Liberté d'opinion:
Beyrouth, place-refuge d'une certaine forme d'expression?
Des
sujets ou dossiers sensibles
Le Liban
dans
Printemps
2012
Elections des députés représentant les français
de l'étranger:
un découpage de circonscriptions ni coupable ni innocent...
par JM Druart
25 Mars 2012- La révision
constitutionnelle du 23 juillet 2008 a introduit la représentation
à lAssemblée nationale des Français
établis hors de France, ces derniers estimés à
un peu plus de 2 millions de personnes pour 1, 075 millions d'inscrits
sur les listes électorales seront désormais représentés
dès juin 2012 et pour la première fois,
par onze députés.
Pour ce faire, les français de l'étranger ont été
répartis suivant onze zones définissant chacune
une circonscription représenté par un député.
C'est ainsi que le Liban a été affecté à
la 10ème circonscription en compagnie de 48 autres pays
notamment africains et du golfe persique.
> voir
le détail des onze circonscriptions (choisir "votre
circonscription" dans le menu).
On note par ailleurs qu'Israel dont on peut affirmer, sans se
faire réprimander, qu'à l'échelle du globe,
elle appartient à la même zone géographique
avec ses frontières communes avec le Liban, a pour sa part
été affecté à la 8ème circonscription
regroupant la Turquie et 7 autres états souverains entièrement
européens ( Chypre, Grèce, Italie, Malte, Saint-Marin
et le Vatican).
Nul n'ignore en haute sphère que le Liban et Israel présentent
outre cette contiguité géographique, la particularité
de concentrer bon nombre de français sur leur sol dont
un taux élevé de bi-nationaux comme caractéristique
commune.
Comment comprendre alors que l'un soit de fait intégré
à la zone méditerranéenne orientale de l'Europe,
alors que l'autre soit noyé dans une secteur gigantesque
et aussi hétéroclite associant la Namibie, l'Afrique
du sud , l'Ouganda ou le Cameroun.
S'il n'est pas à priori coupable de lier Israel à
l'Europe, est-il pour autant innocent d"en détacher
le Liban en le diluant de cette manière?
Ce choix pourrait davantage relever d'une action lobbyiste sournoise
que d'une étude de la réalité des français
de l'étranger appelés à être représentés
au parlement français.
Nous n'avons guère vu de débat ou d'interrogation
concernant ce découpage autant original que surprenant.
Nul doute que votre attention et votre réflexion seront
aiguisée par un tel choix chargé de symbole qui
ne doit rien au hasard et à l'inattention.
On peut donc regretter ce choix délibéré
qui ne cherche pas à rassembler des français liés
par un destin commun à l'échelle de la planète
mais qui ne seront pas unis par un représentant commun.
Encore un exemple de division nationale sans
doute
autant innopportune que volontaire
permettant à certains de tirer les bénéfices
de la division.
Joseph Maïla à lUSJ : Le Liban, une démocratie
du paradoxe Conférence
À l'USJ, le philosophe Joseph Maïla a analysé
la démocratie libanaise, entre histoire et nouveaux défis.
Il a mis en garde contre les menaces de violence et de populisme. Joseph Maïla, philosophe et politologue, a donné
le 26 Février 2009 à l'Université Saint-Joseph
une conférence sur « Les défis de la démocratie
au Liban ». Professeur dans des universités libanaises,
européennes et nord-américaines, M. Maïla a
participé au cours de sa carrière à de nombreuses
initiatives diplomatiques prônant notamment le dialogue
interlibanais, comme à La Celle-Saint-Cloud en 2007. À
l'approche d'élections législatives décisives
dans l'histoire politique du pays, la conférence de jeudi
avait pour ambition de redéfinir le sens de la démocratie
pour comprendre ce que celle-ci est devenue aujourd'hui au Liban
et envisager les défis auxquels elle se trouve confrontée.
Dès le début de la conférence, M. Maïla
a souligné la gravité de la question qu'il était
invité à traiter, mettant en avant trois motifs
d'incertitude pour un penseur qui aborde ce sujet au Liban : la
proximité des élections, dont la mise en place constitue
en elle-même un enjeu démocratique, le dérèglement
politique inédit qui les a précédées
sur la scène nationale, et un contexte régional
peu favorable au développement de la démocratie.
« Il n'y a pas de modèle démocratique »
auquel le Liban pourrait déroger, a affirmé le philosophe.
La démocratie se définit par un choix de gouvernement,
un équilibre des pouvoirs, et une culture qui consiste
à respecter les libertés et à participer
à la vie de la cité. Ici se pose la question des
"sujets" de la démocratie : quelle est la nature
de la représentation parlementaire au Liban ? Le débat
des courants n'arrive pas à surgir parmi les députés,
qui représentent des communautés plutôt que
des idées.
La charrue devant le
buf
Joseph Maïla présente ainsi le système libanais
comme une « démocratie paradoxale », où
existent des libertés réelles qui ne s'inscrivent
pourtant pas dans un État de droit. Le premier défi
auquel se trouve confronté ce système aujourd'hui
est donc la recherche d'une structure - les Libanais n'ont certainement
pas été assez fermes dans l'application des accords
de Taëf. Non seulement des lois ont été manipulées
et des mandats prorogés de manière illégitime,
mais ces lois ont également été contournées
: plutôt que de renforcer des institutions, on a donné
un rôle d'autant plus important aux communautés.
« On a mis la charrue communautaire devant le buf
constitutionnel », a résumé M. Maïla.
Le second grand défi auquel se trouve confrontée
la démocratie libanaise est celui de la construction
de la citoyenneté. Le philosophe a appelé les
Libanais à une véritable discussion démocratique,
qui n'est pas sans rappeler celle qu'avait tenté d'instaurer
le chehabisme. Il est grand temps, a-t-il ajouté, de
parler de justice sociale, de problèmes d'infrastructure
ou encore d'habitat : c'est une telle discussion qui permettra,
petit à petit, un véritable développement
de la société libanaise.
Dangers
de la violence
Il a également émis une mise en garde contre les
dangers qui guettent la culture politique libanaise, le premier
étant la dérive du langage : « L'interdit
du meurtre, a-t-il rappelé, se tient et se lève
par le langage. » Pour illustrer ses propos, il a fait
allusion aux déclarations de Michel Aoun, qui avait menacé
lors d'une conférence de presse de couper les langues
et les mains de ses détracteurs. Il faut également,
selon M. Maïla, se méfier de la dérive populiste,
qui consiste à « acclamer le chef, suivre la foule
et détester l'autre », ainsi que de l'état
d'urgence transformé en mobilisation politique permanente,
comme sous les régimes fascistes ou communistes.
La réponse à ces problèmes ? Joseph Maïla
n'avait évidemment pas la prétention de proposer
une solution magique, mais il a rappelé les bienfaits
d'une véritable réconciliation nationale, qui
suivrait un programme et des étapes prédéfinies.
Les grandes manifestations de masse qui ont animé le
pays depuis 2005 ont d'après lui une grande importance
: elles alimentent la résistance démocratique
du peuple libanais, « seule force qui permet de faire
survivre l'espérance démocratique ». George
ACHI | 28/02/2009
Juin
2007: cinq heures à Beyrouth trois jours en Israel
deux poids deux mesures au plus haut niveau
Avril 2008
L'Union pour la Méditerranée : une chance pour les
riverains ? Le
4 avril, l'Association des femmes arabes de la presse et de la
communication (AFAPCOM), l'Observatoire d'études géopolitiques
(OEG) et l'IPSE ont organisé un débat au Sénat,
à Paris, sur le thème : " L'union pour la Méditerranée
: une chance pour les riverains ". Ce débat, présidé
par le sénateur Christiane Kammermann, a réuni de
très nombreux diplomates, hauts fonctionnaires, officiers
généraux, universitaires, experts et journalistes.
Alain Leroy, ambassadeur en charge de l'Union pour la Méditerranée
auprès de la présidence de la République,
l'ambassadeur du Royaume du Maroc Fathallah Sijilmassi, Zeina
el Tibi présidente de l'Association des femmes arabes de
la presse et de la communication (AFAPCOM),
Madame le recteur Michèle Gendreau-Massaloux, le docteur
Charles Saint-Prot (OEG) et Emmanuel Dupuy (IPSE) ont successivement
pris la parole.
