mais 
                  ces influences génétiques nont pas réussi 
                  à noyer le génotype phénicien J2, qui demeure 
                  toujours la principale caractéristique génétique 
                  retrouvée parmi la population libanaise », tient 
                  à remarquer le généticien. Il observe dailleurs 
                  que « le pourcentage de ce gène atteint 50 % dans 
                  certaines régions, notamment sur le littoral et dans 
                  la montagne de Jbeil ». 
                Des 
                  similitudes entre les communautés 
                  Pierre Zalloua refuse de donner de plus amples détails, 
                  notamment concernant les différences significatives quil 
                  a constatées au niveau de lexistence du gène 
                  phénicien dans les groupes communautaires. Il se contente 
                  de remarquer quil existe beaucoup de similitude entre 
                  toutes les communautés. « Mon seul message est 
                  un message de paix qui sadresse à tous les Libanais, 
                  tient-il à dire. Nos ancêtres ont vécu sur 
                  ce territoire il y a 10 000 à 18 000 ans. Quils 
                  soient devenus par la suite chrétiens, sunnites, chiites, 
                  ou druzes, ils ont tous en commun des origines communes, mais 
                  aussi cet attachement très fort à ce petit morceau 
                  de territoire à lhistoire si compliquée. 
                  La connaissance de leur passé pourrait aujourdhui 
                  aider les gens à avancer et à sentendre 
                  », observe-t-il encore, avant dajouter : « 
                  Notre patrimoine est très riche. Cest à 
                  travers le Moyen-Orient et le Levant que le monde a été 
                  peuplé. » 
                  Le généticien ne peut cependant sempêcher 
                  de déplorer « le manque dintérêt 
                  des Libanais à leur histoire ». En effet, si les 
                  personnes qui font partie de léchantillonnage ont 
                  participé avec fierté à létude, 
                  celle-ci semble avoir été fraîchement accueillie 
                  dans certains milieux confessionnels et politiques. « 
                  Les gens ont peur douvrir des portes qui touchent aux 
                  minorités », observe-t-il. Mais cette réticence 
                  nempêche pas le généticien de se fixer 
                  de nouveaux objectifs, malgré « le manque de fonds 
                  » et « labsence de généticiens 
                  spécialisés pour lassister dans ses recherches 
                  au Liban ». Après avoir finalisé son étude 
                  sur les Phéniciens, quil envisage de publier dans 
                  une revue scientifique, il fait le projet dentamer une 
                  nouvelle étude sur les civilisations arabes, mais aussi 
                  d« aller sur les traces des Phéniciens », 
                  par le biais dun second documentaire. 
                  Dans lespoir que des considérations politico-confessionnelles 
                  ne viendront pas entraver les travaux scientifiques du chercheur 
                  qui cherche par-dessus tout à prouver que la présence 
                  des populations sur le littoral levantin remonte à des 
                  milliers dannées. 
                  
                  « 
                  Les Cananéens-Phéniciens, peuples et terres », 
                  de Hareth Boustany  
                  Plongée au cur dune civilisation perdue dans 
                  la nuit du temps 
                  En librairie depuis décembre 
                  2007 
                    
                  Installés 
                  à la fin du IIIe millénaire avant J-C sur une 
                  étroite bande côtière sétendant 
                  du nord de la Palestine au sud de la Syrie, traités de 
                  « barbares, sans culture » par les Grecs, ils sacrifiaient 
                  les enfants en les immolant au nom des dieux ; ils vendaient 
                  des femmes sur le parvis des temples et pratiquaient la prostitution. 
                  Ces hommes étaient nos ancêtres, les géniaux 
                  inventeurs de lalphabet, les Cananéens-Phéniciens 
                  qui sont aux origines du Liban. En raison de la rareté 
                  de la documentation iconographique et des sources écrites 
                  les concernant, ils restent encore assez « énigmatiques 
                  ». Cependant, tous les spécialistes saccordent 
                  à les définir comme des navigateurs réputés 
                  et des commerçants avisés ayant sans cesse repoussé 
                  plus loin leur horizon et contribué au « brassage 
                  des cultures » entre lOrient et lOccident. 
                  Dans son livre « Les Cananéens-Phéniciens, 
                  peuples et terres », paru aux éditions Aleph/ Ad-Dairat, 
                  larchéologue-historien, Hareth Boustany, relate 
                  les différents aspects dune civilisation qui a 
                  laissé son empreinte dans la Méditerranée. 
                Sappuyant 
                  sur les textes anciens et sur les fragments de la mythologie 
                  récupérés entre autres dans la bibliothèque 
                  dUgarit, se référant à la partie 
                  infime de la littérature qui a survécu à 
                  ces peuples, mais aussi sur les résultats des fouilles 
                  archéologiques, Hareth Boustany déroule sur 227 
                  pages illustrées de photographies les origines et le 
                  cadre géographique des « Cananéens-Phéniciens 
                  », les récits de leur expansion coloniale, leurs 
                  rites et institutions politiques, leurs mythes et légendes, 
                  leurs pratiques funéraires, les détails précieux 
                  de leur vie quotidienne, ainsi que leur savoir-faire artisanal 
                  reconnu dans toute lAntiquité.  
                  Mais cest tout dabord en mer que les Phéniciens 
                  se trouvent dans leur élément, déployant 
                  un orgueil et une assurance légendaires. En quête 
                  de métaux, ils arpentent la Méditerranée 
                  occidentale et fondent des comptoirs de commerces et des colonies 
                  dont la célèbre Carthage, symbole éclatant 
                  du rayonnement phénicien. « Semblables en quelque 
                  sorte aux Portugais de la Renaissance, ils rançonnent 
                  implacablement la navigation étrangère, réclament 
                  et défendent le monopole absolu des mers. Quelques ports 
                  seulement sont ouverts au commerce de la concurrence grecque 
                  et étrusque : Palerme, Utique et Carthage. Tout le reste 
                  de la sphère dinfluence phénico-punique, 
                  la Péninsule ibérique, la Sardaigne et la Corse, 
                  la côte du Maghreb, est inaccessible (
) ». 
                  Ces patrons de la mer ont aussi excellé en médecine. 
                  « La découverte dans une tombe de 700 crânes 
                  dont trois étaient perforés à la partie 
                  supérieure semble indiquer que lopération 
                  du trépan était couramment pratiquée à 
                  une époque très reculée (
) Nous avons 
                  aujourdhui lassurance que la science médicale 
                  avait atteint en Canaan un stade avancé et relativement 
                  perfectionné, au moins un millénaire avant lépoque 
                  classique, soit au XVIe siècle avant J-C », indique 
                  lauteur, qui signale dautre part que la chirurgie 
                  dentaire était également pratiquée : « 
                  On est surpris de constater, par exemple, dans les mâchoires 
                  de beaucoup de crânes phéniciens, des dents plombées 
                  en or, des sutures en filigrane et des râteliers si ingénieusement 
                  travaillés quils défient les plus grands 
                  perfectionnements de lart dentaire. » Selon Boustany 
                  toujours, « Strabon, le grand géographe grec du 
                  1er siècle avant J-C, raconte que ce sont les Phéniciens 
                  qui sadonnèrent à lastronomie et qui 
                  identifièrent les constellations célestes, utiles 
                  à la navigation nocturne. »  
                  Des chapitres sont également consacrés à 
                  la découverte de la pourpre sur laquelle ce peuple avait 
                  fondé une bonne partie de sa puissance économique 
                  ; au verre dont linvention lui fut attribuée et 
                  dont un passage de lhistoire naturelle de Pline (livre 
                  XXXVI) évoque « un bord de mer phénicien, 
                  pas plus grand que cinq cents pas, qui aurait été 
                  pendant plusieurs siècles la seule localité de 
                  lAntiquité où on fabriquait le verre ». 
                  Adoptant les modèles culturels de leurs clients, lindustrieux 
                  peuple de marchands a fait preuve aussi dune création 
                  artistique et dun artisanat raffiné qui donnent 
                  à voir des formes et motifs égyptiens, des sceaux 
                  mésopotamiens, des lions hittites, des stèles 
                  helléniques, des monnaies siciliennes, des masques de 
                  vieux spartiates et des bijoux étrusques.  
                  Se référant, par ailleurs, aux archives cananéennes 
                  dUgarit, aux inscriptions des stèles, aux moules 
                  des pâtissiers, mais aussi aux mosaïques représentant 
                  des grives, des gazelles, sangliers, scènes de pêche 
                  ou grappes de raisin, lauteur donne un aperçu de 
                  la cuisine phénicienne, illustrée également 
                  par un « chaudron avec protomés de serpents et 
                  défilé danimaux » ! Mais, « 
                  dans les champs ondoyants de blé, dorge, de froment, 
                  voici fleurir la vigne, lolivier et les jardins qui donnent 
                  généreusement les fèves, les lentilles 
                  et les pois chiches : ainsi fut la cuisine méditerranéenne 
                  », écrit Hareth Boustany, ajoutant que le vin était 
                  réservé à un usage de luxe, aux rites de 
                  lhospitalité et à 
 une invitation 
                  pour une plongée au cur de Canaan, mentionné 
                  de nombreuses fois dans la Bible comme le pays promis à 
                  Abraham et à sa descendance (Genèse 17, 8 ; cf 
                  . Psaume 105, 11).  
                     
