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"Le tumulte"
ou l'histoire d'un livre qui porte si bien son nom à cause d'une polémique autour d'un évident plagiat qu'on ne voudrait plus jamais voir dans une rentrée littéraire francophone entre Paris et Beyrouth

L'auteur du "Tumulte" de la rentrée littéraire franco-libanaise a enfin trouvé un bandeau de promotion!
Selim Nassib a été récompensé du "Prix France-Liban 2022" pour son livre qui a défrayé la chronique lors de la rentrée littéraire pour une regrettable affaire de plagiat: un choix sans doute très politique compte tenu de l'autre polémique avec l'Académie Goncourt lors du dernier "Festival Beyrouth Livres" > Lire...
Lettre ouverte à Madame Georgia Makhlouf, responsable du jury du prix littéraire France-Liban, décerné par l'ADELF, l'association des auteurs de langue française. > Lire...

Mr Sélim Nassib est l’auteur de "Tumulte" aux Éditions de l’Olivier
Décembre 2022:
Pour "le tumulte", l'auteur Selim Nassib et son éditeur ont-ils enfin trouvé un bandeau acceptable pour la promotion du livre...
Un choix autant polémique que politique?



Grâce au soutien de la Fondation Boghossian, dont le siège est à la Villa Empain, à Bruxelles, le lauréat 2022 recevra 4.000 euros.
La remise officielle des prix aura lieu le 17 janvier 2023 à l’Ambassade du Liban à Paris.


Sélim Nassib succède ainsi à Fouad el-Etr pour son livre "En mémoire d’une saison de pluie",
prix France-Liban de L’Adelf en 2021.
Le prix Adelf France-Liban
a été décerné au roman Le tumulte de Sélim Nassib publié aux Éditions de l’Olivier, parmi onze ouvrages sélectionnés par l’Association des écrivains de langue française et trois autres finalistes – Beyrouth-sur-Seine (Stock, 2022) par Sabyl Ghoussoub, Le Retournement (Grasset, 2022) de Manuel Carcassonne et Les Racines du Chaos (éditions Tallandier, 2022) de Pierre-Jean Luizard.

L'Adelf se sera sans doute contentée de la soit-disante reconnaissance tardive par l'auteur de la paternité de la phrase de Georges Boustany
"Beyrouth te suivra jusqu’à ton dernier souffle, où que tu sois" pour oublier cette polémique et lui décerner cette récompense qui pourra enfin faire office de bandeau promotionnel. Il fut un temps ou ce type d'incident eut été éliminatoire mais il semble que les temps changent et que des critères autres que littéraires soient désormais pris en compte.

Les membres du jury, présidé depuis 2016 par Georgia Makhlouf, sont : Carmen Boustany, Albert Dichy, Valérie Marin La Meslée, Abdallah Naaman et Bahjat Rizk. Dès cette édition 2022, le lauréat sera invité à rejoindre le jury et à participer à ses choix pendant un an.

Notez qu'à la mi-décembre, il pouvait encore être constaté dans plusieurs FNAC, notamment à Paris et d'île de France que "Tumulte" s'exhibait toujours avec le bandeau polémique...


Cinq auteurs dont Selim Nassib renoncent à leur participation à Beyrouth Livres
19 Octobre 2022-
A la veille du lancement de ce "Salon du livre francophone nouvelle formule", quatre membres de l’Académie Goncourt motivent leur désistement par
« la dégradation générale de la situation au Liban ».
L’écrivain Sélim Nassib dénonce les propos du ministre libanais de la Culture.

