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Election présidentielle libanaise:
" le destin du Liban quelque part entre la volonté des libanais, l'Onu et ses voisins "
Présidentielle Libanaise 2004

1er Octobre 2004
Annan devant l'ONU:
"Les exigences de la résolution 1559 n’ont pas été satisfaites"

>>> Le texte intégral du rapport Annan

8 Septembre 2004
Vers une accélération des évènements au Liban

La France pourrait prochainement poster des troupes de maintien de la paix pour garantir la sécurité autour des camps palestiniens du Liban.
Le but de cette proposition serait de garantir le respect de l'indépendance du Liban et de déconnecter celle-ci du conflit israelo-palestinien. Ce dernier est en effet de plus en plus considéré comme un alibi mis en avant par la Syrie pour justifier sa présence militaire au Liban.

Selon notre source, l'idée de ce scénario est très avancée au point qu'elle pourrait être présentée par le Secrétaire Général des Nations-Unies dès le mois prochain devant le Conseil de Sécurité*. Elle laisse également entendre que l'application de la résolution 1559 pourrait interrompre les négociations de l'accord de partenariat entre l'Union Européenne et la Syrie. Une douzaine de camps abritant environ 300.000 palestiniens serait concernée par cette proposition. C'est la première fois depuis bien longtemps qu'une telle idée n'avait pas été clairement envisagée et il convient, à ce stade de la situation, de lui accorder un crédit grandissant.

La France et le président Chirac étaient à la recherche d'une initiative diplomatique de poids dans la région; le moment semble cette fois opportun mais il leur reste cependant à la faire accepter devant le concert des nations et dans le coeur des libanais en faisant valoir son bien-fondé afin de garantir au pays du cèdre et à son peuple
un avenir plus souverain.

* Le 3 octobre prochain, Kofi Annan doit présenter son rapport au Conseil de sécurité sur l’application, par le Liban et la Syrie, de la résolution 1559.

JM Druart

Résolution 1559

"Une des singularités de la résolution s'avère dans l'entente et le travail conjoint entre les Etats-Unis et la France, surtout après les divergences concernant la guerre de l'Irak. Certains analystes voient dans ce rapprochement une volonté française de régularisation de ses relations avec les Etats-Unis. Mais aussi une réelle intention d'affermir les liens avec le Liban, qui a depuis toujours été l'interlocuteur privilégié et le protégé de la France dans la région. En contrepartie, Paris tolérerait une présence encore plus marquée des Etats-Unis en Irak."(Analyse l'Hebdo Magazine)

Dossier Syrie Liban, Résolution 1559
avec le webzine "sur le Ring"
Article 1, Article 2, Article 3
par Emilie Thomas: précis et pertinent!
Voilà plusieurs mois que la présidentielle libanaise occupe le devant de la scène.
Au-delà de la désignation du président pour les trois années à venir, c'est l'enjeu de la reconduction de l'actuel président et l'adoption de l'amendement constitutionnel qui se trouve au coeur de l'actualité et des passions.
Qu'en pensent vraiment la majorité des libanais?, quel est le risque réel pour le Liban de se retrouver une fois de plus en position de nation-otage au coeur de l'enjeu régional, tant des intérêts de ses voisins que ceux des grandes puissances?
Si il ne faut pas douter que beaucoup de libanais du Liban comme de l'extérieur aspirent à davantage de clarté et de Démocratie, les résultats d'un très sérieux sondages soulignent une fois de plus des paradoxes qui ne sont pas sans danger.

La couverture de l'Hebdo Magazine illustre bien la situation actuelle:

" Une violente guerre-éclair de 48 heures a décidé de l’avenir du Liban pour les trois prochaines années. L’américanisation de l’échéance présidentielle libanaise et l’internationalisation de cet enjeu se profilant à l’horizon, la Syrie a préféré jeter ses cartes brutalement. Voilà ce qui s’est passé. Magazine étudie les différents scénarios résultant du départ ou du maintien de Rafic Hariri au poste de Premier ministre, en une période qui s’avère mouvementée aussi bien sur le plan interne qu’au niveau international. L’action initiée au Conseil de sécurité par la France et les Etats-Unis risque de plonger le Liban dans une phase de turbulences."


Présidentielle libanaise :
Après le vote d'une résolution de l'ONU Damas ignore la pression internationale Beyrouth :

La Syrie a paru insensible hier à la pression internationale, ses auxiliaires au Liban orchestrant comme prévu la reconduction pour trois ans du président sortant, Emile Lahoud. Ignorant superbement la résolution du Conseil de sécurité adoptée dans l'urgence jeudi, le Parlement s'est réuni hier pour amender la Constitution qui limite théoriquement le mandat présidentiel à six ans non renouvelables.

Ce passage en force a provoqué l'ire de l'église maronite – le président de la République est forcément choisi dans les rangs de cette communauté – qui a dénoncé avec une rare virulence l'influence de Damas au Liban. Dans un réquisitoire, dressé jeudi par anticipation du vote parlementaire, le conseil des évêques maronites accuse la Syrie de protéger «les corrupteurs et les corrompus», de «violer» la Constitution et d'imposer sa volonté, avec «mépris» à des Libanais incapables d'élire leurs véritables représentants au Parlement, «le système démocratique qui caractérise notre pays (ayant) été corrompu».

