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Le Liban compte plus de 120 Danseuses professionnelles sillonnant restaurants-spectacles ou soirées privées, parfois même au delà des frontières.
C'est en plein coeur de l'Automne, fin Novembre 2002, que nous avons rencontré une étoile montante de la Danse Orientale au Liban, Narimane, à l'issue de son spectacle qu'elle donne régulièrement au Restaurant Khan-el-Mir, dans le quartier pittoresque du Vieux Zouk, à une quinzaine de kms de Beyrouth.


illusion d'optique... - photo LBV 11/2002

Se déhancher à l’orientale, une mode qui fait des ravages

Peu importe la tenue vestimentaire... Le foulard noué autour de la taille
est un accessoire à la fois décoratif et nécessaire au bon apprentissage
de la technique du déhanchement.

Les tabous tombent, malgré quelques freins
La danse orientale, plus qu’une mode, un véritable phénomène de société des loisirs

Phénomène de société ou simple mode éphémère ?

La danse orientale a aujourd’hui ses adeptes. Autrefois interdite aux jeunes filles de bonne famille, elle se répand en force dans l’ensemble du pays, toutes classes sociales confondues. Pas une soirée « in » sans les déhanchements timides ou audacieux de ces nouvelles séductrices, au son de la musique lancinante des tubes arabes les plus en vogue. Résultat, les cours de danse du ventre prolifèrent. Pour les femmes, jeunes et moins jeunes, rondes ou minces, étudiantes ou maîtresses de maison, libanaises ou étrangères, tous les prétextes sont bons pour s’essayer à cette danse, encore si controversée, dans les écoles spécialisées ou les clubs de sport. Le but : se maintenir en forme, perdre quelques kilos de trop, faire du sport en s’amusant, se détendre après le travail et surtout danser... danser à en perdre haleine.

Le reportage d’Anne-Marie EL-HAGE dans l ORIENT Le JOUR


La dernière mode au Liban?

Se déhancher au rythme des succès de Nawal Zoghbi, Ragheb Alamé ou d’autres célébrités du monde de la chanson arabe. Jeunes et moins jeunes, Libanaises ou étrangères, étudiantes ou femmes du monde, toutes confessions confondues, elles sont toutes mues par un seul et même désir, celui d’apprendre la danse orientale. L’espace d’une à deux heures par semaine, elles suivent des cours avec assiduité, histoire de dévoiler leur savoir-faire le samedi soir, dans les soirées «in», ou tout simplement de mêler l’utile à l’agréable en s’amusant et se détendant tout en faisant du sport. Le phénomène de mode est tel, que des cours de danse du ventre se créent un peu partout et se multiplient, tant dans les écoles de danse que dans les clubs de sport, drainant leur lot d’adeptes qui rêvent secrètement de ressembler à Nadia Gamal.
Il est révolu le temps où la danse du ventre était interdite aux filles de bonne famille, parce qu’elle était synonyme de sensualité, voire de vulgarité. Bien au contraire, esquisser une danse orientale au son des tubes arabes les plus en vogue est aujourd’hui un must dans les soirées libanaises, même dans les milieux les plus huppés. Il n’y a qu’à observer l’assistance qui se déchaîne littéralement dans une soirée, dès les premières notes d’une mélodie orientale. Il n’y a qu’à visiter les nombreux cours de danse, pris d’assaut par les femmes, à travers le pays.
Un, deux, trois, quatre... hanche à droite, hanche à gauche! Bougez le bassin, plus fort! Bougez les épaules, en avant, en arrière! Serrez les fesses, rentrez le ventre et... trémolo!
Une quinzaine de femmes débutantes, en survêtements et chaussettes, ou tenues de danse, un foulard garni de piécettes parfois noué autour des hanches, tentent de suivre la consigne donnée par leur professeur, au son d’une musique orientale entraînante. Pas toujours évident de suivre le rythme, d’évoluer avec grâce tout en se déhanchant, sans plonger dans la vulgarité, d’exécuter les gestes des bras, et surtout de sourire... alors que l’on tente, parfois désespérément, de se rappeler les pas de danse. Le tout devant un miroir qui ne se prive pas d’accentuer les défauts physiques et les kilos de trop que l’on tente de perdre. Mais qu’importe !

