Batroun,
la charmante du Nord
"un air de vacances en bord de mer,
un souffle de méditation dans l'arrière-pays"
Batroun
grande
bleue, vieilles pierres et une histoire riche en péripéties
Rendez-vous
avec le Liban
Val'Liban organise du 11 au 17 mars une semaine
culturelle intitulée
« Escapade, ô Liban »
Elle se déroulera en plusieurs
lieux de la ville de Valence chef-lieu de la Drôme, dans
le sud de la France: une
c onférence sur l'histoire du Liban, deux tables-ronde,
peinture, cinéma et gastronomie constituent le riche programme
préparée par l'association Val'Liban,
initiatrice du jumelage avec Batroun et de nombreuses actions
humanitaires depuis une dizaine d'années. >
Voir...
Eté
comme hiver, Batroun a le sens de la fête
Batroun capitale de Noel
Batroun Batroun accueille durant la saison estivale nombre de Libanais
de la diaspora qui viennent profiter de son charme méditerranéen
qui na rien à envier à St Tropez ou à
Ibiza. Cette cité, qui a vu nombre de ses habitants émigrer
en particulier en Australie, continue de marquer les esprits des
visiteurs par sa joie de vivre. Et ce, malgré la crise
économique qui sévit au Liban.
A l’instar d’autres villes côtières du pays, s’enorgueillit de
ses plages et « son » soleil, de ses vestiges archéologiques,
de ses vieilles bâtisses, ses restaurants, ses boîtes de nuit
et ses hôtels. Il faut aller à cinquante kilomètres au nord de
Beyrouth pour découvrir les eaux les moins polluées du Liban.
Vous le remarquerez tout de suite en vous approchant des plages
de galets blancs. L’autoroute qui mène à ce chef-lieu du caza
du Liban-Nord a été fraîchement restaurée. Dès que vous prenez
l’échangeur menant à Batroun, vous vous sentirez en vacances.
C’est simple, il a été décoré d’une grande arcade bleue, portant
le nom de la ville et de petits dessins que l’on trouve généralement
dans les livres touristiques, notamment une assiette et des couverts
pour les restaurants, un lit pour les hôtels et une petite tour
pour les vestiges archéologiques. A Batroun, le patrimoine est
un indéniable dynamiseur du tourisme.
Batroun, le Saint-Tropez libanais?
D'année en année, Batroun et sa scène
touristique dynamique sont devenus une étape incontournable
de tout voyage au Liban. Avec ses nombreux atouts, la ville attire
de nombreux visiteurs venus de partout dans le monde.
Batroun,
capitale de fait de la "Riviera du Liban-nord"
De Madfoun à Enfé
en passant par Batroun
Voilà plusieurs années que le nord du Liban connait
un essor touristique croissant. Petits ports de pêche, sites
antiques, plages, resorts et restaurants jalonnent les rives de
ce qui devient une vraie petite « Riviera".
L'offre des chalets en bord de mer s'est élargie, aux abords
immédiats des principales plages du littoral, depuis le
pont de Madfoun jusqu'à Batroun. Et les photos des fameux
bungalows bleus et blancs d'Enfé, « la petite Grèce
» du Liban ont été intensément partagées
sur les réseaux sociaux suscitant nombre d'interrogations
sur le lieu où pouvait se trouver un si joli havre de paix.
Il s'agit du Liban-nord et plus précisément des
cazas mitoyens de Batroun et de Koura, situés respectivement
à 50 et 70 kms de Beyrouth en direction de Tripoli.
Batroun est une cité portuaire antique. Recherché
pour ses eaux propres* et cristallines, le lieu abrite un ancien
souk, une vieille ville aux ruelles étroites bordées
de maisons traditionnelles en pierre de sable à l'ocre
doux et un mur phénicien, vestige millénaire du
chantier naval qui séparait autrefois les deux anciennes
rades du port antique. Après un passage à vide dans
les années 2000, Batroun a choisi le littoral pour se relancer.
Les resorts anciens ont fait peau neuve et les restaurants se
sont multipliés.
Plus avant, s'insérant dans le chapelet des plages privées
qui s'étend le long du littoral de Madfoun à Kfarabida,
une enseigne luxueuse de Jiyeh s'est entichée du nord.
Elle y a conçu un espace luxueux avec piscine à
débordement, jacuzzis individuels, spa et ponton d'amarrage
pour les plaisanciers, habitués du lieu.
Elle est située
à quelques encablures seulement du restaurant le plus sélect
de la région dont la clientèle, des propriétaires
de yachts et des privilégiés pour la plupart, accostent
dans une crique privée afin d'y déjeuner sur des
tables dressées dans l'eau. Le must : le serveur, à
votre demande, vient vous asperger d'eau de mer avec un seau à
champagne.
Au nord de Batroun, sur la route qui mène à Hamat,
des forêts de chênes millénaires rejoignent
la mer comme c'était le cas autrefois sur toute la côte.
Enfé, se situe juste après Chekka. Ce village antique
abrite un petit port de pêche et de plaisance aux allures
grecques. La nature a doté le site d'une longue avancée
dans la mer, d'où son nom latin « Le Néphin
». Jadis, la péninsule abritait, entre autres, une
forteresse croisée dont subsistent aujourd'hui d'immenses
fossés.
La « Riviera du Liban-nord » offre quelques merveilles
du patrimoine archéologique, des espaces naturels encore
intacts et un éventail de prix et de services adapté
à toutes les bourses.
Le rivage a également su conserver quelques plages publiques.
Les
amoureux de Batroun doivent lire un livre paru au printemps 2022:
Racontez moi Batroun, un livre pour faire connaître et aimer
cette belle ville côtière,
écrit par Bassam Tabchy et son épouse, Souad Hajj-Chahine
Lire l'article de l'Agenda Culturel
de Mai 2022
En
Août 2022, le grand journal français Le Figaro n'a
pas hésité à écrire un article consacré
à Batroun
Batroun, écrin luxueux dans le Liban en crise
La station balnéaire attire
la bourgeoisie locale ou émigrée non touchée
par la débâcle économique du pays.
Batroun
nest plus Batroun. Ses anciens fidèles égrènent
la ritournelle nostalgique, jurant de ne plus y retourner: trop
de monde, trop de bruit au cur de lancienne cité
phénicienne du nord du littoral libanais, à une
trentaine de kilomètres de Tripoli. «Il y a dix ans,
nous nétions quune bande de hipsters sur ces
plages relativement protégées des constructions
qui défigurent ailleurs le littoral, explique Junior Daou,
tee-shirt délavé et cheveux cramés par le
soleil. Cétait un lieu secret pour nous autres, amoureux
de la mer et du surf.» Située entre deux zones chrétiennes
antagonistes pendant la guerre civile de 1975, la bourgade était
restée quasi intacte quand dautres régions,
perçues comme plus sûres, à limage de
Byblos, attiraient la majorité des touristes.
L'artiste-peintre Sonya Tanios, installée
à Mirmande, dans la Drôme, près de Valence,
est originaire de Batroun
Batroun,
une ville proche de la France
Batroun est jumelée depuis 2005 avec
la ville de Valence dans le sud de la France.
Elle entretient une francophonie dynamique aux travers de ses
échanges et activités culturelles fréquentes
avec cette ville.
A ce titre, il faut noter que Valence est le fief d'une assocation
franco-libanaise , Val'Liban,
dont les activités s'inscrivent parfaitement dans le cadre
de ce partenariat privilégié.
Enfé,
le village de « lor blanc » salé
Ses
plages, ses salines, ses bleus et son « or blanc »
Quoi
de plus agréable, durant ces chaudes journées dété,
quune excursion vers lune des plus belles plages du
pays ? Direction, la plage rocheuse dEnfé, charmant
village aux petites maisons blanches et bleues, une Grèce
en miniature, mais à la libanaise ! 1h15 minutes de route
sont nécessaires pour parcourir les 65 kilomètres
qui séparent Beyrouth de ce village côtier de Koura,
au Nord. Enfé compte près de 6 500 habitants, à
qui il faut ajouter les milliers démigrés
originaires de ce village, dispersés un peu partout dans
le monde.
Seul
village de toute la côte orientale de la Méditerranée
à être creusé dans son environnement rocheux,
Enfé regorge de monuments historiques et de vieilles
églises datant des époques phénicienne,
hellénique, romaine, byzantine, arabe et croisée.
Léglise de Saydet el-Rih, la plus ancienne du village,
a été construite à lépoque
byzantine afin, dit-on, que la Vierge protège ses marins
des vents tumultueux de la mer. Mais lattrait touristique
majeur dEnfé reste son bord de mer enchanteur et
ses salines, considérées comme les dernières
de la côte libanaise.
Lor
blanc
«
Le sel est extrait de notre côte méditerranéenne
depuis des siècles et notamment depuis les Phéniciens.
Ces derniers lont découvert sur les jarres séchées
en bord de mer et lont utilisé après avoir
découvert ses qualités, car il préservait
la nourriture plus longtemps et était indispensable à
la production de la pourpre. On lappelait lor blanc
car il était troqué contre de lor »,
explique, avec une certaine fierté, Georges Hannah Sleiman,
un des derniers producteurs à Enfé. Le sel est
extrait durant lété, de juin à septembre.
Pour la production qui a besoin denviron 21 jours de soleil
et de vent, les longues journées dété
sont idéales. Avant lexistence des bassins de salines,
leau de mer était recueillie dans ce même
lieu par les villageois grâce à des trous creusés
à la main au creux des roches situées en bord
de mer. M. Sleiman prend le temps, avec un bonheur évident,
dexpliquer la production méticuleuse de lor
blanc. Selon lui, le sel est affecté par les conditions
météorologiques : « Plus le vent vient de
lOuest, plus les particules de sel sont grosses. »
Quand le vent vient de lEst et est sec, les particules
de sel, récoltées à la surface de leau,
sont beaucoup plus fines. Communément appelées
« fleur de sel », elles sont très convoitées
et beaucoup plus chères que le sel brut. « La fleur
de sel est un produit rare.
