FAIROUZ 
                de Paris à Beiteddine: 
                  
                Concerts - Evènement et souvenirs 
                de Juin 2002 
                à l'été 2004 
                 
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                Avril 2004  
                    
                   
                   (Photo 
                  Marwan Assaf)  
                  Dans l’église Saint-Élie à Kantari, merveilleusement restaurée, 
                  Feyrouz a fait retentir sa voix cristalline. 
                  Beyrouth, 8 Avril 
                  2004 - En l’église Saint-Élie, à Kantari, Feyrouz, accompagnée 
                  de sa chorale composée de chrétiens et de musulmans, a chanté 
                  devant une foule d’environ un millier de personnes. À la fin 
                  de son chant religieux, en arabe et en syriaque, Feyrouz a été 
                  très longuement ovationnée par le public. Des centaines de personnes 
                  sont restées sur le parvis de l’église maronite, une des plus 
                  anciennes de la capitale, pour écouter les chants douloureux 
                  du vendredi saint.  
                  On rappellera que Feyrouz a été 
                  choisie par Mel Gibson pour la musique de fond de son film « 
                  La Passion du Christ », accusé de « maccarthysme spirituel ». 
                  On entend bien la voix de Feyrouz, la grande dame de la chanson 
                  orientale véritable symbole de « libanité », dans le film « 
                  La Passion du Christ », de Mel Gibson. Il y reprend Ana el-Oum 
                  al-Hazina (Je suis la mère triste), à juste titre, comme musique 
                  de fond pour la scène du chemin de Croix de son film, qui relate 
                  les douze dernières heures de la vie du Christ  
                 
                
                   
                     
                      Journée 
                        d'hommage consacrée, par l’USJ,  
                        à la diva de la chanson libanaise 
                         
                        Si Feyrouz m’était contée...
                        Parce que Feyrouz, au-delà 
                        de sa voix exceptionnelle, est un symbole du Liban authentique, 
                        parce qu’elle est une figure reflétant son unité, parce 
                        qu’elle a contribué à son rayonnement artistique dans 
                        le monde, la jeune génération lui voue une admiration 
                        et un respect éperdus. Pour preuve, la journée qui lui 
                        a été consacrée par l’USJ, à l’initiative des comités 
                        d’étudiants des facultés de droit et de sciences économiques. 
                        Une journée qui a débuté par une exposition relatant, 
                        à travers les textes et les images, des étapes clés de 
                        sa vie et de sa carrière, qui s’est poursuivie par la 
                        diffusion, entre deux cours, de ses chansons et qui s’est 
                        clôturée par une rencontre avec le metteur en scène Berge 
                        Fazlian* qui, en tant qu’ami et collaborateur de 
                        longue date de la diva, a répondu aux nombreuses questions 
                        des étudiants. Avant la discussion avec Berge Fazlian, 
                        une projection d’un documentaire que lui avait consacré 
                        Frédéric Mitterrand a retracé les grandes lignes du parcours 
                        de Feyrouz. Son amour précoce du chant, sa carrière qui 
                        débute en 1947 dans une chorale, où son timbre particulier, 
                        tout de suite remarqué, lui ouvre les portes de la radio 
                        nationale, et là, sa rencontre avec les frères Rahbani, 
                        qui feront partie intégrante de son destin. Puis les grandes 
                        dates que tout le monde connaît plus ou moins: la gloire 
                        à Baalbeck avant la guerre et les tournées à l’étranger, 
                        qui feront d’elle «l’ambassadrice du Liban auprès des 
                        étoiles».  
                         