Zeina el Tibi, qui a récemment publié dans La Revue
du Liban un long entretien avec Henri Guaino, le conseiller spécial
du président Sarkozy, a souligné à quel point
le projet français d'Union pour la Méditerranée
(UPM) ne laisse pas indifférent et elle a insisté
sur le grand espoir mais aussi sur les questions que ce projet
suscite chez les peuples de la Méditerranée. L'ambassadeur
Alain Leroy a rappelé que le projet vient d'une impulsion
du Président de la République française.
Nicolas Sarkozy est parti d'un constat : tandis que depuis 1989,
l'Union européenne s'est beaucoup à l'Est, elle
a négligé son Sud. Le premier objectif du projet
est donc de remettre la Méditerranée au centre du
jeu. Alain Leroy a rappelé les paroles du président
Sarkozy : "La Méditerranée n'est pas notre
passé, elle est notre futur ". Le périmètre
de cette union a été déterminé : tous
les pays riverains de la Méditerranée sont concernés,
auxquels il faut ajouter la Mauritanie et la Jordanie, ainsi que
l'ensemble des pays de L'Union européenne et la Ligue des
Etats arabes. Tout le monde devrait se retrouver au Sommet de
Paris pour le lancement du projet, les 13 et 14 juillet.
Alain Leroy s'est félicité de l'implication dans
le projet de grands pays du sud de la Méditerranée,
notamment le Maroc, la Tunisie et l'Egypte. Il a affirmé
qu'il existe une très forte attente de la part de tous
les pays concernés. Cet espoir est d'autant plus fort que
le processus de Barcelone n'a pas accompli ses objectifs. A la
différence du processus de Barcelone, l'Union pour la Méditerranée
ne sera pas guidée par la commission européenne
et elle respectera l'égalité des pays dans la construction
d'un projet commun. Il a également énuméré
plusieurs projets concrets : la dépollution de la Méditerranée,
l'accès à l'eau potable et le développement
des systèmes d'irrigation, le développement d' autoroutes
maritimes pour développer le commerce, la multiplication
de l'énergie photovoltaïque pour augmenter l'accès
à l'électricité, favoriser la recherche,
la formation professionnelle, la coopération dans le domaine
de la sécurité civile. Concernant la recherche,
l'idée a été émise de la création
d'un Institut méditerranéen de la recherche scientifique.
Mme Michèle Gendreau-Massaloux a pour sa part insisté
sur le développement de la formation professionnelle et
qualifiante. Elle a également mis l'accent sur la coopération
dans le domaine universitaire et de la recherche. Pour financer
l'ensemble des projets, les fonds communautaires seront certes
utiles, mais d'autres bailleurs de fonds seront sollicités
comme la Banque islamique de développement ou la Banque
Africaine de développement, le secteur privé ou
les pays du Golfe arabe qui pourront être partenaires. D'autant
plus que le Conseil de coopération du Golfe arabe sera
invité comme observateur.
Fathallah Sijilmassi, ambassadeur du Maroc, a souligné
qu'il ne doit pas exister une vision du Sud et une vision du Nord
concernant l'union pour la Méditerranée. Il faut
construire cette union en respectant l'égalité des
pays concernés. C'est un projet " qui, pour exister,
doit être un projet commun et approprié par tous
les pays qui ont la Méditerranée en partage".
Estimant que le choix est entre mouvement et immobilisme, l'ambassadeur
du Royaume du Maroc a souligné que la Méditerranée
fait face à des écarts de développement:
" L'Asie progresse avec des taux de croissance à deux
chiffres. Le continent américain, dans sa globalité,
s'organise et le monde n'attendra pas que nous ayons réglé
nos problèmes pour faire la Méditerranée
". C'est donc un projet "à ne pas rater "
parce qu'il est une chance pour les riverains. Selon l'ambassadeur
du Maroc, réussir cette union est primordial pour l'Europe
car elle va doper sa compétitivité à l'échelle
internationale. Notant que la Méditerranée n'est
pas uniquement l'immigration clandestine ou l'instabilité,
il a affirmé qu'elle est aussi et surtout " un partenaire
stratégique avec lequel l'Europe doit construire une dynamique
solide pour atteindre des objectifs communs La Méditerranée
n'est pas le problème. Elle est la solution ". Certes,
il ya des problèmes politiques et l'on ne peut dissimuler
cette réalité : " c'est ce qui conduit à
être ambitieux dans notre objectif et pragmatique dans notre
approche. En assurant la promotion des projets sur lesquels nous
allons travailler ensemble, nous faisons le pari de créer
les conditions les plus favorables à une évolution
vers la paix ". L'ambassadeur Sijilmassi a ajouté
que l'objectif du projet est éminemment politique. Prenant
l'exemple de la Palestine, il a déclaré " nous
sommes là aussi pour faire en sorte, je vous le dis avec
force et en tant qu'ambassadeur du Maroc, que ce ne soit pas l'Autorité
palestinienne qui soit membre de cette union mais l'Etat palestinien
".
Le docteur Charles Saint-Prot, directeur de l'Observatoire d'études
géopolitiques, a insisté sur le fait qu'il ne faut
pas perdre de vue les volets politique et culturel. Il est nécessaire
de tout mettre en uvre pour aider à résoudre
les conflits qui déstabilisent la Méditerranée,
en particulier le conflit algéro-marocain sur le Sahara
marocain, la crise du Liban et la question nationale palestinienne.
La résolution de ces crises doit être un objectif
prioritaire si l'on veut instaurer un climat serein dans la région
: " comment pourra-ton avancer durablement si les frontières
algéro-marocaine restent fermées ? Si le Liban ne
retrouve pas sa stabilité ? Si le peuple palestinien reste
sans Etat ? ". Par ailleurs, Charles Saint-Prot a souhaité
que le volet culturel soit privilégié afin d'aider
à construire le nécessaire dialogue des civilisations
qui doit reposer sur des actes concrets de façon à
renouer entre le Nord européen et le Sud musulman de la
Méditerranée une relation forte et solide autour
d'objectifs communs et pour la politique de civilisation dont
le monde moderne a grand besoin.
A quelques mois du lancement de ce vaste projet, Emmanuel Dupuy
a présenté les hypothèses les plus probables
concernant la répartition des rôles : on parlerait
d'une coprésidence franc-égyptienne, de secrétaires
généraux espagnols et italiens, et d'un siège
du secrétariat général situé en Tunisie.
Alain Leroy a souligné que rien n'est encore décidé,
si ce n'est que la France souhaite que le secrétariat soit
situé dans un pays du Sud.
Le texte de la tribune de Bruno Guigue
tel qu'il a été publié sur
le site oumma.com* jeudi 13 mars 2008. Bruno
Guigue sous-préfet de Saintes a été révoqué
par le ministère de l'Intérieur après la
publication d'un texte sur Oumma.com. Il a enfreint son "devoir
de réserve", selon le préfet de Charente-Maritime
et Michèle Alliot-Marie, ministre de l'intérieur.
"Quand le lobby pro-israélien
se déchaîne contre lONU" "Dans
sa rubrique "Point de vue" du 27 février 2008,
Le Monde a généreusement offert ses colonnes à
un texte dune hystérie verbale et dune mauvaise
foi insondables. Les accusations quil profère à
légard du conseil des droits de lhomme de lONU
sont si mensongères que même la liste des signataires
ne tempère quà peine notre stupéfaction
: Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Claude Lanzmann, Elie Wiesel,
Pierre-André Taguieff, Frédéric Encel ..
On peut facilement compléter la liste tant lomniprésence
des intellectuels organiques du lobby pro-israélien nous
est devenue familière.
Le titre sans nuances de cette prose haineuse est déjà
tout un programme : "LONU contre les droits de lhomme".
Dès les premières lignes, on peut y lire cet appel
angoissé : "Lannée 2008 verra-t-elle
simultanément le soixantième anniversaire de la
déclaration universelle des droits de lhomme par
lONU et la destruction de ses principes par la même
ONU ? Tout porte à le redouter, tant depuis un certain
nombre dannées, par ses dérives, lONU
sest caricaturée". Inévitablement le
lecteur non averti salarme : lorganisation internationale
serait-elle brusquement devenue suicidaire ?
Mais par bonheur la suite nous éclaire aussitôt sur
les préoccupations profondes de nos signataires : "A
Durban, en Afrique du Sud, sest tenue en 2001 la conférence
mondiale contre le racisme, à linitiative des Nations-Unies.
