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Elle mérite mieux qu'un simple détour:
Tripoli, l'autre grande ville du Liban...

TRIPOLI

Le Chateau Saint-Gilles construit par le Conte de Toulouse en 1104
fait de Tripoli un haut lieu de l'époque des Croisades


Saison Musicale à Tripoli de Février à Juin 2005


In Concert avec la coopération de l'Association Touristique de Tripoli organise une série d'évènements musicaux de tout genres (musiques du monde, fusion orientale, électrojazz, électronique et rock) entre février et juin 2005. C’est en gardant à cœur notre désir de décentraliser la vie culturelle de Beyrouth, que nous avons décidé de réaliser tous ces concerts dans différents endroits de Tripoli et de ses entourages.
L’entrée à tous les concerts est libre.
Le transport est assuré le jour de chaque concert pour LL 6,000 aller-retour. Départ du premier bus pour Tripoli à 17h, visite guidée de la ville incluse. Départ du second bus direct au concert à 18h30. L’arrêt de bus est situé sur le parking en face de la Faculté de Médecine de l’USJ, rue de Damas. Réservations des bus obligatoires, veuillez appeler Samar au 03-739304.


Le premier concert aura lieu le 4 février 2005 avec le groupe suisse Djinbala


Tripoli, vue du ciel...

Phéniciens, Grecs, Romains, Byzantins et Arabes, tous ont un moment convoité et investi la ville, imprégnant ses remparts, édifices et murailles de mille et un sceaux. Véritable kaléidoscope de cultures, la ville affiche progressivement ses multiples appartenances, pour finir par déclarer ouvertement son arabité et sa grâce orientale. Ville médiévale, ville portuaire, ville des « douceurs », Tripoli s’est approprié au fil des ans d’innombrables titres d’honneur, se targuant de ses mosquées, souks, hammams et écoles coraniques, autant de richesses qu’elle étale généreusement devant ses hôtes. La tournée en ville ne saurait s’achever sans une escale dans le quartier d’el-Mina qui borde la frontière de la ville historique : promenades sur la Corniche, excursions en mer et trempette dans l’île des Palmiers, un programme bien chargé qui vous retiendra dans la métropole plus d’une journée.

Tripoli illustre à merveille le contraste libanais:

Si certains quartiers ont de vrais airs d'Italie du sud
d'autres exhibent un modernisme très géométrique...


Festival de Tripoli 2004:
un programme varié, qui s’étend jusqu’au 11 septembre

Les amateurs de ballet seront ravis de savoir que le 3e Festival de Tripoli, édition 2004, a donné les premiers pas des festivités de l’été, qui commencent aujourd’hui, jeudi, à la Foire Rachid Karamé, au ballet ukrainien de Donetsk sous la férule de Vadim Pisarev. Au menu, annoncé lors d’une conférence de presse, trois soirées déployant le faste et le talent d’un art cultivé à son degré suprême en Russie. Menant la ronde des spectacles, allant du classique au moderne, Vadim Pisarev, professeur honoraire de l’Université de Donetsk et détenteur, en 1995, du titre de «meilleur danseur du monde» délivré par l’Unesco. Il faudrait noter aussi que Pisarev est plusieurs fois médaille d’or (Kiev, Moscou, Jackson) et qu’il a travaillé avec succès au Kirov du Théâtre Marinsky de Saint-Pétersbourg ainsi qu’à l’Opéra du Rhin de Düsseldorf. Danseur étoile, il fut acclamé pour ses rôles dans Giselle, Peer Gynt, Le Corsaire, Spartacus, Roméo et Juliette, Le dernier tango de l’ange… Pour lui donner la réplique, la prima ballerina Inna Dorofeeva, lauréate de plusieurs prix, dont celui de Kiev et de Jackson (USA) en 1990. À cela s’ajoute une prestigieuse troupe composée de plus de soixante artistes. Pour les festivaliers de la capitale du Nord, l’événement sera marqué en portant sur scène le chef-d’œuvre de Michel Cervantès, Don Quichotte, dans une chorégraphie de Marius Petipa et Alexandre Gorsky. Les costumes sont signés J. Koriagina et le décor V. Spevjakin. Pour la seconde soirée qui sera donnée au théâtre de l’Unesco à Beyrouth, le vendredi 27 août, l’ensemble offrira au public Peer Gynt d’Edward Grieg, création qui reçut la «Rose d’or» et fut présentée pour la première fois en 1996, en Norvège même, en mémoire du centième anniversaire du compositeur. Plus moderne est le spectacle du samedi 28 août , toujours au palais de l’Unesco à Beyrouth, présentant une suite de tableaux tirés de Roméo et Juliette, Savanna (primé au concours Serge Lifar), Le soldat (médaille d’or au concours Serge Lifar), Les flammes de Paris, Adagio march (sur une musique de Mozart), Black (prix Eurovision 2003) et l’Adagio d’Albinoni. Dans un registre totalement différent, les amateurs de «tarab» et de chansonnettes «chabablakié» (pour la jeunesse) pourront applaudir la star des podiums arabes Amro Diab et sa troupe de musiciens le 2 septembre (toujours à la Foire Rachid Karamé), ainsi qu’un récital de Georges Wassouf et de sa troupe le 11 septembre.


