La francophonie au Liban:
entre la sécurité d'un ancrage dans
la culture libanaise
et l'angoisse d'un recul possible...
L'Etat
de la Francophonie au Liban
Evolution sur la période des années
1990-2020
Vue générale
du Lycée Franco-libanais de Habbouche-Nabatieh,
symbole de la présence française dans l'enseignement
au coeur du Sud-Liban depuis 1997.
Sommet
de la Francophonie 2024 et situation au Liban
Le sommet de la Francophonie souvre ce 4 octobre
et certains libanais, pour la plupart les francophones
et francophiles amoureux de langue française, se
demandent ce que va faire ou plutôt ce que peut
faire la Francophonie pour aider le Liban.
Si cela fait chaud au cur quils se posent
encore cette question, on peut malheureusement craindre
que leurs espoirs soient vite refroidis ou déçus
et quau-delà de déclarations de bonnes
intentions ou dune mention spéciale pour
le Liban qui souffre, aucune décision spectaculaire
ne pourra être prise en létat actuel
des choses.
Dune manière sarcastique, on dira même
que les libanais nont vraiment pas de chance car
pour cette édition de 2024, le sommet de la Francophonie
se tient dans la France dEmmanuel Macron, ce président
venu faire de si belles promesses dans les rues de Beyrouth
un 6 Août 2020
Pour quelquun qui a couvert le sommet de la Francophonie
de Beyrouth en 2002 ou lamitié franco-libanaise
était guidée par celle, certes personnelle,
entre J.Chirac et R.Hariri, lamertume est profonde
et les signes de régression sont douloureux comme
des coups de poignard ou des éclats de bombes
Et si la Francophonie ne fera pas grand chose pour le
Liban, nous avons par contre la certitude que le Liban
continuera à faire beaucoup de belles choses pour
cette francophonie au-delà de dirigeants impuissants
ou hypocrites parce que cest dabord le peuple
qui choisi, souvent par amour, une langue pour les valeurs
quelle doit porter.
En conclusion, une partie des libanais avec tous leurs
amis francophones qui les soutiennent veilleront plus
que jamais à ce que certains politiciens ne tentent
de changer pernicieusement les valeurs que portent cette
francophonie partagée car à ce stade et
en 2024, une grande vigilance simpose
« Pour que vive la francophonie libanaise »
JM Druart
- LibanVision - octobre 2024
Ouverture du 19 ème sommet de la Francophonie à
Villers-Cotterêts
à 80 kms de Paris
Le
XIXe sommet de la Francophonie souvre ce vendredi
4 octobre au château de Villers-Cotterêts,
dans le département de lAisne, sous le thème
"Créer, innover et entreprendre en français".
Ce sommet est loccasion pour les dirigeants officiels
présents déchanger sur lactualité,
notamment la crise au Proche-Orient.
Rencontre
avec Liwaa Tarabay,
avocat libanais de 28 ans et enseignant à lUniversité
Saint-Joseph de Beyrouth. Liwaa Tarabay fait partie de
la délégation des jeunes francophones sélectionnés
pour participer à la séance thématique
plénière intitulée «Créer,
innover et entreprendre en français pour lemploi
des jeunes» lors du XIXe sommet de la francophonie
de Villers-Cotterêts et Paris.
Ziad
Taan: Le Liban compte sur la communauté internationale,
en particulier la France.
En marge du sommet international de la francophonie organisé
en France, rencontre avec Ziad Taan, chargé d'affaires
de l'ambassade du Liban en France, sur la situation actuelle
du Liban.
Table
ronde " Médias et francophonie : Plurilinguisme,
défis et opportunités "
En direct de lEcole
Supérieure des Affaires (ESA), le 15 mars 2024
Atelier
coorganisé par la Représentation pour le
Moyen-Orient de lOrganisation internationale de
la Francophonie et le ministère de lInformation
du Liban, en partenariat avec lESA et les Ecoles
de journalisme de Beyrouth.
Programme :
10h00
Ouverture
Maxence Duault, Directeur général de lESA
Levon Amirjanyan, Représentant de lOIF pour
le Moyen-Orient
Ziad Makary, Ministre de lInformation
10h15 Elissar Naddaf, Conseillère du Ministre de
lInformation pour les médias francophones
" Cartographie des médias
en langue française au Liban "
Témoignage de Myriam Shuman, Directrice de lAgenda
Culturel
10h20 Panel 1
" Les médias francophones
Libanais : Transmission des valeurs de la Francophonie,
contraintes économiques et défis technologiques
"
Modératrice : Nidal Ayoub, Présidente de
lAssociation Francophone de Journalisme
Intervenants :
Fouad Khoury Helou, Directeur de LOrient-Le Jour
Marc Saikaly, PDG dIci Beyrouth
Nanette Ziadé, Journaliste et animatrice de Radio
Liban 96.2
11h15 Panel 2
" Les médias francophones
étrangers au Liban : contraintes administratives
et sécuritaires "
Intervenants :
Acil Tabbara, Directrice du bureau AFP à Beyrouth
Paul Khalifeh, Correspondant RFI à Beyrouth
Vue
de Marjayoun, La francophonie par la plume des élèves
du Liban-Sud " La francophonie
est une bouffée doxygène dans une
région où lespace culturel est en
constante régression ".
Liban:
État des lieux de la francophonie en 2023
Un entretien accordé
à Ici Beyrouth, le représentant de lOrganisation
internationale de la francophonie au Moyen-Orient, Lévon
Amirjanyan, se penche sur le rôle de la francophonie
au Liban et sur son impact dans la région, à
loccasion du cinquantième anniversaire de
ladhésion du Liban à lOIF.
L'exception
éducative libanaise et
le lien avec la France
Louvrage co-écrit par Christine Szymankiewicz,
Inspectrice générale de lEducation
du Sport et de la Recherche et le Père Charbel
Batour, Recteur du Collège Notre-Dame de Jamhour,
vient de paraître aux éditions Berger Levrault
à Paris. Il présente un panorama des établissements
scolaires libanais, en particulier le réseau des
établissements homologués par la France,
le premier établissement visité dans ce
cadre ayant été le Collège Notre-Dame
de Jamhour.
Le livre met en exergue l'importance du secteur privé
dans l'enseignement au Liban ainsi que l'importance de
l'influence et du rôle de la France dans le maillage
d'un réseau important d'établissements,
sans parler de son soutien financier essentiel, continu
et prépondérant.
On retient enfin que l'éducation reste plus que
jamais une valeur ajoutée indispensable à
la pérennité du Liban. - Indispensable
pour les passionés de francophonie libanaise
- Retrouvez, en
cliquant ci-contre, l'intégralité de l'entretien
accordé par la co-auteure du livre à l'Agenda
Culturel
Les
difficultés de la francophonie au Liban-Sud à
l'image de celles dans l'ensemble du Liban?
La francophonie vit des heures difficiles,
tel est le constat fait au Sud-Liban en ce printemps 2023
alors qu'elle est célébrée comme
chaque année au mois de mars
Le
français au Liban est-il à son crépuscule?
Faut-il tirer la sonnette dalarme?