Cest au nom des droits des peuples que furent scandés
des "mort à lAmérique !" et "mort
à Israël !" et cest au nom du relativisme
culturel quon fit silence sur les discriminations et violences
commises contre les femmes".
Quel rapport entre la géopolitique du Moyen-Orient, manifestement
en cause dans les appels à combattre les Etats-Unis et
Israël, et loppression des femmes que viendrait cautionner
le "relativisme culturel" ? Probablement aucun. Mais
amalgamer les deux sujets présente lintérêt
polémique de suggérer une pernicieuse concurrence
entre les victimes : vous qui condamnez Israël et lAmérique,
vous ne dites rien de la souffrance des femmes opprimées
dans les pays musulmans. Cest une antienne dont la rhétorique
lobbyiste est coutumière : elle permet de détourner
le lecteur occidental de la critique de la politique américaine
ou israélienne en fixant son attention sur un problème
interne des sociétés moyen-orientales.
Ce rapprochement polémique entre les deux sujets, pourtant,
est particulièrement cocasse. LArabie saoudite, où
le port du voile est obligatoire et les femmes interdites de conduite
automobile, est lalliée historique des Etats-Unis
dans la région. Le régime obscurantiste des talibans,
lui, a vu le jour sous les auspices dune CIA qui a prêté
ses camps dentraînement sur le sol américain
aux combattants du mollah Omar. En revanche, lIrak et la
Syrie baasistes, plus proches de la norme occidentale en matière
de condition féminine, neurent pas droit aux mêmes
égards. Le premier a été pulvérisé
sous les bombes US, la seconde est rangée dans la catégorie
des "Etats voyous". Mais peu importe : les partisans
de la politique américaine au Moyen-Orient se croient fondés
à donner des leçons en matière démancipation
féminine.
Sagissant de lONU, en outre, on ne sétonnera
guère dun tel ressentiment de la part des porte-parole
du néoconservatisme à la française. Car les
résolutions du conseil des droits de lhomme, comme
hier les déclarations de lassemblée générale,
ont osé mettre en cause la répression israélienne
en Palestine occupée. Les 47 Etats élus par leurs
pairs au CDH bénéficient de légalité
de vote. La sensibilité qui sy exprime reflète
donc une opinion majoritaire qui na aucune raison de cautionner
loccupation militaire des territoires arabes. Que les thuriféraires
dIsraël, cependant, se rassurent : ces résolutions
demeurent symboliques à défaut dêtre
exécutoires. Mais ce nest pas suffisant. Il leur
faut aussi en stigmatiser le principe par un usage grossier de
la calomnie.
Cest à quoi semploient rageusement les signataires.
"Par sa mécanique interne, les coalitions et les alliances
qui sy constituent, les discours qui sy tiennent,
les textes qui sy négocient et la terminologie utilisée
anéantissent la liberté dexpression, légitiment
loppression des femmes et stigmatisent les démocraties
occidentales .. Le CDH est devenu une machine de guerre idéologique
à lencontre de ses principes fondateurs. Ignorée
des grands médias, jour après jour, session après
session, résolution après résolution, une
rhétorique politique est forgée pour légitimer
les passages à lacte et les violences de demain".
Symptôme dune psychose paranoïaque ou monument
de la démonologie occidentale : on hésite sur le
diagnostic. La seule certitude, cest que ce réquisitoire
contre des forfaits inexistants témoigne dune inventivité
hors du commun. Le conseil des droits de lhomme de lONU
voudrait "anéantir la liberté dexpression"
? On se demande bien pourquoi et comment. Mais nos interrogations
demeurent sans réponse. Nos polémistes annoncent
"la mise à mort de luniversalité des
droits" par lONU elle-même, mais cette mort annoncée
reste nimbée de mystère. Aucune citation des résolutions
du CDH ne vient étayer cette accusation, et les détracteurs
de lONU condamnent ses idées supposées avec
une violence inversement proportionnelle aux preuves de ce quils
avancent. Visiblement, ils préfèrent parler à
sa place en procédant directement au commentaire de ce
quelle est censée avoir dit.
En guise de citations, on doit alors se contenter des propos résumés
au style indirect, sans guillemets, quaurait tenus M. Doudou
Diène, rapporteur spécial sur le racisme, la discrimination
raciale et la xénophobie auprès de lONU. Lintellectuel
sénégalais aurait ainsi déclaré qu"énoncer
une critique contre le port de la burqa constitue une agression
raciste, que la laïcité est ancrée dans une
culture esclavagiste et colonialiste, et que la loi française
contre le port des signes religieux à lécole
participe du racisme antimusulman". Seul problème
: ces citations sont introuvables. Si chacun de ces énoncés
soulève évidemment des objections, encore faut-il
quil ait été formulé. Une polémique
grossière sur des citations qui nen sont pas : le
procédé condamne ses auteurs.
Au demeurant, les seules citations que les idéologues publiés
par Le Monde auraient dû produire à lappui
de leur propre thèse sont celles du CDH lui-même.
Mais ils se gardèrent bien de le faire. Livrant leur interprétation
tendancieuse en lieu et place de la pensée dautrui,
ils pérorent gravement en prenant leur fantasme pour la
réalité : "La confusion est à son comble,
affirment-ils, quand est dénoncée comme une attitude
raciste toute critique de la religion". Mais doù
vient cette idée ? Qui la émise ? Nul ne le
sait. Nimporte qui, en revanche, peut vérifier ce
qua énoncé le CDH sur la question religieuse.
Il suffit de consulter les compte-rendus officiels des six sessions
réunies depuis sa création en juin 2006.
Le 30 mars 2007, le CDH a ainsi adopté une résolution
" sur la lutte contre la diffamation des religions".
Ce texte nuancé insiste sur "le droit de chacun à
la liberté dexpression, qui devrait sexercer
de façon responsable et peut donc être soumis à
de restrictions, prescrites par la loi et nécessaires pour
le respect des droits ou de la réputation dautrui,
la protection de la sécurité nationale, de la santé
ou de la morale publiques, et le respect des religions et des
convictions". Sur le plan des principes, ce texte ne diffère
guère du droit positif en vigueur dans la plupart des pays,
les Etats occidentaux ayant eux aussi entouré lexercice
de la liberté dexpression de certaines limites juridiques.
En France, la reconnaissance de la liberté dexpression
nentraîne aucun droit à diffamer son voisin,
toute forme dinjure manifestant une discrimination raciale
ou religieuse est punie par la loi, et certaines dispositions
législatives ont même eu pour effet dénoncer
une vérité officielle sur des faits historiques.
Naturellement, la teneur de cette résolution du CDH nest
pas indifférente au contexte politique lié à
la "guerre contre le terrorisme" menée tambour
battant par Washington. "Le Conseil se déclare préoccupé
par les images stéréotypées négatives
des religions et par les manifestations dintolérance
et de discrimination en matière de religion ou de conviction.
Il se déclare en outre profondément préoccupé
par les tentatives visant à associer lislam avec
le terrorisme, la violence et les violations des droits de lhomme.
Il note avec une vive inquiétude lintensification
de la campagne de diffamation des religions, et la désignation
des minorités musulmanes selon des caractéristiques
ethniques et religieuses depuis les événements tragiques
du 11 septembre 2001".
Ladoption de ce texte sest heurtée à
lopposition des pays occidentaux, mis en minorité
lors du vote final. Aucun dentre eux ny a vu, toutefois,
le danger mortel pour la civilisation universelle que dénoncent
les signataires de notre pamphlet antionusien. Au nom de lUnion
européenne, la représentante de lAllemagne
"a fait remarquer que, comme la établi le rapport
de M. Doudou Diène, la discrimination fondée sur
la religion ne concerne pas uniquement lislam, mais également
le judaïsme, le christianisme et des religions et croyances
venues dAsie, ainsi que des personnes sans religion. Elle
a également souligné quil est problématique
de séparer la discrimination fondée sur la religion
des autres formes de discrimination. Elle a aussi jugé
lutilisation du concept de diffamation contre-productive,
préconisant plutôt un texte axé sur la liberté
de religion ou de conviction".
Que ce débat témoigne dune différence
de sensibilité sur les questions religieuses entre pays
membres de lorganisation de la conférence islamique
(OCI) et pays occidentaux est une évidence. Cela méritait
une réflexion sur la sécularisation relative des
sociétés concernées et la référence,
explicite dans les pays musulmans, à des valeurs religieuses.
