La
communauté arménienne du Liban:
un apport plein de richesses pour le pays et sa
francophonie
La
Présence Arménienne au Liban
Juillet 2024
La
fête arménienne Vartavar célébrée
pour la première fois au Liban
Seaux, verres ou pistolets à eau tout est bon pour
jeter de leau sur son voisin pendant Vartavar. Cette fête
arménienne qui consiste à purifier son corps et
son âme, grâce à leau, a pris place pour
la première fois au Liban à Batroun.
Avril - Mai 2024
Préserver
la culture arménienne au Liban
Le 24 Avril est le jour de la commémoration
du génocide arménien.
Bien intégrée au Liban, la communauté arménienne
a su préserver ses traditions et sa culture. Une transmission
qui commence dès lenfance et qui passe par léducation,
la religion mais également la gastronomie.
Il
aurait eu 100 ans le 22 mai 2024: hommage à limmense
parolier Charles Aznavour Des
chansons écrites par Aznavour pour Aznavour à celles
pour les autres stars de la chanson...
Il était un amoureux de la langue française et de
l'écriture de textes. Pour célébrer encore
ce personnage au parcours exceptionnel qui était
"comme chez lui au Liban",
penchons nous sur sa dimension de parolier, du mythe qui a porté
plusieurs casquettes, celle de la composition musicale, de linterprétation
magistrale et de lécriture de titres cultes de la
chanson française.Impossible
par ailleurs de ne pas mentionner de son inlassable soutien tant
moral que financier à la cause arménienne et l'Arménie,
son pays d'origine
Mireille
Khanamirian, ambassadrice de lhéritage de Charles
Aznavour Aznavour:
un héritage qui ne se limite pas à sa musique.
Lambassade dArménie
au Liban, en partenariat avec UGAB
Liban / AGBU Lebanon, organise une projection exceptionnelle
du film Le Regard de Charles le 3 avril.
Ce documentaire intimiste, réalisé à partir
des archives personnelles dAznavour, promet et réussit
une plongée fascinante dans lunivers de lhomme
derrière la légende qu'il représente.
Aznavour, un passeur de francophone au Liban
Mireille Khanamirian, chargée de mission auprès
de lambassade dArménie à la Francophonie
et membre active de lUGAB-Liban, a eu le privilège
de collaborer étroitement avec Charles Aznavour durant
les six dernières années de sa vie. Véritable
trait dunion entre lartiste et la presse télévisée
arabe, elle sest investie corps et âme dans la promotion
de son uvre dans la région, orchestrant interviews
et documentaires sur des chaînes télé prestigieuses.
Lincroyable
épopée des Arméniens libanais
Février
2024- La présence des arméniens
au Liban remonte à une période ancienne, spécifiquement
aux alentours de 1715, lorsque des moines arméniens sétablissent
à Ghazir, dans la région de Jounieh. Au fil du temps,
dautres communautés religieuses arméniennes
choisissent le Liban comme lieu de refuge en raison de son emplacement
à proximité de Jérusalem et sa réputation
en tant quendroit refuge. Au début du XXe siècle,
la population arménienne au Liban est relativement modeste,
estimée entre 1 200 et 1 300 personnes résidant
principalement à Beyrouth.
Cette communauté prospère et bien éduquée
inclut des familles notables telles que les photographes Sarafian.
Cependant,
dans dautres régions de lEmpire ottoman,
la situation des arméniens est loin dêtre
stable. En 1915, le gouvernement des Jeunes-Turcs, dirigé
par le Comité Union et Progrès, persécute
de façon inhumaine la population arménienne de
lempire sous le prétexte fallacieux de connivence
avec la Russie. De nombreux arméniens sont contraints
de prendre le chemin de lexil, parcourant de longues distances,
souvent à pied, et affrontant le désert, la faim,
la soif, la maladie, ainsi que diverses agressions. De surcroît,
les autorités ottomanes exigent régulièrement
des rançons aux arméniens durant leur périple
en échange de leur vie, aggravant ainsi leur affliction
et leur désolation. Plus dun million darméniens
périssent horriblement et cruellement au cours des déportations
en masse, justifiant en partie la reconnaissance du génocide
arménien par plus de 30 pays dans le monde, dont le Liban.
La
première vague de réfugiés arméniens
débarquant au Liban provient de la Cilicie, une région
située dans lactuelle Turquie. Leur évacuation
est organisée par voie maritime par le haut-
commissariat
français basé à Beyrouth. Initialement,
les réfugiés pensent que leur séjour au
Liban est temporaire. Toutefois, les Français rétrocèdent
la Cilicie aux Turcs en 1923, anéantissant ainsi tout
espoir de retour. En vertu de larticle 30 du traité
de Lausanne, mettant fin au conflit entre lEmpire ottoman
et les puissances alliées, les Arméniens en Syrie
et au Liban acquièrent la nationalité des pays
sous mandat français. La majorité des réfugiés
arméniens au Liban choisissent de sétablir
à Beyrouth, se regroupant selon leurs origines géographiques
et leurs liens familiaux. Cependant, la migration vers Beyrouth
sannonce difficile. Les nombreux réfugiés
sont miséreux, tandis que les rares logements sont onéreux.
Ainsi, il est décidé dhéberger les
réfugiés dans des camps de fortune à Beyrouth,
principalement dans la région de la Quarantaine, ainsi
que dans certaines collines dAchrafieh.
En
juillet 1922, on dénombre approximativement 8 000 réfugiés
arméniens à Beyrouth, tandis que quelques milliers
dautres sont dispersés dans les autres villes libanaises
comme Tripoli, Saïda et Tyr. À la fin de 1922, le
nombre de réfugiés à Beyrouth est denviron
12 000 personnes, augmentant rapidement de jour en jour. En
1925, après avoir visité le camp de réfugiés
arméniens de Beyrouth, le Français G. Carle, délégué
du Bureau international du travail, adresse le rapport suivant
à la Société des nations (prédécesseur
des Nations unies) : « Les arméniens, tant quils
ne sont pas arrivés à un certain degré
de richesse, veulent être groupés entre gens de
même race ; ils trouvent dans ces groupements une certaine
sécurité : ce sentiment sexplique de la
part de populations qui ont toujours vécu dans des milieux
qui leur étaient hostiles. »
La
vie des réfugiés arméniens dans les camps
est excessivement difficile. Leurs logements en torchis ou en
tôle ne résistent pas aux caprices de la nature.
En hiver, les terrains sont boueux et apparemment jonchés
de détritus, émettant des odeurs nauséabondes.
En été, la chaleur est étouffante et lhumidité
accablante, sans compter les moustiques qui pullulent. Au vu
de cette situation misérable et déplorable, le
haut-commissariat français accorde la priorité
à lamélioration des conditions de vie des
réfugiés. Au-delà de laspect humanitaire,
cette décision est également motivée par
des considérations politiques. La lettre de Reffye, le
haut-commissaire par intérim, datée du 12 octobre
1926, énonce ce qui suit : « Labandon de
la Cilicie, à la fin de 1921, a été la
principale cause de leur émigration en territoire syrien.
Depuis cette date, laide la plus active leur a été
apportée, mais elle na pas été suffisante
( ). En dehors de ces raisons dordre moral, nous
avons le plus grand intérêt, du point de vue politique,
comme du point de vue militaire ( ), à essayer de
maintenir au Liban les arméniens qui sy sont réfugiés
et qui renforceront utilement lélément chrétien.
»
En
1926, un « Comité central de secours » est
créé avec pour mission daméliorer
lexistence des arméniens vivant dans des camps.
Les financements proviennent de diverses sources telles que
le gouvernement libanais, la Société des nations,
ainsi que de la composante aisée de la communauté
arménienne dans le monde. Les réfugiés
démontrent eux-mêmes un esprit remarquable de fraternité
et de solidarité en collectant des fonds pour contribuer,
dans la mesure du possible, au financement de lentreprise.
Vers
la fin de 1929, environ quarante mille arméniens sont
établis au Liban, avec environ trente mille résidant
à Beyrouth, dont la moitié vit encore dans des
camps. En 1930, le haut-commissariat français, en collaboration
avec la Société des nations, envisage la construction
dun quartier arménien autonome, doté de
sa propre municipalité, capable daccueillir entre
dix-huit et vingt mille habitants. Cest ainsi que le projet
de Bourj Hammoud situé à lest du
fleuve de Beyrouth voit le jour. À cette époque,
cétait un terrain vierge, recouvert darbres
fruitiers, de buissons et de marécages. Le projet dun
quartier arménien présente un double avantage
pour le haut-
commissariat
français : il permet de désengorger les camps
tout en établissant dans la capitale libanaise une nouvelle
circonscription électorale favorable à la France.
Les
résultats du projet de Bourj Hammoud dépassent
toutes les attentes. En février 1935, seulement mille
familles de réfugiés résident encore dans
des baraques à Beyrouth, le reste ayant déménagé
dans les nouveaux quartiers. La construction de zones urbaines
dédiées à la communauté arménienne
met ainsi un terme définitif à lépopée
des camps de fortune pour les arméniens de Beyrouth.
Le remarquable succès de lintégration arménienne
dans la mosaïque libanaise est un fait rare, non observé
chez les autres réfugiés au Liban.
En
1939, une nouvelle et dernière vague de réfugiés
arméniens arrive au Liban en provenance de six villages
des montagnes de Musa Dagh, dans la province de Hatay en Turquie.
Une petite minorité décide de sétablir
à Beyrouth, tandis que la grande majorité préfère
Anjar, dans la plaine de la Békaa, pour se consacrer
à lagriculture. À cette époque, Anjar
est un marécage recouvert de ronces. Initialement, les
réfugiés logent dans des tentes de fortune, des
églises ou des écoles. Cependant, grâce
au soutien du gouvernement français et de quelques Arméniens
fortunés, des terrains sont rapidement acquis, et un
ensemble homogène de cabanes en béton est rapidement
érigé pour former une agglomération rectangulaire
viable pour lhabitation. Lurgence est telle que
les constructions se poursuivent même au cur de
lhiver, malgré le froid et la neige. Spécifiquement,
chaque famille sinstalle dans une pièce de 16 mètres
carrés (4 mètres par 4 mètres), utilisée
à la fois comme chambre à coucher, salle de séjour
et cuisine. Au centre du village, une imposante église
est érigée, arborant fièrement et ostensiblement
une architecture typiquement arménienne. Les autorités
françaises attribuent également aux réfugiés
des droits sur des terres agricoles, dont certaines sont irriguées.
À
lété 1946, dans la foulée de la Seconde
Guerre mondiale, Staline propose aux arméniens de rapatrier
la diaspora en Arménie soviétique, la plus petite
République de lURSS. Cette proposition séduit
la communauté et lÉglise arméniennes
car elle contribue à la création dune patrie
pour la confrérie, un objectif longtemps convoité.
Pour les arméniens du Liban, encore plongés dans
la misère, cest une opportunité inespérée.
De nombreuses personnes vendent rapidement leurs maigres possessions
et décident de rejoindre ce nouveau pays daccueil
quelles considèrent prématurément
comme un eldorado. Dautres individus désirant aussi
quitter le Liban ne pourront pas entreprendre le voyage faute
de place. Au moment du départ, sur les quais étroits
du port, une foule se presse et sagite comme une marée
noire pour dire un dernier adieu à leurs proches embarquant
dans le paquebot de lexil. Une fois arrivés à
destination, les émigrés doivent sadapter
à une situation inédite, notamment en raison des
différences culturelles et linguistiques. Plus pertinemment,
les émigrés doivent faire face à un mode
de vie totalement différent de celui quils ont
connu dans un Liban profondément libéral. Ils
sont désormais sous lemprise dun régime
totalitaire.