Le français connaît-il un déclin face
à la conquête de langlais? Sagit-il
dune relation de complémentarité ou
plutôt de concurrence? Des questions que tout le
monde se pose et qui suscitent un vaste débat au
sein de la société libanaise. Ce qui est
certain, cest que le français na pas
le même statut dans toutes les régions du
Liban.
Au Liban-Sud, à Nabatiyeh et à Marjeyoun,
le français est une langue secondaire quon
apprend et quon utilise dans les établissements
scolaires>
Lire la suite...
La
municipalité de Tebnine au Sud-Liban est un des
fiefs du dynamisme et de la résistance de la francophonie
libanaise dans un environnement difficile. Son
centre culturel organise de nombreuses formations et manifestations,
parfois même avec la coopération de militaires
français de la FINUL/UNIFIL (CIMIC) afin de préserver
l'appétit de la jeunesse locale pour la pratique
de la langue française.
Le 19 juin 2023, Madame Carmen Fawaz a reçu lors
d'une cérémonie à la résidence
des pins
de Beyrouth, les insignes de l'Ordre National du Mérite
en reconnaissance de son action au centre culturel de
Tebnine au Sud-Liban: l'occasion de rappeler ici que les
membres de cette distinction sont regroupés au
sein d'une Association
nationale ONM Liban.
Chaque année, le salon du livre est l'occasion
de prendre le pouls de la francophonie libanaise. Dans
le cadre de Beyrouth Livres 2022, RFI a fait le point
lors d'une émission spéciale sur l'évolution
de la langue française au Liban: un point-clé
après quatre ans sans cette rencontre annuelle
qui en constitue le marqueur majeur.
A vite écouter en cliquant
sur le logo RFI ci-contre!
Radio
Liban 96.2 FM
Le
franbanais, ou le français revu par les Libanais
un article paru dans Ici
Beyrouth à Noel 2022
>
Lire...
La
Langue française au Liban, débat de l'AUF
Moyen-Orient et l'Orient Le Jour du 17 mars 2022 Un
article du 16 décembre 2021 dans LOrient-le
Jour sous la plume dAnne-Marie El Hage titrait :
« Au Liban, la francophonie scolaire se laisse
distancer par la langue de Shakespeare ». En
effet, selon les statistiques de lannée scolaire
2020-2021, le nombre deffectifs dans lenseignement
anglophone a atteint celui de lenseignement francophone,
une réalité qui semble inverser la donne
dans un pays au système éducatif traditionnellement
francophone. Quelles sont les dynamiques de lusage
et de lapprentissage de la langue française
au Liban ? Quelles en sont les réalités
et les perceptions ? Le déclin est-il inéluctable
comme on lentend si souvent ? Pourquoi choisir le
français comme langue déducation ?
Comment se dessine le futur francophone au Liban ? Participants: Jean-Noël Baléo, Directeur
régional de lAUF Moyen-Orient ; Imad el Achkar,
Directeur général de léducation,
Ministère de lÉducation et de lEnseignement
supérieur ;
Henri de Rohan-Csermak, Conseiller adjoint de coopération
et daction culturelle chargé de lenseignement
français, Ambassade de France au Liban ; Bouchra
Baghdadi Adra, Présidente de lAssociation
nationale des enseignants de français du Liban
; Nicole Saliba-Chalhoub, Professeure de littérature
française à la Faculté des Arts &
des Sciences de lUSEK. Animation/modération: Anne-Marie El Hage,
journaliste à LOrient-le Jour.
Regardez
ou revoir cette table-ronde
A
la découverte de
"la route de la francophonie
au Liban" Lancement
officiel du projet en Avril 2022
Un beau projet grâce au travail coordonné
entre les étudiants des départements
de Lettres et de français de l Université
Saint-Joseph de Beyrouth - USJ, de la Lebanese
University, de la Holy Spirit University of Kaslik
- USEK et de la Islamic University of Lebanon
(IUL) Et, toujours, avec le soutien indéfectible
de l AUF - Moyen-Orient et de l Institut
français du Liban.
Cette route, qui allie Littérature et Tourisme,
revient sur les parcours des auteur.e.s au Liban
et le marque dans les différents territoires
traversés grâce à des plaques
mémorielles et des codes QR apposés
dans les villes et les villages.
>Notre
page spéciale de présentation
Le
Liban contribue lui aussi au français d'ailleurs
Découvrez grâce
au Projet Voltaire et à la contribution
de Karl Akiki, chef du département de lettres
françaises de l'USJ, une riche sélection
de ces « libanismes
» inspirés du français.
Ils illustrent la vie trépidante de la
langue de Molière au Liban et par delà
les frontières! >
Lire...
Décembre
2021; un rapport du CRDP sur les langues de scolarisation
au Liban montre que la francophonie scolaire se laisse
distancer par l'anglais
Qu'il
semble loin le temps ou le français représentait
encore plus de deux tiers des effectifs scolarisés
au pays du cèdre. Et pourtant, nous n'étions
encore qu'au milieu des années 1990, à la
sortie de la guerre.
Depuis le recul a été
linéaire et malgré les louables efforts
des diverses institutions dont certines ont bien taré
à prendre la mesure de la vitesse du phénomène,
le croisement des courbes a eu lieu à la rentrée
2019-2020 selon les statistiques officielles du Centre
de recherche et de développement pédagogique
(CRDP).
Face à ce reflux, l'argument du trilinguisme est
brandi comme solution pour contenir la régression
de la langue française car pour les jeunes Libanais,
il constitue un atout demployabilité à
ne pas négliger. Mais il n'est pas certain que
cela soit suffisant pour les convaincre, eux comme leurs
parents, notamment lorsqu'on prend en compte une crise
économique plus que sévère qui éloigne
certaines familles qui y étaient prédisposées
de la possibilité d'un choix considéré
aujourd'hui comme un luxe.
Lorsqu'une famille a le projet de sinstaller à
létranger dans un avenir proche, la décision
de de privilégier langlais comme première
langue denseignement en milieu scolaire nest
plus une exception au pays du Cèdre. Elle illustre,
au contraire, une tendance qui se précise depuis
plusieurs décennies déjà, faisant
de langlais la langue denseignement du plus
grand nombre délèves désormais,
sachant que les matières scientifiques sont enseignées
en langue étrangère. De plus, la probabilité
d'émigrer dans un pays anglophone reste supérieure
à celle de partir dans un pays membre de la francophonie.
Selon
les statistiques de lannée scolaire 2020-2021
du CRDP rattaché au ministère de lÉducation
et de lEnseignement supérieur, le nombre
deffectifs dans lenseignement anglophone a
atteint 533 279 élèves, contre 520 677 dans
lenseignement francophone, sur un total de 1 053
956. Cela représente 50,6 % délèves
dans le système anglophone, contre 49,4 % pour
son alter ego francophone. Une réalité qui
inverse la donne, dans un pays au système éducatif
traditionnellement francophone. « Depuis trois ans
déjà, les élèves anglophones
sont plus nombreux que les élèves francophones,
analyse le statisticien senior au CRDP, Raymond Bou Nader.
Linversion
sest concrétisée au début de
lannée scolaire 2019-2020. » Elle est
le résultat « dune baisse progressive
du nombre deffectifs dans lenseignement francophone
au fil des années ».
