Le Yémen vers la République
Iconographie historique
"Sanaa,
cité du monde" avec TV5
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Libanvision
a le plaisir de vous proposer une escapade historique régionale
à travers la présentation d'un ouvrage de prestige
tout juste sorti des presses libanaises de l'imprimerie
ALEPH de Mkallès au début de 2005 qui permet
de mieux comprendre l'évolution contemporaine d'un des
pays les plus mystérieux de la péninsule arabique:
le Yémen
On se plait à rappeler que
les libanais ont été souvent très présents,
dans l'histoire contemporaine, en tant que coopérants ou
comme simples visiteurs dans la modernisation de certains pays
voisins. Il suffira,
pour s'en convaincre,
de s'attarder sur la génèse et le processus de réalisation
de ce livre réalisé sous la direction du chercheur
arabophile François Burgat longtemps en poste au CEFAS
à Sanaa et aujourd'hui à l'IREMAM d'Aix en Provence*.
La complicité du savoir-faire de l'édition libanaise
à une telle réalisation vient parfaire l'implication
du Liban dans l'univers de cette précieuse
connaissance.
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« Ce recueil » écrit François BURGAT dans
la présentation de l’ouvrage « est né de la volonté de mieux connaître
le Yémen du 21ème siècle.
Très vite, il est apparu que pour ce faire, il était difficile
de se passer d’un solide appui historique sur le siècle écoulé,
encore fort mal connu et dont l’historiographie demeure en gestation.
L’un des programmes de recherche du CEFAS s’est donc consacré
à renforcer l’assise documentaire qui permettra de contribuer
à l’écriture de cette histoire en collectant notamment des témoignages
inédits d’acteurs. Très vite également, il est apparu que dans
cette écriture de l’histoire, l’image avait une place importante
à jouer.
Ainsi est née l’idée de réaliser le présent volume ».
François Burgat:
Voilà sans doute le moins libanais des directeurs du Centre
Français d’Etudes Yéménites devenu en 2001 le CEFAS,
Centre Français d’Archéologie et de Sciences
Sociales de Sanaa :
En effet son prédécesseur, Franck Mermier, réside au Liban
ou il travaille actuellement au Cermoc de Beyrouth et son successeur,
Jean Lambert, est l’époux d’une beyrouthine! C’est donc sur leurs
conseils que, depuis Sanaa, il a fait appel à la compétence éditoriale
libanaise, très reconnue dans ce domaine à l’échelle de tout le
monde arabe.
De plus, les éditeurs français étaient plus ou moins hors course
pas seulement pour leurs tarifs plus élevés mais par ce qu’il
était également difficile de trouver en France une maquettiste
travaillant en langue arabe, le livre étant bilingue.
La maquette est de Amal Al Zein, qui a fait, notamment en Arabie
Saoudite, de beaux ouvrages d’art.
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Réaliser un tel ouvrage ne constituait pas une tâche aisée:
Introduite très tôt au Yémen du Sud sous protectorat britannique,
la photographie ne s’est en effet répandue que tardivement dans
le bastion de l’indépendance arabe que fut l’imamat zaydite installé
au Nord. Le pays, sous le règne de l’Imam Yahyä Hamîd al-Dîn (1904-1948)
et de son fils Ahmad (1948-1962), est demeuré longtemps à l’abri
des influences, néfastes ou bénéfiques, de l’étranger. Les barrières
de la géographie physique qui protégeaient le « Tibet de la mer
Rouge » ont été renforcées par la politique isolationniste adoptée
par l’imam Yahyä dès 1907, au lendemain de sa victoire sur les
Ottomans. La culture religieuse du pays a différé la banalisation
de la photographie. Si nous ne possédons de l’Imam Yahyä qu’une
fugitive silhouette (extraite du film de René Clément « L’Arabie
Interdite », tourné en 1936), c’est que le roi du Yémen s’est
toujours opposé à la reproduction de son visage. Lorsque le visiteur
syrien Nazh Mu’ayyad al-‘Am le rencontre en 1928, l’Imam lui déclare
très franchement : « Tu peux photographier tout ce que tu veux,
sauf moi ! ». Bien plus tard, lorsqu’un entrepreneur d’origine
indienne sollicitera la permission d’ouvrir, à Hodeida, un cinéma,
il manifestera une identique réticence en lui imposant de décourageantes
conditions : que l’on n’y voit pas d’images inconvenantes de femmes,
que le cinéma ferme aux heures des cinq prières et que …les séances
soient gratuites. Cette réprobation plus ou moins explicite de
la photographie ne fut limitée ni à la classe dirigeante ni même
aux zaydites des hautes terres du Yémen. Tous, y compris les chaféites
du Sud, réagiront notamment à la « frivolité » des images que
véhiculait alors la presse adénite. L’usage de la photographie
s’est néanmoins peu à peu banalisé et l’histoire yéménite a été
ainsi fort heureusement arrêtée des milliers de fois le temps
d’un « instantané ».