Contrairement
à leurs concitoyens soviétiques, les arméniens
libanais ont connu un destin fantastique dans un pays du Cèdre
euphorique. Nombre dentre eux ont dabord exercé
des métiers artisanaux tels que cordonniers, ferronniers,
voire cireurs de souliers. Grâce à leur exceptionnelles
capacités et assiduité, ils sont parvenus à
rapidement transcender leur pauvreté en sorientant
inexorablement vers des activités professionnelles plus
sophistiquées et mieux rémunérées.
Il suffit dobserver le quartier de Bourj Hammoud pour
saisir létendue de lentrepreneuriat arménien,
que ce soit à travers les ateliers de photographie et
dhorlogerie, les étalages de joaillerie et dargenterie,
les magasins de parures et de chaussures, ainsi que la production
de nombreux produits locaux de bonne qualité vendus à
des prix compétitifs.
Durant
la guerre civile au Liban de 1976 à 1990, la population
arménienne a considérablement diminué.
De nombreux arméniens libanais ont décidé
démigrer principalement aux États-Unis pour
exporter leurs compétences et réaliser le rêve
américain. Malheureusement, bon nombre dentre eux
ne reviendront jamais au pays. Aujourdhui, le Liban compte
environ 150 000 personnes dorigine arménienne,
pleinement intégrées dans la société
libanaise, avec une présence significative au sein du
gouvernement et du Parlement. Tous se considèrent naturellement
comme des citoyens libanais à part entière, tout
en étant profondément fiers de leurs racines arméniennes.
Texte de Karim S. Rebeiz publié
dans l'OLJ
Septembre 2023
Mobilisation
massive des arméniens du Liban devant l'ambassade d'Azerbaidjan
en soutien à la communauté arménienne du
Haut-Karabakh
"Nous
sommes tous le Karabakh" : sit-in sous tension le 28 septembre
2023 devant l'ambassade d'Azerbaïdjan (à Aïn
Aar) après que 50% des habitants de l'enclave de l'Artsakh
ont du fuire vers l'Arménie suite à l'offensive
brutale de l'armée azerbaidjanaise la semaine précédente.
Un porte-parole des protestataires n'a pas hésité
à évoquer sa peur d'un « nouveau génocide
arménien » dans le Karabakh. Ce même jour,
les autorités de ce territoire autonome a annoncé
la dissolution de facto de toutes ses institutions à compter
du 1er janvier 2024 >
+ de détails...
Diaspora
arménienne, du mythe à la réalité
par Nadine Garabédian
Cet ouvrage analyse les différents systèmes d'intégration
de la communauté arménienne de la diaspora, notamment
en France, au Liban et aux Etats-Unis. Il combine une analyse
historique et une perspective sociologique. Les données
ont été recueillies lors de nombreux entretiens
dans ces trois communautés. Lors de la Première
Guerre mondiale, les Arméniens, exilés, réfugiés
et dispersés dans plusieurs pays, réinventent là
où ils s'installent une vie communautaire au sein d'une
structure tridimensionnelle.
Leur imaginaire collectif - avec en son centre la République
d'Arménie et le génocide - devient le lien fédérateur.
Par conséquent, l'allégeance communautaire pousse
la communauté à composer avec la citoyenneté
acquise dans les nouveaux espaces nationaux. Les dilemmes de l'appartenance
communautaire et l'enjeu de la représentativité
arménienne évoluent au travers des modes d'insertion
propres à chacune des communautés.
Le vote à Alfortville, les choix partisans et nationaux
au Liban, le lobbying aux Etats-Unis et le clientélisme
politique dans les trois communautés, montrent les ressorts
profonds d'un système communautaire établi dans
un espace transnational.
L'auteure sera présente
à Beyrouth le 7 octobre 2023 pour une séance de
signature dans le cadre du Festival Beyrouth Livres 2023 à
la galerie Dar El Nimer.
Bourj
Hammoud, le quartier arménien et commerçant mérite
le détour et annonce ses belles couleurs!
Pour remédier aux problèmes
de propreté et d'attractivité le comité du
centre commercial Harboyan a décidé de financer
la rénovation de quatre rues en les nettoyant, les décorant
et en créant des places de parking.
Avec déjà deux ruelles devenues piétonnes,
ils espèrent changer l'image du quartier et développer
son activité en
validant notamment sa réputation de bonnes affaires et
d'expertise comme dans le secteur de l'or et de la bijouterie...
Promouvoir
la gastronomie arménienne
Aline Kamakian, fondatrice et PDG
des restaurants Mayrig, Batchig et Lahmajun, fait part de son
expérience, de ses aspirations et des défis qu'elle
a du surmonter.
26 juin 2023
Grande conférence sur les enjeux
régionaux et internationaux
de la situation en Arménie et le Haut Karabagh ainsi que le rappprochement
Arménie-Liban autour de la Francophonie et la défense des
minorités d'Orient
avec le Pr Tigrane Yégavian
Depuis
2015, la presse québécoise la surnommée
« la Dame du jazz »
En 2023, la chanteuse libano-canadienne Randa Ghossoub pose sa
voix sur une dizaine de titres du grand Charles pour en donner
« sa » version suavement jazzy... accompagnée
pour cette occasion par un orchestre de remarquables musiciens.
Cette performance trouve justement un écho enthousiaste
à Beyrouth au travers d'un article intitulé
" Quand
Randa chante Aznavour "
paru le jour de la fête de musique dans le quotidien francophone
l'Orient-Le Jour
Artiste
militante, Randa Ghossoub avait organisé à Montréal
en Août 2021, un rassemblement de soutien aux victimes des
explosions diu port de Beyrouth >
Lire...
Regard
sur Bzommar, la petite Arménie du Liban, un vrai coin de
paradis
Le Liban et lArménie
ont leur destin lié depuis le 18è siècle.
Au-dessus de Beyrouth, la présence arménienne épouse
les contours de limmense colline. Avec le Siège Patriarcal
de lEglise Arménienne Catholique, lInstitut
du Clergé Patriarcal, son couvent, son musée,
sa bibliothèque, ses oliviers et sa société
de reliure, cest un trésor culturel inestimable qui
se dévoile.
Lesprit dentreprise des prêtres, qui cultivent
leur vignoble et bientôt leur ferme sur près de 300
ha, est atypique et réel. «
Allez à Bzommar, cest la petite Arménie catholique
du Liban »
Reportage en immersion du magazine français Entreprendre,
dans ce petit coin de paradis, situé dans le Kesrouan,
à environ 900 mètres d'altitude et 35 kms ou 50
mns de Beyrouth, sur la route reliant la fameuse Notre-Dame à
Harissa et le rond-point d'Achkout.. >
Lire...
Au
Liban, la culture arménienne se préserve
Bien
intégrée au Liban, la communauté arménienne
a su préserver ses traditions et sa culture. Une transmission
qui commence dès lenfance et qui passe par léducation,
la religion mais également la gastronomie.
À
Bourj Hammoud, les Arméniens solidaires du Haut-Karabakh
Dans les rues de Bourj Hammoud, le quartier arménien du
grand Beyrouth, la communauté arménienne du Liban
affiche clairement son soutien à lArtsakh, le Haut-Karabakh
en arménien.
Cette région arménienne est menacée par les
velléités territoriales de lAzerbaïdjan.
Avril
2023
Le mois d'Avril ouvre au Liban une période
de souvenir et de célébration du génocide arménien
Rendez-vous
les 11 et 12 Mai 2023
à 20 h, à lamphithéâtre
Pierre Abou Khater, Campus des Sciences Humaines de lUSJ,
Rue de Damas
Le Collège Stes Hripsimiantz,
pour son 100ème anniversaire, en partenariat avec lInstitut
Français du Liban et en collaboration avec le service culturel
de lAmbassade dArménie au Liban, présente
le spectacle JAZZNAVOUR.
Les meilleurs titres de Charles
AZNAVOUR sont interprétés par le célèbre
chanteur arménien Hayk Petrosyan et ses 4 musiciens venus
spécialement dArménie. Réservez
vos places avec AntoineOnline (cliquez ci-contre).
Notez que l'association Lebanese
Society in Europe s'implique dans une levée de fonds
au bénéfice de ce collège de Fanar.
Le génocide des chrétiens
dOrient
Le 24 avril 1915, Talaat Pacha ordonne
larrestation des intellectuels arméniens. Ils seront tous
déportés, affamés et exécutés. Ce jour-là,
se déclenchait le génocide qui allait sétendre
au Mont-Liban et changer la face de tout lOrient. Le
24 avril est la Journée du génocide des chrétiens
dOrient dont les trois quarts ont succombé aux massacres,
famines et déportations de la Première Guerre mondiale.
Ce nettoyage ethnique a pris pour nom Tséghaspanoutioun chez les
Arméniens, Seyfo chez les Assyro-Chaldéo-Syriaques, et Kafno
chez les Montélibanais (habitants du Mont Liban).>
Lire l'article en entier...
Le génocide de 1915-1918 aux mains
des Ottomans
DAntoura en passant par Jbeil, le Liban conserve
les traces dune sombre histoire liée au génocide arménien
de 1915-1916: celle du sort de milliers dorphelins arméniens
soumis à une politique de turquification par les forces ottomanes,
avant dêtre recueillis par des missionnaires au lendemain
de la Première guerre mondiale. À 108 ans du génocide
arménien, le devoir de mémoire s'impose, pour ne pas oublier. Le
24 avril 1915, Talaat Pacha ordonne larrestation des intellectuels
arméniens. Ils seront tous déportés, affamés
et exécutés. Ce jour-là, se déclenchait le
génocide qui allait sétendre au Mont-Liban et changer
la face de tout lOrient. Le
24 avril est la Journée du génocide des chrétiens
dOrient dont les trois quarts ont succombé aux massacres,
famines et déportations de la Première Guerre mondiale.
Ce nettoyage ethnique a pris pour nom Tséghaspanoutioun chez les
Arméniens, Seyfo chez les Assyro-Chaldéo-Syriaques, et Kafno
chez les Montélibanais (habitants du Mont Liban).>
Lire l'article
d'Amine Jules Iskandar...
La chaine Arte Tv consacre un documentaire sur les arméniens du
Liban
Au Liban, la soif de vivre des Arméniens
Au
cur de Beyrouth, larchitecte Arpie Mangassarian a recréé
son petit coin dArménie. Dans le centre culturel Badguèr
quelle a fondé, elle préserve une identité
arménienne en exil. Pour tous les Arméniens libanais, le
Liban est une seconde Arménie. Dans un échange fécond
avec leur nouvelle patrie, les Arméniens font du Liban un foyer
intellectuel.
Après l'explosion du 4 Août
2020, vivre ou survivre au Liban?
le Blues des arméniens de Bourj Hammoud
un reportage de France 24 >
Lire l'article...
La riche histoire de la présence
arménienne au Liban un
dossier spécial de la rédaction du site Libnanews>
Lire
/
Novembre 2017 Les
Arméniens du Liban : plus de cent ans de présence
On appelle les Arméniens du Liban «
Lipanahay » en arménien occidental ou « Libanahay »
en arménien oriental). Ils forment depuis des siècles une
communauté importante au sein de ce pays. Celle-ci s'est considérablement
renforcée depuis le début du XXème siècle
à la suite du génocide arménien de 1915. La communauté
arménienne du Liban qui représente encore 120 à 150.000
habitants au Liban demeure une communauté éminemment tournée
vers la francophonie et contribue largement à la vitalité
de celle-ci comme en témoigne la parution, à l'occasion
du centenaire de la présence arménienne au pays du cèdre
(avant même son indépendance), d'un ouvrage précieux
paru aux Presses de l'USJ.
De plus, les relations familiales entre la communauté arménienne
restée au Liban et celle qui a émigré, notamment
en France ( Marseille, Valence, Lyon et Paris notamment), renforcent largement
les échanges et le dynamisme d'une vraie francophonie libano-arménienne.
Photo: M. Sayegh-OLJ
L'ouvrage historique publié aux Presses de l'Université
Saint-Joseph a fait l'objet d'une présentation au Salon du livre
francophone de Beyrouth.