Le tollé provoqué au Liban par la décision syrienne n'avait en fait aucune chance de se traduire par un vote négatif, tant la représentation parlementaire est verrouillée par Damas et ses amis. Seule une alliance entre le bloc de Walid Joumblatt, le chef druze, allié de la Syrie, mais opposé à la reconduction d'Emile Lahoud ; les députés de l'opposition chrétienne et le bloc du premier ministre Rafic Hariri auraient pu empêcher l'amendement de passer.* Mais ce dernier a préféré ne pas contrecarrer la volonté syrienne, quitte à démissionner par la suite, comme le prédisent certains journaux locaux.

La résolution 1559 du Conseil de sécurité appelant au respect de la souveraineté du Liban, au retrait de toutes les troupes étrangères de son sol et à des élections présidentielles libres et équitables n'a pas davantage infléchi la procédure parlementaire libanaise : elle a été rejetée comme une «ingérence» par le gouvernement libanais. Les milieux proches de Damas estiment même que le pire a été évité puisque la résolution est passée à une courte majorité de neuf voix et que le texte final a été édulcoré, la Syrie n'étant plus désignée nommément. La menace de prendre des «mesures supplémentaires» si la résolution n'est pas suivie d'effet a également été supprimée de la version finale. «Le fait que le Conseil ait donné un délai probatoire d'un mois» à la Syrie et au gouvernement libanais «ouvre la voie à une résolution plus contraignante», estime toutefois le quotidien arabophone An Nahar.

Le bras de fer entre Washington et Damas est loin d'être terminé. La Syrie a gagné du temps, une fois de plus, mais elle doit faire face à des pressions américaines de plus en plus ciblées. L'éditorialiste et PDG du quotidien As Safir, Talal Salman, se fait indirectement l'écho des craintes du régime syrien : selon lui, la politique suivie par Washington depuis les attentats du 11 septembre 2001 pourrait se traduire par une intervention militaire contre la Syrie, dont l'exécution serait confiée à Israël.

* Seuls 29 Députés sur 128 ont voté contre l'amendement permettant la reconduction.

Sibylle Rizk [04 septembre 2004]
pour Le Figaro

Un dernier recours?
Au cas où les députés voteraient favorablement pour le projet d'amendement de l'article 49 de la Constitution, un recours auprès du Conseil constitutionnel est possible, par le biais d'une demande formulée par dix députés, et qui pourra invalider cet amendement s'il est jugé non conforme à la Constitution.


La pression syrienne
Rarement une élection présidentielle libanaise aura suscité autant d'agitation. Le scrutin du 24 novembre est en passe de devenir un véritable test pour la Syrie, puissance tutélaire du Liban soumise à de fortes pressions américaines. Si, théoriquement, les 128 députés libanais ont la charge de désigner le chef de l'Etat (obligatoirement de confession maronite), c'est Damas qui choisit le candidat. Le président sortant, le général Emile Lahoud, ne peut pas être réélu puisque la Constitution limite à un seul le mandat présidentiel de six ans.
Mais les Syriens veulent que Lahoud reste en place. >>>



L'analyse du ministre des Affaires Etrangères libanais,
alors que quatre ministres viennent de démissionner

«De graves dangers» pour le Liban
La résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant au respect de la souveraineté du Liban et au retrait de toutes les troupes étrangères de son sol est susceptible «d'exposer le Liban à de graves dangers», a estimé le ministère libanais des Affaires étrangères.


>>> Lire la suite...

Reconduction:
Qu'en pensent vraiment les libanais?
Quel président souhaitent-ils?

STAT-IPSOS a mené en Août 2004 une étude auprès de 800 citoyens libanais equitablement répartis entre hommes et femmes.L'age des personnes interrogées est compris entre 18 et 60 ans selon un panel représentatif de la population.L'enquête était basé sur un questionnaire intégralement en langue arabe et menée par un personnel entrainé lui-même sous le contrôle de superviseurs à plein-temps
STAT-IPSOS has conducted during August 2004 a survey over 800 Lebanese citizens. It was equally split between males and females. The age of respondents ranged from 18 and 60 years, in a representative manner of the population. The interviews were based on a fully structured Arabic questionnaire and conducted by specially trained IPSOS-STAT interviewers under the supervision of full time supervisors.

Voici les principales questions posées:
Qui est perçu comme meilleur candidat dans la situation actuelle?
Emile Lahoud 38% Boutros Harb 21% Nassib Lahoud 9% Nayla Mouawad 7% Mikhael Daher 4% Jean Obeid 4% Others 8% No answer 9%

Perception d'Emile Lahoud

Very positive image 45% Somewhat positive image 28% Negative image 13% Very negative image 13%



Quel est selon vous le candidat le plus approprié pour chacune des caractéristiques ou tâches suivantes?

