Novembre 2008
"Je me souviens": quand Zeina
Abirached revisite son Liban, en BD
Lannée dernière, elle
racontait son enfance dans Beyrouth en guerre au fil des planches
du Jeu des hirondelles. Zeina Abirached, 27 ans, poursuit son
exploration de la mémoire libanaise dans Je me souviens,
un recueil dhistoires de différents formats, modelé
sur le Je me souviens de Georges Pérec. De son trait noir
et blanc très rond, aux motifs soigneusement ciselés,
la jeune auteure détaille les coupures délectricité
pendant les dessins animés, son père qui écoute
très fort la musique afin de couvrir le chaos de lextérieur,
ou la R12 bleu marine de sa mère, dont le pare-brise explose
à chaque chute dobus. >>
Lire son interview
En librairie le 3 Décembre 2008
Janvier 2008
Zeina Abirached, de Beyrouth à
Angoulême
Née
en 1981 à Beyrouth, Zeina Abirached se passionne dès
son jeune âge pour la bande dessinée et lanimation
2D, elle est dailleurs lauteur entre autre du court-métrage
danimation Mouton (Sheep). Elle a déjà publié
plusieurs ouvrages (dont le livret [Beyrouth]Catharsis) et participe
régulièrement à de nombreux événements
littéraires. Son premier album de bande dessinée,
Le jeu des hirondelles, fait partie de la sélection officielle
du festival international de la bande dessinée dAngoulême,
organisé en France du 24 au 27 janvier.
>>
lire son interview
Décembre
2007
Rita
Saab Moukarzel présidente du Press Cartoon Belgium pour
2008
Rita
Saab Moukarzel, présidente du syndicat des professionnels
du graphisme et de lillustration au Liban, vient dêtre
nommée présidente du Press Cartoon Belgium pour
lédition 2008. Le Press Cartoon est le seul prix
réservé aux dessins de presse parus en Belgique.
Il a été créé en 1998 et décerné
la première fois en 1999. Pour mémoire, de grands
noms ont assumé la présidence jusquà
présent, notamment Jean-Luc Dehaene, le Premier ministre
belge. Le jury est composé de personnalités internationales,
politiques culturelles et artistiques. Lintronisation officielle
de Rita Moukarzel aura lieu le jeudi 21 février 2008 à
Bruxelles.
Premier volume dune BD libanaise
« Malaak », lange de paix de Joumana Medlej
Sous
les traits dune femme superhéros, le nouveau personnage
de BD libanaise
(en langue anglaise), baptisé Malaak, a pris son
envol le 1er décembre 2007 à la librairie Antoine
de Hamra. Le nouvel ange salvateur qui a pris naissance sous la
plume de Joumana Medlej annonce dans cet ouvrage, imprimé
chez Khawam, de formidables aventures que les lecteurs (des adolescents
aux jeunes quinquagénaires) pourront désormais attendre
avec plaisir.
Ny a-t-il pas un ange qui pourrait sauver le Liban de ses
multiples mésaventures ? Ny aurait-il pas un superhéros
qui serait capable dinstaurer la paix dans ce pays ? Des
questions que se sont souvent posées les Libanais et auxquelles
Joumana Medlej apporte sa réponse en forme de bande illustrée.
Un rêve que cette artiste pluridisciplinaire nourrit depuis
longtemps et quelle vient de mettre enfin à exécution.
« Je croque depuis mon jeune âge des dessins, mais
jai attendu davoir bien développé ma
technique pour réaliser ce projet qui me tenait à
cur, confie Medlej.
Inspirée dun ras-le-bol de la guerre et encouragée
par une revue « on line » pour artistes libanais qui
a soumis lidée de créer un superhéros
libanais, Joumana Medlej accepte de participer à cette
entreprise. « Au fil des jours, je me rendais compte que
mon héroïne était non seulement appréciée,
mais sollicitée par les internautes. Je décidais
donc de développer et détoffer le sujet. »
Un travail qui a nécessité un an délaboration,
période durant laquelle la jeune auteure sinvestit
totalement. « De lécriture à la mise
en page, jai suivi le cheminement de ma BD, dans toutes
ses étapes, en prenant soin de rédiger un synopsis
bien précis au départ, pour ne pas risquer par la
suite daller dans tous les sens, » précise-t-elle.
Dans ce premier format à couverture souple, Medlej explique
à ses lecteurs lorigine de Malaak (ange).
« Contrairement aux autres superhéros (Batman, Wonderwoman
ou Superman, qui sont déjà dans le feu de laction),
jai volontairement suivi le processus inverse. On voit en
effet dans ce tome mon héroïne naître et découvrir
ses dons surnaturels. »
Un ange guerrier
Dans le monde de Malaak, situé dans une réalité
alternative, « mais bien libanaise et contemporaine »,
souligne lartiste, graphisme et dialogues sentrechoquent,
laissant apparaître plusieurs univers, notamment celui des
classiques et des BD américaines. Certains même y
verraient une sorte de référence aux mangas.
« Certes, jaime le Japon pour lavoir souvent
visité et jillustre souvent des grands yeux mais,
bien que dinspiration européenne, mon ouvrage ne
se restreint pas à une seule et unique influence »,
dit-elle.
Pourquoi une femme ? À cette question, Joumana Medlej rit
et répond par une autre question : « La paix réside
entre les mains des femmes. Vous ne pensez pas ? » Et denchaîner
: « Cest également plus sympathique de dessiner
un héros féminin.