Festival Musical à Tripoli du 6 au 14 Septembre 2003

Les spectacles du Festival de Tripoli se dérouleront à la Foire internationale Rachid Karamé
En voici le programme:
– Samedi 6 septembre : spectacle de son et lumière et feux d’artifice avec la participation du chanteur Guy Manoukian et de la soprano Cynthia Samaha. Manoukian présentera les chansons de son nouveau CD, al-Ourdon, un mélange de musique moderne et classique.
– Jeudi 10 septembre, soirée avec les vedettes du programme télévisé Superstars qui ont connu un vif succès jusque-là.
– Samedi 13 septembre : Ihab Toufic et Nancy Ajram interpréteront leurs nouvelles chansons.
– Dimanche 14 sptembre : Kazem el-Saher animera la soirée.


Tous les spectacles commencent à 21 heures.
Les billets sont en vente au Virgin Megastore du centre-ville 01/999 666 et de Jnah 01/823287 ; au Quality Inn de Tripoli 06/211 255 et à La Cité de Jounieh 09/900 000.


Balade à travers l’histoire de Tripoli

Tripoli, vue générale

Le cœur médiéval

Première étape : la descente à partir du château vers la ville médiévale, un lieu magique qu’il faut absolument découvrir à pied. Après avoir traversé un passage voûté, les souks spécialisés se livrent l’un après l’autre à la manière d’un labyrinthe aux sentiers inextricables. En suivant fidèlement leur itinéraire, les anciennes galeries aux couleurs orientales aboutissent sur des souks récemment rénovés comme celui des bijoutiers. Également restauré, le khan des Khayyatine (souk des couturiers) est ponctué de très belles arcades transversales d’où filtre la lumière du jour. Des échoppes de tailleurs, qui exhibent de magnifiques abayas artisanales, rythment cette allée d’un bout à l’autre. Certains souks, comme celui des Attarine (les parfumeurs) qui est relativement mal entretenu, devraient bientôt être restaurés. Construits par les Mamelouks sur le modèle cairote, ces souks au style un peu baroque constituent le cœur commercial de la ville où s’échangent toute sorte de marchandises. Pour les amateurs du genre, le souk des Nahhassin (les artisans du cuivre) offre de splendides articles en cuivre travaillé. Ici et là, les vendeurs ambulants hèlent les passants, les invitant à déguster la fameuse galette tripolitaine au fromage. Imad el-Haddad, lui, a choisi de les tenter par une douceur dont seule la famille, dit-il, connaît la recette. Entamée en 1858, la confection de la « halawa chmaysiyya » à la crème de lait s’est transmise chez les Haddad de génération en génération.