Même constat à
lambassade de France. Selon Henri de Rohan-Csermak,
conseiller adjoint de coopération et daction
culturelle chargé de lenseignement du français,
également inspecteur général de léducation,
du sport et de la recherche, « la francophonie scolaire
est effectivement en baisse régulière au
Liban depuis un certain temps, face à langlais
en hausse ». Et pourtant, le paysage éducatif
compte toujours « davantage détablissements
privilégiant le français » (43,56
%, contre 33,91 % langlais, NDLR). « Cest
dans les classes maternelles que la baisse du français
a été particulièrement observée,
remarque le conseiller adjoint. Mais il faut aussi compter
avec la crise économique locale et la pandémie
de Covid-19 qui a vu un recul mondial de lâge
de la scolarisation. »
Sur
le territoire, quelques tendances basées sur des
données chiffrées se précisent :
le Nord est encore largement francophone, le Sud et Nabatiyé
anglophones, et la capitale et ses environs trilingues.
Le pays compte à ce titre 22,53 % détablissements
qui accordent autant dimportance à langlais
quau français comme première langue
étrangère. Le changement est, de plus, davantage
perceptible à lécole privée
que dans le public, où 207 000 élèves
apprennent encore le français comme première
langue étrangère et presque 178 000 langlais.
« Le secteur public est incapable de se réformer
et ses enseignants sont largement francophones, dans un
contexte de crise inédite et de gel des embauches
», observe Lama Tawil, présidente de lUnion
des parents délèves et des comités
de parents des écoles privées du Liban.
Un changement amorcé dans les années 90 Loin dêtre
une surprise, la baisse des effectifs dans lenseignement
francophone est le signe que langlais sest
imposé internationalement comme langue de la mondialisation,
de la technologie et des affaires, de linsertion
professionnelle et de la mobilité sociale. «
Dès les années 90, la mondialisation avec
pour langue langlais a renforcé la tendance
à linternational », constate le professeur
en sciences éducatives Adnane el-Amine. Au Liban,
le changement a été amorcé bien avant
cela, lorsque, dans les années 80, est édifiée
lUniversité Notre-Dame (NDU), première
université maronite anglophone. « La création
de cette université (après celle de Balamand
relevant de lÉglise orthodoxe) a provoqué
un tollé, car cétait la première
fois que lÉglise maronite, connue pour son
attachement traditionnel à la francophonie, se
tournait vers un enseignement supérieur anglophone
», se souvient le chercheur. Et qui plus est, dans
le fief maronite du Kesrouan. « Moins chère
» que lUniversité américaine
de Beyrouth, « plus proche géographiquement
» pour les étudiants de la région,
évoluant « dans le giron de lÉglise
», la NDU attire alors. « Cest le début
de la popularité de langlais au Liban. Un
changement sociétal aussitôt répercuté
dans les nouveaux programmes scolaires de 1997 »,
observe le professeur Amine. « À compter
de cette date, le Liban compte deux premières langues
étrangères, et non plus le français
exclusivement », affirme-t-il. Leffet domino
est garanti.
La
crise syrienne et lafflux de réfugiés
au Liban dès 2011 ont renforcé lengouement
pour langlais comme première langue étrangère
denseignement. « Nous avons été
confrontés à une demande record des déplacés
syriens pour langlais scolaire, observe le directeur
général du ministère de lÉducation,
Fady Yarak. Pour ces élèves essentiellement
arabophones, il a donc fallu faire le choix de langlais,
en tenant compte par la même occasion de laccès
plus aisé aux universités anglophones.
» Le rapport dEuromena
Consulting de septembre 2021 sur « lAccompagnement
des écoles privées francophones du Liban
dans la transition de leur modèle économique
» décrit bien la réalité.
Initié par lambassade de France et lAgence
française de développement (AFD) dans
le cadre du soutien du gouvernement français
au Liban, il évoque « lérosion
dune éducation francophone perçue
comme moins attractive que léducation anglophone
». La crise locale économique, financière
et sanitaire, à laquelle est venue se superposer
la double explosion au port de Beyrouth, a « aggravé
la tendance », faisant de « léducation
francophone privée un produit de luxe »,
analyse-t-il. À titre de comparaison avec les
années de gloire, lenseignement francophone
comptait 557 000 élèves en 2016-2017,
contre 508 257 pour lenseignement anglophone,
selon le CRDP. « Sajoutent à ces
facteurs, qui nuisent au maintien de la langue française
scolaire, le manque de ressources de qualité
en français sur le net, des pratiques pédagogiques
qui mériteraient dêtre actualisées,
et la représentation négative que les
gens se font de la langue française »,
commente Cécile Saint-Martin, attachée
de coopération éducative près lambassade
de France, évoquant une langue française
dépeinte comme « langue de la culture,
qui fait peur car on croit quelle exige un bien-parler,
face à une langue anglaise décrite comme
langue de la technologie, de linsertion professionnelle
»
Manque de vision,
crise, erreur stratégique
Labsence
de vision étatique nest pas étrangère
au recul de la francophonie scolaire au pays du Cèdre.
Montrés du doigt, le manque de politique linguistique
officielle, la grande fragmentation dun système
éducatif basé sur linitiative privée
et cette dichotomie entre un monde scolaire majoritairement
francophone jusque-là, et un enseignement supérieur
largement anglophone. « Il nexiste pas de
politique linguistique officielle. Lenseignement
est plutôt basé sur loffre que sur
la demande », regrette Maysoon Chehab, experte
en éducation auprès de lUnesco,
espérant voir la question linguistique figurer
dans la réforme annoncée de léducation.
« Face à ce vide, les parents orientent
leur choix scolaire en fonction des universités,
largement anglophones dans le pays », relève-t-elle.
Se superpose aussi « la problématique de
choc de crise que subit le système éducatif
libanais », souligne le directeur régional
de lAgence universitaire de la francophonie (AUF),
Jean-Noël Baléo. Une crise qui, espère-t-il,
« ne sacrifiera pas latout linguistique
des Libanais, leur trilinguisme ».
Également critiquée pour son manque dagressivité,
la politique française de soutien à
léducation au Liban, qui a privilégié
les établissements privés à programme
français, au détriment de léducation
de masse. « La France a commis une erreur stratégique
», regrette un expert de léducation
sous couvert danonymat. « Elle a largement
investi dans le soutien aux écoles francophones
homologuées qui scolarisent lélite.
Mais elle na pas pesé de tout son poids
sur la masse qui suit le programme libanais, à
lécole publique ou dans le privé
francophone de moindre envergure », explique-t-il.
Selon le spécialiste, « lHexagone
aurait dû élargir sa zone de travail et
se positionner sur le territoire des autres ».
Il reconnaît toutefois « un revirement de
la politique française, depuis quelques années,
à linitiative du président Macron
».
Concurrence et avancée
anglo-saxonnes
À
cette réalité, soppose le dynamisme
anglo-saxon pour soutenir un secteur éducatif
terrassé par les crises et renforcer langlais
à lécole, luniversité
ou auprès des populations. Celui des chancelleries
américaine et britannique, et des organismes
humanitaires et culturels de leurs États respectifs,
lAgence américaine pour le développement
(USAID) pour la première, le British Council
pour la seconde.