L’écrivain Philippe Claudel, secrétaire général de l’Académie Goncourt, a quant à lui confirmé à L’Orient-Le Jour que quatre de ses membres, à savoir Éric-Emmanuel Schmitt, Tahar ben Jelloun, Pascal Bruckner et Pierre Assouline, n’y participeront pas en raison de « la dégradation générale de la situation au Liban ».*
Selon l’Académie Goncourt, cette décision n’est pas liée aux récentes déclarations du ministre libanais de la Culture. Le 8 octobre, Mohammad Mortada (proche du parti Amal) a affirmé que son ministère a « été informé que des instituts amis organisent des événements culturels (...) à l’occasion desquels un certain nombre d’écrivains visiteront le Liban et participeront à des rencontres itinérantes dans plusieurs régions du pays. Parmi ceux-là se trouvent un certain nombre ayant embrassé les projets sionistes dans la pensée et dans la pratique, les soutenant aussi bien dans leurs travaux littéraires que dans leur vie quotidienne ». « Nous ne permettrons pas la normalisation culturelle masquée avec le sionisme au Liban », a-t-il ajouté. S’adressant à la « partie étrangère parrainant cet événement », à savoir la France, il a ensuite précisé ceci : « Votre pays ne permettrait pas à des militants du Liban de se rendre dans (votre) pays pour critiquer le droit des pratiques sionistes, et en retour nous ne permettrons pas à des sionistes (...) de diffuser le venin du sionisme au Liban, même si, en apparence, ils semblent détenir les passeports de votre pays.

*Au final, quatre membres de l'Académie seront donc sur place pour l'annonce des quatre livres de la sélection finale annoncée le 25 Octobre à Beyrouth: son président Didier Decoin, son secrétaire Philippe Claudel, et deux jurées, Camille Laurens et Paule Constant.

L'argumentation de Selim Nassib
L’écrivain français Sélim Nassib, né à Beyrouth dans une famille juive en 1946, explique dans un communiqué pourquoi il ne se rendra pas à Beyrouth pour y présenter son dernier roman, Le Tumulte (L’Olivier).
« Youssef, le héros de mon roman, est né à Beyrouth dans une famille juive. Le ministre parle-t-il de moi ? De quelqu’un d’autre ? De plusieurs autres ? Quoi qu’il en soit, cette allusion à des auteurs “masqués” soutenant secrètement “les projets sionistes” m’a profondément dégoûtée », écrit-il. Contacté par L’OLJ, l’écrivain affirme ne pas croire que les propos du ministre le « visent », mais il juge ces « allusions assez nauséabondes », « prononcées dans un climat d’impunité ». « Ce n’est pas la peur qui me fait renoncer à venir, mais ma conviction, et je ne veux pas jeter une ombre sur ce festival que les Libanais attendent et dont ils ont tant besoin.
C’est ma décision personnelle et je ne veux entraîner personne », appuie Sélim Nassib.

Compte tenu de ses "acquaintances assez privilégiées" et de son profil atypique, Selim Nassib, empêtré dans une polémique de plagiat grossier concernant son dernier livre,"Le tumulte" aura donc trouvé un échappatoire rêvé pour s'extirper du piège beyrouthin qu'il se sera lui-même tendu et pourra donc esquiver le feu des critiques locales qui l'attendaient...
Ce n'est pas la peur qui me fait renoncer, clame t-il:

Voilà qui sonne comme un aveu alors même qu'il s'est bien gardé de faire la moindre allusion à sa retentissante affaire de plagiat liée à son dernier livre!
Au final, son absence à - Beyrouth Livres 2022 - était déjà..."écrite" à l'avance.

Le plagiat, ou cette insoutenable auto-destruction de l'oeuvre

Deux ans environ expliquent cet incident littéraire. Il oppose un journaliste et écrivain, Mr Sélim Nassib auteur du livre "Le Tumulte" aux éditions de l'Olivier à Mr Georges Boustany, contributeur occasionnel d'une rubrique "La carte du tendre" dans le quotidien francophone libanais "L'Orient-Le Jour".

Mr Nassib vit à Paris depuis des décennies alors que Mr Boustany est resté à Beyrouth après des études à Sciences Po Paris.
Le livre de Mr Nassib est paru en cette rentrée littéraire 2022 et l'article de Mr Boustany, dans le journal pré-cité, le 10 Octobre 2020, soit quelques jours à peine après l'explosion meurtière du port de Beyrouth.
Jusque là, il n'y a rien à redire, bien au contraire, d'autant que nous avons la chance de lire des auteurs libanais qui s'expriment à merveille dans la langue de Molière et honorent cette francophonie libanaise qui nous est si chère.

