Bilan
2014:
La Tunisie, terre d'espoir pour des printemps
meilleurs
Nous
avions inauguré notre série de publications mensuelles
en Juin 2014 par un article intitulé
" Printemps
arabes: état des lieux ".
En cette fin d'année 2014, alors que l'évènement
majeur du monde arabe semble être l'auto-proclamation
d'un Etat Islamique à la fin du Ramadan le 29 Juin 2014,
il se pourrait finalement bien qu'un autre événement
revête, à postériori, une importance tout
aussi conséquente: l'issue de l'élection présidentielle
tunisienne.
Faut-il
en effet rappeler que c'est la Tunisie qui " inaugura "
entre décembre 2010 et janvier 2011 le processus des
printemps arabes, rapidement matérialisé par la
fuite du président Ben Ali.
Sans refaire tout l'historique des étapes de ce printemps
tunisien qui aboutit à l'élection présidentielle
de décembre 2014, on ne peut considérer comme
un épiphénomène le choix du peuple tunisien
moins de quatre ans après les évènements
de Janvier 2011.
L'élection
claire et démocratique d'un homme de 88 ans, Béji
Caïd Essebsi, compagnon de route du fondateur de la Tunisie
moderne, Habib Bourguiba, après l'expérience au
pouvoir rapidement avortée du parti islamiste (Ennahda),
même considéré comme modéré,
peut apparaître comme une éclaircie et un espoir
dans le paysage agité et guerrier que laisse paraître
le monde arabe d'aujourd'hui.
Certes,
la Tunisie a une histoire contemporaine où les valeurs
occidentales et celles de l'Islam ont le plus souvent cohabité
de manière pacifique et respectueuse depuis une soixantaine
d'années. Certes, la structure de la population tunisienne
ne présente pas la même complexité que dans
d'autres pays arabes.
Néanmoins,
le choix des Tunisiens pour une personnalité ayant participé
directement à la fondation de la nation tunisienne moderne
après une courte expérience islamiste vient sans
doute consacrer la force des piliers fondateurs de la vision
du père de la Tunisie moderne. En outre, la Tunisie est
souvent citée en exemple comme le pays arabe ayant instauré
un statut égalitaire pour la femme quasi-unique encore
à ce jour dans la sphère arabo-musulmane sauf,
peut-être, dans le Liban multiconfessionnel pour lequel
on ne peut qu'espérer une désignation prochaine
et rapide d'un président de la République en 2015.
Sans
doute ne faut-il pas non plus négliger le rôle
social et politique prépondérant de celle-ci dans
l'évolution rapide des évènements depuis
janvier 2011 en Tunisie. On peut même considérer
qu'à la lumière de son choix, la population tunisienne
a finalement su, en moins de quatre années, identifier
et faire la part du modernisme et de l'archaïsme dans la
perspective d'une construction d'un avenir meilleur.
Alors
que la guerre bat son plein sur les terres mésopotamiennes
et que le conflit en Palestine demeure dans l'impasse, la Tunisie
envoie un appel d'air vers l'apaisement et la sagesse. Certes,
son histoire paraît bien singulière par rapport
à celle de la plupart des États du Moyen-Orient.
Puisse toutefois le choix récent des Tunisiens ne pas
être l'exception qui confirmerait la règle d'un
monde arabe en perpétuelle agitation et sous l'emprise
de violences qui vont jusqu'à évincer des minorités
ethniques ou religieuses.
Nos
vux pour 2015 s'appuieront donc sur cette Tunisie qui,
sans encore pouvoir se prévaloir d'être un modèle
certifié, n'en reste pas moins un laboratoire riche et
précieux en enseignements qu'il ne faudra pas quitter
des yeux dans les mois à venir.
Jean-Michel
DRUART & César SAKR
26 décembre 2014
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