Par des visiteurs étrangers d’abord. Ils seront européens, du
sculpteur français Arnold Bartholdi, qui débarque à Hodeida dès
1856, au docteur Claudie Fayien, qui soigne les malades de la
région de Taez au début des années 1950, en passant par l’Italien
Renzo Manzoni en 1877 et 1879, le Soviétique Schneiderof, qui
filme en 1928 le premier pays arabe avec lequel l’URSS vient d’établir
des relations diplomatiques, l’Allemand Hans Hellfritz ou le Français
René Clément qui font de même en 1935 et en 1936, l’ambassadeur
de France Henri Bourveau en 1946 et beaucoup d’autres. Pour photographier
le Yémen, on vient également du monde arabe: le Syrien Nazh Mu’ayyad
al-‘Am succède en 1928 à l’Américano-libanais Rihani venu à Sanaa
dès 1922. Il précède un grand nombre de journalistes, éducateurs,
militaires etc. qu’il n’est pas possible ici de recenser. Les
Européens, en accueillant les premiers voyageurs yéménites, vont
eux aussi contribuer à compléter l’iconographie de la classe politique,
de l’élite intellectuelle qui voyage ou encore des émigrés de
toutes conditions à la recherche d’un emploi. À Aden, une large
majorité de la population provient du Nord dont elle a fui la
pauvreté. Irrésistiblement, l’usage « passif » puis actif de la
photographie va donc se banaliser. Les photographes yéménites
prendront peu à peu le relais des visiteurs. L’imam Ahmad, successeur
de Yahyä, se décidera à prendre un photographe attitré.
Les frontières historiques de l’ouvrage sont la genèse de l’indépendance
conquise par le Yémen du Nord sur les Ottomans au début du 20ème
siècle et, le 26 septembre 1962, la naissance de la République.
Des acteurs des deux camps de la guerre civile au cours de laquelle
la victoire de la République s’est affirmée, jusqu’à son triomphe
de 1970, sont également présents, toutefois sans aucun souci d’exhaustivité
ou de hiérarchie. L’iconographie du Sud un temps occupé par les
Britanniques a été beaucoup plus systématiquement collectée et
publiée. Elle est donc peu présente dans cet ouvrage, qui entend
se concentrer sur l’histoire du royaume du Nord et sur les sources
les plus inédites. Dans un patrimoine très diversifié et encore
largement inexploité, ce recueil permet d’entrevoir la richesse
de ce qu’institutions et, plus encore, collections privées, yéménites
et étrangères, recèlent aujourd’hui. Dans les pages suivantes,
le lecteur est invité ainsi à faire un triple voyage. Le premier
nous conduit parmi les hommes, les symboles et les instruments
du pouvoir imamite. Le destin de la colonie d’Aden n’y est évoqué
que fugitivement.
L’iconographie et les documents s’attachent surtout à mieux faire
connaître Yahyä, Ahmad et Badr, les derniers imams de la dynastie
Hamîd
al-Dîn:
leur famille, leurs proches, leur cadre de vie d’abord; les instruments
(diplomatie, fiscalité, justice et force armée) de leur pouvoir,
autocratique et religieux mais également bureaucratique.