Compétence
Emile Lahoud 32% Boutros Harb 24% Nassib Lahoud 14% Nayla Mouawad 7% Robert Ghanem 6% Jean Obeid 5% Mikhael Daher 4% Michel Eddeh 2% No one 5%

Maintien des libertés publiques
Emile Lahoud 30% Boutros Harb 26% Nassib Lahoud 15% Nayla Mouawad 8% Robert Ghanem 4% Jean Obeid 4% Mikhael Daher 4% Michel Eddeh 3% No one 6%

Maintien de la securité
nationale
Emile Lahoud 44% Boutros Harb 18% Nassib Lahoud 13% Nayla Mouawad 4% Robert Ghanem 4% Jean Obeid 4% Mikhael Daher 3% Michel Eddeh 3% No one 7%

Relancer la situation économique
Emile Lahoud 30% Boutros Harb 22% Nassib Lahoud 13% Nayla Mouawad 6% Robert Ghanem 3% Jean Obeid 5% Mikhael Daher 4% Michel Eddeh 2% No one 16%

Lutte contre la corruption et le gaspillage
Emile Lahoud 35% Boutros Harb 21% Nassib Lahoud 13% Nayla Mouawad 7% Robert Ghanem 3% Jean Obeid 4% Mikhael Daher 3% Michel Eddeh 2% No one 13%

Candidat préféré pour la Présidentielle
Emile Lahoud 37%
Boutros Harb 24%
Nassib Lahoud 13%
Nayla Mouawad 8%
Robert Ghanem 5%
Jean Obeid 5%
Mikhael Daher 4%
Michel Eddeh 2%
Aucun d'eux 3%

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Vers une alliance Druzo-Maronite?


par Paul Khalifé


Scénarios post-prorogation.
Lahoud avec ou sans Hariri ?

Alors que les pressions sur les parlementaires se
faisaient de plus en plus fortes afin de voter l'amendement constitutionnel permettant au président Emile Lahoud de proroger son mandat de trois ans, Magazine étudie les différents scénarios résultant du départ ou du maintien de Rafic Hariri au poste de Premier ministre, en une période qui s'avère mouvementée aussi bien sur le plan interne qu'au niveau international.
De nouveaux gouvernements?
La situation interne risque d'être instable dans les mois à venir, d'une part en raison d'un environnement régional bouillonnant; d'autre part en raison des échéances successives sur le plan interne. Présidentielle tout d'abord, elle sera entourée de plusieurs échéances gouvernementales: une éventuelle démission de Hariri nécessitera un nouveau gouvernement qui démissionnera de facto fin novembre (fin de mandat présidentiel). Un deuxième gouvernement devra alors être formé, qui durera jusqu'au printemps 2005 (élections législatives). Là, un troisième cabinet verra le jour. Pour les ministrables, la déposition de CV et de demandes d'emploi sont désormais possibles.

La pression syrienne (suite...)
Les opposants à une reconduction, menés par le patriarche maronite Nasrallah Sfeir et le chef druze Walid Joumblatt, ont donné de la voix ces dernières semaines. Fait remarquable au Liban, un front islamo- chrétien s'est même dessiné contre les projets syriens. Les appels américain, français, allemand et britannique, se sont multipliés pour inviter le gouvernement libanais à respecter la Loi fondamentale. La réaction de Damas, dont 20 000 soldats stationnent au Liban, a été immédiate. Samedi dernier, le conseil des ministres, présidé par un Rafic Hariri sous très forte pression syrienne, donnait son feu vert à un amendement visant à prolonger de trois ans le mandat de Lahoud. Le dossier n'est pas clos pour autant

