Nature
et Réserves Naturelles au Liban
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Bientôt
notre programme tourisitique d'une semaine au Liban sur le thème:
"
La Route des Cèdres"
Un séminaire
de la Mission laïque française
Le développement durable face à une pléthore de défis
Octobre 2005- Vu
les perspectives de plus en plus inquiétantes du réchauffement
planétaire et des défis écologiques de toutes sortes, la sensibilisation
à l’environnement et au développement durable acquiert une importance
accrue. C’est ce thème qui est abordé durant trois jours, du 5
au 7 octobre, lors d’un séminaire organisé par la Mission laïque
française, avec la participation d’éducateurs, et d’experts libanais
et français. La séance d’inauguration a eu lieu hier, à l’hôtel
Holiday Inn, en présence de l’ambassadeur de France Bernard Émié.
Le ministre de l’Environnement, Yacoub Sarraf, n’a pu s’y rendre
en raison de sa présence au Parlement. « La dégradation de l’environnement
est désormais reconnue comme l’une des menaces les plus sérieuses,
non seulement pour l’avenir de la planète et de ses ressources
naturelles, mais également pour la survie de l’humanité », a souligné
M. Émié, précisant que la France est activement impliquée dans
les débats sur ce domaine. L’éducation à l’environnement dans
le système éducatif français a été instaurée dès 1977, a-t-il
indiqué. M. Émié a ajouté qu’un récent état des lieux ayant montré
les limites de l’éducation à l’environnement telle qu’elle était
pratiquée, celle-ci avait été généralisée dès la rentrée 2004,
en France et dans les établissements relevant de l’Agence pour
l’enseignement français à l’étranger. « Je souhaite (…) que le
service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade puisse
élaborer, avec les établissements publics ou privés d’enseignement
libanais qui le souhaitent et le ministère de l’Éducation nationale,
un processus semblable d’engagement en faveur de cette éducation
à l’environnement pour un développement durable », a-t-il souligné.
Marianne Field, directrice générale adjointe de la Mission laïque
française, a souligné que le choix du thème avait été dicté par
le fait qu’il s’agit d’une préoccupation majeure mise en exergue
par le ministère français de l’Éducation nationale, mais aussi
« parce que cette problématique fait appel à une conception de
l’éducation qui est la nôtre », la Mission laïque ayant, « depuis
plus de cent ans, défendu les valeurs humanistes sur lesquelles
se fonde l’éducation de futurs citoyens responsables et engagés
». Quant au choix du Liban pour ce séminaire, il est dû aux «
liens particulièrement fraternels » avec ce pays, mais aussi en
raison du fait que le nombre d’élèves scolarisés dans les cinq
établissements de la Mission laïque au Liban représente non moins
de la moitié de l’effectif global de cette institution dans le
monde. Quelque 145 personnes sont inscrites à ce séminaire, le
troisième organisé au Liban, la plupart des professeurs et des
responsables pédagogiques, comme l’a expliqué Jean-Eudes Dunant,
proviseur du Lycée Verdun. Dix-neuf établissements, dont 12 écoles
homologuées et une officielle, sont représentés. L’inspecteur
général Gérard Bonhoure, qui a présenté le programme et les objectifs
du séminaire, a insisté sur les difficultés de l’éducation à l’environnement.
« Ce séminaire doit permettre de préciser des outils, d’identifier
des pratiques, bref de définir des éléments concrets pour que
chacun reparte avec des pistes de travail utiles et utilisables
», a-t-il dit. Ces difficultés commencent par la définition même
du développement durable et par sa transposition dans le cadre
des enseignements. M. Bonhoure a également précisé que la dernière
table ronde abordera « des questions fondamentales qui touchent
aux valeurs, au partage des valeurs, à l’éthique », parce que,
selon lui, « se placer dans une perspective de développement implique
un regard humaniste ». Une intervention particulièrement dense
de Gilles Pennequin, chargé de mission auprès de la Délégation
française à l’aménagement du territoire et à l’action générale,
a fait le tour des perspectives sombres de l’avenir si aucune
modification n’était réalisée dans le mode de vie moderne, et
énuméré les initiatives en vue d’un développement durable aux
niveaux international, européen et français. M. Pennequin a relevé
neuf défis essentiels qui se posent actuellement à l’humanité
: le défi démographique (une progression qui ne se dément pas),
le défi urbain (populations dans les bidonvilles), le défi alimentaire
(la population croît plus vite que le développement agricole),
le défi de l’équité sociale (les inégalités entre continents se
creusent), le défi sanitaire (l’accès à l’eau potable pour les
plus pauvres, la contamination chimique des êtres humains), le
défi écologique (protection des sols, de l’eau, des forêts…),
le défi énergétique (avec le pétrole et le gaz qui ne dureront
pas plus de quelques décennies, alors que l’économie est basée
sur ces matières), le défi climatique (et ses graves conséquences)
et le défi économique. Il a expliqué comment le développement
durable peut répondre à ces questions, considérant, dans une lecture
personnelle, que celui-ci doit se fonder sur un quintuple équilibre,
naturel, économique, social, écologique et spatial.
Suzanne BAAKLINI
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Al-Tilal,
un projet de développement du tourisme rural
Des formations pour professionnaliser les services
d’hébergement et encourager les initiatives privées
Les sessions de formation
se dérouleront au siège de l’institut de développement rural
et touristique al-Tilal à Maad, qui sera opérationnel fin mai.
Il accueillera des cycles de conférences pour sensibiliser les
décideurs et les populations à l’activité de al-Tilal.
Le
développement du tourisme rural : une idée qui commence à faire
son chemin au Liban.
Byblos, 20 Avril 2004- Encore timides il y a quelques années,
davantage d’initiatives privées se mettent actuellement en place
en milieu rural, histoire d’attirer les visiteurs locaux, les
étrangers de passage ou la diaspora libanaise en quête de ses
racines. L’institut de développement rural et touristique al-Tilal,
parrainé par l’Association libanaise pour le développement
et la culture (Aldec), organisation non gouvernementale,
ouvrira très prochainement ses portes dans le village
de Maad (caza de Jbeil). À partir de conférences et de sessions
de formations, il entend apporter un appui aux promoteurs de
projets touristiques en milieu rural et contribuer à la création
d’emplois dans ces régions, afin de freiner l’exode des populations
vers la ville. Le constat est consternant mais bien réel: il
n’existe aucun service touristique en milieu rural, carrément
pas d’hébergements décents et abordables, pas plus qu’une stratégie
gouvernementale de développement touristique des villages libanais.
Pour pallier cette carence, al-Tilal se fait fort désormais
de lancer la formation aux métiers touristiques en milieu rural.
C’est dans le cadre d’une série de conférences qu’a été exposé
le programme de formation d’al-Tilal. «Des séminaires et ateliers
de travail ponctuels seront, d’une part, organisés à l’intention
des décideurs, notamment les membres des municipalités, les
ONG concernées par le développement rural, les entreprises locales,
groupes et associations», explique Juliana Najem, membre du
projet. Les thèmes seront variés et concerneront le tourisme
sous toutes ses facettes, notamment la commercialisation ou
l’étude de faisabilité de projets touristiques, le marketing,
le management, la décoration et l’architecture d’établissements
ruraux, l’animation en milieu rural, la sensibilisation à l’environnement,
la promotion de l’héritage culturel ou la production artisanale.
Une source de revenus pour les familles «D’autre part, poursuit
Mme Najem, la formation d’al-Tilal s’adresse aux familles et,
plus particulièrement, aux femmes, afin de leur trouver des
opportunités de travail et de contribuer au développement de
leurs régions». Elles seront ainsi encouragées à se qualifier
dans les métiers de l’hébergement et de la restauration et auront,
au terme de leur formation, les compétences requises pour développer
de petites entreprises familiales d’hébergement. «L’objectif
majeur de cette formation, insiste Juliana Najem, est de professionnaliser
les services touristiques en milieu rural; initiative qui, d’une
part attirera les touristes, et d’autre part sera source de
revenus pour les familles». Dans cet objectif, les formations
porteront sur l’hospitalité, notamment l’accueil de la clientèle,
l’hébergement rural, le camping, l’hygiène, le service de blanchisserie,
les premiers secours, les loisirs, mais aussi sur la restauration,
comme l’élaboration de menus, la préparation de pique-niques,
l’emmagasinage de nourriture, le contrôle de qualité, le service
de table, l’hygiène alimentaire, etc. Des cours de langues,
d’informatique, de marketing touristique, de comptabilité, d’aménagement
d’un établissement touristique ainsi que d’histoire et de patrimoine
complèteront ces formations. Formations qui se dérouleront au
siège de al-Tilal à Maan et qui devraient débuter dès la fin
du mois de mai. «Quant aux tarifs de ces sessions, ils seront
très étudiés», remarque Mme Najem, ajoutant que l’Aldec, organisation
à but non lucratif, envisage d’établir des partenariats avec
les autorités locales et l’ensemble des décideurs afin de mettre
ces formations à la portée de la population locale. Le tourisme
que al-Tilal contribue à développer est un tourisme familial,
accessible à tous et qui ne nécessite pas de gros investissements.
D’ailleurs, selon les propos de l’économiste Roger Melki, l’entreprise
familiale présente des risques minimes car elle est petite.
C’est la raison pour laquelle il ne conseille pas l’emprunt
financier, mais l’évolution progressive et sûre du projet, qui
requiert plutôt de petits investissements étalés sur plusieurs
phases et qui donneraient des résultats à long terme. Des exemples
de réussite Nombre de petits investisseurs locaux, dont la réussite
peut être un exemple, ont d’ailleurs apporté leurs témoignages
lors des conférences. Ainsi Lidia Ghattas, Tony Germani, Walid
Salha et Bernard Abi Saab, repectivement propriétaires des projets
touristiques La Bastide B & B à Deir el-Qamar, Bzebdine Hidden
Valley Ranch à Bzebdine, Lodge Restaurant et Pub al-Fanar à
Tyr et Restaurant Fin Faim à Jbeil, ont mis l’accent sur l’importance
du choix de l’emplacement géographique du projet. Un choix qui
doit être fait à proximité d’un site touristique ou dans un
environnement naturel agréable. Ils ont, par ailleurs, insisté
sur la nécessité de planifier le projet et d’offrir à la clientèle
une prestation de qualité, ainsi qu’une grande variété de services.