Le CEFAS,
Centre Français d'Archéologie et
de Sciences Sociales de Sanaa
Pour
en savoir plus, cliquez sur la photo
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La seconde étape nous entraîne au sein de la société yéménite,
sur les hauts plateaux comme sur les plaines côtières. On y relève
ces déroutantes permanences qui frustrent le collectionneur dont
les photos semblent refuser de prendre de l’âge. Société agraire
et tribale d’abord, société urbaine et commerçante ensuite avec
leurs modes propres de production et de socialisation. On visualise
ensuite les premières manifestations de la modernisation qui,
depuis le Sud colonisé et à travers migrants et visiteurs, va
transformer irrésistiblement le pays.
Le recueil propose enfin quelques jalons de lecture de la lente
et multiforme poussée de cette modernisation, sur le terrain politique
cette fois : le portrait de ses principaux entrepreneurs, des
dirigeants des Yéménites Libres à ceux des Officiers Libres ou
aux combattants de la guerre civile, des premiers journaux d’opposition
aux manifestations de la répression, des échecs répétés du mouvement
des Libres jusqu’au renversement de l’Imamat en septembre 1962
et, en 1970, la confirmation ultime de la victoire du camp républicain.
Les textes introductifs, tout comme les légendes françaises et
arabes, ont été adaptés aux attentes de deux lectorats très différents.
Les commentaires destinés au public francophone sont plus explicites
que ceux que lira un public arabophone, notamment yéménite, plus
familier des repères d’une histoire encore récente. Ceux qui ont
choisi d’apprendre la langue de l’autre sont récompensés de leurs
efforts puisque les commentaires, seulement en partie bilingues,
ont vocation à se compléter. Dans un domaine historique où beaucoup
reste à faire, le parti a été pris de laisser commentaires, hypothèses
et problématiques à d’autres ouvrages. Le lecteur trouvera les
appareils critique et bibliographique sur cette période dans des
publications préexistantes qu’il pourra repérer sur le site des
Chroniques Yéménites (www.cy.revues.org),
riche de nombreux articles ou références.
Articles publiés dans Chroniques
yéménites par François Burgat
Contacter l'auteur:
email/courriel:
|
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l'émission "Suds" de Juillet 2004 sur le thème
du Yémen, diffusée sur France Culture, à
laquelle participait François Burgat
Du
même auteur,
parution le 27 Octobre 2005,
aux
Éditions La Découverte
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Pour
se procurer ce livre, nous vous conseillons de vous rapprocher,
à partir du 1er trimestre 2005, des établissements
suivants:
Centre
Français d'Archéologie et de Sciences Sociales
de Sanaa
B.P. 2660 Sanaa, Yemen - Tél : [967] (1) 275 417 - Fax : [967]
(1) 270 725
avec chèque établi à l'ordre de Mr le trésorier payeur de l'ambassade
de France à Djibouti.
Au Liban:
Librairie Al Furat, M. Abd
al-Masih Abou Jaoudé, Rue Al-Hamra,
Immeuble Rasamni, B.P. 113-6435, Beyrouth, Liban, tel : 01 750054,
télécopie : 01 750 053 e_mail : info@alfurat.com
En France:
Librairie Avicenne, 25 rue de Jussieu , 75005 Paris
Tél : 01 43 54 63 07, fax : 01 40 46 04 07
E-mail : Librairie_Avicenne@compuserve.com
Librairie de l'Institut du Monde Arabe (IMA),
1 rue des Fossés-Saint-Bernard, 75236 PARIS Cedex 05
Tél : 01-40-51-38-38, fax 01 43 54 76 45 E-mail : ima@imarabe.org
*
L'IREMAM,
Institut
de Recherches et d'Etudes sur le Monde Arabe et Musulman est un
des huit laboratoires de la Maison Méditerranéenne
des Sciences de l'Homme au sein de l'Université d'Aix-Marseille.
Il est un repère de réputation internationale, incontournable
de la connaisance pour tous ceux qui s'intéressent au Monde
arabe.
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Le
choix de Beyrouth pour l'édition de l'ouvrage abordé
ci-dessus et consacré à l'histoire contemporaine
du Yémen nous donne l'occasion, grâce à la
Revue du Liban, de faire un point sur ses relations actuelles
entre le Liban:
Entretien
avec le Dr Mohammed Qubaty,
Ambassadeur du Yémen au Liban
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Page en développement
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