Côté
américain, les aides se calculent en centaines
de millions de dollars. Diversifiées, adressées
à la fois aux secteurs public et privé,
elles sinscrivent dans la formation denseignants,
lalphabétisation, laide humanitaire,
lapprentissage intensif de langlais, loctroi
de bourses scolaires et universitaires. Avec pour particularité
dattirer les élèves arabophones
et francophones. « Notre priorité est de
promouvoir langlais », souligne à
LOrient-Le Jour la directrice des relations publiques
à lambassade des États-Unis, Kristina
Hayden. Les investissements américains touchent
donc davantage le nord du pays, majoritairement francophone,
que le Sud, déjà largement anglophone.
« Nos programmes sont essentiellement destinés
aux élèves des établissements francophones
et arabophones, mais pas dans un esprit de compétition
avec les autres langues », précise la diplomate.
Pas question pour autant dinfluencer le système
en vigueur, ni de le changer. « Nous ne cherchons
pas à passer au système anglais denseignement,
mais soutenons le système éducatif en
vigueur, en coordination avec le ministère de
lÉducation », assure Mme Hayden.
Côté
britannique, même engagement pour soutenir
le système éducatif local, concrétisé
notamment par des formations professionnelles continues
aux enseignants et chefs détablissement
ou la préparation des écoles publiques
à la scolarisation des petits réfugiés
syriens. Le Royaume-Uni met aussi laccent sur
« les compétences du XXIe siècle
à lécole », le soutien à
la pensée critique, à la créativité,
à la citoyenneté, à lalphabétisation,
au leadership, à lenseignement à
distance. Cest de plus dans la langue de Shakespeare
que se concrétise lappui de Londres «
aux communautés vulnérables, aux enfants
libanais et syriens », souligne le directeur du
British Council, David Knox. Et pour encourager les
établissements scolaires à adopter une
dimension internationale, « la norme de qualité
International School Award (ISA) » est désormais
instaurée. De même, le réseau de
professeurs danglais du Liban figure « parmi
les plus actifs de la région MENA ». Il
faut dire que le British Council sintéresse
de près à « lapprentissage
des langues depuis plus de 20 ans ». À
lissue dune étude récente
sur lavenir de langlais, M. Knox révèle
la réflexion engagée par des experts locaux
« pour une circulation encore plus importante
» de cette langue considérée comme
une « compétence-clé pour le travail
et/ou la migration ».
Des
notes d'optimisme tout de même...
Le bac français
séduit toujours Une
chose est sûre. Le pays du Cèdre nest
pas près pour autant de se départir de lenseignement
en français. Sa communauté francophone y
veille jalousement, brandissant lavantage dont elle
tire fierté par rapport aux anglophones : son trilinguisme.
« Mes enfants étaient scolarisés au
collège anglophone Saint oseph School. Je les ai
récemment transférés au système
français, au Grand Lycée franco-libanais
de Beyrouth. Nous voulions, mon épouse et moi,
leur donner la chance que nous avons eue de baigner dans
la culture française et dêtre trilingues
. » Le témoignage de ce père de famille,
Halim A., résume lattachement des familles
libanaises francophones à un système scolaire
qui leur apporte ce sentiment dappartenance et louverture
véhiculée par la langue de Molière.
Pour avoir vécu une dizaine dannées
dans le Golfe, Halim et son épouse avaient dabord
été tentés par le système
anglophone. « Nous avons rapidement regretté
notre choix et fait le nécessaire », avoue
Halim.
Un solide réseau d'établissements enseignant
en français Au sein des institutions
éducatives, lattachement au français
est tout aussi prégnant, mené par un souci
de reconnaissance de qualité. Avec quelques réajustements,
toutefois, en faveur de langlais. Face à
un bac libanais perçu comme obsolète et
un IB peu répandu et particulièrement coûteux,
le bac français comme diplôme de fin détudes
scolaires continue de séduire. Pour laccès
à un enseignement supérieur de qualité,
il est vu comme une valeur sûre. « Nos établissements,
qui scolarisent 14 000 élèves, sont à
80 % francophones. Et dès lannée prochaine,
nous proposons le bac français à une partie
de nos élèves », révèle
soeur Bassima Khoury, directrice du bureau pédagogique
des surs Antonines et directrice du Collège
des surs Antonines de Roumié. Mais pour répondre
à une demande importante, « langlais
occupe une place de choix dans lemploi du temps
des élèves, 5 à 6 heures par semaine,
dès les petites classes », précise-t-elle.
Une façon pour la responsable de revendiquer à
la fois le trilinguisme et lengagement de ses établissements
sur la voie de lhomologation avec le soutien de
lambassade de France. Un soutien de dizaines de
millions deuros à léchelle nationale,
qui na cessé daugmenter depuis laggravation
de la crise, face à la baisse du pouvoir dachat
des familles, la double explosion au port de Beyrouth,
la pandémie de Covid-19. « Depuis notre homologation,
nous nous sentons constamment soutenus par la France,
financièrement et au niveau de la formation denseignants
notamment », salue la responsable. « En labsence
de stratégie étatique pour léducation,
ce soutien est très important », insiste-t-elle.
Cest
dans ce cadre que le réseau de lenseignement
français au Liban poursuit son ascension. «
Avec 56 établissements, dont celui de Damas,
le réseau scolaire français compte aujourdhui
60 000 élèves au Liban, soit 20 000 de
plus quen 2011 », souligne Henri de Rohan-Csermak.
Preuve du « dynamisme de ce réseau exceptionnel,
le plus important dans le monde, sept nouvelles demandes
dhomologation ont été récemment
formulées », affirme le conseiller culturel
adjoint. Pour la France, qui soutient institutions et
élèves durement touchés par la
crise financière, « cet enseignement est
essentiel ». Le rapport Euromena rappelle à
ce titre que « le secteur éducatif privé
du Liban, qui scolarise 68 % des élèves,
offre quasiment un service public ». Le défi
qui se pose désormais est la viabilité
économique et financière des établissements
francophones privés du Liban, dans un contexte
deffondrement de la monnaie locale. Doù
la nécessité, selon Euromena, «
dobtenir des financements alternatifs, doptimiser
les revenus, de réduire les coûts et de
promouvoir le trilinguisme ». « Dans la
concurrence entre langlais et le français,
le trilinguisme est un atout », relève
M. de Rohan-Csermak.
Le
trilinguisme, atout des Libanais
Nettement
moins solide malgré des programmes de labellisation
et de certification, la francophonie de masse est aujourdhui
la source principale dinquiétude face à
la hausse de popularité de langlais scolaire.
Sauf que les autorités libanaises se veulent
rassurantes. « La demande pour langlais
est certes très importante. Mais la politique
officielle vise à maintenir léquilibre
entre le français et langlais »,
tempère Fady Yarak, évoquant des raisons
à la fois politiques et économiques, ajoutées
au nombre insuffisant denseignants en anglais.
« Le plurilinguisme est au cur de la politique
linguistique du ministère, décrite dans
le plan quinquennal », promet le directeur général,
rappelant quil est aisé pour les élèves
francophones de poursuivre des études supérieures
en anglais, le contraire nétant pas évident.