Mais..., c'est avant qu'un maudit bandeau frappé d'une phrase puissante ne vienne mettre le feu aux poudres:
"Beyrouth te suivra jusqu’à ton dernier souffle, où que tu sois",
laquelle phrase est extraite par l'auteur, de la conclusion de son livre, comme si elle en était à elle seule le message essentiel, ce qu'il reconnaitra d'ailleurs lui-même plus tard... C'est là que nait le litige entre les deux auteurs puisque ladite phrase est clairement plagiée à partir de l'article de Mr Georges Boustany: "Beyrouth vous suivra jusqu’à votre dernier souffle, où que vous soyez".

Pour comprendre cette affaire, il faut savoir que Mr Sélim Nassib, né en 1946, a été journaliste et correspondant du journal français "Libération", notamment durant la guerre du Liban en 1982 et la séquence de l'invasion israelienne jusque dans la capitale libanaise. Lui-même libanais de confession juive d'une famille originaire de Syrie, il a grandi à Beyrouth et s'assimile volontiers à un juif errant. Sélim Nassib vit plusieurs décennies à Paris et semble ne se rendre à Beyrouth que très occasionnellement.

L'éditeur de son livre "Les éditions de l'Olivier" est une maison d'édition parisienne reconnue et dirigée par Mr Olivier Cohen qui tente de défendre son auteur auprès de Mr Boustany, tout en s'indignant que ce dernier ne modère pas l'indignation d'une partie de la communauté libanaise francophone qui s'est emparée de cette affaire de plagiat évident sur les réseaux sociaux.
On sait mieux au Liban qu'ailleurs que certains sont maitres dans l'art de retourner les coupables en victimes et personne n'est dupe de la manoeuvre.

A priori, Mr Boustany n'entend pas, compte tenu des circonstances économiques actuelles, s'engager dans une procédure de poursuites judiciaires longues et coûteuses. Il demande avant tout des actes plus que de belles paroles d'excuses et de reconnaissance de la faute. La reprise de sa phrase n'est pas anodine puisqu'elle constitue la conclusion du roman de Selim Nassib et qu'elle a été choisie comme accroche sur le bandeau de promotion pour les libraires et la communication sur les supports de vente en ligne.

On sait bien que la culture de l'excuse est très en vogue notamment dans le microcosme bobo parisien et que pour certains, lorsque le mal est fait, il est suffisant pour avoir bonne conscience et expier ses fautes. Malheureusement, cela semble un préalable nécessaire mais non suffisant car trop facile!

D'autre part, comment imaginer qu'un livre, fut-il de bonne qualité, soit toujours nominé pour un prix littéraire (Prix André Malraux) une fois ce plagiat débusqué, et comment concevoir que ce livre et son auteur recoivent les honneurs d'une invitation au festival "Beyrouth Livres" qui doit se tenir à travers le Liban, à partir du 19 Octobre 2022?

Dans ce type de situation, c'est au tribunal du public de rendre son jugement, tout simplement. Cette affaire est fort mal venue en pleine rentrée littéraire et vient ternir l'image d'une francophonie libanaise rayonnante et toujours si féconde notamment dans le secteur de la littérature. Il ne parait pas possible de la passer sous silence tant elle parait emblématique d'une tendance très lourde au plagiat dans les cercles universitaires et littéraires.

Faut-il encore rappeler le contexte douloureux qui inspira l'auteur de la phrase originelle, dans un Beyrouth touché dans sa chair? Mr Nassib n'était-il pas bien placé, compte tenu de son passé, pour évaluer la portée de sa trangression morale vis à vis des victimes directes et indirectes de cette tragédie humaine?