Hormis l’hébergement et la restauration, certains proposent
des activités de plein air et des randonnées pédestres, alors
que d’autres offrent des promenades en bateau. Il est certes
indispensable de bien identifier la clientèle que l’on désire
accueillir. Ainsi, certains projets accueillent uniquement des
groupes d’adultes, tant locaux qu’étrangers, alors que d’autres
ciblent les écoliers et les familles. Certes, comme toute entreprise,
les petites entreprises familiales touristiques peuvent rencontrer
des problèmes et des difficultés. Le démarrage n’est pas toujours
facile, d’autant plus que ces projets, dont les budgets promotionnels
sont très limités, voire inexistants, réussissent généralement
grâce à la réputation qu’ils se forgent, au fil des années,
par le bouche-à-oreille. Quant à la standardisation et au contrôle
de qualité, nécessaires pour une tarification adéquate, ils
sont absents au Liban. «En effet, demandent les petits investisseurs,
quels sont les standards requis pour une auberge, ou pour un
logement chez l’habitant?» Par ailleurs, le petit entrepreneur,
au même titre que les employés, ne bénéficie d’aucune formation
adéquate; de plus le travail est souvent saisonnier et menace
la stabilité du projet. Les questions sont nombreuses qui hantent
encore les porteurs de petits projets en milieu rural, à savoir
le côté légal de leurs entreprises, le rôle des municipalités,
les problèmes de parking et bien d’autres encore. C’est à toutes
ces questions que tente de répondre l’institut de développement
rural et touristique al-Tilal par le biais de ses campagnes
d’information et de formation. L’initiative est louable, même
si elle nécessite encore une évolution des mentalités de la
population rurale. Juliana Najem, Nour
Farra, Roger Melki et Gretta Tawil sont les principaux instigateurs
de ce beau projet.
Anne-Marie
EL-HAGE
Hammana la verte, la séduction
en plus
Sortir
des sentiers battus, aller à la découverte de villages libanais
encore dignes de ce nom et qui offrent, l’espace d’une journée
ou d’un week-end, ce dépaysement tant recherché par les Beyrouthins
ou les touristes étrangers, à juste une demi-heure de Beyrouth.
Pourquoi ne pas tenter l’expérience? C’est à Hammana, village
du Metn-Sud, appartenant au caza de Baabda, que nous nous sommes
arrêtés cette semaine. Un village construit en pente dans le
creux des falaises de Jabal el-Knaissé, dont la fraîcheur, la
nature verdoyante, la vallée, la rivière, les toits rouges et
le calme ne peuvent que séduire. «Un des plus beaux coups d’œil
qui soit donné à l’homme de jeter sur l’œuvre de Dieu, c’est
la vallée de Hammana ». C’est en ces termes qu’Alphonse de Lamartine,
séduit par la beauté du village et de sa vallée, a décrit Hammana
dans son livre Voyage en Orient. C’était en mars 1833 et le
poète avait été, durant une quinzaine de jours, l’hôte des «mouqaddamins»
druzes du village, les Mezher. Les mouqaddamins étant, à l’époque
féodale, des dignitaires militaires haut gradés, qui régnaient
sur le village.
Promenade piétonne
Aujourd’hui, Hammana n’a rien perdu de son cachet traditionnel.
Des maisonnettes de pierre aux toits rouges, des peupliers qui
bordent les routes, un village qui descend dans la vallée en
pente douce, avec sa place (le midane), sa fontaine d’eau de
source (le haouz), son vieux souk aux arcades de pierre, ses
églises anciennes, son palais des Mezher et cet escalier qui
serpente à travers les habitations, passant devant les balcons
chargés de linge, les terrasses où jouent les enfants, les cuisines
où l’on prépare le repas, comme pour mieux s’imprégner des conversations,
des odeurs, des rires, des habitudes... le vieux Hammana tient
à ses racines, à son passé. Un passé que l’on a envie de respirer
à pleins poumons... même si le souk attend toujours d’être restauré.
Même si les khans en pierre de voûte, autrefois refuge des chameliers
de passage, tombent aujourd’hui en ruine ou sont utilisés par
leurs propriétaires comme parkings privés. Même si les magnaneries
ont été rénovées et transformées en écoles. Même si, çà et là,
le béton a fait son apparition et dénote quelque peu dans ce
paysage si harmonieux. Même si le « chaghour », cette région
touristique d’hôtels et de restaurants libanais situés en plein
air, sous les cascades de la source du même nom, au sommet du
village, n’a pas encore retrouvé sa gloire d’antan. Une petite
promenade piétonne s’impose au cœur du village. Derrière la
fontaine de marbre se dresse fièrement le palais des Mezher,
baptisé par les habitants palais de Lamartine depuis le séjour
du poète. Ce palais, construit quelque 700 ans auparavant sur
un pic rocheux, dominait alors le village. Nul ne pouvait le
surplomber, car le «mouqaddem» devait être installé plus haut
que ses sujets. C’était la coutume. Au fil des années, et après
l’incendie qui en a ravagé les deux vieilles bâtisses en 1860,
le palais des Mezher s’est agrandi et une troisième aile a été
construite. Cependant, aucun document ne le montre, tel qu’il
avait été bâti à l’origine. Aujourd’hui, chacune des trois ailes
a son cachet propre. Mais on y accède par une même cour et une
même porte principale, sur laquelle sont gravés deux lions enchaînés,
les armoiries de la famille.
Sur les pas de Lamartine
Les traces du passé sont cependant nettes, telles que décrites
par Lamartine : « Le château du cheikh de Hammana surpasse en
élégance, en grâce, en noblesse tout ce que j’avais vu dans
ce genre, depuis le palais de l’émir Béchir à Deir el-Qamar.
On ne peut le comparer qu’à un de nos plus merveilleux châteaux
gothiques du Moyen Âge, tels du moins que leurs ruines nous
les font concevoir, ou que la peinture nous les retrace. Des
fenêtres en ogive décorées de balcons, une porte large et haute
surmontée d’une arche en ogive aussi, qui s’avance comme un
portique au-dessus du seuil... ». Dans les appartements du «moqaddem»
Rachid Mezher, les traces du passage de Lamartine sont, elles
aussi, bien mises en valeur : au mur, la médaille à l’effigie
du poète offerte par l’ambassadeur de France, en 1933, à l’occasion
du centenaire du passage du poète, sur laquelle est gravé: «Ici
habita Lamartine en mars 1833». Sur une table, la première édition
du livre de Lamartine qui fut envoyé aux Mezher dès sa publication.
D’une bâtisse à l’autre, d’une pièce à l’autre, des armes anciennes
ayant appartenu à la famille, des meubles appartenant au passé,
un fourneau d’époque en fonte, ou un vieux chiffonnier qui servait
aussi de lavabo témoignent d’un mode de vie à l’ancienne, aujourd’hui
oublié. Les maîtres des lieux ont désormais des occupations
professionnelles : le «moqaddem» Rachid Mezher est juge et sa
cousine Zeina, consultante en affaires internationales, travaille
dans un organisme mondial. Mais la famille n’en reste pas moins
une référence politique et sociale, et les différentes ailes
du château, désormais leur résidence d’été, sont ouvertes aux
visiteurs, curieux de s’imprégner de ce passé glorieux. Il est
difficile de quitter ce palais et ses bâtisses si différentes
sans avoir envie d’en savoir plus. Mais les souvenirs se sont
estompés. Seules les pierres semblent avoir gardé les traces
du passé. Peut-être l’histoire fera-t-elle un jour revivre quelques
événements traversés par cette famille.
La fontaine, lieu de rencontre et point d’accès au vieux
souk, au palais des Mezher,
et à l’escalier qui serpente entre les habitations. (Photos
Hind Bou Assaf)
Activités,
sports et lecture pour les jeunes
La flânerie se poursuit entre les habitations. Au milieu des
dédales, les escaliers conduisent à une vieille église maronite,
Mar Romanos, la plus vieille de Hammana. Bâtie en 1732, en pierre
de taille brute, caractérisée par un plafond de pierres en arc
d’ogives, elle a été agrandie au XIXe siècle et s’est vue par
la suite dotée d’une coupole et d’une horloge. Elle a été restaurée
en 1999. Au même titre que son palais et sa vieille église,
Hammana tire une grande fierté du couvent du Bon Pasteur, classé
monument historique par la Direction générale des antiquités.
Cette ancienne filature est transformée en couvent en 1894,
lorsque les sœurs de la congrégation du Bon Pasteur s’installent
à Hammana. Des orphelines y sont alors hébergées. Au fil des
siècles, les constructions s’ajoutent et les activités se diversifient.
À la pierre brute ancienne s’ajoute une pierre de taille plus
raffinée, plus travaillée, ainsi que des préaux en ogives. Les
jeunes filles du village viennent y apprendre la couture. Le
catéchisme est aussi enseigné le dimanche aux enfants des villages
avoisinants. Aujourd’hui, outre les activités qu’elle propose
aux enfants du village, la congrégation prend soin des mères
célibataires et des jeunes délinquantes. Dans le jardin du couvent,
une Vierge miraculeuse veille depuis plus d’un siècle sur les
pensionnaires du couvent. Retour au présent, sur la place du
village. Non loin de là, cafés-trottoirs, restaurants et centres
d’attractions pour jeunes et moins jeunes accueillent les touristes
du Golfe, dont un certain nombre ont choisi Hammana pour destination.
Ils préfèrent le calme de ce village vert à l’agitation de Aley
et de Bhamdoun. Ici et là, des enfants jouent, avec leurs parents,
au billard ou à divers jeux électroniques. Une bibliothèque
municipale de 9500 ouvrages, dans les trois langues, est même
mise à la disposition des habitants et des visiteurs. Elle a
été offerte à la localité par un citoyen de Hammana, Claude
Michel Zoghzoghi, et porte le nom du défunt Najib Abou Haïdar,
ancien ministre et maire de Hammana. Mais Hammana la verte n’entend
pas s’arrêter là. Les idées ne manquent pas pour transformer
ce village encore ignoré des visiteurs en un lieu de villégiature
prisé autant des touristes du Golfe que des Libanais. Les belles
falaises qui surplombent le village, la rivière qui en jaillit
sont désormais exploitées par des professionnels de la montagne
et de la randonnée, Lebanese Adventure, dont l’un des organisateurs,
André Béchara, originaire du village, est soucieux d’initier
les amateurs de sensations fortes, petits et grands, aux joies
du camping, de l’escalade, du rappel et du canyoning. Ces activités
sont désormais centralisées à partir de l’hôtel Chaghour Hammana
qui rouvre ses portes ce week-end, après de nombreuses années
de fermeture. Hammana a tout pour séduire. Il ne manque plus
que les vacanciers et les promeneurs pour rendre à ce village
bien libanais l’âme que la guerre et la destruction lui ont
trop longtemps confisquée.