                        Le documentaire de Frédéric Mitterrand  
                        Un beau documentaire, dans lequel l’artiste, connue pour 
                        sa discrétion et sa répugnance du vedettariat, livre simplement, 
                        sans aucune fioriture, les souvenirs de sa jeunesse et 
                        raconte toute une vie vouée au chant. Une interview où 
                        l’on découvre quelques facettes ignorées de la grande 
                        dame de la chanson libanaise. Sa jeunesse paisible et 
                        insouciante dans un quartier populaire de Beyrouth, quand 
                        elle s’appelait encore Nouhad Haddad et que, n’ayant pas 
                        de radio à la maison, elle écoutait, par la fenêtre ouverte, 
                        celle des voisins. Son chant continu, qui interrompait 
                        le sommeil diurne d’un voisin, employé de nuit, lequel 
                        dans sa colère lui hurlait d’aller faire ses vocalises 
                        au conservatoire. Il ne croyait pas si bien dire! Ses 
                        vacances auprès de sa grand-mère dans le village de Dibiyeh, 
                        où, – comme dans les textes qu’elle interprétera plus 
                        tard – elle passait son temps à chanter en allant puiser 
                        de l’eau pour les travaux ménagers. Et surtout sa joie 
                        de vivre, sa gaieté de jeune fille, occultée aujourd’hui 
                        par le visage un peu statufié d’une idole qui n’a jamais 
                        recherché la gloire, mais seulement le bonheur de chanter. 
                        «Je n’ai rien choisi, confie-t-elle à Frédéric Mitterrand. 
                        C’est Assi qui a tout décidé. Il était dur au travail, 
                        intransigeant. Je suis le produit de cette rigueur.» Feyrouz 
                        raconte sa vie tellement envahie par le chant que tout 
                        le reste lui semblait irréel. Les nuits blanches passées 
                        en studio, le noyau solitaire qu’elle formait avec les 
                        frères Rahbani: son mari Assi, le compositeur, et son 
                        beau-frère Mansour, le parolier, qui vont créer la chanson 
                        libanaise qu’elle, Feyrouz, portera de sa voix profonde 
                        comme un étendard à travers le monde....  
                         
                        * Berge Fazlian a bien connu 
                        Feyrouz. 
                        Il a travaillé avec elle et les Rahbani de 1961 à 1975. 
                         
                         
                        
                          
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                               Une 
                                vie de recluse Feyrouz,  
                                sans aucun doute, 
                                la plus grande diva de la chanson arabe d’aujourd’hui, 
                                qui a imposé la musique libanaise sur la scène 
                                mondiale, reste toujours préoccupée de son public. 
                                Prévenue par Berge Fazlian de la rencontre à son 
                                sujet avec les étudiants de l’USJ, elle lui a 
                                demandé de laisser la parole aux jeunes et de 
                                lui rapporter leurs questions, leurs messages. 
                                «L’opinion de la jeune génération compte pour 
                                elle. Je crois d’ailleurs qu’elle attend aujourd’hui 
                                une collaboration avec un jeune compositeur qui 
                                respecte son style», a indiqué le metteur en scène, 
                                affirmant que «pour Feyrouz le mot est important. 
                                Elle chante la poésie». Pour ceux qui lui demandaient 
                                pourquoi elle n’était pas elle-même venue à cette 
                                journée organisée pour elle, Fazlian a assuré 
                                que Feyrouz vivait réellement sa célébrité cloîtrée 
                                chez elle, auprès de ses enfants et de ses amis 
                                proches. «Elle n’apparaît jamais en public, excepté 
                                à l’église d’Antélias, le vendredi saint. C’est 
                                une règle absolue chez elle. Elle n’y a jamais 
                                dérogé. Elle a ainsi décliné les offres d’un roi 
                                arabe qui voulait qu’elle chante dans son palais 
                                et celle du président Hraoui qui, recevant l’ex-président 
                                Bush senior, lui avait également demandé cette 
                                faveur. Feyrouz ne chante pas dans les palais. 
                                Elle se produit uniquement sur scène.»  
                                 
                                Zéna Zalzal - L'Orient-Le 
                                Jour.  
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                                seule fois où elle a chanté pour elle-même... 
                                 