Par ailleurs, elle névoque aucun milieu politique
comme les hommes,
elle est plutôt neutre. »
Malaak est donc cette petite fille tombée dun arbre
(un arbre du Liban) et qui commence peu à peu à
découvrir quelle est différente et quelle
a le pouvoir dagir pour le bien de son pays. Bientôt,
enfilant son costume de superhéros, elle sera soutenue
par des amis et des personnages secondaires qui auront leur rôle
à jouer dans dautres aventures. « Cest
que le tome II est déjà en marche », avoue
timidement Medlej.
Laction visuelle rapide, le crayon bien maîtrisé
et létude élaborée des perspectives
traduisent une connaissance approfondie des multiples disciplines
artistiques auxquelles a touché Joumana Medlej.
Intégrant des photos de Beyrouth à son graphisme
et mêlant son sens de lhistoire à sa fibre
voyageuse, elle parvient à créer un univers à
la limite du réel et du virtuel dans un but non pas moraliste,
mais purement ludique.
À suivre donc le reste des aventures de Malaak.
Colette
KHALAF
pour L'Orient Le Jour
La bande dessinée au Moyen-Orient
Le premier magazine égyptien pour enfants, al-Samir
al-Saghir, est édité dès 1893. Mais il faut
attendre 1940 pour voir se multiplier en Égypte les publications
pour enfants, parmi lesquelles al-Katkut et Bulbul. En janvier
1952, Dar al-Maaref crée Sindibad, qui paraîtra jusquen
1957. Au sommaire : des récits illustrés, des jeux
et des contes. Elle ouvre le marché à dautres
revues pour enfants dont la célèbre Samir (1955),
qui publie alors des bandes originales arabes et des bandes étrangères
traduites, essentiellement de laméricain et du français.
Dans les années 1960, la BD franco-belge envahit le Moyen-Orient
et lÉgypte, affaiblissant la position fragile de
la BD arabe. Néanmoins, des éditeurs envisagent
de nouveaux projets, qui ne verront le jour quaux alentours
de 1965.
Dans les années 1960, des productions venues du Liban,
de Syrie et dIrak font leur apparition sur le marché
de la BD : en 1965, est lancée une revue libanaise pour
enfants, Bissat el-Rih. Elle est suivie en 1969 de la revue syrienne
pour enfants Usamah, éditée par le gouvernement,
et dont la plupart des histoires sont dinspiration socialiste.
En 1970, le gouvernement irakien édite la revue pour enfants
Majallaty dont la plupart des histoires sont, comme dans Usamah,
de tendance socialiste.
Samir, Usamah et Majallaty dominent le marché jusquen
1972. Cest alors quun éditeur libanais achète
les droits de publication en arabe des D.C. Comics. Tout le monde
veut lire Superman, Batman, Giant
Puis un éditeur
égyptien achète les droits de Tintin pour une publication
en langue arabe. Pour faire face à la concurrence de ces
best-sellers, Samir, Usamah et Majallaty sont obligés de
faire une plus grande place aux BD étrangères.
Entre les années 1950 et 1970, plusieurs publications font
leur apparition au Proche-Orient sous un nouveau format, similaire
à celui du journal français satirique Charlie-Hebdo
: le journal égyptien Sabah el-Khair en 1953, suivi dans
les années 1960 de la revue syrienne el-Moudhik el-Mabki
puis de la nouvelle formule du journal libanais el-Dabbour en
1973. Les trois magazines ont en commun un ton résolument
satirique.
En 1973 sont publiés les premiers comics en arabe. Tabbat
Sharran, qui raconte la vie dune tribu au Sahara, est créé
par le Saoudien Mohammad el-Khnefer et édité par
des revues françaises.
En 1975, trois dessinateurs, Labbad (Égypte), Khnefer (Arabie
saoudite) et Mutar Sawwaf (Liban) fondent la revue Tosh Fish dans
un esprit proche de celui de Pilote et de Charlie-Hebdo. Plusieurs
auteurs y publient chacun leur histoire. Ce journal constitue
ainsi une nouveauté dans le monde de la BD arabe et son
succès encourage les éditeurs à poursuivre
dans cette voie.
Vers 1980, la bande dessinée adulte arrive en force avec
lagence Jad, qui distribue du matériel dans des quotidiens
comme an-Nahar, et dans des périodiques comme Makassed,
et participe à la publication dalbums de BD tels
que Carnaval, Freud, Les Mille et Une Nuits. Ces publications
commencent même à faire lobjet de critiques
dans la presse. Ainsi, LOrient-Le Jour ouvre ses colonnes
à Michèle Standjofski qui analyse chaque semaine
les diverses productions publiées dans le monde de la BD.
Le Liban existe dans la BD francophone depuis Hergé et l'escale
de Tintin à Beyrouth en route vers Wadesdah (Coke en Stock).
S'en suivent les pantalonnades d'Asterix et consorts en terre
sainte (l'Odyssée d'Asterix) et au dessus de Tyr "on nous tire
dessus" (Asterix chez Rahazade). Le parfum des cèdres, 1: le sang
d'adonis, de Klimos et Bardet, ed. Glenat, 1997 est un récit laborieux
dans le Liban des années 1940. Plus poétique est le joliment dessiné
Voyage au Liban de Jacques Ferrandez, Carnets d'Orient ed. Casterman,
2001. Enfin, Larousse avait publié en 1989 une Histoire illustrée
du Liban, texte de Nayla de Freije et illustrations de Fadlallah
Dagher.
Une bande dessinée
libanaise à la recherche d'elle même mais en pleine renaissance
grâce à une nouvelle vague de talents.