Comment arriver au village
Hammana est situé au centre du Liban et culmine à 1230 mètres
d’altitude. À 30 kilomètres de Beyrouth, 7 km de Aley et 16
km de Chtaura, le village est facile d’accès. À partir de Beyrouth,
la route la plus rapide est celle de Damas, qui passe par Jamhour,
Aley et mène à Hammana, à travers la nouvelle autoroute de Damas,
ou à travers Sofar et Mdeirej. Il est aussi possible de s’y
rendre par Monteverde, en prenant la route de Qortada, Ras-el-Metn
et Deir el-Harf, avant d’atteindre Hammana. Pour le retour,
ceux qui se rendent au Metn, à Baabdate ou Broummana peuvent
emprunter la route de Falougha, un village célèbre pour ses
fontaines, la porte de sa municipalité, qui date de la période
ottomane, et qui est aujourd’hui classée, ainsi que ses vieilles
églises. Un passage à Salima s’impose, avant de rejoindre Aarbanyé
puis Baabdate. Le sérail et la place d’armes datent du XVIe
siècle, mais ont souffert de la guerre. Quant au village, il
regorge de demeures traditionnelles, de fontaines, de magnaneries
et de vieilles églises. On y trouve même un sanctuaire druze.
Encore peu habité et marqué par la destruction et l’exode, le
village de Salima a fait l’objet d’études de l’Apsad et de Patrimoine
sans Frontières.
Il est préférable de s’y rendre en compagnie de personnes du
village, afin d’avoir accès aux sites intéressants.
Le défi d’Antoine Yammine, président
de la municipalité:
Redonner à la localité sa place touristique d’antan
Près de 9000 Libanais habitent Hammana, actuellement, durant
l’été, alors qu’environ 10000 touristes du Golfe, principalement
des Koweïtiens, y ont élu domicile, pour la saison estivale.
«Mais cela ne suffit pas, remarque Antoine Yammine. Ces touristes
passent la nuit à Hammana mais se rendent, les journées et les
soirées, à Bhamdoun ou Aley». «Notre but, précise-t-il, est
de développer l’infrastructure touristique du village afin d’encourager
les visiteurs à y passer plus de temps». Une infrastructure
qui doit prendre en considération le zoning qui limite la construction,
protégeant ainsi le village du béton et des immeubles qui gâchent
le paysage.
Où loger et se restaurer
Les hôtels rouvrent progressivement leurs portes à Hammana.
Aujourd’hui, deux hôtels d’une soixantaine de chambres accueillent
les touristes: l’hôtel Hammana Plaza et l’hôtel Valley View.
Dès le week-end prochain, le Chaghour Hammana, adoptant la formule
B&B, rouvrira ses portes, organisant des activités, à travers
Lebanese Adventure, aux adeptes de camping, de randonnées, d’escalade
et de canyoning. Quelques restaurants et cafés proposent des
snacks ou des mezzés libanais, notamment Amaretti Café, Sidewalk,
Kasr el-Wadi et Aïn el-Hassa, alors qu’une boîte de nuit, le
Blue Gate, attire la jeunesse jusqu’à une heure avancée de la
nuit.
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Les
réserves naturelles au Liban
Le
Liban compte 8 réserves naturelles classées: 6 forêts
et 2 sites marins qui conjuguent une grande beauté et une remarquable
biodiversité mais qui, pour la plupart, ne bénéficient pas encore
d'un vrai programme de gestion faute de financement adéquat.
En voici la liste, en partant du Nord vers le Sud :
Karm
Chbat (Akkar, Liban-Nord)
Dernière née des réserves naturelles au Liban, Karm Chbat vient
d'être créée par décision ministérielle.
Les
îles des Palmiers (Tripoli, Liban-Nord)
Ce groupe de petites îles au large de Tripoli ne sont plus habitées,
mais des restes de poterie, un puits d'eau fraîche, d'anciennes
salines et une église construite au temps des croisés sont les
preuves de la colonisation humaine passée. On y accède en bateau
(30') à partir de Mina. Le site est formé de 3 îles : Sanani
(4 ha), Ramkine (1,6 ha) et l'île des Palmiers (20 ha). La réserve
a été proclamée "zone méditerranéenne spécialement protégée"
dans le cadre de la Convention de Barcelone, et "zone importante
pour les oiseaux" par " Birdlife ". Les belles plages des îles
sont un lieu de ponte pour les tortues de mer. Les phoques-moines,
espèce très menacée, recommencent à visiter le site et pourraient
s'y rétablir un jour. Certaines parties de la réserve sont ouvertes
au public durant l'été. Mais le reste de l'année, elle redevient
un sanctuaire pour les merveilles de la nature.
Horch
Ehden (Liban-Nord)
Cette typique forêt méditerranéenne à plus de 1500m d'altitude
détient la palme de la biodiversité. Les cèdres y côtoient les
sapins de Cilicie, les genévriers et les chênes de toutes sortes...
Ce site de plus de 1000 ha, dont quelque 450 boisés, comporte
1030 espèces végétales (40% de toutes les espèces trouvées au
Liban) dont 10 endémiques du site, 100 dont le nom porte l'adjectif
"libanais ", 75 plantes médicinales et 39 espèces d'arbres (dont
les derniers pommiers sauvages au Liban). Il compte aussi 26
espèces de mammifères, 157 espèces d'oiseaux, 300 de champignons,
200 de reptiles.
Forêt
de cèdres de Tannourine (Liban-Nord)
Tannourine n'est rien moins que la plus grande forêt de cèdres
qui reste au Liban (1205 ha). Réserve naturelle depuis 99, la
forêt de Tannourine bénéficiera bientôt d'une aide du PNUE qui
permettra d'y instaurer un système de gestion et de contrôle
ainsi q'une infrastructure adéquate pour l'accueil des visiteurs.
Ce site a longtemps souffert des attaques répétées d'un insecte
inconnu jusqu'alors, et qui a représenté une menace très sérieuse
pour la vie des arbres. Les campagnes de pulvérisation menées
par le ministère de l'Agriculture en collaboration avec la FAO
ont porté leurs fruits, mais le phénomène reste largement inexpliqué
et la crainte de voir resurgir l'insecte ravageur n'a pas disparu.
Le
Jurd ou Jord de Yammouné (Baalbeck, Békaa)
La région de Yammouné est principalement formée d'une zone aride,
parsemée de genévriers très anciens qui constituent sa particularité.
Une autre caractéristique de cette réserve de 2100 ha environ,
sont les poissons endémiques du Liban, les " Phoxinellus libani
", devenus extrêmement rares, que l'on trouve dans ses cours
d'eau.Nous y consacrons dans cette rubrique un reportage détaillé.
Pinède
de Bentaël (Byblos, Mont-Liban)
Sur les hauteurs de Byblos, à quelques coudées de la mer, la
pinède méditerranéenne typique de Bentaël occupe 228 hectares
d'un versant très incliné. Si elle n'a été classée réserve naturelle
qu'en 1999, elle n'en constitue pas moins la région protégée
la plus ancienne du Liban, car c'est en effet depuis 1981 que
les habitants de la région ont entamé une initiative populaire
de protection de leur belle forêt. Un bel exemple de sensibilisation
écologique collective. Faute de programme de gestion et de financement,
cette réserve ne bénéficie d'aucune infrastructure pour l'accueil
des visiteurs
Le Site web du
Parc de Bentael, en Anglais
Cèdres
du Chouf (Mont-Liban)
De toutes les réserves du Liban, celle des cèdres du Chouf (plus
de 15 000 ha) est la plus vaste. C'est également celle qui bénéficie
de la meilleure infrastructure pour l'accueil des visiteurs
: sentiers de différents niveaux de difficulté, bureau d'information,
panneaux explicatifs, petit musée, centre culturel pour les
jeunes, vente de produits du terroir… La réserve des cèdres
du Chouf constitue la limite sud de la présence du " Cedrus
Libani " dans le monde. Elle comporte six forêts principales
dont trois particulièrement remarquables: Barouk (400 ha), Maasser
Echouf (6 ha) et Aïn Zhalta (100 ha). On y a recensé 200 espèces
d'oiseaux dont 19 en danger, 26 espèces de mammifères dont 6
menacées, 524 espèces végétales dont 32 portent l'adjectif "
libanais ", 160 espèces d'arbres dont 6 en voie de disparition,
30 endémiques du Liban et plus de 60 caractéristiques des pays
de la région.
Plage
de sable de Tyr (Liban-Sud)
Le classement de la plage de sable de Tyr (1998) a sauvé de
l'urbanisation massive l'une des dernières belles parties du
littoral libanais. Mais si le danger du béton a été écarté,
cafés, parkings et divers types de déchets prolifèrent le long
de la plage… La réserve de Tyr est un sanctuaire pour les oiseaux
migrateurs. Elle compte plusieurs espèces endémiques et elle
abrite un grand nombre d'animaux en danger comme la tortue de
mer qui, heureusement, esquisse un retour sur ce site. Dans
le prolongement de la plage se trouve la fameuse source de Ras
al-Aïn, utilisée pour l'irrigation depuis l'époque des Phéniciens.
On y trouve encore des piscines romaines. À l'endroit où l'eau
douce rejoint l'eau de mer, une zone très riche en espèces marines
s'est développée.
Notons
enfin un autre site, les marécages de Ammick, qui se
trouve à proximité et dont le classement en réserve naturelle
est dans... l'air depuis longtemps, mais il attend le vote de
la nouvelle loi qui permettra la protection des propriétés privées.
Ce site est d'une importance internationalement reconnue (notamment
par la Convention Ramsar pour les zones humides, par " Wetlands
International " et par " Birdlife "), non seulement pour sa
grande beauté ou pour le fait qu'il contienne les seuls marécages
restants du Liban et du Proche-Orient, mais parce qu'il constitue
un passage obligé pour un grand nombre d'oiseaux migrateurs.
Avec le concours de Toufic Abichaker
|
Carte
des Réserves Naturelles et Zones Protégées au Liban
cliquez sur la carte - texte en Anglais -
Un
projet de vacances ou de séjour d'écotourisme au
Liban?