Un bassin
qui peut produire 750 kg de sel brut ne produit que 50 kg de fleur
de sel. Cette qualité de sel est considérée
plus pure car elle est récoltée à la surface
du bassin, tandis que le sel brut aux grosses particules est recueilli
dans le fond du bassin où peuvent résider des traces
dimpuretés », poursuit-il. Selon Georges Hannah
Sleiman, le sel produit traditionnellement est certes plus cher
que celui, commercial, vendu en grande surface, mais il ne recèle
que 0,03 % diode et ne contient aucun additif contrairement
au sel commercial auquel sont ajoutées une grande quantité,
ainsi que de la poudre dos, entre autres. Dans les salines
de Enfé, le temps semble sêtre figé
pour conserver le savoir ancestral intact.
« Mon grand-père a commencé à travailler
dans la production du sel dans les années 1940 et jusquà
ce jour, nous adoptons la même façon de travailler
», assure M. Sleiman. Selon ce producteur traditionnel,
avant la guerre civile, les producteurs utilisaient des pompes
à vent pour extraire leau de mer jusque dans les
bassins. Avec le temps, elles ont été remplacées
par des pompes à eau fonctionnant à lessence.
Mais depuis la crise au Liban et lexplosion des prix des
carburants, les producteurs misent à nouveau sur les énergies
éolienne et solaire pour produire le sel. Un projet durable
et écologique pour le fonctionnement des salines est dailleurs
prévu et soutenu aujourdhui par plusieurs organismes
dont Fair Trade Lebanon.
Entre nostalgie et histoire
Les
cinq dernières salines libanaises dEnfé
sétendent sur environ 15 000 m2 et sont situées
sur les terres du monastère de Saydet el-Natour, Notre-Dame
du Veilleur. Ces salines nont, selon les producteurs,
jamais stoppé leur production, sauf durant la première
année de la guerre civile, entre 1975 et 1976. Avant,
elles assuraient plus des trois quarts de la production de sel
au Liban, soit plusieurs dizaines de milliers de tonnes de sel.
Aujourdhui, ce quil reste des salines ne produit
plus que 400 tonnes par an.
Des
jeunes ont néanmoins pris le relais de leurs parents. Mais
il y a un hic : un projet de station balnéaire menace les
lieux, selon les producteurs. « Nous ne quitterons jamais
ces salines, elles sont lair que nous respirons Cest
ici que nous avons grandi et ici que grandiront nos enfants !
» lance, avec détermination, Georges Hannah Sleiman,
qui appartient à la troisième génération
de producteurs de sel dEnfé. Lui et ses collègues
tentent par tous les moyens de résister, notamment en créant
une coopérative pour structurer ce savoir-faire ancestral.
« Les salines dEnfé et toute la nostalgie et
lhistoire quelles portent en elles risquent, hélas,
de disparaître au profit de grands projets commerciaux.
Il est donc indispensable quelles soient considérées
comme un patrimoine historique libanais à protéger
et à préserver », martèle Imad Malek,
27 ans, qui a repris la relève de son père dans
la saline familiale. Une transmission qui avait démarré
avec le grand-père et qui, en se perpétuant, sauve
un métier, des traditions, un site et un environnement.
Mais pour combien de temps?
Article de l'OLJ /Yara GERMANY
du 26 Août 2022
Batroun,
cette ville côtière à 50 km au nord de Beyrouth,
possède, elle aussi, son festival.
Batroun en Août 2006: un
festival pour tous
Lédition 2006 se déroulera
tout au long du mois daoût, sur quatre week-ends.
«Cette année, il y en aura pour tous les goûts»,
a décidé le comité du festival en préparant
son programme. Des événements culturels: concerts,
exposition de photos, spectacle de ballet, projections de films;
mais aussi des prix spéciaux dans certains restaurants,
des fêtes champêtres les dimanches avec des activités
pour toute la famille et un marché quotidien présentant
les produits de la région. Les manifestations se tiendront
dans les sites de Batroun, devant le mur phénicien, le
port de pêche ou le vieux souk rénové.
Ce festival est organisé en collaboration avec des ONG
de la région. Il a reçu cette année lappui
du SRI International (lex-Stanford Research Institut), qui
reçoit ses fonds de lUSAid Lebanon, dans le cadre
du programme Expanding Economic Opportunities (élargissement
des opportunités économiques).
Tout au long du festival, il y aura:
Des expositions de photographies «Regards croisés»,
du 4 au 27 août. Organisée par le Mois de la photo
au Liban et avec le soutien de la Maison européenne de
la photographie (Paris), cette exposition regroupe les uvres
de cinq preneurs dimages européens, sous la direction
artistique de Jean Merhi. Les uvres de Carlos Freire seront
accrochées sur les cimaises de Dar el-Mona. Celles dIsabelle
Weingarten représentant des artistes et des comédiens
dans les coulisses dans le vieux souk. Les portraits dartistes
internationaux foulant le tapis rouge cannois et immortalisés
par Laurence Sudre seront visibles à la cave de lÉcole
du Sacré-Cur. À voir également: les
coulisses de Cannes, par Xavier Lambourg, à Dar el-Mona.
Des clichés dArnaud Baumann regroupés sous
le thème de «Chambre blanche», à la
maison Mouzawak & Keyrouz. Des projections de diapositives
de portraits dacteurs et de réalisateurs à
Dar el-Mona. Sont également prévus des ateliers
de travail avec Carlos Freire et Isabelle Weingarten.
Souk el-Tayeb: Ouvert
tous les vendredis et samedis de 17h à 20h, les dimanches
de 9h à 14h, il propose aux visiteurs les produits de la
région.
Les
dimanches à Batroun:
Tous
les dimanches du mois daoût, des visites guidées
des sites historiques de la ville, avec des activiéts
folkloriques, culinaires et sportives. Les visiteurs peuvent
aussi effectuer des promenades en bateau, se dorer le nombril
ou déguster un vin en admirant le coucher du soleil au
Phoenician Wall.
Quant aux activités du festival, elles seront inaugurées
le vendredi 4 août, à 21h, au Phoenician Wall,
par le Ballet Biarritz. Sous la direction artistique de Thierry
Mandalain (également chorégraphe de la troupe),
24 interprètes danseront sur des extraits de Les Créateurs,
de Beethoven, Mozart à deux et Le Boléro, de Ravel.
Billets à 45000, 90000 et 135000 LL. Ce jour-là
verra également le vernissage des expositions de photographies
et louverture du Souk el-Tayeb , à 18h30, sur le
port de pêche.
Samedi 5 août : Un
concert de musique pop orientale par Waël Kfoury, au Phoenician
Wall, à 21h. Billets à 20000, 45000 et 135000
LL.
Dimanche
6 août:
Compétition culinaire organisée par Souk el-Tayeb,
à 11h.
Vendredi
11 août:
Une soirée de musique électronique avec un DJ
international au Phoenician Wall, à 20h. Billets à
20000 LL.
Samedi 12 août:
Concert de musique pop par les lauréats de Star Academy
3, au Phoenician Wall, à 21h. Billets à 20000,
35000 et 50000 LL.
Dimanche
13 août:
Likaa Farah, un théâtre pour enfants mis en scène
par Gisèle Hachem Zard, au Phoenician Wall, à
19h30, entrée libre.
Vendredi
18 août:
Spectacle de comédie intitulé Kezzab Kbir avec
Georges Khabbaz au Phoenician Wall, à 21h. Billets à
10000, 20000 et 30000 LL.
Samedi 19 août:
Concert de musique grecque traditionnelle et moderne avec Yorgos
Kremmastos, à 21h, au Phoenician Wall. Billets à
30000, 50000 et 75000 LL.
Vendredi
25 août:
Grande fiesta en plein air avec la participation des night clubs
de Batroun. À partir de 21h, billets à 20000 LL.
Les détails de la soirée de clôture, une
mega-fête prévue le samedi 26 août, seront
annoncés ultérieurement.
Les billets sont en vente au Virgin Megastore à partir
du 1er juillet.
Une
maison tranquille en plein centre de Batroun:
«Dar al-Mona», un écrin pour les activités artistiques
Au
départ, une vieille demeure libanaise située en plein centre de
Batroun, mais suffisamment en retrait pour jouir d’une certaine
quiétude. Ensuite, le rêve d’un couple, Sabah et Mona Abi-Hanna,
respectivement architecte et peintre, qui ont voulu, un jour,
acquérir cette maison, la restaurer et l’aménager… mais non pas
l’habiter. Et enfin, le projet qui prend forme. Croquis de plan
sur papier, il y a deux ans, le rêve s’est concrétisé. Il porte
aujourd’hui un nom: «Dar al-Mona». Cette vaste résidence aux murs
rénovés et au passé préservé accueille, depuis deux ans, diverses
activités artistiques et contribue ainsi au développement de l’art
libanais sous toutes ses formes. Tout a commencé un soir de septembre
2003 par l’exposition individuelle des toiles de Mona Abi-Hanna
qui inaugurait les lieux, ce jour-là. Pourquoi ne pas accueillir
d’autres artistes, des concerts ou des signatures de livres, pense-t-elle!
En plein essor
Très vite, l’idée va faire son chemin et les travaux à effectuer
iront bon train. Avec ses innombrables pièces agréablement aménagées,
«Dar al-Mona» sera fin prêt à accueillir diverses manifestations.