Doit-elle être francophone, arabophone, anglophone ou muette?
Faut-il faire de la "BD commerciale" ou de la "BD d'auteur"?.
Comment trouver un éditeur et surtout un public? Ces questions
ont tourmenté Mazen Kerbaj, chef de file impertinent et
don-quichottesque d'une nouvelle génération de dessinateurs. Après
avoir publié en indépendant des carnets, certains à portée sociale,
comme Le pique-nique, d’autres comme Achèvement, plus personels,
il a sorti 24 Poèmes (ed. La CD-Thèque, 2004), un album luxueux
dédié à "Monsieur Fernando" (Pessoa). 24 planches dessinées à
l'encre dans lesquelles Kerbaj est en pleine possession de ses
moyens.
La CD-Thèque, qui, à travers Toni Sfeir, s'est donné pour
mission de promouvoir la BD au Liban, a également édité L'autre
et lui de Maya Majdalani, initialement projet de fin d'études
d'illustration à l'Académie Libanaise des Beaux-Arts. L'histoire,
touchante, est servie par un dessin qui passe librement du noir
sur blanc le plus dépouillé à des planches aux couleurs expressionnistes.
On citera également Jad Sarout et Chadi Aoun
qui viennent aussi de publier une BD grâce Tony Sfeir de
la CD Thèque.
Un autre projet issu de la même école (l'ALBA), Beyrouth Catharsis
(2002) de Zeina Abirached a rencontré un succés phénoménal
qui reste inédit. L'auteur, que l'on surnomme parfois la "Marjane
Satrapi libanaise" y raconte, à travers un dessin naif, le rapport
d'une fillette avec sa ville, sa rue, un couturier arménien, "l'homme
aux oiseaux", le mur, la guerre...
Les ainés semblent en revanche s'éloigner de la BD, à l'instar
de Michèle Stanjofski, enseignante à l'ALBA, qui, après
avoir exposé à Angoulême, se consacre à l'enseignement et à l'illustration
d'ouvrages.
Citons le délicieux Cleo, The Hotel Cat, texte de Khalaf Roseanne
Saad, ed. Dar An Nahar, 2003.
Sur le Web
Site internet de Kerbaj: http://www.kerbaj.com,
Site internet de Beyrouth Catharsis: http://www.alba.edu/ar/beyrouthcatharsis
|
Parution
aux Humanoides associés de
Clichés - Beyrouth 1990
Bruno Ricard (Scénario)-Sylvain Ricard
(Scénario)-Christophe Gaultier (Dessin)
"Un autre regard sur le conflit du Liban"
Le scénario: Septembre 1990, deux frères, Sylvain et
Bruno décident de partir à Beyrouth pour y rejoindre leur tante
qui travaille pour la Croix-Rouge. Bien sûr, ils sont informés
et ont conscience que sur place c'est la guerre, mais bon, ça
leur fera des vacances un peu plus originales qu’à l'habitude
et c'est bien là leur principal objectif...
Il
faut savoir que les auteurs ont décidé de reverser
la totalité de leurs droits à une Association
d'Aide aux personnes des quartiers pauvres de Beyrouth,
animée par les Soeurs Franciscaines de Marie
En librairie dès le 5
Octobre
Collection Tohu Bohu
La
collection Tohu Bohu des éditions de BD Les Humanoïdes associés
a fait paraître, il y a quelques semaines, Clichés, Beyrouth
1990, d’après le scénario de Bruno et Sylvain Ricard, deux frères
qui ont confié le récit de leur séjour libanais du 4 au 23 septembre
1990, quelques jours avant la reddition du général Aoun et l’entrée
des forces syriennes dans le pays, à l’illustrateur Christophe
Gaultier. C’est 14 ans plus tard que les deux frères ont décidé
de raconter ce qu’ils ont vu, de Beyrouth à Saïda, en passant
par Baalbeck et Bhannès. La prise de position est claire: selon
les deux aventuriers, qui auraient voulu servir dans la Croix-Rouge,
les médias n’ont jamais réellement montré la vérité: le quotidien
du Libanais chrétien, coincé sans électricité, sans moyens,
dans un abri beyrouthin ou dans une montagne reculée, attendant
que la guerre se termine. Hébergés par leur tante, Bruno et
Sylvain Ricard prennent, dès qu’ils le peuvent, d’innombrables
photos de Beyrouth – d’où le titre de la BD, Clichés, Beyrouth
1990 –, qui serviront de base de travail à Christophe Gaultier.
Le trait est pour le moins réaliste et dominé par le noir et
blanc, couleurs du souvenir voilé par le nombre des années qui
séparent les narrateurs des événements qu’ils ont vécus sur
place, mais aussi couleurs d’une Beyrouth en proie à des affres
sans nom.
L’achèvement
du problème libanais
Tous
les «clichés» de la guerre y sont présents: qui a fait quoi
à qui, les multiples versions et autres explications des origines
du conflit, que Bruno et Sylvain Ricard retranscrivent très
clairement. Les nombreux déplacements de ceux-ci les forcent
à une certaine vision d’ensemble – pauvreté des camps palestiniens,
puissance puis décadence des religieux du Liban, etc. –, mais
pas à une description objective, de toute manière impossible
à réaliser, des 17 années de souffrance et d’avanie. En effet,
les narrateurs avaient des chrétiens pour principaux interlocuteurs,
qui leur ont raconté leur propre calvaire. Leur témoignage d’une
guerre aujourd’hui oubliée par l’Europe intéressera certainement
beaucoup plus les Européens que les Libanais à proprement parler.