Cent ans déjà que les Arméniens ont trouvé
refuge au Liban, fuyant le génocide perpétré par
l'Empire ottoman. Que sont-ils devenus au bout d'un siècle ? Quelle
a été leur contribution au développement du Liban
? À ces questions parmi tant d'autres, qui mettent en exergue la
nécessité pour les Arméniens du Liban de maintenir
leur identité arménienne, tout en devenant libanais à
part entière, l'ouvrage historique Les Arméniens du Liban,
cent ans de présence apporte des réponses. Entrepris par
une trentaine de chercheurs sous la direction de Christine Babikian Assaf,
Carla Eddé, Lévon Nordiguian et Vahé Tachjian, ce
livre, publié aux Presses de l'Université Saint-Joseph,
a fait l'objet d'une présentation, vendredi dernier, au Salon du
livre francophone de Beyrouth. Il fait suite à l'ouvrage Les Arméniens,
1917-1939 : la quête d'un refuge, publié en 2006 par le même
éditeur. Devant une salle pleine à craquer, les historiens
Vahé Tachjian, Boutros Labaki et Henry Laurens et l'archéologue
Lévon Nordiguian ont tour à tour intervenu dans un débat
modéré par Mme Babikian Assaf, historienne et doyenne de
la faculté des lettres et des sciences humaines de l'USJ. L'influence arménienne au Liban
Les Arméniens du Liban,
cent ans de présence ne peut se lire d'un trait. Avec ses 500 pages
et ses 350 photos, le livre est un concentré de vies, d'histoires,
de thèmes et d'événements. Composé de quatre
grandes parties, non seulement il raconte les Arméniens dans la
cité et se penche sur des parcours collectifs et individuels, mais
il montre la richesse de l'apport des Arméniens, leur influence
sur le plan culturel notamment. À tel point qu'il décrit
Beyrouth comme « capitale culturelle arménienne ».
Des témoignages et récits de vie viennent étayer
ce travail titanesque, parmi lesquels des membres de la communauté
arménienne parfaitement intégrés à la société
libanaise, mais aussi d'autres, peu ou pas intégrés.
La photo occupe
une place de choix dans cette recherche à plusieurs mains. Il
faut dire que « les photographes arméniens ont joué
un rôle prépondérant dans la capitale libanaise
», explique Lévon Nordiguian. « Entre le XIXe et
le début du XXe siècle, il n'existait pas une ville du
Proche-Orient qui n'abritait pas un ou plusieurs photographes arméniens
», révèle l'archéologue, précisant
que Beyrouth était alors l'une des capitales provinciales de
l'Empire ottoman les plus actives. À titre d'exemple, raconte-t-il,
« les frères Sarafian se sont installés à
Beyrouth à partir de 1887, d'abord rue de l'émir Bachir,
puis à Bab Idriss. En 1920, avec l'arrivée massive des
Arméniens fuyant le génocide, ce quartier était
déjà le cur de la photographie du pays ».
Et d'ajouter que « dans les années soixante, un peu plus
de 60 % des photographes opérant à Beyrouth étaient
arméniens ». « Ils se sont imposés par leur
talent et leur savoir-faire », observe-t-il, citant quelques photographes
arméniens célèbres, comme Manoug, les frères
Jean et Harry Naltchayan, Varoujan... qui étaient sollicités
par les stars, les hommes politiques ou par des institutions de prestige
comme la MEA. Avec son lot de saccages et de pillages de commerces,
la guerre civile est venue balayer et détruire une grande partie
des documents de l'époque, déplore M. Nordiguian.
Une richesse pour l'histoire du Liban
L'ouvrage « permet de
comprendre la communauté arménienne du Liban »,
fait remarquer à son tour l'historien Vahé Tachjian. À
savoir ses origines, les camps de réfugiés, la vie quotidienne,
la construction progressive des quartiers... « Des sources écrites
sont à la base de ce travail », souligne-t-il, précisant
que « la plupart de ces sources sont rédigées en
arménien et qu'il faut une bonne maîtrise de la langue
pour les comprendre ». Accompagnés de 350 photos rassemblées
de diverses sources, bibliothèques, associations, archives personnelles
et universitaires, les textes permettent de plus, de manière
générale, « d'enrichir la connaissance de l'histoire
du Liban », assure M. Tachjian. Il illustre ses propos par des
photos de groupes d'orphelins à leur arrivée au Liban
en 1920, au port de Beyrouth, ou dans des orphelinats à Ghazir,
Antélias, Jbeil, Saïda et au Chouf. Des photos qui montrent
également d'anciennes demeures, palais, paysages ou lieux emblématiques
libanais.
« Ma famille
a été témoin des massacres d'Adana en 1920 et mon
oncle figure parmi les victimes », révèle de son
côté l'historien Boutros Labaki, dont le grand-père
originaire de Baabdate avait émigré en Cilicie. Sur l'arrivée
au Liban de la famille de son père après la déportation,
il observe qu'elle « parlait le turc et un peu l'arménien
». Et d'observer que dans les années cinquante, lors de
la campagne électorale, les discours électoraux commençaient
en arménien et se poursuivaient en turc. « La communauté
arménienne était surtout turcophone à l'époque
», explique-t-il. Et d'observer que le Liban est le pays où
les Arméniens ont le mieux réussi à conserver leur
identité. « Le système communautaire libanais repose
sur l'indépendance des communautés, note-t-il. Les Arméniens
ont su épouser ce système qui leur assurait une participation
à la vie politique et leur permettait de préserver la
langue arménienne au sein de leurs écoles. »
L'historien français
Henry Laurens salue enfin l'ouvrage qui, à partir d'une trentaine
d'études, « permet d'identifier l'évolution d'un
groupe de réfugiés sur des décennies ». «
Un livre nécessaire, mais à la fois splendide par son
iconographie, d'une richesse telle qu'on pourrait passer des heures
rien qu'à regarder les photos », souligne-t-il. Il précise
que « le travail, comme tout ce qui est libanais, relève
à la fois du particulier et de l'universel ». Le professeur
Laurens, qui avoue « ne pas connaître le sujet alors qu'il
est historien », se penche sur le processus « d'arménisation
» des réfugiés arméniens à leur arrivée
au Liban. « La grande masse était turcophone. Il était
impensable qu'elle continue à parler la langue de l'oppresseur,
quitte à perdre sa langue », conclut-il, constatant que
la transformation s'est opérée en deux ou trois générations.
Anne-Marie El Hage pour l'OLJ
Le
Liban est dans une phase dautodestruction, avertit Aram
Ier
18
Novembre 2007-
Le catholicoss Aram Ier a mis laccent sur le fait que
le peuple libanais ne peut plus supporter la crise qui paralyse
le Liban, déplorant « la phase dautodestruction
au Liban et mettant laccent sur le fait que lélection
dun chef de lÉtat « constitue, pour
les députés, un devoir national ».
Mgr Aram Ier a reçu samedi lambassadeur dIran,
Mohammad Rida Chibani, pour un entretien qui a été
principalement axé sur la présidentielle. Le prélat
et le diplomate ont tous deux souligné la nécessité
que la présidentielle ait lieu dans les délais
et que le Liban sorte de la situation « brumeuse »
dans laquelle il se trouve.
« Le Liban oscille entre loptimisme et le pessimisme.
Les initiatives, et les consultations internationales et régionales
en cours font souffler un vent doptimisme, mais le durcissement
de ton et les divergences au niveau des positions font entretenir
un climat pessimiste et brumeux », a constaté Mgr
Aram Ier, dans une déclaration quil a faite au
terme de lentretien.
Après avoir relevé que « le peuple ne supporte
plus la crise», il a indiqué que « la pauvreté,
le chômage, les échanges daccusation et lambiguïté
commencent à épuiser le peuple, alors que les
jeunes quittent le pays ». « Le Liban est dans une
phase dautodestruction. Nous ne pouvons pas fermer les
yeux sur ce qui se passe autour de nous », a poursuivi
le catholicos, estimant que « lorganisation de la
présidentielle est fondamentale pour en finir avec cette
situation ». « Nous devons, a-t-il insisté,
mettre les divergences politiques de côté et organiser
la présidentielle. Cest un devoir national pour
les députés. »
Mgr Aram Ier a ensuite estimé que les forces en présence
au Liban devront, après lélection, définir,
par le dialogue et à travers lentente, les moyens
dédifier un Liban libre et indépendant.
Il a jugé nécessaire de profiter de lappui
international, avant de préciser : « Nous ne pouvons
pas ignorer les initiatives de la communauté internationale,
mais nous nacceptons pas non plus les interventions étrangères.
Le Liban doit pouvoir exprimer une volonté nationale
libre, loin de toute intervention étrangère. Tous
les regards sont braqués sur nous. Nous devons agir avec
un sens national loin des calculs et des intérêts
personnels. »
Jusqu'au 9 décembre 2007
Vingt-neuvième édition de lexposition du
livre arménien Sous
légide du catholicos Aram Ier, la 29e édition
de lexposition du livre arménien a été
inaugurée hier au catholicossat arménien de Cilicie.
Lexposition, dont lorganisation coïncide chaque
année avec la fête des pères arméniens
traducteurs, a été précédée
dune messe célébrée par le catholicos.
Dans une homélie, Aram Ier a insisté sur le rôle
du livre dans léducation des sociétés
et sur la nécessité de sa préservation.
« Le livre doit intégrer la vie des hommes »,
a-t-il souligné, « notamment à lère
de la laïcité et de la technologie ». Le catholicos
a, par la suite, évoqué les livres exposés,
notant quil sagit « dun outil principal
dans lenrichissement du patrimoine arménien ».
Il a enfin rendu un vibrant hommage aux maisons dédition,
aux penseurs, aux écrivains et à tous ceux qui
« encouragent le verbe et contribuent à répandre
le patrimoine, ainsi que les valeurs humaines et nationales
».
Lexposition réunit plusieurs maisons dédition
arméniennes, ainsi que des auteurs indépendants
qui présentent leurs uvres en arabe, arménien,
français et anglais. Elle se poursuivra jusquau
9 décembre, de 10h à 19h.
Jusquau 3 décembre 2006
Salon du livre arménien, au catholicossat
dAntélias
Tout
ce qui se rattache de près ou de loin à lArménie Les
citadelles du royaume arménien de Cilicie du XIIe au
XIV siècle, un très bel ouvrage signé Jean-Claude
Voisin et édité par Terre du Liban; Liban: livre
de bord dun photographe (en loccurrence Varoujan)
éditions Saad Kiwan et cie; Histoire de la littérature
arménienne ou encore Revue des études arméniennes
(éditions de la Sorbonne)... Mais encore des manuels
de cuisine arménienne (en arménien, en français,
en arabe ou en anglais), des dictionnaires bilingues (arménien-français,
arménien-anglais), des livres religieux, dont certains
en éditions jeunesse, des ouvrages politiques, des romans,
des biographies, des manuels de langue... Bref, tout ce qui
se rattache de près ou de loin à lArménie
est disponible au Salon du livre arménien (avec des réductions
de 50%) qui se tient comme chaque année depuis
vingt-huit ans! au catholicossat arménien de Cilicie
à Antélias, du 12 novembre au 3 décembre.
Seul changement cette année: une tente a été
dressée dans la cour du catholicossat pour accueillir
le nombre accru de maisons déditions (une trentaine,
entre grandes boîtes et éditeurs à compte
dauteurs), dont certaines en provenance de Téhéran,
dIstanbul ou encore dAlep...
Par ailleurs, parallèlement aux ouvrages imprimés
sur papier, des films en DVD sur lhistoire des Arméniens
sont disponibles en version française ou anglaise. Le Salon est ouvert tous les jours de 10h00 à 19h00.