Noël 2004 marque la naissance de l’association à but non lucratif
de «La famille de Dar al-Mona». Depuis, un comité, dont font partie
les Abi Hanna, s’occupe de la gestion des lieux où toutes les
propositions sont les bienvenues. De l’exposition picturale de
Wajih Nahlé à celle des photos de Farès Jammal en passant par
les instruments musicaux de Nasser Makhoul. Que de soirées chaleureuses
et conviviales organisées dans les locaux fraîchement repeints
de «Dar al-Mona» ou sous les arbres fruitiers du jardin! Parfois
même, les manifestations étaient jumelées afin de rendre les lieux
plus vivants, plus dynamiques. Aussi, défiant les turbulentes
journées de mars 2005, l’exposition Duo a attiré beaucoup de visiteurs
qui ont eu la joie de découvrir les toiles de Raouf Rifaï et de
Charles Khoury sur fond de lecture de poèmes de Bassima Batouli
et des chansons de Feyrouz, interprétées par Jaouhara Élias. Certes,
une frilosité due à la situation qui prévalait allait quelque
peu ralentir la machine. Mais c’était méconnaître la volonté des
organisateurs. Récemment, à l’occasion de l’inauguration du Festival
de Batroun qui s’est déroulé au début du mois sur la place centrale
de la ville, une toile de six mètres de long et 110 cm de large
a été dressée. Six peintres y ont travaillé: Raouf Rifaï, Youssef
Aoun, Tala el-Amine, Zeina Bedrane, Mansour Habre et Charles Khoury.
Cette performance artistique exécutée à l’initiative de «Dar al-Mona»
allait relancer la dynamique créée dans la région. «L’œuvre ne
fait que grossir la collection privée de la maison qui, au fil
des expositions, a réussi à se constituer un fond intéressant»,
explique Cécile Farah, la responsable des lieux qui prend très
à cœur le projet. Profitant des locaux lumineux et bien éclairés
de «Dar al-Mona», le département d’architecture et de design de
la LAU y exposera les installations de quatre étudiants. Dans
une région riche sur plus d’un plan, «Dar al-Mona» s’affirme ainsi
comme une plate-forme artistique, où se font tous les échanges
et les rencontres, et un poumon culturel ouvert à tous.
Colette KHALAF pour
L'Orient-Le Jour
Aller
à Batroun
Vous
pouvez prendre l'autostrade mais si vous avez le temps,
engagez-vous – une fois au niveau de Amchit
– dans la vieille route côtière. Vous découvrirez
une zone qui n’est pas encore complètement urbanisée,
des terrains vagues (jaunes en été, verts au printemps)
qui s’étendent devant la mer, une côte rocheuse entrecoupée
ici et là de petites baies de galets blancs, et des rochers,
plus petits que des îlots, qui attendent probablement
de jolies sirènes qui viendraient s’y prélasser... Vous
êtes déjà au pont de Madfoun ? Regardez à gauche, vous
verrez de petits centres balnéaires et des restaurants
prêts à vous offrir votre café du matin, juste en face
de la mer. L’eau est calme, aux tonalités claires qui
vont du vert au bleu. Rochers ou galets blancs, la mer
à Batroun est limpide. Si vous avez de la chance, il existe
de ces journées exceptionnelles d’octobre où vous pouvez
voir votre propre reflet dans l’eau, presque comme dans
un miroir. La mer vous tente, vous décidez de passer une
journée à la plage... Si vous aimez aussi les veilles
pierres, les flâneries à pied et les anciennes églises,
votre choix sera difficile. Ne vous inquiétez pas cependant,
si vous vous attardez devant la grande bleue : il faut
compter un maximum de trois heures pour découvrir la ville
de Batroun.
Restauration
du vieux souk
Comme
Beyrouth, Batroun a été frappée par plusieurs tremblements
de terre. Le dernier remonte à 551. Il aurait enseveli
la citadelle phénicienne de la ville. Au cours de ces
dernières années, des dizaines d’habitants ont été expropriés
dans la zone qui devrait receler les vestiges en question
et la DGA a prévu d’entamer des fouilles. Beaucoup de
personnes originaires de ce quartier sont prêtes à parier
qu’il doit y avoir plusieurs cités ensevelies dans ce
secteur, soutenant que des pierres de leurs vieilles
maisons portent des sculptures anciennes et que des
colonnes de l’Antiquité ont été utilisées dans la construction
de certaines habitations. D’autres se souviennent des
travaux d’infrastructure effectués dans ce quartier
au cours des années cinquante, quand la municipalité
a voulu réhabiliter une rue. Un sexagénaire indique
qu’il y avait juste à côté de sa maison, un passage
sous voûtes et des salles dont les murs atteignaient
plus d’un mètre et demi d’épaisseur. Les Croisés auraient-ils
élu domicile dans les vieux vestiges de la citadelle
phénicienne ? On sait que Batroun dépendait du comté
toulousain de Tripoli à cette époque et qu’elle était
gouvernée par une famille provençale dont une des femmes,
Lucie d’Agout, avait épousé un riche marchand de Pise.
Pour épouser Lucie, Plibain, le Pisan, avait payé en
or le poids de sa dulcinée. C’est qu’elle avait un autre
prétendant un Flamand maître de l’ordre des Templiers.
L’histoire ne dit pas si Lucie était belle ou laide,
grosse ou maigre... L’un des plus beaux vestiges de
l’époque croisée à Batroun est la chapelle orthodoxe
Sainte-Marie de la Mer, qui donne sur la muraille phénicienne.
Elle aurait été construite sur les ruines d’une église
byzantine. Ses icônes, peintes par un artiste de Jérusalem,
datent de 1813. La moutassarifia : une autre époque
où Batroun a connu la prospérité. L’actuel chef-lieu
de caza était la capitale de tout un mohafazat. La zone
administrative a regroupé à un certain moment plusieurs
régions libanaises, notamment Bécharré et Hermel. Vingt-cinq
caravansérails du vieux souk de la ville – actuellement
en restauration – construits au XIXe siècle témoignent
de ce prestigieux passé. Après cette petite leçon d’histoire,
flânez à pied à Batroun. Vous pouvez garer votre voiture
dans un parking situé non loin de Notre-Dame de la Place,
une église maronite datant de 1898, située à égale distance
de plusieurs vieux sites de la ville (mis à part l’amphithéâtre
romain) et... qui avait été construite par l’arrière
grand-père maternel de l’actuel ministre des Télécoms,
Jean-Louis Cardahi. Si la journée est chaude et le soleil
tape fort, il serait préférable d’entamer la promenade
en fin d’après-midi. Dans la zone nommée « la citadelle
phénicienne », de vieilles colonnes ont été utilisées
pour la construction des bâtiments au XIXe siècle et
certaines pierres entassées anarchiquement pour édifier
les murs portent de très vieilles inscriptions. Jetez
un coup d’œil aux plafonds des maisons encore habitées,
ils sont soutenus par des poutres du début du siècle
dernier. Un peu plus loin, c’est le vieux souk – construit
au XIXe siècle – et ses huit rues en cours de restauration
qui vous accueillent. Les élégants bâtiments de gré
jaune contrastent avec les étals des bouchers, des poissonniers,
des marchands de légumes... Regardez les couleurs éclatantes
de la marchandise mise à la vente, fermez les yeux et
inhalez l’odeur des épices. Engagez-vous dans d’autres
rues du souk, il y a quelques barbiers. L’un d’entre
eux, dans sa minuscule échoppe, coupe les cheveux de
ses clients sur une chaise du XIXe siècle et propose
à la vente des cages, des oiseaux et de la poix. On
ne saura pas si un jour il a confondu cette matière
visqueuse avec de la brillantine... Entre les cadreurs
et les menuisiers, vous trouverez des cafés réservés
exclusivement aux hommes qui viennent se retrouver,
souvent pour jouer aux cartes à toute heure de la journée.
Méditez un peu sur le cours de l’histoire : cette zone
calme et pittoresque constituait au XIXe siècle le cœur
battant de tout un mohafazat. Ici, l’on vendait et l’on
échangeait des marchandises : soie, blé, orge, huile
et autres biens de consommation... Droit devant vous,
la cathédrale Saint-Étienne, patron de la ville. Édifiée
en face du port en 1896 par un architecte italien, elle
a été inaugurée en 1904. De style hybride, la cathédrale,
qui peut accueillir plus d’un millier de croyants, présente
des colonnes en pierres fossilisées. Elle a été probablement
bâtie sur les ruines d’une église croisée, voire d’une
chapelle encore plus ancienne. Il semble que Saint-Étienne
apôtre a fondé la première communauté chrétienne à Batroun.
L’éponge, le poisson... et l’intercession de Dieu
En
face de la cathédrale Saint-Étienne se dresse le petit
port de Batroun. Mal réhabilité au cours des années
quatre-vingt-dix, il a perdu beaucoup de son charme.
Et depuis, presque chaque hiver, quand la grande bleue
se met en colère, les barques des pêcheurs sont endommagées.
Ils sont plus de quatre-vingts à exercer ce métier.
Tous se souviennent de la pêche à l’éponge qui s’est
arrêtée il y a une trentaine d’années. Depuis la fin
du XIXe siècle, Batroun exportait ses éponges vers l’Europe.
À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les pêcheurs,
habillés de scaphandres qui pesaient 65 kilogrammes,
plongeaient à 80 pieds pour ramasser toutes sortes d’éponges.
À leur sortie de l’eau, ils les nettoyaient en les plongeant
dans de l’eau claire puis les piétinaient des heures
durant. Ensuite, pour les sécher, il fallait les étaler
au soleil. Sélim, la soixantaine, pêcheur de son métier,
montre les dégâts subis par sa felouque l’hiver dernier.
Il parle des « dons de la mer » qui ont tari, probablement
à cause de la pêche à la dynamite, des usines voisines
qui crachent du poison et de « ces éponges » qu’il découvre
en prenant la mer, soulignant « qu’elles sont toutes
petites, ne grandissent pas et meurent au bout de quinze
jours ». « Elles doivent être malades », dit-il. Sélim
ne veut pas se plaindre : « Malgré tout, nous avons
la chance de faire le métier des disciples du Christ
». Et depuis des siècles, les pêcheurs de Batroun ont
compté sur l’intercession du ciel pour rentrer sains
et saufs à la maison. Chaque année, une messe qui sort
du commun est célébrée le dimanche le plus proche de
la Saint-Pierre (le 29 juin). L’autel est installé sur
une felouque dans le vieux port en face de l’église
Saint-Étienne. Et l’on prie pour le repos de l’âme des
pêcheurs – martyrs de la mer – qui ont péri dans l’immensité
de la grande bleue. À la fin de la messe, l’autel felouque
prend le large et les personnes présentes à son bord
jettent dans l’eau une couronne de fleurs en hommage
aux disparus. En 1896, année de la construction de la
cathédrale Saint-Étienne, les pêcheurs de la ville avaient
fait un vœu. Chacun d’eux travaillait gratuitement une
fois par semaine pour l’édification de l’église. Ce
sont eux qui ont transporté le marbre de Carrare utilisé
et procédé au dallage du parterre. Avant la construction
de Saint-Étienne (et jusqu’à présent) la patronne des
pêcheurs de Batroun demeure Sainte-Marie de la Mer (chapelle
croisée). Si vous vous promenez en ville en posant des
questions, vous aurez droit à toutes sortes de réponses...
