|  
              
             | 
           
           
             
                
                Les auteurs célébrés 
                Zeina 
                Abi Rached, auteur francophone, artiste spécialisée 
                en dessin graphique et en animation 2D, a publié deux ouvrages 
                aux éditions Cambourakis: 38, rue Youssef Semaan et Beyrouth 
                et Catharsis (2006). Les deux uvres relèvent autant 
                de lobjet dart que de la bande dessinée traditionnelle. 
                 
                Son prochain livre est paru en septembre 2007.  
                 Mohammad Abi Samra, auteur arabophone, journaliste 
                à an-Nahar. Dans son dernier roman, Soukkan al-souwar (Les 
                habitants des images, 2003), il retrace lépopée 
                des immigres du Liban-Sud dans la capitale. Dans son premier roman, 
                al-Rajol al-Sabik (Lhomme antérieur, 1995), il ajoute 
                au roman de la guerre civile un chaînon nécessaire 
                qui consiste dans le traitement psychologique.  
                 Abbas Beydoun, auteur arabophone, poète, 
                essayiste, et critique littéraire, il est rédacteur 
                en chef du supplément culturel du quotidien as-Safir. Deux 
                ouvrages traduits édités chez Actes Sud: Le poème 
                de Tyr, 2002 et Tombes de verres, 2007. 
                 Rachid el-Daïf, lun des auteurs arabes 
                les plus connus et les plus traduits en Europe. Enseignant de 
                littérature arabe à lUL, il a publié 
                de nombreux recueils de poèmes et romans pour lesquels 
                il a été primé. Ouvrages traduits chez Actes 
                Sud : Cher Monsieur Kawabata, 1998 ; Learning English, 2002 ; 
                Quelle aille au diable Meryl Streep, 2004 ; Fais voir tes 
                jambes, Leila, 2006.  
                 Hassan Daoud, auteur arabophone, a collaboré 
                en tant que rédacteur en chef à plusieurs journaux 
                et revues. Deux romans traduits chez Actes Sud : Limmeuble 
                de Mathilde, 1998 et Des jours en trop, 2001.  
                 Tamirace Fakhoury a publié à lâge 
                de 9 ans un poème en arabe. Mais cest en français 
                quelle a signé trois recueils chez Dar an-Nahar. 
                 
                 Joumana Haddad, journaliste au quotidien an-Nahar. 
                Auteur de plusieurs recueils de poésie en arabe et en français. 
                 Imane Humaydane-Younès possède a son 
                actif un roman Ville à vif, paru aux éditions Verticales 
                en 2004. Son deuxième roman sortira en septembre 2007. 
                 
                 Élias Khoury, critique littéraire, 
                essayiste et chroniqueur, il est lauteur de huit romans 
                traduits et publies chez Actes Sud  
                qui lont placé parmi les meilleurs écrivains 
                arabes.  
                 Charif Majdalani, auteur francophone, dirige le 
                département des lettres françaises de lUSJ. 
                Il conte dans son roman Histoire de la grande maison (éd. 
                du Seuil, 2005) les grandeurs et la décadence dune 
                famille libanaise, témoin de lhistoire du pays.  
                 Alawiya Sobh, critique littéraire arabophone. 
                Son roman, Marie des Récits, est en cours de traduction 
                chez Gallimard, à paraître en octobre 2007.  
                 Yasmina Traboulsi, juriste de formation, partage 
                sa vie entre Londres où elle est documentaliste et Teresopolis, 
                près de Rio de Janeiro.  
                Son premier roman, Les enfants de la place, a été 
                publié en 2003 au Mercure de France. Un roman est en préparation 
                sur Beyrouth. 
                 
                  
                Après la Nouvelle-Zélande 
                en 2006, lédition 2007  
                des « Belles étrangères » consacrée 
                au Liban 
                Lon dit souvent que si vous voulez découvrir un pays, 
                commencez par vous plonger dans ses livres. Cest donc pour 
                dévoiler les mystères des littératures étrangères 
                et de leur pays dorigine quune manifestation comme 
                les «Belles étrangères» a été 
                créée en France en 1987. Pour célébrer 
                (en beauté) les 20 ans de cette manifestation, en 2007, 
                du 12 au 25 novembre, les «Belles 
                étrangères» seront consacrées 
                à la littérature libanaise, de langue arabe et française. 
                Le Centre national du livre en France, organisateur de lévénement, 
                invitera ainsi 12 écrivains libanais, 8 auteurs arabophones 
                et 4 auteurs francophones, représentatifs de la diversité 
                et de la richesse de la création littéraire libanaise 
                daujourdhui. 
                  
                 
                Les noms des heureux élus ont été annoncés 
                le samedi 31 Mars 2007 au cours dune conférence de 
                presse tenue à la Résidence des Pins (voir photo 
                ci-dessus) en présence de Bernard Émie, ambassadeur 
                de France et maître des lieux; de Benoît Yvert, directeur 
                du livre et de la lecture du ministère français 
                de la Culture et président du Centre national du livre; 
                 
                de Martine Grelle, chef du bureau des échanges internationaux 
                au CNL et commissaire des «Belles étrangères»; 
                de Mohammad Kacimi, écrivain, dramaturge, conseiller littéraire 
                de la manifestation, et de Denis Gaillard, conseiller culturel 
                près lambassade de France à Beyrouth. 
                Tournée plus particulièrement vers les littératures 
                insuffisamment traduites en français, cette manifestation 
                originale sest imposée en treize ans dexistence 
                et trente et une éditions comme un des événements 
                phares de la scène littéraire française. 
                Sa formule consiste à inviter en France, pendant deux semaines, 
                une douzaine décrivains représentatifs de 
                la littérature de leur pays et à les faire dialoguer 
                de vive voix avec les Français à travers des tables 
                rondes, des débats et des lectures publiques. Un livre 
                et un film accompagnent lévénement. 
                Ces rencontres ne se font pas uniquement à Paris. Après 
                la soirée inaugurale parisienne, les écrivains invités 
                sont conduits par le Centre national du livre (CNL), maître 
                duvre de lopération, à travers 
                toute la France pour quils puissent rencontrer aussi le 
                public des petites et grandes villes de province. Le CNL sappuie 
                pour cela sur son vaste réseau de bibliothèques, 
                de maisons de la culture, de librairies partenaires, où 
                les écrivains sont accueillis le temps dune soirée 
                ou dun débat. Les médias audiovisuels (Radio 
                France internationale, la chaîne franco-allemande Arte) 
                sont aussi présents et contribuent à faire de ces 
                rencontres un événement réellement national. 
                 
                Lautre souci des organisateurs, cest la disponibilité 
                des traductions en français. «Nous essayons de choisir 
                une majorité décrivains déjà 
                publiés en France, car autrement les rencontres avec le 
                public ne peuvent pas se faire de façon intéressante, 
                rappelle Benoît Yvert, directeur du CNL. Mais on prend toujours 
                deux ou trois auteurs encore non traduits et dont les premiers 
                textes sont publiés dans lanthologie (coproduite 
                avec les éditions de lAube) que nous faisons paraître 
                à loccasion des Belles étrangères.» 
                 
                Cet important travail de sélection et de prospection se 
                traduit par la parution dune profusion de nouveaux titres 
                à chaque édition des «Belles étrangères». 
                Il suscite aussi quelques répercussions imprévues: 
                une librairie parisienne prise dassaut par des passionnés 
                de la littérature tchèque lors de lédition 
                qui lui était consacrée, ou des bibliothèques 
                de prêt qui sapprovisionnent massivement en littérature 
                coréenne, révélée par les «Belles 
                étrangères» de 1995, pour répondre 
                à la demande de leur public.  
                Mais limpact réel de ce festival se situe ailleurs, 
                sur le plan de la conception et de lapproche de lAutre. 
                 
                Concernant les auteurs sélectionnés par le comite 
                du CNL, Martine Grelle, commissaire de lévénement, 
                avoue que généralement, «létablissement 
                de cette liste est le moment le plus long et le plus difficile. 
                Il faut quelle soit la plus représentative possible 
                des tendances contemporaines et reconnues de la littérature 
                du pays invité. Sans oublier les jeunes espoirs qui promettent 
                pour lavenir. Pour le Liban, a-t-elle ajouté, les 
                choses se sont déroulées assez rapidement avec un 
                consensus presque général et une équité 
                hommes-femmes très intéressante». 
                Dans son allocution, lambassadeur Émie a rendu hommage 
                aux acteurs de la chaîne du livre au Liban qui constituent 
                «une communauté particulièrement dynamique 
                dans un pays quon peut considérer comme la véritable 
                plaque tournante de lédition dans la région». 
                Il a précisé que la composante francophone de cette 
                famille fait preuve dune vitalité toute particulière 
                et elle se retrouve chaque année en octobre pour cette 
                grande fête quest le Salon du livre francophone de 
                Beyrouth, le troisième en français après 
                Paris et Montréal.  
                Émie a rappelé, dans ce cadre, laccord de 
                coopération sur 3 ans, signé entre la France et 
                le Liban avec un montant de 1,5 million deuros, «pour 
                favoriser le développement des bibliothèques publiques 
                notamment dans les régions touchées par le cruel 
                et inutile conflit de lété dernier». 
                 
                Bernard Émie a réaffirmé, pour conclure, 
                le soutien de la France et son engagement qui profite à 
                lensemble de la population libanaise. On souhaite que les 
                «Belles étrangères» soit loccasion 
                pour le grand public français de «découvrir 
                un autre Liban, un Liban qui a su lété dernier 
                continuer a rêver sous les bombes, un Liban qui crée 
                aujourdhui, malgré la douleur, un Liban qui écrit 
                pour survivre, un Liban qui ne renonce pas».  
                 
             | 
           
         
        
        
        
        
        
           
            |  
               Le 
                Prix Littéraire FRANCE-LIBAN 2004 attribué 
                le 17 Novembre 2004 à... 
                Elias Jabre pour son roman d'anticipation "Immortalis" 
             | 
           
           
             
              
                
                   
                    |  
                       Auteurs, 
                        inscrivez-vous pour l'édition 2007 
                        En prévision de la présélection des ouvrages à concourir 
                        pour le prix littéraire "France-Liban", les auteurs intéressés 
                        (Libanais et Français) ayant publié une oeuvre en langue 
                        française entre 2006 et 2007, sont invités à se faire 
                        connaître auprès du responsable du prix, Abdallah Naaman, 
                        en lui adressant un exemplaire de leurs ouvrages respectifs, 
                        accompagné d'un cirriculum vitae, à l'adresse suivante: 
                        3 Villa Copernic,  
                        75116 Paris, avant le 28 février 2008.  
                     | 
                   
                 
                
                
                   
                     
                      Seconde 
                        récompense pour Elias Jabre après celle 
                        du 
                        prix du roman fantastique 
                        du Festival de Gerardmer 2004 (Fantastic’arts)
                         
                        Voyage 
                        dans le futur éternel  
                        Elias Jabre est né en 
                        1975 au Liban. Après des études de droit et un passage 
                        par la fiscalité internationale, il se passionne pour 
                        les nouvelles technologies qui le conduisent à travailler 
                        au développement des activités électroniques d'un groupe 
                        d'édition. Immortalis est son premier roman.  
                        Ce récit d'anticipation aux multiples rebondissements 
                        rappelle que ce siècle verra se jouer l'enjeu de l'espèce. 
                        Il retrace le drame de personnages liés par l'amour et 
                        par le sang, happés dans la spirale du progrès. Ils devront 
                        faire des choix déterminants pour l'avenir de l'humanité. 
                        Mais ont-ils le choix ?  
                     | 
                   
                 
                 
                Comme elle le fait chaque année depuis plus de vingt ans, 
                l'ADELF, Association des Ecrivains de Langue Française 
                prépare la réunion du jury* en charge de décerner 
                ce prix qui récompense un auteur libanais ou francophone 
                dont le Liban a été au cours de l'année écoulée 
                le thème central d'un livre. 
                On connait désormais les 23 auteurs nominés pour 
                cette 23ème édition qui démontre que 2004 
                fut une année particulièrement féconde et 
                que les auteurs libanais choisissant la langue française 
                comme langue d'écriture sont de plus en plus nombreux: 
                 
                Chez An-Nahar: Ronald Barakat 
                pour Amour et pénombre  
                Rita Baddoura pour La Naissance du dé 
                Rita Bassil pour Beyrouth ou le masque d'Or 
                Irène Lehr pour "De St Pétersbourg à 
                Ain El Mreissé" 
                Lutfallah Manassah pour La belle sunnamite 
                 
                Chez L'Harmattan: Mirna Hanna 
                pour Nouvelles d'un néant inversé 
                Semaan Kfoury pour "Drogman" 
                Véronique Ruggirello pour Khiam, prison de la honte 
                Nader Srage pour Dialogue des langues 
                 
                Chez Mercure de France: Soraya 
                Khalidi pour Le goût de Beyrouth 
                Yasmina Traboulsi pour Les enfants de la place  
                 
                Aux PUF: Eric Debié 
                pour Le Liban reconstruit 
                Chez Karthala: Carmen Boustani 
                pour Effets du féminin 
                Chez Gallimard: Dominique Eddé 
                pour Le cerf-volant 
                Chez La Nouvelle Pleiade: Patricia 
                Elias pour Née du Silence 
                Chez Geuthner: Manar Hammad pour 
                "Aux racines du Proche-Orient" 
                Chez Le Manuscrit: Elyane Gorsira 
                pour Jérusalem et Byzance 
                Beyrouth: Victor Hachem pour 
                Antoura de 1657 à nos jours 
                Chez JC Lattès: Elias Jabre 
                pour Immortalis 
                Chez Robert Laffont: Jean-Sélim 
                Kanaan pour Ma guerre à l'indifférence 
                Chez Fayard: Samir Kassir 
                pour Histoire de Beyrouth 
                Chez Odile Jacob: Mozayan Osseiran 
                Houbbalah pour L'enfant-soldat 
                et enfin, Michael Davie pour La maison Beyrouthine 
                 
                * Le Jury de l'ADELF est composé 
                de huit membres: 
                Mr Charles Zorgbibe(Président), Mr Abdallah Naaman(responsable 
                du prix), Paul Blanc, Vénus Khoury-Ghata, Adel Ismail, 
                Bahjat Rizk, Charles Rizk et Bassam Tourbah 
                 
                Fondée en 1926, 
                la Société des écrivains coloniaux rebaptisée ADELF sous la présidence 
                de Henri Queffélec (1964-68) a pour objet de favoriser dans le 
                monde l'expansion des littératures de langue française, de soutenir 
                les écrivains de langue française résidant hors de France, de 
                grouper les activités d'ordre intellectuel et social relatives 
                à la défense et au rayonnement des civilisations du monde francophone, 
                de sauvegarder les intérêts moraux et matériels des écrivains 
                appartenant à l'association. L'ADELF compte plusieurs centaines 
                d'écrivains appartenant à 65 nationalités : les écrivains de pays 
                dont le français est langue nationale, de culture ou d'usage, 
                et aussi des écrivains qui ont choisi le français pour écrire. 
                 
                ADELF: 14,rue Broussais, 75014 Paris 
                Tel: 01 43 219599 
                 
                Par ailleurs, le prix hors concours est 
                allé à la professeur 
                Carmen Boustani pour son livre Effets du 
                féminin,  
                variations narratives francophones, publié chez Khathala. À signaler 
                que ce prix hors concours, à part à Carmen Boustani, a été décerné 
                quatre fois en 20 ans (1981 au Dr Adel Ismaïl, 1987 au président 
                Charles Hélou, 1998 à l’ambassadeur Nasri Salhab,  
                2003 au professeur Jad Hatem).   
             | 
           
         
        
        
           
             
                
                Entre France et Liban
                Regards appuyés pour:
                L’ENFANT 
                DU SECRET, 
                 par 
                Alexandrine Siham  
                ou l'histoire du parcours d'un 
                enfant adopté entre deux pays:  
                   
                Quête, identités et droits à travers le témoignage 
                d'une femme et de son vécu, sur le mystère des origines entre 
                la France et le Liban (1965-2003)  
                "Plus de trente ans après son adoption par 
                une famille française, Alexandrine Siham nous livre ici le récit 
                de son parcours et sa quête des origines : depuis l’orphelinat 
                des premières années, l’auteur évoque tour à tour l’oubli, la 
                fuite en avant vers d’autres terres d’adoption, puis le retour 
                au Liban natal après les années de guerre. Une véritable enquête 
                s’engage alors, aventure médiatique et humaine, pour retrouver 
                celle a qui a donné au jour une 
                "enfant de la honte"…Celle qui, par une grossesse illégitime, 
                a déshonoré sa famille et a encouru le " crime d’honneur ". Ce 
                récit, autobiographique, pose la question de l’accès aux origines 
                et s’inscrit ainsi dans un contexte ou l’accouchement sous X et 
                l’adoption d’enfants étrangers agitent l’opinion suscitant débat 
                et réformes. Avant tout cependant, L’enfant du secret se présente 
                comme le témoignage sensible d’une histoire d’amour entre une 
                enfant et ses parents d’adoption, un vibrant appel à la vie." 
                 
                Un premier livre qui mérite 
                une attention particulière tant il colle à la réalité 
                 
                d'une certaine génération libanaise. 
                Editeur : L’harmattan, collection "Graveur de mémoires". 
                 
                 
                Invitation 
                à la conférence au Salon "lire en français" 
                de Beyrouth 
                et à la séance de signature du 24 Octobre avec la 
                Librairie Antoine 
                Présentation à Paris le 24 
                Novembre 2004, Librairie Alizées (M° Cardinal Lemoine). 
                 
                Le message d’amour et le cri de souffrance d’Alexandrine Siham 
                 
                dans « L’enfant du secret »-- 
                Alexandrine Siham, c’est « 
                l’enfant du secret », l’enfant aux deux prénoms, l’enfant 
                aux deux identités. La première, l’originale, la Libanaise, c’est 
                Siham ou plutôt Siham Nelly qui, jusqu’à l’âge de 4 ans, était 
                une enfant abandonnée, illégitime, une enfant de la honte recueillie 
                par les religieuses de la crèche Saint-Vincent-de-Paul et à laquelle 
                elles ont donné un nom, une identité. La seconde, Alexandrine, 
                est de nationalité française. Elle a aujourd’hui 39 ans. Née à 
                l’âge de 4 ans, alors qu’elle venait d’être adoptée par un couple 
                de Français, elle tente de trouver sa place dans un monde auquel 
                elle ne s’identifie pas. Brune à la peau mate, dans une famille 
                de blonds aux yeux bleus, elle souffre de ne pouvoir être la petite 
                fille modèle tant désirée. Elle souffre surtout du déracinement 
                de son pays d’origine, le Liban, de ce passé que ses parents adoptifs 
                tentent d’occulter, mais qui resurgit dans ses cauchemars d’enfant 
                et ses rêves les plus fous. Rebelle, tant dans son aspect physique 
                que dans son comportement, elle exprime sa souffrance à travers 
                ses actes, ses paroles, ses interrogations. Siham Nelly au Liban, 
                Alexandrine en France, la jeune femme ne se sent ni tout à fait 
                libanaise ni tout à fait française. Tout juste une étrangère ici 
                ou là, mais une étrangère partout ailleurs aussi. À travers L’enfant 
                du secret, Alexandrine se livre totalement, raconte sa détresse, 
                sa souffrance de cette dualité qui lui pèse, son chagrin de ne 
                pas parler ni comprendre l’arabe, sa langue maternelle, qu’elle 
                parlait pourtant exclusivement jusqu’à l’âge de 4 ans, lorsqu’elle 
                était une enfant de « Azarieh ». Mais ce qu’elle dépeint surtout, 
                c’est sa quête de ses parents biologiques qui l’ont abandonnée, 
                sa quête de sa mère surtout, cette « mama ou emmé » à laquelle 
                elle voudrait tant mettre un visage, qui devient non seulement 
                son leitmotiv, mais ausi le but de son existence. Ce désir d’en 
                savoir plus sur sa naissance, de comprendre pourquoi et dans quelles 
                circonstances elle a été abandonnée, se transforme en une hantise. 
                Une hantise qui ne peut que faire souffrir ses parents adoptifs, 
                devenus malgré eux partenaires actifs dans la quête engagée par 
                leur fille, par amour pour elle, par peur aussi de la perdre. 
                Au fil des pages, Alexandrine l’enfant rebelle se transforme. 
                La jeune fille déchirée entre deux mondes, écorchée vive, rancunière, 
                qui donne des surnoms à sa mère adoptive pour ne pas l’appeler 
                maman, qui lui crache sa souffrance d’avoir été déracinée, arrachée 
                à son pays tant chéri, se mue, progressivement, en une Alexandrine 
                plus tolérante. Une Alexandrine qui a accepté sa situation, même 
                si sa quête n’a toujours pas abouti. Une Alexandrine qui a intériorisé 
                sa dualité et qui désire exister en tant que telle. L’enfant du 
                secret est le cri de souffrance d’une personne qui finit par comprendre 
                que les mentalités d’une société encore trop traditionnelle sont 
                plus fortes que le droit à retrouver ses origines. Au terme d’années 
                de combat, L’enfant du secret est en quelque sorte le parcours 
                d’Alexandrine, un parcours identitaire, semé d’embûches, mais 
                aussi tout plein d’émotions, de souvenirs, de parfums, d’amour, 
                de poésie aussi. Un message d’amour immense qu’elle exprime aussi 
                bien à ses parents adoptifs qu’aux religieuses de la crèche. Au-delà 
                de l’histoire personnelle d’Alexandrine, resurgit le problème 
                de l’adoption, de l’accès aux origines, mais aussi des grossesses 
                illégitimes dans une société libanaise encore traditionnelle. 
                 
                 
                Dans le cadre de la signature de son 
                ouvrage, L’enfant du secret, édité chez L’Harmattan, Alexandrine 
                Siham organise une conférence-débat, sur le thème « Parcours d’un 
                adopté entre deux pays », le dimanche 24 octobre à 17 heures, 
                au Biel, au Salon Lire en français et en musique, à la salle Quatz’arts. 
                La signature du livre suivra la conférence, à 18 heures, au stand 
                de la librairie Antoine.  
                 
                Anne-Marie EL-HAGE  
                  
                 
             | 
           
         
        
        
           
             
               
                  
                  Premier roman de Yasmine Ghata 
                  ( la fille de Vénus) 
                  aux éditions Fayard «La nuit des calligraphes»: 
                  un destin de femme à la pointe du roseau 
                     
                  Sélectionné 
                  pour le Prix Renaudot 
                   
                  « Ma mort me fut aussi douce 
                  que la pointe du roseau trempant ses fibres dans l’encrier, 
                  plus rapide que l’encre bue par le papier. » Ainsi parle Rikkat, 
                  la calligraphe ottomane, d’une voix flottant entre ombre et 
                  lumière, alors qu’elle entreprend le récit de sa vie.  
                  Dans 
                  la plupart des livres d’histoire, Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938), 
                  fondateur, en 1923, de la République de Turquie, est décrit 
                  comme le héros, voire comme le sauveur de son pays. Or, dans 
                  La nuit des calligraphes, le premier roman de Yasmine Ghata, 
                  fille de la poétesse Vénus Khoury-Ghata et spécialiste en histoire 
                  de l’art islamique, le président démocratique est loin d’être 
                  porté aux nues. En effet, dans son empressement à rapprocher 
                  sa nation de l’Europe, Atatürk met la calligraphie arabe, avec 
                  une grosse partie de l’héritage de l’islam, au rebut. Les enlumineurs, 
                  qui, jusque-là, étaient hautement considérés, sont alors lentement 
                  oubliés, pendant que l’alphabet latin fait une entrée fracassante 
                  en Turquie. Yasmine Ghata – dont le premier mérite est de ne 
                  pas avoir accablé son récit de prétentieux étalages de ses connaissances 
                  profondes sur le sujet précis de la calligraphie arabe en Turquie, 
                  dans les premières années du XXe siècle –, présente, à la première 
                  personne du singulier, Rikkat, une des très rares 
                  femmes calligraphes ottomanes.  
                   Spiritualité et déboires conjuguaux 
                   
                  À travers le récit houleux de son existence de 83 ans, se déploie 
                  un monde tout à fait particulier, celui d’hommes et de femmes 
                  qui vivent en lien étroit avec Allah, par le biais de leur «calame» 
                  (pointe de roseau trempée dans l’encre). L’auteur, au fil de 
                  ces quelque 175 pages ponctuées de courts chapitres, a réussi 
                  à poser un climat narratif, à travers une écriture raffinée 
                  et accessible, qui ne cherche pas l’originalité. Rikkat est 
                  à la fois calligraphe d’Allah et mère de deux enfants, nés de 
                  deux pères différents. Entre spiritualité extatique – l’artiste 
                  est protégée, tout au long de sa vie pour le moins malheureuse, 
                  par le fantôme de Sélim, un de ses pairs qu’elle a retrouvé 
                  pendu dans sa chambre et qui lui a légué son matériel et ses 
                  secrets de calligraphe – et déboires conjugaux – son premier 
                  mari est aussi rustre et inattentif que le second –, le roman 
                  trouve son équilibre et sa crédibilité. Et, pour pimenter l’ensemble, 
                  un secret qui ne sera divulgué, habilement d’ailleurs, que dans 
                  les dernières pages. Yasmine Ghata a assurément réussi sa première 
                  tentative romanesque. Même si son style dépouillé, qui s’identifie 
                  au personnage central, a de quoi déconcerter, et si ses allées 
                  et venues sur la ligne temporelle du récit, au gré des souvenirs 
                  de Rikkat, manquent parfois de justification. Le destin de Rikkat, 
                  femme calligraphe du début du siècle dernier, spirituelle et 
                  audacieuse, inspirée et mélancolique, intègre harmonieusement 
                  les terres du roman historique. Un coup d’essai prometteur. 
                   