24 Avril 2006
Les arméniens du Liban commémorent le génocide
de 1915
Dispersée aux quatre coins de la
planète, la diaspora arménienne se mobilise aujourdhui
pour la 91e commémoration du génocide arménien
prémédité et ordonné par «
les Jeunes Turcs » en 1915.
L'importante communauté arménienne du Liban participe
au devoir de mémoire en rendant hommage à ses
marytrs. Ce crime contre lhumanité que
la Turquie nie et refuse toujours de reconnaître sest
soldé daprès les arméniens par lextermination
de près dun million et demi de personnes et la
déportation systématique des survivants des massacres.
Le négationnisme a franchit un nouveau pallier la semaine
dernière avec la profanation du mémorial érigé
à Lyon et qui doit être inauguré aujourdhui
24 avril, date symbole du génocide de 1915.
Au Liban, cest le Comité central pour la commémoration
du génocide arménien - Liban qui orchestrera lévènement
du souvenir. Il débutera par un rassemblement devant
le Catholicossat arménien de Cilicie à Antélias,
qui sera suivi par une prière dédiée aux
martyrs. Une marche sélancera ensuite aux alentours
de 10h en direction du stade municipal de Bourj Hammoud où
un rassemblement populaire se tiendra à midi.
Parfaitement intégrée tout en ayant préservé
ses traditions, la communauté arménienne continue
de participer avec dynamisme au développement industriel
et commercial du Liban tout en étant omniprésente
dans les domaines intellectuel et culturel. Six députés
arméniens représentent la communauté reconnue
par la Constitution comme lune des sept grandes communautés
libanaises.
En 1975, daprès des estimations le nombre dArméniens
au Liban se montait à 215 000 âmes, essentiellement
descendants des survivants du génocide et des déportations.
Ce nombre aurait été réduit de moitié
à cause de lémigration de ceux dentre
eux qui fuyaient dans un premier temps la guerre puis la crise
économique qui sévissaient au Liban.
Par
MS.D / Liban-LeBlog Infos
« Les Arméniens du Liban entre passé et présent »
Congrès à l’Université Haigazian 13 Septembre
2005- « Les Arméniens du Liban
entre passé et présent » a été le thème du congrès qu’organise
le département des études arméniennes à l’Université Haigazian,
dans le cadre des activités qui marquent le jubilé de l’université.
Dans une allocution d’ouverture, le recteur, le pasteur Paul
Haidossatian, a noté que malgré le rôle important que jouent
les Arméniens dans la société libanaise, aucune étude objective
n’a été menée dans ce domaine, conformément aux critères scientifiques
et académiques internationaux. Et d’insister sur le rôle que
continuera à jouer l’université dans le domaine de la recherche
scientifique et de l’échange des « pensées libres » qui contribuent
à la vie académique du Liban et constituent une richesse pour
les Arméniens du Liban et de la diaspora. De son côté, Mme Aïda
Boujikanian, chercheuse à Montréal, au Canada, a donné une conférence
sur « Les Arméniens et le Liban : changement dans la pensée
et le rôle entre les XIVe et XXe siècles ». Mme Boujikanian
a expliqué que les Arméniens considèrent que le Liban est un
pays d’ouverture et de pluralité.
C’est un pays qui les a accueillis suite au génocide de 1914.
Notant que la majorité des Arméniens se sont installés au Liban,
Mme Boujikanian a signalé que Beyrouth est devenue, entre 1955
et 1975, la capitale de la diaspora. Signalons, par ailleurs,
que Mme Boujikanian a publié plus de vingt-cinq études sur les
Arméniens dans le monde, notamment au Liban et au Moyen-Orient.
Les travaux du congrès sur « Les Arméniens du Liban » se poursuivront
jusqu’au 15 septembre. Quelque seize chercheurs y participent.
Ils sont venus du Liban, du Canada, des États-Unis, de France,
d’Argentine, d’Égypte, de Syrie, d’Arménie, d’Allemagne et d’Italie.
Placé sous l’égide du ministre de la Culture, Tarek Mitri, ce
congrès vise à réunir plusieurs experts et académiciens arméniens
et étrangers qui se sont penchés sur l’histoire des Arméniens
au Liban. Les allocutions, dans leur intégralité, feront l’objet
d’un ouvrage qui sera publié ultérieurement.
Ont assisté à la séance inaugurale notamment M. Faouzi Atoui,
représentant le ministre de la Culture, le ministre du Développement
administratif, Jean Oghassapian, les députés Agop Pakradounian
et Yéghia Djerdjian, le premier conseiller auprès de l’ambassade
des États-Unis, Christopher Murray, ainsi que le représentant
du président du conseil municipal de Beyrouth.
LE
POINT, 90 ANS après le DEBUT du GENOCIDE
Les Arméniens
du Liban, bien intégrés mais de moins en moins nombreux Les
descendants des rescapés des massacres d’Arméniens qui avaient
trouvé refuge au Liban il y a 90 ans sont désormais une communauté
bien intégrée, mais leur nombre a été réduit de moitié par l’émigration.
Forte de 250 000 âmes à la fin de la guerre du Liban, la communauté
arménienne ne compterait plus aujourd’hui que quelque 120 000
personnes, selon divers responsables politiques et religieux
arméniens, rapporte Nayla Razzouk, de l’AFP. « À l’instar des
autres communautés, nous avons souffert de l’émigration de l’après-guerre.
Nous tentons, de pair avec nos Églises, de faire face à ce problème
à l’aide de soutiens financiers », a indiqué Jean Oghassabian,
député de Beyrouth. « Mais, depuis l’indépendance de l’Arménie
en 1991, une grande partie des fonds que nous recevions sont
désormais virés sur l’Arménie », relève le député Serge Tour
Sarkissian.
Le Liban abrite la plus large communauté arménienne du monde
arabe, descendants des survivants des massacres de 1915-1917
de Turquie, à la fin de l’Empire ottoman, et qui mènent une
campagne internationale pour la reconnaissance du génocide.
« Un projet de loi pour une reconnaissance officielle du génocide
dort dans mon tiroir depuis deux ans, car le Liban n’a pas besoin
de crises supplémentaires. Nous sommes d’abord libanais et nous
serons à jamais reconnaissants au Liban », ajoute Serge Tor
Sarkissian. La plupart des Arméniens du Liban sont originaires
de Cilicie, actuellement une région de Turquie hors des frontières
du nouvel État d’Arménie, qui n’a pas réussi à se transformer
en foyer d’immigration.
D’abord réfugiés dans des tentes, les Arméniens ont gagné l’admiration
de toutes les communautés du Liban grâce à leur savoir-faire
et leur diligence, qui leur ont permis d’accéder aux meilleures
positions économiques et politiques. Les meilleurs joailliers,
les industriels, les médecins, et au moins la moitié de l’orchestre
symphonique national, sont arméniens, indique Nayla Razzouk.
« Les Arméniens ne s’occupent que de leurs affaires au point
qu’ils célèbrent leur propre Noël » le 6 janvier, conformément
au calendrier oriental, lance Wassim Husseini, dans une boutade
qui résume la manière dont est généralement perçue cette communauté.
Mais ces stéréotypes appartiennent désormais au passé, affirme
Arda Ekmekji, doyenne de la faculté des arts et des sciences
à l’Université Haïgazian, unique établissement universitaire
arménien hors d’Arménie. « Aujourd’hui, les Libanais arméniens
sont totalement intégrés, et s’expriment parfaitement en arabe
», affirme-t-elle. Outre le milieu familial, l’identité arménienne
reste vivace par le biais des institutions politiques, culturelles
et sportives, ainsi que les quelque 70 établissements scolaires
arméniens.
Et bien sûr, il y a la commémoration des massacres. Des files
d’enfants sont alignés devant la cathédrale Saint-Grégoire-l’Illuminateur,
à Antélias, pour défiler en silence devant le mausolée où sont
exposés des crânes des victimes du massacre. « Nous sommes un
peuple digne qui n’aime pas se lamenter. Mais il est temps que
le monde reconnaisse notre génocide », dit Aida Ohanian-Sfeir,
originaire d’Alep, la plus arménienne des villes de Syrie. À
Anjar, ville entièrement arménienne, au milieu de pommeraies,
de vignobles et de vestiges datant de l’ère omeyyade, les habitants
vivent dans six quartiers portant les noms de six villages de
la montagne de Mousa Dagh (Alexandrette), dans l’actuelle Turquie.
Des Arméniens du monde entier se rendent à Anjar pour prier
devant le martyrium érigé en souvenir de la résistance « héroïque
» des villageois de Moussa Dagh.
Une affaire de conscience et de justice Génocide de 1915 :
les Arméniens renouent avec leur passé douloureux pour mieux
l’exorciser
Comme chaque année,
la communauté arménienne se mobilise en force pour commémorer,
aux quatre coins du monde, le souvenir du génocide de 1915.
Fidèle à ce rituel, la communauté, qui milite depuis des dizaines
d’années pour faire reconnaître ce crime collectif par l’ensemble
de la communauté internationale, poursuit inlassablement son
action de lobbying à travers le monde, en vue d’obtenir un retournement
de situation chez un certain nombre de pays récalcitrants. Quelques
semaines après le rappel du douloureux souvenir du génocide
du peuple rwandais, les Arméniens reviennent à la charge, pour
dénoncer à leur tour le double principe de la négation et de
l’impunité. Si ces deux notions avaient été proscrites à temps
par l’Onu, cela aurait certainement pu éviter les génocides
qui ont suivi, dont celui du Rwanda, affirment les experts.
Mais le peuple arménien ne désespère pas et se console de petites
victoires qu’il réalise ici et là. Parmi celles-ci, la reconnaissance
toute récente par le Parlement canadien de ce crime collectif
odieux. Plus mitigée, la position du président Bush qui s’était
contenté de répondre partiellement aux revendications de l’électorat
arménien, en reconnaissant le « massacre » au lieu du génocide.
Entre-temps, 169 membres du Congrès ont déjà signé une pétition
lui réclamant une reconnaissance plus formelle. Très attendu,
le discours que le chef de la Maison-Blanche prononcera aujourd’hui
sera assez significatif à la veille d’une nouvelle épreuve électorale.
Au Liban, les cérémonies de commémoration ont été notamment
marquées par la tenue d’une conférence internationale au catholicossat
arménien de Cilicie. La conférence, qui a accueilli des politologues,
des juristes, des chefs religieux et des experts au Tribunal
pénal international (TPI), a abordé les thèmes du « Génocide,
de l’impunité et de la justice », analysés sous l’angle des
sciences politiques, de la religion et des différentes juridictions
concernées. On trouvera ci-après les positions du
Catholicos Aram Ier et de deux députés arméniens, Jean Oghassabian
et Serge TourSarkissian.
L’impunité
génère injustice et violence par Sa Sainteté Aram Ier
Le XXe siècle fut le
siècle des génocides dont la liste est d’une longueur
déprimante : Arméniens, juifs, Cambodgiens, Kurdes, Tutsis,
Croates, musulmans, Albanais. La communauté internationale
fut toujours lente à réagir et souvent, tout simplement,
elle les ignora. L’histoire est éloquente en ce sens.
Le peuple arménien fut victime du premier génocide du
XXe siècle. Durant la Première Guerre mondiale, un million
et demi d’Arméniens périrent dans le cadre d’un programme
d’extermination minutieusement conçu et systématiquement
exécuté par le gouvernement turc-ottoman. De par leur
expérience existentielle, les Arméniens connaissent bien
les lourdes conséquences d’un génocide. 1. Vers la prévention de nouveaux crimes contre l’humanité
Aujourd’hui, les conflits ethniques déchirent de nombreuses
sociétés ; la haine se durcit et s’érige en idéologie,
tandis que la violence s’exprime sous ses aspects et ses
formes les plus horribles. Seule la communauté internationale
est capable de prévenir efficacement de nouveaux crimes
contre l’humanité. Mais son intervention ne sera effective
que si elle agit, immédiatement et avec force, là où de
nouvelles situations génèrent des actes d’atrocité. Dans
son intervention, elle sera mue par les valeurs morales
et humaines et non par les intérêts géopolitiques et stratégiques.