Certains vous diront qu’elle se promène la nuit sur
la muraille phénicienne pour récompenser les gentils
et punir les méchants, d’autres affirmeront qu’elle
a sauvé plusieurs chasseurs de trésors de la noyade
à condition qu’ils préservent intactes les richesses
de la mer... D’autres, plus sceptiques, parlent d’un
banc d’algues qui avait couvert la mer en 1892, empêchant
les pêcheurs de prendre la mer. Ces derniers ont risqué
de mourir de faim. Ils ont demandé l’intercession de
Sainte-Marie de la Mer et le banc d’algues a disparu.
Le port de Batroun est muni de deux charmants petits
phares, rayés noir et blanc, construits en 1973. Ils
n’ont jamais fonctionné. Entre les quais et les barques,
vous verrez un pélican se promener. Perdu seul en pleine
mer, il a été sauvé par les pêcheurs, qui l’ont apprivoisé.
Le jour, il se promène sur la terre ferme. La nuit,
il dort dans une felouque. Les pêcheurs, qui lui ramènent
poissons frais et quelques légumes verts, ont de plus
en plus peur : le pélican commence à voler et risque
probablement de périr par la balle d’un fusil de chasse.
Aux environs
de Batroun, Nourié,
Notre-Dame de la Lumière
On
l’appelle communément Nourié. Le site est l’un des plus
beaux de la côte du Liban-Nord. Une falaise de calcaire
blanc couverte de végétation se jette dans la mer. Au
loin, on voit des centres balnéaires et une plage de sable
blond, celle de Héré, la seule du genre au Liban-Nord.
Au bas de la falaise, le vert profond de l’herbe se mêle
merveilleusement au bleu du ciel et de la mer. Nourié,
tel est le nom donné à une petite église perchée face
à la mer, dédiée à la Sainte Vierge et à l’archange Michel,
dans la localité de Hamate (à quelques kilomètres de Batroun).
C’est à partir d’un couvent de religieuses orthodoxes
dédié à Notre-Dame de l’Annonciation que l’on peut admirer
le paysage, ou encore prier. Perchée sur cette falaise,
la chapelle est située dans une grotte et entourée d’un
vieux monastère. Pour que le lieu de culte soit facilement
accessible aux pèlerins, un chemin serpentant entre les
chênes et les pins a été tracé, il y a bien longtemps.
Il a été récemment restauré. Deux légendes circulent sur
l’aménagement de la grotte en chapelle et la construction
du vieux monastère. À la porte du lieu de culte, on peut
lire, gravée dans le marbre, l’histoire d’un naufrage
évité. « Un miracle s’est produit sur cette falaise au
IVe siècle, quand l’empereur Théodose le Grand a failli
mourir au large de la côte du Liban-Nord », indique le
texte. Son bateau a été pris dans une tempête, en pleine
nuit. Arrivés au large de Hamate, en face de la falaise
qui abrite actuellement le couvent, les occupants du bateau
ont vu une femme portant un enfant. Elle était baignée
de lumière et la mer s’est tout de suite calmée. « N’ayez
pas peur, je suis avec vous », leur avait-elle dit. L’empereur
a donc décidé d’édifier une chapelle dédiée à la Vierge
Marie et qui, avec le temps, a pris le nom de Nourié,
ou Notre-Dame de la Lumière. Il existe une autre histoire
de naufragés, liée à cette même chapelle. C’est un prêtre
en charge du couvent qui la raconte. Elle remonterait
au VIe siècle et elle se rapporte à la construction de
l’ermitage, de petites cellules sculptées dans les rochers
et ayant abrité des moines des siècles durant. Deux jeunes
gens Onorius et Arcadius, fils d’un ministre de Constantinople,
se rendaient à Beyrouth. Naufragés au large de Hamate,
ils avaient été sauvés par un ermite qui vivait sur la
falaise. Il se prénommait Abdelmassih et s’occupait de
la chapelle. Il était originaire de Enfé (une localité
située à quelques kilomètres de Hamate et qui est connue
actuellement pour ses marais salants). Ces deux jeunes
hommes ont passé une quinzaine d’années à Hamate avant
de se rendre, avec le moine qui les avait sauvés, en pèlerinage
à Jérusalem. Invités à la table d’un saint homme de la
cité, ils ont raconté leur histoire et retrouvé leurs
parents, qui ont décidé de financer la construction du
monastère, dont les cellules sont visibles jusqu’à présent.
Pas
beaucoup d’artisanat... mais
une spécialité: la limonade
Une
ville qui n’a pas d’artisanat local traditionnel, à
l’instar de Kabrechmoun et sa poterie, Kalamoun et son
cuivre, Jezzine et sa coutellerie, Sarafand et son verre
soufflé... Par contre, Batroun a deux spécialités :
sa délicieuse limonade et ses poissons appétissants.
D’ailleurs, si vous arrivez tôt dans la ville, dans
la rue des poissonniers, vous assisterez à des ventes
à la criée, où le kilo de poisson frais se vend à partir
de 4 000 livres. Sachez que les eaux libanaises sont
bien généreuses en octobre et en novembre et les prix,
durant cette période, sont revus à la baisse. Et dès
la semaine prochaine, les filets de pêcheurs seront
lourds de grands poissons, le thon faisant d’ailleurs
son apparition sur les côtes du pays à la mi-octobre.
Il faut compter 20 000 livres pour un thon de 7 kilos.
Attention, si vous voulez faire des économies, n’achetez
pas des mollusques, rares en cette saison ; le prix
des seiches, des pieuvres et des calamars baissera quand
l’eau deviendra plus froide. Vous avez réservé les poissons
que vous ramènerez avec vous à Beyrouth ? À la place
de la ville, prenez une limonade au goût unique doux-amer.
Un cours d’histoire locale : bien avant la construction
de l’autoroute, tous les automobilistes et leurs compagnons
qui passaient par la place principale de la ville avaient
droit à un verre de limonade frais et gratuit. Les voitures
n’étaient pas climatisées et l’on roulait les fenêtres
ouvertes. Ce qui facilitait la tâche aux limonadiers
: le premier verre offert incitait les clients à la
consommation. Et qu’est-ce qui donne à la limonade de
Batroun son goût si particulier ? C’est tout le citron,
notamment l’écorce et la pulpe, qui sont utilisées pour
la fabrication du breuvage. On ajoute le sucre, on laisse
le mélange reposer 24 heures. L’eau de fleur, que l’on
cite souvent dans la liste des ingrédients, n’est pas
utilisée à Batroun.
Grande
et petite histoire Maintenant,
place à la grande histoire : Batroun est l’une des villes
les plus anciennes du Liban. Les hommes y ont laissé
leur trace depuis des millénaires. Elle a été tour à
tour phénicienne, romaine, byzantine et croisée. Et
elle a, à plusieurs reprises, changé de nom. Batrouna
pour les Phéniciens, Botris (grappe de raisins) pour
les Grecs, et Bet Truna en langue syriaque qui est traduit
en arabe par « Maqaad el-mir », ou le siège du prince.
Une dénomination donnée jusqu’à nos jours à un rocher,
semblable à notre Raouché beyrouthine, qui se dresse
dans la mer en face des maisons de la ville. Batroun
la phénicienne était une ville portuaire et la muraille
qui cintre encore une partie de la localité est le plus
ancien témoignage des deux ports phéniciens construits
l’un au Nord et l’autre au Sud de ce mur de grès dunaire.
Il semble que pour édifier la ville, les Phéniciens
de Batroun (ville qui dépendait du roi de Tyr) ont taillé
des pierres dans la falaise qui fait face à la mer,
en laissant un rempart protégeant les habitations de
la cité quand la grande bleue était en colère. À l’époque
romaine, la ville a connu un prestigieux destin. Ses
habitants étaient citoyens de l’Empire. Sous Auguste,
elle avait le droit de battre sa propre monnaie. Que
reste-t-il des vestiges romains de la ville ? Un amphithéâtre
situé dans le jardin d’une propriété privée, celle de
Joseph Jammal, photographe, qui a hérité d’une belle
maison familiale. Tout comme son père, il savait que
sa maison recelait des vestiges. Les gradins romains
étaient recouverts de terre où poussaient des vignes.
Au début des années quatre-vingt-dix, il a décidé de
mettre au jour l’amphithéâtre romain. Et c’est tout
seul qu’il a dégagé les gradins à l’aide de puissants
jets d’eau. Le travail a duré deux étés. Et depuis,
l’amphithéâtre romain, situé dans une propriété privée
est ouvert au public. Il y a une quinzaine de jours,
un habitant de la ville voulait construire un restaurant
dans un lopin de terre situé en face de la mer. Il commence
à creuser et parvenu à trois mètres de profondeur, il
découvre une dizaine de sarcophages, qui remonteraient
probablement à l’époque romaine. Une équipe d’archéologues
travaille actuellement sur le site. Des fouilles seront
effectuées dans les terrains avoisinants.
Entre Ghada et Agatha,
on y perd son latin
Non
loin du port, vers l’ouest, la muraille phénicienne
de la ville. Promenez-vous sur les rochers, entre le
rempart et les maisons. Ici et là quelques salinières.
À droite, des arcades, celles de Sainte-Marie de la
Mer, de l’ancienne école orthodoxe, et d’une imposante
maison du XIXe siècle, actuellement en cours de restauration.