                   
                  Diala GEMAYEL -L'Orient-Le Jour 
                   
                    
                  « Si c’était à refaire 
                  »... par Michel Ghazal  
                    
                  Deux ouvrages à son actif : Mange ta soupe et... tais-toi 
                  (1992) et Circulez, y’a rien à... négocier (1997), tous les 
                  deux parus au Seuil. Voilà le parcours littéraire de Michel 
                  Ghazal. Aujourd’hui, il publie un nouvel ouvrage, un roman entre 
                  conte psychologique et réflexions philosophiques, sur un ton 
                  subtilement ironique et léger, sous le titre de 
                  Si c’était à refaire (Editions Dervy-225).  
                   
                  Refaire quoi? Sa vie bien entendu! Être surtout soi-même 
                  pour mieux vivre et garder ses distances (ou les brûler) avec 
                  l’ambition, le pouvoir; savourer fidélité et loyauté; éviter 
                  les tourmentes de la culpabilité, de la séparation et de la 
                  trahison; tenter de se rapprocher de la perfection et du bonheur; 
                  vivre l’amour dans toute sa force et son intensité. Qui de nous 
                  a jamais su quoi faire dans les méandres et les trappes d’une 
                  vie? Nos errements, nos échecs, nos difficultés à surmonter 
                  les obstacles, comment les voyons-nous avec la fuite du temps 
                  et son irréparable passage temps? À ces interrogations que nul 
                  n’élude, Michel Ghazal a écrit ce roman à la fois badin et grave, 
                  mais où tout est perçu dans une constante bonne humeur et où 
                  l’humour est la clef de voûte de bien des situations. Tout commence 
                  par un rêve, la vie d’ailleurs n’est-elle pas un rêve?... Un 
                  rêve pour sortir de soi-même et croiser «l’ange» qui fera le 
                  parcours à vos côtés... Un voyage qui se dessine au fur et à 
                  mesure en une sorte «d’avancée vers le passé»... Une sorte d’arrêt 
                  sur image pour mieux réfléchir sur soi, ses actions, ses agissements 
                  et les valeurs que nous subissons comme un carcan. L’auteur 
                  nous propose cette aventure pour une leçon de sagesse: «Le saut 
                  dans l’inconnu allait commencer. Seulement, était-ce vraiment 
                  l’inconnu ou s’agissait-il simplement d’accepter de voir ce 
                  qui, depuis toujours, lui pendait au nez et qu’il occultait?» 
                  Sur ce canevas finalement assez simple se trame toute une histoire 
                  d’un roman à rebondissements multiples, avec ses situations 
                  imprévisibles et parfois cocasses, et ses personnages à la hauteur 
                  de tant de péripéties... Un roman entre esprit voltairien et 
                  rêveries gibraniennes (d’ailleurs l’auteur du Prophète est largement 
                  cité en exergue des chapitres dans cette fiction)* pour 
                  dispenser non un art de vivre, mais un «bonheur» de vivre en 
                  harmonie avec soi-même. Alors se déroulent les thèmes qui tourmentent 
                  l’humanité. On en fera le tour avec un jugement à garder en 
                  tête. La puissance est-elle une réalité ou une vanité? La tolérance 
                  serait-elle un différend ou doit-elle rester une différence 
                  à respecter? L’incompréhension serait-elle un envirant sentiment 
                  de vaincre ou doit-elle être un besoin de convaincre? Comment 
                  considérer un échec? Accepter la loi du monde ou imposer la 
                  tienne? Trahir, c’est se duper ou être trompé? Où placer le 
                  don? Altruisme ou égoïsme? Comment traquer la perfection entre 
                  ombre et lumière? L’amour est-il chaîne ou liberté? Le bonheur 
                  est-il notre destination ou un voyage qui nous permet de vivre? 
                  Autant d’interrogations et de réponses que chacun lira d’une 
                  manière différente. Des mots simples, de la distanciation, un 
                  regard lucide, de l’humour, une pointe de bonhomie, une écriture 
                  claire et sans sophistication. Voilà les ingrédients de cet 
                  ouvrage où est abordé le thème d’un véritable parcours initiatique. 
                   
                   
                  Edgar DAVIDIAN - L'Orient Le Jour 
                   
                  * Notez que simultanément sort chez Dervy une réedition 
                  du Jardin du Prophète illustrée 
                  par des calligraphies de Lassad Metoui et traduite par JP Dahdah. 
                 
                    
                  «Mansour 
                  Labaky, la paix par le pardon», d’Évelyne Massoud  
                  ou une une vie remplie à ras bord 
                    
                   
                  Août 2004- Il y a, dans la vie de tout homme, des coïncidences 
                  troublantes. Pour certains, les coïncidences sont mystérieuses 
                  et les mènent vers des passes obscures, des lieux envoûtés, 
                  des contes dont on ne sait s’ils sont de fées. Pour d’autres, 
                  ces coïncidences sont lumineuses. Le père Mansour Labaky (64 
                  ans) est de ceux-là. Sa vie semble une suite ininterrompue de 
                  rendez-vous, dramatiques, douloureux ou heureux, avec la providence. 
                  L’épisode le plus marquant de cette vie remplie à ras bord, 
                  le père Labaky l’a vécu à Damour, le 20 janvier 1976, deux jours 
                  après la chute de la Quarantaine, un camp de réfugiés palestiniens 
                  à l’entrée nord de Beyrouth. Ils furent cinq cents à trouver 
                  refuge à l’intérieur de l’église Saint-Élie, dans l’idée qu’ils 
                  pouvaient mourir d’une heure à l’autre, sous les bombardements 
                  des forces palestiniennes ou massacrés à l’arme blanche.  
                   
                  «Nous avons su comment vivre en chrétiens, sachons comment mourir 
                  de même», exhorte le père Labaky (nommé cinq ans plus tôt curé 
                  de Damour), durant ces heures dramatiques. «S’il nous veut au 
                  Ciel, il nous donnera la force de mourir et pardonner, comme 
                  saint Étienne», ponctue le prêtre, qui a la confiance de tous, 
                  avant de conduire ses paroissiens dans un suprême Notre Père. 
                  Quelques angoissants moments plus tard, des coups violents et 
                  rapides sont frappés à la porte. Est-ce l’attaque finale des 
                  combattants palestiniens? La panique s’empare des fidèles. Le 
                  prêtre joue son va-tout. Il décide d’ouvrir la porte et de se 
                  proposer en otage. S’il est tué, peut-être sa mort assouvira-t-elle 
                  la folie meurtrière des hordes sauvages qui encerclent l’église. 
                  Sous le regard épouvanté des fidèles, il ouvre la porte. Ce 
                  sont deux habitants du village qui leur proposent de couvrir 
                  leur fuite. Après leur départ, l’église sera dynamitée. Cet 
                  épisode est le plus fort de l’ouvrage qu’Évelyne Massoud, journaliste 
                  à La Revue du Liban, ancienne secrétaire de la Jeunesse étudiante 
                  chrétienne, consacre à «l’itinéraire» du père Labaky.  
                   
                  Son titre, La paix par le pardon, donne son sens à l’ouvrage, 
                  qui n’est pas une biographie à proprement dit. De sa jeunesse 
                  insouciante à Baabdate à sa situation présente de président 
                  de la Ligue sacerdotale, en passant par le Foyer de Douvres-la-Délivrande, 
                  près de Caen (France), qui accueillera, sur une dizaine d’années, 
                  quelque 200 enfants venus du Liban, et le mouvement «La Tedhal» 
                  (Ne crains pas), Évelyne Massoud retrace dans les détails l’itinéraire 
                  du père Labaky. Cet itinéraire passe notamment par la belle 
                  histoire de sa mère, engrangeant, sacrifice après sacrifice, 
                  mois après mois, des grains de blé qui servirent à la première 
                  hostie consacrée de son fils. «Ta vie sera marquée par la jalousie 
                  et la calomnie», l’avertira-t-elle avant sa mort.. De fait, 
                  la vie de ce prêtre écrivain, poète, musicien, conférencier, 
                  bâtisseur et éducateur est un peu trop médiatisée aux yeux de 
                  certains. Il faut dire que le monde du mécénat est un monde 
                  de riches, de princesses et de célébrités qui peut facilement 
                  prêter le flanc à la critique et susciter des jalousies.  
                   
                  L’ouvrage est préfacé par Jean Lacouture. Dans un avant-propos, 
                  le père Labaky affirme «qu’il est inutile de chercher un autre 
                  but dans la vie que celui de tapisser d’espérance les chemins 
                  qui mènent le monde à Dieu». Des chemins qui ne sont pas faits 
                  que de roses.  
                  Fady NOUN pour L'Orient-Le Jour 
                   
                  (*) Mansour Labaky, la paix par 
                  le pardon, d’Évelyne Massoud, préface de Jean Lacouture. Éditions 
                  du Jubilé, «Le sarment».  
                   
                    
                  Dictionnaire étymologique des noms du monde arabe  
                  "Les Sources Etonnantes des Noms du Monde Arabe", 
                   
                  par Jana Tamer aux éditions Maisonneuve 
                  & Larose-Paris  
                  405 pages, prix autour de 35 
                  Euros. 
                   
                    
                  Pourquoi 
                  le nom du palmier, nakhlé/nakhla, est-il un prénom toujours 
                  chrétien, jamais musulman ? Quelle est la relation entre des 
                  noms aussi différents en apparence que Hassan et Ghosn ? Comment 
                  Farouk, « sauveur » en syriaque, a pris le sens d’« équitable 
                  » en arabe ? Pourquoi tant de noms ont-ils un sens péjoratif 
                  ? Pourquoi les noms de saints chrétiens d’Orient passent-ils 
                  pour « étrangers » ? Pourquoi de nombreux noms arméniens sont-ils 
                  en fait perses ?  
                  C’est à ce genre de questions et bien d’autres que cet ouvrage, 
                  qui recense plus de deux mille noms, tente d’apporter une réponse. 
                   
                  L'étude des noms de personnes dans le 
                  monde arabe révèle une diversité insoupçonnée d'origines, de 
                  cultures et de langues. Par des commentaires détaillés, s'appuyant 
                  sur des références historiques et linguistiques, ce dictionnaire 
                  souligne le rôle majeur des cultures, des religions et des langues 
                  syriaque (araméenne), hellénistique et perse dans la constitution 
                  de la civilisation et de la langue arabes. L'auteur y aborde 
                  les facteurs historiques et sociaux qui expliquent les différences 
                  et les similitudes d'un pays à l'autre et contribue à modifier 
                  la perception du monde arabe comme une région n'ayant qu'une 
                  seule langue, une seule religion, une seule histoire. Cet ouvrage 
                  s’adresse donc à tout public intéressé par le Moyen-Orient. 
                   
                >>> 
                  Lire 
                  la description et la critique du livre par François-Xavier 
                   
                    
                   
                  Après "le couvent de la lune", deuxième volet 
                  de la fresque historique et sentimentale de Carole Dagher  
                  «Le seigneur de la soie»  
                Dans 
                  un Liban terrain des rivalités entre les grandes puissances 
                  européennes éclate, en 1840, un soulèvement contre les abus 
                  de Béchir II Chéhab et de son suzerain, Méhémet-Ali, vice-roi 
                  d’Égypte et maître du pays depuis 1831. Les affrontements entre 
                  druzes et maronites deviennent violents (massacres de 1860). 
                  La France, qui assurait la protection des maronites, intervient 
                  en 1861 et fait reconnaître par les Ottomans l’autonomie du 
                  «Mont-Liban». Voilà, en résumé extrêmement concis, les grandes 
                  lignes historiques du roman Le seigneur de la soie, de Carole 
                  Dagher. Diplômée de Sciences-Po, journaliste, auteur de nombreux 
                  essais politiques, Dagher est devenue romancière sur le tas, 
                  suite à une rencontre avec l’éditeur de Plon qui lui a suggéré 
                  de combler une lacune: tisser une trame romantique avec pour 
                  toile de fond le Liban du XIXe siècle. Après des mois de recherches 
                  entreprises à Deir el-Qamar, elle se retrouve avec une masse 
                  d’informations qui dépasse de loin ses espérances. «Il y a de 
                  quoi en faire dix volumes», s’était-elle exclamée. Elle s’en 
                  tiendra finalement à trois. Voilà donc aujourd’hui, Le seigneur 
                  de la soie, second volet de la fresque historique et sentimentale 
                  de Carole Dagher, après Le couvent de la lune, épopée qui racontait 
                  la naissance du Liban moderne. En écrivant le tome 1, Carole 
                  Dagher avait découvert ses «racines historiques, culturelles, 
                  nationales avec un émerveillement et un bonheur presque enfantins», 
                  avait-elle déclaré lors de la remise du prix Ignace Maroun 2003. 
                  Elle a également compris pourquoi l’histoire se répète chez 
                  nous: «Parce que nous n’en savons rien, ou pas grand-chose, 
                  et que donc nous ne retenons pas les leçons du passé.» Le seigneur 
                  de la soie, c’est l’histoire d’un peuple qui vit dans la psychose 
                  des massacres. L’histoire de religions qui se côtoient avec 
                  autant d’indifférence que de respect. L’histoire de guerre où 
                  l’enjeu est devenu soudain une terre où cohabitaient les belligérants 
                  depuis plus de mille ans… À la mort de son père Karim, premier 
                  chevalier de l’émirat du Liban, Francis se retrouve à la tête 
                  d’une insurrection déclenchée contre l’occupant égyptien. À 
                  la chute de l’émirat, le jeune homme se consacre à l’élevage 
                  des vers à soie. Il rencontre une jeune veuve, Agnès Morand, 
                  venue établir une filature au Mont-Liban. Une idylle s’ensuit, 
                  et Agnès entraîne Francis à Lyon pour qu’il s’initie aux nouvelles 
                  techniques de la soie. Mais nous sommes en 1848; les canuts 
                  de la Croix Rousse s’insurgent et Francis participe au soulèvement. 
                  Ce qui choque le milieu patricien où il évolue et déplaît à 
                  Agnès. Leur liaison bat de l’aile. Francis quitte Lyon pour 
                  rentrer au pays. Devenu le «seigneur de la soie», Francis tombe 
                  amoureux de Yara, la fille de l’émir.  
                  Mais cet amour est condamné d’avance. 
                   
                    
                  Le dernier livre d'Amin Maalouf vient de sortir: 
                  «Origines »:: « Pour patrie, un patronyme... 
                  »  
                    
                   
                  De Aïn el-Qabou à La Havane, une saga familiale qui court 
                   
                  sur un siècle et demi d’histoire  
                La vie est un roman. Celle des 
                  aïeux spécialement qui, nimbée du mystère des non-dits, des 
                  secrets de famille et du cadre d’époque, interpelle particulièrement 
                  l’imaginaire. Le destin le plus insignifiant s’habille alors 
                  de romanesque et se transforme, avec le passage du temps, en 
                  récit de vie riche de multiples correspondances. Pour les écrivains-conteurs 
                  comme Amin Maalouf, la généalogie est un terreau fertile. Après 
                  y avoir puisé pour ses précédents ouvrages un personnage par-ci, 
                  une anecdote familiale par-là, l’auteur du Rocher de Tanios 
                  a décidé de consacrer à l’histoire des siens une biographie, 
                  ou plutôt un roman vrai. Origines (qu’il vient de publier aux 
                  éditions Grasset) est un long hommage aux ancêtres, au grand-père 
                  surtout, figure centrale de ce livre. Un homme aux idées très 
                  avancées pour son époque, une sorte de mouton noir dans son 
                  milieu, à la fois enseignant, poète, franc-maçon et anticlérical. 
                   
                  Des lettres dans une malle 
                  « Quand mon grand-père avait eu, à la fin des années 1880, le 
                  courage de désobéir à ses parents pour aller poursuivre ses 
                  études dans une école lointaine, c’est à moi qu’il était en 
                  train d’ouvrir les chemins du savoir. Et s’il a laissé, avant 
                  de mourir, toutes ces traces, tous ces textes en vers et en 
                  prose soigneusement recopiés et accompagnés de commentaires 
                  sur les circonstances dans lesquelles il les avait dits ou écrits, 
                  s’il a laissé toutes ces lettres, tous ces cahiers datés, n’est-ce 
                  pas pour que quelqu’un s’en préoccupe un jour?» écrit Maalouf. 
                  Lorsqu’à l’occasion d’un deuil, il tombe sur ces documents – 
                  et quelques autres plus anciens encore – conservés de génération 
                  en génération dans une malle dans la maison familiale, il s’y 
                  plonge, avec son obsessionnel sens du détail exact, pour remonter 
                  les traces de ses origines. Déchiffrant les manuscrits, recueillant 
                  les souvenirs des plus âgés, mettant ses pas dans ceux de ses 
                  prédécesseurs, pour reconstituer la vérité historique, l’écrivain 
                  ira même jusqu’à La Havane, où il retrouvera un cousin dont 
                  il ne soupçonnait même pas l’existence.  
                  Anticléricaux et mystiques 
                  Dans sa lignée, l’auteur va ainsi découvrir un grand-père anticlérical, 
                  un grand-oncle curé catholique, un autre ayant fait fortune 
                  à Cuba, un arrière-grand-père pasteur protestant, un oncle d’Amérique 
                  mystique... Un brassage de caractères, de tempéraments, un enchevêtrement 
                  d’appartenances religieuses, qui donnent forcément quelques 
                  querelles de clochers et des identités complexes. Ingrédients 
                  parfaitement adaptés à une fresque familiale. Sur fond d’un 
                  siècle et demi d’histoire du Levant, allant de l’Empire ottoman 
                  au mandat français, Amin Maalouf nous entraîne dans le sillage 
                  des personnages de sa famille, avec cet art consommé du verbe 
                  qui lui vaut sa réputation de «conteur». Du village de la montagne 
                  libanaise à La Havane, en passant par Paris, New York, on suit 
                  les tribulations de cette «tribu qui nomadise depuis toujours 
                  dans un désert aux dimensions du monde» dont se revendique l’auteur. 
                  Cet écrivain, qui «cultive l’éloignement comme on arrose à sa 
                  fenêtre une fleur triste», réfute d’ailleurs le terme de racines, 
                  parce qu’il est synonyme de captivité, et réclame «pour patrie, 
                  un patronyme». Et pour toutes origines, cette tumultueuse filiation. 
                  À travers ces esquisses de destins singuliers, se profile celui 
                  du Liban. De ce coin de terre soumis à toutes les ingérences, 
                  de ses habitants périodiquement acculés à émigrer vers des cieux 
                  plus cléments. L’histoire se répète. Celle des familles comme 
                  celle des pays (485 pages).  
                  Zéna ZALZAL, dans L'Orient Le Jour 
                  
                    
                  Nouveauté: 
                  «Immortalis», d’Élias Jabre: voyage dans le futur éternel  
                  Prix du roman fantastique 
                  du Festival de Gerardmer 2004 (Fantastic’arts)   
                    
                  Elias Jabre est né en 1975 au Liban. Après 
                  des études de droit et un passage par la fiscalité internationale, 
                  il se passionne pour les nouvelles technologies qui le conduisent 
                  à travailler au développement des activités électroniques d'un 
                  groupe d'édition. Immortalis est son premier roman.  
                  Ce récit d'anticipation aux multiples rebondissements rappelle 
                  que ce siècle verra se jouer l'enjeu de l'espèce. Il retrace 
                  le drame de personnages liés par l'amour et par le sang, happés 
                  dans la spirale du progrès. Ils devront faire des choix déterminants 
                  pour l'avenir de l'humanité. Mais ont-ils le choix ? 
                   
                  --- 
                  Pour un coup d’essai, Immortalis d’Élias Jabre s’est révélé 
                  un coup de maître. À peine publié aux éditions du Masque (le 
                  28 Janvier 2004), ce premier ouvrage d’un jeune Libanais de 
                  France a obtenu le prix du roman fantastique décerné, le mois 
                  dernier, à l’occasion du Festival du film Fantastic’arts de 
                  Gerardmer. Consacré par un jury composé d’auteurs et de journalistes 
                  reconnus, Marc Caro, Didier Imbot, Yann Moix, Jacques Baudou 
                  et Bernard Werber (ce dernier est considéré comme le nouveau 
                  pape de la littérature française de science-fiction), Immortalis 
                  mérite bien ses lauriers. Comme son titre l’indique, ce récit 
                  d’anticipation base sa trame sur un rêve vieux comme le monde: 
                  l’immortalité. Un rêve que notre société contemporaine tente 
                  d’ailleurs d’atteindre d’une manière détournée à travers tous 
                  ces élixirs de santé, de beauté et de longévité qui vont de 
                  la simple gélule aux injections de Botox. Mais là n’est pas 
                  la question. Immortalis préfigure ce qui pourrait advenir si 
                  une vraie victoire sur la dégénérescence était arrachée par 
                  les experts généticiens, ces alchimistes des temps modernes 
                   
                  Eugénisme et fantasme d’éternité  
                  À travers les multiples rebondissements d’une épopée familiale 
                  du XXIe siècle, où les liens de sang et d’amour se mêlent aux 
                  manipulations génétiques, le jeune auteur dresse le portrait 
                  d’une société futuriste dont le spectre nous menace. Car les 
                  racines de ce récit, alliant bioéthique et politique véreuse, 
                  sont profondément ancrées dans notre réalité. Imaginez un monde 
                  livré à des politiciens mégalomanes, servis par des savants 
                  fous qui, dans leurs laboratoires high-tech, feraient «œuvre 
                  au noir» pour créer un nouvel homme. Imaginez un monde dominé 
                  par des hommes eugéniques, c’est-à-dire « améliorés », où les 
                  humains ayant des défauts seraient éliminés ou, en attendant 
                  leur extermination, parqués dans un zoo. Oui, un vrai zoo, que 
                  les races supérieures viendraient visiter, caméra à la main. 
                  Une zone où seraient exilés aussi bien les personnes atteintes 
                  de maladies génétiques que les criminels et les opposants au 
                  régime. Mais encore plus, imaginez le fantasme de l’immortalité 
                  enfin réalisé. Un scénario catastrophe qu’Élias Jabre, 29 ans, 
                  juriste de formation, passionné par les nouvelles technologies 
                  (il a d’ailleurs travaillé au développement des activités électroniques 
                  d’un groupe d’édition), a concocté avec une réelle maestria. 
                  Et vous aurez une tragédie bien ficelée, qui puise à la source 
                  grecque de la réflexion philosophique sous-jacente (qu’est l’immortalité 
                  sinon l’éternité, et celle-ci n’est-elle pas la répétition du 
                  cycle de la vie ? ) mais où les personnages ont troqué leurs 
                  toges pour des combinaisons de manga. Immortalis est un livre 
                  prenant. Narrées dans un style imagé, les aventures, en 2041, 
                  des docteurs Léonard et Stanislas et de leur progéniture Lili, 
                  Éléna, Borja et Théo feraient une belle adaptation cinématographique. 
                  Élias Jabre : une jeune plume à suivre.  
                   
                  Zéna ZALZAL pour L'Orient le Jour  
               
             | 
           
         
        
        
           
             
               
                  
                  Parution du dernier livre d'Alexandre Najjar,  
                  Le mousquetaire 
                    
                  La couverture de l’ouvrage: portrait de Zo d’Axa 
                  par Constant Montald.  
                   