L’Organisation des Nations unies a fait d’importants progrès
dans ses tentatives pour prévenir les génocides. En 1948,
elle a ratifié la Convention sur le génocide suivie de
la Déclaration des droits de l’homme. En 1998, 120 États
ont établi la Cour internationale de justice de La Haye.
Mais cette cour s’intéresse au crime qui a été commis
et non à celui qu’il faut prévenir. La communauté internationale
doit aller plus loin dans ses engagements que ces procédures
juridiques. Elle doit imposer sa volonté politique ; elle
doit mettre en place des systèmes de préalerte et développer
la prise de conscience publique, l’éducation et le dialogue.
Selon le cas, elle doit appliquer des sanctions diplomatiques
ou économiques et, éventuellement, dans des situations
extrêmes et lorsque tout autre moyen a échoué, recourir
à l’intervention directe 2. La mémoire du génocide : source vivante de vérité
Les individus, de même que les nations, vivent avec leur
mémoire, et la mémoire vit à travers eux. La mémoire fait
le lien entre le présent et le passé ; elle conditionne
le futur, assure la continuité et affirme l’identité.
La mémoire c’est l’histoire même ; et les nations se forment
autour de leur mémoire commune qui perpétue leur existence,
maintient leur cohésion et leur donne le sentiment d’appartenance.
La mémoire est une source vivante de vérité ; elle interpelle
préjudices et informations incomplètes et développe la
prise de conscience. Hitler a bien compris cet enchaînement.
Il savait que les mémoires sont courtes lorsqu’il demanda
: Qui aujourd’hui se souvient des massacres des Arméniens
? De nos jours certains pays, pour des raisons politiques,
ne se « souviennent » pas du génocide des Arméniens et
d’autres parlent de « prétendu génocide », cependant que
le peuple arménien vit la mémoire du génocide dans sa
vie quotidienne. La mémoire doit être partagée avec les
autres non point comme expression de haine et d’intolérance
mais comme interpellation, comme défi à avancer vers le
repentir, le dialogue et le pardon. 3.La reconnaissance du génocide : un pas vers
la justice La vérité préservée par la mémoire doit
être dite. « Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre
sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire où elle
brille pour tous ceux qui sont dans la maison » (Mt 5,15).
Lorsque la vérité n’est pas reconnue, c’est le déni qui
s’installe. Toute personne ou communauté ainsi que tout
gouvernement qui refuse de reconnaître et d’assumer la
responsabilité pour des actes de génocide est coupable
de crime contre l’humanité. L’acceptation de la vérité
et de la responsabilité d’un génocide demande beaucoup
de courage. La personne, la communauté ou le gouvernement
doit entreprendre une relecture de son histoire. Seul
un tel processus d’autoévaluation, d’autocritique et d’autopurification
peut permettre de cerner la vérité. Certains génocides
du XXe siècle ont été reconnus ; d’autres sont toujours
niés. Lorsqu’ils sont reconnus, des communautés ou des
nations en conflit se dirigent vers le dialogue et la
réconciliation. Mais pour que justice soit faite et que
réussisse la réconciliation, la confession est indispensable,
car elle est la condition sine qua non du pardon. 4. L’impunité : un génocide continu
Dans le cas où un génocide est nié, justice ne peut être
faite qu’à travers une approche punitive. Selon de nombreux
juristes, les systèmes criminels et les procédures juridiques
actuels tiennent compte du criminel plutôt que de la victime.
Or, la justice véritable ne peut régner que si les droits
de la victime sont également reconnus. La justice restitutive
est un développement nouveau dans le système criminel.
Elle ouvre de nouvelles perspectives tant du point de
vue de la prévention que des sanctions. C’est un système
axé sur la victime ; le but éventuel qu’elle poursuit
est de rétablir le dialogue entre le bourreau et la victime
afin de les réconcilier. La commission « Vérité et réconciliation
» d’Afrique du Sud est un exemple concret de ce processus.
La justice restitutive doit aussi comporter une dimension
de rétribution. La justice restitutive assure la cicatrisation,
la guérison, en créant un espace pour le dialogue ; la
rétribution rend possible la réconciliation. Pour qu’il
y ait une justice véritable, il est indispensable qu’aient
lieu réparation, restitution et compensation des victimes.
L’impunité génère l’injustice qui, à son tour, donne naissance
à des actes de vengeances, créant ainsi un cercle interminable
de violences. Les criminels doivent rendre compte de leurs
actions à l’humanité. De nombreux criminels n’ont pas
encore comparu devant la justice ; or cette impunité signifie
les amnistier de facto. S’il est possible d’amener à la
justice des individus criminels, pourquoi serait-il impossible
d’y amener des gouvernements et des nations ? La Conférence
internationale, qui s’est tenue les 22 et 23 de ce mois
au catholicossat arménien de Cilicie sous le haut patronage
du président de la République libanaise, a tenté d’explorer
et d’analyser les différentes dimensions et répercussions
de l’impunité. Certains génocides du XXe siècle furent
reconnus et il y eut rétribution. Par exemple, au Rwanda
la justice rétributive est en train de s’établir grâce
aux efforts conjugués des Nations unies, du gouvernement
et du peuple rwandais. Cependant, le génocide arménien
reste impuni. Une justice restitutive serait un modèle
aussi bien dans le cas du génocide arménien que dans le
cas d’autres crimes contre l’humanité qui attendent d’être
résolus. Durant les cinquante-six dernières années, les
Nations unies ont tenté d’appliquer la Déclaration des
droits de l’homme en adoptant décisions et conventions
relatives à des secteurs spécifiques des droits humains,
y compris le génocide. Malheureusement, ces tentatives
n’ont pas empêché des millions de personnes d’être victimes
d’atrocités, de répressions et de génocide. L’humanité
ne doit pas oublier les leçons douloureuses que nous apprennent
les génocides du XXe siècle ; elle doit utiliser ces connaissances
pour bâtir un monde où règne une paix juste, un monde
où les mémoires sont réconciliées. La mondialisation interpelle
les nations, les religions et les cultures, les engageant
à établir entre elles un dialogue constructif. Reconnaissant
la vérité et nous acceptant les uns les autres, nous devons
dépasser le stade de la confrontation afin d’atteindre
celui de la réconciliation. La négation et le déni ne
peuvent ni promouvoir le dialogue, ni restaurer la justice,
ni bâtir la paix, ni accomplir la réconciliation. Au cours
du XXe siècle, l’humanité a payé très cher la politique
du silence face au génocide. Elle ne doit pas rester silencieuse
au XXIe siècle. C’est là la leçon douloureuse que nous
portons en nous. C’est là aussi le grand défi que nous
devons relever ensemble.
* Ces réflexions
sont basées sur le texte de la conférence que Sa Sainteté
Aram Ier a donnée en anglais lors du colloque international
« The Lasting Peace in Africa », qui s’est tenu le 17
avril 2004 à Kigali (Rwanda), à l’occasion du 10e anniversaire
du génocide rwandais.
Le
génocide ancré dans la mémoire arménienne
parJean
OGHASSABIAN
Député de Beyrouth
Le génocide ancré dans la mémoire arménienne À l’aube
du troisième millénaire, et 89 ans après les massacres
perpétrés contre le peuple arménien, la cause arménienne
demeure sans solution. Une solution qui requiert la
reconnaissance par la communauté internationale du génocide
arménien et de la nature abominable de ses conjurateurs,
d’autant plus qu’elle restitue la considération aux
peuples qui ont subi le sort du peuple arménien, à savoir
les massacres, la déportation, la répression et le despotisme
pour des motivations pétries de ségrégation et de discrimination
raciale. Le 24 avril de chaque année, le peuple arménien
commémore le génocide arménien, se remémorant son atrocité
et l’ampleur de la lutte. La communauté arménienne a
joué un rôle prépondérant dans la naissance et le développement
du Liban. Ce rôle émane de la conviction viscérale qu’a
le peuple arménien de l’importance de sa présence au
Liban. Inspirés par leur noble histoire, les Arméniens
ont tenu à préserver leur patrimoine, leurs traditions,
leurs valeurs et leur religion, et se sont ralliés autour
d’un seul concept relatif à la citoyenneté et à leur
existence au Liban. Après la conclusion de l’accord
de Taëf, la scène politique intérieure a été en proie
à des tiraillements et des rivalités entre les diverses
forces confessionnelles libanaises. La peur a saisi
alors la communauté arménienne ; peur d’être évincée
ou de vivre marginalisée des événements en cours, de
se retrouver prisonnière des idées antérieures et cloîtrée
dans des conflits traditionnels. Toutefois, après le
génocide arménien, l’Église arménienne et la classe
politique arménienne ont jeté les bases d’une société
arménienne solide. Il ne fait guère de doute que les
forces politiques de cette communauté ont introduit
des changements indispensables à son adaptation à la
conjoncture politique et sociale du Liban, conjoncture
créée par l’accord de Taëf, et par son intégration dans
une communauté politique libanaise plurielle. Néanmoins,
activer l’intégration et se placer comme partenaire
représentent une tâche indispensable, dans toute tentative
de faire du Liban un havre de la convivialité et un
creuset où fusionnent les diverses confessions, cultures
et courants libanais. Dans cette perspective, j’appelle
les forces politiques arméniennes à concrétiser leur
participation à la vie politique par la reconnaissance
mutuelle et par la convergence des divers courants politiques
et sociaux, des intellectuels et des journalistes, sous
l’égide de l’Église arménienne, afin d’élaborer un projet
libanais, susceptible de créer un pôle arménien de renouvellement,
lequel attribuera aux franges concernées de la société
la tâche qui leur incombe, qu’elle soit relative à la
prise de décision ou à la détermination des caractéristiques
arméniennes de la modernisation et de l’épanouissement.
Ce processus de réforme est nécessaire pour éviter le
retour au passé et pour permettre aux Arméniens de faire
face aux bouleversements que connaissent le Liban et
le monde. Il est impératif que les Arméniens réalisent
que leur avenir et leurs intérêts sont inaliénables,
et qu’unifier les efforts demeure le seul choix substantiel.
Nous sommes autant responsables du Liban que les autres
communautés, chrétiennes ou musulmanes ; nous devons
tout autant qu’elles nous intégrer à la chose publique,
construire le pays et réaliser le bien, la paix et la
justice. De même, il incombe au Liban, tout comme à
la communauté arménienne de garantir l’équité et de
protéger les droits et les potentiels de la communauté
arménienne. Ainsi le Liban restera-t-il fidèle à sa
vocation et demeurera-t-il le pays modèle et la nation
définitive de ses fils. Le génocide a laissé une plaie
profonde dans la mémoire du peuple arménien et dans
la mémoire de l’humanité entière. Cette plaie doit allumer
dans l’esprit du peuple arménien le flambeau, qui éclairera
sa foi et qui le motivera à agir pour préserver son
existence, ses droits et son attachement à la patrie
mère. Ce flambeau lui permettra de continuer à défendre
sa cause noble : obtenir la reconnaissance internationale
du génocide arménien et le châtiment de ses auteurs.
« La lumière
des justes ne s’éteindra jamais »
par Serge TourSarkissian
Député de Beyrouth Au début du XXe siècle soufflait un air de démocratie,
de liberté, de réformes et, parmi les peuples affectés,
la plupart étaient des peuples soumis, dont les Arméniens
qui se mettent à lutter pour toutes les causes justes,
déclenchant chez les Turcs une réaction qui se concrétisa
par le massacre, en 1895, de milliers d’Arméniens. Mais
l’empire commence à s’effondrer et les guerres successives
le dépouillent de tous ses territoires en Europe. Il
ne lui reste plus qu’Istanbul et la zone environnante.