Quel
avenir dans ce cadre pour le français scolaire
au Liban ? « Le français fait partie de
notre réalité, de notre histoire, de notre
capital linguistique. À moins dune décision
politique dangliciser totalement léducation,
il continuera dexister au pays du Cèdre
», soutient Adnane el-Amine. « Le français
nest pas quune langue. Il fait partie de
lidentité libanaise, de la façon
de penser et de concevoir le monde. Et puis, la majorité
des chefs détablissement sont francophones
», renchérit Léon Lilzi, directeur
du Collège patriarcal de Raboué.
Émerge
alors une réflexion française pour le
maintien, voire la dynamisation du français scolaire
au Liban, forte dune conviction que lécole
publique du Liban ne va pas abandonner le français.
« Nous imaginons un dispositif de coopération
renouvelé en contexte postcrise qui nen
est encore quà ses prémices »,
révèle Cécile Saint-Martin. Face
à la problématique actuelle liée
aux budgets scolaires et aux difficultés logistiques,
Paris souhaite apporter sa contribution « au système
dans son ensemble », et « accompagner le
mouvement de sortie de crise ». Outre la promotion
du plurilinguisme qui constitue « la force des
Libanais », laccent est de plus mis sur
le développement de plateformes numériques
(telles le groupement EdInnov) destinées
à doter lenvironnement éducatif
francophone de ressources de qualité. Limage
de la langue française est également au
cur du débat : « La langue française
se vit aussi indéniablement, comme celle de la
mobilité sociale, de linsertion professionnelle,
de la technologie, des sciences et des affaires »,
martèle Mme Saint-Martin.
La
situation est complexe, au point de dépasser
le contexte scolaire. Elle représente aujourdhui
un enjeu pour lemployabilité de la jeunesse
libanaise dans le monde. « Par rapport aux jeunes
de la région, les Libanais ont toujours eu lavantage
dêtre trilingues et davoir la capacité
de se mouvoir dans les trois systèmes, libanais,
arabe et occidental, observe Jean-Noël Baléo.
Si le Liban perdait cette singularité, rien ne
distinguerait alors un jeune Libanais dun autre
jeune dans le monde. » Doù la nécessité
de préserver cet atout, de « soutenir le
secteur éducatif public » et dengager
« des efforts de massification » du français.
Article du 16 décembre
2021 en collaboration avec le CRDP et
la journaliste de l'Orient Le Jour Anne-Marie El-Hage
1965
: le Liban, pays francophone et ouvert sur le monde
Beyrouth
est dévastée après le terrible accident
survenu le 4 août, une catastrophe dégradant
encore un peu plus la situation d'un pays enfoncé
dans la crise depuis des années. En 1965, au contraire,
l'heure était au dynamisme économique et
à l'optimisme dans un pays fier de sa francophonie
et de son multiculturalisme. >
Lire la suite...
Printemps
2021: La
francophonie au Liban : « Elle plie, et ne rompt
pas »
La francophonie au Liban nest pas
liée au Mandat exercé par la France sur
ce pays de 1920 à 1943 : le français y existait
bien avant cette époque, grâce aux missions
religieuses (Lazaristes, Jésuites, Capucins ),
à la création par les Jésuites de
lUniversité Saint-Joseph de Beyrouth (1875)
et aux échanges liés au commerce de la soie
; il a survécu au départ des troupes françaises
au lendemain de lIndépendance proclamée
en 1943. Cest dire lattachement des Libanais
à la francophonie, considérée comme
une ouverture sur le monde et une source denrichissement
culturel. Le président libanais Charles Hélou,
qui fut aussi un grand journaliste et écrivain
dexpression française, ne sy est pas
trompé : « La francophonie nest pas
(et ne peut pas être) un impérialisme politique
ni un impérialisme linguistique, répétait-il.
Elle est et restera un fraternel dialogue des cultures
»
Le français dans les écoles
et les universités du Liban, La presse et lédition
en crise, Un soutien politique accru, Franbanais et libanismes,
autant d'aspect cruciaux pour la francophonie libanaise
sont abordés par l'écrivain et avocat Alexandre
Najjar.
Il fait le point sur la situation, l'évolution
et les perspectives de la francophonie au Liban pour la
"Revue politique et parlementaire". >
Lire en entier
Alexandre Najjar est le responsable
de LOrient littéraire, lauréat de
lAcadémie française,
Médaillé dor de la Renaissance française
Il est lauteur du Dictionnaire amoureux du Liban,
Plon, 2014. Il a reçu le Grand Prix de la Francophonie
de lAcadémie française (2020).
Déc.
2021: Au Liban, l'éducation
francophone est aussi est frappée par la crise
Le pays est tout entier confronté à la crise économique
qui touche de plein fouet l'enseignement supérieur. L'Université
Saint Joseph, établissement de prestige créé
il y a plus d'un siècle par les Jésuites, accueille
les jeunes Libanais de toute confession depuis des générations.
Mais il est quasiment impossible de continuer à faire cours
sans électricité ou d'y assister sans avoir d'essence.
La plupart des diplômés quittent le Liban comme le
déplore le recteur "c'est très grave pour la
culture francophone et française" >>
Le reportage Vidéo de TV5 Monde.
La
géopolitique pour comprendre le contexte socio-culturel
libanais et ses pratiques linguistiques: une contribution
de 2014 qui sert à mieux comprendre la place du
français
dans le paysage et la coexistence des langues au Liban
>>
Lire...
Notre page dédiée à l'état de la francophonie
au Liban doit permettre de faire un état des lieux objectif
et d'évaluer l'évolution de sa situation depuis
le début des années 2000, entre optimisme et alarmisme,
chacun ses conclusions...
Quand la francophonie, au Liban, trébuche aux portes de
luniversité
Lengouement pour les études
supérieures en anglais représente un défi,
et pas des moindres, pour les universités francophones
du Liban.
Elles sadaptent, mais doivent faire preuve de souplesse. OLJ-Anne-Marie
El Hage-Avril 2019-
Le français na plus la primauté à luniversité
au Liban. Une fois leur bac en poche, de plus en plus délèves
libanais optent pour des universités anglophones, ou même
des cursus anglophones au sein dinstitutions supérieures
francophones. Cet engouement croissant pour langlais, confirmé
par des experts du monde éducatif et universitaire, reflète-t-il
pour autant une fracture entre lapprentissage du français
à lécole et la pratique de la langue de Molière
à luniversité ?
Les
faits sont là, confirmés par des chiffres. Selon
le père Salim Daccache, recteur de lUniversité
Saint-Joseph, « aujourdhui, 55 % des bacheliers
du bac français et des filières scolaires dites
francophones rejoignent les universités anglophones du
pays ou à létranger ». Une réalité
qui, estime-t-il, est liée au caractère «
trop scolaire des universités francophones », à
« lattirance de la jeunesse pour la langue anglaise
» et à « limportance de cette langue
dans le monde professionnel ».
Lattrait quexerce
lenseignement anglophone sur les élèves
et sur leurs parents commence, en fait, dès lécole
et modifie progressivement le paysage scolaire traditionnel
libanais. « Alors que 70 % des élèves étaient
scolarisés dans le réseau des écoles francophones
il y a 20 ans, seulement la moitié des écoliers
du pays poursuivent aujourdhui leur scolarité dans
ce réseau », reconnaît Véronique Aulagnon,
conseillère de coopération et daction culturelle
à lambassade de France et directrice de lInstitut
français du Liban.