Mais cette réflexion neffleura même pas lesprit
de nos intrépides signataires qui, faute davoir lu
les textes auxquels ils font vaguement allusion, en dénaturent
volontairement la signification. Refusant de discuter rationnellement
les arguments de lautre, on préfère le stigmatiser
en imaginant une dramaturgie grossière mettant en scène
des personnages réels. Ce théâtre de marionnettes,
du coup, tient lieu dargumentaire.
Cest ainsi que nos signataires sen prennent violemment
à Mme Louise Arbour, haut-commissaire aux droits de lhomme
de lONU. " Elle a participé à une conférence
à Téhéran consacrée aux droits de
lhomme et à la diversité culturelle, dénoncent-ils.
Portant le voile, comme la loi de la république islamique
lexige, la haut-commissaire a été le témoin
passif de lénoncé de principes à venir,
ainsi résumés : offense aux valeurs religieuses
considérée comme raciste. Bien pire, dès
le lendemain de cette visite, vingt et un Iraniens, dont plusieurs
mineurs, furent pendus en public. Cest en sa présence
que le président Ahmadinejad a renouvelé son appel
à la destruction dIsraël".
Encore une fois, lart de lamalgame intellectuel atteint
des sommets. Mêlant tout et son contraire, le texte publié
par Le Monde mise sur la confuse indignation du lecteur en anesthésiant
au passage son jugement critique. Louise Arbour portait le voile
à Téhéran, soit. Mais aurait-elle pu, en
Israël, organiser une réunion pendant le shabbat ?
Les régimes religieux ont des exigences que nont
pas les autres. On peut le déplorer, mais ils sont chez
eux. Loffense à la religion, dans certains pays,
est considérée comme une forme de racisme. Faut-il
que nous allions les convaincre du contraire, et de quelle manière
? La peine de mort, enfin, est cruellement appliquée en
Iran. Mais les aspects odieux du régime de Téhéran
ne le résument pas pour autant, et le régime saoudien
na rien à lui envier. Surtout pas lamitié
des Etats-Unis, où un président texan a été
élu sur sa réputation dexécuteur intraitable
des criminels supposés. Sans parler dIsraël,
seul Etat au monde dont les snipers abattent des fillettes à
la sortie des écoles.
Les diatribes iraniennes contre lEtat hébreu relèvent,
elles, dun affrontement géopolitique dont lun
des principaux paramètres est lattitude dIsraël
lui-même. Sil avait appliqué la peine de mort
aux civils palestiniens avec davantage de discernement depuis
soixante ans, il naurait pas suscité un tel rejet
de la part de ses voisins proches ou éloignés. Sous
occupation militaire, amputés dune partie de leur
territoire, ou régulièrement bombardés par
son aviation, ces derniers ont dexcellentes raisons de le
détester. Mais peu importe. Décidés à
instruire à charge contre Mme Arbour pour son séjour
à Téhéran, nos polémistes incriminent
"son silence et sa passivité", quelle aurait
justifiés par "le respect de la loi iranienne et le
souci de ne pas offenser ses hôtes".
"Charbonnier est maître chez soi, commentent-ils. Cest
le docteur Goebbels qui utilisait cet argument dopportunité,
à la tribune de la Société des nations en
1933, pour se soustraire à toute critique dune institution
internationale impuissante". On croit rêver. Car, analogie
pour analogie, frappante est la ressemblance entre le Reich qui
sassied sur la SDN en 1933 et lEtat hébreu
qui bafoue le droit international depuis 1967. Comme son lointain
prédécesseur, Israël, lui aussi, se "soustrait
à toute critique dune institution internationale
impuissante". Et sil le fait, cest pour mieux
conquérir "son espace vital, de la mer au Jourdain",
selon la belle formule employée par Effi Eitam, ministre
dAriel Sharon, en 2002.
"Les grands crimes politiques ont toujours eu besoin de mots
pour se légitimer. La parole annonce le passage à
lacte", philosophent nos signataires. Ils nont
pas tort : le 29 février, le vice-ministre israélien
de la Défense Matan Vilnaï a brandi la menace dune
"shoah" contre les Palestiniens avant de lancer à
Gaza la sanglante opération qui fit 110 victimes palestiniennes
en une semaine. Quitte à enfreindre un tabou religieux,
lEtat hébreu, manifestement, a franchi un cap sémantique
avant de déchaîner sa puissance militaire : il est
passé "de la parole à lacte".
Mais le meilleur a été gardé pour la fin.
"Les idéologies totalitaires avaient remplacé
les religions. Leurs crimes, les promesses non tenues davenir
radieux ont ouvert grande la porte au retour de Dieu en politique.
Le 11 septembre 2001, quelques jours après la fin de la
conférence de Durban, cest bien au nom de Dieu que
le plus grand crime terroriste de lhistoire fut commis".
Lier dans une même trame le 11 septembre 2001 et les résolutions
du CDH, il fallait oser. Il est vrai que nous avons affaire à
des spécialistes.
"Retour de Dieu en politique", disent-ils. Nos intellectuels
savent de quoi ils parlent : Israël nest-il pas lEtat
confessionnel par excellence ? "Si la revendication dun
coin de terre est légitime, affirmait Theodor Herzl, alors
tous les peuples qui croient en la Bible se doivent de reconnaître
le droit des juifs". Bibliquement établie, la légitimité
dun Etat juif en Palestine va de soi : le texte sacré
tient lieu de titre de propriété. Pour les sionistes
religieux, le retour des juifs en Eretz Israël est inscrit
dans le récit de lAlliance lui-même. Prendre
possession de la terre que Dieu a donnée aux juifs fait
partie du plan divin, et ce serait le contrarier que de renoncer
à cette offrande.
Du coup, aucun compromis nest possible avec les Arabes.
En 1947, le grand rabbin de Palestine martelait le statut théologique
du futur Etat juif : "Cest notre forte conviction que
personne, ni individu, ni pouvoir institué, na le
droit daltérer le statut de la Palestine qui a été
établi par droit divin". Chef du parti national-religieux,
le général Effi Eitam expliquait à son tour
en 2002 : " Nous sommes seuls au monde à entretenir
un dialogue avec Dieu en tant que peuple. Un Etat réellement
juif aura pour fondement le territoire, de la mer au Jourdain,
qui constitue lespace vital du peuple juif". Au moins,
cest limpide.
Rien détonnant, par conséquent, à ce
que le lobby pro-israélien exècre lONU : son
appétence pour le droit international est inversement proportionnelle
à son engouement pour le droit divin. Il est vrai que lun
est infiniment plus favorable au Grand Israël que lautre.
Percuter les résolutions de lONU avec la Thora relève
de lexploit intellectuel et du prodige politique : Israël
la fait. Pour nos signataires, "cest au nom de
Dieu que le plus grand crime terroriste de lhistoire fut
commis". Ce nest pas tout à fait faux, à
condition dinclure dans lanalyse lEtat hébreu,
cet artefact colonial bâti au forceps sur les ruines de
la Palestine au nom de la Bible et de la Shoah.
A propos de terrorisme, lEtat dIsraël, qui plus
est, peut se targuer dun palmarès hors compétition.
Les odieux attentats du 11 septembre 2001 ont fait dix fois moins
de victimes que le siège de Beyrouh par Tsahal en 1982.
Ses admirateurs occidentaux doivent certainement sextasier
sur les prouesses dune armée capable de tuer aussi
aisément des enfants avec des missiles. Ils doivent aussi
se confondre dadmiration devant les geôles israéliennes,
où grâce à la loi religieuse, on sinterrompt
de torturer durant le shabbat. LEtat hébreu mérite
bien ce concert de louanges que les intellectuels organiques lui
décernent à longueur de colonnes. Et quelle outrecuidance,
de la part de lONU, de vouloir fourrer son nez sale dans
les affaires intérieures israéliennes !