Les Turcs cherchent leur seul espoir de survie en l’armée.
Un groupe d’officiers, les Jeunes Turcs, forment un
parti politique secret et décident de réformer l’empire.
Les Jeunes Turcs utilisent dans un premier temps les
Arméniens et les Grecs pour créer un État multinational
et libéral, sur le modèle occidental. Peu après, la
Première Guerre mondiale éclate et leur programme politique
change. Les Turcs se retrouvent aux côtés de l’Allemagne
impériale, qui arme et entraîne leurs troupes. Ils se
retrouvent ainsi alliés de l’Allemagne dans une guerre
catastrophique. À cette époque, beaucoup d’Arméniens
combattent officiellement dans l’armée ottomane. Cette
dernière exécute les soldats arméniens et ordonne l’évacuation
de toute la population arménienne hors de la zone de
combat. Le ministre de la Guerre, Enver Bey, et le ministre
de l’Intérieur, Taléat Pacha, seront les architectes
de cette politique. Taléat, voulant laisser un seul
Arménien pour l’exposer au musée, envoie un télégramme
codé aux cellules du parti des Jeunes Turcs : « Le gouvernement
a décidé d’éliminer tous les Arméniens résidant en Turquie.
Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles
que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte
ni de l’âge ni du sexe. Les scrupules de conscience
n’ont pas leur place ici. » Par la suite, le 24 avril
1915, l’intelligentsia arménienne, quelque 600 notables
sont arrêtés et exécutés. Un ordre de déportation est
donné à toute la population arménienne qui doit être
transférée en Anatolie, en Syrie, en Deir ez-Zor et
en Mésopotamie. Cette déportation se réalise dans des
conditions extrêmement atroces, la plupart des convoyés
étant égorgés, bastonnés ou fusillés sur la route. 1,5
million sur les quelque 2 millions d’Arméniens ont été
massacrés. Ainsi, l’Arménie occidentale se vide de sa
population. Les Turcs s’accordent à reconnaître quelque
300 000 victimes, refusant de voir là un génocide programmé,
ils font état d’épidémie, de famine ou des conséquences
de la guerre. Les diplomates américains et allemands,
les missionnaires et officiers suisses, allemands, scandinaves
fournissent pourtant les mêmes témoignages sur l’atrocité
des convoyeurs et la souffrance du peuple martyr. Le
génocide est un crime contre l’humanité. C’est une violation
du droit international définie par la Convention sur
la prévention et la répression du crime du génocide,
adoptée le 9 décembre 1948 par l’Assemblée générale
des Nations unies. Afin que l’inculpation pour génocide
puisse être prononcée, plusieurs conditions doivent
être remplies. Ainsi, il faut que : - la victime soit
un groupe ethnique appartenant à des catégories définies
par la convention; - les membres de ce groupe aient
été tués comme tels, c’est-à-dire en raison de leur
appartenance à ce groupe; - l’intention d’exterminer
ce groupe ethnique soit prouvée. L’affirmation de cet
acte criminel est l’axe autour duquel s’ordonne la preuve
du génocide. En général, le génocide est un crime prémédité,
organisé dans le détail, tout en effaçant chaque trace,
afin que l’oubli s’instaure. Ainsi, si un jour on lui
demande de rendre des comptes, le criminel inverse l’accusation
et accuse sa victime de l’avoir attaqué et tué le premier.
Nous ne pouvons qu’adopter le fait que l’acceptation
du génocide par beaucoup de pays a pris et prend un
temps énorme, et nous, en tant que concernés par ce
génocide, nous ne pouvons qu’espérer, croire et lutter
car « la lumière des justes ne s’éteindra jamais ».
Quand
l’art devient un émouvant témoignage
1915. Non, le temps n’a guère cicatrisé
la plaie. 1915 reste une date effroyable dans la mémoire
du peuple arménien. Aujourd’hui 24 avril, tous les « hays
» (Arméniens) se souviennent . Des disparus. Des morts.
Des déportés. Des fusillés. Tragiquement. Effroyablement.
Inadmissiblement. Injustement. Aujourd’hui, l’on prie.
Pères, frères, sœurs, mères, amantes, amants, amis, connaissances,
le cortège est long et insoutenable. Nous voilà au bout
de la cinquième génération, peut-être, et la diaspora
a empli de ses cris, de son deuil et de sa douleur la
planète entière. Mais aussi il y a la force de vaincre
l’adversité, de triompher de la mort et la volonté de
renaître. La souplesse et l’intelligence de s’intégrer
tout en ne reniant jamais son identité ni son patrimoine
ni sa langue d’origine. L’espoir est toujours permis aux
hommes de bonne volonté. L’art a toujours été un exutoire,
une sortie honorable au drame parfois de vivre. Et les
Arméniens ont gratifié la terre, dans ses quatre coins
cardinaux, d’artistes créatifs et talentueux. Quand la
parole ne sortait plus, car la gorge est nouée et les
larmes trop amères, il y a toujours eu la peinture et
la musique… Parfois même de magnifiques travaux d’aiguilles…
En ce jour où les Arméniens du monde gardent plus d’une
minute de silence en signe de recueillement pour tous
ceux qui sont partis trop tôt il y a déjà plus d’un trois
quarts de siècle, on s’arrête devant une toile de Yuroz
(de son vrai nom Youri Kevorkian), intitulée Respect pour
les réfugiés. Yuroz a conquis en star incontestée les
cimaises des galeries de Las Vegas. Face à l’indignité,
la lâcheté et la barbarie humaine, il représente un groupe
de personnages peints à travers des êtres toutes races
confondues car frères dans le malheur et l’espoir d’un
lendemain meilleur. Cette toile flamboyante dans ses couleurs
orange, chaleureuse dans son atmosphère empreinte d’humilité,
riche dans son symbolisme simple et perceptible, a été
retenue par les Nations unies pour être imprimée en timbres
à plus d’un million d’exemplaires. De même que cette splendide
murale à la thématique généreuse, où l’être tend vers
le soleil du bonheur et la sécurité d’une patrie tout
en dispensant ses connaissances et son savoir-faire en
partage aux générations montantes, est exposée en permanence
aux locaux de l’Assemblée générale de Genève. Un pinceau,
des couleurs, une émotion, la douleur d’un souvenir que
rien n’efface, le talent d’un peintre et voilà qu’en toute
spontanéité l’art devient un touchant témoignage, vibrant
et universel, pour des choses qui ne s’oublient pas…
Edgar Davidian pour l'Orient-Le
Jour.
Musée arménien de Cilicie
A la croisée des souvenirs Situé dans
l'enceinte de la Grande Maison de Cilicie d'Antélias, le musée
de Cilicie regorge de trésors arméniens. Une véritable manne que
ces pièces de toute beauté aient pu être sauvées des mains destructrices
des Ottomans lors du génocide. A travers ses trois étages, le
musée est un hymne à la richesse trop souvent oubliée de la civilisation
arménienne.
L'idée et le projet du musée de Cilicie sont nés en 1993. L'objectif
était de préserver les valeurs culturelles arméniennes et surtout
de faire connaître la riche histoire de ce peuple que le génocide
a décimé au début du siècle dernier. Cinq ans plus tard, le 30
mars 1998, le musée est inauguré, par Mgr Aram Ier, catholicos
de Cilicie, et le président de la République libanaise. Quatre
ans de travaux ont été nécessaires pour édifier ce magnifique
musée réparti sur trois étages. Les objets exposés ont été sauvés
de justesse de Cilicie dans le royaume d'Arménie et plus précisément
de la ville de Sis, en 1915, alors que le génocide battait son
plein et que les Arméniens étaient obligés de quitter leur terre
manu militari. Les pièces ont été acheminées vers Alep, en Syrie,
dans de très mauvaises conditions et ne sont arrivées à Antélias
qu'en 1930, après quinze ans d'errance. Pendant la guerre du Liban,
les trésors de Cilicie sont restés enfermés dans des chambres
jusqu'à l'ouverture des portes du musée. Des pièces de grande valeur
Le musée de Cilicie est composé de trois étages. Le premier étage
met en relief les trésors religieux tels que des reliques et des
reliquaires, des objets d'orfèvrerie, de très beaux encensoirs
travaillés et incrustés de pierres précieuses, des croix en or
ou argent massif, des calices, des broderies, des costumes liturgiques,
des soutanes, des mitres en or et pierreries et des «khatchkars»
datant du XIIe siècle. Cet étage recèle également quelques manuscrits
précieux tel que l'Evangile de Bradzberd remontant à 1248 et un
livre d'ordination du XIVe siècle. Le deuxième étage nous transporte
dans une autre époque. Ici sont rassemblés une multitude de manuscrits
arméniens ainsi que des livres imprimés rarissimes. Epoustouflants
tous ces ouvrages! Les manuscrits enluminés sont d'une richesse
exceptionnelle et il est possible de suivre l'évolution de l'art
de la miniature à travers 145 copies de miniatures récupérées
dans des manuscrits célèbres qui sont conservés dans différentes
bibliothèques arméniennes. Le visiteur peut également jeter un
coup d'œil sur la première édition de la Bible arménienne datant
de 1666 et voir les deux toutes premières impressions arméniennes
réalisées à Venise en 1512 et 1513. Une intéressante collection
de monnaie provenant essentiellement du royaume arménien de Cilicie
ne peut manquer d'impressionner les visiteurs. Dans une autre
salle, une petite collection de pièces archéologiques avec des
plats et des pièces faites main témoignent de l'art de la Cilicie
et de la civilisation de l'Arménie ancienne sans oublier une très
belle collection de tapis et de tapisseries datant du XVIIIe et
du XIXe siècles. Le troisième étage est un brusque retour dans
le présent et le passé proche. Une collection d'art moderne est
exposée. Elle permet de faire connaître le talent des sculpteurs
et peintres arméniens de la fin du XIXe à nos jours.
Le musée compte également la bibliothèque Khatchig Babikian qui
comporte quelque 8000 livres et 2000 anciens manuscrits. Le détour
s'impose. Le musée est à voir.
Les Arméniens et le Liban
Pour les Arméniens, le Liban a été, surtout après la Première
Guerre mondiale et les horreurs du génocide perpétré par les autorités
turques ottomanes, une base très importante dans le processus
de leur organisation comme communautés diasporiques. La place
du Liban dans le devenir arménien est indéniable, surtout dans
le cas de la renaissance de l'Eglise arménienne et du nouveau
départ du catholicossat de la Grande Maison de Cilicie à Antélias.
La Cilicie en bref
La Cilicie est le nom de la province antique située dans la Turquie
actuelle au pied du Taurus, voisine de la Pamphylie à l'ouest.
La région a été occupée dès la fin du VIIe millénaire. Au IIe
millénaire, sous le nom de Kizzuwatna, elle a été le royaume des
Hittites. Annexée en 715 par les Assyriens, elle devient satrapie
perse au VIe siècle. Une délégation cilicienne figure sur les
reliefs de Persépolis. Puis la province passe sous domination
séleucide. Avant d'être conquise par les Romains, la province
s'illustre toutefois comme base arrière des pirates qui sévissent
en Méditerranée orientale. Pompée viendra les en déloger. Par
la suite, la Cilicie est une province romaine. On distingue alors
la Cilicie «trachée», la Cilicie «raboteuse», face à Chypre et
la Cilicie «Pédias», c'est à dire plane qui était la plus riche.
C'est en Cilicie que Cicéron devait être envoyé comme proconsul.
En 1080, les Arméniens y fondent un Etat, la Petite Arménie, qui
a été conquis par les Mamelouks bahrites en 1375. Occupée par
les Français en 1919, la Cilicie retourne à la Turquie en 1921.
Christine Babikian Assaf: «Les Arméniens ont vécu
et accompagné tous les soubresauts et grands moments qui ont
jalonné la vie politique libanaise.»