                                À un étudiant qui demandait pourquoi elle ne prenait 
                                pas fait et cause pour leurs luttes, Fazlian a 
                                assuré que, patriote dans l’âme, celle dont la 
                                voix charme et unit a toujours refusé toute récupération 
                                politique ou mercantile. Pourquoi la compare-t-on 
                                souvent à Oum Kalsoum, et quelles sont les différences 
                                entres elles? «Ce sont les deux voix qui ont le 
                                plus marqué la chanson orientale. Celle de Oum 
                                Kalsoum s’attaque à la sensualité de son auditoire, 
                                tandis que Feyrouz s’adresse, elle, directement 
                                aux émotions.» Égrenant quelques souvenirs, Fazlian 
                                a narré, avec émotion, une scène à laquelle il 
                                a eu le privilège d’assister. «Nous étions à Baalbeck 
                                en train de faire les répétitions de Jibal al-Sawan. 
                                En retournant à l’hôtel, à l’aube, vers cinq heures 
                                du matin, Feyrouz est entrée dans le temple de 
                                Bacchus et s’est mise à chanter, pour elle seule. 
                                En plein lever de soleil, c’était un moment magnifique.» 
                                Un dernier témoignage donné par Aimée Boulos sur 
                                la légendaire discrétion de la star, qui a refusé 
                                de parrainer la soirée de remise de diplômes de 
                                la première promotion de l’Iesav, pour ne pas 
                                voler la vedette aux diplômés dont faisait partie 
                                sa fille Rima; et une dernière affirmation fusant 
                                de la salle, «Feyrouz a toujours chanté le Liban 
                                souverain», ont clôturé la séance. À l’issue de 
                                laquelle les étudiants ont remis à Berge Fazlian 
                                une centaine de messages, consignés sur un livre 
                                d’or adressé à la diva.  
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                  Annulation des deux concerts de Fairouz! 
                  LBV/Marseille, 
                  le 2 Avril 2004- 
                  C'était sans doute trop beau pour être vrai!  
                  deux concerts de Fairouz en France en une semaine, dont un pour 
                  le public du sud, au début on croyait à une rumeur; 
                  ce n'en était pas une mais à un peu plus de deux 
                  mois de leur programmation, la confirmation de la dé-programmation 
                  semble définitive et irréversible: 
                  Fairouz ne viendra pas, ne viendra plus?..., chanter en France.Que 
                  ses fans se rassurent, elle n'a pas perdu sa voix, mais il semble 
                  que les affairistes qui l'entourent soient particulièrement 
                  gourmands et procéduriers...Nous vous donnerons davantage 
                  d'informations sur les coulisses de ce malheureux incident qui 
                  ne se produit malheureusement pas pour la première fois; 
                  déjà à Marseille, une annulation de ce 
                  type s'était produite il y a quelques années, 
                  à quelques jours du concert, et alors que tous les billets 
                  étaient déjà vendus. 
                  Cet entourage de la chanteuse est-il conscient qu'il ternit 
                  considérablement l'image de l'une dernières divas 
                  du monde arabe? La frustration est grande et nous ferons tout 
                  pour dénoncer ce manque de respect du public et dénoncer 
                  les vrais coupables de tels agissements. 
                
                   
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                       Le communiqué 
                        officiel 
                        AFP-6 
                        Avril -La diva libanaise Fairuz, qui devait notamment 
                        donner un concert le 25 juin à Toulon, a annulé sa tournée 
                        en Europe, a annoncé mardi le centre national de création 
                        et de diffusion culturelles de Châteauvallon. Aucune explication 
                        n'a été donnée à l'annulation de la tournée de la diva 
                        de la chanson arabe qui prévoyait également un concert 
                        à Paris, selon la même source. Le centre de Châteauvallon 
                        programmera le 25 juin un spectacle au Zénith de Toulon 
                        avec Cheb Mami et Cheb Bilal.  
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                FAIRUZ 
                  en France! 
                  le 18 Juin 2004 au Palais des congrès à Paris 
                    
                  s'enregister pour réserver 
                   
                  le 25 juin au Zénith de Toulon* 
                    
                  *Concert 
                  unique à 20h30  
                Assis numéroté : 20 € Avec la carte 
                  Chateauvallon : 10 €  
                  RENSEIGNEMENTS 0 800 089 090 (appel gratuit) 
                   