A linstar des pires calomnies, les accusations publiées
dans Le Monde du 27 février se sont répandues sur
la toile. Elles suscitent sur certains blogs des commentaires
haineux que lon ose à peine citer. M. Doudou Diène
y est qualifié de " défenseur de la secte du
pédophile fou et des adorateurs du caillou". On y
lit que "depuis les invasions musulmanes le croissant fertile
est devenu le croissant stérile, et la civilisation a émigré
en Occident". Sur lONU, un internaute déchaîné
résume à sa façon larticle publié
par Le Monde : "lONU, cest un ramassis de la
racaille islamiste et tiers-mondiste". Quattend-on
pour supprimer lONU ? Ce sera encore plus simple. Islamophobie
déclarée, haine du monde arabe, stupéfiante
arrogance occidentale, tout y est. Opération réussie,
mesdames et messieurs les intellectuels organiques.
Bruno
Guigue, diplomé de l'ENA et de l'Ecole Normale Supérieure
Essayiste
et politilogue, chroniqueur de politique internationale sur le
Moyen-Orient, collaborateur régulier de la revue ETVDES
et du site internet oumma.com, Bruno GUIGUE a écrit cinq
ouvrages publiés chez L'Harmattan dont "Proche
Orient: la guerre des mots".
*Oumma ou Umma en arabe classique se traduit par communauté
Oumma.com est un des sites majeurs
d'information sur la vie cultuelle et culturelle de l'Islam de
France
Israel, l'Etat chéri de Nicolas Sarkozy Shimon Peres sera en mars
2008 le premier invité dEtat de Nicolas Sarkozy.
Président de lEtat dIsraël depuis juillet
dernier, Shimon Peres, 84 ans, deux fois Premier Ministre dans
son pays, co-prix Nobel de la Paix avec Arafat en 1994, sera le
premier dirigeant étranger en visite dEtat en France
depuis lélection à lElysée de
Nicolas Sarkozy, tous les autres chefs dEtats étrangers,
y compris le colonel Kadhafi, ayant effectué jusque-là
une visite officielle au protocole beaucoup plus simplifié.
Selon
capital.fr
: le jour de son arrivée, Shimon Peres aura droit
à la grande escorte à cheval de la Garde républicaine
; les Champs-Elysées seront décorés aux couleurs
israéliennes ; et le président français offrira
un dîner de gala à lElysée en son honneur.
Cette visite interviendra alors que Nicolas Sarkozy espère
en privé que la récente rencontre israélo-palestinienne
dAnnapolis aux Etats Unis va accélerer le processus
devant conduire à la création prochaine dun
Etat palestinien. Le président de la République
a dailleurs prévu de se rendre, au printemps prochain,
en Israël et dans les territoires palestiniens.
Rappelons
que l'année 2008 est celle de la célébration
du soixantième anniversaire d'Israël qui sera par
ailleurs l'invité d'honneur du Salon du Livre inauguré
de ce fait le 14 Mars prochain par le président israélien,
Shimon Peres. Pas moins de quarante auteurs israéliens
y seront ainsi présents.
Que la France accueille avec faste et respect le président
Israelien n'a en soi rien de choquant, mais le fait que celui-ci
bénéficie en premier du rang de visite d'état
après 10 mois de mandat alimentera la polémique
soulevée par de nombreux observateurs sur la relation privilégiée
et parfois équivoque entretenue par Nicolas Sarkozy avec
la communauté israelite mondiale. On se souviendra de la
déclaration imprudente du ministre algérien des
anciens combattants quelques jours avant son déplacement
en Algérie. Nul doute que ceux qui ne pouvaient publiquement
que crier au scandale sauront la remettre en perspective par rapport
aux conditions de son élection.
Finalement, comment ne pas être surpris par Mr Sarkozy qui
ne cesse de mettre l'accent sur les racines chrétiennes
de l'Europe tout en exhibant une fascination ostentatoire pour
les valeurs véhiculées par l'état d'Israel:
l'explication réside peut-être dans le fait qu'il
n'aurait découvert ses racines juives qu'à l'âge
de vingt ans suite à la mort de son grand-père maternel
membre de la communauté juive de Salonique en Grèce.(cf
l'article paru le 13 janvier 2008 dans Rue89, "Trois chercheurs
grecs explorent les racines de Sarkozy").
Une problématique des français pourrait être
de savoir s'ils doivent se rassurer d'avoir élu un apparent
détenteur labellisé des valeurs judéo-chrétiennes
ou s'il leur faut au contraire s'inquiéter des perturbations
que cette découverte tardive aurait pu engendrer dans le
fort intérieur de leur président...à qui
l'on a d'ailleurs prêté à plusieurs reprises
des propos jugés confus et ambigus vis à vis des
principes laiques de la République.
Peut-être faut-il chercher dans ses racines les chemins
tortueux de son comportement.
Sarkozy l'ami d'Israel: extraits de son
discours devant le CRIF le 13 Février 2008
>> A
Lire absolument...
Le
calendrier Sarkozy-Israel en 2008
13 février : participation du président
de la République française au dîner
du CRIF
10
au 14 mars : première visite dÉtat
dun chef dÉtat étranger
en France depuis lélection de Nicolas
Sarkozy consacrée à la réception
du président dIsraël, Shimon Peres
23 au 27 mars : Salon du livre de Paris avec
lÉtat dIsraël comme invité
dhonneur et la réception de 89 écrivains
israéliens exclusivement de langue hébraïque
(aucun russophone, ni arabophone)
Fin Mai ou début Juin: voyage de Nicolas
Sarkoy en Israël avec dépôt de gerbe
au Mémorial Yad Vashem et discours devant la
Knesset
1er juillet : à loccasion de la
prise par la France de la présidence semestrielle
tournante de lUnion européenne, relance
des divers programmes de coopération euro-israéliens.
13 juillet : sommet préparatoire de
lUnion méditéranéenne,
sorte de Cheval de Troie permettant de contourner
le Processus de Barcelone pour faire entrer Israël
dans lUnion européenne.
14 juillet : invitation des Forces armées
israéliennes et de la Garde présidentielle
palestinienne à défiler lors de la fête
nationale française (Pour la première
fois depuis 1945, une armée doccupation
et une milice collaborationniste défileront
sur les Champs-Élysées).
Le Liban boycottera officiellement le Salon du livre
de Paris en raison de la décision de choisir
Israël comme invité dhonneur mais...
les libraires libanais seront présents comme
chaque année.
Le
Liban officiel, cest-à-dire le ministère
de la Culture, boycottera le Salon du livre de Paris
en raison de la participation dIsraël,
invité dhonneur de cet événement
prévu du 14 au 19 mars, a annoncé hier
le ministre de la Culture, Tarek Mitri. Le Liban nest
pas le seul pays arabe qui ne participera pas au Salon
du livre français.
«Le
ministère de la Culture va sabstenir
de participer (au Salon du livre) cette année,
pour protester contre la décision des organisateurs
de nommer Israël comme invité dhonneur
à loccasion du 60e anniversaire de (la)
création » de lÉtat hébreu,
a annoncé M. Mitri dans un communiqué.
De source proche du ministre, on indique que le fait
de choisir Israël comme invité dhonneur
constitue une « provocation » pour le
Liban. On assure également quaucun pays
arabe ne participera officiellement au Salon.
Cette année, il ny aura donc pas de stand
officiel libanais loué par le ministère
de la Culture à ce Salon du livre.
Nadim Tarazi, directeur de « La maison du livre
», lONG qui était chargée
de lorganisation des activités du stand
du ministère de la Culture, souligne que jusquà
hier, 11 éditeurs libanais devaient être
présents sur le stand du Liban et six signatures
dauteurs libanais étaient prévues
lors du Salon parisien du livre. « Normalement,
quelques jours avant le début du Salon, le
nombre des auteurs qui signent leurs ouvrages double
», explique-t-il.
Il indique également que lannée
dernière, 14 auteurs libanais ont signé
leurs livres, qui étaient écrits aussi
bien en langue arabe quen langue française.
Le stand présentait, en 2007, 15 éditeurs.
« Si le nombre a diminué de quatre entre
lannée dernière et cette année,
cest à cause de la crise économique
», explique-t-il.
Depuis 2005, le ministère libanais de la Culture
a un stand à cette manifestation parisienne.
Mais si le Liban officiel sera absent, les libraires,
eux, participeront au Salon. Interrogés par
LOrient-Le Jour, ils expliquent que cest
une foire commerciale à laquelle ils se rendent
pour choisir des livres et rencontrer des éditeurs.