                  LBV, 23 Janvier 2004- Voilà un essai sur Zo D'AXA (1864-1930), 
                  célèbre pamphlétaire de la fin du XIXème 
                  et du XXème siècle; de son vrai nom Alphonse Gallaud, 
                  refusant le qualificatif d'anarchiste en lui préferant 
                  celui d'homme libre, il créa les journaux "l'Endehors" 
                  et "la Feuille" avant de se réfugier dans le 
                  mutisme et le nomadisme sans jamais passé inaperçu, 
                  jusqu'au Québec par exemple. 
                  L'ordre du monde n'est pas pour lui; c'est un jusqu'auboutiste 
                  qui finit par abdiquer après la mort de sa femme. 
                  La phrase "le suffrage universel est un moyen d'étouffer 
                  l'initiative individuelle" 
                  illustre l'intensité 
                  et la passion du personnage que la plume d'Alexandre Najjar 
                  transcrit avec verve et fidélité pour une lecture 
                  facile de bout en bout. 
                  Paris, Editions Balland  
                  --- 
                   Zo d'Axa, la 
                  liberté à l'état pur L'écrivain libanais Alexandre Najjar publie 
                  "Le mousquetaire", une biographie d'Alphonse Gallaud, alias 
                  Zo d'Axa, l'un des pamphlétaires les plus virulents de la fin 
                  du XIXe, anarchiste hors de l'anarchie. Flamboyant, impertinent, 
                  épris de liberté. Ce sont quelques-uns des qualificatifs qu'il 
                  convient d'employer au sujet de Zo d'Axa, pseudo qui signifierait, 
                  en grec, "je vis en mordant". Après deux biographies de "Khalil 
                  Gibran" et d' Ernest Pinard, "Le Procureur de l'Empire", 
                  Alexandre Najjar nous fait (re-)découvrir Alphonse Gallaud, 
                  pamphlétaire inclassable (1864-1930). "Ce qui m'a séduit, raconte 
                  l'écrivain, c'est son amour de la liberté, son indépendance 
                  absolue". Dès son plus jeune âge, Zo d'Axa se sent en dehors 
                  de la société. Tellement "endehors" qu'il baptise son premier 
                  journal, à 27 ans, ainsi. Il se déclare "en dehors de toutes 
                  les lois, de toutes les règles, de toutes les théories, mêmes 
                  anarchistes". D'écrits en provocations, des geôles de Mazas 
                  à celles de Jérusalem, ce mousquetaire s'attaque aux mensonges 
                  de la classe politique, la mascarade des élections, la bêtise 
                  de la justice, etc. Il va même jusqu'à présenter son candidat, 
                  "l'âne Nul" aux élections de 1898. A 36 ans, il part, car "la 
                  sagesse est de ne pas rester". Il mettra fin à ses jours à Marseille, 
                  en toute liberté, comme le fut toute sa vie.  
                  Par Jenny Lafond, 
                  Metro  
                  Editions Balland, 175 pages, 15 euros.  
                « Le mousquetaire Zo d’Axa » : une 
                  biographie pleine d’analogies...  
                   par Zéna ZALZAL   
                    
                   Pour Alexandre 
                  Najjar, c’est toujours la période biographies. Son dernier livre, 
                  «Le mousquetaire. Zo d’Axa – 1864-1930» (paru en janvier 2004 
                  aux éditions Balland), dresse le portrait d’un pamphlétaire 
                  français de la fin du XIXe siècle, un homme d’une liberté sans 
                  concession. Un parfait contraste avec l’ouvrage précédent, une 
                  biographie «en contre-exemple» d’Ernest Pinard, «Le crapaud», 
                  ce redoutable procureur du Second Empire, qui avait persécuté, 
                  entre autres, Flaubert et Baudelaire. Deux personnages qui, 
                  pour n’avoir rien en commun, s’inscrivent dans l’œuvre d’Alexandre 
                  Najjar avec une certaine logique. Ainsi, après avoir dénoncé 
                  «le symbole même de l’obscurantisme, de l’intolérance et de 
                  la bêtise» , l’avocat-écrivain réhabilite une figure d’« homme 
                  pareil au vent : libre, pur, insaisissable, (...) qui savait 
                  secouer par le souffle de son esprit ceux qui se vautrent dans 
                  la médiocrité», écrit-il dans sa préface. «Les thèmes de mes 
                  livres s’imposent à moi», affirme-t-il d’ailleurs, expliquant 
                  que « c’est le hasard qui détermine, à chaque fois, le choix 
                  de l’un des nombreux sujets que j’ai en tête et me pousse obstinément 
                  à le développer ». C’est ainsi qu’étant tombé plus d’une fois, 
                  au cours de ses lectures, sur le nom étrange de Zo d’Axa, Alexandre 
                  Najjar entreprend des recherches qui le conduisent à la petite-fille 
                  de ce dernier, Béatrice Arnac. Seule descendante directe de 
                  ce personnage plein de panache, qui maniait aussi bien le fleuret 
                  que la plume, elle met à sa disposition les archives familiales. 
                  «Trois caisses pleines de textes manuscrits que j’ai compulsés 
                  un à un», dit-il. Et à travers lesquels, il apparaît qu’en dépit 
                  d’une trajectoire fulgurante, cet «escrimeur de mots» avait 
                  eu une certaine notoriété en fondant vers la fin du XIXe siècle 
                  deux journaux libertaires et satiriques : L’Endehors et La Feuille. 
                  « À vingt-sept ans, Zo d’Axa (Alphonse Gallaud, de son vrai 
                  nom) avait réussi à rassembler autour de lui des intellectuels 
                  parmi les plus importants de son époque. Des personnages comme 
                  Octave Mirbeau, Félix Fénéon (critiques littéraires et artistiques), 
                  Georges Darien, Henri de Régnier, etc. Surnommé par Clemenceau 
                  “ Le mousquetaire rouge ”, cet homme épris de liberté n’a pas 
                  eu peur d’affronter les juges, la prison et l’exil pour dire 
                  tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas. Très audacieux 
                  dans ses écrits comme dans ses actes, il n’a pas versé pour 
                  autant, comme certains anarchistes, dans le terrorisme. D’ailleurs, 
                  rebelle à toutes les classifications, il réfutait toutes les 
                  étiquettes, même celle d’anarchiste », explique l’auteur.  
                  XIXe siècle en France, XXIe siècle au Liban 
                  Fougueux, intransigeant, insoumis, Zo d’Axa ne peut vivre dans 
                  un carcan, encore moins celui d’une société où règnent l’incompétence, 
                  le laxisme et l’injustice. Après avoir attaqué avec virulence 
                  aussi bien l’armée et la magistrature que la famille ou la patrie, 
                  arrivé à la trentaine, à défaut d’avoir pu changer le monde, 
                  il décide de larguer les amarres. Il passera les trente années 
                  suivantes à vagabonder au gré de sa fantaisie aux quatre coins 
                  du globe, avant de finir par se donner lui-même la mort – ultime 
                  liberté – en se tirant une balle dans la tête. Pour ceux qui 
                  reprocheraient à Alexandre Najjar sa propension à faire des 
                  biographies de personnage purement français, l’auteur, en bon 
                  avocat, se défend d’avoir choisi un sujet qui n’a pas le moindre 
                  lien avec le Liban. «D’une part, j’ai toujours revendiqué la 
                  triple liberté de l’écrivain: celle du choix du sujet, du choix 
                  de la langue et du choix du genre littéraire. Et, d’autre part, 
                  je trouve qu’il y a beaucoup d’analogies entre le XIXe siècle 
                  en France et le XXIe siècle au Liban. Les régimes de l’époque 
                  avaient de nombreux travers qu’on rencontre dans notre société 
                  actuelle, tant au niveau des libertés publiques que des dérapages 
                  de la justice...» Une bonne raison, en tout cas, de lire ce 
                  livre.  
                   
                  >>> Lire 
                  aussi: La critique, plutôt flatteuse, de la Revue du Liban 
                   
                >>> 
                  Tous 
                  les livres d'Alexandre Najjar sont référencés 
                  par la Fnac.com 
                   
                    
                    
                   
                  « 
                  Histoire des Orientaux de France »,  
                  de Abdallah Naaman* 
                    
                  Le 19e ouvrage de Abdallah Naaman, 
                  intitulé Histoire des Orientaux de France, vient de paraître 
                  aux éditions Ellipses (Paris). Il s’agit d’un travail historique, 
                  généalogique et sociologique qui raconte, en 528 pages toutes 
                  pleines de passion et de précision, l’installation en 
                  France de vagues successives d’Orientaux 
                  (les actuels libanais, syriens, égyptiens, jordaniens, palestiniens, 
                  irakiens). En effet, dès les premiers siècles de notre ère, 
                  les Orientaux écument la Méditerranée et deviennent les familiers 
                  de l’Europe qu’ils sont les premiers à évangéliser. La Gaule 
                  connaît tour à tour leurs moines et leurs marchands, puis leurs 
                  cavaliers et leurs savants, enfin leurs voyageurs et leur élite 
                  pensante et industrieuse. Dans sa recherche, l’auteur s’appuie 
                  sur de nombreuses archives inédites, complétées par des témoignages 
                  oraux, pour raconter les pérégrinations de ces Orientaux sur 
                  le sol français pendant deux millénaires, passant en revue le 
                  destin individuel ou collectif des uns et des autres, révélant 
                  pour la première fois des épisodes glorieux et parfois sanglants 
                  du long cheminement de ces passeurs qui n’ont pas démérité de 
                  la France. L’auteur mène en outre une vaste enquête de terrain, 
                  interrogeant les descendants, recueillant beaucoup d’éléments 
                  inconnus enfouis dans la mémoire familiale, explorant une quantité 
                  de documents inédits et consignant avec minutie et fidélité 
                  des témoignages poignants. Ce faisant, il rectifie nombre d’erreurs 
                  historiques et généalogiques, colportées parfois sans discernement, 
                  rétablissant quantité d’informations et de dates erronées au 
                  vu de nombreux documents originaux. Au terme de la lecture de 
                  ce coup d’œil rétrospectif, l’auteur ose espérer que le lecteur 
                  en tirera un sentiment d’admiration pour l’intelligence de ces 
                  Levantins, leur entregent, leur capacité d’adaptation, leur 
                  ténacité à relever les défis, leur participation active à l’enrichissement 
                  intellectuel et économique de la France et leur courage sans 
                  faille à servir leur nouvelle patrie. L’ouvrage, fruit de dix 
                  ans de recherche, comporte 550 pages, grand format, dont un 
                  cahier de soixante illustrations en noir et blanc. Il est à 
                  noter que cet ouvrage parle de certains d’entre nous et, grosso 
                  modo, d’environ 500 familles d’origine libanaise, syrienne, 
                  palestinienne, égyptienne, irakienne, jordanienne, arménienne, 
                  turque... Né en 1947 au Liban, docteur ès lettres françaises, 
                  Abdallah Naaman vit en France depuis plus de trois décades. 
                  Cofondateur de la Maison Naaman pour la culture en 1979, il 
                  a à son actif près de vingt titres en français et en arabe, 
                  dont les livres français suivants : Le bal du Comte d’Orgel 
                  (1971), Printemps perdu (1973), Le français au Liban (1979), 
                  La mort et Camus (1980), Les Levantins : une race (1984), La 
                  guerre libanaise (1985), ainsi que plusieurs contributions à 
                  des travaux encyclopédiques, notamment pour le compte de la 
                  maison Larousse.  
                    
                   
                   L'Auteur: Abdallah 
                  Naaman 
                  * Docteur ès 
                  lettres, écrivain et essayiste bilingue (arabe-français), Abdallah 
                  Naaman est né à Beyrouth le 27 décembre 1947 et vit à Paris 
                  depuis 1974. Il se définit comme un passeur, à la jonction - 
                  plutôt qu'à la frontière - de deux mondes, profondément attaché 
                  aux valeurs universelles, à la laïcité et au dialogue des cultures 
                  entre des peuples égaux. Avec Histoire des Orientaux de France 
                  du 1er au XXe siècle, il signe son dix-neuvième ouvrage, le 
                  huitième en français.  
                  La collection L'Orient politique, dirigée par Aymeric Chauprade, 
                   propose une grille de compréhension claire et synthétique 
                  de la géopolitique du monde oriental. Géographie, histoire et 
                  sciences politiques s'y retrouvent dans le but de décrypter 
                  les enjeux géopolitiques actuels. Dès les premiers siècles de 
                  notre ère, les Orientaux écument la mer Méditerranée et deviennent 
                  les familiers de l'Europe qu'ils sont les premiers à évangéliser. 
                  La Gaule connaît tour à tour leurs moines et leurs marchands, 
                  puis leurs cavaliers et leurs savants, enfin leurs voyageurs 
                  et leur élite pensante et industrieuse. L'auteur s'appuie sur 
                  de nombreuses archives inédites, complétées par des témoignages 
                  oraux, pour raconter les pérégrinations de ces Orientaux sur 
                  le sol français pendant deux millénaires, passant en revue le 
                  destin individuel et collectif des uns et des autres, révélant 
                  pour la première fois des épisodes glorieux et parfois sanglants 
                  du long cheminement de ces passeurs qui n'ont pas démérité de 
                  la France...  
                  
                    
                  Fady Stephan, prix Phénix de 
                  littérature 2003  
                  pour "Le Berceau du Monde" 
                    
                   
                  cliquez pour les détails 
                   
                    
                  « Le Liban contemporain, 
                  histoire et société »  
                  par Georges Corm, aux Éditions La Découverte 
                   
                     
                  Georges Corm ne peut pas rester 
                  tranquille. L’an dernier, il bousculait les idées reçues, sur 
                  un Orient spirituel et un Occident matérialiste, dans un ouvrage 
                  qui a eu un grand succès, en France notamment. Cette année, 
                  il récidive, en s’attaquant cette fois au « prêt-à-penser libanais 
                  », qui veut que la démocratie communautaire, rebaptisée consensuelle 
                  par M. Antoine Messarra, soit la seule solution pour le Liban. 
                  Dans un ouvrage foisonnant, Le Liban contemporain, histoire 
                  et société, qui est aussi le premier essai traitant de la Seconde 
                  République (après Taëf), il propose un regard nouveau, sans 
                  être tout à fait celui d’un historien et a surtout le mérite 
                  de pousser à une réflexion profonde, qui change des platitudes 
                  devenues habituelles. Comme d’habitude, Georges Corm fait salle 
                  comble, et comme d’habitude, à la fin de la conférence, l’assistance 
                  sort toute remuée, comme si elle avait soudain honte de son 
                  inertie. Officiellement, il est là pour parler de son dernier 
                  ouvrage, mais il ne peut s’empêcher de sortir de ce cadre, pour 
                  pousser les Libanais à changer leurs mentalités. « Tant que 
                  nous continuerons à être un aussi bon public pour la classe 
                  politique actuelle, celle-ci restera en place et nous continuerons 
                  à envoyer nos enfants à l’étranger », dira-t-il en guise de 
                  conclusion, avant d’être longuement applaudi par les personnes 
                  présentes. Présenté par M. Henri Laurens, Corm commence par 
                  expliquer la ligne directrice de son ouvrage qui tout en évoquant 
                  l’histoire contemporaine du Liban, dénonce le système communautaire 
                  qui n’en finit pas, selon lui, de faire des ravages et de détruire 
                  les fondements de l’État libanais. Pour l’ancien ministre des 
                  Finances, l’identité communautaire n’est pas une fatalité génétique, 
                  mais un concept fabriqué à partir de 1 840, lorsque Français 
                  et Britanniques, en route vers les Indes, ont coincé les Libanais 
                  dans cette identité communautaire et ont politisé les communautés. 
                  Il dénonce ainsi l’idée reçue selon laquelle la Moutassarifia 
                  serait le début de la démocratie au Liban. Pour lui, elle ne 
                  serait que le début de la représentativité des communautés, 
                  car la démocratie, c’est essentiellement le respect des libertés 
                  individuelles et pas seulement celles des communautés. Se référant 
                  au phénomène de démocratie consensuelle en vigueur en Suisse 
                  ou en Belgique, il a affirmé qu’un tel système peut fonctionner 
                  dans des milieux apaisés, non dans un pays comme le Liban, où 
                  les communautés sont prises dans des réseaux de puissances étrangères. 
                  « De plus, en Suisse et en Belgique, il y a une démocratie au 
                  sein des communautés et non pas des chefs qui terrorisent les 
                  autres », dit-il. Enfin, au Liban, le pire c’est que des civils 
                  prétendent désormais parler au nom des communautés religieuses. 
                  Corm prône donc un retour aux valeurs républicaines, si on veut 
                  un État dans lequel les communautés ne sont pas la base de l’ordre 
                  public. Pour lui, les droits individuels sont plus importants 
                  que ceux des communautés, et il faut donc défaire ce que le 
                  haut-commissaire français a tissé en 1932, en nous emprisonnant 
                  dans des communautés dites historiques.  
                La fameuse théorie de l’État 
                  tampon L’ancien ministre s’insurge aussi contre la théorie qui 
                  veut faire du Liban un État tampon. « Pourquoi une telle vocation, 
                  se demande-t-il, alors qu’elle consiste à faire du Liban un 
                  État non souverain, voué à servir de tampon aux guerres que 
                  les autres pays ne veulent pas mener ? » C’est d’ailleurs ce 
                  qui s’est passé en 1975. L’ancien ministre précise aussi qu’aujourd’hui, 
                  les communautés n’ont plus de fonction spirituelle, mais sociologique 
                  et politique. Évoquant ensuite la partie traitant de la Seconde 
                  République, Corm, qui n’est pas tendre avec la politique suivie, 
                  tout en abordant avec franchise et courage la période où il 
                  était lui-même ministre des Finances, se défend de régler des 
                  comptes personnels. « Je présente des faits, dit-il. Mis bout 
                  à bout, ils donnent une image négative, mais ce n’est pas là 
                  mon objectif. » Corm tient toutefois à terminer son rapide exposé 
                  sur une note positive, en affirmant que malgré tous ses défauts, 
                  le Liban tient le coup, surtout comparé à ce qui s’est passé 
                  en ex-Yougoslavie. Il rend aussi hommage à ces milliers de personnes 
                  anonymes qui sont mortes sous les balles des francs-tireurs, 
                  pendant les années de guerre, parce qu’elles refusaient de se 
                  terrer et de ne plus faire leur travail. « C’est l’histoire 
                  de ceux-là qu’il faut écrire, ceux qui par leur sang ont voulu 
                  qu’un Liban nouveau émerge, au lieu de ne s’étendre que sur 
                  les cruautés qui ont été commises. » L’assistance ne peut s’empêcher 
                  de poser des questions, tant les idées développées par l’ancien 
                  ministre l’ont secoué. Et un homme se lève pour déclarer : « 
                  Je suis né en 1920. Dans le recensement de 1932, j’ai été placé 
                  dans la case chiite. Et je crois malheureusement que je quitterai 
                  cette terre sans avoir su si j’étais aussi Libanais. » Il est 
                  longuement applaudi, mais une vague de tristesse plane sur les 
                  présents. Corm, lui, décide de réagir, s’élevant contre le prêt-à-penser 
                  que l’on sert actuellement aux Libanais, fatigués par 15 ans 
                  de guerre. « Mais cela fait treize ans que la guerre est finie, 
                  même si quelque part, nous sommes encore en guerre. Nous devons 
                  nous réveiller et cesser d’accepter de ne plus avoir de repère 
                  moral. L’argent tue les consciences. » Corm termine en refusant 
                  les accusations de révolutionnaire portées contre lui. « Je 
                  suis un conservateur socio-démocrate », lance-t-il sérieusement. 
                  Des conservateurs avec un tel profil, on en redemanderait.  
                   
                  Scarlett HADDAD  
                  L'OrientLeJour  
                  
                  Le prix France-Liban décerné à Lamia es-Saad  
                  par l’Association des écrivains de langue française  
                   
                  Le 
                  prix France-Liban, pour cette année 2003, a été décerné à Lamia 
                  Fouad es-Saad pour son ouvrage Le bonheur bleu édité à Dar an-Nahar. 
                  L’Association des écrivains de langue française (ADELF), qui 
                  réunit quelque 1 500 écrivains de 60 nationalités, remet chaque 
                  année douze prix littéraires dont celui de France-Liban. Elle 
                  a pour objectif de favoriser, dans le monde, l’expansion des 
                  littératures de langue française où qu’elles se trouvent. Ce 
                  prix a été créé en 1980 et son jury est composé d’écrivains 
                  français et libanais. Il a déjà été décerné, entre autres, aux 
                  écrivains Amin Maalouf, Andrée Chedid, Nazih Hamad et Sabrina 
                  Mervin. La lauréate est invitée le 15 mars au Sénat français 
                  afin de recevoir son prix au cours d’un déjeuner organisé à 
                  cette occasion, en présence de nombreux écrivains francophones 
                  de plusieurs pays.  
                  
                  Avant la sortie du second tome au Printemps 
                  2004 
                  Le prix Ignace Maroun à Carole Dagher 
                  pour son roman 
                  « Le Couvent de la Lune »  
                  Tous les conquérants 
                  ont tenté de faire douter les Libanais de leur identité  
                    
                   
                  Carole Dagher reçoit son prix 
                  de Mgr Boulos Matar, archevêque maronite de Beyrouth, et de 
                  M. Fouad Turk, président de la Fondation Ignace Maroun.  
                  (Photo Ibrahim Tawil)  
                   
                  Le prix Ignace Maroun a été décerné le 9 Décembre à Carole 
                  Dagher, pour le premier volume de son roman Le Couvent de la 
                  Lune (Deir el-Kamar), paru chez Plon. Plusieurs écrivains libanais 
                  francophones ont tenté leur chance dans le roman historique. 
                  Ce que Carole Dagher a fait est différent. Ce n’est pas seulement 
                  la belle intrigue qui l’intéresse, mais la restitution aux Libanais 
                  de leur passé de peuple. Un passage de son intervention, à la 
                  cérémonie de remise du prix, qui s’est déroulée à la salle Gibran 
                  de l’amicale des anciens de La Sagesse, illustre son intention 
                  : « En écrivant Le Couvent de la Lune (...), j’ai découvert 
                  mes racines historiques, culturelles, nationales avec un émerveillement 
                  et un bonheur presque enfantin. J’ai compris pourquoi l’histoire 
                  se répète chez nous : parce que nous n’en savons rien, ou pas 
                  grand-chose, et que donc nous ne retenons pas les leçons du 
                  passé (...). Beaucoup de stations historiques nous réunissent, 
                  nous Libanais de toutes les confessions, à côté de celles qui 
                  nous ont séparés (...). Je citerai le témoignage de Lamartine 
                  quand il entreprit son fameux Voyage en Orient : “Si dans telle 
                  ou telle contrée de l’Orient, il y a un homme, au Liban, il 
                  y a un peuple”. Il y a un peuple, oui ! Plusieurs communautés, 
                  avec des sensibilités différentes, avec des histoires, des cheminements 
                  différents, mais un même combat pour la liberté. Faire douter 
                  un peuple tenace de lui-même, de son histoire, de sa stabilité, 
                  de son avenir, a été un jeu auquel se sont livrés tous les conquérants 
                  de notre pays. La première règle de ce jeu consiste en général 
                  à occulter l’histoire, quand il ne s’agit pas de la falsifier. 
                  » Aujourd’hui encore, nos enfants grandissent sans passé, et 
                  un grand pan de l’histoire du Liban continue à ne pas être enseigné 
                  dans les écoles. La même vieille ruse est utilisée : faire oublier 
                  son passé à un peuple, pour lui faire oublier qu’il est un peuple. 
                  Présentant Carole Dagher, Mgr Boulos Matar s’est étendu sur 
                  ce même point : « Nous sommes invités, a-t-il dit, à reconstituer 
                  notre volonté générale unie, en pensée et en action. Alors, 
                  la souveraineté nous viendra, inévitablement, en récompense. 
                  Son avenir est entre nos mains. Personne ne nous la donnera 
                  (...). Unis, nous la garderons, désunis, elle déchoira de nos 
                  mains. » Pour sa part, Fouad Turk, président de la Fondation 
                  Ignace Maroun, a relevé que le roman a été couronné parmi 17 
                  autres œuvres qui lui ont été soumises. Et pour parler de l’ouvrage, 
                  le jury a choisi d’évoquer les noms prestigieux de Balzac, Flaubert 
                  et Zola. Le roman se situe à l’époque de l’émir Béchir II Chéhab 
                  et des personnages hauts en couleur comme Béchir Joumblatt et 
                  Lady Esther Stanhope y défilent, aux côtés des héros du roman 
                  proprement dit. Pour sa part, Thérèse Bou Maroun, de la Fondation 
                  Ignace Maroun, a souligné combien ce « roman libanais d’expression 
                  française, signe d’inculturation, est aussi signe d’un dialogue 
                  permanent entre notre peuple et le monde des valeurs humaines 
                  et culturelles que représente la francophonie ».  
                  Indispensable pour de véritables fêtes, en attendant le second 
                  tome, à paraître au printemps.  
                   