Vers l’île des Palmiers

Dernière étape de la visite :
le quartier el-Mina ou le versant maritime de la cité. Mais avant d’entamer cette tournée, les Tripolitains vous conseilleront de faire une escale « spécial douceurs » chez les innombrables vendeurs de gâteaux arabes dispersés à travers la ville. La dynastie des Hallab, des Tom ou des Almawiyyé, dont la réputation n’est plus à faire, sert également un excellent « knéfé » et de la halawit el-jibn (une pâte de fromage sucrée) que l’on peut déguster à longueur de journée. Autre petit détour conseillé : un arrêt de dix minutes chez les fameux glaciers Ich Ich et Hadla situés à quelques mètres du port. Les vendeurs offrent une exquise citronnelle glacée faite à partir d’une veille technique de réfrigération du jus de citron et d’orange. Sur le port, les pêcheurs se précipiteront pour vous proposer un petit tour en mer (7 000 LL l’aller-retour par personne) en direction des quatre ou cinq îles situées à quelques km de la côte. La plus importante est l’île des Palmiers qui recèle une magnifique plage sablonneuse ponctuée de sources d’eau douce. L’île est également connue sous le nom de Jaziret el-Aranib, (l’île aux Lapins), des lapins y ayant été introduits pendant le mandat français pour servir de gibier aux administrateurs. Depuis, ces créatures n’ont plus jamais quitté l’île. L’endroit abrite en outre diverses espèces d’oiseaux rares et sert de refuge aux tortues vertes qui viennent pondre leurs œufs sur ses rivages. Des instants de rêve comme on en connaît plus au Liban.


Souk el-Khan, le souk des bijoutiers,
a été récemment restauré


Sur le Web...

* Tripoly City Guide par Baron& Baron, le site des voyages non traditionnels.

et

Tripoli-City.org
Un Portail Francophone
sur Tripoli - Trablous


Tripoli, 1ère ville libanaise à adopter un plan d'action pour l'environnement et l'écologie...
>>> Lire

Quelques repères incontournables de la Francophonie à Tripoli

* Le Lycée franco-libanais

* Le Centre Culturel Français de Tripoli-
Nord-Liban


La grande Mosquée de Tripoli


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Tripoli, cité aux multiples personnalités

L’été n’est certes pas la saison rêvée pour projeter une visite dans une grande cité d’Orient. Pourtant, Tripoli, ville côtière au charme fou, promet au visiteur plus qu’un simple tour en ville. Un véritable bain de culture attend le voyageur dès son accès à la capitale du Liban Nord. En dépit d’un souffle de modernité qui a métamorphosé certains quartiers, la ville porte dans ses entrailles les vestiges des anciennes civilisations.
Jadis destinée à devenir la capitale du Liban, une position qui a fini par échoir à Beyrouth, Tripoli a fini par se contenter de la seconde place, se prévalant toutefois d’avoir su préserver jalousement son héritage historique. Le prestige de la ville était tel qu’il y a quelque deux mille quatre cents ans, le premier « parlement » du bassin Est de la Méditerranée s’est réuni dans cette capitale, raconte Nina Jidéjian dans son ouvrage intitulé Tripoli Through the Ages. Le nom de la ville a été mentionné pour la première fois au Ier siècle avant Jésus-Christ, dans les textes anciens où l’on parlait de Tripolis ou la ville des trois cités englobant la région du port – el-Mina – et deux grands quartiers al-Kobbé et Abou Samra, séparés par la rivière Abou Ali, comme le souligne Mme Jidéjian. Pour d’autres auteurs, cette trilogie fait référence aux trois communautés distinctes qui formaient la population de la ville à l’époque hellénistique. Regorgeant de sites archéologiques, la ville se déploie dans toute sa magnificence du haut du château Saint-Gilles, une forteresse datant de l’époque des croisés. Édifié en 1104 par Raymond de Saint-Gilles, qui venait d’envahir la ville après avoir infligé une lourde défaite aux armées arabes, l’imposant château aux murailles imprenables raconte l’histoire mouvementée de l’époque. Après avoir été détruite en 1289 par les Mamelouks venus conquérir la région, la citadelle fut reconstruite par ces derniers. Les Ottomans s’en emparèrent à nouveau au XVIe siècle. Ils y effectureront des restaurations diverses. Ainsi la citadelle porte à ce jour les traces des trois civilisations. Durant les périodes mamelouk et ottomane, Tripoli se développera autour de cette construction. C’est à partir de cette colline – appelée mont Peligrinus à cause des pèlerins qui y faisaient escale avant de se rendre à Jérusalem – que Mira Minkara, une jeune guide touristique de la ville, conseille aux visiteurs d’entamer leur aventure tripolitaine.