                  
                  Sortie le 17 Septembre 2007 du livre:  
                  "Les Hommes debout, dialogue avec les Phéniciens" 
                    
                   
                  par Georgia Makhlouf 
                  accompagnée par Judith Rothchild 
                   
                  Ce 
                  peuple de passeurs... 
                  Parallèlement à l'exposition de l'Institut 
                  du Monde Arabe, comme pour l'accompagner et la prolonger d'une 
                  réflexion personnelle, paraît aux Editions Al Manar, 
                  le livre de Georgia Makhlouf, intitulé Les hommes debout. 
                  Une interrogation essentielle "autour des Phéniciens" 
                  qui, par questionnements concentriques, éclaire autant 
                  ce peuple de marins que l'auteure elle-même. 
                  De son précédent livre, Georgia Makhlouf a gardé 
                  les éclats et la mémoire. 
                  Mais cette fois, il ne s'agit plus de sonder son histoire personnelle 
                  mais de remonter à l'enfance de notre mémoire 
                  collective, aux sources de notre identité. L'auteure 
                  interroge les Phéniciens pour rétablir ce fil 
                  aussi tenace qu'invisible qui nous lie à ce "peuple 
                  qui avait le mal d'horizon", ce peuple qui "a compris 
                  que le métissage est le creuset d'un monde qu'il faut 
                  sans cesse réinventer". Et chemin faisant, elle 
                  découvre certes les navigateurs intrépides inventeurs 
                  de l'alphabet, mais elle se dévoile en même temps 
                  et accomplit ses vies antérieures, son "identité-pont". 
                  Car dans ce beau texte, tout se passe comme si, à force 
                  de fouiller son héritage, Makhlouf polit son écriture; 
                  ses fragments deviennent limpides, pourpres sur les sables de 
                  Tyr, bleus pour se mêler à l'aventure de la Méditerranée, 
                  blancs à l'assaut des flots, enfourchant le taureau, 
                  à l'image d'Europe séduite par l'exil. 
                  "L'exil et l'écriture, les deux branches de ma généalogie 
                  imaginaire. 
                  Mais il s'agit surtout d'une profession de foi universelle. 
                  A force d'aiguiser sa vision du monde, Makhlouf en arrive, avec 
                  le courage que procure la clarté, à ce formidable 
                  énoncé à l'adresse des "faussaires 
                  de l'histoire": "Car c'est être bien peu phénicien 
                  que d'avoir si peur de l'autre". 
                  Antoine 
                  Boulad, L'Orient le jour 
                   
                  Edition 
                  Al Manar - collection Méditerranées 
                  ISBN 978-2-913896-50-5, 18 euros 
                   
                   
                 
             | 
           
         
        
        
           
             
              L'Alphabet 
                Phénicien proposé en 
                2004-2005 pour 
                l'inscription au  
                Registre 
                Mémoire du Monde de l'Unesco  
                 
                    
                Les Libanais sont-ils 
                les descendants des Phéniciens ?  
                  
                 
                Personne n’a été capable, jusque-là, de donner 
                une réponse catégorique à cette question pour le moins controversée. 
                La seule certitude, scientifiquement confirmée aussi bien par 
                les archéologues que par les historiens, est que les Phéniciens, 
                ces hommes de la mer, grands navigateurs et commerçants, ont habité 
                le littoral méditerranéen et notamment les côtes libanaise, syrienne, 
                palestinienne, tunisienne, espagnole, maltaise et anatolienne. 
                L’évidence, qui reste toutefois à confirmer, est que les Phéniciens 
                ont semé leurs gènes dans les régions par lesquelles ils sont 
                passés. Aujourd’hui, cette grande question refait surface grâce 
                à une étude génétique, sur le thème « Qui étaient les Phéniciens 
                ? », commencée depuis deux ans par le généticien libanais Pierre 
                Zalloua, diplômé de la prestigieuse université de Harvard, en 
                collaboration avec son collègue et ami Spencer Wells, généticien 
                de population.  
                  
                Cette étude, financée à hauteur de 37 000 dollars 
                par la « National Geographic Research and Exploration Society 
                », a fait l’objet d’un grand reportage dans le numéro d’octobre 
                dernier de la revue américaine, désormais disponible en français. 
                Elle a aussi été le sujet d’un documentaire télévisé, qui a été 
                diffusé en « prime time» aux États-Unis et qui sera bientôt diffusé 
                sur la chaîne internationale National Geographic.  
                Elle devrait, une fois terminée et indépendamment des réserves 
                émises par la communauté archéologique locale qui craint une politisation 
                de la question, apporter aux Libanais la réponse à leurs questions 
                sur leurs origines.  
                 
                Dossier réalisé par Anne-Marie El-Hage pour L'Orient-Le 
                Jour  
             | 
           
         
         
         
        
           
             
              Les 
                estampilles de Tyr, précieuses indications sur l’évolution  
                de l’écriture phénicienne 
                  