Pour beaucoup de professionnels du livre, «
les libraires du Liban nont aucune raison de
boycotter le Salon du livre de Paris ». Dailleurs,
nombre dentre eux soulignent que sils
se rendent au Salon ce nest pas pour rendre
hommage au pays qui est mis à lhonneur,
mais pour les contacts professionnels.
Dautres indiquent également quils
ne sont pas des exposants pour boycotter le Salon.
Ils y vont simplement pour voir les fournisseurs et
leur présence comme leur absence ne changera
en rien les choses.
Michel Choueiri, directeur de la librairie al-Bourj,
confirme de son côté : « Seul le
stand officiel du Liban ne sera pas dressé.
Les libraires libanais seront présents. Notre
présence est importante pour notre travail,
pour rencontrer les auteurs et les éditeurs.
» Dailleurs, M. Choueiri estime que même
si leur pays boycottera lévénement,
les libraires marocains, algériens et tunisiens
participeront au Salon du livre.
Sarkozy
et le vote juif:
moteur!
Dîner
annuel du Crif le 13 février 2008: Sarkozy passe
à table Cette
année, c'est le président de la République
et non le Premier ministre qui sera l'invité
d'honneur du dîner du Crif et prononcera un discours.
Une première critiquée par certains intellectuels
et par le président d'honneur du Crif, Theo Klein.
Pour la première fois, un président
en activité a accepté de se rendre au
diner annuel du CRIF le 13 février.
Traditionnellement, le Premier ministre délivrait
un message à la communauté lors de ce
rendez-vous républicain, qui compte environ 800
invités parmi lesquels les représentants
politiques, ceux de la vie religieuse et sociale, des
hommes daffaires, des diplomates, des responsables
de la communauté juive ainsi quun nombre
important de journalistes.
Ce dîner est devenu au fil des années un
rendez-vous majeur dans lagenda politique français
au cours duquel le gouvernement dévoile sa politique
concernant le Moyen-Orient et plus particulièrement
Israël. « Ce diner permet à la communauté
de rencontrer une fois par ans les autorités
de ce pays », explique un responsable du CRIF
à "European Jewish Press."
Richard Prasquier, le président du CRIF, qui
a été élu en mai 2007, "a
souhaité innover en invitant le nouveau président
de France en tant quinvité dhonneur",
indique Edith Lenczner, la directrice de communication,
ajoutant :
« Ceci est exceptionnel mais lidée
est de le faire à chaque fois quun nouveau
président est élu. »
Le président de la République sera accompagné
par son Premier ministre, François Fillon, et
par son cabinet ministériel.
Maroc:
un journal islamiste dénonce la position
"pro-sioniste" de Sarkozy
15
Février 2008 -
Le journal du Parti islamiste Justice et Développement
(PJD) a qualifié de "pro-sioniste"
le président français Nicolas
Sarkozy critiquant vivement ses déclarations
faites mercredi lors du dîner annuel du
Conseil représentatif des institutions
juives de France (Crif). "La face sioniste du président
français s'est davantage dévoilée
quand il parlait du 60e anniversaire de la création
de l'entité sioniste sur la terre de
Palestine annexée par la force, la terreur,
le meurtre et les expulsions", écrit
vendredi Al Adala Wa Tanmia, journal du PJD,
première formation d'opposition au parlement
marocain. "C'est vrai, je suis l'ami
d'Israël", avait déclaré
M. Sarkozy, ajoutant que le 60e anniversaire
de la création de l'Etat d'Israël
est "un événement dont
nous devons souligner l'importance".
M. Sarkozy avait également affirmé
qu'il ne serrerait "pas la main à
ceux qui refusent de reconnaître l'Etat
d'Israël". Le journal islamiste,
qui parle du "prétendu holocauste
du peuple juif" durant la Seconde guerre
mondiale, rétorque: "que Sarkozy
sache que la liste de ceux qui n'aiment pas
lui serrer la main comprend plus d'un milliard
de personnes. Et qu'il ne soit pas berné
par quelques adeptes de la normalisation"
avec Israël.
Sarkozy
: "Mes racines sont à Salonique"
PARIS-ATHÈNES (EJP)---Né
en janvier 1955, Sarkozy avait une éducation
privilégiée dans la banlieue de Paris
riche de Neuilly où il a servi comme maire de
1983 à 2002. Il a étudié le droit
et - à la différence de la plupart de
la classe dirigeante de la France - a évité
l'École d'Administration nationale d'élite
(ENA). Deux fois marié, Sarkozy a trois enfants
- le troisième par sa femme Cecilia avec qui
son rapport orageux a reçu l'envergure répandue
dans les magazines de commérage.
La famille Mallah de Salonique
La mère de Sarkozy est de la famille Mallah,
qu'est à l'origine venue d'Espagne comme tous
les Juifs de Salonique, la Grèce du nord et
a quittée avec l'expulsion des Juifs par le
Roi Ferdinand. Ils se sont installés initialement
en France.
Environ 100 ans plus tard la famille
a immigré en Salonique. L'arrière-grand-père
de Sarkozy, qui est mort en 1913, était un
bijoutier bien connu en Salonique. Son
affaire a été détruite quand
un feu en 1917 détruit presque la ville entière
de Salonique.
La tombe de Mordohai Mallah existe
encore aujourd'hui à Stavroupoli où
il a été transféré du
vieux cimetière juste avant que les allemands
ne marche dans le cité pendant la deuxième
guerre mondiale et ont détruit le cimetière
juif.
Le grand père de Nicolas, Benoît,
était le premier enfant de sept enfants. Son
nom réel était Aaron mais la famille,
l'a surnommé Benico. À l'âge de
14 ans Benico et sa mère sont partis pour la
France où il a étudié la médecine
et a servi dans l'armée française comme
un docteur pendant la première guerre mondiale,
où il a rencontré sa femme future Adel
Bouvieux une jolie infirmière.
Pour l'épouser il a été
baptisé Catholique et a pris le prénom
Benoît.
Le couple avait deux filles
Suzanne et Andrée, la mère de Nicolas,
qui a épousé en années 50 un
immigrant hongrois Paul Sarkozy, le père de
Nicolas.
L'honneur grec
En juillet 2006, tandis que lors d'une visite en Grèce,
Nicolas Sarkozy a été honoré
à l'Ambassade de France à Athènes
par la Communauté juive de Salonique.
Une plaque a été dévoilée
qui dit : "En souvenir de la visite de Nicolas
Sarkozy en Grèce de la Communauté juive
Thessaloniki, la ville de vos ancêtres, mère
et ville d'Israël et Jérusalem des Balkans."
Avec la plaque la communauté
a donné au ministre français un album
de son arbre généalogique retournant
à son arrière-arrière--grand-père
avec les images de ses ancêtres. Sarkozy a reconnu
un peu des gens sur les images de ses albums familiaux.
À l'événement
la femme du président de la communauté
juive de Salonique David Saltiel, Lucie, qui est née
de la même famille Mallah, était aussi
présente. Sarkozy visiblement ému a
remercié la communauté et a dit : "Mes
racines sont ici".
La plupart des membres de la famille
Mallah ont péri dans l'Holocauste. Aujourd'hui
les membres restants vivent principalement en Suisse,
en France et en Angleterre.
source: http://www.ejpress.org/article/16221
Traduit au mieux du grec
Comment lElysée sest fait duper par Damas
sur la question libanaise
Le Liban est condamné à limpasse. En suspendant
sa coopération diplomatique avec la Syrie, ce qui a provoqué
mercredi une mesure réciproque de Damas, Paris a enfin
pris acte quil navait rien à attendre du
régime syrien. Ce qui a exaspéré les responsables
français, cest le double jeu syrien. Dun
côté, les dirigeants baasistes prétendaient
navoir aucune influence sur lopposition libanaise,
de lautre, ils encourageaient celle-ci à demander
davantage de ministères clés et de pouvoir.
Ce retour
de Paris à la fermeté est néanmoins bien
tardif. Il intervient après deux entretiens téléphoniques
entre Nicolas Sarkozy et le président syrien, Bachar
al-Assad ; une rencontre début novembre entre Bernard
Kouchner et son homologue syrien, Walid Mouallem, à Istanbul
et les visites en catimini à Damas, les 4 et 20 novembre,
de deux très proches collaborateurs - Jean-David Levitte
et Claude Guéant - du président français.