Pas besoin d'encombrer les palais de justice avec cette affaire ni de faire appel à un certain Mr Hochstein, grand spécialiste des négociations concernant les litiges entre le Liban et son voisin: lorsqu'une position est indéfendable, la noblesse appelle à la discrétion et à l'effacement.
En l'état actuel des choses, il ne semble pas souhaitable que l'auteur du livre "Le Tumulte" se déplace à Beyrouth pour venir faire la promotion de ce livre. "Le juif errant", comme il dit, pourra par bienséance et sens de l'honneur passer cette fois son tour pour revenir à Beyrouth à une autre occasion.

Nous lui souhaitons, avec l'aide de son éditeur, de briller dans les salons parisiens et les halls de librairies après s'être brulé tout seul, après avoir saccagé 414 pages avec une seule phrase qui ne lui appartenait pas, ce qu'il a funestement "oublié" de mentionner.
La mémoire est la faculté d'oublier disait un certain Spinoza:
souhaitons à Mr Nassib, tel un phénix, de renaitre des cendres qu'il aura laissé en brûlant sa propre création. Et si, il ne comprenait toujours pas pourquoi cette affaire génère tant de réactions denses et passionnées, nous lui répèterons inlassablement que c'est sûrement grâce à l'éternelle
" Beyrouth qui nous en a donné le souffle " !

JM Druart - LibanVision


L'article original de Georges Boustany
dans l'Orient-Le Jour du 10 Octobre 2020
*

* Six jours après l'explosion du port de Beyrouth

Comment te quitter
« Celui qui est né est coincé ! » s’exclame ma grand-mère en libanais lorsque la mélancolie est en crue. Il y a quelque chose de blessant dans ces rimes sans appel que crachent nos aînés, comme si l’existence de toute leur descendance ne comptait plus. Mais il y a aussi une constatation que l’on n’a pas envie de faire lorsqu’on est jeune : la vie est un chemin de croix dont on n’a pas le courage de sortir.

« Celui qui est né ici est coincé », pourrait-on ajouter. Comme une allégorie de la vie, on naît à Beyrouth par la force du destin, sans avoir rien demandé. On y souffre à intervalles irréguliers, comme une torture chinoise dont on ne voit pas la fin, et c’est précisément là que réside tout le diabolisme du processus. On tente d’y organiser une vie décente ponctuée d’ivresses et de gueules de bois. De faire son chemin à la force du poignet. Et un matin, épuisé de lutter, on se réveille avec une furieuse envie de quitter cette ville-piège. Mais il est trop tard : Beyrouth vous suivra jusqu’à votre dernier souffle, où que vous soyez, et c’est elle qui fermera vos paupières une dernière fois.*

Il faut observer des milliers de photographies à la recherche du secret de cette ville pour espérer tomber sur des clés : celle d’aujourd’hui, en particulier, ouvre quelques portes. En un seul déclic, le photographe a réalisé l’exploit de saisir un fragment de l’âme de Beyrouth. Voici une jeune femme au balcon, est-elle sortie pour admirer le paysage ? Peut-être, mais sa posture dit autre chose : elle est tournée vers le photographe, elle est consciente de sa présence, sans doute lui a-t-il demandé de regarder de côté, et comme il a raison, elle est jolie et pensive et son regard vague donne un cliché romantique à outrance, le mythe de la belle qui attend son prince charmant. Finalement, les photos de monsieur Tout-le-Monde ne sont que des clichés – dans tous les sens du terme.