Al
Jord - Réserve privée, à découvrir:
Le
Hermel et son jurd, nouvelle destination écotouristique,
avec ses activités sur l’Oronte et un camp dans les hauteurs
Il y a peut-être
encore à faire, mais le Hermel (Békaa) s’oriente peu à peu vers
le développement écotouristique, avec l’Oronte fréquenté par les
amateurs de rafting et du canoë-kayak, et le jurd, dont une partie
est devenue la destination des campeurs et des randonneurs. Notamment
depuis qu’un projet spécialisé, qui en est à sa deuxième saison,
s’y est installé. Sans compter les restaurants de truite sur le
fleuve, appréciés des touristes. La région, avec sa nature si
particulière et encore préservée, et l’hospitalité de ses habitants,
possède un potentiel touristique important, et constitue à n’en
pas douter une destination attachante. Au nord-est de Baalbeck,
la longue route plate qui traverse la plaine de la Békaa (entre
les deux chaînes de montagnes bien visibles) mène au Hermel, à
condition de ne pas rater le virage à gauche, au niveau du carrefour
de « Mahattet Ras Baalbeck » (station de Ras Baalbeck). Avant
d’arriver à la ville proprement dite, deux tournants à gauche
après s’être engagé dans la bifurcation du Hermel, il faut de
nouveau prendre sa gauche pour se retrouver dans un sentier qui
mène vers Aïn el-Zarqa (la source bleue), qui est l’une des principales
sources de l’Oronte, un endroit charmant où l’eau fraîche jaillit
des rochers. C’est là que se trouve Deir Mar Maroun, une grotte
où saint Maron aurait vécu en ermite au VIe siècle. Il est possible
de monter jusqu’aux grottes pour les visiter. Quelque deux kilomètres
plus loin sur la route principale, le Hermel se profile à l’horizon.
Seul sur une colline désertique (à quelque dix minutes de là)
se dresse le drôle de monument devenu une caractéristique incontournable
de la région, le « Qammouh » du Hermel. On suppose qu’il s’agit
d’un monument funéraire érigé à la mémoire d’un roi datant de
la période hellénistique ou romaine, mais il n’existe aucune certitude.
Ses parois sont ornées de scènes de chasse. Il faudrait compléter
les fouilles archéologiques dans le pourtour du monument afin
de parfaire la recherche historique et de définir son statut exact.
Il est fascinant de se tenir debout près de l’édifice et de promener
son regard sur les alentours : c’est alors qu’on se rend compte
que le lieu a été minutieusement choisi jadis par les constructeurs,
puisque le « Qammouh » surplombe tout le Hermel, nous donnant
l’impression de nous trouver au beau milieu d’un désert. Il faut
se féliciter que, jusqu’à présent, aucune construction n’est venue
ajouter une pollution visuelle tout à fait inutile à cet endroit
perdu dans le temps et l’espace, et qui donne une touche de mystère
et d’exotisme à cette étendue de terre aride. Mais la négligence
ne l’a pas épargné et beaucoup de « visiteurs » y ont inscrit
leurs noms sans vergogne.
Cascades artificielles
L’une des principales attractions de la ville reste cependant
l’Oronte et les restaurants qui le bordent. Ceux-ci servent des
repas traditionnels pour des prix allant de 10 à 15 dollars. Leur
spécialité est la truite d’élevage qu’ils présentent au client
(celui-ci peut aller choisir ses poissons dans le bassin, à moins
de trouver cette tradition particulièrement cruelle) cuisinée
de diverses façons. Vers la fin de cette chaîne de restaurants
sur l’Oronte se trouvent les cascades de Dardara, créées artificiellement
il y a longtemps, et devenues aujourd’hui une attraction touristique.
À ce niveau du fleuve, outre les restaurants, on trouve des chalets
à louer et un hôtel. Dans la ville de Hermel, pas d’hôtels, et
ce pour une raison très particulière. « Les habitants de notre
région ne conçoivent pas que des étrangers résident dans un hôtel,
leur sens de l’hospitalité très poussé les incite à leur proposer
de séjourner chez eux », explique Ismaïl Chahine, enseignant de
français dans la ville et président de l’Association culturelle
du Hermel. Selon lui, la contrée n’a que trop souffert d’une réputation
non méritée d’hostilité aux étrangers, qui a longtemps éloigné
les touristes. « Aujourd’hui qu’ils sont revenus, nous recevons
des échos très positifs », affirme-t-il. « Bien que le Hermel
n’offre pas encore beaucoup d’attractions, il est jugé comme très
attachant par les visiteurs. Ainsi, il n’est pas rare qu’ils reviennent
volontiers y passer une journée ou y séjourner. » La proximité
de l’Oronte, ce fleuve rebelle, le seul dont le cours va du sud
au nord, vers la Syrie, n’apporte pas seulement la fraîcheur et
le clapotis agréable de l’eau, mais est devenu depuis quelques
années un lieu de loisir. En effet, des sociétés d’écotourisme
organisent des descentes de rafting ou de canoë-kayak sur le fleuve,
avec encadrement et matériel. Ce sport fait de plus en plus d’adeptes,
mais certains se plaignent des déchets visibles dans l’eau, en
raison de la proximité des restaurants. Une politique écologique
efficace serait sans doute de rigueur pour protéger le fleuve.
Un camp à 2100 mètres
Les groupes qui se dirigent vers le Hermel et qui veulent passer
plus de temps dans la région ont la possibilité de revenir vers
Baalbeck ou vers Zahlé, évidemment, où un grand nombre d’hôtels
et de restaurants les attendent. Les écotouristes ont cependant
une autre option, celle de se diriger non plus vers la plaine,
mais vers les hauteurs du Hermel, qui rejoignent les cazas du
Akkar et de Sir Denniyé. Là s’étend une région depuis peu quasiment
inaccessible et certainement inconnue du public, aujourd’hui théâtre
d’un projet appelé « al-Jord », écotouristique par excellence.
Une association entre de jeunes investisseurs, notamment Nadim
Zakhia, Jean-Pierre Zahar et Hiba Hajj, et des propriétaires terriens
de la région, Ali et Hussein Mounjed Allaw, a donné naissance
à un projet alliant rusticité, confort et préservation de la nature
: des tentes en peau de chèvre ou en coton, avec des lits surélevés
ou à même le sol, ou des sacs de couchage, des douches dotées
d’un système thermique solaire pour le chauffage de l’eau, des
sanitaires, des lavabos, un système d’épuration de l’eau... À
part cela, pas d’électricité ni de réseau cellulaire, le dépaysement
total, en d’autres termes. Ce projet avant-gardiste, qui s’étend
sur 400 000 mètres carrés, à 2100 mètres d’altitude en moyenne,
est géré par la société al-Jord. Son caractère écotouristique
et respectueux de la nature est surveillé de près par l’association
écologique Mada, fondée par les créateurs du camp en vue de devenir
de plus en plus indépendante de la société, et de demeurer l’œil
vigilant, veillant à la préservation d’une région à la beauté
sauvage et unique. De nombreuses activités en plein air attendent
les visiteurs, la principale étant les randonnées. Celles-ci peuvent
durer plusieurs heures sur plus d’un circuit, dans un domaine
de 200 kilomètres carrés. Les paysages sont changeants et excessivement
beaux, passant du jurd proprement dit, où la végétation est parsemée
mais très riche pour qui se donne la peine d’y prêter attention,
aux forêts de cèdres en pente forte, situées plus bas. À ne pas
rater : la vue saisissante du Wadi al-Jehanem (la vallée de l’enfer),
un site naturel impressionnant de grandeur. Il est possible également
de consommer un café ou un thé, préparés à l’ancienne, chez l’une
des familles passant l’été dans la région.
Produits du terroir
Outre les randonnées, effectuées avec un guide, plusieurs activités
sont proposées aux visiteurs dans la cadre du projet : cerf-volant,
promenades à dos d’âne, varape et rappel (escalade de falaises),
observation des étoiles, jeux de boule et pétanque, palette...
Les plus paresseux peuvent simplement jouir du climat agréable
et de la vue des montagnes (qui forment une continuité avec Kornet
el-Saouda, le plus haut pic du Liban), participer à des jeux de
société, passer une soirée au feu de bois... Des journées à thème,
pour l’écoute de la musique, par exemple, sont parfois organisées.
L’un des objectifs du projet est de prouver la rentabilité de
l’écotourisme pour les investisseurs mais aussi pour les populations
locales. Déjà, des produits du terroir sont vendus dans le cadre
du camp, « moins cher que sur le marché et avec plus de bénéfices
pour l’agriculteur », assurent les responsables. L’association
Mada prévoit la création prochaine d’une unité de production avec
un financement de l’ambassade de France. Un autre budget, provenant
de l’Agence de développement suisse, sera consacré à la protection
et au reboisement de la forêt. Un week-end ou un séjour plus prolongé
est idéal pour des groupes ou des familles, à la recherche d’un
peu de calme et de dépaysement. L’idée du projet est née, il y
a quelques années, du coup de foudre d’un groupe de jeunes pour
une région dont ils ne soupçonnaient pas la beauté. Aujourd’hui,
ce sont les visiteurs qui, souvent, sont transportés par les paysages
et l’expérience de la vie rustique. Un projet à découvrir avant
la fin de la saison, qui s’achève vers fin octobre ou début novembre,
quand le froid s’installe.
Un patrimoine négligé par les officiels
Les vestiges archéologiques ne manquent pas dans le Hermel, mais
ils souffrent de la négligence officielle et sont exposés à tous
les vandalismes, comme le constate amèrement Ismaïl Chahine. Celui-ci,
apparemment très attaché à sa région, dresse un triste bilan des
sites quasiment laissés à l’abandon. À commencer par le « Qammouh
», qui a subi de nombreux dégâts au cours des années, et qui attend
toujours les fouilles nécessaires pour la révélation de sa vraie
identité. La grotte de Saint-Maron, elle aussi, a urgemment besoin
de travaux d’entretien. Des années de dégâts irréfléchis et de
fouilles improvisées ont laissé leurs traces sur cet important
site religieux et culturel. Par ailleurs, sur l’Oronte, après
les cascades de Dardara, en route vers la Syrie, se trouvent d’autres
cascades, créées artificiellement vers 400 après J-C, appelées
« Sadd Hayra ». L’objectif de l’installation était l’irrigation
des hautes terres. D’anciennes pierres sont toujours visibles,
mais le site est méconnu. Brissa, sur la route du jurd, fief de
la famille Nassereddine, présente l’avantage d’être un village
entièrement archéologique. En effet, une église byzantine s’y
trouve toujours, et les maisons sont bâties avec des pierres antiques
obtenues sur place. Il était question de fouilles avant la guerre,
mais le projet ne s’est jamais concrétisé. Un peu plus haut, se
trouvent deux stèles de Nabuchodonosor, situées sur les deux côtés
d’une même route. Elles sont dans un état d’abandon lamentable,
selon M. Chahine. Il peut arriver également de voir des sarcophages
sur les bords des routes, livrés à leur triste sort. Par ailleurs,
souligne M. Chahine, « le Hermel a été classé région touristique
par décision ministérielle, mais aucune infrastructure appropriée
n’y a été installée, d’où le fait que seules des initiatives privées
y ont vu le jour ».