                Figurine représentant le Dieu Bès 
                Dans cette région qui 
                a inventé et diffusé le système alphabétique, le bilan de l’épigraphie 
                phénicienne du Levant demeure désespérément restreint. Mis à part 
                quelques inscriptions dédicatoires exhumées à Tyr, en 1972, très 
                peu de documentations datant de l’époque phénicienne ont été mises 
                au jour. Les raisons de cette carence sont révélées par l’archéologue 
                Ibrahim Kaoukabani, dans un article intitulé « Les estampilles 
                phéniciennes de Tyr », paru dans le dernier numéro de la revue 
                « Archéologie et Histoire du Liban ». Tout d’abord, compte tenu 
                de la guerre civile, les travaux de fouilles menés sur les grands 
                sites du Liban « ne sont encore qu’à leur début et n’ont pas atteint, 
                hormis à Byblos, les couches hellénistiques et celles relatives 
                à l’âge d’or phénicien (entre le Xe et le Ve siècle avant JC) 
                », explique Kaoukabani. D’autre part, les écrits découverts jusque-là 
                sont gravés sur des matières résistantes, comme les statues, les 
                sarcophages et les stèles, alors que ceux qui sont enregistrés 
                sur des supports périssables, comme la céramique, le verre et 
                les parchemins, sont presque perdus, en raison du climat côtier 
                défavorable à leur conservation. Il faut ajouter à cela le coup 
                fatal porté à la civilisation phénicienne dès le IVe siècle avant 
                JC, c’est-à-dire depuis l’avènement d’Alexandre le Grand. Les 
                Hellènes qui considéraient les Phéniciens comme de sérieux rivaux 
                ont entrepris la destruction systématique des cités phéniciennes. 
                Cependant, souligne l’archéologue, « les Grecs ont répandu dans 
                l’ancien monde le nouvel esprit hellénique fondé à la fois sur 
                le Beau platonicien et la logique aristotélicienne qui ont aussi 
                adopté le système alphabétique phénicien pour le diffuser en Occident. 
                Et l’on sait combien les deux cultures se rapprochent, voire se 
                confondent, de sorte que les croyances ainsi véhiculées semblent 
                être bien identiques aussi bien en cosmogonie qu’en mythologie, 
                quoi que certains noms aient changé d’appellation», a-t-il fait 
                observer. Toutefois, 160 anses de jarres torsadées, timbrées d’inscriptions 
                phéniciennes, et quelque 200 autres inscrites en grec, le tout 
                exhumé en 1972, à Jal el-Bahr (à deux kilomètres au nord de Tyr), 
                sont des «prémices prometteuses». En effet, cette découverte pourrait 
                faire partie d’un lot qui permettrait de révéler des informations 
                précieuses sur les activités commerciales, religieuses, historiques 
                et culturelles des Phéniciens, mais aussi « des indications sur 
                l’évolution formelle de l’écriture phénicienne, en particulier 
                celle de la glyptique ». Ibrahim Kaoukabani signale, par ailleurs, 
                que la majeure partie des estampilles commence par le terme /Srt/ 
                «tyrienne» pour indiquer sans doute la vraie origine. Ces jarres 
                destinées à contenir des liquides (vin, huile) ou des denrées, 
                sont fabriquées et remplies dans des ateliers syriens pour les 
                exporter par voie maritime aux quatre coins du monde ancien qui 
                s’étend de l’Égypte «Msrm», au Sud, jusqu’à Rhodes et Chypre, 
                au Nord. Les estampilles rapportent également une série de noms 
                concernant les propriétaires. « Les anthroponymes sont généralement 
                des théophores, tantôt simples, tantôt composés, comprenant un 
                nom hypocoristique complété par un suffixe nominal ou verbal, 
                et le recensement de ces noms montre que les deux dieux, Baal 
                et Milqart, y sont les plus souvent cités», explique Kaoukabani, 
                mettant l’accent sur l’intérêt historique tout particulier que 
                comporte la double datation de ces estampilles. «Jusqu’à maintenant, 
                l’adoption d’une double date dans la cité phénicienne reste très 
                contestée.  
                  
                Or le fait qu’un bon nombre de ces estampilles 
                porte deux ères de datation différentes permet enfin d’élucider 
                ce problème et de trancher définitivement cette question en admettant 
                une ère propre au peuple de Tyr, débutant en 274/3 avant JC et 
                une autre plus récente qui commence en 126/5 avant JC. » On dénombre 
                aussi quatre exemplaires datés à l’égyptienne, c’est-à-dire que 
                « des lettres grecques y font fonction des chiffres introduits 
                par le sigle /L/, ce qui incite à les dater d’après l’ère d’Alexandre, 
                inaugurée le 1er août en l’an 30 avant JC.» Ces jarres semblent 
                être importées d’Égypte soit pour satisfaire le marché local, 
                soit pour les réexporter à l’étranger par l’intermédiaire du commerçant 
                tyrien. Enfin, compte tenu des relations commerciales déjà établies 
                entre la Phénicie, notamment Tyr, et le monde méditerranéen, «on 
                constate que ces rapports étaient à l’origine d’une réelle renaissance 
                culturelle et artistique née de ce métissage où les influences 
                grecques et égyptiennes se sont mêlées au substrat phénicien en 
                vue de l’enrichir»,  
                souligne encore Kaoukabani. 
                 
                Le temple  
                Signalons, enfin, que les estampilles phéniciennes ont été mises 
                au jour à proximité d’un bâtiment rectangulaire (5,50 m x 3,825 
                m) dont les fondations sont intactes et les murs, construits en 
                pierres sableuses couvertes d’enduit blanc, sont en partie démantelés. 
                Kaoukabani décrit l’intérieur de ce bâtiment qui est divisé transversalement 
                en deux salles aux dimensions égales. Dans la première salle, 
                à laquelle on accède par une porte latérale, est érigé un autel 
                coiffé d’une maçonnerie ayant la forme d’une table équarrie (55 
                cm x 55 cm) au bord mouluré. Reposant sur des fondations en pierres 
                de ramassage, le tronc de l’autel est couvert d’enduit ocre rougeâtre, 
                alors que son couronnement est badigeonné de blanc. Derrière cet 
                autel, trois rangées de gradins, aujourd’hui détruits à moitié, 
                ont été aménagées en banquettes sur lesquelles les fidèles déposaient 
                leurs offrandes en ex-voto. Des panneaux, peints alternativement 
                de gris, de bleu et d’ocre, décorent les parois à une hauteur 
                de 76 cm environ. Ils sont délimités au sommet par un galon rouge 
                ocre dont la largeur ne dépasse pas les 15 cm. Les angles sont, 
                en outre, dotés de piliers équarris (25 cm x 25 cm) peints en 
                rouge. Ils jouaient le rôle d’autels secondaires et sont marqués 
                au sommet par un listel bien prononcé. La seconde salle ressemble 
                initialement à la première, mais elle a subi ultérieurement un 
                changement radical pour y aménager un four qui en occupe par son 
                diamètre de plus de 189 cm toute la superficie. Ce four, qui a 
                livré une quantité de tessons à glaçure arabe, est daté entre 
                le VIIIe et le IXe siècle de notre ère. 
                La porte, qui desservait à l’origine cette salle, est toujours 
                obstruée par des pierres mêlées aux briques. Elle servait, semble-t-il, 
                à alimenter le foyer du four en combustibles. Ce temple, qui acquiert 
                l’aspect d’un sanctuaire à Jal el-Bahr, est entouré d’un mur d’enceinte 
                (40 m x 27 m) construit selon la technique phénicienne qui consiste 
                à dresser des piliers bien appareillés, délimitant des travées 
                remplies de pierres de ramassage mêlées à un moellon fait de chaux 
                et de sable. Un enduit peint en blanc devait les couvrir à l’extérieur 
                comme à l’intérieur. L’archéologue relève ensuite que tout près 
                de ce bâtiment, mais à un niveau supérieur, ont été exhumées des 
                tombes contenant des squelettes. Mais aussi, les 160 jarres torsadées 
                et timbrées d’inscriptions phéniciennes ainsi que 200 autres inscrites 
                en grec.  
             | 
           
         
        
        
        
           
             
               
                  
                    
                
                   
                     