                  Fady NOUN pour l'Orient le Jour 
                   
                  Le prix Ignace Maroun 
                  On connaît mal Ignace Maroun, dont l’action 
                  pédagogique s’est étalée sur près d’un demi-siècle, et qui a 
                  laissé sa marque dans tous les domaines où il a servi : l’archevêché 
                  maronite de Beyrouth, l’école La Sagesse, le patriarcat, la 
                  Mission pontificale, le secrétariat des écoles catholiques et 
                  le Bureau international des écoles catholiques. « Plusieurs 
                  générations d’élèves ont bénéficié de ses charismes d’éducateur, 
                  de galvanisateur de la jeunesse », comme l’a bien souligné, 
                  au cours de la cérémonie, Mgr Boulos Matar, archevêque maronite 
                  de Beyrouth, qui l’a bien connu. Le prix qui porte son nom est 
                  destiné à prolonger son rayonnement, et récompense « une œuvre 
                  littéraire ou artistique qui met en valeur le patrimoine libanais 
                  ».  
               
             | 
           
         
          
           
        
           
             
               
                Lire en français et en musique: 
                   
                  « Née du silence », de Patricia Élias 
                   
                    
                   
                   
                  Signature 
                  le Samedi 
                  8 novembre au stand de la librairie Antoine, 
                   
                   
                  La poésie comme source de vie, 
                  la paix en partage et surtout comme paraphrase sont d’une prière. 
                  Touchés par un sens religieux profond, surtout chrétien, ces 
                  poèmes groupés en une mince plaquette, sous le titre un peu 
                  énigmatique "Née du silence", de Patricia Élias (50 
                  pages – Éditions Nouvelle Pléiade, Paris, avec des illustrations 
                  de Rudy Rahmé), viennent d’obtenir le Grand prix 2003 de la 
                  Société des poètes français. On dit un peu énigmatique car il 
                  est évident que la vie commence par un cri… Inspiration placée 
                  sous le signe de l’amour du divin et des impénétrables desseins 
                  du Seigneur. Verbe ardent, protégé par le recueillement et la 
                  réflexion, qui touche aux frontières du Parnasse pour mieux 
                  atteindre les cœurs et s’ériger comme un rempart contre l’adversité 
                  du destin. Avec des images calmes, une certaine musicalité jaillie 
                  des vers alliant rimes et sonorités douces, cette poésie enserrée 
                  dans sa métrique sage et un peu surannée est surtout non un 
                  cri d’amour, mais une détermination à aimer. Aimer à tout prix, 
                  surtout son prochain, s’accepter et triompher des épreuves de 
                  la vie. Aux abords des complaintes d’une croyante à la foi inébranlable, 
                  cette poésie illuminée de la grâce du Seigneur tente de répondre 
                  aux interrogations les plus profondes et les plus pressantes 
                  d’une traversée humaine. Expliquer le sens d’une vie ? Mais 
                  enfin qui de nous peut prétendre, et avec certitude,« où nous 
                  allons » et surtout « savoir qui nous sommes »… Ni Claudel ni 
                  Péguy n’ont su élucider ce mystère insondable. Cédant peu à 
                  une tentation plasticienne de l’écriture, l’auteur privilégie 
                  la trame de la simplicité et de l’humilité avec quelque emphase 
                  dans le dire poétique, de petites répétitions (« mon corps chancelle 
                  ») et surtout certaines naïvetés de style (« À son sourire, 
                  marquise des anges, je me prosterne tel un archange »). Combat 
                  avec soi-même et les autres, sereine acceptation plus que résignation, 
                  offrande plus qu’avarice de cœur, pour qu’à « jamais le mal 
                  s’endorme dans les bras de la lumière »…  
                    
                  En toute transparence et dans les mains des anges et de Dieu. 
                  Les cheveux châtains dénoués sur ses épaules, les traits fins, 
                  de grands yeux clairs en amande captant la lumière, Patricia 
                  Élias avoue en toute simplicité, presque avec effacement, que 
                  l’écriture, pour elle, est « un besoin, besoin de dire, de confesser, 
                  d’instaurer un dialogue entre l’invisible et nous-mêmes. D’ailleurs 
                  la mère de la poésie est le Cantique des Cantiques. Et par-delà 
                  toute quête spirituelle, la poésie est un chant intérieur, on 
                  peut l’embellir, la sculpter...» Comment est venue cette aventure 
                  du verbe quand de formation on est gestionnaire ? « Je n’étais 
                  pas censée écrire, dit-elle avec un sourire. Mais tout a commencé 
                  avec des premiers essais qui ont reçu l’appréciation et l’encouragement 
                  de mon entourage. Et puis, lors d’un voyage en France où vivent 
                  mes parents, j’ai finalement décidé de publier ce premier recueil 
                  tout en sachant combien la poésie a peu d’audience et surtout 
                  n’ignorant rien de ses difficultés d’édition. La chance m’a 
                  souri et puis me voilà. » Et quel est le message dans ce premier 
                  recueil ? « Si message il y a, c’est cette paix que j’ai rencontrée 
                  et que je voudrais partager. » Aujourd’hui, à la veille de la 
                  manifestation culturelle « Lire en français et en musique » 
                  (qui sera l’événement de Beyrouth du 31 octobre au 9 novembre), 
                  Patricia Élias prépare la venue de « La Société des poètes français 
                  », qui aura lieu au Biel. « C’est un hommage aux poètes libanais 
                  d’expression française, tels Schéhadé, Tuéni, Naffah, explique-t-elle. 
                  C’est tout un programme, une sorte de “spectacle” son et lumière 
                  autour de la poésie. » Fervente lectrice de Gibran (qui s’en 
                  étonnerait), travaillant d’ailleurs en collaboration avec le 
                  Comité national Gibran, Patricia Élias, infiniment humaine, 
                  car elle est aux aguets de la détresse et du besoin de l’homme, 
                  ambitionne seulement de vivre, en toute simplicité. Inquiète 
                  aussi, car elle ne voudrait guère échouer dans ce qui lui est 
                  demandé de faire (« le reste, Dieu y pourvoira », dit-elle en 
                  toute paisible confiance) et par-dessus tout elle ne voudrait 
                  pas échouer d’aimer... Des projets ? Oui, des projets d’écriture. 
                  Un roman en préparation. Une chronique familiale. Mais, pour 
                  le moment, sa grande préoccupation c’est l’événement du Biel. 
                  Entre-temps, elle vit le jour au jour. Comme seuls les poètes 
                  et ceux qui ont la foi savent le faire.  
                  Edgar DAVIDIAN  
                >>> Visite 
                  au Liban de la Société des Poètes Français 
                  
                Dix-huitième prix littéraire international 
                  « Francophonie »  
                  Avis 
                  à tous les poètes, auteurs et écrivains de langue française 
                  : du 1er novembre au 15 mars, le dix-huitième prix littéraire 
                  international « Francophonie » est ouvert à tous dans les catégories 
                  poésie classique, poésie libre, sonnet, nouvelle (policière, 
                  fantastique, aventure) et texte de chanson. Pour recevoir le 
                  règlement, contre une enveloppe préadressée et deux timbres 
                  ou deux coupons-réponses, envoyer un courrier à  
                  Christian Ulmer - prix littéraire «Francophonie » -  
                  25, place des Pyrénées - 64150 Mourenx - France.  
                   
                  A la veille de l'édition 2003 du Salon Lire en Français... 
                  Yasmina Traboulsi, prix du premier 
                  roman  
                     
                  Yasmina Traboulsi, de passage 
                  au Virgin Megastore pour présenter son roman « Les enfants de 
                  la Place ». (Photo Michel Sayegh)   
                On l’a découverte il y a moins 
                  d’un an, lors de la sortie de sa nouvelle, «Maria Aparecida 
                  ». Yasmina Traboulsi y faisait ses débuts officiels dans l’écriture. 
                  Après avoir décroché le « premier prix des jeunes écrivains 
                  francophones », elle revient avec un roman, «Les enfants de 
                  la Place», paru au Mercure de France, et une étonnante maturité. 
                  «Les enfants de la Place est la suite de Maria Aparecida, explique 
                  d’emblée Yasmina, j’avais le désir de raconter l’histoire de 
                  chacun des personnages, d’aller plus loin. La nouvelle est une 
                  valse sans fin, très rapide. Quand on s’arrête, on reste un 
                  peu étourdi. J’ai voulu aller plus profondément dans mes héros 
                  et le Brésil, car cette fois-ci, on part à Rio, São Paulo, dans 
                  les prisons et les bidonvilles. Les enfants de la Place pourrait 
                  être une valse plus lente, qui entraîne à son passage des êtres 
                  désespérés, désespérément heureux, fous, en quête de Maria Aparecida, 
                  en quête d’amour, une quête de soi, surtout. Autour de la Place, 
                  une valse à deux temps entre l’absente, « la reine de la Place», 
                  Maria et Sergio, petit vendeur de bonbons et de mouchoirs, Gringa, 
                  l’étrangère, le miroir de la Place, c’est à travers ses yeux 
                  que les personnages se voient, Mama Lourdes, voyante de pacotille, 
                  Gabriela l’orpheline jeune prostituée insolente, Tonio le borgne, 
                  musicien difforme, le chien errant, mascotte de la Place et 
                  les autres. La Place est une famille, il n’y a pas de jalousie, 
                  il y règne malgré tout de la joie et beaucoup d’humour. » La 
                  Place, c’est aussi les extrêmes du Brésil, que l’auteur aime 
                  avec passion, le pays de sa mère Paula ; son rythme, ses teintes 
                  à la fois sombres et colorées ; comme une scène de théâtre qui 
                  plante le décor et impose une ambiance, imbibée de violence, 
                  en même temps que s’échappe une note d’espoir, qui ressemble 
                  à Yasmina. « C’est une totale fiction qui aurait pu aussi se 
                  passer ailleurs. » Rayonnante en bleu turquoise et fuchsia, 
                  c’est avec un sourire serein qu’elle dénonce la cruauté, la 
                  misère tellement courante dans ce pays de tous les excès. « 
                  J’avais envie de parler de certaines choses qui me révoltent, 
                  la violence banalisée, l’horreur montrée à la télévision et 
                  qui fascine les foules, les sectes, comme celle de l’Église 
                  universelle, les prisons. Il y a dans chacun des personnages 
                  non pas un peu de moi, mais de mes idées. » Et la principale 
                  : «J’ai l’espoir que derrière chaque criminel, il reste une 
                  part d’humanité. » Peur de rien  
                  Rien, en effet, n’a altéré ce bel optimisme qui caractérise 
                  Yasmina, surtout pas ses rencontres avec la pauvreté et la criminalité. 
                  « J’ai rencontré un chef trafiquant de 22 ans pour essayer de 
                  comprendre pourquoi il faisait ça, j’ai visité des prisons, 
                  j’y ai vu la solitude, la peur, qui suintait, dissimulée par 
                  de l’agressivité, de la violence, du mépris ou de l’indifférence. 
                  Un peu comme dans la vie, en fait. J’ai vu des maisons de redressement 
                  de mineurs, la meilleure école pour apprendre “ comment devenir 
                  pire”. Mais partout, il y avait aussi de belles histoires. » 
                  Partout, dans la vie comme dans ces pages, habitées par des 
                  gens qui s’aiment, s’affrontent, s’ignorent, se frôlent ou se 
                  détruisent. « Chacun a son histoire. J’ai vécu avec eux pendant 
                  un an. Quand je me réveillais, ils se réveillaient un à un. 
                  Quand je rédigeais une scène où il arrivait quelque chose de 
                  mauvais à l’un d’entre eux, j’en avais les larmes aux yeux ! 
                  » Le livre est terminé ; Gringa, Turco, l’Accordeur et leurs 
                  acolytes sont repartis ; Yasmina a commencé à se fabriquer de 
                  nouveaux amis pour son prochain roman encore en gestation. « 
                  Je me suis rendu compte, en terminant la nouvelle, que l’écriture 
                  était une urgence dans ma vie, mon oxygène. Le deuxième roman 
                  est le plus dur. Il sera sur le Soudan, je crois. » Pressentie 
                  pour le « prix du premier roman du Touquet », elle vient d’obtenir 
                  le « prix du premier roman », et réagit à cette victoire avec 
                  un gracieux sourire. « Je n’aime pas trop le fait d’être mise 
                  en avant », aime-t-elle à répéter. « Je suis étonnée mais flattée. 
                  Je reste un peu timide », avoue-t-elle enfin. Les enfants de 
                  la Place ressemble lui aussi à une valse douce amère dont on 
                  ressort un peu étourdi mais heureux. « Attention talent ! » 
                  C’est dit sur la couverture.  
                   
                  Carla HENOUD  
                    
                   
                   
                  * L’auteur signera « 
                  Les enfants de la Place » au stand Virgin du salon « Lire en 
                  français et en musique », les 8 et 9 novembre.  
                  
                  Selim Abou 
                   
                Chaque 19 mars, entre 1996 et 
                  2003, le père Sélim Abou, alors recteur de l’USJ, prononçait 
                  un discours d’anthologie à l’occasion de la Saint-Joseph. Directeur 
                  des Presses de l’USJ depuis septembre 2003 – et titulaire de 
                  la chaire « Louis D. – Institut de France » d’anthropologie 
                  interculturelle – le père Abou a pris l’heureuse initiative 
                  de regrouper ces allocutions dans le cadre d’un ouvrage, Les 
                  Libertés dans une édition bilingue arabe-français. Un avertissement 
                  au lecteur, au début de l’ouvrage, indique : « À regrouper les 
                  allocutions par ordre chronologique dans un même recueil, on 
                  saisit mieux l’évolution du discours et les méandres de la réalité 
                  sociale, culturelle et politique dont il essaie de rendre compte 
                  dans une perspective critique. » À parcourir l’ouvrage, l’on 
                  se rend compte comment Sélim Abou a exprimé l’esprit de l’époque 
                  à travers ses discours. Avec, en toile de fond, une exigence 
                  : celle de défendre les libertés, jusqu’à la « colère » (discours 
                  de mars 2002), et même, circonstances obligent, jusqu’à la « 
                  résistance » (discours de mars 2003). Le père Abou signera son 
                  ouvrage dans le cadre d’une cérémonie au Salon Lire en français. 
                    
                  
                  Venus Khoury-Ghata, 
                   
                  poètesse et conteuse, 
                  une inconditionnelle du Salon Lire 
                  en Français de Beyrouth 
                  
                  >>> Son entretien avec la 
                  Revue du Liban 
                  
                     
                   
                Quelques idées de Lecture pour 
                  l'Eté... 
                  Entre Romans et Poésie 
                Temps idéal pour lire en été. Beaucoup 
                  de livres dans les devantures des librairies. Une petite sélection 
                  des derniers ouvrages parus où, entre essais, romans, poésie 
                  et critique littéraire, la culture, en français ou en arabe, 
                  sonde plus d’un domaine du paysage littéraire libanais. Et en 
                  donne des reflets variés.  
                   
                  «L’idéal du chancelier de l’université» 
                  de Raja Choueiri  
                  Prolifique auteur et homme de 
                  lettres avisé, Raja Choueiri n’est plus inconnu des lecteurs 
                  libanais. Après une série d’œuvres placées sous le label «Terroirs 
                  littéraires du Liban» où l’on cite volontiers Dhour Choueir 
                  ou la paix des pins, Deir el-Qamar et Fakhreddine, Bécharré, 
                  Gibran et le gibranisme, Baskinta et Neaimeh ou la nouvelle 
                  montagne inspirée, Le pays de Byblos-Jbeil visité par Amine 
                  Rihani et Nostalgie, sagesse et folklore selon Anis Freiha, 
                  voilà que Raja Choueiri, loin de l’analyse littéraire et de 
                  l’essai biographique, tâte du roman. Fidèle à son inspiration 
                  au pays du Cèdre, l’auteur fait plonger les racines de sa fiction 
                  en terre libanaise et au cœur même de Beyrouth. L’idéal du chancelier 
                  de l’université (éditions Felix Beryte – 315 pages) de Raja 
                  Choueiri est un regard pertinent et quelque peu interrogateur 
                  sur une institution académique célèbre dans notre capitale et 
                  la région. Une université centenaire, de beaux bâtiments dispersés 
                  dans un jardin à la végétation bien entretenue, une communauté 
                  de missionnaires américains, un chancelier désenchanté et mettant 
                  en doute le sens d’une vie, des étudiants préoccupés par leurs 
                  études mais aussi par le tourbillon de la vie, tout cela s’agite, 
                  vit et palpite dans ces pages formant un tableau vivant et coloré 
                  où se nouent drames, passions et aspirations secrètes livrées 
                  au hasard et à l’imprévisible de l’avenir...  
                «La vision» de Jean Salmé  
                  Recueil de quelques nouvelles, 
                  courtes comme un exercice de style, groupées sous le titre La 
                  vision de Jean Salmé. Nouvelles traduites de l’arabe en français 
                  par Antoine Rizkallah Mouchati, où l’auteur aborde la fiction 
                  à travers des détails puisés au quotidien et inspirés de la 
                  vie courante. Six nouvelles au souffle tendre et parfois moralisateur 
                  qui portent différents titres. On cite volontiers Thémis, L’indésirable, 
                  Le singe, Un écrivain, La résurrection, Une promenade en voiture… 
                  Croquées sur le vif, dans une expression simple et claire, ces 
                  nouvelles mettent en situations des personnages et des évènements 
                  comme pour mieux éclairer ou expliquer le cours d’une vie… 
                 «Kitab al-Sawaii» de Gérôme Chahine 
                   
                  Préfacé par l’archevêque Georges 
                  Khodr, le dernier ouvrage de Gérôme Chahine, Kitab al-Sawaii 
                  (93 pages – éditions Dar an-Nahar), est de la poésie d’inspiration 
                  religieuse. Mots limpides et pensée vibrante, où Dieu est la 
                  source première de ces poèmes empreints d’une certaine lumière 
                  mystique. Long parcours de l’auteur, parfaitement à l’aise aussi 
                  bien en français qu’en arabe et dont nous citons volontiers 
                  certaines de ses œuvres : Maan ala tarik, Al-massihiya wal markaa 
                  (La chrétienté et la femme)1975, Et j’aurai un nom (1986), La 
                  sagesse arabe (1989) et les traductions en arabe des livres 
                  d’Etel Adnan (Sitt Marie-Rose) et d’Albert Memmi (L’image du 
                  colonisé et du colonisateur). Avec des mots simples, des images 
                  radieuses, un lyrisme à peine contenu, une musicalité soigneusement 
                  mesurée, ces poèmes libres de toute prosodie conventionnelle 
                  sont presque une prière ardente et un vibrant message de fraternité 
                  humaine.  
                «Adwaa Kachifat» de François el-Hélou 
                   
                  De la critique mordante enrobée 
                  d’humour mais aussi d’un certain vitriol. Critique de la vie 
                  culturelle et des travers de la société, voilà ces « lumières 
                  » qui se projettent sur plus d’un paysage libanais à travers 
                  la plume touchée non seulement par la dérision mais aussi par 
                  la poésie de François el-Hélou. Paru aux éditions Dar el-Salwa, 
                  son ouvrage intitulé Adwaa Kachifat (Lumières révélatrices), 
                  96 pages, où justement l’auteur met à nu sans ménagement ni 
                  tendresse le monde du show-business libanais et égratigne en 
                  passant les rouages rouillés d’un système social dominé encore 
                  par l’obscurantisme et les tabous. Tonique malgré son allure 
                  farfelue. Sans nul doute, un livre de réflexion malgré sa fausse 
                  apparence de légèreté. 
                   
                  Avec la collaboration de 
                    
                  et 
                   
                    
               
             | 
           
         
        
        
           
             
              « Correspondance 
                nostalgique » de Nadia Nammar  
                Témoignage et cri du cœur  
                 
                Un livre simple, émouvant, révélateur des 
                moments les plus difficiles dans la vie des Libanais affrontant 
                une longue période de guerre sanglante et meurtrière. Correspondance 
                nostalgique de Nadia Nammar (274 pages – édité par les FMA avec 
                en couverture une reproduction d’une toile intitulée Lames de 
                fond de Nicolas Nammar) jette la pleine lumière sur une tranche 
                de vie des difficultés quotidiennes d’une population littéralement 
                «bombardée » (et c’est à peine là une figure de style) par des 
                ennuis et des tracas insurmontables dans une constante atmosphère 
                d’extrême violence, de débâcle et de déroute. L’auteur signe là 
                son premier ouvrage en langue française et son second après la 
                parution de Hikayat Jassad (Histoire d’un corps) dont nous avons 
                fait la présentation dans ces mêmes colonnes. En exergue, Lucien 
                George note : « Dans le Moyen-Orient de tous les dangers et de 
                toutes les turbulences, Correspondance nostalgique, chronique 
                de la guerre du Liban vue à travers le prisme personnel des lettres 
                échangées par Nadia Nammar avec sa famille et ses amis, paraît 
                alors qu’une autre guerre, en Irak, vient de bouleverser la géopolitique 
                de la région et déboussoler ses populations.» Formulation et narration 
                simples pour dire le désarroi mais aussi un certain espoir dans 
                ces journées sombres où vivre (et survivre) était presque une 
                gageure. Nadia Nammar explique son entreprise : « Essayer de remettre 
                plus ou moins en ordre tout ce désordre que je retrouve écrit 
                selon l’humeur du moment vécu, au cours de nos errances durant 
                cette période maudite et chaotique qui n’a causé que morts, malheurs 
                et séparations, n’a pas été chose facile. Pourquoi ai-je gardé 
                toute cette correspondance ? Je ne saurais le dire. Je tiens toutefois 
                à préciser que seules quelques lettres sans intérêt, hors d’un 
                cercle très intime, ont été sciemment supprimées. Quant au reste, 
                tout est reproduit intégralement et tel quel. Y changer quoi que 
                ce soit altérerait authenticité et sincérité. Nous avons beaucoup 
                souffert, quinze années durant. Puissions-nous effacer à jamais 
                de nos mémoires ces moments douloureux qui ont souillé de sang 
                et de honte un grand chapitre de l’histoire de notre nation. Puissent 
                surtout nos enfants et petits-enfants dépasser cette période amère 
                dans leur marche vers un avenir meilleur. » Relation épistolière 
                un peu décousue où, sans évoquer la régularité des lettres d’une 
                Madame de Sévigné, la plume, même dans un siècle aujourd’hui dominé 
                par la rapidité des e-mails, a toute la force et la pertinence 
                d’un sérieux constat doublé d’une certaine analyse sociale. Dans 
                la préface, Jean-Paul Fransceschini relève les détails suivants 
                : « Le cliché journalistique sur l’attitude des Libanais pendant 
                la guerre est bien connu : au lendemain de chaque bombardement, 
                le commerçant balayait les éclats de verre de sa vitrine avant 
                de reprendre la vente. Et il est vrai que peu de peuples, dans 
                l’histoire, ont montré l’extraordinaire force de résistance, l’étonnant 
                courage face au déchaînement de l’horreur dont les Libanais ont 
                fait preuve. Toutefois, c’est d’un autre courage que nous parlent 
                les signataires de ces lettres. Le courage plus haut et tellement 
                plus rare de refuser la haine si tentante qui tourbillonne, la 
                vengeance qui propose à chaque instant sa drogue hébétante, la 
                sottise qui fait préférer la vérité d’un camp à celle de l’âme. 
                Le courage qu’il faut pour survivre à la frénésie et la bassesse 
                quand on voit son pays déchiré et sa famille séparée. » Et les 
                années ont passé… La dernière lettre est signée de janvier 2003. 
                L’euphorie de la mort violente dépassée, toujours pas de lendemains 
                qui chantent... Et cette phrase terrible qui clôt le cycle des 
                lettres : « Les années passent…Et nos rêves avec elles. »  
                  
                30 Juillet 2003 
             | 
           
         
        
        
           
             
              Nouveauté aux 
                PUF
                  
                
                Cliquez sur la couverture pour 
                accéder à la fiche...   
             | 
             
               
                La Paix et 
                  la crise: 
                  le Liban reconstruit? 
                  par Franck Débié 
                  et Danuta Pieter 
                   
                   
                  Paru à la fin du mois de Mai 2003, on 
                  ne saurait passer à côté de cette Monographie 
                  traitant de la situation du Liban qui s'attarde dans une transition 
                  entre la Paix et la Crise. 
                  Voici un ouvrage bien documenté et plein d'analyses pertinentes 
                  pour comprendre le Liban d'aujourd'hui au coeur d'une région 
                  en pleine mutation. 
               
             | 
           
         
        
        
           
            |  
              
             | 
             
               
                Khiam, prison de la honte*: 
                  le titre du livre de Véronique 
                  Ruggirello peut se lire de deux façons. Ce centre 
                  de détention barbare qui est devenu le symbole de l'occupation 
                  israélienne du sud du Liban incarne aux yeux du monde les crimes 
                  dont s'est rendue coupable l'armée d'un Etat jugé «démocratique» 
                  hors du monde arabe. C'est la prison de la honte, dénoncée par 
                  Amnesty International. Mais pour les lecteurs libanais, la honte 
                  surgit d'emblée à un autre niveau. 
                   