La véritable initiative des deux scénaristes réside dans la
dénonciation sévère de la prise de parti des médias français,
qui ont évoqué la «pax syriana» comme l’achèvement du problème
libanais. En guise de contre-attaque tardive, ils publient en
dernière page la lettre de l’un de leurs amis locaux, témoins
de la défaite du général Aoun et des faits terribles de l’annexion
du pays. Clichés, Beyrouth 1990 ne semble avoir d’autre ambition
que de rendre à leurs amis chrétiens du Liban une certaine dignité
pour la cause qu’ils ont défendue passionnément, pendant les
semaines qui ont précédé le 13 octobre 1990. Cela dit, la BD
en elle-même se tient tout à fait bien et se laisse lire très
facilement. Les images de guerre n’ont pas manqué à Christophe
Gaultier pour retranscrire assez fidèlement, tant par la simple
ébauche que par des dessins très précis, l’atmosphère d’une
ville en guerre.
Diala GEMAYEL
Plus
de détails?
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Franc succès de la troisième édition
Le festival de la BD : bilan et perspectives
avec Rita Moukarzel
Pari
gagné pour Rita Saab Moukarzel.
Son festival de BD s’est fait une place au soleil et devient
une référence. La troisième édition, qui s’est déroulée du 20
au 24 mai à l’Unesco, a été un vif succès. En effet, elle a
réussi, avec son équipe, à intéresser de plus en plus de monde
à cette forme d’art. Bilan et perspectives. De retour au L.iban
après des études à l’école Saint-Luc (Belgique) pour le IXe
art, il y a une dizaine d’années, cette spécialiste en la matière
a voulu faire quelque chose pour son pays. Et c’était la série
des Nada, des illustrés pour enfants : Nada petite fille, Nada
à Beyrouth, Nada à Baalbeck, Nada à l’usine de chocolat... Une
façon intéressante de faire connaître le pays aux tout-jeunes.
D’un dynamisme à toute épreuve, cette bédéiste dans l’âme est
une fan du Festival d’Angoulême, le temple de la BD. Elle crée
un syndicat des professionnels du graphisme et de l’illustration,
et rêve d’un festival du genre à Beyrouth (1996). Présidente
du syndicat qui regroupe cinq métiers (graphisme, illustration
de BD, caricature dessins animés et animation) avec, évidemment,
une majorité de graphistes, elle lance son premier festival
de la BD à l’occasion du Sommet de la francophonie, en octobre
2002. Pour l’occasion, elle fait venir un invité de marque,
Jean Ry, le fameux bédéiste belge père du Petit Spirou ; organise
six expositions internationale et huit autres locales. Pour
un coup d’essai, ce festival aura été l’une des manifestations
phares du sommet. À Angoulême, elle avait appris un certain
nombre de choses, dont la fidélisation d’un public à une date
fixe. Et comme elle avait décidé d’organiser le festival annuel
de la BD en mai, elle tient promesse. Il lui a fallu donc cavaler
pendant les six courts mois qui la séparaient de cette date.
« Mais nous avons relevé le défi, et je peux dire que mai 2003
a été un succès. Cela nous a poussé a adopter une politique
pour tous les festivals à venir, dit-elle. Désormais, les années
paires, le festival sera consacré aux grandes éditions (expositions
internationales et nationales) et celles impaires aux éditions
spécialisées (c’est-à-dire à thème). » La BD traduite en dessins
animés a été le thème de l’édition spécialisée de 2003, avec
la participation de films japonais, français, belges et canadiens.
2004 a été consacrée à la grande édition, avec un invité de
marque, le grand bédéiste belge Batem, père de Marsupilami,
avec, au programme, des expositions étrangères et libanaises
et toujours les jeunes talents. « C’était une chance d’avoir
Batem parce qu’il ne sort pratiquement plus », explique Rita
Saab Moukarzel. Il y avait également le Canadien Gobout et le
Hollandais Toon. Et la participation de l’ambassade de France,
de celle du Japon et des Libanais, bien entendu. « Les ambassades
font partie de la composante étrangère du festival, explique
la présidente de celui-ci. En 2003, peu d’invités étrangers
avaient fait le déplacement en raison de la situation régionale.
Mais cette année, tous les invités ont repondu à l’appel, et
la foule était impressionnante. Grands et petits se sont précipités
tant sur les bédéistes que sur les stands de vente. » Côté jeunes
talents, les dessins des élèves arrivent par caisses pour les
concours, venant des écoles de toutes les régions du pays. Et
il faut un jury sérieux pour la sélection, qui se fait en plusieurs
étapes pour les différentes catégories (5 à 7 ans, 8 à 12 ans,
13 à 16 ans et 16 ans et plus). « N’est-ce pas les futurs professionnels
qu’on encourage de la sorte ? » souligne Moukarzel, qui semble
attacher une grande importance à ce volet du festival. Pour
les finances, l’équipe a réussi à intéresser des sponsors intelligents,
c’est-à-dire qui s’investissent et trouvent là leur petit ou
grand bonheur. Une banque qui sponsorise, par exemple, adopte
un personnage de BD comme logo et vend son produit pour jeunes.
C’est un festival qui grandit et s’affirme grâce à son sérieux.