                      À 
                        la recherche du lien entre les peuples du littoral  
                          
                        Mais cette première étape ne se limite 
                        pas à l’étude des gènes des seuls Libanais. « En effet, 
                        indique le généticien, les gènes de 400 Syriens du littoral, 
                        de 350 Tunisiens, de 250 Maltais, de 100 Palestiniens 
                        (du Liban), d’une cinquantaine de Jordaniens hachémites... 
                        sont aussi en cours d’étude. » Par ailleurs, et pour confirmer 
                        ses résultats par des preuves irréfutables, Pierre Zalloua 
                        entreprend de faire extraire l’ADN de quelques échantillons 
                        de dents phéniciennes, remontant à près de 4 000 ans, 
                        fournies par des archéologues libanais, alors que la Turquie 
                        lui a permis d’utiliser des dents ainsi que des échantillons 
                        de peau de la momie phénicienne King Tabnet (le roi des 
                        Phéniciens de Saïda), transférée en Turquie à l’époque 
                        des Ottomans. Recherche qui est entreprise par un laboratoire 
                        en Allemagne, « le seul au monde à être capable d’extraire 
                        un ADN aussi ancien », précise-t-il. Quant à l’objectif 
                        de cette première étape, il consiste à établir un lien 
                        commun entre les hommes du littoral libanais et les hommes 
                        des pays cités ci-dessus. Lien qui devrait être établi 
                        sitôt trouvé l’haplotype de chaque personne, au terme 
                        des 24 tests approfondis dont fera l’objet chaque échantillon 
                        de sang. Mais pourquoi l’échantillon est-il exclusivement 
                        composé d’hommes ? « Deux raisons majeures nous ont poussé, 
                        à ce stade de l’étude, à privilégier un échantillonnage 
                        exclusivement masculin », explique le chercheur. La première 
                        raison, scientifique, selon le Dr Zalloua, est que le 
                        chromosome sexuel « y » ne subit aucun croisement ou brassage 
                        génétique. En effet, une partie du bagage génétique de 
                        l’homme vient à 100 % de son père et n’est, en aucun cas, 
                        influencé par sa mère. On retrouve donc ce chromosome 
                        dans toute la descendance mâle. Il ne change pas par croisement, 
                        mais peut changer par mutation, même si cette mutation 
                        survient rarement. « Quant à la seconde raison, poursuit 
                        le généticien, elle s’explique par le fait que ce sont 
                        les hommes qui ont semé leurs gènes, car ce sont eux qui 
                        ont voyagé et qui se sont unis aux femmes, dans les pays 
                        où ils se sont rendus. » Certes, les recherches entreprises 
                        par le généticien ne permettront pas simplement de trouver 
                        l’haplotype phénicien, mais aussi de retracer les différentes 
                        ascendances des Libanais. « En effet, explique-t-il, le 
                        Liban a été le lieu de nombreuses invasions, mais il a 
                        été génétiquement marqué par trois grandes conquêtes, 
                        celles des Croisés, des Ottomans et des peuples de la 
                        péninsule arabique ». Aujourd’hui, Pierre Zalloua affirme 
                        avoir déjà les résultats préliminaires de la première 
                        étape de sa recherche. « Je ne suis pas encore en mesure 
                        de tout dévoiler, mais je peux dire que je suis sur la 
                        bonne voie », dit-il. Et de constater des ressemblances 
                        génétiques très importantes entre Libanais de régions 
                        et de religions différentes, notamment entre chiites et 
                        maronites, qui ont, tous deux, fortement subi l’influence 
                        des Croisés. Le généticien précise à ce propos que certaines 
                        familles sont majoritairement composées de blonds aux 
                        yeux bleus. Par ailleurs, il déclare avoir trouvé des 
                        liens surprenants, à un degré très élevé, entre les Libanais 
                        et les Maltais. « Je suis certain que j’arriverai à trouver 
                        un haplotype phénicien, affirme-t-il. J’ai déjà des preuves 
                        palpables de ce que j’avance. Mais il me faut davantage 
                        de temps et davantage de recherches ».  
                         
                     | 
                   
                 
                
                
                
                   
                     
                      Pierre 
                        Zalloua : 
                        « Il est grand temps 
                        de briser les tabous et d’en savoir plus sur les racines 
                        des Libanais. » 
                         
                        Un généticien passionné 
                        d’histoire et d’archéologie Pierre Zalloua est généticien-chercheur 
                        à l’Hôpital de l’Université américaine de Beyrouth (AUH), 
                        où il exerce depuis un an dans les deux départements de 
                        médecine interne et de gynécologie. Il a obtenu le « fellowship 
                        », titre académique de Harvard, au terme d’une spécialisation 
                        postdoctorale dans le domaine de la génétique, après 12 
                        années d’études dans cette prestigieuse université aux 
                        États-Unis. Parallèlement à l’étude génétique sur les 
                        Phéniciens qu’il conduit actuellement, le Dr Zalloua a 
                        publié une étude scientifique qu’il a menée sur la thalassémie 
                        (maladie qui touche 3% de la population libanaise), alors 
                        qu’il exerçait au Chronic Care Center.  
                         
                        Cette étude lui a notamment permis de retracer les migrations 
                        internes dans le pays.  
                        Pour ce jeune généticien d’une trentaine d’années, passionné 
                        d’histoire et d’archéologie, l’étude génétique qu’il conduit 
                        sur les Phéniciens est aujourd’hui sa priorité et, peut-être 
                        même, le projet de sa carrière.  
                          
                          
                     | 
                   
                 
                
                
                   
                     
                        
                        Quelques liens utiles sur 
                        la Phénicie 
                         
                        Notre préféré?:
                        Phéniciens.com
                        Comme le disent si bien ses auteurs, Souraya 
                        et Jad Abifarès, se pencher sur les phéniciens 
                        permet de préserver la mémoire tout en consolidant 
                        l'avenir! 
                         
                        mais aussi... 
                        La 
                        Phénicie,  pour 
                        tout connaitre des origines du peuple libanais grace à 
                        ce site particulièrement bien documenté. 
                        
                        
                        La 
                        Phénicie,  un 
                        autre site personnel qui démontre toute la fascination 
                        qu'elle exerce sur ceux qui respectent le berceau de notre 
                        civilisation.
                        
                        Tyr, 
                        grand port disparu;  le 
                        site sur les recherches des années 1930 de Antoine 
                        Poidebard est un véritable site musée avec 
                        des photos anciennes, aériennes et de plongée 
                        à la recherche du temps et de la gloire passés 
                        de la cité phénicienne. 
                        
                        
                        La 
                        Page des Phéniciens 
                        de l'encyclo Wikipédia 
                     | 
                   
                 
                
                
                
                
                
                 
                   
                   
                   
                   
                   
                   
                   
                   
                   
                   
                    
                   
                  Cette Page est encore en développement... 
                   
                   
               
             | 
             
               
                   
                    
                
                   
                     
                      Ouvrir 
                        le débat et briser les tabous:  
                        prouver que les Libanais,  
                        indépendamment de leur religion,  
                        sont les descendants des Phéniciens 
                         
                           
                         
                        Pierre Zalloua, passionné de génétique, 
                        d’archéologie et d’histoire, est aussi un amoureux du 
                        Liban. C’est cette passion qui a déclenché en lui l’idée, 
                        il y a 4 ans, d’entreprendre une étude sur les Phéniciens. 
                        Son hypothèse de base est la suivante : en étudiant les 
                        gènes des populations actuelles des régions par lesquelles 
                        sont passés les Phéniciens, il est possible de retracer 
                        leur histoire et d’isoler des caractères génétiques (haplotypes) 
                        communs à toutes ces populations. «Le caractère génétique 
                        phénicien existe et je suis à sa recherche, assure le 
                        généticien. Si je le retrouve, aussi bien au Liban, qu’à 
                        Malte, en Tunisie, en Espagne, ou en Anatolie, là où les 
                        Phéniciens ont vécu, je pourrais confirmer qu’il s’agit 
                        de l’haplotype phénicien et je pourrais aussi dire que 
                        les Libanais chez lesquels on le retrouve, et indépendamment 
                        de leur religion, sont bien les descendants des Phéniciens 
                        ». Mais comment Pierre Zalloua a-t-il procédé dans sa 
                        recherche ? « Cette étude génétique nécessite d’être conduite 
                        en plusieurs étapes, précise le chercheur. Dans une première 
                        phase, à partir d’une prise de sang, nous avons étudié 
                        les gènes d’un échantillon de 2 000 Libanais de sexe masculin 
                        issus de toutes les régions du pays, du littoral comme 
                        de la montagne. Nous avons particulièrement veillé à inclure 
                        à ce niveau un nombre important de pêcheurs des villes 
                        historiques de Saïda, Tyr et Jbeil, exerçant le métier 
                        de père en fils, et ce depuis des générations. » Trouver 
                        l’échantillon adéquat a été une simple formalité pour 
                        le généticien. En effet, sitôt informés de l’étude, des 
                        dizaines de pêcheurs, toutes confessions confondues, ont 
                        afflué dans les cafés portuaires, pour se prêter aux tests 
                        sanguins. « Travailler avec des hommes qui expriment avec 
                        une telle fierté leur sentiment d’appartenance au Liban 
                        était très agréable », observe à ce propos Pierre Zalloua. 
                         