                  >>> Lire 
                  l'Article de l'Hebdo Magazine... 
                  * 
                  Editions L'Harmattan, collection Comprendre le 
                  Moyen-Orient  
               
             | 
           
         
        
        
           
            |  
               « Parcours en francophonie(s) 
                », de Zahida Darwiche Jabbour  
                 Professeur à 
                l’Université libanaise, Zahida Darwiche Jabbour n’en est pas à 
                sa première tentative d’écriture. À son actif déjà, plus d’un 
                ouvrage attestant de sa culture et préoccupation littéraires. 
                 
                On cite volontiers ses publications au Dar an-Nahar : Poésie et 
                initiation dans l’œuvre de Nadia Tuéni (1992), Études sur la poésie 
                libanaise francophone (1997) et, finalement, Histoire et expérience 
                dans le Livre I d’Adonis (2000, en arabe). Aujourd’hui, fidèle 
                à sa maison d’édition, c’est-à-dire Dar an-Nahar, voilà qu’elle 
                signe un ouvrage de réflexion et d’analyse sur le concept et les 
                réalités de la francophonie et sur la littérature francophone, 
                notamment au Proche-Orient, au Maghreb et en Afrique noire. Parcours 
                en francophonie(s) (182 pages), tel est le titre de cet ouvrage 
                ayant jeté son dévolu sur trois espaces géographiques avec des 
                rapprochements socio-historico-culturels, qui permettent de les 
                aborder dans une perspective identique. 
                L’auteur porte son regard sur la littérature comme miroir pour 
                illustrer les notions de métissage, de dialogue et de diversité 
                culturelle, à l’heure de la mondialisation. L’objectif ici n’est 
                pas de retracer une histoire de la francophonie, mais d’éclairer 
                ses aspects problématiques, notamment ceux relatifs à l’identité 
                nationale, en particulier au Liban, au Maghreb et en Afrique. 
                Pour cela, Zahida Darwiche Jabbour interroge certaines œuvres 
                et prête l’oreille à leur auteur tout en cherchant à garder sa 
                neutralité et en respectant autant que possible l’objectivité 
                nécessaire à toute approche critique.  
                Opter aujourd’hui pour la francophonie signifierait plus une adhésion 
                aux valeurs de l’humanisme que prendre le parti de la langue française 
                ou la privilégier par rapport aux autres langues. Après un bref 
                survol des notions de colonisation, de négritude, de francophonie 
                et une illustration littéraire à travers certains écrits de Vénus 
                Khoury-Ghata, Myriam Antaki, Malika Mokeddem et Henri Lopes, le 
                mot de la fin revient à cette citation tirée des dernières lignes 
                : « Instrument de la diversité culturelle, le français est pour 
                chacun de nous francophones une des composantes d’une identité 
                culturelle, non pas double mais plurielle ». Ghassan Tuéni y voit, 
                à juste titre, « un véhicule culturel par excellence, offert à 
                tous ceux qui sont habités par un instinct de dépassement de soi 
                et une propension à transcender le particulier pour atteindre 
                à l’universel. »  
             | 
           
         
        
        
           
             
                
                
                Cliquez sur la photo pour en savoir 
                plus sur la riche bibliographie artistique et éclectique 
                du Libano-Canadien Wajdi Mouawad. 
             | 
             
               
                Premier roman du dramaturge 
                  libanais  
                  « Visage retrouvé », de Wajdi Mouawad 
                  :  
                  le deuil de la guerre  
                   Ceux 
                  qui ont vu «Littoral», la plus célèbre pièce de Wajdi Mouawad 
                  qui s’est jouée en mars 2001 au théâtre Monnot, ne l’ont pas 
                  oubliée facilement. Il faut dire que l’écriture du dramaturge 
                  est chargée d’une grâce violente, presque romantique dans ses 
                  excès et sa sincérité, qui touche au plus profond. Le voilà 
                  qui signe son premier roman, «Visage retrouvé», aux Éditions 
                  Actes Sud - Leméac. Et encore une fois, il fait mouche. Une 
                  seule et unique motivation l’occupe et le hante : la guerre 
                  libanaise, qui l’a exilé loin de sa terre natale. Lorsqu’il 
                  reçoit, en novembre 2000 à Montréal, le prix littéraire du gouverneur 
                  général, il confie, lors de son discours, que « l’écriture est 
                  devenue pour (lui) la seule position tenable pour répondre à 
                  cette barbarie . » Si Littoral s’ouvre sur la mort du père et 
                  le retour au pays natal, Visage retrouvé évoque l’agonie de 
                  la mère dans le pays d’accueil, le Canada. Ici, le personnage 
                  principal, Wahab, a sept ans le 13 avril 1975 lorsque l’autocar 
                  avec à son bord des Palestiniens est criblé de balles devant 
                  ses yeux à Aïn el-Remmaneh. À 14 ans, quelques jours après son 
                  anniversaire fêté au Québec, où il est installé depuis quelques 
                  années avec sa famille, il rentre chez lui et ne reconnaît plus 
                  ni sa mère ni sa sœur. La violence verbale, les punitions prennent 
                  le dessus sur la douceur. Effrayé et ne comprenant pas ce qui 
                  lui arrive, Wahab fait une fugue pendant une semaine. Le temps, 
                  en forme de prologue, puis le premier livre, avec ses deux parties, 
                  La peur et La beauté, suivent cet enfant et cet adolescent dans 
                  ses rêves, ses attentes, ses moments de solitude, ses peurs 
                  et ses décisions. En filigrane, le visage d’une mère complètement 
                  transformé. Avec une facilité déconcertante, l’auteur rend la 
                  voix de l’adolescent tangible, crédible, troublante de toute 
                  manière. Angoissé, rongé par des apparitions morbides qui le 
                  poursuivent depuis la vision macabre de l’autobus en flammes, 
                  il trouvera la solution à son angoisse en rendant la parole 
                  à une petite fille croisée pendant sa fuite et en rencontrant 
                  le grand-père de celle-ci, qui lui confie le secret : « Il n’y 
                  a qu’une peur d’enfance pour terrasser une autre peur d’enfance 
                  ». Révélation Le deuxième livre, placé sous le titre du chapitre 
                  unique La colère, rattrape Wahab à ses 19 ans. Son discours 
                  a changé. Il ne sait plus pleurer, il est agressif, perdu. Une 
                  nuit, son frère l’appelle et lui demande de les rejoindre à 
                  l’hôpital pour accompagner leur mère, rongée par un cancer, 
                  dans ses dernières heures. Cinquante pages admirables où toute 
                  la rage et tout l’amour dont est capable un jeune homme envers 
                  sa mère se déploient dans des phrases puissantes, tantôt longues 
                  comme des lianes, tantôt courtes comme des lames de rasoir. 
                  Les circonvolutions interminables des pensées du héros avant 
                  d’arriver à l’hôpital, sa lucidité, sa cruauté et la révélation 
                  finale, qu’il affronte alors que sa mère vient de s’éteindre, 
                  livrent la clé du roman. Cette clé, le lecteur l’attend sur 
                  plus de 200 pages, et cette attente n’est pas déçue. Wajdi Mouawad, 
                  avec un sens aguerri du rythme, déroule son récit sans couac. 
                  En somme, ce coup d’essai est plus qu’honorable : Visage retrouvé 
                  est le roman d’apprentissage par excellence. Ou comment faire 
                  son deuil de la guerre.  
                   
                  Diala GEMAYEL - L'Orient-LeJour du 17 Avril 2003 
               
             | 
           
         
          
           
        
           
             
               
                Fady 
                  Stéphan dédicace son roman au Salon du livre de Paris  
                  À l’instar de Braudeau, Sollers et Le Clézio, Fady Stéphan est 
                  à l’honneur de la couverture du magazine des libraires français 
                  Page dans son numéro de février dernier. Stéphan a également 
                  eu droit à une interview pour son récent roman inspiré par sa 
                  ville natale, Deir el Kamar, Le berceau du monde , qu’il 
                  signera au Salon du livre de Paris, Porte de Versailles, au 
                  stand Versailles/Le Seuil (carré Seuil et diffusions), samedi 
                  22 mars de 16 à 17 heures.  
                Un livre qui sort des sentiers 
                  battus et qui se fraie son propre chemin… Baroque, insolite, 
                  érudit, jetant des ramifications et des embranchements multiples, 
                  oscillant entre digressions inspirées et contes levantins inédits, 
                  ce premier roman de Fady Stephan semble l’affaire d’une vie. 
                  Une vie où compilation, histoire (grande et petite), poésie, 
                  littérature et désirs d’évasion font un heureux mariage d’amour. 
                  Portant le titre Le berceau du monde avec deux mots-clefs « 
                  orient-opéra » en sous -titre, cet ouvrage (aux éditions Verticales 
                  – 389 pages) s’inscrit dans le sillage des écritures richement 
                  documentées où la réalité dépasse, devance et explique la fiction. 
                  Né à Beyrouth en 1946, Fady Stéphan est professeur d’archéologie 
                  et de langues nord-est sémitiques à l’Université libanaise. 
                  Fouilles (au Liban, à Chypre, au Yémen) et traductions en français 
                  de nombreux textes latins, araméens, syriaques, hébreux, phéniciens 
                  et puniques lui sont familières. Spécialités qui non seulement 
                  se reflètent dans ces pages foisonnantes de détails historiques 
                  mais les inondent et parfois en débordent. Une authentique invitation 
                  au voyage au cœur de l’Orient que ce Berceau du monde dont parlait 
                  justement Gérard de Nerval. Fourmillant récit initiatique pour 
                  retrouver l’essence d’une vie, d’un pays. De l’enfance de Fady 
                  Stéphan, lui servant à la fois de voilette et d’écran pour se 
                  soustraire aux regards et projeter son « intériorité », aux 
                  incroyables turbulences d’une histoire du Liban touffue, dense, 
                  panachée de couleurs vives et variées dans sa mosaïque de communautés, 
                  brassant événements sanglants et personnages pittoresques, ce 
                  livre est un vibrant hommage à une terre aimée et à son insaisissable 
                  société. Labyrinthe d’histoires pour un kaleidoscope d’images 
                  et une galerie de personnages attachants. Comme Proust avait 
                  rêvé de faire un livre sur la musicalité et les richesses sonores 
                  des seuls noms, Stéphan entreprend une longue et minutieuse 
                  promenade à travers nos « villes douces » pour émerger à Deir 
                  el-Kamar où « les étés se déroulaient dans un cirque élevé de 
                  collines, couronné d’un bois de cyprès argentés… » Histoire 
                  du Liban comme on ne l’a jamais racontée, avec des chapitres 
                  palpitants de vie qui s’enchaînent comme ces poupées russes 
                  gigognes, prolongeant ainsi le sens du merveilleux d’une narration 
                  puisée au sein même d’une terre aux légendes millénaires. Épique, 
                  lyrique, bruissant d’une poésie aux phosphorescences magiques, 
                  ce livre hors norme passant du conte au journal intime, des 
                  poèmes à l’historiographie, évoque avec subtilité une terre 
                  édénique, paradis retrouvé des romantiques et point de rencontre 
                  et d’accueil de toutes les religions, communautés de pensées 
                  et sectes philosophiques. De l’unité à la réconciliation à notre 
                  innommable guerre-déchirure, sur fond de paysages somptueux 
                  et impassibles, se déroule cette fresque où défilent Hindiyé, 
                  le Djazzar, des émirs (Béchir, Fakhreddine), Lady Hester Stanhope, 
                  Lamartine, Nerval, la reine de Saba, Kamal Joumblatt et bien 
                  d’autres…Orient rêvé , Orient de rêve, dans ce tissu chamarré 
                  de couleurs éclatantes et comme ployant sous les nuages d’encens 
                  qui s’en dégagent, voilà des pages bourrées de connaissances 
                  où tout se succède et se téléscope (comme un film) à une vitesse 
                  déroutante et c’est à peine si ce volumineux ouvrage, avec un 
                  saut de plus de cent ans dans le vide d’un trait de plume, peut 
                  contenir autant de monde, d’aspiration, d’agitation et de paysages… 
                  Approche savante, spirituelle et littéraire du Liban, passionnément 
                  et profondément aimé. L’auteur semble être sous le charme de 
                  ce pays aux innombrables correspondances secrètes et il en communique 
                  cette richesse fondamentale à travers une écriture sobre, précise, 
                  imagée mais aussi ornée et poétique. Alliant le romanesque, 
                  l’autobiographique et un sens critique réservé, ce livre singulier, 
                  s’il ne livre pas entièrement la personnalité de son auteur, 
                  n’en jette pas moins toute la lumière, avec émotion et ravissement, 
                  sur « un petit pays caché derrière un éventail de collines et 
                  de ravins de mer, recelant tant de merveilleux ».  
                   
                  Edgar Davidian l'Orient-Le Jour. 
               
             | 
           
         
          
        
           
             
              XXIIe 
                édition du festival annuel du 
                livre du 6 au 16 Mars 2003: 
                Le Mouvement culturel-Antélias 
                se place sous le signe du changement par la culture 
                  
                 
                Le Ministre Salamé lors de l'inauguration du Salon - Photo 
                Marwan Assaf - 
                 
                 Le 
                Mouvement culturel-Antélias a annoncé hier, par la voix de son 
                secrétaire général Georges Abi Saleh, la 22e édition de son Festival 
                libanais du livre, qui fait date dans l’agenda culturel annuel, 
                et qui est placé, cette année, sous le patronage du chef de l’État. 
                Le Festival libanais du livre se tient dans la grande salles des 
                fêtes de l’Église Mar Élias, à Antélias, et restera ouvert quotidiennement 
                entre 11 heures et 21 heures, du 6 au 16 mars. Comme chaque année, 
                plusieurs dizaines de maisons d’édition arabes et étrangères participeront 
                à cette foire du livre où le taux d’escompte des prix des livres 
                n’est jamais inférieur à 25 %. Le festival propose en outre un 
                stand aux auteurs ayant édité leurs ouvrages à leur propre compte, 
                ainsi qu’une variété d’activités culturelles orientées vers différentes 
                catégories de lecteurs. En réalité, le Festival du livre du Mouvement 
                culturel-Antélias reflète la profonde conviction de ses organisateurs 
                dans la possibilité d’un « changement par la culture », a affirmé 
                M. Georges Abi Saleh dans sa présentation. Un changement dont 
                les moteurs invariables sont « la défense de certaines causes 
                humaines et nationales sacrées au premier rang desquelles il faut 
                placer la souveraineté, l’indépendance, la liberté de décision, 
                l’unité nationale et la libération de l’occupation, de la tutelle 
                et de l’arriération ». Voici le programme des activités culturelles 
                qui animeront et rempliront les dix journées du Festival du livre. 
                Hommage aux anciens. Le Festival du livre a pris l’habitude de 
                rendre hommage aux anciens pour leur contribution à l’enrichissement 
                du patrimoine culturel national, sous divers angles. Des livrets 
                seront consacrés à chacune des personnalités auxquelles il sera 
                rendu hommage. Les hommages seront organisés tout les soirs à 
                18h30.  
                1 - Cette année, le Mouvement culturel-Antélias a établi la liste 
                de personnalités à honorer comme suit : 
                – le juriste Hassan Kawwas (8 mars), présenté par M. Mounif Hamdane 
                ; 
                – l’éminent professeur irakien de langues anciennes Bassil Akoula, 
                présenté par Georges Chalhoub ;  
                – l’ambassadeur Fouad Turk, présenté par Henri Zgheib ; 
                – l’écrivain d’origine syrienne Salma Haffar Kouzbari, présentée 
                par Me Ghaleb Ghanem, président du Conseil d’État ; 
                – le pionnier du travail social Joseph Donato, présenté par Moussa 
                Gédéon ; 
                – l’historiographe et chercheur Wagih Kawtharani, présenté par 
                Massoud Younès ; – l’économiste et banquier Amine Alami, présenté 
                par Ghassan Ayyache.  
                2 - Par ailleurs, le Festival du livre organise, comme chaque 
                année, une série de conférences tables rondes sur un thème ou 
                un ouvrage. Cette année, les thèmes choisis sont « le risque de 
                guerre en Irak » (7 mars, 18h30), avec la participation d’Élias 
                Hanna, de Chafic Masri et de Jihad el-Zein ; l’ouvrage de Camille 
                Naufal sur « Les Arabes américains, otages impuissants, de Eisenhower 
                à Ford » (14 mars à 16 heures) avec la participation des anciens 
                ministres Farès Boueiz et Nadim Dimachkiyé ; l’ouvrage de Michel 
                Geha sur les poètes libanais écrivant en langue vernaculaire, 
                avec la participation de Sami Makarem, Elham Kallab-Bsat et du 
                poète Joseph Abi Daher (15 mars à 18h30) ; l’ouvrage Recommandations 
                dernières de l’imam Chamseddine, avec la participation de Mohammed 
                Hussein Chamseddine et Samir Frangié (16 mars à 18h30). 
                3 - Le Festival libanais du livre offrira par ailleurs des activités 
                artistiques aux étudiants, selon le calendrier suivant : 
                – Mardi 11 mars : rencontre-débat autour d’un film vidéo avec 
                Georgette Gébara sous le titre : « La danse et l’identité » (7-12 
                ans).  
                – Mercredi 12 et jeudi 13 mars : scènes de théâtre présentées 
                par les élèves de l’Institut des beaux-arts de l’Université libanaise-deuxième 
                section, suivies d’un débat sut « le théâtre et l’éducation » 
                conduit par le président de la section théâtre Jean Daoud (secondaire). 
                 
                – Vendredi 14 mars : Scènes théâtrales pour enfants présentées 
                par Gisèle Hachem Zard Abou Jaoudé.  
                4 - Le Festival du livre organisera à l’intention des élèves du 
                secondaire qui ont pris l’habitude de le visiter deux concours 
                de culture générale destinés aux élèves du complémentaire et du 
                secondaire. Leurs résultats feront l’objet d’une cérémonie de 
                remise de prix spéciale.  
                5 - Dans le but de mettre en rapport l’auteur avec ses lecteurs 
                et de leur permettre de tirer profit de cette relation pour un 
                enrichissement mutuel, des signatures d’ouvrages seront organisées, 
                suivant un programme en cours de définition qui sera publié quotidiennement 
                dans la presse. Une quarantaine d’auteurs bénéficieront de cette 
                occasion.  
                6 - À l’occasion du Festival du livre, le Mouvement culturel-Antélias 
                publie une série d’ouvrages, et d’abord une sorte d’actes du Festival 
                du livre (2002-2003), un recueil des présentations des auteurs 
                honorés l’année dernière et enfin, un ouvrage sur le philosophe 
                libanais personnaliste René Habachi, qui vient de s’éteindre. 
                Ces ouvrages seront distribués gratuitement aux visiteurs. Le 
                Mouvement culturel aura par ailleurs son propre stand dans le 
                festival. 
                7 - Un stand nouveauté affichera les principales publications 
                parues entre deux éditions du Festival du livre. Le festival, 
                insiste la présentation, n’est pas seulement une foire aux livres, 
                mais une célébration d’un rite, celui du livre. 
                C’est la fête du mot, de la pensée, du dialogue et de la créativité 
                littéraire, des valeurs auxquelles le Mouvement culturel-Antélias 
                croit et pour lesquelles il œuvre.  
             | 
           
         
          
            
           
        
           
             
               
                Un livre 
                  engagé au coeur de l'actualité qui ne pourra pas 
                  plaire à tout le monde... 
                 « ISRAËL LE DERNIER QUART D’HEURE 
                  » de Gabriel Enkiri  
                  A LIRE ABSOLUMENT AVANT LA 
                  GUERRE : Le Litani menacé !  
                  
                  Remaniée et actualisée, 
                  la seconde édition de son livre paraît en format poche.  
                  Elle comporte un nouveau chapitre éclairant intitulé « de l’Affaire 
                  Rosenberg… à la Shoa ». (Membre du PCF au moment de l’Affaire, 
                  son témoignage n’a pas fini de faire des vagues aux States… 
                  et ailleurs !) Plus important encore : pour la première fois, 
                  un observateur de la vie politique, qui fut gaulliste puis communiste, 
                  a enfin compris, douze ans après la disparition de l’URSS, que 
                  les communautés juives d’Europe (centrale et de l’Est), émancipées 
                  par le capitalisme (allemand) au cours du 19e siècle, se sont 
                  lancées - mues par une formidable volonté de domination (due 
                  à une longue frustration) - à l’assaut de l’Europe (et du monde) 
                  en s’alliant avec la nouvelle puissance au cœur de l’Europe. 
                  Elles furent « retournées » en 1917 (en pleine guerre !) par 
                  l’Angleterre soucieuse de rompre l’alliance des Juifs avec ce 
                  pays en plein essor. Quelques mois plus tard, quatre Empires 
                  s’effondraient comme des châteaux de cartes, laissant place 
                  à deux entreprises à vocation hégémonique : la « soviétique 
                  » et le sionisme, les Juifs sortant triomphants de la guerre, 
                  à Moscou comme à Londres, avec Trotski et Weizmann. Ces deux 
                  « démences » accouchèrent à l’Est d’un État totalitaire, à l’Ouest 
                  d’un État sioniste dominateur. Le XXe siècle fut traversé et 
                  ensanglanté par ces deux entreprises qui fusionnèrent en 1941, 
                  dans le cadre de l’alliance « américano-soviétique » conclue 
                  lors de l’invasion de l’URSS. Après deux guerres (la « promesse 
                  » avec l’Angleterre puis la « concrétisation de la promesse 
                  » en 1945-1949 avec l’aide conjointe de Staline et de l’Oncle 
                  Sam) les Juifs ont fini par s’emparer d’une partie de la Palestine… 
                  et par passer à l’Ouest ! Le massacre des Juifs – commencé sous 
                  le tsarisme après l’assassinat d’Alexandre II en 1881 –devenait 
                  inévitable, dès 1917, après leur « trahison », ressentie comme 
                  telle en Allemagne, et le soulèvement des peuples de l’Est contre 
                  le nouvel impérialisme moscovite. Les assassinats de Rosa Luxembourg 
                  et de Karl Liebknecht en 1918 annonçaient le formidable « règlement 
                  de comptes » qui eut lieu… en 1941 lorsque ces peuples opprimés 
                  (profondément croyants) crurent venue la fin de l’occupation 
                  judéo-soviétique athée. L’alliance réalisée avec Roosevelt sauva 
                  Staline et son régime despotique mais les sionistes, en choisissant 
                  les States en 1949, plongèrent Staline dans un délire antisémite 
                  qui ne prit fin qu’avec sa mort en 1953. En reprenant le chemin 
                  de l’Ouest, les Juifs condamnaient l’URSS à disparaître. Aujourd’hui, 
                  ils font naturellement corps avec l’hyper puissance dominante. 
                  Pour consolider et tenter de sauver l’État juif, Ariel Sharon 
                  a besoin d’une nouvelle guerre au Proche-Orient. Il a convaincu 
                  Bush junior que le pétrole irakien (et plus encore) était à 
                  sa merci. Et lui, pendant ce temps, tentera d’imposer sa solution 
                  à lui. Ira-t-il jusqu’à détourner le Litani, dont les eaux seront 
                  absolument nécessaires au grand Israël ? L’annexion du Golan 
                  par Shamir le laisse penser. Nous sommes bien à un tournant 
                  de l’histoire de l’Humanité. Après le Traité de Versailles (1918), 
                  après Yalta (1945), voici le nouveau « partage » auquel les 
                  Anglais espèrent être associés en participant, aux côtés des 
                  Américains, à la « grande guerre » des pétroliers texans. Dans 
                  une « lettre ouverte » publiée par le site internet la-paix.org 
                  Gabriel Enkiri, dont la famille paternelle est originaire de 
                  Saint-Jean-d’Acre, lance un appel à Jacques Chirac : « Opposez-vous 
                  à la guerre avec Gerhard Schröder. Proposez ensemble à l’ONU 
                  une grande Conférence pour la paix ». Dans sa réponse, son Chef 
                  de Cabinet, Annie Lhéritier, écrit : « chargée de vous répondre, 
                  je puis vous assurer qu’il a été pris attentivement connaissance 
                  de vos réflexions ». Il faut rappeler que Gabriel Enkiri est 
                  né lui aussi en 1932, et qu’il est également un « ancien du 
                  Lycée Carnot » à Paris. Dans son livre autobiographique « romancé 
                  » intitulé « Kidnapping – entre Saint-Caradec et l’Elysée » 
                  l’auteur a narré son itinéraire à la fois « parallèle » et « 
                  croisé » avec celui de l’actuel Président de la République pour 
                  lequel il a voté dès le 1er tour, en 1995 et en 2002 ! Ce qui 
                  rend d’autant plus incompréhensible ( ?) la censure des médias 
                  français, alors que les journaux arabes (Al Ittihad, Al 
                  Watan…) découvrent son livre, fort dérangeant il est vrai, pour 
                  les sionistes . Une « paix juste et durable » ne pourra prendre 
                  forme que sur la vérité. 
                   