Mais un grain de sable s’est introduit dans la mécanique : juste derrière la belle, une fillette, sans doute la petite sœur, fait une grimace espiègle. Comme un cheveu sur la soupe, cette mimique destinée au photographe a tout gâché et le romantisme se transforme en scène burlesque. En 1955, il n’y a pas de logiciel pour gommer cette frimousse coquine. En 2020, on s’en délecte. Comme on se délecte des différentes strates de lecture qu’offre cette photographie : il y a l’environnement, le voisinage, et cette superposition de balcons et de toitures de tuile qui donnent une poignante dimension à la scène dont ils prennent la part du lion. Il y a, en plus de ceux où se tiennent la belle et son photographe, trois balcons spacieux comme nous en avons tant connu dans notre enfance. Tout en bas, une famille est installée, on aperçoit le père corpulent avec une canne, la mère, deux filles, un massif de jasmin en fleurs, c’est l’été. À l’étage au-dessus, une femme assise et sa fille à la rambarde. Au troisième étage dont l’architecture plus tardive est dénuée d’élégance, il n’y a pas âme qui vive, juste des plantes en pots. Alentour, c’est une montagne russe de toitures de tuile, ces pyramides brique qui ont longtemps fait toute la beauté de notre capitale. Et puis une fenêtre ouverte et une autre où l’on devine des rideaux. En toile de fond, la montagne entoure Beyrouth comme pour la protéger ou la dévorer, c’est selon. La ville que l’on aperçoit dans cette image n’existe plus, sinon dans la mémoire de ceux qui l’ont connue, et l’image est si intense qu’elle se transmettra à leurs enfants qui en garderont une nostalgie inexplicable. Voici le drame libanais : celui qui est né ici est coincé ou fera tout pour y revenir.

En perdant ses balcons, Beyrouth a perdu son âme

Le ciel bleu omniprésent, les températures clémentes toute l’année, quelques petits jours de pluie pour laver la poussière : il fait si bon vivre au balcon. Dans toute l’expression de son visage, même si elle ne s’en rend pas encore compte, cette femme apprécie d’être là. Sourire discret aux lèvres dans l’objectif de son amoureux, elle respire une jeunesse aux effluves de jasmin. Elle regarde vers le port et plus loin la mer, et sans le savoir, elle emmènera cette image-ci dans tous ses exils, dans toutes ses douleurs, jusqu’à son lit de mort. Cette vie de balcons, de terrasses, c’était cela la vie des Beyrouthins. D’où nous sont venus tous ces immeubles de béton et de verre, ces appartements où l’on a tout vitré, quelle est donc cette (in)culture de l’appartement sans balcon, dans une ville où il fait si bon être dehors ?
Comme si cela ne suffisait pas, toute notre époque est une négation de Beyrouth. La misère et l’épidémie ont anéanti toute vie sociale. Et l’explosion du 4 août a annihilé ce qui restait de balcons sur la Méditerranée. En les perdant, Beyrouth a perdu son âme. Il faudra plusieurs générations pour effacer le souvenir de ces quartiers animés, de ces familles vivant dehors, conversant entre elles de balcon à balcon, de cette lumière généreuse invitée à pénétrer par des persiennes ouvertes comme des bras accueillants.

Dans leur exil, ceux qui ont connu ces espaces de plein air garderont l’impression obsédante que leur vie a perdu sa lumière, comme un regret mêlé de nostalgie insomniaque. Comment ne pas te quitter, Beyrouth ya Beyrouth, quand la vie dans tes murs devient étouffante, insupportablement difficile et incertaine, quand la déroute économique menace de faire des ravages, quand le souffle du diable a tout dévasté ? Comment te quitter, quand ta lumière, ta convivialité, la douceur de ton climat et la beauté de ta géographie s’impriment sur nos rétines comme des tatouages indélébiles ? Celui qui est né ici fera tout pour y retourner, même si ce qu’il cherche n’existe plus.

Reproduction du texte avec l'aimable autorisation de son auteur, Mr Georges Boustany

* On notera au passage que l'auteur du Tumulte aura pris soin de remplacer le vouvoiement par le tutoiement sur le bandeau et dans le texte du livre mais encore de subtilement remplacer les paupières par les yeux... Cette délicatesse sonnerait-elle comme un aveu de plagiat mûrement réfléchi?