«Nous avons estimé, et cest là un
point de rupture par rapport à une époque passée,
que nous ne risquions rien en allant dialoguer avec la Syrie
[ ]. En lignorant [ ], nous risquions de conduire
la Syrie, par ostracisme, à bloquer le processus»
de désignation dun président libanais, expliquait
alors Levitte.
Doù
le sentiment aujourdhui que Paris a été
victime dun marché de dupes, même sil
pourra toujours plaider avoir fait tout son possible pour trouver
une solution à la crise libanaise. Celle-ci, qui saffirme
sans précédent depuis la guerre civile (1975-1990),
a éclaté en 2006 avec le départ du gouvernement
des ministres prosyriens. Elle sest aggravée depuis
la fin du mandat du président proche de la Syrie Emile
Lahoud, le 24 novembre. Ce qui intrigue, cest lexcès
de confiance que Paris a accordé à Damas pour
sortir le Liban de la crise alors même que se poursuivaient
à Beyrouth les attentats imputés au régime
syrien. «En échange de sa coopération, Paris
a proposé à la Syrie la fin de son isolement diplomatique
et un retour sur la scène internationale», souligne
le politologue Khattar Abou Diab.
«On
pouvait penser quune proposition de cette importance,
le régime syrien nirait pas jusquà
la refuser», confirme un diplomate. Cétait,
à lévidence mal connaître Damas, dont
lintérêt de reconquérir le Liban prime
sur toute autre considération. Lerreur de Paris
a aussi été de négocier sans fixer de délai
avec un pays dont la politique a toujours été
de chercher à gagner du temps.
Dès
lors, loin de faciliter lélection présidentielle,
la main tendue à la Syrie sest avérée
plutôt catastrophique pour la majorité antisyrienne
soutenue par lOccident. Elle a en effet donné aux
dirigeants syriens une grande liberté de manuvre
et de négociations. «La médiation française
a rétabli le rôle de négociateur influent
de la Syrie au Liban. Elle est redevenue un facteur important
dans les élections», estimait déjà
en décembre Samir Frangié, un député
de la majorité antisyrienne. Damas a même reconnu
avoir marqué des points : «La Syrie est aujourdhui
plus forte quelle ne létait» pendant
ses vingt-neuf ans de présence militaire, avouait récemment
son vice-président, Farouk al-Charah. Mercredi, la majorité
libanaise, par son chef, Saad Hariri, a fait savoir quil
craignait que les récentes déclarations syriennes
annoncent une prochaine déstabilisation du Liban.
Par
Jean-Pierre Perrin dans Libération du 4 Janvier 2008
"LEffroyable imposture 2"
Le nouveau livre de Thierry Meyssan,
une enquête inédite remettant en cause de nombreuses
légendes médiatiques sur le Proche-Orient Le nouveau livre de Thierry
Meyssan, LEffroyable imposture 2, est paru à la fin
du mois de Mai 2007, simultanément en français à
Paris et en arabe à Beyrouth.
Louvrage, qui traite de loffensive israélienne
contre le Liban et du remodelage du Grand Moyent-Orient, est déjà
salué comme une référence par de nombreuses
personnalités libanaises, surtout parmi l'opposition parlementaire,
faut-il le souligner?
Les
donneurs de leçons peuvent méditer:
Israël confronté à une montée
du racisme
14/12/2007
Une
étude souligne lhostilité à
légard des Israéliens dorigine
arabe. ISRAËL pensait que son passé lavait
placé à labri de tels phénomènes,
mais découvre soudainement que le racisme et la
discrimination sont de plus en plus répandus en
son sein. Précédée dune série
dactes dantisémitisme et de discriminations
à lencontre de la minorité juive éthiopienne,
la publication dun rapport sur la montée
du racisme en Israël a provoqué un débat
particulièrement vif cette semaine.
Selon
un sondage effectué par lAssociation israélienne
pour les droits civiques (ACRI), 75 % de la population
juive dIsraël refuserait dhabiter le
même immeuble quun Arabe, 50 % estiment
que les Arabes ne méritent pas davoir les
mêmes droits que les autres citoyens. Deux tiers
des jeunes sont persuadés que les Arabes sont
moins intelligents, pas instruits, sales et violents.
Jusquà présent, ces préjugés
contre la minorité arabe dorigine palestinienne
ayant choisi de rester en Israël après la
création de lÉtat juif en 1948 étaient
considérés comme un mal inévitable.
Et ils navaient jamais soulevé lindignation
des plus hautes autorités de lÉtat.
«
La population arabe dIsraël ne peut plus
vivre ainsi et la population juive dIsraël
ne peut pas continuer de vivre avec de telles statistiques
», a réagi le ministre israélien
arabe des Sports et de la Culture, Ghaleb Majadle. Le
ministre de la Construction et du Logement, Zeev
Boim, a critiqué le rapport. « Comme ils
sont minoritaires, alors tout est la faute de la majorité
juive, juge-t-il. Les droits civiques doivent être
les mêmes pour tous. Nous devons nous demander
: que se passe-t-il de leur côté, quel
est le comportement de la minorité vis-à-vis
de la majorité ? Est-ce que les Juifs peuvent
entrer et vivre dans des immeubles ou même des
quartiers habités par les Arabes? ».
Les Juifs dÉthiopie discriminés Les
préjugés ne se limitent plus à
la minorité arabe, qui compte aujourdhui
1,2 million de personnes. Ils touchent aussi les Falachas,
les Juifs dÉthiopie dont Israël a
sponsorisé limmigration depuis trente ans.
Ces dernières semaines, les médias israéliens
ont fait état de plusieurs cas de « ségrégation
» dans le système scolaire. Ainsi, une
école religieuse de Petah Tikva, une banlieue
déshéritée de Tel Aviv, a dispensé
des cours séparément à quatre élèves
dorigine éthiopienne nés en Israël.
Leurs récréations navaient pas lieu
à la même heure que les autres élèves.
Motif : ils nétaient pas jugés suffisamment
religieux. Le premier ministre, Ehoud Olmert, sest
dit choqué. « Le sentiment dinjustice
quont les Juifs éthiopiens nest pas
détaché de la réalité, a-t-il
dit . Nous devons changer cette réalité.
» Tzippi Livni, la ministre des Affaires étrangères,
a dénoncé les discriminations contre les
Falachas sur le marché du travail et pour les
locations dappartement.
La
multiplication des agressions antisémites contre
les Juifs ultraorthodoxes, perpétrées
par la forte minorité dorigine russe au
cours de lannée passée, avait fait
surgir le débat sur la nécessité
délaborer une loi punissant les crimes
antisémites et les actes racistes. Sestimant
vacciné contre de telles dérives en raison
de son passé, lÉtat hébreu
navait pas jugé nécessaire de voter
de telles lois jusquà présent.
Patrick
Saint-Paul pour Le Figaro
11 Septembre, Irak, guerre des 33 jours: à qui profite
l'horreur?
Les Etats-Unis sont ils les maitres réels de leur propre
politique?
Le concept americano-sioniste est-il réservé aux
paranoiaques?
Rice citée à comparaître dans une affaire
despionnage
La secrétaire d'Etat américaine et plusieurs hauts
responsables des services de renseignements américains
devront sexpliquer sur leurs liens avec des lobbyistes pro-israéliens.
Condoleezza
Rice à la barre. Cest ce que demandent les avocats
de deux lobbyistes pro-israéliens, Steven Rosen et Keith
Weissman, mis en cause dans une affaire despionnage. Accusés
d'avoir divulgué des informations « secret défense
» alors qu'ils travaillaient pour l'American Israel Public
Affairs Committee (AIPAC), le principal lobby juif à Washington,
les deux hommes espèrent que ce témoignage, ainsi
que celui dautres hauts responsables, soutiendra leur ligne
de défense. Le juge T. S. Ellis, du tribunal fédéral
d'Alexandria les a autorisés à convoquer la secrétaire
détat pour témoigner pendant leur procès,
prévu lannée prochaine.
Treize
hauts responsables américains, dont le conseiller présidentiel
américain à la sécurité nationale
Stephen Hadley, devront témoigner pour sexpliquer
sur des conversations avec Steven Rosen et Keith Weissman.