                  « Israël le dernier quart d’heure » - seconde édition remaniée, 
                  complétée et actualisée- après l’échec de L. Jospin et la réélection 
                  de J. Chirac - 380 pages en format poche – 8 euros  
                  Distribution : Alterdis pour la France, 
                  et Albouraq (Librairie de l’Orient) pour le monde arabe 
                  – en vente également à l’IMA. Egalement sur les librairies en 
                  ligne Amazone et Alapage  
               
             | 
           
         
          
            
          Janvier 2003 
           
        
           
            |  
               Le 
                prix littéraire "France-Liban" attribué 
                à Nazir Hamad pour 
                "l'enfant adoptif et ses familles" 
                Le vendredi 17 janvier 2003, et pour la 22e fois, le jury du prix 
                littéraire "France-Liban" s'est réuni au siège de l'Association 
                des écrivains de langue française (ADELF), à Paris, en présence 
                de Paul Blanc, Adel Ismaïl, Edmond Jouve, Vénus Khoury-Ghata, 
                Abdallah Naaman (responsable du prix), Bahjat Rizk, Charles Rizk 
                et Bassam Tourbah. Sept ouvrages étaient en compétition et c'est 
                "L'Enfant adoptif et ses familles" (aux éditions Denoël) de Nazir 
                Hamad qui a été couronné. Le lauréat, né à Baalbek en 1947, est 
                un psychanalyste libanais installé à Paris. Auteur de nombreux 
                ouvrages, dont un co-écrit avec la célèbre Françoise Dolto (1909-1988), 
                Nazir Hamad est membre de l'Association freudienne. Il a été nommé, 
                en décembre dernier, chevalier dans l'ordre des Palmes académiques. 
                 
             | 
           
         
          
          Décembre 2002: 
           
          Inauguration d'une MédiaZone à l'ABC Dbayé  
          avec un débat sur le littérature libanaise contemporaine. 
        Animée par May Menassa, notre consœur du quotidien « 
          an-Nahar », une table ronde, intitulée « Regards sur la littérature 
          libanaise contemporaine», a réuni, à l’ABC, à l’occasion de l’inauguration 
          d’un espace Media Zone au sous-sol du grand magasin (et à l’invitation 
          de la librairie Antoine), quatre grands auteurs libanais. 
          Il s’agit de Vénus Khoury-Ghatta (romancière et poétesse), d’Alexandre 
          Najjar (avocat et écrivain), d’Élias el-Khoury (romancier, 
          essayiste, critique littéraire et rédacteur en chef du supplément culturel 
          du « Nahar ») et de Hassan Daoud (romancier et journaliste au 
          quotidien « al-Mustaqbal »).  
          Quatre plumes différentes, dans leur style, leur langue et leur mode 
          d’expression, mais qui ont en commun le talent et cette vocation d’être 
          des messagers de l’identité profondément multiculturelle du Liban, comme 
          l’a dit May Menassa dans son mot de présentation. Devant une assemblée, 
          composée au départ uniquement de lecteurs assidus puis grossissant au 
          fur et à mesure que se développait le débat, May Menassa a d’abord souligné 
          l’importance de la langue française pour les auteurs libanais. Qu’ils 
          soient d’expression française, comme Vénus Khoury-Ghatta et Alexandre 
          Najjar, ou «arabophones » (étiquette que récuse avec humour Élias el-Khoury, 
          en faisant remarquer l’utilité d’une telle précision, un écrivain libanais 
          étant forcément arabophone !), à l’instar de ce journaliste et de son 
          confrère Hassan Daoud. «La langue française a trouvé au Liban ses purs 
          reflets, affirme May Menassa. Des poètes, des romanciers (...) ont laissé 
          transparaître leur langue mère sous la langue française, outil d’expression. 
          (...)  
          Voilà que bon nombre d’auteurs arabes offrent à la langue française 
          une âme, une histoire, une émotion, un Levant encore fascinant d’où 
          un nombre de maisons d’édition françaises qui trouvent dans les arabophones 
          matière riche à traduire ; notamment: Hoda Barakat, Adonis, Ounsi el-Hage, 
          Paul Chaoul, Élias el-Khoury, Hassan Daoud, Rachid Daïf et d’autres...» 
          L’animatrice a ensuite présenté brièvement les écrivains réunis pour 
          l’occasion, avant de leurs demander de parler chacun d’une de leurs 
          œuvres majeures ou récentes. Vénus Khoury-Ghatta a confirmé son identité 
          d’écrivain oriental de langue française. Cet auteur de 12 recueils de 
          poèmes et de 16 romans en français aborde presque toujours le Moyen-Orient 
          dans ses écrits. Mis à part son dernier roman, La Maestra, inspiré par 
          une morte dans la maison de laquelle Vénus Khoury-Ghatta s’est retrouvée 
          lors d’un voyage en Amérique du Sud.  
          Un livre dont l’écriture garde cependant une coloration orientale. 
          Une histoire d’amour différente 
          Élias el-Khoury est l’auteur de huit romans, dont Bab el-Chams (La porte 
          du soleil), qui a obtenu le grand prix littéraire palestinien. Et qui 
          a été traduit en français, en anglais et en... hébreu. «Ce livre raconte 
          une histoire d’amour, placée dans le contexte de la « nakba » palestinienne. 
          Mais à la différence des romans d’amour habituels qui parlent généralement 
          de séparation, La porte du soleil est le récit des retrouvailles d’un 
          couple, séparé lors des événements de 1948. Khalil est un combattant 
          chassé de Palestine, qui vit dans le camps de Chatila. Sa femme et son 
          fils se sont réfugiés à Deir al-Assad. Leur séparation forcée, entrecoupée 
          de visites régulières, va attiser les sentiments de Khalil pour sa femme. 
          Il va en retomber amoureux.» Hassan Daoud a parlé, lui, de Ayyam zaidat 
          (Les jours ajoutés), qui conte les derniers jours d’un nonagénaire qui 
          n’est autre que le grand-père de l’auteur. «J’ai écrit ce livre en mémoire 
          de mon grand-père, dont j’étais, il me semble, le petit-fils préféré, 
          pour rendre hommage à cet homme à la personnalité hors du commun, indique 
          Hassan Daoud. Mais ce livre est aussi une forme d’excuse que je lui 
          adresse pour une faute que j’ai commise envers lui.»  
          La modernité dans l’écriture  
          Enfin Alexandre Najjar, le plus jeune d’entre tous et le plus prolifique, 
          puisqu’il a publié, depuis 1988 à 2002, 12 romans, 2 recueils de poèmes, 
          une pièce et enfin une biographie de Gibran Khalil Gibran. À propos 
          de ce dernier ouvrage, Najjar a expliqué que c’était là son premier 
          livre écrit sur commande, à la demande d’une maison d’édition française 
          spécialisée dans les biographies de grands hommes. Qu’il y avait trouvé 
          une sorte de défi à relever, après toutes les biographies écrites sur 
          l’auteur du Prophète. Et qu’il avait essayé de donner sa vision objective 
          de Gibran, basée sur une somme de recherches, de documentations et d’études 
          de thèses et d’ouvrages multiples sur cette grande figure. Un débat 
          autour d’une question posée par May Menassa, sur la modernité dans l’écriture, 
          a suivi les présentations des auteurs. Certains s’en réclamant comme 
          Hassan Daoud ou Élias el-Khoury, qui affirme que la modernité de l’écriture 
          transparaît surtout dans les sujets inspirés du quotidien qu’elle aborde. 
          D’autres, comme Vénus Khoury-Ghatta, préfèrent se placer hors du contexte 
          d’une modernité qui ramène la littérature à des élucubrations nombrilistes 
          et exhibistionnistes, ou comme Alexandre Najjar, qui affirme qu’«avoir 
          une plume moderne ou pas est, avec le choix du sujet et celui de la 
          langue, une des trois libertés primordiales de l’écrivain ».  
          Une séance de signature ainsi qu’un cocktail ont suivi cette table ronde. 
          Laquelle ne devrait pas rester, on l’espère, une de ces heureuses initiatives 
          isolées qui sortent la culture des cercles et cénacles restreints aux 
          seuls intellectuels. Mais faire effet boule de neige, pour mettre enfin 
          la culture à la portée du grand public. Dans des lieux publics.  
        Zéna ZALZAL  
            
           
          3.12.2002  
        ----- 
          Nouveautés 
            
           
          pour commander une fois dans le site tapez Beyrouth, prix: 24 €uros 
        "Regards sur Beyrouth"aux Editions Romain 
          Pages,  
          de Astrid Gateau, Frédéric Soreau et Olivier Dalle. Ce livre contient 
          des photos, des textes et des interviews et a pour thème Beyrouth et 
          la langue française.  
          Les personnalités culturelles interviewées dans ce livre sont :  
          Abbas Beydoun, Alexandre Najjar, Gebran Tuéni, Hanan el Cheikh, Aref 
          Rayess et Ounsi el Hage. 
        "Nous avons beaucoup erré et beaucoup écouté, au hasard des rues 
          et des quartiers de Beyrouth, nous sommes partis à la rencontre de toutes 
          ces communautés qui forment la source vive et l’histoire de la capitale 
          libanaise, Druzes, Maronites, Arméniens, Sunnites, Chiites, et cette 
          centaine d’autres micro-communautés.  
          Surtout, les auteurs ont interrogé les écrivains de la ville, ceux qui 
          y vivent ou y ont vécu, ceux qui ont écrit sur Beyrouth, qui l’ont connue. 
           
          Qui mieux que des romanciers, des poètes, sauraient nous parler de leur 
          ville ? " 
        ----- 
           
          De Gaulle et le Liban, Vers l'Orient compliqué (1929-1931) 
          
        Au Liban, le général de Gaulle est, depuis longtemps, entré dans la 
          légende. A sa mort, il n'est pas un homme politique libanais qui n'ait 
          salué sa mémoire et rappelé son action en faveur du Liban et de la " 
          cause arabe ". Pourquoi cette idolâtrie ? Est-elle justifiée ? Quelles 
          furent exactement les relations entre le Liban et le Général, qui résida 
          deux années au pays des Cèdres alors qu'il n'était que commandant, qui 
          joua un rôle déterminant dans l'accession du Liban à l'indépendance, 
          qui accueillit chaleureusement le président libanais Charles Hélou en 
          mai 1965, et décréta l'embargo sur les armes destinées à l'Etat hébreu 
          à l'issue du raid israélien sur l'Aéroport International de Beyrouth 
          en 1968… Des articles, des mémoires ont déjà évoqué les liens entre 
          de Gaulle et le Liban. Mais c'est la première fois qu'un livre, en quatre 
          volumes, est consacré à ce sujet. Fruit de recherches minutieuses au 
          Liban et en France, enrichi de documents inédits et d'un important dossier 
          iconographique, il lève le voile sur des aspects méconnus de la vie 
          du " plus illustre des Français  
           
          Editions Geutner-Paris 
           
           
            
           
        Quand le Liban regarde 
          le Québec, cela donne le livre de  
          Zeina El Tibi : Le Québec, l’Amérique en français.  
          Une petite encyclopédie sur ce pays finalement peu connu, à l’usage 
          de tous.  
          
           
        Le Magazine Québecois 
          du Livre 
          NUIT BLANCHE  
          consacre son 
          numéro de l'Automne 2002 à la littérature libanaise 
          d'expression francophone. 
          Poésie, Roman, Théatre, un dossier complet... 
            
         --- 
          
        --- 
        La 
          fiction au coeur de la réalité du 11 Septembre? 
             
          Quelques jours après la destruction du 
          World Trade Center, des lettres contenant de l'anthrax contaminent de 
          paisibles employés aux quatre coins de l'Amérique... Meg, microbiologiste 
          de renom, est contactée par la CIA pour mener une enquête planétaire 
          qui la conduira jusqu'en Irak. A peine arrivée à Bagdad, elle doit affronter 
          une femme redoutable, responsable du programme bactériologique irakien 
          et surnommée «Lady Virus»... Entre elles, deux hommes: Chris, un chercheur 
          français qui en sait long sur le syndrome du Golfe et le crash mistérieux 
          d'un avion israélien à Amsterdam, et Rachid, un informaticien libanais 
          en mal d'amour. De New York à Amman et d'Amsterdam à Beyrouth, Meg parviendra-t-elle 
          à déjouer les plans diaboliques de son ennemie? Un roman d'espionnage 
          haletant, qui mêlant fiction et réalité, nous entraîne dans l'univers 
          impitoyable du bioterrorisme mondial 
        Alexandre Najjar, l'auteur de ce roman était l'invité 
          de l'émission matinale de Jacques Pradel, le 20 Août sur 
          Europe 1, en compagnie de Mr Roland Jacquard. 
        Lady Virus, 218 p., éd. Balland, 2002.  
          
          Sortie en Octobre 2002: 
           
          une nouvelle Biographie de Khalil Gibran par Alexandre 
          Najjar  
             
           
          Octobre 2002 
        Publication - 
          Un ouvrage unique en son genre, destiné au sommet de Beyrouth  
          « L’armorial de la francophonie » de Maurice Saliba : 
          16000 notices bibliographiques sur le Liban  
        * Dès l’annonce, en 1997 au Vietnam, 
          de la décision d’organiser le IXe Sommet de la francophonie à Beyrouth, 
          j’ai résolu, en tant que citoyen libanais vivant en France, de contribuer 
          à faire connaître la francophonie du Liban», déclare d’emblée Maurice 
          Saliba. Il se lance alors dans l’élaboration de cet armorial de la francophonie 
          dans lequel il a réuni plus de 16 000 notices bibliographiques ayant 
          trait directement ou indirectement au pays du cèdre. D’une part, cela 
          concerne les publications des Libanais en langue française toutes disciplines 
          confondues. Et, d’autre part, les écrits en français sur le Liban depuis 
          1515 jusqu’à fin 2001.  
          L’auteur ne prétend pas que son travail soit exhaustif. «En effet, certains 
          ouvrages publiés à compte d’auteur, à tirage réduit, ne figurent pas 
          toujours dans les catalogues des bibliothèques ou centres de documentation. 
          Autre raison: un bon nombre de thèses ou de mémoires n’ont pu être identifiés.» 
          Maurice Saliba est spécialiste en sociologie de l’éducation et du développement, 
          consultant libre auprès des organisations des Nations unies. Il enseigne 
          actuellement en France. À son actif, notamment, l’Index Libanicus I, 
          œuvre bibliographique répertoriant quelque 5000 publications parues 
          en langues européennes touchant directement ou indirectement le Liban 
          (histoire, géographie, archéologie, politique, économie, droit, sciences, 
          arts, etc.) et L’Index Libanicus II, un inventaire de touts les thèses 
          et mémoires soutenus dans les universités du Liban de 1900 à 1980. Il 
          a traduit de nombreux ouvrages dont la fameuse étude du professeur Théodore 
          Hamf, Liban, coexistence en temps de guerre (en arabe, aux éditions 
          Dar an-Nahar). 
          L’armorial de la francophonie est un dictionnaire dont les notices bibliographiques 
          sont classées par ordre alphabétique selon les noms des auteurs et dans 
          l’ordre chronologique de leur parution. L’auteur donne des informations 
          sur chaque type de document (ouvrage, article dans une revue littéraire 
          ou scientifique, thèse, ou littérature grise, etc.). L’ouvrage est complété 
          par deux index: le premier est thématique et géographique, le second 
          est onomastique (pour signaler les coauteurs, les traducteurs, les préfaciers 
          et les illustrateurs). Pour parvenir à son objectif, l’auteur a lancé 
          des initiatives de recherche avec des proches, des amis, d’anciens collègues 
          universitaires, des bibliothécaires et des pigistes. Près de 40 personnes 
          dans sept pays (France, Canada, Belgique, Suisse, Italie, Espagne et 
          Liban) y ont contribué.  
          Chose étonnante: des centaines de Libanais ont soutenu leurs thèses 
          en français dans des pays non francophones, comme l’Espagne, l’Italie, 
          l’Allemagne, la Russie ou la Pologne. Homme de chiffres, Saliba affirme 
          que plus de «50 ouvrages et collections de références ont été dépouillés; 
          48 catalogues consultés; 43 bibliothèques, instituts de recherche et 
          centres de documentation visités; 192 revues compulsées et plus de 40 
          sites Internet interrogés.» La somme de cette recherche constitue un 
          répertoire de 16027 notices bibliographiques. À qui s’adresse cet ouvrage? 
          L’auteur souhaite qu’il soit distribué à tous les délégués qui participeront 
          au sommet ainsi qu’à toutes les bibliothèques francophones dans le monde 
          pour que la vraie participation libanaise à la francophonie soit identifiée 
          et bien connue. Maurice Saliba espère que «les Libanais connaîtront 
          mieux leur patrimoine culturel francophone, qui est un vrai facteur 
          d’enrichissement et d’ouverture. Ce patrimoine leur permet de cultiver 
          les échanges de tout genre avec le monde entier mais aussi de promouvoir 
          sainement le dialogue des cultures et des civilisations, affinités constantes 
          de leur histoire et de leur destin.» Comme le souhaite Camille Aboussouan 
          dans l’avant-propos: «Peut-être que l’analyse détaillée de cet ouvrage 
          et de ses thèmes permettra de dire que l’observation attentive de l’histoire, 
          de l’écriture et du langage devait un jour mener aux rigueurs d’une 
          exceptionnelle et harmonieuse exigence.» 
           
          Le sociologue dédie cet ouvrage à la mémoire de quatre Libanais: «Le 
          président Charles Hélou, père de la francophonie, Boutros Dib, le père 
          Étienne Sakr et l’éminent homme de sciences Rammal Rammal.»  
          Maurice Saliba conclut sur cette réflexion: «Aurons-nous un jour la 
          chance d’avoir une bibliothèque nationale qui réunirait toutes les publications 
          des Libanais dans toutes les langues?» Reste à souligner que cet ouvrage 
          est disponible en librairie. Les Messageries du Moyen-Orient assurent 
          sa distribution au Liban et la librairie orientaliste Geuthner en France. 
           
           
          MGH 
            
          Edition du 8 Octobre 2002 
           
          Septembre 2002 
        Nouveauté- « 
          La folle odyssée de Didon », un ouvrage de jeunesse en français Les 
          mythes fondateurs phéniciens revisités par Karine Safa  
            
        Le siège de Tyr (éditions Sader), suivi de L’invraisemblable 
          histoire de Cadmos le Phénicien et de sa sœur Europe (édition du Béryl) 
          et maintenant La folle odyssée de Didon, princesse de Tyr, reine de 
          Carthage (également aux éditions du Béryl) clôture la trilogie phénicienne 
          signée Karine Safa. L’auteur, docteur en philosophie, s’est attachée 
          « à combler un vide, dit-elle. Mon idée générale était de m’occuper 
          du patrimoine du Liban. J’ai choisi de m’attaquer aux mythes fondateurs 
          de la Phénicie sur lesquels on ne trouve pas grand-chose dans les livres 
          d’histoire du Liban. Les pérégrinations de Cadmos, par exemple, y sont 
          relatées en trois lignes qu’on oublie aussitôt lues ». Son Cadmos a 
          d’ailleurs été très apprécié des écoliers libanais, « parce qu’il n’y 
          a pas au Liban de livres en français aussi attrayants sur notre patrimoine 
          ». Et en France, où il est distribué en librairie, il a participé au 
          salon du livre de jeunesse de Montreuil, où il a été sélectionné parmi 
          les 50 meilleurs ouvrages du salon. Encouragée par ce succès, Karine 
          Safa s’attaque donc à une autre figure légendaire de la civilisation 
          sphénicienne Élissa, la fondatrice de Carthage, « connue en Europe sous 
          le nom romain de Didon, lequel est tiré de Dido, qui signifie en latin 
          errante », signale Karine Safa, qui a fait ses classes de latin, et 
          tiré même une partie de ses recherches de la littérature gréco-latine, 
          dans le texte. « Virgile a été une référence, dit-elle. Mais ce n’est 
          pas toujours facile de se retrouver avec la profusion de textes écrits 
          sur Didon, très connue en Europe pour ses fameuses amours avec le Troyen 
          Énée. C’est d’ailleurs une thématique récurrente dans l’art européen. 
          La peinture dans tous les siècles s’est attelée à ce sujet: Raphaël, 
          l’Anglais Turner... Et donc dans cette masse d’informations, on obtient 
          souvent des récits tout à fait contradictoires. C’est là où le travail 
          d’écriture commence. Des voies émergent, on leur donne une direction 
          en fonction de ce que l’on a envie d’écrire.» Élissa-Didon « Pour ma 
          part, j’avais envie de passer d’une information formelle, classée à 
          mi-chemin entre histoire et mythologie, à quelque chose de plus vivant 
          et d’y introduire la dimension de l’aventure, du merveilleux et du rêve. 
          Dans La folle odyssée de Didon, poursuit-elle, ce que je mets surtout 
          en valeur, c’est la première partie de son histoire. Sa vie à Tyr et 
          les péripéties qu’elle y a vécues, les persécutions qu’elle a subies 
          de la part de son frère Pygmalion qui en voulait à sa fortune. Ce qui 
          l’a justement poussée à fuir Tyr pour aller fonder la ville de Carthage, 
          qui deviendra par la suite un empire. Et le grand concurrent de Rome. 
          J’ai expliqué donc ce qui s’est passé et je termine le livre à la fondation 
          de Carthage. » C’est dans un style simple et poétique à la fois que 
          Karine Safa narre cet épisode de la vie d’une figure sans doute historique 
          qui a été embellie par l’imagination populaire. Ce livre, joliment illustré, 
          s’adresse aux enfants à partir de 11 ou 12 ans. Il a été publié grâce 
          au concours du fonds de soutien à l’édition de l’Agence intergouvernementale 
          de la francophonie (AIF). Cette agence consacre un fonds spécial pour 
          aider, à travers le monde, les éditeurs de livres de jeunesse francophones 
          à constituer un stock d’ouvrages de qualité, dont le prix ne soit pas 
          très élevé, de manière à ce qu’il convienne au pouvoir d’achat des pays 
          du Sud. Au Liban, il est vendu 9 euros.  
           
          
           
          est le distributeur 
          pour le Liban et le Moyen-Orient de 
           
            
          , l' éditeur des cultures francophones. 
           
          Contact : SELECTION Distribution BP 1162-5267 Musée – 
          Beyrouth, 1106 - 2030 LIBAN  
          Tél/Fax: 961-1-381111 ou 961-1-394343 
          
          Parution 
          en Mars 2002 
          aux éditions 
          ACL "Atelier de la création libertaire" 
        1er 
          Roman de Georges Saad 
           
            
        " 
          Marie Luce Bruyère ou la 
          vie d'un étudiant libanais en France" 
         En vente au Liban, dans les Libraires 
          Antoine et à la Librairie Le Point 
        Pour la France: 
          ATELIER DE CREATION LIBERTAIRE 2002 Atelier de 
          création libertaire BP 1186, 
          F-69202 Lyon cedex 01 Tél 04 78 29 28 26 - email : ateliber@multimania.com 
           
          ISBN 2 - 905691 - 76 – X janvier 2002 - 10 
          euros seulement!.  
          Pour les intéressés il faut le commander chez l’éditeur qui n’est pas 
          riche pour engager une maison de diffusion. Il le fera si l’ouvrage 
          devient le best-seller du 21ème siècle! 
         
          Ce livre a fait l'objet d'une conférence spéciale de présentation 
          par la 
          Mission Culturelle Française à Beyrouth 
           
           Le 
          23 Mai 2002 au Centre Culturel Français de Beyrouth 
           
          Avec >>>>>>>> 
          
          Intervenants : Carmel Mitifiot, 
          attachée de coopération à l’Ambassade de France, Suheil al Kach, professeur 
          à l’université libanaise, Hervé Lecuyer, professeur à l’U.S.J. Présentateur-modérateur 
          Nadim Schoucair, journaliste. 
          La présentation sera suivie d’une signature ; elle aura lieu le jeudi 
          23 mai 2002, à 18h, salle des conférences du centre culturel français, 
          rue de Damas, Beyrouth.  
           