Quelques habitants soutiendront que le bel édifice était
le château d’une jolie princesse arabe, qui se prénommait
Ghada. Ils ont tort. L’élégant bâtiment avait été construit
par une famille de Batroun, qui avait émigré au Brésil
au tout début du siècle dernier. Les lieux ont ensuite
été habités par une femme, d’un âge certain, originaire
de Akoura. Elle ne s’est jamais mariée. Elle est morte
vieille et seule. Et elle s’appelait... Agatha. Pour
beaucoup d’habitants qui avaient du mal à prononcer
le prénom occidental, Agatha est devenue Ghada. Le fait
que cette femme vive toute seule au bord de la mer et
qu’elle soit étrangère à la ville les a aidés à tisser
une légende. Sachez enfin que « le château de la princesse
Ghada », désert durant des dizaines d’années, a été
acheté, il y a un peu moins de trois ans, par un émigré
de Batroun qui a fait sa vie aux États-Unis. En face
du beau bâtiment, entre la muraille et les rochers,
une minuscule crique : le « bassin des filles ». C’est
là que les femmes de la localité se baignaient seules,
loin des regards des hommes, avant la libéralisation
des mœurs.
Vie nocturne intense...
En
marchant un peu sur les rochers, vous découvrirez Maqaad
el-mir qui fait face à la ville et la petite plage publique
de Batroun. Et maintenant, faites le chemin inverse,
sur le macadam, pour remonter vers votre voiture. La
rue est étroite, les maisons habitées par les pêcheurs
de la ville et... un petit clocher se dresse au-dessus
d’une charmante chapelle, Sainte-Marie de la Mer. Si
vous êtes croyant, brûlez un cierge. Sinon, passez tout
votre temps dans la cour de l’église édifiée sous des
arcades, vous aurez une vue sur les rochers ocres et
la muraille phénicienne baignée par la mer. Et vous
assisterez ensuite au coucher du soleil. Sa couleur
orangée se reflète dans la mer limpide d’octobre. Le
ciel a des teintes roses et violettes. Et vous êtes
calme, tranquille et heureux. Vous avez du mal, à l’instar
de beaucoup d’autres, à quitter la ville. Vous avez
décidé de passer une autre journée à Batroun ? La ville
compte quatre hôtels. Et depuis deux ans, elle est connue
pour sa vie nocturne. Plus d’une quinzaine de pubs et
de boîtes de nuit y ont vu le jour, grâce à un homme,
Georges Barbari, qui avait pris son courage à deux mains
en ouvrant la première boîte de nuit de la localité,
La Taïga, au début de l’été 2000. L’été d’après, d’autres
ont suivi son exemple... Actuellement, à Batroun, été
comme hiver, les soirées se prolongent jusqu’aux petites
lueurs de l’aube. Et dans les boîtes de nuit de la ville,
on croise certes des noctambules de tout le Liban-Nord
mais aussi beaucoup d’autres qui viennent de Zahlé,
de Jounieh et de Beyrouth. Soignez votre apparence,
vous risquez probablement de croiser des connaissances
qui font normalement la fête entre le centre-ville et
la rue Monnot...
Nager, manger, boire et... dormir
Vous
avez prévu de rester en bord de mer ? Si vous aimez
la planche à voile optez pour le Pearl Beach (03/292707),
un club connu pour ce sport. Le cours d’une heure avec
moniteur se chiffre à 15 dollars. Vous avez simplement
envie de nager ? Vous pouvez le faire en face de la
côte rocheuse de ce club ouvert la nuit pour servir
plats et boissons. Non loin de là, une plage de galets
blancs et un restaurant qui sert les meilleures poulpes
au piment, le White Beach (06/742505). L’entrée
à la plage est gratuite, il faut compter 3 000 livres
pour la location d’une chaise longue et d’un parasol.
Vous voulez manger du poisson frais ? Il n’y a que ça
sur la côte de Batroun. Essayez Le Marin (06/744016),
l’un des plus anciens restaurants de la ville, il offre
une spécialité appréciée par ceux qui aiment les goûts
et les odeurs de la mer : du poisson cru mariné dans
de l’huile d’olive, du citron et du piment. Envie d’autre
chose ? Mangez une pizza typiquement américaine chez
Royal Pizza (06/642905), un fast food tenu par un
Batrounien ayant vécu aux États-Unis. Pour des falafels
légers et un délicieux shawarma, Peter Snack (06/741057).
Parmi les nombreuses boîtes
de nuit qui ont poussé en ville, on retiendra
La Taiga (03/499408), Le Castello (03/910710)
et Le Centro, l’un des derniers nés de la localité.
Toutes ces boîtes de nuit sont situées à la place principale
de Batroun, dans d’anciennes bâtisses restaurées.
Envie de limonade ? Comme pour les boîtes de nuit et
les restaurants, c’est un choix immense qui vous est
présenté. Nous avons opté pour Chahine, situé
à la place du village.
Enfin, vous voulez passer la nuit à Batroun. Vous pouvez
louer une chambre au Batroun village club, ou
dans les trois centres balnéaires de la localité. L’Aqualand
(06/742741) et Le San Stephano (06/642366)
garderont leurs piscines pleines jusqu’après la mi-octobre.
Leurs chambres (munies de kitchenettes) donnent toutes
sur la mer. Et dès la mi-Octobre, ce sont les prix de
la basse saison qui sont pratiqués. Ils varieront entre
44 et 110 dollars selon les dimensions de la chambre.
Si vous ne restez pas à l’hôtel mais voulez passer une
journée à la plage, vous pouvez le faire moyennant 10
000 LL la journée. Le Sawary (06/642100) a vidé
sa piscinedébut Octobre. Vous pouvez toujours
louer une chambre à l’hôtel (60 dollars). Même si la
saison est finie, le personnel aura toujours la gentillesse
de vous servir le café sur la plage de sable.
Remerciements
Nous remercions Joseph Merchack, professeur
d’histoire, Joseph Ajaltouni, vice-président du conseil
municipal, Alec Barakat, retraité de la fonction publique,
qui sont tous originaires de Batroun, pour leur précieuse
aide.
Les photos noir & blanc ont été gracieusement offertes
par le photographe Farès Jammal.
Séjourner
à Batroun?
Bon à Savoir
Batroun village club, ou
comment réaliser un rêve d’enfant
Le
club le plus important du Liban-Nord a vu le jour il
y a tout juste un an. Construit sur une surface de
100 000 mètres carrés, Batroun Village Club a été édifié
sur une colline verte surplombant la mer. Aménagé à
la manière d’un village méditerranéen, ce country club
est en parfaite harmonie avec le paysage qui l’entoure.
Non loin de là se dressent notamment des maisons du
XIXe siècle qui devraient être restaurées et une vielle
église. La construction de vingt-six bungalows, construits
à la manière d’un village de Provence, sera prochainement
entamée. Le projet, qui est né grâce à l’idée, « le
rêve d’enfant », d’un entrepreneur de la localité, Halim
Hayeck, présente notamment un grand bâtiment couleur
ocre, une piscine qui donne l’impression qu’on plonge
directement dans la Méditerranée, trois terrains de
tennis découverts, un terrain de beach volley-ball et
trois restaurants. Contrairement à beaucoup de clubs
du genre, la partie couverte (qui abrite une piscine,
plusieurs terrains de jeux les salles de musculation
et de judo) donne – grâce à ses baies vitrées – sur
la mer et la montagne. En été, plus d’une centaine de
réceptions, dont une soixantaine de mariages, ont été
organisées au Batroun Village Club. Et il fallait réserver
un mois à l’avance sa place dans les huit chambres et
deux suites du club. Un week-end vous tente au Batroun
Village Club ? Pour la basse saison, il faut prévoir
50 dollars pour la chambre de deux personnes et 70 dollars
pour la suite.
Pour plus d’informations, contactez le 06/744333.
En
se dirigeant vers Tripoli,
juste avant le Tunnel de Chekka,
Msaylha
et sa forteresse
perchée sur un promontoire
Le
billet de 25 livres. Souvenez-vous, il était marron et
beige. Sur l’une de ces facettes, il présentait une forteresse
perchée sur un promontoire. Construction méconnue, on
l’appelait communément le fort des 25 livres. Il s’agit
de la forteresse de Msaylha, située juste avant le tunnel
de Chekka, en allant de Beyrouth vers Tripoli. Il faut
s’engager dans une rue de terre battue, à partir de l’autoroute,
pour arriver à ce château fort couleur marron clair. Ensuite,
il faut traverser à pied un vieux pont qui enjambe Nahr
el-Joz, la rivière qui alimente en eau potable tout le
caza de Batroun, pour parvenir à la petite plaine entourant
la forteresse de Msaylha. L’histoire de cette citadelle
demeure inconnue. Certains disent qu’elle date des Croisés,
d’autres affirment qu’elle avait été édifiée par les Mamelouks,
alors que certains rapportent qu’elle avait été construite
par l’émir Fakhreddine. Il faut monter une cinquantaine
de marches, glissantes et dangereuses, pour parvenir à
la forteresse, qui n’a toujours pas été aménagée pour
accueillir les touristes. D’ailleurs, les habitants de
la région conseillent aux badauds de ne jamais s’y rendre
seuls. Mal entretenue, elle présente des trous et des
crevasses, et en certains endroits, on y est dans un noir
quasi total. N’empêche que l’escalade en vaut la peine.
Vous aurez un angle de vue de 360 ° sur tout le caza de
Batroun, avec ses vallées, ses collines et ses oliveraies.
email/courriel:
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Le caza de
Batroun : voyage au cœur des traditions spirituelles ancestrales
Un
parcours dans l'arrière-pays constellé de très vieilles
églises,
malheureusement souvent mal conservées
«Batruna
», cité-État cananéenne, comptoir phénicien. « Botrys », pour
la civilisation hellène, ce qui voudrait dire la « grappe de raisin»,
désormais emblème de cette ville séduisante de la côte libanaise.