Lécole
anglophone en nette progression
En
comparant les statistiques annuelles publiées par le
Centre de recherche et de développement pédagogiques
(CRDP), on ne peut que constater limportant recul de la
langue française à lécole, dune
année à lautre. Durant lannée
scolaire 2017-2018, sur 1 069 627 écoliers, 549 633 suivaient
lenseignement francophone et 519 994 lenseignement
anglophone. Un an plus tard, le nombre délèves
scolarisés grimpe à 1 076 616 (selon des
chiffres préliminaires), mais le nombre décoliers
dans lenseignement francophone baisse à 543
401, alors que dans lenseignement anglophone,
on compte 533 215 élèves.
Face
à cette nouvelle tendance, les universités francophones
nont dautre choix que de sadapter en développant,
en sus de lapprentissage de langlais, des cursus
complets dans la langue de Shakespeare. Certaines, comme lUniversité
Saint-Esprit de Kaslik, deviennent carrément anglophones,
tout en revendiquant leur multilinguisme. Même lUSJ,
forte de 12 650 étudiants et connue pour être luniversité
francophone par excellence du Liban, « dispense désormais
15 % de ses cours en anglais », explique le père
Salim Daccache. « Nous avons aussi créé
des filières de licence exclusivement en anglais, dans
les facultés de gestion, détudes bancaires,
dhospitalité, dorthophonie dont une
bonne dizaine de masters, et nous continuerons cette dynamique
», promet le recteur. Cette décision, selon lui,
« ne mettra pas en danger lidentité francophone
de linstitution », qui revendique haut et fort son
« trilinguisme », mais aussi son « excellence
». Car il faut bien pallier le désintérêt
des étudiants pour certaines filières.
Le
problème est encore plus ardu pour les étudiants
issus de milieux socio-économiques moins privilégiés,
nayant pas été scolarisés dans les
grandes écoles francophones du pays. « Les cours
donnés en français sont désertés,
alors que les cours en anglais font salle comble », observe
Karim el-Mufti, chercheur et universitaire, enseignant de droit
à lUniversité Saint-Joseph et lUniversité
La Sagesse. Pire encore, « la plupart du temps, cest
au bénéfice de larabe que se fait le recul
du français », note-t-il.
Dans
ce contexte, les professeurs doivent « faire preuve de
souplesse » et optent pour « la solution de facilité
» pour éviter de pénaliser des élèves
faibles en langues étrangères. « Nous autorisons
les étudiants à présenter certains examens
en arabe ou en anglais, lorsquils ont trop de difficulté
à sexprimer en français, précise
M. Mufti. Nous constatons alors que la majorité des copies
sont rédigées en arabe. Un recours qui est systématique
pour les rapports de stage, précédant de loin
lusage de langlais. » Et lorsque lépreuve
écrite doit nécessairement être rendue en
français, « la copie est truffée de fautes
et de mots arabes ». « Souvent même, les étudiants
rendent une feuille blanche, espérant se rattraper à
loral, où ils ont le droit de sexprimer en
arabe », regrette-t-il.
1
700 nouveaux étudiants libanais en France par an
Refusant
dêtre alarmistes, les représentants de la
francophonie au Liban se veulent plutôt pragmatiques,
rappelant que la France demeure le premier pays de destination
des étudiants libanais, avec près de 1 700 nouveaux
étudiants libanais par an (5 000 au total), dont la majorité
en cursus master et doctorat.
Le
fait que de plus en plus délèves issus décoles
à programme français optent pour un enseignement
supérieur anglophone est « le résultat,
selon notre analyse, dun calcul rationnel des parents
délèves qui veulent le meilleur pour leurs
enfants », estime Mme Aulagnon. « Ils les scolarisent
à lécole francophone, et privilégient
ensuite un autre réseau, luniversité anglophone
en loccurrence », ajoute-t-elle. Car lobjectif
des familles « est aussi de permettre à leurs enfants
de sexpatrier, en leur assurant la carte de visite française
et une autre anglo-saxonne », précise la conseillère
de coopération, évoquant létroitesse
du marché local de lemploi. Si elle reconnaît
que « le vivier francophone est plus faible dans des milieux
sociaux moins privilégiés », Mme Aulagnon
fait remarquer, en revanche, que « les élèves
francophones peuvent sadapter facilement au système
anglo-saxon, alors que linverse nest pas vrai ».
« Seuls les francophones sont porteurs du plurilinguisme
», assure-t-elle, regrettant toutefois labsence
dune politique libanaise linguistique qui mette le français
et langlais à égalité dans lenseignement
scolaire.
La
francophonie table sur lAfrique
Si
Hervé Sabourin, directeur du bureau Moyen-Orient de lAgence
universitaire pour la francophonie (AUF), reconnaît «
lemprise certaine » de la langue anglaise à
luniversité, il relativise la gravité de
la situation. « Ce nest pas si grave et ce nest
surtout pas un scandale. Cela fait partie du monde daujourdhui,
affirme-t-il. Et au niveau universitaire, la langue devient
plus un passage de savoir-faire que de formation de lindividu.
» Cest pourquoi il estime « quil ny
a pas vraiment de rupture entre lécole et luniversité,
mais un passage à dautres enjeux ». Et le
directeur dobserver que la francophonie ne peut être
résumée à lusage et la maîtrise
de la langue comme moyen de communication. « Cest
beaucoup plus que cela », souligne-t-il, invitant à
réfléchir sur « ce quapporte lespace
francophone au monde entier et en particulier au Moyen-Orient
», en termes de « savoir-faire », de «
diversité », de « multilinguisme »
et de « lieu où lon défend les valeurs
universelles comme les droits de lhomme ». M. Sabourin
va encore plus loin. « La langue française ne va
pas disparaître », assure-t-il. Bien au contraire,
avec lessor démographique de lAfrique et
la perspective quelle devienne une plaque tournante pour
linvestissement mondial, la langue de Molière entend
bien devenir un facteur de dialogue et de développement
économique. « Je suis certain, conclut M. Sabourin,
que les évolutions prochaines du monde donneront raison
à la ténacité et au travail de la francophonie.
»
Au Liban, la francophonie fait de la résistance «
La francophonie doit reconquérir la jeunesse »,
lançait Emmanuel Macron, en octobre dernier, lors du
Sommet de la francophonie à Erevan. Et au Liban, quen
est-il des relations entre le français et la jeunesse
? Les chiffres, bruts, ne sont pas réjouissants. «
Alors que 70 % des élèves étaient scolarisés
dans le réseau des écoles francophones il y a
20 ans, seulement la moitié des écoliers du Liban
poursuivent aujourdhui leur scolarité dans ce réseau
», reconnaît Véronique Aulagnon, conseillère
de coopération et daction culturelle à lambassade
de France et directrice de lInstitut français du
Liban. « Aujourdhui, 55 % des bacheliers du bac
français et des filières scolaires dites francophones
rejoignent les universités anglophones du pays »,
renchérit le père Salim Daccache, recteur de lUniversité
Saint-Joseph.