                  La plus grande des Divas de la chanson 
                  arabe d'aujourd'hui a imposé la musique libanaise face aux mastodontes 
                  du Caire et aux jeunes surdoués du Maghreb. Hypersensible, secrète 
                  et opiniâtre, Fairouz ("turquoise" en arabe) traite sa célébrité 
                  avec dédaim et refuse toute récupération politique ou mercantile. 
                  Issue d'une famille paysanne du Haut Liban qui quitta son village 
                  en 1935 pour s'installer dans un quartier populaire de Beyrouth, 
                  Nouhad Haddad y passse son enfance, toujours à l'affût de la 
                  musique. Sa carrière débute en 1947 dans une chorale ou son 
                  timbre vocal particulier, tout de suite remarqué, lui ouvre 
                  les portes de la radio nationale....  
                  Deux ans presque jour pour jour après ses deux derniers 
                  concerts en France, salle Pleyel à Paris, elle a choisi 
                  le Sud de la France pour répandre sa voix; 
                  un évènement à 
                  ne pas manquer, que l'on soit libanais ou simplement fasciné 
                  par les appels musicaux de l'Orient. 
                  Accompagnée pour un concert unique par un orchestre de 40 musiciens, 
                  Fairuz ouvrira l'été de Chateauvallon puisque 
                  ce spectacle est organisé par le centre national de création 
                  et de diffusion culturelles de Châteauvallon, à Ollioulles (Var), 
                  près de Toulon.De quelle plus belle entrée en matière 
                  pouvait donc rêver la 54ème édition du Festival 
                  de Toulon - Chateauvallon?... 
                   
                  >>> L'histoire 
                  du Festival de Chateauvallon depuis 1951 
                   
                  Des 
                  Echos sur Fairouz dans la presse française 
                 >>> La tournée de Fairouz 
                  en France avec Fairuzonline 
               
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          Son dernier Concert à Beiteddine en 
          Août 2003 
            
          FEYROUZ, Immortelle Diva par  
            
           
         
        
        
           
             
               Clôture du Festival 
                de Beiteddine 2003 avec Feyrouz et Ziad Rahbani:
                La voix qui transcende tout... 
                
                 
                
                Telle une énorme lame de fond, 
                la foule, portée par un même élan, s’élance, déferle des gradins 
                les plus éloignés vers la scène. Scandant, hurlant, le nom de 
                son étoile : Feyrouz. Le public de Beiteddine était tout entier 
                jeudi (lors de la première), aux pieds de son idole. Plus de cinq 
                mille personnes, sans compter tous ceux qui s’étaient amassés 
                aux alentours du palais des Émirs, qui communiaient dans une même 
                ferveur à la source d’une voix incomparable transcendant n’importe 
                quel texte, et s’élèvant au-dessus de tout orchestre. Feyrouz, 
                l’unique. La grande dame de la chanson orientale est plus qu’une 
                diva, plus qu’une voix légendaire, un véritable symbole de «libanité», 
                dans son sens – si outrageusement maltraité – de dignité. C’est 
                le constat que fait d’emblée tout auditeur qui assiste pour la 
                première fois à l’un de ses concerts. Lorsqu’elle apparaît, après 
                une heure d’attente, sur le tapis rouge déroulé spécialement pour 
                elle, scintillante dans une robe d’Élie Saab, droite, distante 
                et modeste tout à la fois, les gens se lèvent respectueusement. 
                Dès les premières notes de la première chanson, à juste titre 
                intitulée Idach kane fi nass (Combien de gens...), ils lui font 
                un triomphe. Accompagnée, cette fois, de son fils Ziad Rahbani 
                au piano et de l’orchestre d’Arménie (avec la participation de 
                musiciens libanais, syriens, hollandais et français), dirigé par 
                le maestro Karen Durgaryan à l’éloquence gestuelle et corporelle 
                magistrale, la diva se lance en premier dans un répertoire de 
                chansons romantiques. D’anciens titres réarrangés par Ziad et 
                de nouvelles ballades écrites et composées par lui, au ton évidement 
                plus piquant, comme ce sympathique Hobbaq kane hélou, we sar mech 
                hélou (à l’approximative traduction : Notre amour était si beau 
                et maintenant il sonne faux). 
                  