D’après la légende, Batroun aurait été fondée par Ithobaal, roi
de Tyr, vers 1000 avant J-C. Mais la mention de la ville dans
les tablettes de Tell et Aamarna, lesquelles sont la correspondance
des roitelets phéniciens avec le pharaon Akhénaton, vers 1300
avant J-C, tend à laisser penser qu’elle a été fondée à une époque
antérieure, et qu’elle aurait acquis une certaine importance pour
l’Égypte pharaonique. Étrangement, Batroun et, partant, le caza
de Batroun, apparaissent comme l’expression même d’un certain
Liban, à la fois dualiste et complémentaire: ouverts sur la Méditerranée
et forts de leurs héritages historiques et mythiques, notamment
phénicien, et convergeant inéluctablement vers la montagne, les
highlands, l’hinterland, empreint de mysticisme, de traditions
spirituelles maronites et byzantines ancestrales, créateur d’un
espace de sainteté. Concrètement, sur le terrain, cette idée trouve
elle-même son chemin. Il suffit de partir de l’imposant Mur phénicien
de Batroun, taillé dans le roc et qui défie l’horizon, et de s’aventurer
progressivement dans les hauteurs du caza, village après village,
au fil d’églises souvent plusieurs fois centenaires, jusqu’à arriver
à Hardine, à titre d’exemple (à 1100 mètres d’altitude, village
d’où est originaire saint Nehmetallah Hardini). Ce parcours permet
de saisir tout à la fois l’ambivalence du paysage batrounien :
sobre et plein de dénuement, et pourtant riche d’une âme mystique
qui dépasse les contingences du monde matériel. Fortement attaché
à ses traditions et à sa foi, le caza de Batroun n’en demeure
pas moins ouvert à la modernité et au tourisme (l’expérience d’un
village comme Bejdarfel est à suivre dans ce domaine), à l’image
de la ville même, qui est devenue tout au long des années 1990
et surtout 2000 le principal pôle touristique du Nord (les plages,
les pubs, les night-clubs ont proliféré en un très court laps
de temps). Une métropole de rêve pour les marginaux fuyant les
tentacules de la capitale pour le charme ésotérique de ce petit
bout, hors normes, de paradis. Pour les poètes et les rêveurs,
les aventuriers et les mystiques, les passionnés d’histoire et
les amateurs de randonnées, une région à découvrir absolument.
Michel HAJJI GEORGIOU pour L'Orient-Le Jour
Carnet de route Entre Ebrine et Kfarhay, de Élias el-Hoayek à
saint Jean Maron
L’ascension vers les villages du caza de Batroun est plus ou moins
lente. Si les routes sont bien asphaltées, elles n’en sont pas
moins étroites et sinueuses, ce qui rend le voyage souvent fatigant.
L’une des voies d’accès aux villages du caza est située à l’intérieur
même de la ville de Batroun – il s’agit de la place dite de «
Basbina ». Ijdabra. Si l’on suit cet itinéraire, le premier village
à poindre à l’horizon est Ijdabra (400 mètres d’altitude – à quatre
kilomètres de Batroun). Même s’il ne comporte aucun monument qui
ne vaille vraiment le détour, ce village donne rapidement le ton
de ce que sera le périple du caza : une découverte progressive
d’églises datant souvent des premiers âges de la chrétienté et
construit sur des temples païens, grecs ou romains, de vieux monastères
ou des lieux hautement symboliques dans l’histoire de la foi maronite.
Le village comporte deux églises relativement anciennes : Notre-Dame
de l’Assomption (1866) et Saint-Saba (Mar Saba), auprès de laquelle
trône un vieux chêne. Ebrine. Premier véritable arrêt de cet itinéraire.
Ebrine (440 mètres d’altitude, à six kilomètres de Batroun) est
un petit village calme. Les habitants sont très accueillants,
comme partout dans le caza, d’ailleurs, et l’on peut s’y ressourcer
tranquillement. Ebrine permet d’aller à la rencontre d’un grand
nom de l’histoire de la communauté maronite. Il s’agit du célèbre
patriarche de l’indépendance, Élias el-Hoayek, dont la tombe est
préservée dans un grand couvent datant du XIXe siècle, celui des
sœurs maronites de la Sainte Famille libanaise (Ordre fondé par
le patriarche Hoayek). Il est possible de visiter la chapelle
qui contient la tombe de Mgr Hoayek, après autorisation des sœurs.
La chapelle contient une statue très imposante du patriarche maronite,
sculptée par son neveu, Youssef Saadallah el-Hoayek. Un autre
endroit à visiter à Ebrine : la vieille petite église de Saint-Charbel,
qui domine la ville de Batroun. Un endroit est aménagé autour
de cette église pour un éventuel pique-nique improvisé. Il existe
d’autres vestiges, à peine perceptibles, d’églises datant du VIe
et du VIIe siècle, mais il est difficile d’y accéder en voiture.
Le village compte d’autres églises plus récentes, dont l’une datant
de 1882 (Saint-Jean Baptiste). Enfin, Ebrine est un lieu de camp
rêvé pour les scouts. L’espace dit « al-Wata », au nord-est du
couvent des sœurs, est une forêt de pins idéale pour le camping.
Rachkida.
Située à 400 mètres d’altitude et à huit kilomètres de Batroun,
Rachkida mérite assurément le détour. Et pour cause : il s’agit
du seul village chiite de la région. Si la mosquée de l’imam Hassan
(1920) n’a pas d’intérêt historique particulier, Rachkida renferme
toutefois un joyau apparemment négligé : une église (Saint-Georges
– Mar Gergès) d’une grande beauté, datant des premiers temps du
christianisme, qui porte les stigmates du temps et qui nécessite
une restauration urgente. Les murs à l’intérieur de l’église sont
peints à l’huile, mais le temps a fait son effet. L’église, tapie
près des figuiers, est complètement abandonnée, délaissée.
Bejdarfel.
À 450 mètres d’altitude et à six kilomètres de Batroun, cette
localité est un cas à part au sein d’un caza appelé à s’ouvrir
de plus en plus au tourisme. Le village correspond aux normes
touristiques internationales. On y trouve un grand centre commercial
(supermarché, pharmacie, librairie, snack...) sans équivalent
dans la région, et le patelin semble en développement perpétuel.
Un projet de lac artificiel est actuellement en voie de réalisation,
et Bejdarfel organise chaque année, depuis 2001, un festival artistique
et musical qui a lieu en été. Au plan historique, Bejdarfel présente
cependant moins d’intérêt que la grande majorité des autres villages
de la région. L’église paroissiale de Saint-Pantaléon (Mar Bindi
Leymoun, saint patron du village, et auquel les femmes font des
vœux à la recherche de la fécondité) date de 1763. Une statue
du saint patron du village jouxte l’église. Une autre statue,
bien plus récente celle-là (2001), occupe le marché de la ville,
celle de Notre-Dame de Bejdarfel. Il existe aussi une petite grotte
– « al-Mdarat » – derrière l’une des propriétés du village, celle
des Lahoud (de Bejdarfel). La grotte n’est cependant pas facile
d’accès. Il faut suivre en descendant un petit sentier sinueux
et peu entretenu durant dix minutes avant d’y arriver. Kfarhay.
En allant vers Kfarhay (450 mètres d’altitude, à 15 km de Batroun),
on s’enfonce un peu plus dans le pays batrounien. La légende voudrait
que le fond de la vallée soit rempli de bétyles, ce circuit de
temples païens qui permettait à l’époque de faire des pèlerinages.
Le village est la deuxième étape du périple maronite suivant ce
parcours : on y trouve le grand monastère Saint-Jean Maron (Mar
Youhanna Maroun), connu pour être le premier patriarche maronite
(VIIe siècle). Un monastère où le saint aurait vécu, et qui a
été restauré dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. L’église
du monastère abrite également les reliques de saint Maron (mort
en 410), rapatriées de Filigno (Italie) au Liban en août 2000.
Kfarhay abrite également une très belle église, Saint-Saba (Mar
Saba) qui date des Croisés. Elle est construite sur les ruines
d’un temple grec dont une seule pierre existe encore, et sur laquelle
on peut lire des inscriptions en grec. Les autres très vieilles
églises du coin sont difficilement accessibles en voiture ; délaissées,
certaines d’entre elles ne sont plus que des ruines. Le village
est également le siège d’un village d’enfant SOS.
De Boqsmaya à Bcheailé, le haut pays batrounien Boqsmaya.
À partir de Kfarhay, il faut aller vers l’est, puis prendre la
bifurcation à gauche pour aller à Boqsmaya (450 mètres d’altitude,
à 17 km de Batroun). Un petit village aux routes étroites, mais
qui offre l’avantage d’abriter deux restaurants offrant des mezzés,
à la place dite « an-Nahriyya », près du Nahr el-Jozz. Boqsmaya
est surtout célèbre pour une petite église, Saydet el-Bzez, bâtie
avec les pierres d’un vieux temple romain dédié à Bacchus. L’ancienne
église tient son nom des oves se trouvant sur les vieilles pierres
du temple antérieur et qui sont réutilisées. L’église paroissiale
de Saint-Siméon le Stylite (saint patron du village) a 1 100 ans
d’âge. Elle jouxte Saydet el-Bzez et a également été bâtie avec
une partie des pierres du même temple romain. Le village abrite
également d’autres églises.
Jebla (450 mètres d’altitude, à 19 km
de Batroun), Dael (600 mètres d’altitude, à 22 km de Batroun),
puis Oura-Andoula (750 mètres d’altitude, à 23 km de Batroun)
et Bechtoudar (950 mètres d’altitude, à 27 km de Batroun) :
une succession de petits villages, reliés par une route étroite
et plutôt dangereuse.
À Jebla, le saint patron est saint Michel. Une église du début
du XXe siècle porte son nom. On peut également trouver dans ce
village la vieille église de Saydet el-Cornet, qui a été restaurée.