Les senteurs de l’amour

Autrement enchanteur, le khan es-Saboun, ou caravansérail du savon, recèle un véritable musée d’arômes qui allèchent le piéton dès son accès à la galerie. Situés aux contours d’une grande cour flanquée d’un magnifique bassin, les boutiques et ateliers de savon lâchent à tour de rôle une foule de senteurs exotiques. C’est grâce à la famille Hassoun que les techniques traditionnelles de l’industrie du savon ont été réintroduites il y a quelques années. « Le parfum apaise l’âme », assurent les Hassoun en offrant à vos narines des savons bariolés et multiformes. Composé d’un mélange de miel, d’huile d’olive et de parfums orientaux, le savon tripolitain est en effet vanté pour ses bienfaits médicinaux. Le souk, qui existe depuis huit cents ans aux dires des fabricants, abritait des cliniques de médecine populaire qui confectionnaient des savons à partir des plantes. Cette pratique a récemment ressurgi en s’adaptant aux maux du siècle : « Maladies de la peau, troubles psychologiques, stress, problèmes sexuels, tout peut être guéri à partir des senteurs », affirment les Hassoun.

Le port d'El Mina et l'île aux palmiers,

zone des chercheurs d'Amphores au Liban

Le défilé des époques

Si vous visitez Tripoli pour la première fois, mieux vaut être accompagné d’un guide qui non seulement se fera un plaisir de vous raconter l’histoire de la cité, mais vous sortira habilement des dédales de ces souks. C’est sur la grande mosquée que débouche l’un d’entre eux. Édifié en lieu et place de la cathédrale Sainte-Marie de la Tour, construite au XIIe siècle par les croisés, l’édifice religieux trône au cœur de la cité médiévale. La mosquée fut reconstruite par les Mamelouks sur les vestiges de la cathédrale après que celle-ci fut dévastée par un tremblement de terre. Les traces en sont toujours visibles, notamment sur le portail d’entrée au style gothique. On pense d’ailleurs que le grand minaret rectangulaire était vraisemblablement le clocher de la cathédrale croisée. À l’entrée nord de l’édifice, deux magnifiques portails révèlent l’existence de deux madrassas ou écoles coraniques datant du XIVe siècle : el-Mashhad et el-Shamsiyya. Elles sont relayées de l’autre côté de la rue par deux autres écoles : el-Khayriya Hassan et el-Nouriya qui datent de la même époque. Tripoli est également réputée pour ses fameux hammams, dont un seul – le hammam el-Abed construit à la fin du XVIIe siècle – est encore ouvert au public. C’est toutefois le hammam el-Jadid qui reste le mieux préservé à ce jour. Aménagé vers 1740 par le gouverneur de Damas Assad Pacha el-Azem, le « Nouveau Hammam » a été ainsi appelé car sa construction était considérée comme relativement récente par rapport aux hammams édifiés au XIVe siècle par les gouverneurs mamelouks, explique Mme Jidéjian. Une autre variante consiste à suivre un itinéraire différent toujours à partir des souks, qui peuvent alors vous mener jusqu’à la plus ancienne mosquée de la ville, Abdel el-Wahed, construite vers 1305-1306 et dont les arcades de style mauresque se marient avec des rajouts plus modernes. Mais quel que soit votre emploi de temps, une visite à la mosquée Taynal (XIVe siècle) – « le lieu le plus magique deTripoli », selon Mira Minkara – est à prévoir. « Le lieu baigne dans une magnifique atmosphère orientale que vient perturber la présence de quelques colonnes romaines », raconte le guide.