Lettre ouverte à Monsieur Sélim Nassif, auteur du livre "Le Tumulte"
ICI BEYROUTH, 22 Septembre 2022

Cela a commencé par une agréable surprise : tiens, on me cite dans L’Orient-Le Jour* ! Et sous la plume de Joséphine Hobeika
(12 septembre 2022) portant sur votre dernier ouvrage, qui plus est : ma fierté était totale. Déjà, un titre d’article prometteur : " Beyrouth te suivra jusqu’à ton dernier souffle ", reprenant un morceau de phrase tiré d’un de mes articles écrits dans la douleur de l’après 4-août**, " Comment te quitter ? " Et, en conclusion de l’article de Mme Hobeika, la quasi-intégralité de la phrase en question : " Beyrouth te suivra jusqu’à ton dernier souffle, où que tu sois, c’est elle qui te fermera les paupières une dernière fois. " Malheureusement, la suite est une douche froide : " (…) l’avait pourtant prévenu un de ses amis. "...
Cliquez sur l'image pour lire la suite de la lettre

Le tumulte: extraits


Bas de page 56 et page 57

...La rue redevient tranquille. Dans un renfoncement, un portail dont les
deux battants sont ouverts. Vu l’alignement des chaussures, sûrement une
mosquée. Je jette un coup d’œil. Quelques formes en blanc prient vers le
fond. Pas le moindre meuble, juste des nattes recouvrant le sol et des piliers
qui se rejoignent en arcades à intervalles réguliers. Un espace aussi calme
que la synagogue est agitée, aussi vide que la rue est pleine, un contrepoids
parfait. Le minaret est juste au-dessus de ma tête, on y a installé un haut-
parleur qui se met à grésiller atrocement. Allaaaaaaahou Akbar, Allahou
Akbar ! La voix répète chacune des syllabes en lui faisant décrire une
longue modulation. Cette musique, je la connais, je l’ai entendue mille fois,
mais toujours comme un bruit venant d’ailleurs. Je suis soudain au centre de
cet ailleurs. Ce qui se diffuse sur l’ensemble de la ville est concentré ici.
Trop concentré. La puissance est mal réglée, ça me vrille les oreilles.
D’autres appels se font entendre, les uns proches et les autres lointains,
comme ça jusqu’à l’horizon. Allahou Akbar ! Le Al, les lah, les Ak, les bar
saturent l’air en un canon sans fin et me disent interminablement où je suis.
Des hommes arrivent des deux côtés, des jeunes, des vieux, ils
répondent à l’appel de la prière et convergent vers la porte de la mosquée,
c’est-à-dire vers moi. Je choisis le groupe le moins compact et me dirige
vers lui. Les corps s’effacent pour me laisser le passage, je remonte la foule
des fidèles à contre-courant. Ils me bousculent, me contournent. S’ils se
rendaient compte, ils se jetteraient sur moi. Mon courage est épuisé pour
aujourd’hui, il faut que je sorte d’ici.
– Ya chab !
C’est un type qui m’appelle. Il n’y a personne, lui et moi seulement. Un
gros en djellaba assis sur une chaise à la porte d’une boucherie, pieds nus
posés sur un tabouret. Il me fait signe d’approcher en agitant un billet d’une
livre. Son sourire découvre une dent en or, le vent s’engouffre sous sa
djellaba et la gonfle. J’avance vers lui. Le billet de banque, le sourire, la
djellaba, les quartiers de viande pendus derrière, tous ces détails
s’assemblent pour former une image précise. L’Arabe par excellence,
moustachu et despotique, assis sur le trottoir, les couilles au frais, le
dégoûtant Arabe qui attire les enfants, parle fort, l’injure à la bouche, mais
garde au fond de lui une douceur parce qu’il aime les loukoums...