Emilie Sueur (à Beyrouth) pour Le Point


Liban-Syrie. Un demi-siècle de relations bilatérales mouvementées

La précipitation avec laquelle le régime syrien semble avoir traité le dossier de la présidentielle constitue une fuite en avant. L'affaire remet sur le tapis la nature des relations libano-syriennes.
En dépit des efforts déployés depuis un demi-siècle, les rapports entre Beyrouth et Damas restent fragiles. Sur le plan officiel, depuis la signature de l'accord de Taëf, la lune de miel se prolonge. Mais l'image est bien différente au niveau populaire. La relation mi-figue mi-raisin qui durait depuis des décennies entre les dirigeants syriens et le pouvoir libanais a cédé le pas à une entente quasi-totale depuis Taëf qui a pérennisé et légalisé la présence syrienne, mais sous conditions. Le texte adopté prévoit que «les forces syriennes termineront leur rôle sécuritaire au Liban au maximum deux ans après Taëf. Le temps pendant lequel les forces syriennes resteront dans certaines régions sera précisé par l'accord qui devra être conclu entre les deux gouvernements». Mais les deux années s'écoulent, suivies de deux autres, puis de dix autres, les troupes syriennes sont toujours là, et le Traité d'amitié et de coopération, signé en 1991, est là pour régler et réguler les éventuels différends. Le 19 juin 2001, les troupes syriennes présentes autour de Beyrouth procèdent à un redéploiement. Ce repli concerne des unités syriennes stationnées à Yarzé et Baabda, où se trouvent respectivement le siège du ministère de la Défense et le palais présidentiel, suivi d'un retrait d'autres régions de Beyrouth et du Mont-Liban. Après deux redéploiements, le nombre de soldats syriens au Liban est ramené de 35000 à 20000. Cette lune de miel «officielle» ne s'est pas étendue à l'opposition qui misait sur des «relations privilégiées» avec la Syrie, mais dans un cadre différent de celui qui a prévalu durant toutes ces années. Deux étapes sont significatives. D'abord, l'appel de l'Assemblée des prélats maronites après la visite pastorale du patriarche maronite au Chouf, à Aley et à Jezzine, en 2001. Mettant en garde contre la persistance de la crise économique, l'appel soutient que «la solution réside dans une coordination rationnelle des affaires respectives entre le Liban et la Syrie, chacun des deux pays conservant sa souveraineté, son indépendance et sa libre décision». «La meilleure solution de cette situation anormale est de permettre au Liban d'assumer lui-même ses responsabilités et de gérer ses propres affaires, tout en maintenant une coordination avec la Syrie sur les questions d'intérêt commun. A la manière de deux frères vivant chacun dans une maison et gérant leurs propres affaires, sans que l'un se mêle des affaires de l'autre», indique l'appel des prélats. Dès lors, les relations entre Damas d'un côté, Bkerké et l'opposition chrétienne de l'autre, sont à un tournant. Le second appel lancé un an plus tard est encore plus virulent. Il dresse un bilan négatif des relations libano-syriennes et attribue à la tutelle syrienne les anomalies qui caractérisent la vie politique et le fonctionnement des institutions dans le pays.
La Syrie et des pôles au pouvoir
Deuxième signe négatif, l'élection partielle du Metn. Remportée par l'opposition, elle a été annulée au profit du candidat qui a obtenu le moins de voix, avant d'être suivie d'une fermeture de la MTV. Des mesures internes, mais qui n'ont pas pu être prises sans approbation syrienne, d'après l'opposition. Malgré l'appréciation des prises de position de Bkerké lors de la guerre contre l'Irak et sa dénonciation du Syria accountability act, aucun geste officiel n'a été fait dans sa direction. A part Bkerké et l'opposition chrétienne, les relations n'étaient toujours pas au mieux avec certains pôles du pouvoir. En novembre 2000, le leader druze Walid Joumblatt, vieil allié de la Syrie et chef du Parti socialiste progressiste (PSP), réclame un «rééquilibrage» des relations libano-syriennes, passant par un redéploiement des troupes de Damas. La riposte des autorités syriennes ne se fait pas attendre: M. Joumblatt est dorénavant interdit de toute visite officielle en Syrie. Il ne pourrait s'y rendre qu'à titre de citoyen libanais ordinaire. M. Joumblatt n'avait pas voté pour l'amendement constitutionnel de 1998 qui devait faire accéder le président Emile Lahoud à la magistrature suprême. Position qu'il réitère aujourd'hui au risque de voir ses relations avec la Syrie se dégrader une nouvelle fois. Les relations entre la Syrie et le Premier ministre Rafic Hariri n'étaient pas non plus à leur apogée depuis quelque temps. Pour Damas, la position de M. Hariri n'est pas en harmonie avec ses objectifs, notamment en ce qui concerne l'élection présidentielle. Il devient de plus en plus clair que le comportement du chef du gouvernement gêne, surtout que la Syrie ne veut en aucun cas relâcher le dossier libanais dans une période de défiance dans ses relations avec les Etats-Unis et la France. D'un autre côté, Damas aurait souhaité profiter davantage des relations internationales de Rafic Hariri, surtout avec le président français, tant au plan politique qu'économique. Mais lors de la visite du vice-président syrien Abdel Halim Khaddam en France, quelques mois plus tôt, un climat négatif a confirmé la Syrie dans ses convictions que cette nouvelle position de la France est liée directement aux enjeux de l'échéance présidentielle libanaise. Le mécontentement syrien n'a pas non plus épargné le président de la Chambre qui, ces derniers temps, s'est contenté de jouer le rôle de spectateur dans le bras de fer que se livraient la première et la troisième présidences. Il va de soi que des raisons impératives ont conditionné la dernière position syrienne relative à l'élection présidentielle. Damas avait déjà donné plus d'un signe dans cette direction, ne serait-ce que par la visite du ministre des Affaires étrangères syriennes Farouk el-Chareh à Baabda. Mais les opposants n'avait pas voulu le voir.
Sans doute une erreur d'appréciation stratégique.