Détails pratiques
et adresses utiles
Pour
mieux organiser une journée dans une région aussi éloignée
que le Hermel, mieux vaut disposer de quelques numéros
de téléphone utiles. Ainsi, les amateurs de rafting peuvent
contacter l’une des trois sociétés qui organisent ce genre
d’activités : André Béchara de la Lebanese Adventure au
03/628319, ou Houssam Aldani de la Wild Water Adventure
au 03/580535. La troisième, Sport Nature, est une association
dont les bénéfices vont au développement des sports de
canoë-kayak et de rafting (elle assure une formation dans
les deux activités).
Le contact est Ali Awada, qu’on peut appeler au 03/678398,
et les internautes peuvent consulter le site suivant :
www. slck.org.
Sport Nature, qui fait partie de la Fédération libanaise
de canoë-kayak, offre des possibilités de séjours un peu
plus prolongés : on peut, pour 45 dollars, passer la nuit
dans des cabanes en bois aménagées, dîner et déjeuner
le lendemain matin, et pratiquer le sport durant la journée.
La descente de rafting est à 20 dollars, un prix standard
qui comprend matériel et encadrement, affiché par toutes
les sociétés, mais Sport Nature offre la possibilité d’acquérir
une carte mensuelle de kayak à 10 dollars, qui permet
de pratiquer ce sport autant de fois qu’on le veut. Pour
20 dollars par an, on peut également obtenir une carte
de réduction de 30% sur toutes les activités, ainsi que
sur l’entrée à certains endroits comme la réserve de Afqa,
par exemple. Il faut savoir que ce genre d’activités se
pratique douze mois sur douze.
Pour passer une nuit ou plus au Hermel, les touristes
peuvent louer un chalet ou une chambre d’hôtel, dans le
projet des cascades de Dardara, situé sur l’Oronte. Les
chalets sont à 25 dollars la nuit pour deux personnes,
et 40 dollars pour quatre. Une suite (chambre avec salon
et salle de bains) est louée à 35 dollars la nuit. De
grands groupes peuvent réserver des dortoirs à 10 dollars
par personne. Pour plus d’informations sur le projet des
cascades de Dardara (qui offre des services de rafting
avec l’une des sociétés), il suffit d’appeler à l’un des
numéros suivants : 03/828880, ou 03/861670. Il existe
également un autre hôtel sur le fleuve. Pour ce qui
est du projet al-Jord, la pension complète varie entre
28 et 40 dollars par jour, avec des prix spéciaux pour
les enfants de moins de cinq ans, les enfants de 5 à 12
ans et les groupes. Ce prix comprend le transport en 4X4
d’une localité appelée Marjhine (à une demi-heure du Hermel)
jusqu’au camp (afin d’éviter la circulation trop dense
sur les terres du projet), la nuitée et les trois repas
(boissons non comprises). À signaler que les mets proposés
sont typiques de la région (parfois inconnus des citadins),
préparés le plus souvent possible à partir de produits
récoltés ou achetés localement, et, ce qui ne gâte rien,
succulents. Pour les activités, il faut compter près de
trois dollars par personne. Pour plus d’informations,
appeler le 03/648963 ou le 03/235303, ou consulter le
site Internet :
www.aljord.com. Il ne faut pas oublier qu’à 2100 mètres,
le froid est généralement intense la nuit. Des vêtements
chauds et des chaussures de marche, pour les randonneurs,
sont absolument indispensables. Les tentes sont fabriquées
en peau de chèvre ou en coton, avec des murs de pierre
sur certains côtés. Elles sont bien équipées, chauffées
à l’aide de poêles à charbon et éclairées par des lampes
à gaz. Les lits sont dotés d’une literie complète.
Suzanne BAAKLINI - Septembre
2003
|
Visite de la première
réserve naturelle du Akkar
Gazelles, flamants roses et produits
du terroir dans le cadre enchanteur
du village de Beyno (Beino).
Blanc,
rouge et vert. Beino (prononcez Beyno), village du Akkar, a
réussi à préserver son cachet traditionnel avec ses maisons
aux pierres blanches et aux toits rouges, ses champs et ses
forêts. Ici, grâce à l’initiative du vice-Premier ministre,
Issam Farès, originaire de la localité, une réserve naturelle
a vu le jour. Une réserve toute verte où des animaux domestiques
et sauvages, des oiseaux et des poissons se côtoient. Un espace
qui a été judicieusement embelli par la création d’un lac artificiel.
Et pour encourager les Libanais à se rendre au Akkar afin de
se ressourcer dans cette belle nature, un petit motel, comportant
plusieurs bungalows individuels, assure un séjour tout confort.
«Dahr nos el-Aali». C’est ainsi que les habitants de la région
appellent communément l’espace transformé en réserve. Beyno
(entre 550 et 750 mètres d’altitude) est à 130 kilomètres de
Beyrouth et 48 kilomètres de Tripoli (soit environ deux heures
de voiture à partir de la capitale). On y accède par la route
principale reliant Tripoli au chef-lieu du Akkar, Halba, en
passant par les villages de Edbel et Dahr Nassar. La réserve
est un espace de 200000 mètres carrés où poussent des chênes,
des cyprès et des oliviers, ainsi que des plantes rares. Certains
arbres ont été plantés tout récemment, mais le choix de ces
nouvelles pousses a été effectué en conformité avec l’environnement
de la région. Pour protéger la zone des chasseurs, des vandales
et des animaux sauvages, une enceinte en béton de deux mètres
de hauteur ceinture la réserve. Ainsi, des espèces nouvelles,
qui étaient éteintes ou en voie de disparition, vivent désormais
à Beyno. Tel est le cas, notamment, des gazelles disparues du
Liban depuis plus de 70 ans en raison du comportement des braconniers,
des lièvres qui se reproduisent rapidement dans la réserve,
des écureuils dont 70 ont été laissés en liberté hors de l’espace
protégé, des chèvres et des hérissons. Plusieurs espèces de
volatiles ont également été introduites dans la réserve : les
perdrix, devenues rares au Akkar (actuellement plus d’un millier
de perdrix vivent dans l’espace protégé et plus de 600 autres
ont été libérées dans les forêts avoisinantes), des faisans,
des pigeons de tous les genres, des flamants roses, des cailles,
des dindes blanches et des poules. La réserve a été convenablement
équipée pour recevoir tous ces animaux. Des spécialistes, dont
un vétérinaire, sont sur place pour s’occuper des quadrupèdes
et des volatiles.
Des jardins enchanteurs
L’un des responsables de la réserve,
Fakhr Jreij, explique que « la création de la réserve vise à
réintroduire des espèces éteintes ou en voie de disparition
au Akkar . Elles sont en danger du fait de la négligence ou
de l’inconscience de certains responsables qui ne font rien
pour lutter contre la chasse, la déforestation et les incendies
», dit-il. La réserve produit toutes sortes de produits laitiers
ainsi que du miel. Des ruches ont été installées à l’intérieur
de l’espace protégé, où les engrais chimiques et les fertilisants
sont prohibés. À la réserve de Beyno, le consommateur a droit
uniquement à des produits naturels. L’espace a également été
spécialement conçu pour recevoir des promeneurs qui peuvent
sillonner de charmants sentiers. Au sud de la réserve, un lac
artificiel, d’une capacité de 80 000 mètres cubes, a été construit.
Durant l’été, le lac est alimenté par un puits artésien. Diverses
espèces de poissons d’eau douce ainsi que des canards et des
oies y vivent. Les rives du lac artificiel ont été aménagées
pour accueillir les visiteurs de nuit comme de jour. Non loin
de là, de petits jardins, où poussent des fleurs multicolores,
des pins, des chênes et des saules, offrent un spectacle enchanteur.
Ce lac n’a pas seulement été construit pour des considérations
esthétiques, mais aussi pour aider les agriculteurs à irriguer
les terrains voisins. Grâce à des techniques modernes, le lac
a été pourvu de canaux spéciaux capables d’emmagasiner l’eau
de pluie et de réduire les risques d’inondations. Le président
du conseil municipal de Beyno, Fayez Jreij, relève que son village
« avec sa nature et ses maisons traditionnelles a, de tout temps,
inspiré les peintres et les poètes . Ce projet d’écotourisme
qui a vu le jour dans notre localité devrait attirer des visiteurs
de tout le Liban », souligne-t-il. Le déplacement vaut d’autant
plus la peine que d’autres sites voisins méritent d’être visités
: les chutes et la citadelle croisée de la localité, la plus
ancienne du caza, Akkar el-Atika (située à 7 kilomètres de Beyno),
les forêts de Kammouah (à une dizaine de kilomètres de la réserve)
; le vieux sérail ottoman du village voisin de Barj … Et pour
rendre la visite encore plus agréable, de petits restaurants
montagnards (notamment à Beit Mallat et Rahbé, sans compter
Beyno) offrent des repas libanais complets à des prix variant
entre 10 et 15 dollars par personne.
Des bungalows tout confort
Le développement que connaît Beino et les secteurs voisins depuis
quelques années a encouragé le retour des familles originaires
de la localité qui vivaient à Beyrouth ou à l’étranger, souligne
Fayez Jreij. Ces habitants viennent passer des week-ends ou
une partie de leurs vacances d’été dans la région. Certains
d’entre eux ont entrepris de restaurer leurs maisons anciennes
ou de construire de nouvelles habitations tout en respectant
le cachet traditionnel de leur village. Ghassan Hani a vécu
35 ans à l’étranger avant de rentrer définitivement à Beyno,
son village natal. Il y a entamé un ambitieux projet qui ne
manquera pas de donner un élan certain au tourisme interne dans
la région : la construction de 30 bungalows dans un centre baptisé
« L’auberge du chasseur ». Six de ces bungalows ont été achevés.
D’une superficie de trente mètres carrés, ils sont entièrement
équipés et offrent tout le confort nécessaire (télévision, cuisine,
ameublement). Ils peuvent être loués pour le week-end ou la
semaine à un prix défiant toute concurrence : 30 dollars la
nuitée pour le bungalow (où peuvent loger quatre à cinq personnes).