Page 414 (dernière page du livre avant les remerciements)
– Je voulais te dire. Le journal m’a téléphoné pour me demander de
prendre l’avion et repartir à Beyrouth... J’ai refusé.
– Ça ne m’étonne pas de toi.
Il m’a dit ça comme on renvoie une balle de ping-pong mais, après un
temps, il se reprend :
– Au fond, tu as raison... Les Palestiniens ont perdu parce qu’ils ont été
obligés de repartir en exil, les Israéliens parce que leur poulain s’est fait
dégommer et qu’ils subissent une défaite morale terrible, les Libanais parce
que rien n’est réglé et qu’ils vont continuer de s’entretuer. Il n’y a plus
aucune place pour nous ici. Les communautés juives du monde arabe ont
toutes été déracinées à cause d’Israël... Il ne restait que nous, derniers des
Mohicans... derniers à partir.
– Qu’est-ce que tu vas faire ?
– Comme je t’ai dit. La guerre est perdue pour moi, pour toi, pour tous.
Mais je resterai à Beyrouth. Comme individu. Je n’ai plus la force d’aller
faire semblant ailleurs. Toi, apparemment, oui. Tu peux rejoindre le monde
et faire de ton mieux pour y vivre. Tu te souviens de l’adage que tu m’as
cité un jour : " Beyrouth te suivra pas à pas jusqu’à ton dernier souffle où
que tu sois..."
C’est elle qui te fermera les yeux une dernière fois » ? Cet
adage, il est pour moi. Toi, juif errant, va ton chemin !




Le point sur l’affaire Georges Boustany vs Sélim Nassib

Beyrouth, 23 Septembre 2022

Le dernier roman de Sélim Nassib, Le Tumulte (éditions de l’Olivier, août 2022), accompagne la trajectoire d’un personnage qui a grandi à Beyrouth. Des années après avoir quitté le Liban, il revient passer trois mois dans cette ville qui le hante, en pleine occupation israélienne. Un de ses amis l’avait pourtant mis en garde, via cette phrase : « Beyrouth te suivra jusqu’à ton dernier souffle, où que tu sois, c’est elle qui te fermera les paupières une dernière fois. »

Or, le 10 octobre 2020, dans un article publié dans L’Orient-Le Jour, intitulé Comment te quitter, Georges Boustany avait écrit : « Beyrouth vous suivra jusqu’à votre dernier souffle, où que vous soyez, et c’est elle qui fermera vos paupières une dernière fois. »

Notre collègue, qui est également écrivain, souhaite avant tout rappeler le contexte dans lequel il a écrit cette phrase dans nos colonnes. « Je faisais implicitement référence à l’explosion d’août 2020, je voulais évoquer symboliquement cette douleur et cet amour mortel pour une ville que vous aimez et qui vous tue. Je n’ai pas choisi le terme de souffle par hasard, et quand je dis qu’elle vous suit partout, j’ai en tête des amis qui se sont réfugiés dans leur salle de bains et qui n’ont pas survécu au drame », explique l’auteur qui, aujourd’hui, déplore que son nom n’ait pas été cité dans l’ouvrage de Sélim Nassib. « L’écrivain aurait pu mettre un astérisque avec mon nom, en mentionnant cette phrase à deux reprises dans son texte ; s’il l’avait fait, j’en aurais été honoré. Ce que je souhaite, c’est que ma paternité sur cette phrase soit reconnue, d’autant plus qu’elle est utilisée comme argument de vente sur le bandeau, sans mon accord », souligne Georges Boustany qui est entré en contact avec l’auteur et sa maison d’éditions. « Nous en avons parlé ensemble, et j’ai pu dire à Sélim Nassib que j’avais apprécié son livre. Il s’est excusé et s’est engagé à préciser lors des prochains entretiens avec les médias que cette phrase était de moi. Il a ajouté que les prochaines impressions de l’opus comporteraient une mention de mon nom et a proposé que cette formule ne soit plus utilisée sur le bandeau de la couverture », poursuit Georges Boustany. Mais il ajoute avoir été déçu par la réponse de l’éditeur du Tumulte. « Si ce dernier a bien confirmé les deux premiers engagements, il a décliné le dernier, le jugeant trop onéreux à mettre en œuvre. »M. Boustany a publié, sur sa page Facebook, les correspondances autour de cette affaire, à la fois avec M. Nassib et la maison d’éditions. « Peut-être que pour une autre phrase je n’aurais pas choisi de me battre, mais celle-ci sera reprise dans mon prochain livre, qui est le second volet de mon recueil d’articles Avant d’oublier, dont la couverture sera rouge, car dédiée aux victimes du 4 août 2020 », enchaîne le chroniqueur qui se dit sensible aux marques de soutien qu’il a reçues sur les réseaux sociaux. « Je ne m’y attendais pas ; certaines librairies à Beyrouth ont même pris l’initiative d’enlever le bandeau de la couverture du livre », déclare Georges Boustany.