                
                Quasi épidermique  
                Sa voix de velours, que ses inconditionnels 
                jugent plus grave et plus sensuelle que par le passé, est enveloppante. 
                Elle entraîne chaque personne présente au fond de soi, à travers 
                ces histoires d’hier et de toujours, d’amoureux qui se séparent, 
                de croisée de chemins, de souvenirs et de douce nostalgie. Elle 
                l’envoûte surtout par ses modulations, ses inflexions, son rayonnement 
                qui provoquent une réaction quasi épidermique. C’est par tous 
                les pores de sa peau que l’on écoute Feyrouz. Et lorsqu’elle entonne 
                des hymnes à la liberté et à la dignité, à l’instar du fameux 
                Nachid al-oumamia de Ziad Rahbani qu’elle interprète elle-même 
                pour la première fois, elle attise l’enthousiasme, l’ardeur, le 
                sentiment de rébellion et de fierté blessée du public libanais 
                qui s’enflamme aux seuls mots de «jayi maa el-chaab el-meskine» 
                (Je me place aux côtés du pauvre peuple). Alternant ses apparitions 
                sur scènes – qui n’excédaient pas les dix minutes d’affilée à 
                la grande frustration de ses fans les plus ardents ! – avec les 
                mordantes compositions de Ziad interprétées par un excellent groupe 
                de chanteurs, la grande Feyrouz a tenu sous son charme, profond 
                et mystérieux, durant plus d’une heure trente minutes, un public 
                composé aussi bien de fidèles nostalgiques que de jeunes adorateurs. 
                Lesquels, complètement subjugués, captivés, en délire, l’ont longuement 
                bissée en vain, à la fin du premier rappel, pour qu’elle ne file 
                pas sous leurs yeux. L’étoile.  
                 
                Zéna ZALZAL  
                  
                 
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                La voix de l’Orient 
                   
                    
                  Dix ans après sa dernière 
                  apparition parisienne, Fairuz, la plus grande diva de la chanson 
                  arabe, se produira les 27 et 28 juin sur la scène de Pleyel. 
                  Un événement salué ici par celui qui, sur Arte, lui consacra 
                  un magnifique portrait 
                 Par Frédéric Mitterrand*  
                Fairuz: 
                  elle est la plus grande des divas de la chanson arabe d’aujourd’hui 
                  et elle a imposé la musique libanaise face aux mastodontes du 
                  Caire et aux jeunes surdoués du Maghreb. Hypersensible, secrète 
                  et opiniâtre, délicieuse pour ceux qui ont gagné sa confiance, 
                  elle traite sa célébrité avec dédain et refuse toute récupération 
                  politique ou mercantile. Fairuz, c’est le Liban; sa géographie, 
                  son histoire. 
                  Enfant, elle passait ses vacances chez sa grand-mère, à Dibiyeh, 
                  un village chrétien de la montagne; quelques maisons de pierre 
                  granitique autour d’une église dont le carillon sonne les heures. 
                  Les Druzes musulmans habitaient celui d’à côté, mais ce n’était 
                  pas chacun chez soi car on allait constamment de l’un à l’autre 
                  pour la récolte des olives, le dur travail de terres escarpées, 
                  les deuils et les fêtes. Un paysage de Méditerranée à l’antique, 
                  idéal de beauté lumineuse et cependant austère et dur, avec 
                  la mer en contrebas. La grand-mère avait passé quelques années 
                  en Amérique, elle racontait le vaste monde à sa petite-fille, 
                  et cet enracinement des Libanais qui mettent tant de courage 
                  à émigrer et tant de persévérance à pratiquer la nostalgie du 
                  sol natal.  
                  Durant le reste de l’année, c’était Beyrouth, la mosaïque de 
                  communautés différentes, bien plus nombreuses et enchevêtrées 
                  que le résumé d’une simple ligne de partage entre chrétiens 
                  et musulmans. Au quartier populaire d’Al-Basta, où se côtoyaient 
                  les Arabes maronites évangélisés par les apôtres, les chiites 
                  fuyant la misère pour tenter leur chance à la ville, les Arméniens 
                  rescapés des massacres ottomans, les familles sunnites patriarcales, 
                  toute une humanité solidaire à qui la France avait permis de 
                  se reconnaître en une nation. Le père, Wadi, travaillait comme 
                  typographe, et la mère, Lisa, élevait ses quatre enfants dans 
                  une atmosphère de modestie chaleureuse où l’on ne manquait de 
                  rien parce qu’on ne demandait pas grand-chose à l’existence, 
                  hormis la tendresse et la sagesse.  
                  