Présence
de l'Arménie
Thème de la conférence organisée
par le département d'Histoire de la FLSH de l'Université
Saint-Joseph en 2003.
Une double identité
Posant finalement
la délicate question de l’identité arménienne face à l’identité
libanaise, Christine Assaf passe en revue certains vécus personnels
en tant que Libanaise d’origine arménienne. «Être arménien au
Liban, dit-elle, c’est se sentir concerné par ce qui touche
la cause arménienne, c’est participer aux commémorations du
24 avril, c’est la joie lorsque vous apprenez qu’un pays de
plus a reconnu le génocide... C’est aussi parler une langue,
parfois très ardue, maintenir vivace l’aptitude artistique profondément
ancrée chez les Arméniens, manger des plats spéciaux et écouter
avec amusement les taquineries dans les familles concernant
les originaires de telle ou telle région.» Mais être arménien
au Liban, «c’est aussi porter en soi une souffrance, celle où
l’on vous fait sentir que vous êtes différent, que vous ne faites
pas partie de l’identité libanaise, déplore-t-elle, que les
camarades libanais se moquent de votre nom, mais aussi que les
camarades arméniens de l’école du dimanche vous considèrent
autres, parce que vous n’allez pas à l’école arménienne». Une
souffrance, dit-elle, «qui vous donne votre identité unique,
complexe, qui vous apprend à respecter l’autre, quelles que
soient ses origines et ses coutumes». Toutefois, être arménien
au Liban, c’est non plus être arménien vivant au Liban mais
libanais d’origine arménienne. «Car, explique Mme Assaf, les
Arméniens sont arrivés au Liban en 1920, date à laquelle fut
créé l’État du Grand-Liban.» Et d’expliquer la gratitude de
la communauté à l’égard du Liban, terre d’accueil qui se trouvait
dans une situation économique désastreuse au lendemain de la
guerre. Ainsi, raconte-t-elle, comment les Arméniens, désireux
dans un premier temps de sortir de leur misère, ont vite fait
de participer activement à la vie économique, politique et culturelle
du Liban. C’est, dit-elle, en 1924 que la nationalité libanaise
fut accordée aux Arméniens du Liban, en 1934 que la communauté
arménienne-orthodoxe obtint, pour la première fois, un siège
au Parlement, alors que ce n’est qu’en 1960 qu’un ministre arménien
fut nommé pour la première fois au sein du gouvernement. Reconnus
par la Constitution de Taëf comme l’une des sept grandes communautés
libanaises, «les Arméniens ont vécu et accompagné tous les soubresauts
et grands moments qui ont jalonné la vie politique libanaise.
Un vécu qui a ancré en eux cet attachement indéfectible pour
le Liban, leur patrie définitive, dont ils se sentent citoyens
à part entière…».
La représentation
des Arméniens au Liban
Les
Arméniens participent activement à la vie politique
libanaise depuis de longues années. Ils ont leurs représentants
au sein du Parlement, comme auprès de tous les gouvernements
constitués. Leurs députés sont au nombre de six: quatre
députés à Beyrouth où réside le plus grand nombre de
la communauté arménienne, un député au Metn et un député
dans la Békaa. Dans le nouveau Cabinet de Rafic Hariri,
ils sont représentés par M. Hovnanian, ministre de la
Jeunesse et des Sports. Karim Pakradouni, arménien,
est ministre représentant le parti Kataëb et les minorités
mais pas la communauté arménienne.
Le
réalisateur arménien Atom Egoyan et son épouse, l’actrice
Arsinée Khanjian, née au Liban, ont passé douze jours
(du 24 juin au 6 juillet 2003) au Liban
au cours desquels ils ont rencontré la presse, mais aussi
les étudiants en audiovisuel, auxquels le cinéaste a remis
des diplômes à l’Iesav. Mais le principal but du voyage
des deux naturalisés canadiens a été la découverte, pour
Atom Egoyan, et les retrouvailles, pour Arsinée Khanjian,
avec la communauté arménienne au Liban. Tous deux ont
d’ailleurs été décorés par le patriarche Aram 1er, quelques
jours après leur arrivée. Pendant la conférence de presse
qu’ils ont donnée au catholicossat d’Antélias, ils se
sont largement attardés sur Ararat, la fresque historique
racontant le génocide et l’exil arménien qu’Atom Egoyan
a réalisée en 2000 : « Dans ce film, j’ai montré le trauma
qui est passé à travers quatre générations de survivants,
explique-t-il. Comme je n’ai pas grandi dans ma communauté,
j’ai découvert, à 18 ans, ce que pouvait être l’obsession
de l’identité, en m’engageant dans la cause arménienne
et en commençant à faire des films. » Selon lui, Ararat
a été raconté pour deux raisons simples : «Laisser accéder
les non-Arméniens à la compréhension du génocide et pousser
à la reconnaissance de ce même génocide. Chacun mérite
la reconnaissance de son existence personnelle, et c’est
très douloureux quand ce n’est pas le cas. » Atom Egoyan
considère son film comme « un pont entre les Arméniens
et les non-Arméniens, mais cela risque de ne pas être
valable en Turquie, où les projections ont été interdites.
Il y a été présenté comme un film de propagande. L’affaire
a d’ailleurs pris une telle ampleur que, lorsque Ararat
a fait partie de la sélection officielle du Festival de
Cannes, en 2001, le comité organisateur m’a affublé d’un
service de sécurité. Selon moi, ç’aurait été la meilleure
publicité pour le film ». Quant à Arsinée Khanjian, elle
a été très tôt confrontée à la mémoire arménienne : «
Les survivants du génocide ont fait partie de mon quotidien,
que ce soit au Liban ou au Canada, précise-t-elle. L’appartenance
à une identité dans une identité, c’est-à-dire l’Arménie
dans le Liban, l’histoire, la mémoire, je vis dans ces
réalités depuis toujours et je m’y suis engagée très tôt.
» Selon elle, la valeur d’Ararat s’explique par la nécessité
« du passé pour le présent et le futur. Sans, on devient
fou ». Investigation et déni
Pour ce qui est de son œuvre cinématographique, que la
plupart des critiques s’accordent à rapprocher du genre
du film noir, Atom Egoyan, qui approuve cette approche
de classification, explique qu’entre son obsession de
l’identité, l’écriture et la réalisation de ses scénarios,
il y a un fil rouge, « l’investigation », le long duquel
le cinéaste arménien élabore des histoires à première
vue indépendantes les unes des autres mais qui finissent
par raconter la même histoire : « Chez moi, ce procédé
d’écriture n’est pas un jeu, il est organique. Autrement
dit, il retranscrit mes propres émotions. » Et qui dit
investigation, dit situation obscure : « La vérité cachée
m’intéresse, la catastrophe qui détruit ceux qui en sont
les victimes, confie-t-il. Le genre du film noir révèle
des niveaux de vulnérabilités multiples que je me plais
à mettre en avant. Cela correspond à ma personnalité propre.
» Les personnages masochistes, fétichistes hantent ses
films : «J’aime défier les symboles forts, mon arrogance
est très grande envers eux. On ne peut pas tout le temps
célébrer l’évident, le transparent que représentent les
piliers d’identité, et c’est pourquoi mes dialogues, très
condensés et durs, trahissent la pensée. » Atom Egoyan,
qui s’apprête à mettre en scène un des opéras de Wagner
au Canada et à adapter à l’écran « un roman noir et kitsch
», conclut en affirmant que « d’un point de vue artistique,
c’est le déni qui domine et qui exprime le mieux l’obsession
de l’identité». Travail à valeur morale
Arsinée Khanjian a mené plusieurs activités avant 1993,
année à partir de laquelle elle s’est entièrement consacrée
à son métier de comédienne : « Ma famille a mis beaucoup
de temps à me considérer comme actrice, explique-t-elle.
Alors, parallèlement aux films de mon mari, j’ai fait
des études de sciences politiques et de langues, puis
j’ai été responsable des subventions accordées au cinéma
par le ministère de la Culture, tout en étant très engagée
dans ma communauté. » Engagée serait le qualificatif le
mieux adapté à une actrice et comédienne qui s’intéresse
uniquement au théâtre et au cinéma d’auteur : « Mon désir
est d’accomplir un travail à valeur morale et éthique,
souligne-t-elle. Je me sens investie de la confiance que
m’accorde un cinéaste », en faisant allusion à la réalisatrice
syrienne Rouba Nada, vivant et travaillant comme elle
au Canada, qui lui confie prochainement le rôle d’une
musulmane de 40 ans, célibataire, qui fait le choix d’une
vie différente de celle dictée par sa communauté. Actrice
confirmée, Arsinée Khanjian passerait derrière la caméra
pour mettre en scène « la dernière partie de la vie de
Maria Callas, pour me confronter à la solitude qu’a connue
cette femme. Est-ce pour me retrouver ou pour mieux la
connaître, je ne saurais dire », conclut-elle.
Diala GEMAYEL
L'Orient-Le Jour
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Le
24 avril, journée du souvenir Les Arméniens commémorent
le génocide de 1915
La
communauté arménienne au Liban commémore chaque 24 Avril
le 88e anniversaire du génocide arménien de 1915. Ce
génocide, qui prit la forme de massacres et de déportations,
fut perpétré par les Jeunes Turcs du parti « Union et
progrès » qui menait une politique d’assimilation forcée
de toutes les populations qui habitaient ce qui restait
de l’Empire ottoman effondré. Selon des estimations,
près d’un million et demi d’Arméniens périrent à cause
de cette politique d’assassinat collectif. Mais ce «
génocide oublié » qui inspira Hitler – on lui prête
ces mots : « Mais qui se souvient encore du massacre
des Arméniens ? » –, des irréductibles du souvenir,
issus du peuple arménien lui-même, en portent constamment
le flambeau.
L’un des temps forts de ce « devoir de mémoire » est
le 24 avril. En 1915, CNN, al-Jazira et France 2 n’existaient
pas. Il n’y avait pas de correspondants de guerre ni
d’équipes de journalistes. Du génocide arménien, il
reste quand même des documents officiels, des lettres
écrites par les hauts responsables de la nouvelle République
et quelques clichés représentant des scènes de déportations,
de massacres, de pendaisons collectives, de monceaux
de cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants décharnés.
Suffisamment pour prouver au monde qu’une monstruosité
avait été commise contre une population civile sans
défense, dans la cynique volonté de faire place nette,
d’en finir avec ce peuple fier et différent, qui refusait
de disparaître, qui résistait par sa culture, comme
l’ont fait avant et après lui tant de peuples qu’on
cherchait à asservir. Le combat pour la reconnaissance
de ce génocide dure depuis 88 ans. Tout a été fait pour
amener la Turquie moderne à assumer cette part obscure
de son passé qu’elle persévère à refouler, à renier,
avançant pour le faire des explications invraisemblables,
refusant l’évidence, fermant les yeux sur l’ignominie.
Cette lutte n’a pourtant pas été tout à fait vaine.
Des organisations internationales, des parlements, des
gouvernements occidentaux ont fini par admettre l’existence
du génocide et rendre justice au peuple arménien, ne
serait-ce que moralement, puisque ce peuple entreprenant
ne réclame d’autre réparation que la proclamation de
la vérité.
Comme
chaque année,
L’Orient-Le Jour se
fait donc un devoir de réserver à la communauté arménienne
un espace pour s’exprimer, pour faire valoir ses droits
au souvenir.
C’est au tour, cette fois, des députés Jean Oghassabian
et Serge Tour Sarkissian et du professeur d’histoire
et ancien ambassadeur du Liban Vatché Nourbatélian,
de prendre la parole pour réveiller de leur torpeur
ceux qui, au nom de la « realpolitik » et de leurs intérêts,
« enferment l’humanité (...) dans la préhistoire ».