Une bonne page-web sur Tripoli?


Quelques adresses utiles

Pour manger...

– Kasr Chater Hassan : vaste restaurant servant une cuisine libanaise. Il faut compter 15 $ par personne.
– El-Chate’ el-Fouddi (Silver Shore) : corniche d’el-Mina : établissement haut de gamme spécialisé dans le poisson et les fruits de mer (environ 30 $ par personne).
– Brunch : rue el-Mina. Cuisine internationale. 10 $ par personne.
– Dannoun : restaurant populaire qui sert d’excellents plats libanais. Connu surtout pour sa succulente fatté (prix : 5 dollars par personne).

Pour dormir...
– Château des Oliviers : (villa Nadia), Heykali, à 4 km de Tripoli. Au flanc d’une colline dominant la ville, le château est une imposante demeure convertie en hôtel. Bordé de jardins et doté d’une piscine. Les chambres sont meublées de manière personnelle, certaines avec vue panoramique. Chambre à partir de 90 dollars, petit déjeuner compris (www.château-des-oliviers.com).
– Quality Inn : près de la Foire internationale entre el-Mina et le centre-ville. Chambres luxueuses avec climatisation.
– Chez Sultan : chambres défraîchies avec climatisation, certaines avec balcons et vue sur mer. Rapport qualité/prix acceptable pour une chambre sur mer.
– Pension Haddad : un endroit convivial, tenu par la famille Haddad. Chambres dortoirs propres et confortables avec ventilateur (6 dollars le lit, 12 dollars pour la chambre double); idéal donc pour les petits budgets.
>>> sur internet

Dossier réalisé par Jeanine JALKH

Août 2003





email/courriel:



Dix-neuf millions de dollars pour la réhabilitation de la vieille ville de Tripoli
Les travaux seront lancés en avril 2005 dans le cadre du projet CHUD