À Dael, le seul intérêt réside dans l’ancien monastère Saint-Serge
(Mar Sarkis), qui est tout près d’un ancien cimetière païen. Il
y a également une mosquée récente dans le village. À Oura-Andoula,
la seule attraction est l’église Saint-Théodore (Mar Tedros),
qui date du XIXe siècle. Il existe également de vieux sarcophages,
mais on en retrouve partout dans le haut pays batrounien. Bechtoudar
abrite le monastère de Mar Yaacoub el-Hosn (1860) et de vieux
sarcophages. Kfarhelda. Le paysage devient de plus en plus merveilleux
au fur et à mesure que l’on se rapproche de cet endroit paradisiaque
qu’est Bssettine el-Ossy, et sa cascade spectaculaire qui dégringole
la falaise sur une hauteur de plus de cent mètres. Kfarhelda (650
mètres d’altitude, à 27 km de Batroun) abrite les ruines de plusieurs
monastères et chapelles. Elle abrite notamment l’église de Saint-Pierre
(Mar Boutros, Ve siècle), construite en pierres ocres, et qui
est une merveille d’architecture. L’église byzantine Saint-Théodore
(Mar Tedros, VIe-VIIe siècle) n’est que partiellement conservée,
tandis que la chapelle de Saïdé est totalement en ruines, mais
toujours vénérée. Cependant, le clou de Kfarhelda est sans conteste
une petite et très vieille église qui se trouve sur la route de
Kfour el-Arabi, Notre-Dame de Kfarmalkoun (Saydet Kfamalkoun).
L’église, qui est quasiment perdue dans la montagne, est absolument
magnifique, chacune de ses pierres semble avoir son histoire.
Kfarhelda est l’occasion de faire une pause pour déjeuner sur
les bords du Nahr el-Jozz. Beit Chléla (750 mètres d’altitude,
à 30 km de Batroun). Remontée vers Douma et Tannourine, après
le passage immanquable par Bssettine el-Ossy. À voir absolument
à Beit Chléla une petite chapelle taillée et encastrée dans la
montagne, Saydet el-Bzezat. Il s’agissait d’un lieu de refuge
dans la montagne pour les premiers chrétiens persécutés. Il est
difficile d’y accéder en voiture, le sentier qui y mène étant
rocailleux et non asphalté. Sitôt parvenu sur les lieux du site,
il faut emprunter un petit escalier qui longe la montagne et qui
conduit à la chapelle. Un panorama formidable s’offre à la vue
: il est possible d’embrasser du regard toute l’étendue de Bssettine
el-Ossy. Selon les croyances locales, la vierge de Saydet el-Bzezat
(dont le regard est troublant) sourd de l’huile lorsqu’une personne
très croyante se présente à elle. Douma (1 150 mètres d’altitude,
à 45 km de Batroun), puis Bcheailé (1 250 mètres d’altitude, à
37 km de Batroun). L’espace manque pour parler de Douma, village
au patrimoine libanais considérable, et qui renferme également
un hôtel et des restaurants. Cependant, avant de parvenir au village,
il convient de s’arrêter pour visiter le monastère grec-orthodoxe
de Saint-Jean Baptiste, vieux de plusieurs siècles, et qui renferme
deux très belles églises. Les moines n’ont aucun inconvénient
à ouvrir les portes du monastère aux visiteurs, mais les photos
et les caméras sont interdites à l’intérieur. Récemment, des fouilles
dans l’une des deux églises ont permis de retrouver les ossements
de jeunes enfants qui avaient trouvé refuge dans l’église, et
dont la tête aurait été coupée en signe de victoire, sans doute
à l’époque ottomane ou mamelouk. Des bougeoirs ont été retrouvés
près des ossements qui sont conservés à l’intérieur de l’église.
Bcheailé, ou le retour vers Beyrouth en suivant le circuit Kfifane-Smar
Jbeil-Madfoun. Il existe également de nombreux sites à voir dans
ce village, notamment des inscriptions sur des roches dans la
montagne (lieu-dit de l’Ermite – al-Habiss) ou encore Qaleet el-Hosn,
vieille forteresse phénicienne, romaine et croisée aujourd’hui
en ruines. Mais l’attraction inhabituelle et qui mérite le détour
reste l’existence d’une dizaine d’imposants oliviers réputés pour
être parmi les plus vieux arbres du monde, aux racines ahurissantes,
et qui sont toujours verts.
Source : « Le caza de Batroun, un
trésor méconnu », guide du ministère du Tourisme, en collaboration
avec la « Rencontre des jeunes de Batroun ».
Excursions à thème
dans le caza de Batroun
Hardine, Kfifane, Jrabta, ou le triptyque de la sainteté.
La maison de Saint Nehmetallah el-Hardini.
C’est
sous ce nom que l’on pourrait désigner trois lieux d’une beauté
à couper le souffle qu’abrite le caza de Batroun : Hardine, Kfifane
et Jrabta.
Cette nouvelle tournée fait suite à l’itinéraire décrit
ci-dessus. Le Liban a trois saints. Deux d’entre eux sont intrinsèquement
liés au caza de Batroun, et le troisième y a longtemps vécu. D’abord,
saint Nehmetallah Kassab el-Hardini, né dans un pays sauvage,
magnifique et qui conserve encore toute sa pureté, tout son mysticisme,
même s’il commence petit à petit à devenir un centre du tourisme
religieux : il s’agit de Hardine-Beit Kassab. La tombe du saint
est par ailleurs conservée au monastère Saints-Cyprien-et-Justine
à Kfifane, devenu depuis quelques années un lieu important de
pèlerinage religieux pour les touristes du monde entier, et surtout
pour les Libanais. Ensuite, sainte Rafqa al-Rayess, qui
a vécu les dernières années de sa vie à Jrabta, au couvent Saint-Joseph-Jrabta,
où elle repose. Un lieu d’une grande beauté mystique, et qui appelle
au recueillement, à la méditation spirituelle et à la prière.
Enfin, saint Charbel Makhlouf. Saint Charbel est originaire
de Annaya, de Jbeil, et n’a pas véritablement sa place dans le
triptyque des villages sanctifiés du caza de Batroun. Pourtant,
il a lui aussi vécu, en tant que disciple de saint Nehmetallah
el-Hardini, au monastère Saints-Cyprien-et-Justine, où se trouve
également conservé le corps du miraculé frère Estéphan Nehmé el-Lefhedy.
En dehors de ces trois lieux phares de la chrétienté, du Liban
en général et du maronitisme tout particulièrement, la région
regorge, tout comme le reste du caza, de très vieilles églises
construites à l’époque des croisés, et dont certaines, délaissées,
sont très malheureusement aujourd’hui laissées à l’abandon. Panoramas
montagneux à couper le souffle, oliviers qui foisonnent à perte
de vue, vestiges des différentes civilisations qui ont traversé
le Liban, notamment phénicienne, grecque, romaine et byzantine,
paysages naturels et rocheux merveilleux, gens du terroir affables
et qui ont un sens certain de l’hospitalité : tout cela fait du
caza de Batroun un lieu incontournable pour les touristes libanais
et non libanais de toutes sortes : routiers et aventuriers, fanatiques
des vestiges et de l’histoire ancienne, croyants et mystiques,
ou tout simplement amoureux des grandes étendues naturelles sauvages
et fascinantes… L’ arrière-pays batrounien s’offre à vous…
L’ascension vers Hardine, une symbiose
entre le sauvage et le sacré
L’ascension vers Hardine à partir de la ville de Batroun prend
un certain temps, puisque le village de Nehmetallah el-Hardini
culmine à 1 100 mètres, et certains de ses vestiges à près de
1 500 mètres d’altitude. On peut y arriver par l’autoroute nouvellement
construite, tout comme on peut prendre les petites routes plus
ardues, mais bien plus jolies, qui passent par les villages du
caza. Itinéraire. Après avoir quitté Batroun pour Ijdabra, puis
Bejdarfel et Kour, le premier village où l’on peut marquer une
petite pause est Kfarhatna. Kfarhatna (450 mètres d’altitude,
à 15 kilomètres de Batroun) renferme une église bâtie au début
du XXe siècle sur les vestiges d’une vieille forteresse. Il s’agit
de Mar challita. On peut également y trouver des tombes
païennes et des puits. Zan. Zan (650 mètres d’altitude, à 18 kilomètres
de Batroun) est le premier village digne d’intérêt sur le plan
touristique. Il est également d’une très grande beauté. Si l’église
paroissiale, Saint-Jean-Baptiste, date du début du siècle (1904)
et ne présente pas d’intérêt historique particulier (elle est
néanmoins belle), on peut voir juste à côté de l’église le chêne
le plus vieux du caza de Batroun. Tellement vieux et imposant
que des courroies de fer ont été disposées tout autour de ses
branches pour empêcher qu’elles ne se brisent. Par ailleurs, les
restes de la vieille église Mar Sarkis bordent le cimetière
du village. L’église avait été construite sur les restes d’un
temple païen. On peut également trouver dans le coin des tombes
païennes taillées dans le roc. Enfin, l’église de Saydet el-Barbara,
reconstruite sur une vieille église dont une partie est taillée
dans le roc, mérite le détour. Elle se trouve près du monastère
tout neuf des sœurs de la Charité, qui viennent de s’installer
dans la région. Ftahat Sourat puis Kfarchleimane. Si Fathat (550
mètres d’altitude, à 17 kilomètres de Batroun) et Sourat (500
mètres d’altitude, à 13 kilomètres de Batroun) ne présentent aucun
intérêt particulier (Sourat était pourtant un village très important
à l’époque des croisades), il n’en est pas de même pour Kfarchleimane
(750 mètres d’altitude, à 18 kilomètres de Batroun), premier véritable
grand arrêt de cette tournée. Au terme d’une ascension de quelques
minutes en voiture, il est possible d’apercevoir une petite église
retranchée en contrebas, vers la gauche. L’église est inaccessible
en voiture, et il faut y descendre à pied. Mais l’endroit, qui
borde les cimetières du village, est d’une beauté à couper le
souffle. Au milieu d’un site qui devait probablement être phénicien,
il existe des rochers taillés qui sont d’une beauté surprenante.