                  Le site spécialement réalisé 
                  sur Fairouz pour l'émission qui lui fut consacrée 
                  sur ARTE TV.  
                Née en 1935, Nouhad Haddad, 
                  qui ne s’appelle pas encore Fairuz, va à la messe le dimanche, 
                  écoute la TSF des voisins parce qu’un poste de radio est trop 
                  cher pour le maigre budget familial, et chante déjà si bien 
                  dans sa cuisine que l’on garde les fenêtres ouvertes dans la 
                  maison en face pour pouvoir l’entendre. Le maître de la chorale 
                  à l’école a confié qu’elle était extrêmement doué Mais enfin, 
                  les artistes, c’est un univers qui sent le soufre, ce qui n’incite 
                  guère à flatter la vocation de la petite cuisinière chantante. 
                  Adolescente, elle est donc pieuse, réservée, timide, contente 
                  de son sort et foncièrement attachée aux siens, avec l’air de 
                  ces jeunes filles qui se marient la première fois qu’elles sortent 
                  de chez elles avec des hommes plus âgés. Ça ne se passera pas 
                  comme cela: Nouhad chante décidément trop bien, il y a quelque 
                  chose en elle qui l’entraîne, sans qu’elle le sache encore, 
                  bien au-delà de ces bonheurs en demi-teinte. Un professeur du 
                  conservatoire la remarque et persuade ses parents de lui faire 
                  suivre ses cours. Les meilleures élèves se produisent dans une 
                  autre chorale bien plus professionnelle, celle de la radio. 
                  Et les meilleures des meilleures deviennent solistes. Les émissions 
                  sont hebdomadaires, en direct, et très écoutées. Les parents 
                  font enfin le sacrifice d’acheter un poste à galène: ils en 
                  auront sacrément besoin pour suivre Nouhad, désormais toute 
                  à son ascension fulgurante. Au début des années 1950, Beyrouth 
                  est à l’égal du Caire, l’autre phare du Proche-Orient; la version 
                  modernisatrice, républicaine, pro-occidentale d’un monde arabe 
                  où le progressisme pronassérien épuisera un prodigieux capital 
                  d’espoirs, de ressources culturelles en aventures nationalistes 
                  sans issue. A Beyrouth, on lit la presse du monde entier, on 
                  parle le français dans presque tous les milieux. On se passionne 
                  pour le surréalisme et l’existentialisme, et, si l’Etat est 
                  faible, partagé en clans rivaux qui s’équilibrent, on en profite 
                  pour mener des affaires florissantes en gérant les trésors en 
                  pétrodollars des monarchies du Golfe, et en amusant leurs émirs 
                  avec des vacances peu rigoristes dans des casinos peuplés de 
                  fausses blondes qui ressemblent à Martine Carol. Beyrouth, c’est 
                  à la fois Genève revue par Dario Moreno, Nice qui aimerait les 
                  intellectuels, Alexandrie perdue et retrouvée pour la jet-set 
                  internationale qui annexe le Festival de Baalbek après Salzbourg. 
                  La ville se hérisse de buildings sans parkings, se presse dans 
                  les clubs nautiques en été, sur les pistes de ski du mont Liban 
                  en hiver; une insouciance porteuse d’avenir quand on aime la 
                  paix, lourde de jalousies environnantes quand les tensions guerrières 
                  s’accumulent aux alentours. Radio-Beyrouth rayonne naturellement 
                  sur tout le monde arabe, mais il manque un son pour fédérer 
                  l’orchestre libanais, une voix pour faire sentir l’accord profond 
                  de cette société composite en pleine effervescence.  