          Trois échantillons gratuits 
          :  
          1. Mademoiselle, le théâtre de la 
          sagesse, s’il vous plaît ? – On n’est pas d’ici. Ce regard malicieux, 
          c’était pour me dire qu’elle avait compris que ce théâtre n’existait 
          pas en Avignon. Elle s’est quand même arrêtée à ma hauteur, le sac en 
          bandoulière et la main droite qui s’y accrochait pour plus de contenance. 
          Son sourire était si encourageant, – une véritable aubaine pour le grand 
          timide que je suis, que je l’ai invitée à se joindre à moi autour d’un 
          café, sur une de ces places dont seule la France a le secret. Ah ! cette 
          douce France, une affaire de cœur ! On ne trouve ça ni dans les pays 
          rhénans, ni Outre-Atlantique, ça grouille tellement de monde de toutes 
          les couleurs. ?a murmure, ça ronronne, ça se dispute, ça gigote, ça 
          remue... Et quelle belle source d’eau sur cette place ! Et je ne vous 
          dis rien de ces maisons en briques rouges ou en vieilles pierres de 
          pays qui contrastent, malgré la beauté sublime du pays du cèdre, avec 
          les vilains immeubles de Beyrouth.  
           
          2.On était vendredi. Le lendemain 
          je retournais à Bourgoin. Je devais d’abord emprunter à quelqu’un un 
          peu d’argent. Mais je n’ai trouvé personne. J’assistais à tous les cours. 
          Avec plaisir, en plus. Un cours de Monsieur le Professeur Vincent, encore 
          un, et un autre de Monsieur Azéma. Un professeur sympathique, commercialiste 
          et libéral. Les mauvaises langues disaient qu’il était de droite. Moi 
          je le trouvais gentil. Je pensais, à cette époque d’engagement un peu 
          sectaire, qu’on ne pouvait pas être de droite, pro-capitaliste et gentil 
          à la fois. Ce vendredi, j’ai pris moi-même mes cours. Et pour une fois, 
          comme tous les étudiants français, je m’apprêtais à partir en week-end 
          moi aussi. J’étais même privilégié, puisque moi, je ne partais pas vers 
          de vieux parents par obligation mais vers Marie, ma copine, ma moitié, 
          ma femme à moi, qui allait m’attendre à la gare et avec qui j’entrevoyais 
          déjà la belle nuit qui nous attendait, le bon plat avec mille ingrédients, 
          une quiche lorraine par exemple, rien qu’en entrée, avec ces petits 
          morceaux de lard fumé, de la crème fraîche et aigre.  
           
          3.C’est que chez Marie ces épices 
          t’appelaient de loin, leur présence embaumait, je suppose que chez moi 
          elles devaient être bien cachées dans le grenier ou bien on ne devait 
          pas les utiliser souvent. Ce sont des aromates, des petits riens qui 
          font quelquefois basculer les choses et les concepts, qui vous font 
          passer brusquement d’un plat ordinaire à un mystère, à un amour, à une 
          belle histoire : laurier, thym, basilic, gingembre, girofle, origan, 
          romarin, safran... Enfin tout était doux dans cette maison. Effectivement, 
          Marie était une fille sincère. Une fois chez elle, on s’apercevait qu’elle 
          était quelqu’un de vrai. J’ai compris cela quand elle m’a présenté ses 
          amis. Ritou, Bibi, Tonton, Quiqui, Riri, Ahmad, Bouch... Une dizaine 
          de jeunes, filles et garçons, dont aucun ne m’a été présenté par son 
          vrai prénom, ce qui voulait dire que leurs relations étaient plutôt 
          du genre mignon, humain, peu compliqué, égalitaire, socialiste, et même 
          mieux que ça, communiste libertaire. [1][1][1] Signature au centre culturel 
          français de Beyrouth le 23 mai, 16h, 2002. Deux signatures en France 
          (sud et Paris dates à déterminer), probablement été 2002. Georges Saad 
         
          
          Tant de Libanais qui ont passé quelques années en France 
          pour y étudier pourront certainement s'identifier au personnage 
          de l'ouvrage... 
           
          LibanVision souhaite le meilleur succès à 
          "Marie-Luce Bruyère ou la vie d’un étudiant 
          libanais en France " 
          Georges Saad  
          un livre au coeur de la francophonie libanaise! 
           
         
          
          et aussi: 
        «Le couvent de la Lune» de 
          Carole Dagher,  
          ou Deir el-Kamar à travers le temps  
           
          Premier roman d’une trilogie aux éditions Plon  
            
          Carole Dagher : Le recours a l'histoire , pour comprendre 
          le present  
        Auteur de trois essais politiques sur le Liban et le Moyen-Orient, 
          Carole Dagher, journaliste et chercheur associé à l’Université de Georgetown, 
          signe aujourd’hui une fresque historique et sentimentale, flash-back 
          sur le Liban du XIXe siècle. «Le couvent de la Lune», premier roman 
          d’une trilogie aux éditions Plon, transporte le lecteur au temps de 
          l’émir Béchir II Chéhab, période faste en évènements, intrigues, prouesses 
          militaires, témoignages d’amitié et de loyauté.  
          De la cour de Deir el-Kamar à Constantinople, de Damas à Saint-Jean 
          d’Acre, il y a là les personnages illustres de l’époque et ceux imaginés 
          par la romancière. Les faits sont vus et vécus par le jeune héros Kérim, 
          idéaliste chef de cavalerie de l’émir. Quelles sont les raisons qui 
          ont poussé Carole Dagher à écrire ce roman ? « Curieusement, et en dépit 
          du fait que le XIXe siècle fut un siècle foisonnant et déterminant dans 
          l’histoire des nations, orientales aussi bien qu’européennes, il reste 
          à découvrir par le grand public, souligne la jeune écrivain. Le XIXe 
          siècle fut le terreau des grands conflits du XXe siècle en Orient. Le 
          rôle décisif joué par la France, l’Angleterre et subsidiairement la 
          Prusse, l’Autriche et la Russie dans l’Empire ottoman reste aussi méconnu 
          en France qu’il l’est en Orient.  
          Au Liban, entre l’histoire de la conquête arabe et celle de la France, 
          des générations de Libanais ont grandi à l’école sans rien apprendre 
          de l’histoire de leur pays autre que ce que les uns et les autres ont 
          bien voulu leur distiller à des fins politiques, poursuit-elle. Cette 
          négligence n’est pas innocente : parce que l’histoire pèse encore lourdement 
          dans l’inconscient collectif, parce que l’on n’ose pas l’assumer de 
          crainte qu’en remuant la cendre, l’on ranime une braise toujours ardente, 
          parce que l’on préfère éviter ce que l’on ne sait pas aborder de manière 
          scientifique, non passionnelle, dans cet Orient de tous les déchaînements, 
          l’on a préféré démissionner ». Le romantisme aussi… « Un souci de romantisme 
          et d’esthétique a présidé à l’écriture du “ couvent de la Lune” , affirme 
          Dagher. 
          Il s’agit de faire revivre le Levant riche en couleurs des grands voyageurs, 
          peintres, écrivains, explorateurs et consuls européens du XIXe siècle. 
          Le monde d’aujourd’hui a besoin de rêve et de dépaysement ; cet ouvrage 
          se propose de répondre à ce besoin. Ce souci de romantisme est couplé 
          à un autre, qui lui est corollaire : le souci d’authenticité. Il m’a 
          guidée dans la peinture des mœurs et traditions, des costumes et d’un 
          style de vie aujourd’hui disparus ou ne survivant plus que dans des 
          villages reculés. Cela ajoute un parfum d’exotisme à l’œuvre ».  
          Carole Dagher s’est installée pendant 6 mois dans une maison de Deir 
          el-Kamar. S’imprégnant de l’atmosphère du village, entreprenant des 
          recherches sur le terrain, fouillant les archives des grandes familles 
          de la région, revivant les us et coutumes des ancêtres à travers divers 
          témoignages. Les faits historiques sont authentiques. Les personnages 
          qui évoluent autour de l’émir ont existé. « Je n’ai pas porté de jugement 
          sur telle ou telle personnalité », note Carole Dagher. Pour cela, il 
          fallait entrer dans la peau des personnages. Imaginer leurs motivations 
          et réactions. Et les expliquer plutôt que de les condamner. «L’autorité 
          et la rigidité de l’émir Béchir sont légendaires. Il a gouverné d’une 
          poigne de fer. Les Libanais sont divisés à son propos. Certains le voient 
          comme un despote, ils le tiennent responsable de nombreux malheurs. 
          D’autres le considèrent comme un héros, un des fondateurs du Liban moderne 
          ». Parler d’un personnage aussi controversé est une entreprise assez 
          audacieuse. Elle en est consciente. « À des moments, je sortais épuisée 
          du travail d’écriture », dit-elle. « Mais si on le présente de manière 
          à rendre toutes les contradictions des personnages, c’est honnête. Les 
          lecteurs jugeront par eux-mêmes ». Acte donc.  
        LibanVision Mai 2002 
          avec 
          le concours de  
            
           
          
          
          Francophonie - Création de l’Association internationale 
          des libraires francophones  
           
          Une vingtaine de libraires venant de dix-huit pays francophones, réunis 
          le 27 mars 2002 au siège de l’Agence intergouvernementale de la francophonie, 
          ont créé l’Association internationale des libraires francophones. 
          Objectifs : dynamiser la diffusion du livre francophone et développer 
          la solidarité professionnelle, notamment entre libraires du Nord et 
          du Sud.  
          L’idée de créer cette association s’était imposée 
          comme une nécessité en octobre dernier, à Beyrouth, lors d’un colloque 
          qui a réuni pour la première fois une quarantaine de libraires francophones. 
          Le colloque avait été organisé par l’agence en partenariat avec France 
          Édition, en réponse à l’initiative de libraires libanais. L’Association 
          internationale des libraires francophones a pour principaux objectifs 
          de dynamiser la diffusion du livre francophone et de soutenir les libraires 
          – qui souffrent souvent d’isolement, en particulier dans les pays du 
          Sud – en instaurant des mécanismes de partage et de solidarité entre 
          libraires du Nord et du Sud, en recensant leurs besoins et en collectant 
          et diffusant l’information qui les intéresse. Sur la base des propositions 
          concrètes formulées lors du colloque de Beyrouth, six axes de travail 
          ont été dégagés par l’association, notamment dans les domaines de la 
          formation, la diffusion et l’informatisation. Des jumelages entre librairies 
          sont envisagés dans le but de promouvoir l’esprit de réseau.  
          L’Association internationale des libraires 
          francophones s’est dotée d’un conseil d’administration dont le coordonnateur 
          est le libraire libanais, Michel Choueiri.  
          
          A la Une ce mois-ci: 
        Aux Editions l'Harmattan: 
           
          Faites tomber les murs, le défi du Liban de l'aprés-guerre* 
          par Carole Dagher 
        L'auteur propose au lecteur une reflexion sur 
          l'idée libanaise avec le recul de la guerre, transmet sa croyance 
          en la réalité de ce rêve, pronant davantage la Libanité 
          du monde arabe que l'arabité du Liban. 
          Elle milite ainsi pour une plus grande implication des Chrétiens 
          du Liban, dont la présence apporte la richesse et la complémentarité 
          qui en font sa spécificité. 
          Or, que deviendrait celle-ci, faite de dialogue, pluralisme et respect 
          si le reflexe était la fuite face à certaines peurs. 
          De leur comportement dépendent en grande partie l'avenir du Liban 
          et ses chances de survie, la vision partagée d'un pays et d'une 
          idée commune.La priorité consiste donc à restaurer 
          l'âme du Liban selon la formule de l'Avocat et penseur Pharès 
          Zoghbi lors d'un débat organisé en Mars à Beyrouth 
          à l'occasion de la présentation de ce livre lucide et 
          courageux qui pose certainement la vraie problématique libanaise 
          du moment. 
        * Original écrit 
          en Anglais sous le titre "bring down the walls"-éditions 
          St Martin's Press -Mc Millan 
         
              
          " Communiqué Libanvision 
          " 
        Retour sur la Forte Présence 
          Libanaise au Salon du Livre de Paris 
          du 22 au 27 Mars 2002 
        Participation du Liban, pour 
          la 1ère fois, au Salon du Livre de Paris, Porte de Versailles, du 22 
          au 27 mars 2002 
           
          avec:  
           
            
          Un stand d'éditeurs libanais francophones  
           
            
          Une expo sur Gibran,  
           
          ainsi qu'une 
            
          Table ronde "Le Liban en toutes lettres" le 23 à 17 h 30, 
           
          salle Leopardi, au Salon, avec 
          des écrivains libanais francophones.  
         
          Renseignements sur le site 
          officiel du Salon 
          
        La Maison du Livre 
          à Beyrouth  
        Inauguration 
          le 27 Février  
          Un triple objectif : information, formation et diffusion 
           
          La Maison du livre francophone, passeur de culture  
          
        L’ouverture officielle, hier soir, de 
          la Maison du livre francophone, n’a fait, semble-t-il, que des heureux, 
          à commencer par les fondateurs eux-mêmes. En effet, Nadim Tarazi et 
          Michel Choueiri, les deux professionnels du livre à l’initiative du 
          projet, ont vu celui-ci se réaliser 26 mois après son ébauche d’origine. 
           
          Le ministère de la Culture ensuite – ou devrait-on simplement dire Ghassan 
          Salamé ? –, qui voit dans la création de cet espace de quoi «reprendre 
          espoir dans la vitalité du peuple libanais». Le représentant de l’Agence 
          internationale de la francophonie enfin, Roger Dehaybe, venu pour l’occasion 
          et décoré pendant son bref séjour de l’insigne de grand officier de 
          l’Ordre du Cèdre par le président de la République. M. Dehaybe a félicité 
          le comité fondateur de contribuer à consolider «la grande politique 
          de la diffusion de la culture francophone». Quant à Sélim Abou, recteur 
          de l’USJ, il a déclaré avoir été convaincu, de même que René Chamussy, 
          vice-recteur aux ressources humaines, et Bruno Sion, vice-recteur à 
          l’administration, par «le triple objectif que se propose la Maison du 
          livre, à savoir l’information, la formation et la diffusion».  
           
          Les trois piliers fondateurs  
          Les trois piliers fondateurs de la Maison du livre ont 
          été explicités par Nadim Tarazi, qui a choisi, au début de son intervention, 
          de «définir la MDL par ce qu’elle n’est pas» :  
          *plutôt qu’une librairie, «elle se propose d’être un relais international 
          d’informations sur les publications francophones et une vitrine permanente 
          de nouveautés» ;  
          *plutôt qu’une bibliothèque, «elle cherche à devenir un lieu de rencontres 
          et d’échanges autour du livre» ; plutôt qu’une maison d’édition, «elle 
          se veut une plate-forme de promotion de la production locale et internationale 
          francophone, au Liban et ailleurs» ;  
          *enfin, plutôt qu’une entreprise commerciale, «elle est une association 
          à but non lucratif, qui réalise ses activités grâce au soutien de ses 
          partenaires et des amis du livre».  
          Ces précisions données, Nadim Tarazi précise que la Maison du livre, 
          «dans sa dimension de diffusion, sera en mesure d’offrir des services 
          tels que l’accès à des sites et à des banques de données et la consultation 
          de catalogues ou de brochures». De plus, deux salles d’exposition permettront 
          «d’encourager la diversification et l’offre dans le marché du livre 
          et de sensibiliser le public à la qualité et à la variété dans ce domaine». 
          Dans sa dimension de formation ensuite, «la MDL propose des formations 
          en cours d’emploi et une formation de base, qui se ferait en coordination 
          avec l’USJ». Enfin, la dimension d’information et d’animation fait de 
          la MDL «un lieu de rencontres et d’échanges grâce à, entre autres, des 
          ateliers d’écriture, un café littéraire et des projets communs avec 
          d’autres domaines culturels». 
          Pour conclure, Nadim Tarazi évoque l’écrivain Daniel Pennac qui a classé 
          les librairies selon deux catégories, les gardiens et les passeurs : 
          «La Maison du livre se situe résolument du côté des passeurs». Dans 
          un avenir proche, l’espace devrait former un pôle culturel avec la Bibliothèque 
          orientale, le Musée libanais de la préhistoire, le théâtre Monnot et 
          la crypte de l’église Saint-Joseph.  
           
          Panorama de l’édition locale francophone  
          Dans la crypte où s’est déroulée hier l’inauguration 
          officielle, la Maison du livre a présenté sa première exposition, à 
          découvrir pendant une semaine, axée autour de l’édition locale francophone. 
          Presque tout le paysage éditorial libanais a été réuni, à travers 60 
          maisons et 900 ouvrages, depuis l’ouvrage d’art au manuel scolaire, 
          en passant par les éditions scolaires et universitaires. Quant au poète 
          et peintre Alain Tasso, il expose huit ouvrages de son cru, issus de 
          sa propre maison d’édition et illustrés par des artistes tels que Charles 
          Khoury, Rita Awn ou Fayçal Samra.  
           
          La Maison du livre, 
          rue de l’Université Saint-Joseph. Tél.: 
          01-203 104.  
          E-mail : maisondulivre@usj.edu.lb 
          
          28.02.02  
          
        Créé par Nadim Tarazi et Michel Choueiri, le nouveau site 
        ouvrira ses portes fin février La Maison du livre, pour le plaisir de 
        la découverte 
           
        L’un a fermé sa librairie de la rue Monnot en 
          février 2001, l’autre vend toujours avec passion des livres à Badaro. 
          Mais tous les deux se sont accrochés mordicus à leur projet commun, 
          la Maison du livre. En annonçant 
          son inauguration prochaine, dans des locaux prêtés par la 
          Bibliothèque orientale, rue de l’Université Saint-Joseph, Nadim 
          Tarazi -à G- et Michel Choueiri -à D-affichent 
          le sourire des persévérants récompensés, un jour ou l’autre, de leurs 
          efforts déployés pour que le livre ne meure pas : «Nous nous connaissons 
          depuis 1978», racontent-ils, un œil vigilant sur les travaux en cour 
          dans leurs locaux. «Ce n’est que l’année dernière que nous avons travaillé 
          ensemble pour la première fois en organisant, il y a quelques mois, 
          le colloque des libraires francophones». En décembre 1999, alors que 
          Daniel Le Goff était encore à la tête du Bureau du livre du Centre culturel 
          français, l’idée d’une «maison du livre» est lancée. Les deux libraires 
          la saisissent au vol, en particulier Nadim Tarazi, qui a «toujours énormément 
          misé sur les activités annexes à la librairie» : rencontres et découvertes 
          d’auteurs et de maisons d’édition, expositions autour d’un thème spécifique. 
          Mais, faute de moyens, ces projets sont la plupart du temps restés au 
          fond d’un tiroir.  
          
        La librairie au Liban : carences et demandes 
          de formation  
          Retour en 1995 : France-Éditions propose à Beyrouth 
          un stage de formation pour libraires professionnels. Le succès est certain 
          mais incomplet. Après de nombreux pourparlers, la société française 
          revient dans la capitale libanaise, encouragée par l’enthousiasme et 
          le travail de fourmi réalisé par le tandem Tarazi-Choueiri, qui sont 
          arrivés à prouver l’importance d’une formation complète et continue. 
          En avril 2001, plus d’une soixantaine de libraires s’inscrivent aux 
          stages de formations de formateurs, de bibliothécaires et de libraires 
          : «Selon le syndicat des libraires, il y aurait au Liban quelque 150 
          “librairies” dont à peine le tiers possède un rayon livres», explique 
          Michel Choueiri, membre de ce syndicat. «Le succès de ce stage prouve 
          combien les besoins sont importants et les carences grandes». En effet 
          : certains libraires n’ont jamais utilisé un ordinateur, d’autres ne 
          savent pas ce qu’une gestion de stocks veut dire ; certains gérants 
          ne cèdent aucune responsabilité à leurs vendeurs tandis que certains 
          responsables de rayons sont incapables d’épeler correctement le nom 
          d’un auteur classique. La liste est longue mais les espoirs sont grands. 
          «Après ce stage, certains vendeurs se sont vus valorisés pour leur travail, 
          d’autres libraires ont fait de grands changements dans leurs locaux 
          tout comme pas mal d’autres sont restés les mêmes», concluent les deux 
          compères en souriant.  
        Les jésuites et l’Agence internationale de 
          la francophonie :  
          les bons génies Ils se sont rapidement tournés vers 
          l’Agence internationale de la francophonie, qui est restée assez longtemps 
          dans le même état d’esprit : enthousiaste mais attendant des faits concrets. 
          Sélim Abou, recteur de l’Université Saint-Joseph, soutenu par René Chamussy, 
          grand défendeur du projet, ont eu vent du projet qui correspondait parfaitement 
          à leur désir de voir se transformer le secteur Bibliothèque orientale-Musée 
          de Préhistoire-Crypte-Théâtre Monnot en un pôle culturel d’envergure. 
          La Maison du livre de Nadim Tarazi et de Michel Choueiri trouvait naturellement 
          sa place dans cette arborescence. Résultats : la rentrée universitaire 
          2002 de l’USJ inaugure une formation, à partir de la licence, vers les 
          métiers du livre, et la Maison du livre trouve un appui de taille, qui 
          convainc aussitôt l’agence. Plus d’un million de francs est débloqué 
          et les travaux commencent dans 300 m2 attenant au bâtiment de la Bibliothèque 
          orientale. «Les locaux de la Maison du livre seront dès le mois de février 
          composés de trois pièces, poursuivent les initiateurs. Une pour l’administration, 
          une autre réservée à l’information – celle-ci est équipée de 11 ordinateurs 
          reliés à une banque de données permettant d’accéder à la vie internationale 
          francophone du livre ; une dernière enfin, la “salle de montre”, qui 
          présentera régulièrement une actualité ou proposera de découvrir une 
          maison d’édition, un auteur, un thème».  
           
          Les idées foisonnent et les envies ne s’arrêtent pas là, comme celle, 
          en particulier, d’encourager les libraires, les médias et tous les acteurs 
          de la vie francophone à intégrer la Maison du livre. Nadim Tarazi et 
          Michel Choueiri ont gagné leur pari. Que ceux qui les aiment, eux et 
          le livre en français, les suivent. 
         Diala GEMAYEL  
           
            
          7.1.02  
          
        
         
         
          
         
        Découverte... 
         
          
         
        Le Liban en Bande Dessinée 
          ! 
          dans la série Carnets d'Orient de Jacques Ferrandez 
           
          Aux éditions Casterman, la célèbre 
          maison d'édition de Tintin 
          Une très bonne idée 
          de Cadeaux.... 
         
        
        et toujours...  
        LA FRANCOPHONIE  
           et 
          le 
          DIALOGUE DES CULTURES 
         par Zeina el TIBI  
           
        Photo de la Couverture  
          
        Avant-propos 
          du général Emile Lahoud, Président de la République du Liban, Préface 
          de Bernard Landry, Premier ministre du Québec 
           
          Dans la perspective du IXè Sommet des chefs d'Etat et 
          de gouvernement de la Francophonie internationale à Beyrouth, une réflexion 
          sur le dialogue des cultures était nécessaire pour fixer un certain 
          nombre d’idées sur cette question essentielle qui met en jeu la préservation 
          de la diversité culturelle des nations face au défi d'une mondialisation 
          qui, non régulée et non organisée par la volonté des Etats - nations 
          , seuls représentants légitimes des peuples, pourrait conduire à une 
          uniformisation générale et à un laminage des cultures. Le monde du XXIè 
          siècle sera-t-il celui de la diversité ou de l'uniformité qui n'est 
          jamais rien d'autre que le totalitarisme? Dans quelle mesure la Francophonie 
          internationale, qui rassemble 55 Etats et gouvernements, peut-elle apporter 
          une réponse à ce défi et à quelles conditions?  
        Pour mener cette réflexion, plusieurs 
          personnalités du monde francophone et des responsables d'organisations 
          internationales ont bien voulu répondre à une enquête qui a fait l’objet 
          d'une série d'entretiens parus dans l’hebdomadaire la Revue du Liban. 
          Le danger était de susciter une succession de discours semblablement 
          lénifiants. Or, si les diverses personnalités interrogées, représentant 
          des cultures et des courants d’idées fort différents, sont d’accord 
          sur le fond, il est notable que chacune d’entre elles a apporté une 
          contribution originale, posé des problèmes précis, proposé une analyse 
          d’envergure. Sans doute faut-il voir dans cette originalité des contributions, 
          le symbole même de la diversité que défend précisément la Francophonie. 
           