Dans le cadre du projet CHUD (Cultural Heritage and Urban Development) et suite à un prêt de 62 millions de dollars, accordé il y a un an par la Banque mondiale et les gouvernements français et italien en vue de développer le potentiel archéologique et touristique de cinq sites historiques du Liban, 19 millions de dollars sont affectés à l’ancienne ville de Tripoli. Ils constituent une aubaine pour sauver un patrimoine abritant des centaines de vestiges croisés, mamelouks et ottomans, dont des souks vieux de 700 ans, considérés comme les plus importants du Liban, car ils ont conservé leur tissu urbain et sont habités jusqu’à aujourd’hui, alors que les centres des autres villes ont été détruits ou encore envahis par le béton. S’étendant sur six kilomètres carrés, la vieille ville de Tripoli comprend des mosquées, des «madrassa» (écoles coraniques), des «hammams» (bains publics), des fontaines et des khans (caravansérails). Le prêt de 19 millions de dollars sera consacré à la réhabilitation de ce patrimoine, en état de délabrement avancé. Sa mise en valeur favorisera les conditions d’un développement économique durable et permettra, par conséquent, d’améliorer la qualité de vie. Architecte spécialiste dans la conservation des monuments et sites, responsable de la partie urbaine du projet CHUD, M. Nabil Sami Itani indique qu’un constat précis de chaque état des lieux a été établi. Des études portant sur le tissu urbain, architectural, économique et social ont été mises au point. Un budget relatif à chaque ville a été retenu par les experts. De même, les procédures relatives aux adjudications ont été rigoureusement établies par la Banque mondiale. L’étude de réhabilitation et revitalisation de la ville ancienne, entreprise par les architectes Habib Debs, Mosbah Rajeb et Jad Tabet, a permis de «définir les points d’action du projet, les limites de l’ancienne ville et son périmètre de protection ainsi que les priorités dans les interventions», a signalé Nabil S. Itani, ajoutant que le dossier comprend plusieurs volets : la restauration des souks, la consolidation des monuments, l’aménagement des quartiers riverains du fleuve Abou Ali et la construction d’habitations pour 66 familles déplacées qui squattent le bâtiment historique de Khan al-Askar. Prévu également au programme, les travaux d’infrastructure dans la vieille ville, l’organisation du trafic routier et piétonnier dans son périmètre, la création de parkings et la réhabilitation des espaces publics. «La stratégie d’intervention a été établie suite à une analyse du patrimoine bâti dans la ville ancienne mais aussi et surtout suite à une enquête socio-économique menée auprès des familles, dans chaque immeuble et chaque commerce», explique l’architecte urbaniste Habib Debs. «On a remarqué que l’espace commercial des souks était très dynamique, que certains métiers – comme la menuiserie – se portaient bien et que d’autres – la pâtisserie arabe, par exemple – se développaient fortement. L’activité du souk constitue une attraction en soi, et son attractivité touristique potentielle peut représenter une source de revenus substantielle pour la population locale caractérisée par une forte densité d’occupation de l’espace et la faiblesse de ses revenus. Notre objectif était donc de préserver le tissu urbain et de revitaliser le tissu économique tout en visant à maintenir les habitants, les artisans et les commerçants sur place. Nous nous sommes placés résolument dans une stratégie différente de celle de Solidere et l’idée d’une ville-musée n’a non plus effleuré personne», dit Habib Debs. Il ajoute que les monuments historiques «représentent un important potentiel touristique à exploiter. Leur restauration et l’implantation de programmes d’activités culturelles, sociales, d’exposition de produits (vocation historique des khans), de formation des artisans, devraient stimuler la croissance économique et améliorer le niveau de vie». L’architecte a, par ailleurs, souligné que «la réhabilitation de la vieille ville permettra à la clientèle tripolitaine de renouer les liens avec ces quartiers longtemps abandonnés à cause de leur vétusté et de leur pauvreté. L’aménagement paysager des espaces publics et des artères urbaines a pour objectif de relier la vieille ville à la ville moderne. La mise en œuvre du projet permettra de réduire la fracture sociale et urbaine entre ces quartiers». Debs a aussi signalé que cet espace urbain sera principalement une zone piétonne et que la voie expresse qui longe le fleuve Abou Ali sera déviée et les berges aménagées en un espace paysager.