Pour l’édition 2005, le thème est déjà choisi, les contacts
sont en cours. Moukarzel et son équipe développent les nouveaux
concepts introduits en 2004 : la BD de collection, la nuit de
la BD et le « cosplay » (show costumé). Ils créent également
des prix supplémentaires pour les jeunes talents. De nouveaux
pays ont déjà promis leur participation : le Maroc, la Tunisie,
la Bulgarie, les Anglais et les Allemands. Rita Saab Moukarzel
n’en dira pas plus avant d’avoir les réponses définitives de
ses partenaires.
Et les préparations vont déjà bon train pour mai 2005.
Troisième Festival international de la bande dessinée
Du 20 au 24 mai, au palais de l’Unesco
«En mai, fais ce qu’il te plaît
», dit le dicton. C’est également en mai que se tient désormais
depuis deux ans le Festival international de la bande dessinée.
La troisième édition de ce festival, organisé par le syndicat
des professionnels du graphisme et de l’illustration au Liban,
en collaboration avec les missions diplomatiques belge, canadienne,
japonaise, hollandaise, suisse et française, se déroule du jeudi
20 au lundi 24 mai, de 8h à 20h, au palais de l’Unesco. Rita
Saab Moukarzel,-voir son portrait
ci-dessous- présidente du syndicat et directrice
générale du festival, l’a annoncé hier, au cours d’une conférence
de presse tenue à l’hôtel Le Gabriel, en présence du ministre
de la Culture, M. Ghazi el-Aridi, et des ambassadeurs de Belgique,
Mme Françoise Gustin Hermans; du Canada, M. Michel Duval; de
Hollande, M. Gérard J.Van Epen, ainsi que du premier secrétaire,
attaché culturel de l’ambassade du Japon, M. Masaya Sagawa,
et du conseiller de coopération et d’action culturelle, directeur
de la Mission culturelle française, M. Frédéric Clavier.
L’inauguration officielle aura lieu le mercredi 19 mai à
18h, au palais de l’Unesco.
Cette troisième édition comporte plusieurs
expositions de bandes dessinées et sera clôturée par la remise
des deux grands prix de la ville de Beyrouth, ainsi que la remise
des prix du concours jeunes talents.
Également au programme:
projections de films, de courts-métrages d’animation et de documentaires;
conférences; concours de dessin et cours de dessin; des rencontres
avec des auteurs de BD, un show de costumes des héros de BD,
organisé sous forme de concours et un coin librairie pour la
vente d’albums. Par ailleurs, les planches du concours scolaire
et universitaire bénéficieront également d’un espace d’exposition.
Expositions :
L’Univers de Marsupilami (Belgique), auteur: Batem.
La course à l’hydrogène (Canada) de Réal Godbout et Benoît Gauthier.
Couvertures des albums Michel Vaillant et photographies de Jean
Graton avec Steve McQueen et autres pilotes (France). Auteur
: Jean Graton.
Cool Toons (Japon): mangas japonais et personnages de BD.
Tejo Haas (Hollande), de Toon Hezemans.
Exposition d’auteurs libanais : Antoine Ghanem, Hani Baayoun
et Roni Saïd.
|
Portrait:
Rita Saab-Moukarzel,
personnalité centrale de la Bande
Dessinée au Liban
Côté pile, Rita Saab est une artiste qui a
grandi un dessin au bout de ses mots et de ses silences. Côté
face, Rita Saab-Moukarzel est une femme qui a mûri des projets,
aboutis au terme de combats qu’elle a menés, en tête de cortège
! Des bulles de BD au syndicat des professionnels du graphisme
et de l’illustration, difficile de mettre cette femme dans un
cadre. Elle a deux visages, Rita Saab-Moukarzel. Mais pile ou
face, elle reste animée par le même feu, une passion des choses,
des gens, des projets fous, voire impossibles à réaliser ; des
châteaux en Espagne qu’elle construit avec son angoisse, ses convictions
et cette volonté communicative. Avec bonheur aussi. Le visage
constamment souriant, optimisme affiché en toutes lettres et toutes
couleurs, même si, avoue-t-elle, « quelque part, je suis noir
ou blanc », cette « passionaria », comme la surnomment ses amis
et collègues, décoiffe, rien qu’en passant, rien qu’en parlant.
Plus encore, elle aime rire, tellement que lors d’une visite chez
le médecin, il lui a été demandé d’arrêter de rire pour savoir
où elle a mal ! Petit bout de femme animée par une extraordinaire
énergie, elle occupe l’espace sans jamais l’envahir, un espace
qu’elle sait truffer de dessins, de dialogues et de personnages
résolument positifs.