avec la collaboration de

Les principales dates d'une relation

* 22 mai 1948:
un protocole d'unification des douanes est signé entre le Liban et la Syrie.
* 14 mars 1950: la Syrie annonce une rupture économique totale avec le Liban. * 26 décembre 1950: les deux pays parviennent à un accord provisoire sur l'échange des produits agricoles et industriels.
* 27 juillet 1968: la Syrie accuse le Liban de protéger des personnes qui fomentent un complot contre elle et lui impose des sanctions économiques. * Octobre 1969: la Syrie ferme les frontières avec le Liban.
* 5 mai 1973: nouvelle fermeture des frontières. La Syrie accuse le Liban de vouloir liquider la résistance palestinienne.
* 7 janvier 1975: le président Hafez el-Assad rencontre le président Sleiman Frangié à Chtaura.
* 3 mars 2002: visite du président Bachar el-Assad à Beyrouth,
deux semaines avant la tenue du sommet arabe.
Le cadre légal des relations bilatérales

Selon l'accord de Taëf, les relations libano-syriennes sont régies par le chapitre IV: «Le Liban, arabe d'appartenance et d'identité, est lié par des relations fraternelles sincères avec tous les Etats arabes, et entretient avec la Syrie des relations privilégiées qui tirent leur force du voisinage, de l'histoire et des intérêts fraternels communs. Sur cette base se fondent la coordination et la collaboration entre les deux Etats, et des accords entre eux dans les différents domaines les consacreront de manière à assurer l'intérêt des deux pays frères dans le cadre de la souveraineté et de l'indépendance de chacun.

Sur cette base, et compte tenu du fait que l'affermissement de la sécurité favorise le cadre nécessaire au développement de ces liens particuliers, il faut éviter à tout prix que le Liban devienne une source de menace à la sécurité de la Syrie, ou la Syrie une source de menace à la sécurité du Liban. En vertu de quoi, le Liban ne permettra pas qu'il soit un passage ou un foyer pour toute formation, Etat ou organisation qui aurait pour but de remettre en question sa sécurité ou celle de la Syrie. De même que la Syrie, soucieuse de la sécurité, de l'indépendance et de l'unité du Liban ainsi que de l'entente de ses fils, ne permettra aucune action susceptible de menacer la sécurité, l'indépendance et la souveraineté du Liban».


Présidentielle libanaise et relations Union Européenne-Liban


L'Ambassadeur Patrick Renauld :
"La résolution du Conseil de sécurité va dans le sens des conclusions de l’UE"

Beyrouth, 7 Sept.2004 - La reconduction pour trois ans du mandat Lahoud, et le vote qui l’a précédé de douze heures, par le Conseil de sécurité, de la résolution 1559 appelant notamment au respect de la souveraineté du Liban, ainsi qu’au retrait de toutes les troupes étrangères sur son sol, continuent de faire couler beaucoup d’encre. Et la réaction du chef de la délégation de l’Union européenne à Beyrouth, Patrick Renauld, s’est particulièrement détachée du lot hier. L’ambassadeur européen, qui a été reçu par le Premier ministre, Rafic Hariri, avec lequel il a préparé la visite que ce dernier effectuera dans quelques jours à Bruxelles, a indiqué que l’UE « est extrêmement attentive à cette situation », et a rappelé les conclusions tirées, en février dernier, par le Conseil de coopération réuni dans la capitale belge. « Ces conclusions disaient très précisément que l’UE allait suivre avec beaucoup d’attention les élections au Liban, qu’elle s’attendait à ce qu’elles soient transparentes et claires, et que l’Union souhaitait que le Liban exerce sa pleine souveraineté », a dit Patrick Renauld, soulignant que la résolution du Conseil de sécurité « va dans ce sens, et c’est très positif pour le Liban ». Le diplomate a ensuite évoqué l’Accord d’association, ainsi que la nouvelle politique de voisinage de l’UE, qui, tous deux, « reprennent un certain nombre de valeurs ». Pour lui, l’Union « est complètement ouverte au Liban », et elle le restera « autant que le Liban partagera un certain nombre de valeurs qui sont celles de l’Accord d’association ». Patrick Renauld a assuré que les réformes – « en matière de justice et d’État de droit » – sont « importantes » au Liban, sinon ce dernier « va continuer à tourner en rond ». Et « encore une fois, l’UE est complètement ouverte pour l’accompagner dans cette démarche.
Ce n’est pas une obligation, c’est un accompagnement, comme tout partenaire souhaite le faire avec ses amis », a-t-il conclu.

Le journal "Le Monde" a publié en l'espace de quelques jours deux points de vue et analyses totalement opposés émanant de deux personnalités libanaises de premier plan, Georges Corm et Jalal El Ahdab.
La clarté et la logique de chacun de ces plaidoyers vous permettront peut-être de vous forger ou d'affiner une opinion, si ce n'est pas déjà fait!...

Pour la reconduction du Mandat
Contre la résolution 1559


Pourquoi la France change-t-elle d'attitude au Liban ?,
par Georges Corm
C'est avec consternation que la grande majorité des Libanais a vu la France aux côtés des Etats-Unis participer à la tentative peu glorieuse de déstabilisation du Liban que représente la résolution 1559 du Conseil de sécurité des Nations unies. En réalité, on a d'autant plus de mal à comprendre la France que nous n'oublions pas comment elle avait amené les Etats-Unis, en 1996, à reconnaître la légitimité de la résistance du Hezbollah au sud du Liban par les "arrangements d'avril"qui visaient à limiter les pertes civiles libanaises et à légitimer les actions libanaises menées contre l'armée israélienne occupante.