Hammam El Jadid construit en 1740

Une belle aventure se profile à l’horizon

Les travaux qui devraient débuter en avril prochain «n’ont pas pour objectif de dessiner une nouvelle ville. C’est une intervention soft que nous entreprenons», a expliqué Maged Fattal, coordinateur du projet CHUD. Il ajoute que l’opération, placée sous la houlette du CDR (Conseil du développement et de la reconstruction), cible les souks et les lieux de mémoire, et vise principalement à promouvoir les activités culturelles, les métiers traditionnels et les services relatifs au patrimoine et au tourisme. Fattal et Itani ont mis l’accent sur la consolidation de plusieurs monuments dont Khan al-Arsat (ou khan el-Kameh) et Khan el-Aaskar (caravansérail des militaires, datant du début du XIVe siècle) mais aussi sur les travaux d’infrastructure et de restauration qui seront entrepris dans les quartiers englobant les souks al-Nahassin, al-Najjarin, al-Bazerkan où une partie des travaux est financée par la Fondation Farès (250000 dollars), el-Hraj en cours de réfection grâce à des fonds allemands (400000 euros) et al-Khayattin sur lequel les Espagnols sont intervenus. Considérées par ailleurs «du domaine public», les façades urbaines de la vieille ville seront traitées dans le cadre de la mission CHUD, par Yasmine Maakaroun. Celles d’al-Bazerkan, par exemple, couvrent une distance de plus de 2200 m et une surface de quelque 12000 m2. Opération coup de jeune également pour les quatre hammams dont al-Nouri et Ezzeddine. Propriété de la DGA (Direction générale des antiquités), Hammam Ezzedine, le plus grand et le plus ancien, s’est vu attribué par la Caisse arabe du développement économique et social un don de 330000 dollars. La réhabilitation de Tripoli comprend aussi la mise en valeur de la citadelle croisée qui surplombe la ville de Tripoli: éclairage de la pierre, installation de panneaux signalétiques, création d’un musée et aménagement d’un jardin autour du site. Les urbanistes se sont penchés également sur l’aménagement des quartiers riverains du fleuve Abou Ali dont l’état des lieux actuel représente une «véritable plaie dans la ville», relève Nabil S. Itani. Il explique que des deux côtés des rives, les voies de communication étranglent la vieille ville et l’étouffent. Aussi, pour désengorger la zone, une réorganisation globale du trafic routier est prévue dans le projet, qui lorgne aussi vers la création de parkings et l’aménagement des différents accès qui mènent aux souks. D’autre part, un chapitre est réservé à la gestion et à l’embellissement des places publiques, à la création des espaces verts et à l’installation du mobilier urbain, autour des principaux monuments, telle la mosquée Bortassi, Khan el-Askar, Souk el-Nahassin, à l’intersection du fleuve Abou Ali et Bab el-Tebbaneh. Selon le coordinateur du projet CHUD, la réhabilitation et la revitalisation de la ville ancienne de Tripoli devraient faire «boule de neige et encourager les gens à prendre des initiatives privées et entreprendre en parallèle des travaux de restauration… Notre mission est centrée sur une approche stratégique pour protéger, conserver et mettre en valeur le patrimoine culturel du pays qui agira comme moteur pour le développement du tourisme», ajoute Maged Fattal.

Des contraintes?
Mais pour en arriver là, il y a des difficultés à surmonter. La grande densité urbaine (habitations ou commerces), l’exiguïté des ruelles (à peine deux mètres de largeur parfois), l’insalubrité et l’inaccessibilité de certains bâtiments présentent des contraintes sur le terrain. «Aussi, pour ne pas arrêter la circulation et geler les activités commerciales, les travaux de réfection seront entrepris par tranches, permettant ainsi de minimiser l’impact des opérations sur l’activité économique», expliquent Maged Fattal et Nabil S. Itani. Ils insistent également sur l’importance de la coordination entre les différents intervenants, notamment les ministères des Travaux publics et de l’Énergie, chargés de l’exécution de plusieurs projets d’infrastructure. Mais ce n’est pas tout. «Les habitants doivent, eux aussi, contribuer à la réussite du projet.» Dans ce sens, un partenariat a été mis en place avec la municipalité et les ONG qui mènent auprès de la population des campagnes de sensibilisation à la valeur de leur héritage historique, attirant leur attention sur l’importance du tourisme culturel comme source de revenus. En effet, pour marquer ses objectifs à long terme, créer du travail, éradiquer la pauvreté et la stagnation économique, le plan met l’accent sur la synergie culture/économie.

May MAKAREM
pour L'Orient-LeJour

Bureaux d’étude Rappelons que pour le projet CHUD, ARS Progetti, spécialisé dans l’aménagement des sites archéologiques, et ECC ont été chargés d’élaborer le projet d’étude concernant Baalbeck. Jacques Liger-Belair a signé celui de Byblos. Saïd Bitar s’est penché sur Saïda. Pierre el-Khoury, sur Tyr. Et comme signalé dans l’article, Habib Debs, Mosbah Rajeb et Jad Tabet ont établi l’étude de réhabilitation et de revitalisation de la vieille ville de Tripoli.