Pile
Côté pile, l’artiste, dans son bureau rempli de crayons
de toutes les couleurs, crayons mines, crayons bonnes
mines, qui sourient à leur tour, « j’en suis fascinée,
parfois, à contre-cœur, j’en pique un », la pièce ressemble
à l’atelier très ordonné d’une amoureuse du trait. Les
murs peuvent en témoigner, réchauffés d’illustrations
des « plus grands », maîtres et compères. Et son parcours,
surtout lorsqu’elle en parle, avec l’enthousiasme des
premières fois. « C’est ma mère, Yvonne Ghanem, elle-même
peintre, qui m’a inculqué le sens du détail. Je ne peux
arrêter que lorsque je suis sûre que chaque “vis” est
à sa place, même si personne d’autre que moi ne va la
remarquer. » Rita se souvient surtout de ces moments intenses
vécus à l’institut Saint-Luc de Bruxelles. Elle en ressort
avec plusieurs diplômes dont un diplôme en arts plastiques
et graphiques, avec une mention distinction, un diplôme
d’enseignement artistique supérieur du deuxième degré
et un diplôme en scénarios et storyboards, avec mention
grande distinction. Elle ramène surtout dans sa mémoire
qui n’a rien oublié des rencontres indélébiles, à Bruxelles,
celles de Hergé, «c’est comme connaître Dieu sur terre»,
et Franquin, et, plus tard, lors de son stage hollywoodien,
le grand Hanna-Barbera dont les dessins animés ont bercé
nos enfances. Sa première œuvre prendra le visage et le
nom de Nada, une série qui verra Nada petite fille, Nada
à Beyrouth, Nada plante son potager et Nada à l’usine
de chocolat. Un vrai succès. Depuis 1991, Nada attend
patiemment que Rita trouve le temps de lui redonner vie…
|
Face
Côté femme, adulte, mère, c’est la fondatrice et présidente
du syndicat des professionnels du graphisme et de l’illustration
au Liban, la présidente et directrice générale du Festival
international de la bande dessinée qui vous reçoit, en
tailleur et escarpins à talon. Mais il suffit qu’elle
se mette à parler pour que la graphiste tapie en elle
vienne la rejoindre. « Le syndicat, créé en 1996, a permis
de faire sortir de l’ombre cinq métiers méconnus : le
graphisme, l’illustration, la bande dessinée, la caricature
et l’animation ». Le festival international, également
né de son désir et de son énergie, confirme à chaque nouvelle
édition l’engouement des Libanais pour cet art. Rita,
qui n’a « pas le temps », rêve d’une année, « six mois
suffiraient», sabbatique où elle pourrait «faire une petite
œuvre». Car, elle tient à le souligner : « J’ai une sensibilité
d’enfant, même si je mène des choses qui ne sont pas du
domaine de la rêverie. Rien ne passe, tout me pénètre
et peut me secouer, comme un enfant peut être secoué.»
En attendant, elle monte un projet fou, encore un, sur
le thème de la mémoire collective de la guerre. Mais chut,
on n’en dira pas plus, Rita en reparlera bientôt. Et après
? sommes-nous tentés de lui demander. « Ce mot me bouleverse.
Il a toujours été à la base de beaucoup de choses.» Après,
ce petit bout de femme va nous emporter vers de grands
projets, dont la dimension ne lui fait pas peur. À suivre.
par Carla Hénoud- L'Orient-Le
Jour
|
|
Présentation
du Festival 2002
par l'Hebdo Magazine
Syndicat
professionnel des graphistes et illustrateurs au Liban.
Voilà
un groupement original dans le secteur culturel, présidée
par Mme Rita Moukarzel, dont l'objectif principal est d'organiser
le droit et la défense de la propriété intellectuelle et artistique.Une
initiative exemplaire dans un pays ou la copie et le plagia
ne sont pas si rares!! Saluons à cette occasion, le trimestriel
Libanais trilingue de la bande dessinée Zérooo
qui réunit les meilleurs talents du pays et qui démontre que
cette forme d'expression artistique et humoristique y fait la
part belle à la langue Française.
Liban
BD,
le site exclusivement consacré
à la place du Liban dans la Bande dessinée.Un
site thématique original et passionnant comme on les
aime! c'est une véritable base de données sur
le sujet, les amateurs seront comblés et les profanes
probablement ébahis...
La
BD au Liban,
une bonne page spéciale de synthèse
sur le sujet, dans le site BDLand...
et...
Rare...Tintin à
Beyrouth !
Histoire d'une parodie en 1984
BD
Libanaise en ligne pour la jeunesse avec
mais
aussi pour Adultes
Page encore en construction...
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2 ème Festival International
de la Bande Dessinée
Beyrouth du 20 au 24 Mai 2003
au Palais de l'UNESCO
l'Affiche du Festival
2003
«BD et dessins
animés », tel est le thème de la seconde édition du
Festival international de la bande dessinée, organisée
par le syndicat des professionnels du graphisme et de
l’illustration au Liban, en collaboration avec les missions
diplomatiques belge, canadienne, japonaise et française.
Rita Saab Moukarzel, présidente du syndicat
et directrice générale du festival, l’a annoncé hier,
au cours d’une conférence de presse tenue à l’hôtel
Le Gabriel, en présence des ambassadeurs : de Belgique,
Mme Françoise Gustin Hermans ; du Canada, M. Michel
Duval ; du Japon, M. Naoto Amaki ; ainsi que du conseiller
de coopération et d’action culturelle, directeur de
la Mission culturelle française, M. Frédéric Clavier
; du ministre de la Culture, M. Ghazi el-Aridi ; et
du président directeur général de Libancell, M. Hussein
Rifaï.
Au programme de ce festival, désormais
annuel : des projections de films, de courts-métrages
d’animation et de documentaires ; des conférences et
des expositions.
L’inauguration officielle aura lieu mardi 20 mai à 18h,
au palais de l’Unesco.
Le lendemain, mercredi 21, projections
de films dès 8h30 (voir encadré). Cette seconde édition
comporte également trois expositions de bande dessinée,
« dont celle en hommage à un grand artiste, Edgard Aho,
qu’on a perdu il y a deux mois et qui était un des pionniers
de la BD et de l’animation au Liban », a indique Mme
Moukarzel, en soulignant qu’on lui décernera à titre
posthume le grand prix de la ville de Beyrouth. Une
autre exposition est consacrée à un album édité par
le partenaire officiel du festival, LibanCell, et dont
le thème est « La BD et le cellulaire ». Par ailleurs,
les planches du concours scolaire et universitaire bénéficieront
également d’un espace d’exposition.