                  C’est alors que le jeune rossignol rencontre les frères Rahbani. 
                  Assi Rahbani est flic de profession et directeur artistique 
                  à Radio-Beyrouth le reste de son temps, c’est-à-dire vingt-quatre 
                  heures sur vingt-quatre. Acharné à faire évoluer cette musique 
                  libanaise qui s’endort dans les variétés et le folklore, avec 
                  l’aide de son frère Mansour, poète élégiaque maîtrisant la langue 
                  arabe la plus pure. Le talent, la douceur, l’ambition artistique 
                  de Nouhad les subjuguent, ils la rebaptisent Fairuz, c’est-à-dire 
                  «Turquoise», en hommage à son éclat mystérieux. Assi l’épouse, 
                  Mansour est garçon d’honneur, le trio est indissolublement soudé, 
                  à la vie à la mort, et la folle aventure peut commencer. Difficile 
                  de déterminer l’apport de chacun. Assi est le patron, mélodiste 
                  incroyablement inspiré imposant une discipline de fer; Mansour, 
                  chantre aux formules aussi inoubliables dans l’émotion que dans 
                  la légèreté; Fairuz, la muse et l’interprète dont la timidité 
                  les exaspère, la volonté les fascine, l’intelligence hypersensible 
                  les méduse.  
                  Ensemble, ils ont tout réinventé: des comptines pour enfants 
                  aux revues musicales, des refrains de jeunes filles aux hymnes 
                  patriotiques, des chansons d’amour aux arias avec chorale et 
                  orchestre symphonique, sans oublier les chants religieux à l’œcuménisme 
                  militant; intégrant toutes les influences qu’ils avaient aimées 
                  et que la radio avait strictement cloisonnées jusqu’alors. Cette 
                  renaissance de la musique proprement libanaise hantera le monde 
                  arabe comme un bienveillant fantôme de gaieté, de romantisme 
                  et de liberté. La géniale Oum Kalsoum en prendra légitimement 
                  ombrage, avant qu’Abdel Wahab, l’empereur de la chanson égyptienne, 
                  ne tente de l’annexer en persuadant les frères Rahbani de lui 
                  laisser faire le voyage du Caire. Brève évasion dont il reste 
                  des enregistrements extraordinaires de qualité et qui soulignent 
                  a contrario la qualité de la fidélité de Fairuz aux merveilleuses 
                  mélodies des deux frères. Enfin, ce n’est pas tout de la faire 
                  chanter sur les ondes de Radio-Beyrouth, il faut aussi la persuader 
                  de monter sur scène, de passer à la télévision, de faire des 
                  films. Paralysée par le trac, ravalant sa pudeur et ses larmes, 
                  Fairuz affronte désormais un public qu’elle avait sans doute 
                  secrètement espéré ne jamais voir. Les apparitions de Fairuz 
                  sont très étranges, à rebours de tout ce qu’on enseigne à des 
                  vedettes de la scène et de l’écran: hiératique, le visage clos, 
                  intensément concentrée sur son chant, elle impose une présence 
                  à la solitude bouleversante qui emmène le public dans une communion 
                  mystique à laquelle personne ne résiste. Youssef Chahine et 
                  Henry Barakat auront l’habileté et le tact de ne pas forcer 
                  cette retenue: les films qu’ils tourneront avec Fairuz sont 
                  des chefs-d’œuvre inclassables, par leur délicatesse et leur 
                  tendresse, dont les conventions et les artifices habituels dans 
                  le genre des comédies chantantes arabes ne font que souligner 
                  l’incroyable pureté d’âme de l’héroïne.  
                   