Aujourd’hui, Georges Boustany se réserve la possibilité d’entamer des poursuites judiciaires au Liban et en France. L’éditeur Olivier Cohen, fondateur de la maison d’éditions l’Olivier, rappelle de son côté que lorsque le 12 septembre Georges Boustany a protesté contre l’utilisation d’une phrase dont il est l’auteur, Sélim Nassib a immédiatement appelé M. Boustany pour s’excuser personnellement de ne pas lui avoir demandé l’autorisation de citer cette phrase. Il s’est également engagé à faire son possible pour lui en reconnaître la paternité lorsque l’occasion se présenterait. « Le lendemain, il (Sélim Nassib, NDLR) a pu constater que le contenu de cette conversation avait été posté sur Facebook par M. Boustany ainsi qu’une série de requêtes adressées sur un ton comminatoire à son éditeur », poursuit l’éditeur, qui précise que « le 16 septembre, les éditions de l’Olivier ont répondu point par point dans un e-mail très mesuré adressé à M. Boustany ».
« Celui-ci s’est à nouveau empressé de divulguer cette correspondance privée sur Facebook, en accompagnant sa publication de diverses insinuations, menaces voilées et allégations variées. Ce qui n’a pas manqué de provoquer un torrent de commentaires agressifs de la part de ses “amis” sur le même réseau social », note encore Olivier Cohen, contacté par L’Orient-Le Jour. Et d’ajouter : « Depuis, ces attaques verbales totalement disproportionnées sont devenues quasi quotidiennes. Il appartient à M. Boustany de les faire cesser en donnant lui-même l’exemple d’une modération dont il n’a guère fait preuve jusqu’à maintenant », conclut le directeur des éditions l’Olivier. Des accusations que M. Boustany réfute, assurant défendre sa cause « avec beaucoup de modération ». Il déplore également que la photo de l’ouvrage de M. Nassib, sur le site de la maison d’éditions, n’ait pas été republiée dans le bandeau portant sa phrase.

Contacté par notre rédaction, Sélim Nassib n’a, pour sa part, pas souhaité faire de commentaires sur le sujet. Ce que regrette M. Boustany, car il se serait agi là, pour lui, d’une première reconnaissance publique de la paternité réelle de cette phrase.




Affiche créee par Charles Berberian

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- Plus de 110 auteurs et autrices phares de la littérature francophone du monde entier

- La présence exceptionnelle des membres de l’Académie Goncourt
- Des rencontres avec les artistes pour échanger autour de grandes thématiques qui traversent les littératures contemporaines
- Mais aussi : des expositions, des projections de films, des concerts, des lectures à voix haute… pour croiser la littérature et les autres arts !
- Un quart d’heure lecture national le lundi 24 octobre à 11h15
- Des événements dans tout le Liban !
- Plus d’une centaine de rendez-vous mêlant écrivains invités et artistes de la scène pour investir les lieux culturels de la ville et du pays et rendre à Beyrouth sa place de capitale du livre dans le monde arabe!



Avec "Avant d’oublier" Georges Boustany préserve notre mémoire

Dans un Liban en pleine crise existentielle, des gardiens de la mémoire du pays mettent en lumière son passé glorieux et persévèrent dans leur noble mission. Georges Boustany, grand collectionneur de photos, fait partie de ceux-là. > Lire l'article d'Ici Beyrouth...
Rencontre dédicace le vendredi 9 décembre de 17h à 20h à Beit Beirut


Une belle idée de livre-cadeau pour ce Noel 2022
"Vous y retrouverez bien sûr la fameuse phrase objet du plagiat".
Paru en Décembre 2022
co-édition Antoine-Editions Orient le Jour

Georges Boustany


Avant d'oublier,

volume II
recueil des articles parus dans la rubrique "La carte du tendre" entre 2019 et 2021


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