Un siècle et demi après la bataille originelle
que se sont livrée les congrégations catholiques
latines et les missions protestantes anglo-saxonnes pour la
construction décoles, francophones et anglophones,
au Liban, lheure est-elle pour autant à la déconfiture,
pour la francophonie, au pays du Cèdre ?
À
Tebnine, nous avons trouvé des raisons dêtre
optimistes. Sur les 470 inscrits dans lécole publique
de cette ville du Liban-Sud, 135 élèves suivent
aujourdhui des cours de français, alors quen
2017, ils nétaient que 30. Une belle progression,
même si les défis à surmonter pour ancrer
lapprentissage de la langue de Molière ne sont
pas simples. Défis accrus, aussi, par la décision
de la France daugmenter drastiquement les frais de scolarité
pour les étudiants extra-européens dans les universités
publiques françaises. Au regard des déclarations
de M. Macron sur la promotion de la francophonie, lon
peut sinterroger sur une éventuelle ambivalence
de de la politique française en la matière.
Il nen demeure pas moins quau Liban, le français
reste une langue bien vivante, sous leffet notamment de
savoureux libanismes et du franbanais. Est-ce un mal, est-ce
un bien ? Nous avons posé à la question à
des experts.
Alors
oui, les temps sont compliqués, mais la francophonie
continue assurément doffrir, face à langlais,
une belle résistance.
Aux origines de la lutte dinfluence entre le français
et langlais au Liban
OLJ-Julien
Abiramia-Avril 2019- Au XIXe
siècle, les congrégations catholiques latines
et les missions protestantes anglo-saxonnes se sont engagées
dans une course pour la construction décoles au
Liban qui constituent aujourdhui lessentiel du tissu
scolaire du pays.
Dispensé par des missionnaires catholiques installés
au fil des siècles au Levant, lenseignement du
français au Liban sest institutionnalisé
et a pris toute son ampleur au cours du XIXe siècle,
notamment face à la concurrence de protestants anglo-saxons
proposant un enseignement de la langue anglaise. La création,
à quelques années dintervalle, de lUniversité
Saint-Joseph (USJ) en 1875 et de lUniversité américaine
de Beyrouth (AUB) en 1866 (à lépoque sous
lappellation de Syrian Protestant College), qui forment
aujourdhui encore les élites libanaises, est le
symbole de cette lutte dinfluence, lun des catalyseurs
de la Nahda, léquivalent de la Renaissance.
Dans
cette guerre dinfluence culturelle, le français,
diffusé par la France, fille aînée de lÉglise
et protectrice des chrétiens dOrient, a lavantage
de lancienneté. « À lépoque
des croisades, la langue française sert au Liban uniquement
de moyen de communication et de négoce entre les occupants
et les occupés, explique Karl Akiki, chef du département
des lettres françaises à lUSJ. Plus dun
siècle après la politique de rapprochement instituée
par François Ier avec le sultan Soliman le Magnifique,
les jésuites installent en 1657 leur premier couvent
à Antoura (Kesrouan), quils cèdent aux lazaristes
en 1784, pour le reprendre en 1834. » À partir
du XIXe siècle, le français, grâce à
la multiplication des missions,
« commence véritablement à simplanter
comme langue de culture, de recherche et dexcellence »,
ajoute-t-il.
Au début du siècle, les missions catholiques assistent
à lexpansion spectaculaire des missions protestantes
menées par des religieux réformés venus
dAmérique du Nord et dAngleterre. Sous la
férule du Conseil américain des délégués
aux missions étrangères (ABCFM), créé
en 1810 dans lobjectif de régénérer
le christianisme quil considère comme décadent,
les premiers missionnaires américains débarquent
dix ans plus tard à Beyrouth, à Damas et en Palestine.
Face
à ce nouvel acteur, les missions latines connaissent
un essor exceptionnel à partir des années 1840.
Des congrégations comme les franciscains, les capucins
ou les carmélites ouvrent des écoles sur lensemble
du territoire libanais. À Beyrouth, certes, où
la population chrétienne croît de manière
exponentielle grâce aux migrations venues de la Montagne
et qui devient la plaque tournante économique du Liban.
Dans les grandes villes côtières aussi, et dans
la montagne libanaise, à Ghazir notamment où les
jésuites créent, en 1843, leur premier séminaire-collège.
Chiffres-clés en 2018
70 000 élèves libanais dans le dispositif français
10 000 à lextérieur du pays, soit 20 % des
effectifs du réseau français à létranger.
Au Liban, sur un total d'un million d'élèves,
public et privé réunis, 53% des élèves
sont apprenants en français.
43 établissements homologués en 2018 avec un objectif
de 80 à 85 correspondant à un effectif de 120.000.
Lobjectif 2025 est de doubler le réseau des établissements
de lAEFE au Liban et dintégrer au sein des
écoles homologuées non moins de 120 000 élèves.
Le Liban, vivier du professorat francophone Pour
compléter « cette excellence pédagogique
», lambassade de France ambitionne datteindre
le ratio de trois formateurs libanais pour un formateur français.
À ce titre, elle devrait inaugurer bientôt la nouvelle
formation de lenseignement du français à
létranger à lÉcole supérieure
des affaires (ESA). « Cest au Liban que se trouve
le principal vivier du professorat francophone dans le monde
», affirme Serge Tillmann, conseiller culturel adjoint
près l'Ambassade de France, détaché par
le ministre français de lÉducation nationale
auprès du ministère des Affaires étrangères,
au service de la coopération culturelle au Liban.
Le Liban affole tous les compteurs de la francophonie
Mais plus que cette détermination française, plus
que cette amitié de longue date entre la France et le
Liban qui sest concrétisée en 1996 par la
signature de laccord sur léquivalence entre
les deux bacs libanais et français, « il y a visiblement
quelque chose qui se passe au Liban », constate lancien
éducateur, affirmant que « le pays affole tous
les compteurs de la francophonie » malgré la concurrence
de langlais.
On y note dailleurs « une augmentation sensible
du nombre de bacheliers du français ». Mieux encore,
« des établissements anglophones souvrent
à la langue française ».En 2017-2018, près
5 600 élèves libanais de première et terminale
de 50 établissements (dont 9 non homologués) obtenaient
le bac français, contre seulement 400 bacheliers au début
des années 70. Une demande quaccompagne et encourage
Serge Tillmann en développant linfrastructure nécessaire
à ce processus. « Depuis que nous avons dématérialisé
les épreuves du bac, il y a deux ans, aucune copie dexamen
nest plus envoyée en France », explique-t-il.
Parallèlement,
a été « opéré un transfert
de compétences aux professeurs libanais ». Paris
a, depuis, « gagné le pari de faire corriger les
épreuves du bac par 450 enseignants libanais, formés
par 30 enseignants français, portant ainsi le nombre
de correcteurs à 480 professeurs ». Cela fait également
deux ans que les premiers centres dexamen dirigés
par des non-Français ont vu le jour au Liban, au sein
des établissements Melkart, Louise Wegmann, Antoura,
Athénée de Beyrouth et Institut moderne. «
Ce transfert de responsabilité aux établissements
dirigés par des Libanais se poursuit », précise
M. Tillmann.
Très
prochainement, un centre dexamen devrait voir le jour
à Saïda. De plus, « en septembre et pour la
première fois au monde, un centre de remplacement des
épreuves du baccalauréat français a ouvert
ses portes au Liban dans les mêmes conditions quen
France, destiné aux candidats au bac français
qui nont pas pu passer leur examen », annonce-t-il,
insistant sur la volonté de la France d «
assurer un service de proximité aux familles du Liban
».