                  Et là encore, les cœurs les plus endurcis ne peuvent que rendre 
                  les armes. «Je t’aime mon Liban, ma patrie Tu te demandes ce 
                  que j’ai Tu te demandes ce qui m’arrive…» Les textes de Mansour 
                  sont souvent prémonitoires, ils annoncent l’apocalypse de près 
                  de vingt années de guerre. Lorsque l’étau des conflits du Proche-Orient 
                  se referme sur le Liban et transforme Beyrouth en un amas de 
                  ruines que se disputent les massacreurs de tous bords, Fairuz 
                  se cloître et entre dans le silence, qu’elle ne rompt que pour 
                  des chants de Noël ou de rares tournées à l’étranger pour des 
                  salles d’émigrés qui l’écoutent avec une ferveur de naufragés. 
                  Elle aurait pu quitter le Liban comme tant d’autres, mais cela 
                  aurait été renoncer à son âme, et, si certains lui reprochent 
                  son refus obstiné de prendre parti, cet exil intérieur apparaît 
                  bientôt comme une preuve de courage, une pratique de deuil et 
                  une volonté d’espoir. Lorsque Assi meurt d’épuisement et de 
                  chagrin, en 1979, elle conduit ses funérailles dans la ville 
                  dévastée, avec un masque de tragédie antique où chacun reconnaît 
                  la douleur que tous les Libanais ont désormais en partage. Et 
                  si l’on ne sait plus au juste quand la guerre a commencé, il 
                  est certain qu’elle s’achève ce soir de 1994 où Fairuz accepte 
                  enfin de se produire en concert sur la place des Martyrs et 
                  chante: «Nous reviendrons un jour dans notre quartier nous plonger 
                  dans la tiédeur de l’espérance, nous reviendrons tôt ou tard 
                  et les distances qui nous séparent s’effaceront…» Moment d’émotion 
                  extraordinaire pour ces millions de Libanais qui l’écoutent, 
                  dans le public et sur les ondes, tel qu’aucun politique ne leur 
                  aura jamais fait ressentir. Aujourd’hui Beyrouth revit dans 
                  l’amnésie de la guerre et l’euphorie des grandes affaires de 
                  la reconstruction, à l’ombre d’un protectorat syrien omniprésent 
                  et invisible dont les Libanais se moquent faute de pouvoir s’en 
                  débarrasser. 
                  Mais Fairuz n’a pas oublié; alors qu’elle a toujours réservé 
                  une capacité d’humour délicieuse à ceux qu’elle admet parmi 
                  ses intimes, ne vous attendez pas à entendre autre chose qu’un 
                  chant de mélancolie qui embrasse l’histoire crucifiée du Liban 
                  et le destin floué d’une femme arabe. 
                   
                  Frédéric Mitterrand  
                   
                    
                  Nouveau CD: «Wala Kif», Virgin. En vente le 23 juin 2002. 
                  En concert: les 27 et 28 juin, Salle Pleyel (01-45-61-53-00). 
                   
                   
                  (*) Cinéaste et producteur de télévision, 
                  Frédéric Mitterrand est notamment l’auteur, au cinéma, de «Lettres 
                  d’amour en Somalie», «Madame Butterfly»; à la télévision, des 
                  «Aigles foudroyés», de «Légendes du siècle» et, en 1998, de 
                  «Fairuz».  
                   
                   
                  Article du Nouvel OBS', rubrique Arts et Spectacles du 20 Juin 
                  2003.  
                  
                   
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          ou non officiels sur Fairouz sont dans notre rubrique Culture 
          / Musique   
         
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