                          
                        Un tabou à briser 
                        En effet, poursuivant l’analyse des données qu’il 
                        a jusque-là récoltées, et dans l’attente de voir la première 
                        étape de son étude publiée dans une revue scientifique, 
                        Pierre Zalloua envisage, dans une seconde étape, d’élargir 
                        son échantillon au Liban, au Moyen-Orient et en Afrique 
                        du Nord. Un échantillon qui serait composé de 5 000 Libanais 
                        des deux sexes et de 1 000 personnes de chacun des pays 
                        concernés. « Nous aurons alors la possibilité d’établir 
                        des études comparatives avec celles entreprises par d’autres 
                        chercheurs en Anatolie et en Espagne », indique-t-il. 
                        Mais cette seconde étape nécessite des fonds bien plus 
                        importants que ceux qui ont été débloqués jusque-là par 
                        la National Geographic Research and Exploration Society. 
                        En effet, malgré les promesses de cette dernière, ainsi 
                        que l’appui moral et scientifique de l’Université de Harvard, 
                        avec laquelle le généticien collabore régulièrement, les 
                        fonds nécessaires au démarrage de la seconde partie de 
                        l’étude manquent. « Je voudrais tellement que l’État libanais 
                        réalise que cette étude est un projet national », dit-il. 
                        Mais au-delà du bon vouloir d’un État d’aider ou non dans 
                        son étude un chercheur confirmé, au-delà de la volonté 
                        de ce même État de qualifier un projet de national, c’est 
                        un véritable débat à consonance politico-confessionnelle 
                        que l’étude de Pierre Zalloua ouvre aujourd’hui. Les Libanais 
                        sont-ils les descendants des Phéniciens ? Quels Libanais 
                        sont-ils les descendants des Phéniciens ? Quelle place 
                        occupe l’influence arabe dans leurs racines ? « Il est 
                        grand temps d’ouvrir enfin ce débat, pour briser le tabou 
                        relatif aux racines phéniciennes des Libanais », répond 
                        le chercheur, insistant sur le fait que l’haplotype phénicien 
                        remonte à 4000 ans, bien avant le christianisme et l’islam. 
                        « Ouvrir ce débat est d’ailleurs un des objectifs de l’étude 
                        », dit-il. Mais pour l’instant, et malgré l’intérêt scientifique 
                        international pour le sujet, les instances locales ne 
                        semblent pas prêtes à ouvrir le débat, pas plus qu’elles 
                        ne cherchent à faciliter la tâche au généticien. En effet, 
                        la Direction générale des antiquités (DGA) n’a pas jugé 
                        bon de mettre à la disposition du chercheur les échantillons 
                        de dents ou d’ossements dont elle dispose, qui lui sont 
                        nécessaires pour pousser son étude plus loin. Pierre Zalloua 
                        devra se suffire, pour le moment, des échantillons prélevés 
                        sur la momie phénicienne en Turquie, ainsi que des 4 échantillons 
                        de dents qui lui ont été fournis par des archéologues, 
                        dans le cadre de leurs fouilles.  
                     | 
                   
                 
                
                
                   
                     
                      Bibliographie 
                        phénicienne... 
                          
                         
                        illustration: couverture du livre,  
                        "Les Phéniciens, Aux origines du Liban" 
                        Eric Gubel & F.Briquel-Chatonnet 
                        Gallimard-1999  
                     | 
                   
                 
                
                
                   
                     
                      Le 
                        seul matériel disponible est inadéquat et non répertorié, 
                        selon la DGA  
                        Appui réservé dans le milieu archéologique local  
                         
                        L’étude scientifique 
                        entreprise par le généticien Pierre Zalloua semble avoir 
                        reçu un accueil mitigé dans le milieu archéologique local. 
                        Et pourtant, la collaboration des archéologues, pourvoyeurs 
                        potentiels en matériel archéologique remontant à l’époque 
                        phénicienne (dents, ossements, squelettes, fragments de 
                        peau de momies phéniciennes), pourrait permettre au chercheur 
                        de certifier irrévocablement ses résultats. Le seul matériel 
                        archéologique qu’il a pu se procurer s’est jusque-là chiffré 
                        à 4 dents phéniciennes, fournies par un archéologue, en 
                        plus de dents et de fragments de peau d’une momie phénicienne 
                        mis à sa disposition par la Turquie pour sa recherche. 
                        Quant au matériel archéologique dont dispose la Direction 
                        générale des antiquités (DGA), le Dr Zalloua n’y a pas 
                        eu accès. Le directeur de la DGA, Frédéric Husseini, explique 
                        les raisons de sa réticence à mettre des objets phéniciens 
                        à la disposition du généticien. « Nous ne disposons ni 
                        de dents ni d’ossements phéniciens, nous avons surtout 
                        des objets, genre poteries et vases, assure M. Husseini. 
                        C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas eu la possibilité 
                        de donner le matériel archéologique nécessaire au docteur 
                        Zalloua. » Et le directeur de la DGA d’expliquer que les 
                        objets mis au jour lors de fouilles relèvent généralement 
                        de la responsabilité scientifique des archéologues chargés 
                        des chantiers de fouilles de la DGA. « Si le généticien 
                        s’est vu remettre des dents phéniciennes de la part d’un 
                        archéologue, ce dernier est seul responsable de son acte 
                        », poursuit-il, ajoutant qu’il n’y a pas eu d’interdiction 
                        de la DGA à ce niveau. Quant aux dents anciennes dont 
                        dispose la DGA et qui sont entassées dans des caisses 
                        dans les sous-sols du Musée national, «elles sont hors 
                        contexte», observe Frédéric Husseini. Autrement dit, la 
                        DGA ne semble pas les avoir répertoriées ou même savoir 
                        à quelle époque elles remontent. «Je suis d’ailleurs convaincu 
                        que tous les objets et les restes dont on dispose ne seraient 
                        d’aucune utilité pour l’étude du Dr Zalloua », estime 
                        Frédéric Husseini, concluant que ce manque de collaboration 
                        n’est absolument pas de la mauvaise volonté. Confirmant 
                        les propos de M. Husseini, la conservatrice du Musée national, 
                        Suzy Hakimian, affirme que tout le matériel dont dispose 
                        la direction est carbonisé, contaminé ou alors couvert 
                        de poussière et qu’il ne peut pas être utile au chercheur. 
                        « Nous avons été sollicités par le Dr Zalloua qui voulait 
                        se procurer des dents de l’époque phénicienne, mais nous 
                        lui avons conseillé de se procurer ce matériel de nouveaux 
                        chantiers de fouilles », explique-t-elle. Mais au-delà 
                        de l’incapacité physique de la DGA d’aider le professeur-assistant 
                        Zalloua dans sa recherche, Mme Hakimian ne cache pas sa 
                        crainte des connotations politiques de cette étude. « 
                        J’ai bien peur que l’archéologie soit utilisée politiquement 
                        et qu’elle ne serve pas uniquement la science, confie-t-elle. 
                        J’ai d’ailleurs fait part de mes craintes au généticien 
                        et de la nécessité pour lui de se fixer des garde-fous 
                        ». De toute manière, indépendamment de l’avis personnel 
                        de chacun concernant la finalité de l’étude génétique 
                        sur les Phéniciens, indépendamment aussi du fait que la 
                        génétique se base sur la science et que l’archéologie 
                        est fondée sur les écrits et les objets mis au jour par 
                        les fouilles, la DGA laisse entrevoir une possibilité 
                        de collaboration future avec le Dr Zalloua, « mais en 
                        fonction des moyens et des disponibilités ».  
                         