C'est la France aussi, il y a deux ans environ, qui a organisé un sauvetage financier du Liban, nécessité par la politique monétaire et financière inconsidérée de Rafik Hariri depuis 1992. Elle a fait le geste exceptionnel de mobiliser sur une garantie publique française 500 millions de dollars pour le Liban. C'est encore la France qui s'est mise courageusement en pointe depuis trois ans pour empêcher les Etats-Unis de faire du Moyen-Orient un chaos où règne la loi de la jungle, comme nous le voyons tous les jours désormais en Irak et en Palestine.

Or la résolution 1559 du Conseil de sécurité ouvre, aujourd'hui, la porte à une déstabilisation complète du Liban. En effet, le texte de la résolution équivaut à demander à ce pays qu'il se suicide, car elle ne fait rien moins que de le sommer, tout à la fois, de désarmer le Hezbollah (que d'ailleurs les Etats-Unis considèrent comme une organisation terroriste, contrairement à 90 % des Libanais), et les organisations palestiniennes armées dans les camps de réfugiés. Bien plus, le Liban est requis de procéder à ces opérations militaires, inconsidérées dans le contexte actuel, en demandant en même temps à la Syrie, seule puissance régionale de poids, de retirer son armée du pays alors que la présence de cette armée serait nécessaire pour procéder à ce désarmement ; ce dernier n'étant possible que lorsque le contentieux israélo-palestinien sera résolu et que les Palestiniens auront un Etat digne de ce nom.
Tout cela équivaut vraiment à demander à notre malheureux pays de recréer la situation explosive qui, en 1975, a provoqué quinze années de tueries et de sauvagerie. Mais la résolution du Conseil de sécurité ne s'arrête pas là. Elle exige des parlementaires libanais qu'ils refusent l'amendement de la Constitution libanaise, même si la procédure constitutionnelle est respectée, qui permettrait l'extension ou le renouvellement du mandat de l'actuel président de la République, le général Emile Lahoud. Sur ce plan déjà, le Parlement libanais a enfreint la résolution, puisque le mandat du chef de l'Etat a été prolongé de trois années.
Quelles sont les raisons urgentes et graves qui ont poussé les promoteurs français et américains de la résolution à exercer une telle dérive du droit international en se mêlant de la vie parlementaire d'un pays et de sa politique intérieure ? Le Liban présente-t-il brusquement un tel danger pour la communauté internationale que le Conseil de sécurité se saisisse non seulement de ses affaires intérieures, mais aussi de ses relations avec la Syrie ? Ces relations ont déjà été décrites comme "privilégiées" dans l'accord de Taëf de 1989, qui a été approuvé par une déclaration solennelle de ce même Conseil à l'époque, puis a fait l'objet d'un traité de coopération auquel aucune puissance à l'époque n'a trouvé à redire. Pourquoi le Conseil de sécurité, qui a voulu empêcher la prolongation du mandat du président de la République, ne s'en prend-il pas aux pays arabes dont les chefs d'Etat règnent sans partage depuis trente ans ou plus. Est-ce pour punir le chef de l'Etat libanais de l'appui donné par l'Etat et l'armée libanais au Hezbollah, ce qui a assuré la libération du sud du Liban en 2000 sans que soit versée une goutte de sang ? Est-ce que les Etats-Unis cherchent à amplifier leurs pressions sur la Syrie en utilisant la carte libanaise qu'ils lui ont laissée en récompense de son attitude dans la première guerre du Golfe en 1990-1991 ? Dans ce cas, on comprend mal pourquoi la France, puissance traditionnellement amie du Liban, participerait aussi activement à faire retomber le Liban dans son rôle de proie sur l'échiquier régional et donc à le faire basculer, éventuellement, dans la déstabilisation et la guerre civile. Déjà, des signes inquiétants se manifestent au Liban, car l'attitude de la France, qui jouit d'un grand crédit moral, réveille chez certains chrétiens de vieux démons d'une "protection" occidentale et chez certains musulmans l'hostilité à une puissance autrefois coloniale qui a donné d'elle-même l'image (pas vraiment conforme à la réalité) de qui favorisait les chrétiens au détriment des musulmans. Quels que soient les liens étroits du chef de l'Etat français et du premier ministre libanais, qui s'est opposé avec une virulence peu commune au maintien du général Lahoud à la tête de l'Etat, on a du mal à penser que le virage brutal de la politique de la France pourrait être dicté par une relation personnelle. Faut-il rappeler ici que M. Hariri avait œuvré avec le plus grand enthousiasme, en 1995, à la prolongation du mandat d'Elias Hraoui, le prédécesseur du général Lahoud à la présidence de la République, sans que la France s'en émeuve outre mesure, à l'époque où, d'ailleurs, la conjoncture régionale était plutôt calme. La fièvre coloniale qui s'est emparée des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne avec l'invasion de l'Irak aurait-elle gagné la France, qui, dans un vieux réflexe historique, n'entend pas perdre son influence sur la Syrie et le Liban au profit du couple anglo-saxon, qui gère le Moyen-Orient de façon si maladroite et sanglante ? Peut-on penser que la diplomatie française n'a pas vu dans la résolution onusienne une ingérence peu commune dans les affaires intérieures d'un Etat qui ne représente aucune menace pour la communauté internationale ? Aujourd'hui, la question est : la diplomatie française a-t-elle abandonné brusquement la politique d'équilibre qu'elle s'est toujours efforcée de maintenir dans ses relations avec les différentes sensibilités politiques libanaises ? "Le manifeste de Beyrouth", publié de façon surprenante en première page du Monde du 22 juin, pouvait laisser croire qu'il représentait l'opinion de la majorité des Libanais. La diplomatie française aurait-elle été influencée par la publicité faite à ce document ? Si la corruption dont tout le monde se plaint au Liban (y compris, bien sûr, les politiciens les plus notoirement corrompus) est dénoncée à juste titre dans "Le manifeste de Beyrouth" et dans le dernier communiqué des évêques maronites, en attribuer exclusivement la responsabilité à la Syrie est une analyse un peu courte. La corruption au Liban est d'abord le fait des Libanais, dont certains n'hésitent pas certes à cacher leur propre cupidité derrière tel ou tel petit ou grand personnage en Syrie. En faire supporter la responsabilité exclusive à notre voisin, c'est se démettre vraiment à bon compte de sa propre responsabilité nationale, aussi bien politique que morale. On aurait aimé, en tout cas, que ce souci pointilleux de démocratie et de constitutionnalisme, exprimé dans la résolution 1559, ait été aussi ardent lorsque nous avons eu deux présidents élus sous la menace des canons israéliens entourant le Parlement en 1982 ou lorsque l'Etat d'Israël durant vingt-deux ans n'a pas respecté la résolution 425 du Conseil de sécurité lui enjoignant de retirer toutes ses troupes du sud du Liban occupé en 1978. C'est pourquoi de très nombreux Libanais ne sont pas prêts aujourd'hui à se laisser intimider par ce dérapage de la mission de l'ONU, même si la France que nous aimons s'y est associée par des calculs qui restent à élucider.