Quelques films
à voir
- Kirikou et la sorcière, de Michel Ocelot
(Belgique), sera projeté mercredi 21 mai à 8h30, jeudi
22 à 18h, vendredi 23 à 8h30 et samedi 24 à 14h.
- Asterix chez les Bretons (France) est au programme
du mercredi 21 à 11h et Asterix et la surprise de César,
samedi 24 à 16h.
- L’homme qui plantait des arbres, de Frédéric Back
(Canada), mercredi 21 à 18h et à 19h, jeudi 22 à 11h,
vendredi 23 à 19h et samedi 24 à 8h30.
- Parmi les films japonais, Taro the Dragon Boy, de
Miyoko Matsutani, mercredi 21 à 16h et samedi 24 à 18h
; Galaxy Express 999, jeudi 22 à 8h30. Et, à ne pas
rater, Barefoot Gen, de Nakazawa Keiji, jeudi 22 à 14h
et vendredi 23 à 11h.
Reste à souligner que des films
d’animation libanais sont prévus mercredi 21
à 13h30 et vendredi 23 à 13h30.
Conférences
– « La BD peut être éducative », de Rita Saab Moukarzel,
mercredi 21 mai à 12h.
– « Environnement et BD », par l’Ambassadeur du Canada,
M. Michel Duval, jeudi 22, à 11h.
Un festival annuel
Rappelons que la première édition du
festival s’est tenue exceptionnellement en octobre 2002,
dans le cadre du Sommet de la francophonie. Mais le
Festival international de la BD se tiendra désormais
chaque année au mois de mai. Avec pour thème les « Grands
festivals » pour les années paires et les « Éditions
spécialisées » pour les années impaires.
>>>
Le Festival 2003 vu par la Revue du Liban
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Retour sur...
1er Festival de la Bande Dessinée
du 2 au 6 Octobre 2002
Beyrouth-Centre-ville-BIEL
Pas moins de vingt espaces, créatifs et commerciaux,
exclusivement et pour la première fois au Liban, consacrés au
neuvième art, la bande dessinée, pour le festival qui débute
aujourd’hui et se poursuivra jusqu’à dimanche. Avec un tel programme,
c’est avec un enthousiasme non dissimulé que trois ambassadeurs
et un ministre (respectivement Philippe Lecourtier pour la France,
Françoise Gustin pour la Belgique, Michel Duval pour le Canada
et Ghassan Salamé, pour la Culture libanaise) ont inauguré hier
après-midi au Biel cette manifestation culturelle, placée sous
le thème du « Dialogue en bulles » et organisée par Rita
Moukarzel, présidente du festival. Il faut dire que la participation
de la France, de la Belgique et du Canada à ce premier festival
est importante. Les sept expositions réunissent à elles seules
les plus grands dessinateurs et leurs personnages, qui ont fait
le tour du monde à travers les albums : Janry et Spirou, Cosey,
Edgard Pierre Jakobs et le tandem Blake-Mortimer, Edika, Élie
Klimos et Morris et Lucky Luke. Outre les sept expositions libanaises,
consacrées à des créateurs bien sûr, mais aussi à des thèmes
comme le patrimoine, la publicité ou la génétique, les aficionados
de 7 à 77 ans pourront aussi rencontrer les dessinateurs (dont
Janry, le créateur du personnage de Spirou), suivre avec eux
des leçons de dessin, voir ou revoir des dessins animés des
studios Disney et des documentaires sur le neuvième art. Le
festival est ouvert au public aujourd’hui et demain de 10h à
20h30, et samedi et dimanche de 10h à 21h.
avec
la collaboration de
Zeina Abi Rached,
de la bédé en toute simplicité.
Pour Zeina Abi Rached,
21 ans, étudiante en cinquième année de publicité
à l’Alba, la meilleure catharsis consiste à se raconter au moyen
de petits dessins en cases et de personnages à bulles. « Cela
fait quelque temps déjà que je crée des bédés. Sauf que je les
garde d’habitude dans mes tiroirs. Je pars d’un texte que j’écris
sur une situation qui m’a marquée, ou qui m’inspire. Puis au
fur et à mesure, je dessine les images et je fais le découpage.
Je raconte le plus souvent des choses personnelles. » La bande
dessinée, on l’aura deviné, est son mode d’expression favori.
Et ça lui réussit. Puisqu’elle vient de remporter le concours
de jeunes talents organisé dans le cadre du 1er Festival international
de la BD à Beyrouth, pour son premier mini-album justement baptisé
Beyrouth catharsis et édité par l’imprimerie Naccache. C’est
Yvan Delporte (ancien rédacteur en chef de la revue Spirou et
scénariste des Schtroumpfs) qui lui a remis son prix en la félicitant
pour la sensibilité de son travail. Et, en effet, ce petit livret
d’une vingtaine de pages (à raison d’une planche par page),
qui se parcourt en deux minutes chrono, a ce je ne sais quoi
de plaisant. Simple, sans effets recherchés, avec tout juste
un dessin stylisé en noir et blanc, « parce que je trouve que
c’est le média le plus expressif pour ce genre d’histoire »,
souligne Zeina Abi Rached, Beyrouth catharsis relate la découverte
de l’auteur à l’âge de quatre ans de la notion de ville. Mais
aussi sa vision de la guerre. À travers l’histoire d’un mur
de sacs de sable, qui faisait de sa rue une impasse et au-delà
duquel, pour elle, il y avait la guerre. Une guerre floue, irréelle,
que la petite imaginait comme une sorte de western ou plutôt
de combats d’Indiens. Jusqu’au jour où, un beau matin, elle
s’aperçoit que le mur a disparu. Et par conséquent que sa rue
n’étant plus une impasse s’ouvrait sur un réseau d’autres rues,
pleines de vies et donc d’histoires.