Une dizaine de leçons pour
les rudiments techniques

Rondes ou minces, gracieuses ou maladroites, appliquées ou distraites, elles s’élancent à cœur joie, oubliant tout complexe. Malgré la difficulté, souvent sous-estimée, l’ambiance est à la détente. Sans se lasser, elles exécutent les mêmes pas, des dizaines de fois, jusqu’à arriver à leurs fins. Et ce, malgré la fatigue qui transparaît sur leurs traits. Au terme d’un pas de danse savamment réussi, à la fin d’une danse bien exécutée, elles s’applaudissent, se congratulent, s’encouragent. Les commentaires fusent, les rires aussi. On se compare à telle danseuse connue, on n’en revient pas de faire des progrès. D’ailleurs, au terme d’une dizaine de leçons, les apprenties danseuses ont, pour la plupart, acquis les quelques rudiments techniques de base qui les encourageront à aller plus loin dans leur nouvelle passion ou à esquisser quelques déhanchements rythmés lors d’une soirée dansante.
«Je sens non seulement que je fais des progrès, mais aussi que mon corps se transforme et que ma taille s’affine», raconte Nayla, la quarantaine, qui souffre de problèmes d’embonpoint, ajoutant qu’aucun autre sport n’a jamais réussi à lui faire perdre ses kilos de trop. «Je ne me fais pas prier pour aller au cours de danse, alors que j’ai horreur du sport», remarque à son tour une jeune fille ronde. «J’éprouve d’ailleurs beaucoup de plaisir à danser, sans compter que mon corps se raffermit et que j’escompte bien perdre un peu de poids, d’ici à quelques mois. J’ai d’ailleurs entraîné deux de mes amies avec moi », ajoute-t-elle.
Nombreuses sont les étrangères à s’essayer à la danse orientale qu’elles trouvent, au même titre que la musique, «majestueuse», «gracieuse» ou encore «fascinante, comme tout ce qui touche à l’Orient»… Au départ plus hésitantes que les femmes libanaises dans leurs mouvements, elles finissent par se relâcher en dansant, littéralement envoûtées par cette musique qu’elles apprécient tant. «Je vis au Liban depuis quelque temps, c’est l’endroit idéal pour apprendre la danse orientale, dit l’une d’entre elles, de nationalité française. C’aurait été dommage de ne pas le faire. » «Je suis au Liban par choix, car je ressens un intérêt personnel pour l’Orient», observe une jeune Suissesse. «J’en apprends d’ailleurs la langue, la musique et la danse », ajoute-t-elle.

Passion, détente, moyen d’expression
Une, deux, trois, quatre… hanche à droite, hanche à gauche! Dans ce cours réservé aux personnes avancées, la tenue vestimentaire est déjà plus recherchée. Les corps sont souvent bien sculptés par des années d’exercice. Maillots de danse ou survêtements moulants, ceintures de danse cousues main, ornées de mille piécettes scintillantes ou rebrodées de perles: le look est très important pour bien danser et surtout pour bien bouger les hanches. Ici, depuis belle lurette, les complexes ont été écartés. On danse pour le plaisir de danser. On danse bien et on le sait. Les miroirs sont là pour le prouver. Ports de bras, ports de tête, déhanchements, trémolos… les gestes sont gracieux et montrent une maîtrise évidente. Les sourires sont larges et naturels. Le plaisir est évident. D’ailleurs, dans ce cours, pas de place pour les commentaires. On se déhanche jusqu’à en perdre l’haleine, histoire de profiter du moindre instant de bonheur.
«Je fréquente ce cours de danse depuis une dizaine d’années», raconte Katia, une jeune femme d’affaires, mince et discrète. «A mes débuts, j’étais aussi raide qu’une planche de bois», dit-elle, comme pour donner du courage aux nouvelles venues. «Mais à présent, je sens que je danse avec le cœur, poursuit-elle. D’ailleurs, même si je ne cherche jamais à me mettre en valeur durant une soirée, tout le monde me félicite et m’encourage lorsque je danse. » «Je fais de la danse orientale depuis juste deux ans», raconte pour sa part une jeune fille, secrétaire de profession. «C’est pour moi une merveilleuse détente après le travail, d’autant plus que j’apprécie énormément la musique arabe. C’est un moyen d’expression du corps bien plus agréable que l’aérobic ou tout autre sport», conclut-elle.
Mais qu’en est-il des tabous, des interdits, du qu’en dira-t-on? Certes, les tabous ne sont pas véritablement tombés. La danse orientale, lascive et sensuelle, garde encore cette consonance séductrice, voire même vulgaire, autrefois interdite aux filles de bonne famille. Mais aujourd’hui, de nombreuses femmes revendiquent tout haut le droit de séduire, alors que d’autres le font avec réserve et discrétion. Comme cette femme d’âge mûr qui continue de cacher sa passion à son mari, lui racontant, non sans malice, qu’elle se rend à son cours de sport. Après tout, la danse, qu’elle soit orientale ou non, n’a-t-elle pas pour vocation de séduire?