                          
                        Confirmer ce que les historiens et archéologues pressentaient 
                         
                         
                        Pour l’historien Hareth Boustany, qui a effectué des recherches 
                        sur la relation des Libanais avec les Phéniciens, l’étude 
                        génétique menée par le docteur Zalloua ne risque en aucun 
                        cas de créer une polémique.  
                        « C’est une étude basée sur l’ADN, dit-il, qui cherche 
                        à prouver qu’une partie de la population libanaise a des 
                        gènes phéniciens. Une étude qui viendrait confirmer ce 
                        que les archéologues et les historiens pressentaient déjà. 
                        » « D’ailleurs, précise-t-il, le docteur Zalloua, coqueluche 
                        du monde scientifique, travaille avec des laboratoires 
                        de renommée internationale et a déjà obtenu des preuves 
                        scientifiques confirmant son hypothèse. » En fait, M. 
                        Boustany lie la thalassémie, maladie de sang, aux Phéniciens. 
                        La thalassémie ayant été, d’après lui, une maladie fréquente 
                        chez les Phéniciens. Elle aurait même été baptisée « maladie 
                        des Phéniciens » par les Européens.  
                        « Cette maladie existait à Malte, en Sardaigne, en Espagne 
                        et sur les côtes syrienne, palestinienne, libanaise, tunisienne, 
                        marocaine, et peut-être même sur la côte libyenne », estime 
                        Hareth Boustany. Aujourd’hui, elle touche 3 % de la population 
                        libanaise et « sur 100 cas étudiés par le Chronic Care 
                        Center, qui traite les cas de thalassémie au Liban, 82 
                        cas sont de confession musulmane », indique-t-il. Par 
                        ailleurs, poursuit l’historien, le Liban et la Syrie ne 
                        se sont jamais vidés de leurs habitants, malgré les différentes 
                        conquêtes. Il y a eu, au fil des siècles, une continuité 
                        d’occupation du sol par ses habitants, depuis la civilisation 
                        cananéenne, au IVe siècle avant J-C et jusqu’à nos jours. 
                        Et Hareth Boustany d’expliquer que les Cananéens et les 
                        Phéniciens peuvent être considérés comme étant un même 
                        peuple. Ce sont d’ailleurs les Grecs qui leur ont donné 
                        cette appellation de « Phoinikou », qui signifiait « les 
                        hommes rouges », probablement à cause de la pourpre qu’ils 
                        fabriquaient et dont ils faisaient le commerce sur les 
                        côtes. Eux se faisaient plutôt appeler Sidoniens, Tyriens, 
                        Bérytiens, selon la cité de laquelle ils venaient.  
                     | 
                   
                 
                  
                   
                  Vos réactions?  
                    
                  email/courriel: 
                    
                    
                    
                   
               
             | 
           
         
         
        « 
        Byblos à travers les âges », cru 2004 revu et complété  
        par Nina Jidéjian 
        
           
             
                
                Figurine en terre cuite aujoud'hui disparue, 
                 
                représentant un notable de l’âge du bronze ancien  
                 
                Byblos à travers les âges est une longue histoire, 
                si longue que le début se perd dans la nuit des temps. Mais « 
                Nina Jidéjian a un don de recherche patiente et un talent de présentation 
                » qui lui permettent d’« extraire et d’ordonner les faits de base 
                qui marquent le cours des évènements et ceux moins importants 
                mais évocateurs du détail pittoresque qui éveillera l’attention 
                », notait Maurice Dunand dans la préface de la première édition 
                parue en 1968, et dont le texte est repris pour le cru 2004, revu 
                et complété. L’éminent archéologue André Parrot estime quant à 
                lui que du fait de ses recherches ardues, « Nina Jidéjian a pu 
                écrire une grande fresque historique et une synthèse où la vie 
                de la “ sainte Byblos ” est parfaitement évoquée ». Rappelons 
                que l’idée du livre remonte aux années universitaires de l’auteur. 
                Pour préparer sa thèse d’histoire ancienne, Nina Jidéjian s’est 
                constamment référée aux rapports de Pierre Montet et Maurice Dunand 
                qui ont entrepris les fouilles de Byblos. « Il m’a semblé qu’il 
                ne serait pas sans intérêt de rassembler tout cela et de coordonner 
                les conclusions des découvertes archéologiques avec les inscriptions 
                et les textes anciens, explique l’auteur. Les quelques exposés 
                historiques qu’on y lira sur le Proche-Orient ont pour seul but 
                d’éclairer les périodes pauvrement représentées au point de vue 
                archéologique. En outre, j’expose les principales thèses de savants 
                qui ne sont pas d’accord sur tel ou tel point. »  
                Byblos à travers les âges, nouvelle édition, a été traduit 
                en français par Denise Halard-Jidéjian en collaboration avec le 
                R.P. René Lavant, s.j. L’ouvrage déroule 302 pages émaillées de 
                100 planches en noir et blanc et 36 en couleurs empruntées aux 
                collections du Musée national de Beyrouth, de l’Institut du monde 
                arabe (Paris), du musée du Louvre, du ministère libanais du Tourisme, 
                et une magnifique vue aérienne des temples prise par Raïf Nassif, 
                en 1968. Le livre reproduit pour la première fois des clichés 
                de figurines en terre cuite qui ornaient autrefois les vitrines 
                du Musée national de Beyrouth.  
                « Pour les soustraire au pillage de la guerre, ces pièces superbes 
                avaient été emmurées dans des chapes de béton et placées dans 
                les sous-sols du musée, mais beaucoup d’entre elles ont été définitivement 
                endommagées par l’humidité de la nappe phréatique. » Il ne reste 
                plus d’elles que des photographies souvenirs représentant, pour 
                ne citer que quelques-unes, deux agriculteurs avec leurs bovins 
                (IIIe millénaire), un fermier portant une coiffe ressemblant à 
                s’y méprendre à une « labbadé », un notable de l’âge du bronze 
                ancien ou encore un dignitaire avec sa haute coiffe conique retenue 
                par une lanière sous le menton, deux autels en terre cuite et 
                des sculptures d’animaux, dont une colombe vieille de cinq mille 
                ans.  
                Des faits divers  
                Revêtant son habit de conteur, Nina Jidéjian explore les vestiges, 
                les légendes et les richesses de ce petit port néolithique devenu 
                un important centre de commerce entretenant des relations avec 
                la Mésopotamie, le monde égéen et l’Égypte à qui il fournissait 
                le bois de cèdre pour les travaux de construction et les résines 
                indispensables à l’accomplissement des rites funéraires. Ses habitants, 
                réputés comme constructeurs de vaisseaux et comme tailleurs de 
                pierre, érigent le premier temple en Phénicie : celui de Baalat-Gebal, 
                la Dame de Byblos, qui a vu défiler les conquérants assyriens, 
                babyloniens, perses, grecs et romains, époque à laquelle la ville 
                devint le centre du culte d’Adonis. L’auteur fait aussi une petite 
                halte au cœur de la ville médiévale où « Saladin ordonne la construction 
                de la mosquée Sultan Abdel Majid, sur la place centrale, face 
                au château des Croisés ». Exploitant abondamment les inscriptions, 
                les récits bibliques, les textes orientaux de Pritchard et un 
                éventail de documents et rapports scientifiques, Nina Jidéjian 
                expose l’« essentiel des événements du passé » et signe une synthèse 
                de « l’état actuel de nos connaissances ». Au fil des pages, elle 
                relate les cultes de Byblos, les mythes, les mosaïques, les monnaies, 
                le déboisement de la montagne et met l’accent sur la « remarquable 
                habileté des artisans ». Elle décrit, avec maints détails pittoresques, 
                les objets et statues antiques dont celle de la déesse de la santé, 
                Hygeia, qui bascule de son socle et se casse au niveau du cou 
                lors du séisme du 16 juillet 555. La tête exhumée à une distance 
                du corps est recollée par les archéologues ; mais au cours des 
                événements de 1976-1990, un obus tombé près de la statue sanctionne 
                à nouveau la tête. Remise sur pied, Hygeia est aujourd’hui exposée 
                au Musée national de Beyrouth. Nina Jidéjian souligne également 
                l’importance de l’inscription gravée sur le couvercle du sarcophage 
                d’Ahiram, qui représente la forme la plus ancienne de l’alphabet 
                phénicien découvert jusqu’à ce jour et qui est traduite comme 
                suit : « Sarcophage qu’a fait Ittobaal, fils d’Ahiram roi de Gebal 
                (Byblos), pour Ahiram son père, comme demeure dans l’éternité. 
                Et si un roi parmi les rois, gouverneur parmi les gouverneurs, 
                dresse le camp contre Gebal et découvre ce sarcophage, le sceptre 
                de son pouvoir sera brisé, le trône de son roi se renversera et 
                la destruction fondra sur Gebal.  
                Quant à lui (le profanateur), son inscription s’effacera . »  
                 