L’église elle-même, Saydet Naya, est très belle. Elle a
été construite autour de 1700 – mais a apparemment été rénovée
– au sommet d’un rocher taillé et creusé en chambre funéraire.
Derrière l’église, près du cimetière, il existe une toute petite
cave chapelle encastrée dans le roc. Abritée par une grille en
métal, elle renferme des peintures murales qui se sont détériorées
avec le temps. Selon les explications locales, la chapelle devait
être à l’origine une chambre funéraire, réaménagée en lieu de
culte autour du XIIe siècle. Il reste des peintures un Christ
Pantocrator de couleur ocre peint sur le mur gauche de la chapelle
ainsi qu’une Vierge allaitant l’Enfant Jésus. Également discernable,
une inscription en grec qui affirme : « Jésus-Christ triomphe
», près d’une peinture représentant un archer tirant sur une bête,
probablement le diable. Il existe également un autre Pantocrator
peint au plafond de la chapelle, mais la peinture a sérieusement
été endommagée par des feux allumés dans la cave. Rachkeddé (600
mètres d’altitude, à 14 kilomètres de Batroun). Rachkeddé renferme
une vieille église, Mar Sarkis et Bakhos, construite sur les ruines
d’un temple romain. Helta (650 mètres d’altitude, à 18 kilomètres
de Batroun). Lieu de naissance du patriarche maronite Élias el-Hoayek,
Helta abrite la maison du patriarche, un site parfaitement aménagé
pour les touristes. L’église de Mar Abda est bâtie sur un temple
romain, et l’église Notre-Dame (Saydet), d’une grande beauté,
est considérée comme étant l’une des plus vieilles du caza. Elle
a été restaurée. Dael, Oura-Andoula, Kfarhelda, puis Kfour el-Arbi
et Niha. À l’issue d’une longue traversée en voiture, qui descend
vers Bsetine el-Ossy, il faut remonter vers le village de Kfour
el-Arbi, qui culmine à 1 150 mètres d’altitude (35 kilomètres
de Batroun). L’ascension est longue et difficile, puisqu’il faut
monter à partir de Kfarhelda, la route principale étant actuellement
coupée pour travaux. Les routes de Kfour el-Arbi, petit village
perdu dans la nature sauvage du caza de Batroun, tiennent plus
des sentiers que des routes. Le village compte plusieurs églises,
mais il est possible d’accéder, à partir de Niha, à une splendide
forteresse croisée qui surplombe la montagne. Il s’agit de Saydet
el-Qalaa, qui est juste construite sous Hardine, mais qui n’est
accessible que de Niha. Hardine-BeitKassab. La route principale
pour remonter vers Hardine (1 100 mètres d’altitude, à 32 kilomètres
de Batroun) à partir de Kfour el-Arbi étant actuellement hors
service, il faut prendre ce qui est sans doute l’une des plus
belles routes du Liban : une vaste forêt de pins à l’état sauvage,
encore vierge de toute construction. L’idéal pour une bonne marche
de scouts routiers. En voiture, le chemin est très agréable, mais
il faut rouler lentement. Il conduit vers les hauteurs de Hardine,
et plus précisément devant le lieu d’ermitage de saint Nehmetallah
Kassab el-Hardini. Hardine est sans conteste la plus belle étape
du périple. Elle renferme une dizaine d’églises et de monastères,
certains datant de l’époque des croisés. Le plus bel emplacement
spirituel à visiter est le monastère Saint-Phocas (Mar Fawqa)
qui date du XVe siècle. Saydet el-Qalaa, la chapelle qui surplombe
la forteresse visible à partir de Niha, est taillée dans le roc.
Elle mérite le détour : le panorama qu’elle offre est sans pareil.
Mais elle n’est pas d’accès facile. Il est surtout possible de
visiter la maison de saint Hardini, aménagée pour les touristes
(avec un restaurant et un pub juste à côté). Mais le bijou de
Hardine est les vestiges – très mal conservés – d’un temple romain
prostyle dédié à Mercure et qui se situe au sommet de la montagne
(à 1 500 mètres d’altitude), tout prêt d’une station de télévision.
La route n’est pas facile d’accès, mais le site vaut le détour.
Derrière le temple, on peut embrasser du regard une grande partie
du caza de Bécharré, notamment Qnat.
Un lieu de pèlerinage et des monastères équipés pour les touristes
Pour redescendre de Hardine à Kfifane, et si l’on tient à faire
le pèlerinage en une seule journée (l’ascension vers Hardine est
fatigante et peut constituer un itinéraire à elle seule), il convient
de reprendre la route de Kfarhelda, Beit Chélala, Oura-Andoula
et Dael pour arriver à Assia. Il faut faire attention en redescendant
de Hardine, car certains endroits sont toujours minés depuis la
guerre. Des panneaux disposés au bord de la route signalent ces
champs de mines antipersonnel. Mais la région de Kfifane est complètement différente de celle
de Hardine, dans la mesure où elle est bien plus accessible.
Jrabta et Kfifane sont deux étapes importantes au niveau du tourisme
religieux, et les deux monastères, qui sont très bien aménagés
pour les touristes, ne désemplissent pas. Par ailleurs, contrairement
au jurd de Batroun, il est facile de trouver une multitude de
restaurants et de snacks sur la route de Kfifane et de Jrabta.
Assia. Le haut pays batrounien semble désormais bien loin, et
la sauvagerie du paysage de l’hinterland laisse la place à de
beaux petits villages. La route d’Assia (870 mètres d’altitude,
à 27 kilomètres de Batroun) est bordée d’oliviers à perte de vue.
À Assia, l’église paroissiale Saint-Georges (1846) est bâtie sur
des ruines romaines. Un autre très beau site à voir est Saydet
el-Qalaa, une vieille église entourée de vieux rocs. Assia est
célèbre pour la poterie qu’on y fait suivant une vieille technique
n’utilisant pas la roue. Nehla, Mrah el-Hajj, el-Alali puis Chabtine.
La descente vers Kfifane se poursuit à travers une succession
de jolis petits villages, comportant notamment des églises datant
du XIXe siècle. Chabtine (500 mètres d’altitude, à 15 kilomètres
de Batroun) renferme plusieurs églises, notamment les restes d’une
dédiée à la Vierge Marie, bâtie sur les ruines d’un temple païen.
La belle église byzantine de Mar Sarkis et Bakhos date, elle,
de 1872. Deria. Le détour par Deria (500 mètres d’altitude, à
13 kilomètres de Batroun) vaut la peine, non pas pour ses vestiges,
mais pour un vieux chêne situé près de l’église Mar Nohra, laquelle
est bâtie sur les ruines d’une vieille église. Jran. L’église
Mar Doumit de Jran (400 mètres d’altitude, à 9 kilomètres de Batroun)
présente une vision pour le moins étrange : l’autel est bâti sur
deux piliers d’un vieux temple romain, sur lequel l’église a été
construite. Il est également possible de trouver à Jran une église
Mar Sarkis et Bakhos datant de l’époque byzantine et une autre
église, Saydet el-Ramat, datant du XVIIIe siècle. Ramat est le
lieu de naissance du patriarche maronite Yaacoub el-Ramati (1139-1151).
Il existe des restaurants et un pub à Jran. Kfifane. Le monastère
Saints-Cyprien (du nom du patriarche maronite de 1230)-et Justine
de Kfifane (400 mètres d’altitude, à 10 kilomètres de Batroun)
est le point d’arrêt principal de la région. Très grand, il abrite
le cercueil de saint Nehmetallah Kassab el-Hardini (depuis 1858).
Le monastère date de l’époque des croisades, et cette ancienneté
se manifeste par la présence de plusieurs citernes taillées dans
le rocher. Il y a également un grand couvercle de sarcophage derrière
le monastère. À l’intérieur du monastère, on peut trouver de belles
églises et visiter les pièces où saint Nehmetallah Kassab el-Hardini
travaillait et priait. À l’extérieur du monastère, il existe une
belle église, Saydet el-Zrouh. Il y a également trois autres églises
à Kfifane – dont l’une, Mar Abda, date du XIVe siècle – et une
mosquée. Il existe un hôtel restaurant entre Kfifane et Deria.
Jran, de nouveau, puis Mrah el-Zayat, puis Abdelli. L’église Notre-Dame
de Mrah el-Zayat (450 mètres d’altitude, à 12 kilomètres de Batroun),
qui date du XIXe siècle, a été construite avec des pierres de
la forteresse de Smar Jbeil. Abdelli (650 mètres d’altitude, à
16 kilomètres de Batroun) est un très beau village, où l’on peut
trouver un lieu de camping en été, nommé « al-Mighraq ». Le site
est recouvert par l’eau en hiver. Il existe deux vieilles églises
au village, dont l’une date de l’époque des croisades. Jrabta.
Jrabta (540 mètres d’altitude, à 20 kilomètres de Batroun) abrite
le couvent de saint Joseph, où sainte Rafqa a vécu les dernières
années de sa vie. Le monastère abrite son cercueil. L’endroit
est immense, avec des indications pour permettre aux touristes
et aux visiteurs de se retrouver. C’est un lieu incontournable
de pèlerinage, un lieu de recueillement et de prière d’une incroyable
sérénité. Le couvent de saint Joseph-Jrabta est célèbre pour les
vêtements religieux qui y sont fabriqués et pour ses pâtisseries,
dont le « marsaban». On y fait également des travaux manuels.
Par ailleurs, il existe à Jrabta une église, Mar Abda, datant
de l’époque des croisades, et d’autres églises des XVIIIe, XIXe
et XXe siècles. Pour redescendre vers Beyrouth, il faut reprendre
la route qui conduit vers Jran, non sans avoir fait un crochet
par le village de Sghar. Ensuite, une étape importante et agréable
est la visite de la vieille forteresse de Smar Jbeil puis de l’atelier
des frères sculpteurs Basbous à Rachana. On débouche ensuite sur
Madfoun, pour reprendre l’autoroute vers la capitale.