Des cours à la pelle pour répondre à la demande des femmes

Le succès fulgurant de la mode de la danse du ventre n’est plus à décrire, et s’est accentué durant les cinq dernières années, répondant à la demande féminine qui ne cesse d’augmenter. Pour le plus grand bonheur des professeurs de danse, qui se déplacent souvent d’un club à un autre pour donner leurs cours, lorsqu’ils ne se limitent pas à une seule école de danse. Quant aux méthodes d’enseignement, elles diffèrent souvent, même si la technique est unique. Les tarifs, eux, varient entre 35 et 55 dollars par mois, selon le cours, le lieu et le professeur.
Ici, après un échauffement assez proche de l’aérobic, on privilégie l’apprentissage en douceur, on axe sur la technique, on décortique chaque pas. Là, on préfère commencer par une mise en train rapide puis enchaîner sur les danses à succès, pour répondre au souhait des femmes, souvent pressées d’exercer leurs talents. Ailleurs, on centre le cours sur les musiques très rythmées, au son de la « derbaké », ou de la « tablé », alliant échauffement technique, enchaînement de pas et danses. Partout, les professeurs qualifiés arrivent à leur manière au but recherché : apprendre aux élèves la danse orientale.
« Je tente de mettre la technique à la portée de toutes les femmes, même les débutantes », explique Jeanine Badr, qui enseigne la danse du ventre à une centaine de femmes de tous âges, dont quelques femmes enceintes, dans différents clubs du pays. Simplifiant les mouvements difficiles, variant ses chorégraphies, utilisant des chansons à succès, elle entraîne ses élèves à faire travailler leur corps, à exercer leur mémoire et à retenir l’enchaînement des mouvements. « L’effort personnel est indispensable pour acquérir grâce, distinction et souplesse, surtout lorsqu’on n’a jamais dansé auparavant », précise-t-elle, ajoutant que certaines femmes font parfois des progrès remarquables. Pour Pierre Haddad, professeur de danse orientale depuis 21 ans, dont les élèves viennent de tous les coins du pays, ce phénomène de société découle de la sensibilisation des femmes à la nécessité de faire du sport et à être bien dans leur corps. « Même les femmes fortes peuvent être bien dans leur corps et danser gracieusement », dit-il, ajoutant que celles-ci dansent souvent mieux que les femmes minces qui, elles, doivent faire beaucoup d’efforts pour onduler ou se déhancher. « Quant aux progrès réalisés, ils varient selon le don de chacune, explique-t-il, car la danse doit venir du plus profond de soi. »
Selon lui, l’apprentissage se fait au fur et à mesure. Mais au moins trois mois sont nécessaires pour retenir les enchaînements et les pas et pour se sentir à l’aise en dansant. « Signe de féminité, de délicatesse, de sensualité et de finesse, la danse orientale a mis beaucoup de temps à être adoptée par la société libanaise, qui refusait de reconnaître ses propres valeurs orientales », regrette Rafic Gharzouzi, qui dirige une académie de danse. « Cette société en avait d’ailleurs une vision erronée et l’assimilait à la danse de cabaret », précise-t-il.

On assiste aujourd’hui à une prise de conscience de la beauté de la danse orientale, non seulement au Liban, mais dans le monde entier, estime ce professeur. Et d’ajouter que le meilleur moyen de l’enseigner aujourd’hui est d’en simplifier la technique et les chorégraphies, même si celles-ci ne sont pas toujours authentiques. Certes, au terme de quelques cours de danse orientale, il n’est pas évident de se déhancher sans complexe dans une soirée mondaine, sous les regards des proches, qu’ils soient critiques, ironiques ou au contraire admiratifs. Car après tout, et malgré l’évolution des mœurs et la banalisation du phénomène, la danse orientale n’en reste pas moins une curiosité. .


Entretien

LBV: Narimane, depuis quand êtes vous danseuse professionnelle?

R: Cela fait plus de 7 ans que j'ai commencé à danser de façon régulière en public.

LBV: Avez-vous suivi une formation initiale et spécifique?

R: Pas du tout, c'est comme un don naturel, cela a fait partie de mon éducation

LBV: Avez-vous des enfants?

R: Oui, deux petites filles?

LBV: Est-il facile de concilier la vie familiale et ce type d'activité?

R: Oui, c'est une question d'habitudes et d'horaires; lorsque je danse, il y a longtemps que les enfants sont couchés et c'est parfois le matin que c'est le plus difficile de partager un moment avec elles.

LBV: Vous êtes vous fixée une limite dans le temps pour votre métier?Certaines danseuses poursuivent leur carrière à un âge de plus en plus avancé.

R: Non pas vraiment; lorsque l'envie et le plaisir commenceront à se réduire, je pense que le moment sera venu de songer à m'arrêter.

LBV: Vous produisez-vous exclusivement au Restaurant Khan el Mir?

R: Non, il m'arrive de me produire dans des soirées privées et quelquefois même à l'étranger.Mais c'est ici que je danse le plus régulièrement.

LBV: Pouvez-vous donner votre téléphone pour nos lecteurs internautes qui souhaiteraient organiser un spectacle de danse au Liban ou à l'étranger?

R: Pourquoi pas? c'est le cellulaire 03 851 986

 




 

 

 

 

 

 




Ceux qui pensent que les danseuses sont légères en seront pour leur frais: Narimane se produit toujours accompagnée de son mari qui veille sur elle pendant et après le spectacle.


l'ambiance vient jusqu'à votre table...

LibanVision remercie le Restaurant
Khan el Mir
et particulièrement son manager,
Mr Dany Kraitem pour son accueil chaleureux, l'ambiance garantie et bien sûr les délicieuses spécialités libanaises généreusement servies.


Pour vos réservations:
09 213 702 ou 703
03 240 115

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