                Tout un chapitre sur l'alphabet phénicien 
                 Le dernier chapitre est consacré à la naissance 
                et la diffusion de l’alphabet phénicien. « Hérodote, “ père de 
                l’histoire ” écrit que c’est le phénicien Cadmos et ses compagnons 
                qui ont introduit l’écriture en Grèce (Histoires 5.58). La formation 
                des lettres utilisées par les Grecs est si semblable, dans tous 
                les détails, aux alphabets sémitiques et phéniciens des IXe et 
                VIIIe siècles avant J-C, qu’elle est sûrement dérivée de l’écriture 
                nord-sémitique. Une comparaison entre les formes des lettres et 
                les mots qui les désignent (alpha, bêta, gamma, etc.) qui ne signifient 
                rien en grec mais qui sont descriptives en langue sémitique, confirme 
                cette théorie », indique Nina Jidéjian, ajoutant que « aleph désignant 
                la tête d’un bovin, bethe une maison, gimel un chameau ne laissent 
                plus de doute quant à la véracité de cette tradition. Hérodote 
                note que les Grecs se réfèrent à leurs lettres en les appelant 
                phoinikia grammata (caractères phéniciens), le plus ancien nom 
                de l’alphabet, preuve de son origine phénicienne . »  
             | 
           
         
        
         
         
        
        