La beauté de la nature, le calme et la sérénité, la douceur
de vivre dans son village, en sus évidemment de la réserve naturelle,
ont poussé Ghassan Hani à effectuer un retour aux sources. Autant
de facteurs qui devraient aussi inciter nombre de Libanais,
en quête de dépaysement, à venir découvrir cette région un peu
trop méconnue.
|
Comment
accéder à Yammouné, où séjourner, numéros
utiles...
De par son emplacement, Yammouné
n’est déjà pas banale. La vallée entourée
de montagnes est située, selon le découpement administratif,
dans trois mohafazats : la Békaa, le Mont-Liban et le
Liban-Nord. Par conséquent, on y accède par de nombreux
chemins et elle peut être incluse dans plus d’un circuit
intéressant. Du côté nord, elle est bordée par une autre
réserve, celle de Tannourine. Venant des Cèdres, on
peut donc emprunter la route de Hadeth Jibbé-Tannourine,
pour rejoindre Yammouné par une route non asphaltée,
mais facile. Une autre route, asphaltée celle-là, est
celle qui passe par Aynata, également du côté nord.
Par le Mont-Liban, on peut traverser par Aqoura (hauteurs
de Jbeil) pour atteindre Yammouné, ou par Afqa, en passant
par Hadeth Baalbeck et Chlifa, où il y a les restes
d’un temple romain. Le chemin le plus facile serait
cependant celui qui passe par Baalbeck. Plusieurs kilomètres
après la ville, sur la route qui se dirige vers le Nord-Ouest,
vous verrez un panneau qui indique la bifurcation de
Yammouné, à gauche. Il suffira alors de suivre les signalisations.
Sa position centrale fait de Yammouné une destination
qui peut être incluse dans divers circuits susceptibles
de durer plus d’une journée. À Yammouné même, il y a
un hôtel qui porte le nom de la vallée (où l’on peut
louer une chambre pour un prix moyen de 20 dollars et
manger des mets traditionnels), et il y a possibilité
de dresser un campement pour la nuit. Mais l’on pourrait
aussi résider aux Cèdres, à Baalbeck, ou à Laqlouq par
exemple. Yammouné, avec ses nombreux atouts, forme en
effet une continuité culturelle avec les cèdres millénaires
de Bécharré et les imposantes ruines romaines de Baalbeck.
Il est possible également, en reprenant la route principale
de Baalbeck, de pousser vers le Nord jusqu’au Hermel.
Ceux qui veulent découvrir Yammouné, récolter des informations
supplémentaires, organiser des randonnées à l’avance
ou s’approvisionner en produits naturels de la région
peuvent appeler Nasser Chreif au 08/310095.
|
Un
poisson, vrai trésor national
Qui aurait dit que la principale particularité du site
serait... un poisson ? Le Thuxinallus libani est endémique
du Liban et de la vallée. Identifié par un scientifique
français en 1900, ce poisson doré était connu et consommé
des populations locales, surtout qu’il est riche en
iode bien qu’il s’agisse d’une espèce d’eau douce. On
l’avait cru disparu avant qu’il ne refasse son apparition.
Aujourd’hui, selon M. Chreif, ce trésor national est
à l’abri de la pêche, les habitants ne voulant pas risquer
de provoquer son extinction. Les amateurs de la faune
peuvent donc faire la connaissance de ce poisson rare.
Avec le temps, des activités d’observation des oiseaux
pourraient aussi être organisées, vu que Yammouné est
un point de repos pour de nombreuses espèces d’oiseaux
migrateurs, et un lieu de résidence pour des dizaines
d’autres volatiles. M. Chreif affirme qu’il organise
des sorties dans la nature pour des scientifiques étrangers,
mais pourrait faire de même pour les touristes. Il rappelle
que le site est enneigé en hiver et parfait pour des
activités comme le ski de fond. « Mais si les touristes
veulent vraiment vivre des moments uniques, je leur
suggérerais de monter jusqu’aux cimes au moment du crépuscule
», dit-il. « Là, ils verront un coucher du soleil unique,
avec une vue qui s’étale de la Békaa jusqu’à la mer.
» Moins poétiquement, les visiteurs peuvent désormais
s’approvisionner en aliments traditionnels naturels
et en plantes médicinales, selon M. Chreif. Il précise
qu’il a créé une coopérative à cette fin et a obtenu
un permis d’exploitation et de vente des plantes à but
thérapeutique.
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Liste
des sociétés libanaises d’écotourisme
Si vous êtes tentés
par l’idée de passer une journée au sein de la nature,
voici une liste des principaux clubs et sociétés d’écotourisme
:
• La Lebanese Adventure : 03/360027, 03/214989. Site
web : www.lebanese-adventure.com
• Liban Trek : 01/390790, 03/390790.
• Cyclamen : 03/218048 (randonnées à la carte).
• Ecoclub Bécharré : 03/832060 (randonnées dans la région
de Bcharré). Site web : www.ecoclub-becharre.org
• Le Club des vieux sentiers : 01/203988, 03/464919.
• Wild Expedition : 03/293210. E-mail : wildex@cyberia.net.lb
• La réserve d’Afqa-Mnaïtra : 03/633644 (dans la réserve
et ses alentours). Site web : www.lareserve.com.lb
• Ibex : 01/216299, 03/731629.
• Club P’AV : 03/240456. E-mail : pavrsito@yahoo.com
|
Dolomite
Trekking Competition
Le Mzaar Sporting Club organise, en collaboration avec la Maison
du ski, des compétitions de marche en montagne (trekking) dans
la région de Ouyoun el-Simane – Kfarzebiane.
Peuvent y participer les hommes, les femmes, les vétérans, les
juniors et les enfants.
Total des dénivelés : 200 mètres, longueur du circuit : 10 km.
Le départ aura lieu à 9h à partir de La Cabane-Wardé.
Pour plus d’informations et pour les inscriptions, appeler aux
03/681931
(Robert Akiki), 09/958203.
Équipement nécessaire à
la Randonnée
Aller à l’aventure dans
une randonnée signifie bien s’équiper. Le randonneur
a besoin :
– d’une paire de bottes de marche ;
– d’un short ou d’un pantalon, ce dernier est plus pratique
surtout si le circuit est semé de ronces ;
– d’un chapeau pour éviter les coups de soleil ;
– de lunettes solaires ;
– d’un écran solaire ;
– d’un coupe-vent ;
– d’une gourde ;
– et bien sûr d’un bon casse-croûte.
Astuces et conseils
Pour éviter les malaises
et les ampoules aux pieds au cours de la marche, les
spécialistes conseillent aux randonneurs : – de ne pas
entamer la journée à jeun et de prendre un bon petit
déjeuner ;
– d’enfiler toujours une paire de chaussettes bien moulantes
en polypropylène au-dessous d’une autre paire bien grosse.
En général les ampoules apparaissent si les pieds frottent
contre les bottes ou si ces dernières ne sont pas adaptées
à la marche. Quand on porte deux paires de chaussettes,
elles frottent l’une contre l’autre et protègent ainsi
les pieds ;
– de mettre du talc dans les bottes car il aspire l’humidité
;
– de mettre un sparadrap sur l’ampoule.
|
Notre Dossier
Randonnées à Douma
Les randonnées revêtent
souvent
un aspect culturel.
Des sites comme celui du
Temple Romain de Niha, dans la Bekaa font souvent partie
de l'itinéraire du randonneur libanais
|
Des centaines de grottes et de gouffres à explorer
au Liban:
La spéléologie
:
sensations fortes, découvertes et respect de la nature
Pourquoi
décide-t-on d’explorer les entrailles de la terre ?
Peu importe la raison et l’issue de l’exploration, puisque
le spéléologue est mû par une véritable passion et une
curiosité scientifique à toute épreuve. L’aventure,
le sport, les découvertes archéologiques, l’exploration
de la nature souterraine, les sensations fortes: la
spéléologie réserve de nombreuses joies aux amoureux
des profondeurs abyssales, notamment ceux qui ont conclu
un pacte tacite avec la nature, celui de la préserver
en toute circonstance, quel que soit le vertige de la
découverte.
L’histoire
de la spéléologie au Liban Celle-ci
commence par la découverte exceptionnelle de la grotte
de Jeita par un certain Thompson, en 1836. L’exploration
de la grotte a été poursuivie par des équipes américaines
et françaises, jusqu’à ce que, en 1940, un Libanais,
le premier, Lionel Ghorra, s’intègre à l’une d’entre
elles. Et ne tarde pas à former et à diriger une première
équipe libanaise en 1946. Une initiative qui ménera
à la fondation du Spéléo Club du Liban (SCL) en 1951.
La tradition de la spéléologie est lancée, et d’autres
clubs se formeront au fur et à mesure. En 1975, à la
veille des hostilités, quelque 350 grottes avaient déjà
été explorées. Si les sorties sur le terrain n’ont pas
été complètement interrompues durant la guerre, la discipline
ne devait connaître un nouvel essor qu’avec l’avènement
de la paix. Ce sport n’est « pas plus dangereux qu’un
autre si l’on respecte les règles et qu’on maîtrise
la technique », estiment ceux qui le pratiquent. Mais
il s’agit certainement d’une activité qui requiert une
formation solide. Cette formation, les nouveaux venus
peuvent l’acquérir dans le cadre d’un des clubs spécialisés.
Chaque club a sa méthode particulière, bien que l’apprentissage
de la technique soit la base obligée. Mais ce qui transparaît
à travers nos contacts avec des responsables de clubs,
c’est que ceux-ci laissent le temps aux nouveaux venus
de s’adapter à l’ambiance particulière du sport, et
sondent leur aptitude à respecter la nature. « Nous
conseillons à une personne qui s’intéresse nouvellement
à ce sport de venir assister à nos réunions, puis de
nous accompagner dans l’une de nos sorties, en spectateur
», explique Badr Gédéon, présidente de l’Association
libanaise d’études spéléologiques (ALES), fondée en
1994. « Pour notre part, nous observons ses réactions
sur le terrain, ses comportements dans la nature, son
aptitude à participer à la vie d’équipe, une nécessité
absolue en spéléologie. Si tout va bien, c’est tant
mieux. Si nous remarquons que cette personne a la propension
de détruire la nature, nous lui laissons le choix entre
modifier son comportement et renoncer à son intention
de se joindre à nous. » « Notre objectif est de causer
le moins de dégâts possibles dans les sites naturels
souterrains », souligne Hugues Badawi, président du
SCL. « C’est ce principe que nous inculquons aux nouveaux
venus. Il nous arrive même de délimiter des chemins
dans les grottes afin que les spéléologues qui nous
suivent marchent dans nos pas sans s’aventurer dans
d’autres directions. » Quant à l’entraînement technique,
il consiste surtout à apprendre à utiliser de manière
adéquate les cordes et les ficelles, et à devenir de
plus en plus autonome sous terre. Durant la formation,
les cours théoriques précèdent les sorties sur le terrain.