Extraits
de l'entretien accordé en Octobre 2018 par Mr Tillmann
à Anne-Marie
El Hage pour L'OLJ
Le dernier sondage local sur la francophonie au Liban
C'est
un sondage révèlateur réalisé
par Ipsos-Stat pour le compte de la Fondation Cedrona
en octobre 2008 sur un échantillon de 601 personnes
dans toutes les régions du Liban.
Il montre que 402 des personnes interrogées,
soit 66,9%, parlent bien, moyennement ou peu le français,
contre 199 qui ignorent complètement cette langue.
Sur ces 402 personnes, 80 (soit 13,3%) possèdent
un français parfait, 218 (36,3%) un français
moyen, alors que 104 (17,3%) sexpriment un peu
en français ;
198 sont des hommes, 204 des femmes. Celles-ci restent
résolument francophones par rapport aux hommes,
puisque sur les 80 personnes possédant un français
parfait, 65% sont de sexe féminin.
Sur le total des personnes interrogées, 38,1%
sexpriment en famille en français (après
larabe) contre 29,5% en anglais, ce qui prouve
bien que langlais est surtout utilisé comme
langue daffaires.
Au niveau des lectures, le français dépasse
langlais puisque 25,5% des personnes interrogées
lisent des livres en arabe, 12,5% des livres en français
et 9,2 des livres en anglais, le reste ne lisant pas
du tout (!). Mais à la question « Dans
quel système scolaire aimeriez-vous placer vos
enfants ? », les sondés renvoient dos à
dos les deux systèmes, doù la confirmation
des inquiétudes quant à loffensive
anglaise dans le domaine de léducation.
Mais à examiner de plus près le détail
des réponses à cette question, il savère
que les femmes penchent davantage pour le système
français alors que les hommes, pour des raisons
sans doute plus « pragmatiques », préfèrent
le système anglais. Cest donc prioritairement
auprès des mâles que la francophonie devrait
améliorer son image et lancer son opération
séduction !
Le
Liban, un pays arabe francophone? Regardez
ce documentaire réalisé au printemps 2019.
Il est réalisé dans un style cool et décontracté
résolument tourné vers la jeunesse. Cela
pourra en choquer certains mais au-delà de la forme,
il vous permettra de comprendre comment et pourquoi le
Liban est un pays ou l'arabité et la francophonie
font encore bon ménage même si la poussée
anglophone engendrée par la mondialisation se fait
sérieusement sentir, notamment parmi la jeunesse
libanaise.
Combien de libanais francophones dans le monde? Estimation de l'apport réel de
la francophonie libanaise à
la francophonie mondiale
Plus
de 4 millions de libanais francophones dans le monde?
Pour tenter de parvenir à une évaluation
aussi réaliste que juste, nous avons effectué des
recoupements entre différentes études menées
par l'OIF (Organistation Internationale de la Francophonie), les
études locales entreprises par les ambassades de France
au sein des principaux pays, foyers de francophonie et les études
spécifiques sur la diaspora lbanaise dont la plus récente
est celle du journaliste René Naba, réalisée
en 2014.
1/ La francophonie libanaise au Liban:
Il convient en premier lieu de définir
la population réellement libanaise au Liban car il faut
rappeler que le Liban compte actuellement entre 6 et 6,5 millions
d'habitants dont plus de 1,5 millions de réfugiés
syriens et palestiniens. Pour notre étude, nous avons donc
évalué la population libanaise du Liban à
4,5 millions de libanais.
Sur cette population, d'après les enquêtes les plus
récentes et les statistiques du ministère de l'enseignement,
il est réaliste de considérer que le Liban compte
en 2018 autour de 900.000 locuteurs (soit 20%) avec une bonne
maitrise du français permettant un usage habituel et précis
et environ 800.000 (soit environ 18%) possédant assez de
bases pour permettre un usage occasionnel et de conversation basique.
Le nombre de francophones au Liban peut
donc être estimé entre 1,7 et 1,8 millions.
2/ La francophonie libanaise hors du Liban:
La diaspora libanaise est communément estimée
à près de 13 millions de personnes dont 8,5 en Amérique
latine et zone Caraibes.
Nous avons tenté d'affiner nos estimations en tenant évidemment
compte de l'environnement francophone réel selon les pays
ou vivent les libanais d'origine.
Il est bien évident que la francophonie des pays dont le
français est la ou l'une des langues officielles doit être
différenciée de celle d'un pays ou le français
est une vraie langue étrangère. D'autre part, nous
avons tenu compte d'un correctif en fonction de l'antériorité
des vagues d'émigration, notamment pour le continent sud-américain
ou la grande majorité des libanais n'ont pas reçu
au préalable de rudiments ou d'enseignement du français
dans le système libanais public et surtout privé.
En général, nous avons préféré
délivrer des chiffres prudents plutot basés sur
des estimations basses afin de rester dans le cadre d'une étude
objective et réaliste prenant en compte les libanais que
l'on peut qualifier de francophones réels.
Afrique de l'Ouest Francophone: 160.000
Afrique non Francophone: 40.000
Maghreb: 10.000
Europe de l'Ouest: 300.000
Autres pays d'Europe: 30.000
Canada: 200.000
Etats Unis: 280.000
Pays du Golfe: 80.000
Asie-Océanie: 50.000
Amérique du Sud , Centrale et Caraibes: 850.000
Soit un total de 2 millions de personnes
minimum.
On
peut donc estimer le poids démographique de l'ensemble
de la francophonie libanaise autour de 4 millions de locuteurs
réels equitablement répartie entre celle du Liban
et celle hors du Liban.
Si on arrondit la population libanaise totale
à 17 millions (sur la base de l'origine et non de la détention
obligaoire du passeport libanais) on peut affirmer que la francophonie
libanaise réelle pèse entre 20 et 25% des libanais
dans le monde en 2018.
Il est donc acquis que l'apport de la francophonie libanaise dans
le monde doit être considéré avec la plus
grande attention, non seulement sur un plan quantitatif mais aussi
(et surtout?) sur un plan quantitatif puisqu'il s'agit dans sa
grande majorité d'une population bénéficiant
d'un haut degré d'éducation et d'une dimension entrepreunariale
évidente.
Cette estimation de la francophonie libanaise dans le monde est
donc très encourageante d'autant qu'une part significative
de celle-ci vit dans des zones ou le réservoir francophone
est le plus important pour les prochaines décennies (notamment
l'Afrique) et assez proches du Liban pour entretenir des synergies
réelles et régulières avec la francophonie
au Liban.
Face à la tendance de l'anglicisation rampante à
l'intérieur du Liban, il faudra sans doute aussi compter
sur les libanais de l'étranger pour agir et contribuer
à une saine cohabitation.
Voilà pourquoi cette étude permet aussi de conclure
sur la nécessité absolue d'aborder la francophonie
libanaise avec une vision globale pour mieux lui garantir ancrage
et pérennité!
LibanVision - Octobre 2018
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