Conférence:
Les souffrances d’une communauté qui a choisi le Liban pour
patrie définitive Christine Babikian Assaf raconte l’identité
arménienne
Avec
le concours de
Article d'Anne-Marie El-Hage
25 Janvier 2003
Parler
de l’identité arménienne dans le cas libanais, c’est traiter
ce sujet du point de vue de l’identité collective, mais aussi
et surtout à partir d’une expérience personnelle, d’un vécu
intime. C’est, en effet, en tant que Libanaise d’origine arménienne
que Christine Babikian Assaf, chef du département d’histoire
à l’Université Saint-Joseph, a retracé les fondements de l’«arménité»
et évoqué les structures qui ont maintenu l’identité de la communauté
arménienne du Liban. Elle a par ailleurs insisté sur la double
identité revendiquée par les Libanais d’origine arménienne,
qui vouent un attachement indéfectible à leur patrie définitive.
Une conférence qui s’inscrit dans le cadre d’une série de rencontres
interactives organisées par la faculté des sciences religieuses
de l’USJ sur le thème: «La présence de l’Arménie». L’histoire,
la religion et la langue. Ces trois principaux fondements de
l’«arménité» sont faits de permanence dans le temps. «Être arménien,
dit Mme Assaf, c’est appartenir à l’histoire d’un peuple au
destin mouvementé, se référant à une terre dont une petite partie
seulement est aujourd’hui indépendante.» Une terre jalonnée
d’invasions et d’occupations par les grands empires qui ont
marqué l’histoire du Moyen-Orient et du Caucase, avec son lot
d’intégration, d’attachement sans faille à la terre ancestrale,
mais aussi de migrations. Ainsi, explique-t-elle, la partie
orientale de l’Anatolie ainsi que la Cilicie, plus au Sud, se
sont trouvées incorporées à l’Empire ottoman, dès le XVIe siècle,
alors que la région caucasienne a été l’objet d’une lutte entre
Perses, Ottomans et Russes à partir du XIXe siècle. Un contexte
d’une hostilité telle, qu’il a contribué à renforcer l’identité
arménienne dans sa lutte pour sa survie. «Être arménien, poursuit-elle,
c’est appartenir à l’histoire de ce peuple, c’est avoir gravé
dans sa conscience nationale les récits des premiers massacres
d’Arméniens à l’époque du sultan Abdul-Hamid en 1895, puis ceux
de 1909 en Cilicie, et enfin le génocide de 1915-1916, avec
son cortège d’horreurs, de misères, de spoliation, de douleur.»
Et Mme Assaf de rappeler que chaque année, le 24 avril, date
du début des opérations de déportations et de massacres, les
Arméniens du monde participent aux cérémonies qui marquent la
commémoration de cette tragédie. Ce n’est que 50 années après
ces événements, en 1965, que les Arméniens se mobilisent pour
leur cause. «La reconnaissance du génocide par la Turquie et
par la communauté internationale» est au centre de leur lutte.
Une reconnaissance, qui, précise le chef du département d’histoire,
«est nécessaire afin que puisse s’accomplir le travail de deuil
et que s’ouvre la porte de la réconciliation et du dialogue
avec les nouvelles générations turques.» Quant à l’Église arménienne,
«bastion inexpugnable et pôle unificateur dans la dispersion»,
elle représente un fondement de taille de l’identité arménienne
dont l’État a été le premier royaume chrétien de l’histoire
dans les années 301-304. Dès 1441, deux catholicossats se partagent
les différents diocèses, l’un en Cilicie, l’autre à Etchmiadzine
mais, depuis 1930, c’est au Liban, à Antélias, qu’est établi
le siège du catholicossat de Cilicie. De même la langue arménienne,
à travers l’alphabet de 36 lettres, a été l’occasion d’intensifier
l’enseignement religieux, de traduire les œuvres de la culture
universelle et de produire, dès le milieu du Ve siècle, une
littérature nationale, garante de l’identité et de la mémoire.
Des structures libanaises favorables
La
présence d’Arméniens au Liban est signalée depuis des temps
reculés dans la montagne libanaise, ainsi qu’à Tripoli, Jounieh
et même Beyrouth, remarque Christine Assaf. Aussi, note-t-on,
dès 1715, à Ghazir, la présence de moines arméniens catholiques,
ayant fui la région de Diarbékir suite à l’intolérance religieuse
de leurs compatriotes orthodoxes. Ils seront rejoints, en 1742,
par le premier groupe d’Arméniens catholiques venus se réfugier
au Liban. Mais, précise-t-elle, «l’essentiel des Arméniens vivant
au Liban est constitué de survivants des déportations de 1915-1920.»
Un second mouvement d’immigration, suite à la cession par la
France, en 1939, d’Alexandrette à la Turquie, viendra renflouer
ce flot. De nombreux Arméniens sont alors installés par les
autorités françaises à Anjar, dans la Békaa et à Tyr. «Finalement,
ajoute-t-elle, dans les années 1960, les Arméniens d’Irak, d’Égypte
et de Syrie sont canalisés vers le Liban, ces pays étant en
proie à des bouleversements politiques et économiques.» Ainsi,
estime-t-on le nombre d’Arméniens au Liban, en 1975, à 215 000
personnes. Installés aux camps de fortune aux conditions insalubres,
les réfugiés arméniens sont en proie à diverses maladies, notamment
le typhus et la peste. Mais l’acharnement et la volonté de la
communauté, les subventions de son Église, de ses partis politiques,
ainsi que celles de grands mécènes arméniens, du Liban ou de
l’étranger, l’aideront à se relever sur le plan économique.
«Il est toutefois important de noter, observe Mme Assaf, que
la structure confessionnelle du Liban, qui accorde à chaque
communauté des prérogatives et une grande autonomie, a permis
à l’Église arménienne de remplir son rôle non seulement religieux,
mais également social, éducatif et juridique.» Quant aux trois
partis politiques arméniens coexistant au Liban, Tachnag, Hentchag
et Ramgavar, «qui ont en commun leur organisation, leur discipline
et leur caractère national, remarque Mme Assaf, ils se sont
tous trois activement engagés dans la défense de la cause arménienne.»
Ayant pour objectif de préserver la langue, la culture et la
tradition arméniennes dans la diaspora, «ils encadrent étroitement
la communauté à travers un réseau d’associations culturelles,
sportives, de clubs, d’institutions de bienfaisance, d’écoles
et de publications.» C’est ainsi que, «grâce à l’action de son
Église et de ses partis, précise-t-elle, la communauté arménienne
a réussi à développer son patrimoine, faisant de Beyrouth un
centre religieux, culturel, artistique et littéraire pour toute
la diaspora.»
L'Alphabet
Arménien par Manoug Hopalian
Exposition en motifs
de tableaux
Manoug
Hopalian est un artisan de plaques d’immatriculation
qui s’est inspiré de son travail pour développer une
idée artistique. En effet, cela fait plus de trente
ans que ce monsieur d’une soixantaine d’années meuble
ses loisirs en élaborant des caractères de l’alphabet
arménien en cuivre émaillé, avec lesquels il compose
ensuite des tableaux. Jusque-là rien d’exceptionnel,
si ce n’est l’originalité des lettres, qui prennent
des formes variées. Manoug Hopalian a ainsi à son actif
des tableaux en lettres animalières, d’autres en caractères
reproduisant des bougies, des oiseaux, des clochers,
des façades d’églises, des notes de musique, des motifs
végétaux, des sabres et épées, des murailles de forteresses...
Mais aussi des « signes » plus « classiques », à l’instar
du caractère royal, « qui était utilisé uniquement par
les rois de Cilicie entre le Ve et le XVIIe siècle »,
signale Manoug Hopalian, ou encore fabriqués à partir
de matériaux différents comme les caractères livres,
en bois habillé de cuir. Cette calligraphie ciselée
en relief, émaillée et polychrome, est placée sur des
fonds en feutre et encadrée. Disposées à la manière
d’un abécédaire, ces lettres respectent scrupuleusement
l’ordre de l’alphabet arménien (de 38 signes). « Lequel
débute par le A (évidemment orthographié différemment),
comme Allah, qui est l’Alpha et l’Omega de toutes choses,
explique l’artiste, et se termine par le C comme Christ.»
Une démarche artistique intéressante....
Jusqu’au 7 août 2003, à la
galerie Varoujian – Zalka.
Un
Diplôme Universitaire en Géostratégie
au Liban
Université
Saint-Joseph
Beyrouth
Suggestion de site spécialisé
Géopolitis.net
Atom Egoyan et Arsinée Khanjian de passage au
Liban. (Photo Michel Sayegh)
L'affiche du Film Ararat réalisé par Atom Egoyan,
sur le génocide arménien
TIDAG ou la
francophonie arménienne au Liban
mensuel en arménien et français, en couleurs, fondé en
1996, tendance Indépendante
Responsable : Sam Racoubian
Adresse : P.O. Box 17-5094, Beyrouth Téléphone : 04.40.51.70,
04.40.51.71
Fax: 01.56.34.18
Email : scoplint@inco.com.lb
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Au Liban, la vie culturelle arménienne
est très active...
Au Centre Président Émile Lahoud de Dbayé-Naccache
Le patrimoine musical arménien revisité par Ara Gevorgian La
facade du Centre de Congrès Emile Lahoud des Municipalités
du Metn,
inauguré mi-Février 2004; cliquez sur l'image pour
revivre l'évènement
Beyrouth,
Mai 2004-
Entre le bord de mer et un ruban de l’autoroute,
à proximité de la Marina illuminée et se reflétant dans l’eau
de la Méditerranée, s’érige ce magnifique Centre Président Émile
Lahoud. Entrée magnifique, avec son parking livré à l’air libre,
son hall fait de grandes baies vitrées, de métal et d’une série
de colonnes, le tout gardé par une rangée de cyprès et un bel
ensemble d’oliviers avec espaces d’eau japonisants éclairés par
des spots. À l’intérieur, une immense salle flambant neuve, avec
ses sièges en couleur bleu marine et ses hauts murs peints en
gris perle. Sur scène (chargée de fumée banche et de lumière stroboscopique),
plus de cinquante musiciens (une bonne partie en droite ligne
d’Arménie et une autre de notre orchestre national) portant pour
la circonstance le nom d’Orchestre symphonique de Beyrouth et
placés sous la houlette de Harout Fazlian.
Invité par l’association culturelle Antranik, Ara Gevorgian, lui
aussi en droite ligne d’Erevan, est assis devant son synthétiseur
et il est l’artisan de cette nouvelle vague de musique arménienne
avec effets spéciaux sur écrans projetant des images du pays de
Sayat Nova ainsi que les circonvolutions de deux danseuses ondulant
en ombre chinoise. Menu typiquement arménien revisitant le patrimoine
musical avec rythmes nouveaux et sonorités modernes. S’égrènent
au fil des notes Armavir, Van, Dzovits Dzov, l’émouvant Der Voghormia
tiré des chants liturgiques, les sémillants Vagharshabad et Sardabarad.
Nom de villes mythiques du pays du roi Tigran, images splendides
de plaines verdoyantes, de Khatchkar sculptés dans la pierre,
de clochers et de dômes d’église, de bergers dansants et de belles
filles aux longues tresses balayant l’air des campagnes... Toute
la douceur, la beauté et la richesse musicale du pays de Komitas
revivent à travers cette musique jouée fortissimo, avec des sono
à décibels d’enfer... Une sorte de parfum Vangélis arménien que
cette musique « new wave » d’Ara Gevorgian qui mêle aussi bien
les sanglots des violons que les accents rauques des cuivres,
les lamentos des violoncelles que les plaintes des pipeaux, les
battements sourds des « duduks » que les longues coulées cristallines
du kanoun.
Vidée de son émotion essentielle, plus bruyante qu’expressive,
cette musique, originale peut-être sans être souvent convaincante,
entrée de plain-pied dans la tourmente et l’accélération de notre
époque pressée et stridente, apporte aux auditeurs une note d’«
arménité » différente et un lyrisme certainement contemporain.