« On peut devenir un bon spéléologue en une saison »,
précise la présidente de l’ALES. « Après une certaine
étape, on initie la personne à la photo. D’ailleurs,
les films souterrains sont un nouveau domaine dans lequel
se lance l’ALES.
Une activité multidisciplinaire
Mais que recherche-t-on dans l’exploration du monde
souterrain ? Il y a quelques décennies, c’était surtout
la découverte de nouvelles grottes et l’aventure qui
tentaient les spéléologues. Aujourd’hui, l’intérêt scientifique
prime. « Un spéléologue doit avoir des connaissances
dans beaucoup de domaines », estime M. Badawi. « Il
faut savoir interpréter les phénomènes géologiques,
avoir des notions d’histoire, d’archéologie, d’hydrologie,
de biologie, insiste Badr Gédéon. La culture générale
en sort très renforcée. » La spéléologie, c’est avant
tout la passion de la découverte. Interrogé sur les
découvertes les plus exaltantes en matière de grottes,
M. Badawi précise que « chacune est sensationnelle parce
que chaque grotte possède une caractéristique que d’autres
n’ont pas ». Peut-on espérer de nouvelles découvertes
? « Il y en aura toujours », estime Badr Gédéon. « Le
matériel dont nous disposons aujourd’hui n’est pas celui
qui était utilisé il y a trente ans. Les mêmes sites
se révèlent autrement, et pourraient recéler des secrets
supplémentaires qui ne seront accessibles qu’aux générations
futures, qui sait ? D’autant plus que certains sites
qu’on croyait entièrement fouillés nous réservent encore
des surprises. » Elle parle d’une grotte nouvellement
mise au jour par son équipe dans la vallée de Hamatoura,
à Kosba. Appelée « grotte de la liberté », elle s’est
avérée être un site archéologique important, et est
actuellement fouillée par l’ALES et la Direction générale
des antiquités (DGA). Les poteries trouvées datent de
l’âge du bronze. Quel pourrait être le facteur de risque
dans la pratique de la spéléologie ? « En plusieurs
décennies, nous n’avons eu que quelques blessés très
légers, se souvient M. Badawi. Par conséquent, ce n’est
pas plus dangereux que de conduire une voiture. Il s’agit
cependant de ne pas se lancer dans des prouesses inutiles.
» Qu’en est-il des personnes un peu trop aventurières
? « Ce n’est jamais un bon signe, parce qu’une personne
qui n’a pas peur pour sa sécurité ne craint pas pour
celle des autres, explique Badr Gédéon. Or, c’est par
excellence un sport qui se pratique en équipe et dans
le cadre duquel il faut maîtriser parfaitement la technique.
» Le facteur de risque peut se trouver augmenté lorsque
des groupes décident de pratiquer la spéléologie hors
du cadre des clubs organisés, parfois sans formation
suffisante. Cela se passe assez souvent aujourd’hui,
même si on n’a heureusement pas encore signalé d’accidents
graves. Cependant, il faut savoir que la SCL et l’ALES
ont tous deux des membres spécialisés dans les secours
sous terre, ayant suivi une formation adéquate. Les
spéléologues – ils sont de 100 à 150 à pratiquer ce
sport régulièrement aujourd’hui, selon les estimations
des personnes interrogées – explorent toutes les régions
du Liban. Une passion aux mille facettes qui ne les
quitte pas facilement, puisque, même après avoir fondé
une famille, beaucoup d’entre eux reviennent respirer
l’air des grottes avec leurs enfants !
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Promenades
et déjeuners au bord de l’eau dans la réserve naturelle
de Yammouné,
une mini-Békaa à découvrir au milieu d'un cirque de
montagnes.
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La
première image qui viendrait en tête de quiconque aperçoit
la vallée de Yammouné au détour d’un virage est probablement
celle d’une perle dans son écrin. Avec ses points d’eau,
ses champs agricoles délimités par des peupliers géants,
ses maisons parsemées, la région est d’une beauté qui
vous prend à la gorge, s’étalant là, devant vous, inattendue,
comme une mini-vallée de la Békaa entourée de montagnes.
Foyer d’une nature riche, de vestiges archéologiques
non encore entièrement fouillés, de lacs et de cours
d’eau qui confèrent de la fraîcheur à l’atmosphère,
de petits cafés, la vallée de Yammouné est un lieu de
promenade et de tourisme hors du commun. Ce n’est pas
pour rien que Yammouné est classée « réserve naturelle,
scientifique et culturelle » depuis 1998. Après la première
impression de beauté qui s’impose à l’œil dès la descente
de montagne, on ne peut que remarquer la diversité des
paysages et des couleurs. À la steppe des hauteurs succède
une végétation plus colorée, puis les contrastes des
récoltes et de la surface chatoyante de l’eau dans la
vallée. L’eau est en effet l’élément dominant de cette
vallée isolée géographiquement, celui qui a souvent
façonné son histoire. C’est la richesse hydraulique
qui a rendu cette contrée si fertile, continuellement
habitée et traversée par les différentes cultures et
civilisations. Comme par coïncidence, c’est dans l’eau
que se retrouvent aujourd’hui les ruines d’un temple
romain, probablement d’origine phénicienne, consacré
à la déesse Astarté (l’équivalente de l’Aphrodite grecque
ou de la Vénus romaine). Aujourd’hui, les seuls vestiges
visibles sont deux pans de murs d’une salle portant
le nom de la déesse. Le bassin et les cours d’eau continuent
de jouer un rôle prédominant dans la vie des habitants
et le potentiel touristique de la région, même si le
niveau de l’eau a bien baissé depuis qu’elle est acheminée
vers d’autres localités pour l’usage domestique. Mais
cela devrait s’arranger avec la construction du barrage
de Yammouné, qui ramènerait le fameux bassin à sa splendeur
passée. Les visiteurs peuvent toutefois dès aujourd’hui
profiter de cette nature hospitalière, avec ses sentiers
qui invitent à la promenade, qu’ils soient asphaltés
ou en terre. Les amateurs de randonnées peuvent se choisir
des itinéraires faciles (de 10 à 20 kilomètres) ou des
promenades laborieuses mais intéressantes dans les montagnes.
Il est même possible, pour les stakhanovistes de la
marche, de pousser aussi loin qu’aux Cèdres de Bécharré,
vers le Nord. L’eau a également favorisé la naissance
de plusieurs petits cafés qui servent des mets traditionnels,
et souvent des truites d’élevage. On peut y manger à
prix très raisonnables, tout en gardant à l’esprit le
fait que les moyens de bord sont rudimentaires. Et ce
n’est pas la seule option : pour renouer avec une tradition
oubliée, économique et pratique, on peut se rendre à
la vallée avec son repas tout prêt. Plusieurs cafés
louent leurs tables sans obliger le client à se servir
de la nourriture préparée dans leur cuisine. Il n’est
pas rare non plus de trouver des familles entières en
train de pique-niquer près de l’eau, si fraîche qu’on
y place les boissons et les pastèques afin de les refroidir.
L’un de ces groupes, venu de Baalbeck, rencontré près
d’un ruisseau, affirme que la population est hospitalière,
et que la maîtresse des lieux a permis à tous de s’installer
à l’ombre des arbres sur sa terre, pour passer une journée
agréable avec les enfants. Il ne faut cependant pas
oublier que la vallée et les montagnes qui l’entourent
sont classées réserve naturelle, et que pour cette raison
comme pour beaucoup d’autres, les activités récréatives
ne devraient pas empiéter sur la nécessité de préserver
la propreté et la biodiversité des lieux.
Une statue de Minerve déterrée
Amoureux de sa région natale, Nasser Chreif (tous les
habitants de Yammouné sont de la même famille), est
intarissable sur les plaisirs que procure une visite
de la vallée et des montagnes qui l’entourent. Si c’est
lui qui s’occupe aujourd’hui le plus activement du développement
d’une gestion de la réserve, il pense que le classement
du site n’est que trop naturel. Selon lui, la première
tentative de protection de cet écosystème exceptionnel
date de... 134 après Jésus-Christ, quand l’empereur
Hadrien a interdit l’abattage des cèdres, des sapins
de Cilicie et des genévriers sur le site. Il est plus
que probable que l’empereur romain agissait ainsi pour
servir ses intérêts (il l’a fait dans d’autres régions
du Liban), mais il n’en reste pas moins que les cèdres
et les sapins de Cilicie ont disparu du site, et qu’il
ne reste de ces trois espèces que les genévriers. M.
Chreif assure que des efforts de reboisement et de réintroduction
des arbres disparus est en cours. « La richesse culturelle
du site est remarquable, souligne-t-il. Il n’y a pas
très longtemps, une statue de Minerve, aujourd’hui placée
à Baalbeck, a été découverte. D’une taille à l’échelle
humaine, elle est nue et se tient debout sur deux lionnes.
» Mais les caractéristiques les plus remarquables du
site restent ses atouts naturels, selon ce taxonome.
« Le bassin de Yammouné est le plus élevé du Moyen-Orient,
à 1500 mètres d’altitude », explique-t-il. Le point
le plus haut, appelé Dahr el-Adib, culmine à 3048 mètres.
« Il existe chez nous pas moins de quatre micro-climats
qui abritent une biodiversité considérable. De 1800
à 3000 mètres, par exemple, on trouve des plantes européennes,
plus particulièrement alpines. Au Nord-Est, la végétation
est formée d’espèces qu’on trouve dans le désert de
Syrie, comme l’Artémisia herba-alba. De 1500 à 1800
mètres, ce sont les plantes méditerranéennes. À Yammouné,
on trouve pas moins de quatre espèces de genévriers
et plus de 300 plantes médicinales, qu’on étudie actuellement
en collaboration avec l’AUB. »
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En
même temps que Tannourine et Bentaël
Yammouné a été classée réserve naturelle le 31 octobre
1998, en même temps que la cédraie de Tannourine (Liban-Nord)
et la pinède de Bentaël (Jbeil). Dans cette contrée
au climat rude - il y fait particulièrement froid en
hiver - on a longtemps cultivé le haschich, mais depuis
son interdiction, c’est surtout des champs de tournesols
et de pommes de terre qu’on y trouve. Selon Nasser Chreif,
sont inclus dans la réserve tous les terrains publics
dans la vallée et dans les montagnes environnantes.