Cette petite histoire joliment racontée « s’applique en fait
à toute personne qui était enfermée dans un huis clos et qui,
une fois sortie, commence à regarder autour d’elle en décrivant
les lieux et les personnages qui l’entourent », explique la
jeune bédéiste. Qui indique par ailleurs qu’à la base, cette
BD était un travail académique qui s’inscrivait dans le cadre
d’un atelier de recherche intitulé Chez moi chez toi. « Il s’agissait
de faire une création artistique s’articulant autour de la ville
de Beyrouth. Il fallait dériver dans la ville et découvrir des
endroits dans lesquels on se sent bien, qui nous ressemblent
et qu’on peut donc s’approprier facilement et parallèlement
trouver d’autres endroits hostiles et qu’on ne peut donc pas
s’approprier ». Et de poursuivre : « Moi j’ai déniché un mur
entre le Ring et le centre-ville, qui sépare une partie reconstruite
de la ville de l’autre qui ne l’est pas encore. En parlant aux
gens, en demandant à l’un des passants comment s’appelait cette
rue dans laquelle je me trouvais, j’ai eu droit à une réponse
incroyable. Il m’a dit textuellement : “Que t’importe le nom,
ici nous sommes à Beyrouth, tandis que là-bas c’est le Texas
”. Là, j’avais trouvé mon concept : Beyrouth-Texas, avec le
mur au milieu. Et à partir de ce point de départ, je suis passée
à la seconde phase du projet. À savoir, relier ce concept avec
ma propre expérience de la ville. C’est ainsi que je me suis
rappelé ce mur de sacs de sable qui bouchait ma rue, quand j’étais
petite, durant la guerre. Ce n’est qu’une fois le travail réalisé,
que je me suis rendu compte que, quelque part, ce mur était
dans ma tête. Ce projet m’a ainsi permis de l’exorciser. » Outre
le prix qu’elle a décroché, cette histoire sera sans doute le
point de départ d’une petite série sur le même thème, « la guerre,
etc. », que Zeina Abi Rached a l’intention de mettre en bulles.
« C’est comme si, avec cette petite aventure, j’avais ouvert
les vannes d’une catharsis. » En attendant de suivre ses prochaines
petites histoires naïves et pleines de sensibilité, les lecteurs
intéressés pourront se procurer son premier ouvrage à la Maison
du Livre. Au stand duquel, elle donnera d’ailleurs une séance
de signature, le samedi 9 novembre, dans le cadre du Salon Lire
en français et en musique 2002.
Le Liban en Bande
Dessinée !
dans la série Carnets d'Orient de Jacques Ferrandez
Aux éditions Casterman, la célèbre
maison d'édition de Tintin
>>> Les
Carnets d'Orient et Jacques Ferrandez aux Rendez-Vous BD d'Amiens
en Juin 2002
+
Sa
Biographie
Cette petite histoire joliment racontée « s’applique
en fait à toute personne qui était enfermée dans un huis clos
et qui, une fois sortie, commence à regarder autour d’elle en
décrivant les lieux et les personnages qui l’entourent », explique
la jeune bédéiste. Qui indique par ailleurs qu’à la base, cette
BD était un travail académique qui s’inscrivait dans le cadre
d’un atelier de recherche intitulé Chez moi chez toi. « Il s’agissait
de faire une création artistique s’articulant autour de la ville
de Beyrouth. Il fallait dériver dans la ville et découvrir des
endroits dans lesquels on se sent bien, qui nous ressemblent
et qu’on peut donc s’approprier facilement et parallèlement
trouver d’autres endroits hostiles et qu’on ne peut donc pas
s’approprier ». Et de poursuivre : « Moi j’ai déniché un mur
entre le Ring et le centre-ville, qui sépare une partie reconstruite
de la ville de l’autre qui ne l’est pas encore. En parlant aux
gens, en demandant à l’un des passants comment s’appelait cette
rue dans laquelle je me trouvais, j’ai eu droit à une réponse
incroyable. Il m’a dit textuellement : “Que t’importe le nom,
ici nous sommes à Beyrouth, tandis que là-bas c’est le Texas
”. Là, j’avais trouvé mon concept : Beyrouth-Texas, avec le
mur au milieu. Et à partir de ce point de départ, je suis passée
à la seconde phase du projet. À savoir, relier ce concept avec
ma propre expérience de la ville. C’est ainsi que je me suis
rappelé ce mur de sacs de sable qui bouchait ma rue, quand j’étais
petite, durant la guerre. Ce n’est qu’une fois le travail réalisé,
que je me suis rendu compte que, quelque part, ce mur était
dans ma tête. Ce projet m’a ainsi permis de l’exorciser. » Outre
le prix qu’elle a décroché, cette histoire sera sans doute le
point de départ d’une petite série sur le même thème, « la guerre,
etc. », que Zeina Abi Rached a l’intention de mettre en bulles.
« C’est comme si, avec cette petite aventure, j’avais ouvert
les vannes d’une catharsis. » En attendant de suivre ses prochaines
petites histoires naïves et pleines de sensibilité, les lecteurs
intéressés pourront se procurer son premier ouvrage à la Maison
du Livre. Au stand duquel, elle donnera d’ailleurs une séance
de signature, le samedi 9 novembre, dans le cadre du Salon Lire
en français et en musique 2002.
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