           
            |  
               Liban 
                : Le miracle de Byblos  
                Ce sont les conflits religieux et les divisions 
                communautaires qui ont ravagé le pays. Après le départ des troupes 
                syriennes, les Libanais parviendront-ils à chasser leurs propres 
                démons ? Liban : Le miracle deByblos A 50 kilomètres au nord de 
                Beyrouth, sur la route de Tripoli, s’étale la ville côtière de 
                Jbeil, l’antique Byblos, fondée il y a sept mille ans par les 
                Grecs. La cité est bien connue des touristes pour ses sites archéologiques, 
                la cathédrale Saint-Jean-Marc, construite au xiie siècle par les 
                croisés, et ses restaurants de poisson. On ignore en revanche 
                que dans cette ville et aux alentours, les chrétiens et les musulmans 
                ne se sont jamais combattus durant les quinze années de la terrible 
                guerre civile (1975-1990) qui a ravagé le Liban. C’est même au 
                cours du conflit que Jbeil s’est étendue – le district compte 
                aujourd’hui 45 000 habitants – accueillant des entreprises qui 
                ne pouvaient plus travailler à Beyrouth et des Libanais aisés, 
                chrétiens et musulmans, fuyant les combats. On ne sait par quel 
                miracle, Byblos n’eut pas à souffrir des affres de la guerre, 
                ni de l’occupation syrienne. Petit, râblé, un cigare aux lèvres, 
                Gino Kallab, 60 ans, président de l’agglomération depuis un an, 
                explique comme une évidence pourquoi sa région a échappé à la 
                tuerie: «Nous avons toujours vécu en bonne intelligence. La mentalité 
                des habitants d’ici est différente: c’est comme ça. Nous vivons 
                du tourisme et du commerce. Les gens sont habitués les uns aux 
                autres.» Dans ce pays longtemps déchiré où la division communautaire 
                et religieuse est inscrite dans la Constitution, il n’est pourtant 
                pas fréquent de trouver réunis dans un même projet des chrétiens 
                et des musulmans. Byblos, de ce point de vue, n’échappe pas totalement 
                à la règle. Les partisans du général Aoun, revenu de son exil 
                parisien en «libérateur», et les Forces libanaises de Samir Geagea 
                – un des responsables des massacres des camps palestiniens de 
                Sabra et Chatila en 1982, qui devrait bientôt sortir de prison 
                où l’avait expédié feu Rafic Hariri, alors Premier ministre – 
                tiennent le haut du pavé.  
                Mais ici, ce n’est pas Beyrouth: pas de banderoles souhaitant 
                la bienvenue à Michel Aoun; pas de cortèges de voitures avec drapeaux 
                au vent des Forces libanaises, réclamant la libération de leur 
                chef. Idem du côté musulman, majoritairement chiite, où les sympathisants 
                du Hezbollah se montrent assez discrets. D’ailleurs, à Byblos, 
                la campagne pour les élections législatives, qui débuteront le 
                29 mai à Beyrouth, suscite davantage de méfiance que d’enthousiasme. 
                Publicité «Maintenant que les Syriens sont partis, ils vont commencer 
                à se battre entre eux», affirme Rachid, 54 ans, commerçant, qui 
                ne lit pas la presse et avoue ne plus s’intéresser à la politique. 
                Cette prédiction est déjà une réalité. La fitna, la discorde, 
                a fait imploser le camp antisyrien qui avait pourtant rassemblé 
                des dizaines de milliers de Libanais de toutes les confessions, 
                après l’assassinat de Rafic Hariri il y a trois mois. Ruptures 
                étonnantes, alliances improbables, réconciliations étranges: rien 
                ne va plus aujourd’hui au sein de cette opposition, minée par 
                les ambitions personnelles. Ainsi, le général Aoun tire à boulets 
                rouges sur la figure de proue de l’intifada pacifique, le leader 
                druze Walid Joumblatt, qu’il accuse de changer d’avis tous les 
                jours. Solange Gemayel, la veuve de l’ancien président de la République 
                Béchir Gemayel, lui aussi mort assassiné, en 1982, s’est inscrite 
                sur la liste de Saad Hariri, fils de l’ancien Premier ministre, 
                pour être certaine d’être élue députée de Beyrouth. Depuis sa 
                cellule, Samir Geagea a amorcé un rapprochement avec son ennemi 
                d’hier, Walid Joumblatt. Quant à Bahia Hariri, la sœur du martyr, 
                que les observateurs occidentaux voyaient comme la future tête 
                de liste d’une opposition unifiée, elle a décidé de se présenter, 
                à titre individuel, dans la ville de Saïda (Liban-Sud). La politique 
                au Liban continue de ressembler à une charge notariale où le fils, 
                la fille, le frère ou la veuve succède au père. «C’est la valse 
                des pantins», écrit, ulcéré, l’éditorialiste Ziyad Makhoul, dans 
                le quotidien «l’Orient-le Jour.» Monique Zheb, 32 ans, pédiatre, 
                est membre du conseil municipal de Jbeil. Enfant pendant la guerre, 
                elle n’a aucun souvenir, si ce n’est le canon qui tonnait au loin. 
                «Ce que je souhaite pour mon pays, dit-elle, c’est la fin du communautarisme 
                et du confessionnalisme.  
                L’exemple de Byblos doit être généralisé, pour qu’un jour 
                les gens disent: je suis libanais d’abord. Après tout, peut-être 
                que la zizanie actuelle dans les rangs de l’opposition est une 
                chance, car elle transcende les clivages religieux.» Cette nouvelle 
                petite musique commence aussi à se faire entendre, parmi les musulmans 
                de la ville. Issam Awwad, 52 ans, comptable dans une grande société 
                de traitement de l’eau, a inscrit ses enfants dans une école chrétienne 
                de Jbeil. «Il faut commencer par l’école, si on veut un jour vivre 
                dans une société mixte», assure-t-il. Sa fille Hanane, 17 ans, 
                prépare le bac philo. Elle parle couramment le français et l’anglais: 
                «A Byblos, tous mes amis sont chrétiens. Je n’ai aucun problème. 
                Mais normalement, je ne devrais pas avoir à dire que mes amis 
                sont chrétiens. Un ami est un ami, non? Nous sommes encore prisonniers 
                de notre histoire.» A une demi-heure de Jbeil, de nombreux villages 
                constellent le Mont-Liban. Certains sont fixés sur les cimes, 
                d’autres, cramponnés à la roche, semblent prêts à glisser sur 
                les pentes très inclinées, d’autres enfin s’étendent à leur aise 
                dans les vallées. Et un peu partout, des couvents maronites et 
                des mosquées. Presque tous les couvents occupent des points culminants, 
                comme celui de Saint-Charbel (1 200 mètres) qu’on voit à plusieurs 
                kilomètres à la ronde. Ici, chose rare dans la montagne libanaise, 
                les cloches qui sonnent et l’appel du muezzin ont toujours résonné 
                en harmonie. Les maronites sont largement majoritaires mais, dans 
                plusieurs villages, les populations sont mêlées. Depuis la terrasse 
                de l’église de Toulzïa, à 900 mètres d’altitude, la vue sur la 
                vallée est imprenable. Le père Marroun Ghalios, 60 ans, «abouna» 
                («notre père»), comme l’appellent aussi bien ses ouailles que 
                les villageois musulmans, est persuadé que seul un miracle a épargné 
                la région de la folie des hommes: «Nous avons toujours vécu ensemble, 
                depuis les temps anciens. D’ailleurs, trois familles musulmanes 
                vivent au village. Pendant la guerre, je rencontrais souvent l’imam 
                de Hagela, le village voisin. Quand il y avait un décès ici, les 
                musulmans venaient pour les funérailles; nous faisions de même. 
                Et l’été, nous préparions les grains pour l’hiver ensemble, se 
                souvient-il. On a toujours vécu de façon indépendante, cela nous 
                a peut-être préservés.» Selon une légende, un ermite, abouna Makhlouf 
                Charbel, qui vécut au xixe siècle dans le village d’Annaya où 
                se dresse aujourd’hui le couvent qui abrite son mausolée, avait 
                le don d’accomplir des miracles auprès des malades. Des villageois 
                chrétiens et musulmans racontent qu’en 1950 encore un prisonnier 
                musulman atteint de cécité à l’œil gauche, d’un ulcère à l’estomac 
                et d’arthrite chronique fut guéri après s’être aspergé d’eau bénite 
                rapportée d’Annaya. La croyance demeure si présente que de nombreux 
                musulmans des villages alentour continuent de se rendre chaque 
                année en pèlerinage au couvent de Saint-Charbel. Est-ce dans le 
                syncrétisme que réside la recette de la cohabitation sereine des 
                montagnards du district de Jbeil?  
                Pour Emile, 26 ans, un étudiant originaire de la région qui prépare 
                un doctorat d’histoire à la faculté Saint-Joseph-de-Beyrouth, 
                «cette croyance est fondamentale. Elle soude les villageois comme 
                une tradition commune. Et peu importe si les miracles sont réels 
                ou non, l’important, c’est qu’ils y croient ensemble». Une autre 
                thèse est avancée par le moukhtar (maire) du village musulman 
                d’Almat, Haïdar Ahmed, 65 ans: «Nos villages ne sont peuplés que 
                d’enfants du pays. Il n’y a pas d’étrangers; la terre se transmet 
                de génération en génération. Pendant la guerre civile, les miliciens 
                chrétiens, qui érigeaient des barrages sur la route de Beyrouth 
                et de Tripoli, n’étaient pas de chez nous. Ils venaient de la 
                capitale. Seule une poignée de chrétiens de la région se sont 
                enrôlés dans les milices pour combattre à Beyrouth.» Quant aux 
                villageois musulmans, aux dires de tous, pas un seul ne serait 
                parti pour se battre. Mustapha Haddad, 54 ans, était chauffeur 
                de taxi pendant les années de guerre. A plusieurs reprises, il 
                a failli se faire tuer par les miliciens chrétiens, sur la route 
                Beyrouth-Jbeil. «Quand on est jeune, on est inconscient du danger, 
                reconnaît l’ancien chauffeur. Une fois, c’était en 1980, je transportais 
                un homme d’affaires allemand, que j’avais pris à Achrafieh, le 
                quartier chrétien de Beyrouth. Je devais conduire ce client au 
                port de Jounieh, sur la route de Byblos. A peine avions- nous 
                parcouru un kilomètre qu’un barrage des Kataëb (les phalanges) 
                nous a forcés à stopper. Le chef m’a fait descendre, un autre 
                homme a ouvert un grand livre sur lequel figurait une liste de 
                noms de musulmans. Comme le mien n’y était pas, ils m’ont laissé 
                partir.» Musulman, chrétien, chacun a une anecdote. Rafic Lahout, 
                42 ans, maronite, père de six enfants, travaille comme peintre 
                en bâtiment, habite le village de Toulzïa. Au début de la guerre, 
                il avait 12 ans. «Je n’ai pas eu de jeunesse, nous vivions reclus 
                au village mais nous n’avons pas souffert comme les autres. En 
                1982, j’ai été sollicité par des miliciens pour m’enrôler; j’ai 
                refusé. Alors on m’a demandé de provoquer mes voisins musulmans. 
                Je suis allé trouver mon grand-père, il est allé voir ces miliciens 
                pour leur dire de ne pas toucher les musulmans, sinon ça allait 
                barder.» Aujourd’hui Rafic rêve, lui aussi, d’un Liban qui serait 
                débarrassé du confessionnalisme: «Je suis croyant, mais je pense 
                que la religion doit rester à l’église et à la mosquée. Sinon, 
                nous n’avancerons jamais.»  
                 
                Selon les statistiques, aucune confession ne dépasse le tiers 
                de l’ensemble de la population libanaise. Pourtant, les chrétiens 
                sont persuadés que les musulmans sont les plus nombreux. Ce qui 
                est à la fois vrai et faux en même temps. Car les musulmans se 
                répartissent entre sunnites et chiites. Et leurs intérêts sont 
                le plus souvent divergents. De plus, la chute de la démographie 
                frappe toutes les composantes du pays, comme le montrent plusieurs 
                enquêtes récentes. Mais ce sentiment de former une minorité menacée 
                perdure, et engendre des peurs irraisonnées dans le camp chrétien. 
                Tous les observateurs de la vie politique libanaise estiment qu’une 
                laïcité à la française n’aurait aucune chance de s’imposer au 
                Liban dans un proche avenir. Ils croient en revanche possible 
                une évolution vers une société progressivement sécularisée. Pour 
                Samir Kassir, politologue et éditorialiste du quotidien «An-Nahar», 
                le confessionnalisme n’est pas près de s’éteindre:«On ne change 
                pas les mœurs politiques en un coup de baguette magique. Le peuple 
                libanais a obtenu une première victoire: le départ de l’armée 
                syrienne. Il faut espérer qu’un jour les centaines de milliers 
                de gens qui sont descendus dans la rue recommencent pour la démocratie 
                et la fin du communautarisme.» Ce matin, au village d’Almat, Joseph, 
                le conducteur de bulldozer, est venu aider son ami Mustapha, l’ancien 
                chauffeur de taxi, à égaliser un terrain accidenté et argileux. 
                C’est à la dynamite qu’ils ont eu raison de cette terre ingrate. 
                La déconfessionnalisation, ils la vivent depuis toujours.  
                 
                Farid 
                Aichoune  
             | 
           
         
         
         
         
         
         
         
         
        
         
         
     |