Georges Corm, ancien ministre des finances du Liban, consultant économique et financier, historien du Proche-Orient contemporain, enseigne la coopération économique internationale et les finances publiques à l'université Saint-Joseph de Beyrouth.

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 15.09.04

Contre la reconduction du Mandat
Pour la résolution 1559

Le président "syriennement"
réélu du Liban,
par Jalal El-Ahdab
La crise politique actuelle au Liban se résume ainsi : voilà six ans, le général Emile Lahoud avait été intronisé président de la République libanaise par un vote quasi unanime du Parlement et avec la bienveillante bénédiction de la Syrie. Cette "élection" avait déjà nécessité la révision ("exceptionnelle", disait-on), de la Constitution, puisque celle-ci interdisait qu'un chef de l'armée puisse devenir chef de l'Etat.

A l'heure de la fin de son mandat, le barrage constitutionnel n'apparaissant manifestement pas rédhibitoire pour les maîtres du pays du Cèdre, ces derniers voyaient bien le président reconduit pour trois ans, au mépris, encore une fois, de la Constitution, qui interdit à un chef de l'Etat de briguer deux mandats successifs. Qu'à cela ne tienne : il n'y a qu'à modifier "exceptionnellement" (décidément !) la Loi suprême, comme on modifierait une circulaire administrative, et le président sera "légalement", en tout cas "syriennement" réélu. C'est précisément ce qui s'est produit le 3 septembre : les députés ont adopté par 96 voix contre 23 le projet de réforme constitutionnelle soumis dans la plus grande des précipitations par le gouvernement en place.
Pour tenter de prévenir cette méthode peu démocratique et ses fâcheuses conséquences - l'omnipotence syrienne, sans cesse croissante, sur le Liban -, la France, associée aux Etats-Unis, avait pris l'initiative quelques heures plus tôt d'une résolution aux Nations unies qui insistait sur la nécessité que le scrutin présidentiel ait lieu de façon "libre et équitable, selon les règles constitutionnelles libanaises établies sans interférence étrangère" et appelait "à un strict respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale, de l'unité et de l'indépendance politique du Liban" ainsi qu'"au démantèlement et au désarmement de toutes les milices libanaises et non libanaises". Manifestement, l'appel n'a donc pas été suivi.
En revanche, Georges Corm, ancien ministre libanais, l'a bien entendu (Le Monde du 15 septembre), mais pour s'offusquer de cette position française qu'il a jugée pour le moins surprenante. Sa logique est simple, pour ne pas dire simpliste : pêle-mêle, des arguments qui ont trop souvent été rabâchés pour rester crédibles : sans la Syrie, c'est le chaos (le "suicide" même) et le retour à une profonde division (comme si elle avait un jour disparu !) entre chrétiens et musulmans ; la Syrie, ami "privilégié" du Liban, n'est pour rien dans les maux dont celui-ci souffre aujourd'hui, contrairement à Israël, qui, même militairement retiré, continue d'être le seul pays à qui l'on devrait rappeler les règles du droit international ;
la France doit être (et rester) ce pays qui a soutenu financièrement le pays du Cèdre, mais certainement (et étrangement) pas celui, mu par un prétendu réflexe colonial, qui devrait rappeler le Liban au respect des règles démocratiques et constitutionnelles les plus élémentaires.
Dépassons quelques instants ces prétextes et intéressons-nous au fond du débat : quel intérêt, au travers du maintien du général Lahoud au pouvoir, le Liban aurait-il à demeurer sous la botte syrienne ?
Très sincèrement, il est difficile d'en trouver un seul. Car le bilan de presque quinze années d'occupation syrienne au sortir d'une guerre qui a duré tout aussi longtemps est plus qu'accablant.