        A la menace d'un choc des civilisations 
          que certains prophétisent; à l'incompréhension et à l'injustice qui 
          nourrissent les fanatismes de toutes sortes, il faut répondre par le 
          dialogue des cultures qui seul permettra la construction d'un monde 
          plus serein. C'est l'objet de la Francophonie internationale qui, selon 
          Zeina el Tibi, propose "une nouvelle grille de lectures des relations 
          internationales fondée sur la prise en compte de la dignité des peuples 
          et des nations et sur l’exigence d’un développement plus équilibré et 
          plus harmonieux de notre planète 
        ." Préfacé par le président de la République 
          du Liban, le général Emile Lahoud et le Premier ministre du Québec, 
          M. Bernard Landry, l'ouvrage comprend des entretiens avec le ministre 
          des relations internationales du Québec, Louise Beaudoin; l'écrivain 
          algérien Slimane Benaïssa; le secrétaire général de l'OIF, Boutros Boutros-Ghali; 
          le président de l'assemblée nationale du Québec, Jean-Pierre Charbonneau; 
          l'ancien ministre des affaires étrangères Hervé de Charrette; le député 
          européen Paul-Marie Coûteaux; le secrétaire général de l'Agence de la 
          Francophonie Roger Dehaybe; le sénateur Adrien Gouteyron; l'ambassadeur 
          de la Ligue arabe Nassif Hitti à Paris; l'ambassadeur Antoine Jemha; 
          le ministre français de la Coopération et de la Francophonie, Charles 
          Josselin; l'écrivain québécois Jean-Marc Léger; le ministre de la culture 
          du Québec Diane Lemieux; l'écrivain congolais Henri Lopès; le directeur 
          général de l'Unesco, Koïchiro Matsuura; Luc Plamondon; l'écrivain français 
          Charles Saint-Prot; le ministre de la culture du Liban, Ghassan Salamé; 
          Philippe Séguin; le poète libanais Salah Stétié; le président de la 
          République du Sénégal, Abdoulaye Wade. 
          
          Zeina El Tibi en compagnie de Luc Plamondon 
          Metteur en scène de "Notre Dame de Paris" 
        Issue d'une vieille famille de la presse libanaise, 
          fille de Wafic el Tibi, propriétaire du quotidien al Yom et qui a été 
          l'un des pionniers de l'enseignement du journalisme à l’Université libanaise, 
          Zeina el Tibi collabore à plusieurs publications libanaises et françaises. 
         
        Editions L'Age d'Homme (Paris/Lausanne) 
          Editions Dar al Moualef (Beyrouth)  
        Communiqué 
         
        Présentation à Paris du livre La Francophonie 
          et le dialogue des cultures de Zeina el TIBI (éditions l'Age d'homme) 
           
           
          Le 22 janvier 2002, à Paris, la journaliste libanaise 
          Zeina el Tibi, collaboratrice à l'hebdomadaire La Revue du Liban, a 
          présenté son livre La Francophonie et le dialogue des cultures, paru 
          aux éditions l'Age d'homme. Sous le haut patronage de Boutros Boutros-Ghali, 
          secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie, 
          cette présentation s'est déroulée lors d'une réception à l'Office du 
          tourisme du Liban, en présence de nombreuses personnalités de la Francophonie, 
          d'hommes politiques et d'intellectuels.  
          Plusieurs représentants du corps diplomatiques étaient également présents 
          dont l'ambassadeur du Liban, M. Elysé Alam et l'ambassadeur de la Ligue 
          des Etats arabes, M. Nassif Hitti. Tout en proposant de nombreuses réflexions 
          sur la question nationale québécoise, le dialogue avec le monde arabe, 
          les défis de l'Afrique, la Méditerranée, les enjeux de la mondialisation-américanisation, 
          ce livre présente une analyse très pertinente de ce que pourrait être 
          une grande ambition francophone qui pourrait participer à l'organisation 
          d'un nouvel ordre mondial.  
          Ainsi, Zeina el Tibi souhaite que "la Francophonie propose une nouvelle 
          grille de lectures des relations internationales fondée sur la prise 
          en compte de la dignité des peuples et des nations et sur l'exigence 
          d'un développement plus équilibré et plus harmonieux de notre planète". 
          " La Francophonie et le dialogue des cultures " est 
          préfacé par le général Emile Lahoud, président de la République libanaise, 
          et par Bernard Landry, Premier ministre du Québec.  
          Ce livre comprend des entretiens avec de Louise Beaudoin, ministre des 
          relations internationales du Québec; l'écrivain algérien Slimane Benaïssa; 
          le secrétaire général de l'OIF, Boutros Boutros-Ghali; le président 
          de l'assemblée nationale du Québec, Jean-Pierre Charbonneau; l'ancien 
          ministre des affaires étrangères Hervé de Charrette; le député européen 
          Paul-Marie Coûteaux; le secrétaire général de l'Agence de la Francophonie 
          Roger Dehaybe; le sénateur Adrien Gouteyron; l'ambassadeur de la Ligue 
          arabe Nassif Hitti; l'ambassadeur Antoine Jemha; le ministre français 
          de la Coopération et de la Francophonie, Charles Josselin; l'écrivain 
          québécois Jean-Marc Léger; le ministre de la culture du Québec Diane 
          Lemieux; l'écrivain congolais Henri Lopès; le directeur général de l'Unesco, 
          Koïchiro Matsuura; Luc Plamondon; l'écrivain Charles Saint-Prot; le 
          ministre de la culture du Liban, Ghassan Salamé; Philippe Séguin; le 
          poète libanais Salah Stétié; le président du Sénégal, Abdoulaye Wade 
           
         L'Identité 
        pluriculturelle Libanaise par Bahjat Rizk , aux éditions 
        IDLIVRE.com 
        , collection " Esquilles ". 
          
        et 
         
         Culture Libanaise 
        et Francophonie par 
        A.H Mourany, 
        aux éditions Dar al Mashrek, Librairie Orientale 
          
         Vient de paraître 
          aux Éditions Autrement, Paris 
           
          « Beyrouth, la brûlure des rêves 
          », une ville terrifiante, tendre... en quête 
          d’auteur --- 
         
           
        La couverture de l’ouvrage. 
         Beyrouth «ne ressemble plus à rien à 
          force de s’être brûlée à l’imaginaire des autres», dit l’architecte 
          Jade Tabet qui a dirigé la réalisation de l’ouvrage «Beyrouth la brûlure 
          des rêves». 
          Aux Éditions Autrement, Paris, et bientôt chez nos libraires. Le volume, 
          qui déroule 221 pages, est illustré de croquis, type bande dessinée, 
          signés Jacques Liger-Belair. Ils représentent des instants volés au 
          grand chambardement et les quartiers réhabilités de Foch-Allenby et 
          de la place de l’Étoile. En annexe, une chronologie synthétique de l’histoire 
          de la ville, de ses lointaines origines, en l’an 5 000 avant Jésus-Christ, 
          jusqu’à l’an 2000.  
          Voilà donc Beyrouth démythifiée, banalisée. Il ne s’agit plus de chanter 
          la ville sept fois détruite sept fois reconstruite. Ni de la représenter 
          à travers des clichés, comme la place du farniente au Moyen-Orient autrefois 
          alanguie dans ses habits de lumière avant de sombrer sous le déluge 
          du feu et du fer. Ni de débattre des rêves réalisés ou avortés de la 
          reconstruction. Ce n’est pas un livre d’histoire ou d’urbanisme. Mais 
          une série de réflexions sur «une ville irresponsable où se croisent 
          sans se voir les rescapés des utopies d’hier, les nostalgiques de l’islam, 
          les nouveaux riches et les miliciens devenus hommes d’affaires». 
           
         Un groupe d’architectes, d’historiens, 
          de politologues, de sociologues et d’écrivains tissent une histoire 
          dans laquelle le passé éclaire le présent. En se fixant un but : trouver 
          ou «imaginer, avant qu’il ne soit trop tard, des espaces ouverts à la 
          pluralité des cultures et des appartenances, où l’expression des différences 
          ne vienne pas, à chaque fois, remettre en cause les bases de la convivance», 
          explique Jade Tabet.Il n’en fallait pas beaucoup pour faire plancher 
          sur le sujet Adonis, Amin Maalouf, Élias Khoury, Samir Kassir, Ahmad 
          Beydoun, Fawaz Traboulsi, Omar Boustany, Bilal Nsouli, Jihane Sfeir 
          Khayat, Christine Delpal, Jean Hannoyer, Élisabeth Picard et Maud Santini. 
          Comme un personnage de Pirandello Beyrouth, miroir aux alouettes où 
          le luxe masque une misère silencieuse. Laboratoire de populations, de 
          cultures et d’expériences intellectuelles menacées par les possibles 
          totalitarismes ou déchirés entre la globalisation uniformisante et les 
          replis identitaires.  
          Grammaire complexe d’une ville à différentes facettes, rétive rebelle, 
          à l’ordre, à la rationalité, mais toujours fascinante, attachante. Et 
          pour cause, vers elle ont convergé «les révolutionnaires du monde arabe 
          et d’ailleurs, Égyptiens, Irakiens, Syriens, Yéménites, ceux du Golfe 
          et de l’Arabie, mais aussi les déçus de toutes les révolutions avortées, 
          les Brigades et les Fractions rouges du monde entier, les Zenkaguren 
          japonais, et les aventuriers de tous bords : la guerre civile libanaise 
          aura aussi son côté guerre civile espagnole, où les membres des brigades 
          arabes et internationales mèneront les guerres de substitution qu’ils 
          n’ont pas pu ou pas voulu entreprendre dans leur propre pays», écrit 
          Fawaz Traboulsi.  
          Aujourd’hui, après avoir été jusqu’au bout de ses fantasmes auxquels 
          on l’a si souvent identifiée, au point de s’y détruire, «Beyrouth se 
          retrouve désemparée, comme à la recherche d’un rôle que personne ne 
          veut plus lui proposer. Elle ressemble de plus en plus aux personnages 
          de Pirandello, une ville en quête d’auteur…», ajoute Traboulsi. Beyrouth 
          de l’après-guerre ne sait plus où elle en est, ne sait plus que faire 
          ou que dire de son conflit entre la culture du mythe et celle de la 
          vie. «La première se nourrit de nostalgie, d’antiquités et d’oubli. 
          La seconde se construit à partir de la mémoire critique et de la multiplicité 
          des formes du vivre ensemble. Partant de l’hypothèse que la culture, 
          l’écriture et les arts sont des formes de la vie elle-même, et non pas 
          de simples expressions de la vie, elle tente de peindre une grande fresque 
          pluraliste qui intégrerait les différences en s’appuyant sur l’expérience 
          vécue et les pratiques de la quotidienneté. Ce conflit culturel se produit 
          dans un monde où la perte des repères traditionnels, sacrifiés sur l’autel 
          de la rentabilité économique, se conjugue avec un accouplement hybride 
          entre une modernité devenue postmoderne et une obéissance aveugle aux 
          valeurs religieuses et sociales les plus rétrogrades. C’est dans ce 
          conflit que naît le nouveau Beyrouth : non plus une ville arrogante 
          par son assurance, unifiée dans le mythe d’un passé idéalisé ou d’un 
          futur projeté à l’image de ce passé, mais une terre de conflits, de 
          turbulences et de rêves. Un lieu terrifiant et tendre, beau et laid 
          à la fois», écrit Élias Khoury. 
         Beyrouth, c’est aussi le camp misérable 
          de Chatila. Jihane Sfeir-Khayat, jeune historienne, a interviewé des 
          Palestiniens qui y sont nés et qui ont décidé d’y rester parce que ce 
          camp est leur seule Palestine même si maintenant tous les crève-la-faim 
          de Beyrouth (Syriens, Kurdes, Sri Lankais, et même Libanais) y sont 
          installés. De l’autre côté de la barrière, les îlots rénovés du centre-ville, 
          les quartiers bouillonnant de vie de la célèbre corniche, et au centre 
          du spectacle, la boîte la plus branchée, la plus insolente : le B018 
          où l’on vient «s’ébattre frénétiquement» et rencontrer les filles. «Une 
          charge érotisée label Méditerranée qui a vite fait de vous électriser 
          ou de vous tétaniser», écrit Omar Boustany. «Aguicheuses, enjouées, 
          bêcheuses, allumeuses, nombril découvert parfois, souvent. On se trémousse, 
          on fait la moue, on allume la galerie. À la libanaise, même techno, 
          c’est baroque !». Beyrouth qui parle de calumet de la paix depuis 1990, 
          veut s’étourdir pour oublier «l’ordinaire de la normalité».  
          Mais les clivages subsistent ! «Les habitants de Beyrouth continuent 
          à discuter la question de savoir ce qu’ils sont réellement : Arabes 
          ou non ? Libanais ou plus ? surhommes ou sous-monstres ?», note Ahmad 
          Beydoun. 
          Fragments d’une ville telle qu’elle est ressentie du dedans par les 
          auteurs. Fragments d’un quotidien passé souvent sous silence. Morceaux 
          choisis qui traitent de la vie dans ce qu’elle a de moins grandiose 
          et donc de plus réel et qui demande autant d’implication du lecteur 
          qu’il en a exigé de l’auteur.  
           
          M.M.  
          L'Orient-le Jour 29.10.2001 
         
           
            
          Depuis le 20 0ctobre 2001, 14 centres "CLAC"au 
          Liban 
          article 
          de l'Orient-le Jour du 
          22-10-2001 
          
          --- Roger Dehaybe - en photo ci-dessus - 
          , administrateur général de l’Agence francophone, 
          de passage à Beyrouth pour l’inauguration des Clac. 
        Rencontre - L’Agence intergouvernementale 
          de la francophonie est un soutien au développement, explique Roger Dehaybe. 
          Quatorze centres de lecture et d’animation culturelle inaugurés samedi 
          dernier  
           
          ----  
           
         
         Malgré l’ajournement du Sommet, l’Organisation 
          internationale de la francophonie continue de poursuivre son programme 
          au Liban. En effet, après des manifestations comme «Ciné Caravane» en 
          juillet dernier ou comme le colloque des libraires francophones il y 
          a quelques semaines, c’était au tour de l’inauguration, samedi 20 octobre, 
          de 14 Clac (Centres de lecture et d’animation culturelle) à travers 
          le pays, en présence de Roger Dehaybe, administrateur général de l’Agence 
          intergouvernementale de la francophonie. 
           
          Rencontre avec un Belge, amoureux d’une langue, le français, 
          et d’une notion : le dialogue des cultures. 
          «Le dialogue des cultures, dont on parle beaucoup ces 
          temps-ci, existe depuis la création, le 20 mars 1970, de l’Agence de 
          la francophonie, initiée par trois chefs d’État, le Sénégalais Léopold 
          Sedar Senghor, le Tunisien Habib Bourguiba et le Nigérien Hamani Diori», 
          explique Roger Dehaybe. «Elle se devait alors d’instaurer un dialogue 
          intergouvernemental et d’encourager la diversité culturelle». Le respect 
          de la culture d’un pays ou d’une communauté est en effet le noyau fondateur 
          de l’institution : «Ce n’est pas la langue française qui nous importe 
          en premier lieu, comme on pourrait d’emblée le penser, souligne-t-il. 
          L’Agence est avant tout un organisme de soutien et de développement 
          : en clair, cela veut dire que le respect de la langue de la communauté 
          est essentiel et que nos actions se limitent à souder les liens des 
          gens d’un village ou d’une bourgade, les aider à fonder une structure 
          qu’ils prennent eux-mêmes en charge». Mais il est vrai que l’Agence 
          continue de se battre pour que le français soit conservé au sein du 
          Conseil de l’Union européenne comme «langue internationale», souvent 
          deuxième langue des pays africains ou autres.  
        Agir ensemble  
          Le Clac est une illustration parfaite de la préoccupation 
          culturelle de l’Agence : «À la demande d’une municipalité, un Clac est 
          inauguré», poursuit Roger Dehaybe. «Rien n’est jamais imposé, ce qui 
          serait en effet une aberration. Ce centre fait office de bibliothèque 
          (environ 2 000 ouvrages), mais aussi et surtout de lieu de rencontre 
          : c’est pour cela que la plupart des centres sont ouverts dans les milieux 
          ruraux. Ceux-ci sont désertés à cause de l’exode vers la ville et la 
          communication entre ceux qui sont restés est rompue. Le Clac leur donne 
          une occasion de se retrouver». De se retrouver, mais surtout d’agir 
          ensemble. Roger Dehaybe donne l’exemple d’un Clac d’Afrique qui a donné 
          la possibilité au village où il était installé de lutter efficacement 
          contre une invasion endémique de déchets urbains ; d’un autre, toujours 
          sur le même continent, qui est parvenu, avec ses propres moyens, à maîtriser 
          la présence gênante de rats ou encore de celui dont les jeunes ont lancé 
          une campagne efficace contre la poliomyélite. Belles réussites «Un des 
          beaux exemples de la réussite de la politique de coopération de l’Agence, 
          ce sont les radios locales», renchérit l’administrateur général. «Elles 
          sont fondées avec notre soutien puis entièrement prises en charge par 
          les gens de la communauté. Elles émettent à 90 % dans la langue parlée 
          et sont en contact direct avec la vie quotidienne du village : annonce 
          de décès, aide aux malades, conseils, etc. La formule est efficace et 
          il existe à ce jour 50 radios de ce genre». «De la culture vers le développement» 
          : c’est l’étendard, discret mais prégnant, de l’Agence francophone. 
          «La francophonie, ce n’est rien d’autre que l’utilisation d’une langue 
          pour le développement», affirme Roger Dehaybe.  
           
          L’inauguration, samedi dernier, des Clac de Bint Jbeil, Hasbaya, 
          Jbaa, Barja, Jab Jenine, Mansoura, Bednayel, Bickfaya, Kfarzebian, 
          Amioun, Halba, Kobeyat, Haret Hreik et Sin el-Fil continue l’expérience 
          sur un sol francophone, avec cependant trois nouveautés : «Pour la première 
          fois, nous inaugurons un Clac dans un milieu urbain comme Beyrouth, 
          précise l’administrateur général. Ensuite, nous avons tenu à ce que 
          la moitié du fonds de la bibliothèque soit en arabe. Enfin, les 14 centres 
          seront mis en réseau pour un meilleur suivi de leur actualité». L’Agence 
          intergouvernementale de la francophonie, dans son travail depuis 31 
          ans sur «la coopération Nord-Sud d’un point de vue culturel», est une 
          authentique réussite, ce qui permet à Roger Dehaybe de conclure sur 
          une note enthousiaste : «Notre action est certainement un modèle pour 
          les politiques de coopération».  
           
          D.G.  
        - Lire 
          en français et en musique - 
          18 Novembre 2001  
          Le jury du Prix des Cinq 
          continents rencontre le public du Salon et récompense Yasmine Khlat 
           
          
          Les membres du jury réunis au «Café 
          littéraire» du Salon du livre.  
          (Photo Mahmoud Tawil)  
        Pour lancer son «Prix des Cinq continents» 
          à Beyrouth, à l’occasion du sommet reporté mais aussi de la dixième 
          édition de «Lire en français et en musique», bien présent, l’Agence 
          internationale de la francophonie, représentée pour l’occasion par son 
          administrateur général, M. Roger Dehaybe, a convoqué un jury à la qualité 
          très enviable. En effet, ses membres, sous la présidence de la poétesse 
          libanaise Vénus Khoury-Ghata, étaient JMG Le Clézio, Linda Lê, Andreï 
          Makine, Lyonnel Trouillot, René de Obaldia, Aminata Sow Fall, Leïla 
          Sebbar, Lise Bissonnette et Christiane Baroche. Lors du café littéraire 
          qu’ils ont donné ensemble samedi après-midi, ils ont évidemment débattu 
          du thème-phare, celui du «dialogue des cultures». Chacun y est allé 
          de son opinion, de son expérience, de ses espoirs et de ses angoisses. 
           
        Cinq continents, une seule planète C’est 
          avec beaucoup d’émotion et d’empressement que la présidente du jury 
          annonce le nom du lauréat, choisi par six voix contre quatre, celui 
          de la Libanaise Yasmine Khlat, pour son premier roman paru en janvier 
          dernier aux éditions du Seuil, Le désespoir est un péché. Avec une mention 
          spéciale pour le roman du Séoudien Ahmed Aboudehman, La Ceinture, publié 
          chez Gallimard. En compagnie du ministre de la Culture Ghassam Salamé 
          et de Roger Dehaybe, Vénus Khoury-Ghata remet à la lauréate le prix, 
          d’une valeur de 120 000 FF, ainsi qu’un stylo de collection signé Michel 
          Audiard (voir encadré). Le ministre, dans sa courte allocution, redira 
          son admiration pour les membres du jury qui, par leur présence, ont 
          opposé «au discontinu de la politique le continu de l’émotion» et rappelle 
          que «les cinq continents francophones sont une seule planète, celle 
          de tous les individus qui refusent les crispations identitaires et l’hégémonie 
          d’une langue unique».  
           
          * * * 
          Yasmine Khlat, l’art de l’ellipse  
          
        Près de 12 ans consacrés à une écriture 
          silencieuse et obstinée et qui aboutissent aux 87 pages – rédigées avec 
          une densité et une retenue exemplaires parce que réconciliées – du premier 
          roman de la Libanaise Yasmine Khlat, Le désespoir est un péché. Celui-ci 
          a pour héroïne Nada, une jeune femme devenue servante à l’âge de sept 
          ans chez les Nassour. Elle est aussi belle que bossue, ce qui est la 
          moindre de ses contradictions. Elle parle peu, travaille beaucoup, elle 
          est la risée des enfants du quartier et se fait quotidiennement humilier 
          par le fils aîné de la famille, Ichhane. Jusqu’au jour où celui-ci la 
          viole. Elle venait d’apprendre par le voisinage que la famille Nassour 
          était accablée d’un secret tragique. «J’ai rencontré une femme qui m’a 
          inspiré le personnage de Nada, explique laconiquement l’auteur. Celui-ci 
          est une alchimie du réel et de mon imaginaire». Yasmine Khlat préfère 
          évoquer la construction de son roman, «élaborée avec une petite série 
          d’éléments qui se répondent, une mélodie aux résonances très construites.» 
          Il semblerait, comme l’a constaté une lectrice proche de l’écrivain, 
          qu’«aucune phrase ne soit à retirer, l’essentiel est là, sans apprêt». 
          «C’est un travail réfléchi», répond l’intéressée. Alors dans ces paragraphes 
          ramassés, l’auteur découvre une famille traditionnelle libanaise dont 
          les membres quittent peu à peu la maison mère, celle qui, immuable, 
          constitue le squelette du roman. Après la souffrance, l’amour, parfois 
          L’épouse, décédée, brille par son absence qui scelle le destin. Nasri 
          Nassour, l’époux veuf, le père impuissant voit s’envoler ses enfants 
          : Nour et Omar se marient, Narimane se réfugie chez des cousins pour 
          fuir le vide laissé par le départ de sa sœur et Moha va apprendre la 
          musique à Beyrouth. Ne reste que son fils aîné, Ichhane, son espoir, 
          sa descendance, le violeur de servantes. Nada voudra en mourir, de ce 
          viol, alors Ichhane en mourra de honte, surpris par le voisinage alors 
          qu’il la maltraitait sur une plage. Il s’enfuira sans laisser de trace 
          et son père l’attendra jusqu’au bout : «Le désespoir est un péché», 
          une phrase magnifique qu’il prononce dans sa souffrance qui sert de 
          titre au premier roman de Yasmine Khlat. Cette conviction, Nada la servante 
          la fait sienne. Car au bout du tunnel de la souffrance, il y a parfois 
          l’amour. Elle le connaît dans les bras de Taymour, le neveu de Nasri, 
          le fils d’un père meurtrier. Voilà le secret de la famille Nassour : 
          il est teinté de sang. Ce n’est pas celui de Nada qui, après la mort 
          du maître qu’elle idolâtrait, vit seule dans la grande maison. Taymour 
          vient l’y rejoindre jusqu’au jour où il ne la trouve pas. Nada est morte 
          mais Yasmine Khlat ne le dit pas. Nada et Taymour, issus de «castes» 
          différentes, ne se seraient jamais aimés au grand jour, mais là aussi, 
          la romancière fait une grande ellipse. 
           
          Pourtant, comme celle-ci le dit elle-même, «tout est là, évident». Son 
          roman laisse assurément une empreinte prégnante dans les émotions du 
          lecteur – le sujet est connu, voire sensible pour tout Libanais – et 
          dans ses appréciations purement littéraires. Douze ans de recherches, 
          de doutes, bref, de tout ce qui constitue la recherche d’une écriture 
          forgent une authentique personnalité d’auteur. Coup de maître ? Oui, 
          sans l’ombre d’un doute, parce que Yasmine Khlat n’a jamais désespéré 
          de mettre au monde un texte qui l’habite depuis longtemps : «On se débarrasse 
          de certaines images», ajoute-t-elle sans en dire davantage. Le Liban 
          a une nouvelle plume, une grande.  
           
           
         
        
         Voici 
        une bonne sélection Bibliographique sur le Liban dans divers domaines 
         
          
         
          
          
          
            
       
     |