Il raconte que les habitants ont pu être hostiles au
classement du site au début, mais qu’ils sont conscients
aujourd’hui de l’importance de restaurer à la région
sa splendeur naturelle. Sur le versant d’une montagne,
on est surpris de voir des travaux, et l’on se prend
à s’inquiéter de la présence d’une éventuelle carrière.
Pas du tout, affirme M. Chreif, il s’agit d’un stade
construit par le Hezbollah. Les drapeaux du parti flottent
d’ailleurs à l’entrée du village. Quant aux pâturages,
ils sont limités à certains endroits, selon M. Chreif.
Il affirme également que la chasse illégale n’y est
pas pratiquée.
Suzanne
BAAKLINI - Août 2003
|
Les randonnées,
ou la nature à pied
Depuis
près de cinq ans, période à laquelle les sociétés d’écotourisme
ont commencé à foisonner, la conception des activités
de plein air a beaucoup évolué. « D’un sport sélectif,
plus ou moins confidentiel, l’écotourisme s’est transformé
en une activité généralisée, mais qui continue à toucher
principalement les personnes sensibles à la nature et
à sa beauté, qui désirent découvrir des régions intactes
du pays », indique André Béchara, un des fondateurs
de la Lebanese Adventure. La randonnée est une balade
à pied dans la nature, dont le but peut être le sport,
la découverte ou la détente, mais aussi le savoir. «
Le côté culturel est indissociable du côté sportif,
insiste M. Béchara. Nous organisons souvent des randonnées
à thème qui mêlent l’histoire locale aux us et coutumes.
» Les excursions vinicoles, à titre d’exemple, ou encore
celles ethniques ou en rapport avec les plantes médicinales.
Au menu de ces clubs et sociétés figurent de même les
randonnées alternatives, « qui consistent à passer une
nuit chez l’habitant et à aider les autochtones dans
leur travail quotidien », indique M. Pascal Abdallah,
de la société Cyclamen. Ainsi, ils se retrouvent en
train de labourer la terre, traire les vaches et les
brebis, etc. « Cet aspect des randonnées est surtout
prisé par les touristes étrangers, note Serge Soued,
un des fondateurs de la Lebanese Adventure. C’est un
retour à la terre, aux sources. » Mais un grand travail
reste à faire auprès des villageois. « Nous leur faisons
valoir le bénéfice qu’ils peuvent tirer d’une telle
activité et l’enrichissement que cela peut amener à
la région, indique-t-il.
Choix
des circuits et degrés de difficulté
La majorité des sociétés d’écotourisme propose un programme
hebdomadaire, les dimanches en général. D’autres organisent
des sorties « à la carte », selon le choix des estivants.
En ce qui concerne les circuits à suivre, ils sont en
général situés dans des régions montagneuses, à des
altitudes assez élevées. « Pour choisir un circuit,
nous faisons une reconnaissance préalable de la région
en nous basant sur une carte d’état-major », révèle
M. Béchara. « Nous cherchons à montrer la beauté de
la région choisie et parfois même nous insistons sur
le moins beau, pour sensibiliser les gens à l’écologie
et à l’environnement », renchérit M. Soued. Après tout,
à chaque médaille son revers, et le « Liban vert » qu’on
a tellement chanté se transforme en dépotoir, dans des
montagnes éventrées par les carrières, et le plus souvent
en béton. « Il est démoli sur le plan écologique et
environnemental », déplore Serge Soued. Dans certains
clubs et sociétés, les circuits sont choisis par les
guides. Jusqu’à présent, tous les villages du Liban
ont été presque couverts, hormis le Sud. Que vous soyez
sportif, débutant ou amateur, à chacun son circuit.
Les randonnées sont en fait classées faciles, moyennes
et diffiicles, suivant le total des dénivelés, l’altitude,
la longueur de l’itiniéraire et la nature du terrain.
« Les randonnées faciles sont en général accessibles
à tout le monde, notamment aux enfants âgés de 8 ans
et plus, explique M. Soued. Les randonnées de niveau
moyen présentent quelques difficultés au niveau des
dénivelés et de la nature du terrain. Quant aux randonnées
difficiles, elles sont principalement destinées aux
professionnels et aux sportifs. » « Les excursions de
niveau moyen sont les plus fréquentes, car elles peuvent
être effectuées par des personnes moyennement sportives
qui recherchent surtout le dépaysement et l’activité
physique, poursuit Serge Soued. Sans soublier le caractère
social que revêt la marche. Les gens viennent pour se
faire aussi de nouvelles amitiés, sachant que la moyenne
d’âge des randonneurs est de 35 ans. Mais nous recevons
aussi dans nos groupes un grand nombre de personnes
du troisième âge (60 ans et plus). En général, cette
catégorie de gens
est motivée par la marche. Elle est de même très bien
entraînée. »
Les
randonnées en chiffres
En général, les rassemblements pour les sorties se font
très tôt le matin (entre 7h30 et 8h, selon la société
organisatrice) et les retours s’effectuent en fin d’après-midi.
Pour les randonnées au crépuscule, les départs sont
fixés à 15h. Et les prix ? Ils varient entre 10 000
et 105 000 LL selon la société organisatrice, la durée
de l’activité (une journée ou un week-end avec nuitée
et repas chez l’habitant), les services compris (assurance,
transport, guides, repas) et le nombre de membre d’un
groupe. Dans certaines sociétés, « les guides ont le
droit de refuser un randonneur s’ils le jugent incapable
de tenir jusqu’au bout, comme l’explique une responsable
au Club des vieux sentiers. « De même, nous refusons
d’accompagner des adolescents de moins de 18 ans, à
moins qu’ils n’aient une autorisation écrite de leurs
parents. » « L’écotourisme devient une mode au Liban
et les clubs et sociétés fleurissent un peu partout,
confie André Béchara. Cela prouve que la nature reprend
enfin ses droits et le plein air suscite l’engouement.
Il existe néanmoins un aspect négatif à cette pléthore
de sociétés, celui des compagnies qui travaillent sans
avoir l’expérience nécessaire. Dans la majorité des
cas, il s’agit de jeunes, fervents de la nature, qui
ne respectent pas toutes les normes de sécurité. L’écotourisme
est un travail de longue haleine. Il exige des expertises
culturelles et techniques et bien sûr le feu sacré.
» Envie d’un changement ? Surtout ne vous prélassez
pas dans votre lit, les dimanches. Car 8h passées, les
retardataires risquent de rater une bonne occasion d’évasion
et un bol d’air frais.
Nada MERHI
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Spéléologie
au Liban (Suite...)
Une
formation solide acquise auprès de professionnels Pour
obtenir une bonne formation à la spéléologie, il faut
rejoindre l’un des clubs et pratiquer cette activité
avec des professionnels. L’acquisition d’un savoir-faire
technique (pour l’exploration de grottes ou de gouffres)
est évidemment primordiale, mais celle d’une attitude
propice à l’esprit d’équipe et au respect des sites
naturels ne l’est pas moins.
Le Spéléo Club du Liban (SCL) offre aux nouveaux
venus la possibilité de suivre une formation, sans contrepartie
financière excepté une cotisation de 15000 LL par sortie.
Une fois que les paiements atteignent le seuil des 100000
LL, ce qui équivaut à la cotisation annuelle des membres,
l’amateur participe gratuitement aux activités. Au bout
de deux ans, s’il est persévérant, il devient membre
du club. Pour contacter le SCL, il suffit de consulter
son site Internet : www.spéléoliban.com.
L’Association libanaise d’études spéléologiques (ALES)
est également équipée pour offrir des formations. Les
personnes intéressées sont priées d’assister à des réunions
puis d’accompagner l’équipe sur le terrain, en participant,
autant que faire se peut, aux activités. La cotisation
s’élève à 10000 LL par sortie (une somme qui atteint
dix dollars pour les personnes accompagnant les spéléologues
en touristes). Si le spéléologue en herbe fait preuve
de persévérance et manifeste une volonté de poursuivre
son apprentissage, il obtient une carte de membre stagiaire.
Il ne s’acquitte plus que d’une somme de 5000 LL par
sortie au cas où il n’est pas motorisé. Ce n’est que
plus tard, au terme d’une période indéterminée, qu’il
pourrait accéder au statut de membre à vie.
Il est possible de consulter le site Internet du club,
www.alesliban.org,
ou de contacter l’un des membres suivants de l’ALES
: Badr Gédéon au 03/666469, Hani Abdelnour au 03/666461
ou Fadi Beayno au 03/440203.
Une troisième association, dont le siège est situé dans
la Békaa, le Club de Wadi Arayech pour la découverte
des grottes, fondé en 1964, offre les mêmes services.
La formation y est entièrement gratuite, ainsi que la
participation aux activités du club par des amateurs
ou des spéléologues professionnels. Pour contacter ce
club, il suffit d’appeler l’un de ses deux membres :
Joseph Abou Akar au 03/689796, ou Georges Harika au
03/689599. Le matériel est généralement assuré aux débutants,
l’équipement de base étant formé du casque surmonté
de deux lampes, d’un vêtement en fibre polaire et d’une
combinaison semi-étanche, ainsi que de bottes en plastique.
Un tel équipement coûte de 250 à 300 dollars. Le prix
d’un matériel de spéléologue technicien s’élève à 450
ou 500 dollars. Tous ces articles sont disponibles sur
le marché libanais. Par ailleurs, les grottes et les
gouffres à explorer au Liban se comptent par centaines,
dans les différentes régions. Une excellente forme physique
est une condition sine qua non de l’exercice de ce sport,
dans le cadre duquel il arrive au spéléologue de passer
des heures entières sous terre, dans un environnement
rude et sombre, dans l’objectif de poursuivre son exploration
jusqu’au bout. Badr Gédéon se souvient de cet épidose
au cours duquel elle n’a revu la surface qu’au bout
de 27 heures... « C’est la volonté psychologique qui
nous permet de tenir bon, de surmonter l’extrême fatigue
physique, explique-t-elle. En début d’expédition, il
m’arrive souvent de me demander ce que je fais là. Mais
une fois le temps d’adaptation passé, c’est une période
d’extase qui m’attend, avant d’avoir rendez-vous avec
la fatigue. Mais en fin de compte, c’est un ressourcement.
Je puise ma force dans celle de la terre. »
Suzanne BAAKLINI - Septembre
2003
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