Sur le plan social, c'est l'évaporation lente mais certaine de la laïcité républicaine, la seule de toute la région (Israël compris) ; des tensions interconfessionnelles toujours plus intenses, que le grand frère syrien prend bien soin d'exploiter ; une situation explosive et inquiétante des camps de réfugiés palestiniens ; une paupérisation croissante de la classe moyenne et une élite (quelques pour cent de la population) de plus en plus riche et dont les moyens exorbitants sont totalement déconnectés de la réalité sociale.
Sur le plan économique, c'est une fuite préoccupante des cerveaux et de la main-d'œuvre qualifiée, incapables de trouver un emploi dans une économie en quasi-stagnation depuis plus de quatre ans ; une dette extérieure de plus de 30 milliards de dollars et dont le service absorbe chaque année près de 20 % du PIB national ; une reconstruction anarchique et déséquilibrée qui s'est concentrée sur une vitrine, le centre-ville de Beyrouth, qui a d'ailleurs coûté affreusement (et trop) cher aux Libanais, laissant de côté la réfection de certaines infrastructures indispensables au pays ; une corruption qui atteint des proportions jamais égalées, et à tous les niveaux de responsabilité.
Enfin, sur le plan politique, c'est une présidence, un gouvernement et une écrasante majorité de la classe politique (laquelle se pérennise, pour l'essentiel, depuis plus de trente ans) totalement inféodés, et de façon humiliante, au bon-vouloir du parti Baas syrien ; des médias muselés (une des plus importantes chaînes de télévision nationales, jugée trop critique vis-à-vis du pouvoir, a même été, il y a deux ans, tout bonnement fermée !) ; des manifestations de jeunes étudiants constamment et violemment réprimées ; une militarisation impressionnante de la société et du pouvoir, ce qu'incarne d'ailleurs parfaitement le général Lahoud, et a fortiori son maintien au pouvoir.
Je brosse un portrait noir, mais ô combien réaliste, du paysage libanais.
A qui la faute ? Selon M. Corm, certainement pas à la Syrie. L'ancien ministre des finances a bien raison de souligner que la responsabilité en revient d'abord aux Libanais eux-mêmes. Certes, la société libanaise, comme presque tous les pays arabes, fait preuve d'une anémie et d'une soumission décourageantes vis-à-vis du pouvoir en place. Mais comment arriver à cette exigence démocratique et faire que les citoyens libanais imposent au gouvernement qu'il leur rende des comptes, lorsque dans le même temps le jeu politique est totalement biaisé par la présence (peut-être vaudrait-il mieux parler d'occupation ?) d'une force étrangère dans le pays, qui s'est enracinée dans toutes les sphères - militaire, politique et économique - du pays ? Comment se révolter lorsque ses gouvernants ne présentent à leurs administrés qu'une seule alternative : craindre ou être l'obligé de l'occupant ? Comment peut-on raisonnablement soutenir qu'il est possible de lutter contre la corruption généralisée et plus globalement de mener une politique de réforme dans un Etat qui n'est pas souverain et dont les intérêts seront, de toute façon, toujours supplantés par ceux de la puissance occupante ?
S'il semble qu'une autocritique soit indispensable parmi les Libanais, c'est bien leur classe politique qui devrait commencer ce travail. Or, en la matière, s'il faut suivre une voie, c'est bien le modèle de ces quelques ministres qui ont eu le courage de démissionner pour marquer leur désaccord vis-à-vis de la reconduction, faussement imposée, du président sortant, et non le chemin de certains anciens responsables qui, en plein dérapage des finances publiques, sont restés accrochés à leur ministère sans vouloir endosser une quelconque responsabilité politique.
Cette responsabilité-là, qui est d'abord collective, c'est à tous les Libanais de l'assumer, guidés d'ailleurs en cela par la France :
il faut cesser de se voiler la face, reconnaître que le Liban est encore aujourd'hui occupé et dominé par les forces syriennes et affirmer que la seule issue possible, aussi périlleuse soit-elle, réside dans leur retrait total.


Jalal El-Ahdab
est avocat aux barreaux de Beyrouth et de Paris.

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 23.09.04

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