Les
lobbyistes sont accusés d'avoir reçu des informations
classées secret défense de la part d'un responsable
du Pentagone et de les avoir communiquées à un
responsable israélien ainsi qu'à la presse. Ces
informations contenaient des détails sur le réseau
terroriste al-Qaida, la politique des Etats-Unis en Iran et
l'explosion des tours Khobar en Arabie Saoudite. Les accusés
estiment que les témoignages de ces responsables actuels
ou passés tendront à montrer que leurs actions
ne reflètent rien d'autre que la pratique officielle
des discussions par des canaux officieux à Washington.
Si
la secrétaire d'Etat et les autres responsables concernés
par la citation à comparaître finissent par témoigner
effectivement, le procès devant une cour fédérale
de Washington pourrait bien donner l'occasion d'apprendre des
choses sur les coulisses de la politique extérieure des
Etats-Unis.
Tout rapport avec ce qui suit ne serait évidemment que
pure coincidence >>> "Liban,
Pays des esclaves" 18 Octobre 2007 à 20h50,
à regarder avec du recul!
Envoyé spécial, émission-culte
de France 2 rarement tendre avec les libanais... Un documentaire qui ne peut que soulever l'indignation
des libanais tant il est partial et peut laisser croire que
son principal objectif est de véhiculer, une fois de
plus?, une image négative du pays; au profit de qui???
Bienvenue à l'aéroport Rafic-Hariri", susurre
une voix féminine tous les quarts d'heure. 7 h 30 du
matin, le hall est vide. Seule une salle d'attente est noire
de monde. Sur le mur, un panneau indique "zone de réception
pour les bonnes". Des chrétiens, des musulmans,
des couples, des familles entières, arrivent. Parmi eux,
M. Hadj, un médecin franco-libanais. Il est pressé,
le travail à l'hôpital l'attend : "Les agences
s'occupent de tout, explique-t-il, mais il faut venir soi-même
pour la livraison de la bonne." "En 2002, j'ai littéralement
sauvé de la famine une Togolaise en la prenant chez moi,
raconte une dame en jeans. Je l'ai d'abord payée 50 dollars
(35 euros) par mois, mais au bout de six mois, comme elle travaillait
très bien, je l'ai augmentée à 75 dollars
(53 euros)."
Depuis
des années, des jeunes filles d'une trentaine de pays
pauvres viennent se placer comme domestiques au Liban. Aujourd'hui,
elles sont plus de 90 000 Sri-Lankaises, 30 000 Ethiopiennes,
40 000 Philippines, sans parler des autres nationalités,
dont beaucoup de Burundaises et de Malgaches. Une personne sur
seize vivant au Liban est une domestique étrangère,
selon le quotidien anglophone Daily Star. Ces domestiques sont
payées 200 dollars par mois pour les Philippines (les
plus éduquées), 150 dollars pour les Ethiopiennes,
100 dollars pour les Sri-Lankaises - moins de 20 centimes d'euro
de l'heure. L'employeur peut à tout moment "rendre"
la bonne, qui, elle, n'a pas le droit de partir.
Ce
matin, les futurs employeurs attendent les passagères
de l'avion d'Ethiopian Airlines arrivé à 2 heures
du matin : 200 jeunes filles pour l'heure parquées sous
douane, accroupies les unes contre les autres. Pas de boissons,
pas de nourriture, pas de toilettes. Comme l'exige la sûreté
nationale, leur passeport transitera directement des mains du
policier des frontières à celles de l'employeur.
La
jeune Ethiopienne qui foule pour la première fois le
sol libanais ignore que son passeport ne lui sera rendu que
le jour de son départ. Elle ne se doute pas qu'à
cet instant elle vient de perdre sa liberté. Le docteur
Hadj vérifie d'un coup d'oeil que le nom correspond à
celui que lui a donné l'agence, fait, d'un geste du bras,
"yalah", sans parole ni sourire. Son maigre bagage
à la main, la jeune fille tente de le suivre en jetant
des regards terrorisés de tous côtés. Ils
doivent se rendre à l'agence de placement. Là,
elle va probablement signer un nouveau contrat, en arabe, avec
des conditions qui n'auront plus rien à voir avec les
engagements pris dans son pays. Son salaire risque de diminuer.
Selon l'ambassade des Philippines, certaines jeunes filles travaillent
gratis les trois premiers mois, voient la durée du séjour
obligatoire passer de deux ans à trois ans et sont privées
de toute liberté : interdiction de sortir seule de la
maison, de correspondre avec sa famille et de communiquer avec
l'extérieur. Sans parler de la chambre promise qui risque
d'être un balcon, voire la cuisine ! Refuser de signer
? Trop tard. Sans argent, sans passeport, elles voient le piège
se refermer.
Le
jour de la signature du contrat, l'agence se verse entre dix
et quinze fois le premier salaire de la domestique. Une jeune
Ethiopienne revient au total à 2 400 dollars à
l'employeur (billet, visa, visite médicale, contrat chez
le notaire, etc.). Une somme importante, dont 60 % reviennent
à l'agence. A Beyrouth, 380 agences de placement de personnel
de maison officielles envahissent le paysage d'affiches publicitaires.
Il y a quelques années, l'une d'entre elles avait même
proposé des soldes de Sri-Lankaises !
21
juin 2007. Anlyn Sayson, une jolie Philippine de 21 ans, arrive
au Liban. Le 29 juin, elle meurt, en se jetant d'un balcon du
cinquième étage d'un appartement de Beyrouth.
Que s'est-il passé durant cette semaine pour pousser
une jeune fille sans histoires à se suicider ? Selon
la police libanaise, la jeune domestique aurait fait une crise
de nerfs chez ses employeurs à Tripoli, dans le nord
du pays. Ceux-ci l'auraient illico ramenée à l'agence
de placement NK Contrat, à Beyrouth. Le patron de l'agence,
Negib Khazaal, raconte que la jeune fille était très
excitée et que l'un de ses employés lui aurait
donné des calmants avant de la laisser seule dans l'appartement.
A 3 heures du matin, les voisins ont entendu des cris. Ils ont
trouvé le corps fracassé de la jeune fille gisant
sur le trottoir. Résultats de l'autopsie : il y avait
des doses massives de méthanol, une substance neurotoxique
particulièrement dangereuse, dans l'estomac d'Anlyn Sayson.
Si
sa mort a donné lieu à quelques lignes dans la
presse locale, la plupart de ces suicides ont lieu dans l'indifférence
totale. Pourtant, le nombre de suicides de domestiques ne cesse
d'augmenter : 45 Philippines, 50 Sri-Lankaises et 105 Ethiopiennes
se sont suicidées ces quatre dernières années.
"Dans de nombreux cas, raconte Sami Kawa, médecin
légiste, les mortes sont couvertes d'ecchymoses, de morsures
ou de brûlures."
Tout
un système d'exploitation est en place où chacun,
Etat, agences, employeurs, joue sa partition, souvent avec la
complicité des pays d'origine. Depuis 1973, le Liban
"importe" des domestiques étrangères
qui ne sont protégées par aucun texte de loi :
le code du travail ne s'applique pas à elles. Et selon
les associations caritatives, leur situation ne cesse d'empirer.
"Depuis quelques années, nous enregistrons une augmentation
des actes de violence et de viols", explique-t-on à
Caritas.
"A
ma connaissance, il n'y a pas eu au Liban une seule condamnation
pour crime ni pour viol en trente ans, seulement quelques rares
et faibles condamnations au pénal pour coups et blessures",
souligne Me Roland Tawk, qui défend les domestiques depuis
plus de dix ans. La plupart des affaires se traitent à
la libanaise : comme la majorité des cas de maltraitance
s'accompagnent de non-paiement de salaire, la victime laisse
tomber sa plainte pour viol contre le versement de son salaire,
ou bien le salaire est totalement oublié, mais elle récupère
enfin son passeport. La violence n'est pas l'apanage des employeurs.
Ici, on peut faire corriger une bonne par la police ou, plus
fréquemment, par les agences de placement. Le
résultat d'un sondage effectué par l'association
Caritas en 2007 auprès de 600 employeurs est édifiant.
Plus de 91 % des sondés confisquent le passeport de l'employée,
71 % ne la laissent pas sortir seule, plus de 31 % avouent la
battre, 33 % limitent sa nourriture, 73 % surveillent ses fréquentations
et 34 % la punissent comme un enfant.
Elles
sont quarante, cachées au sous-sol de l'ambassade des
Philippines. Trente à l'ambassade du Sri Lanka. Autant
dans une annexe de l'ambassade d'Ethiopie. Toutes veulent rentrer
au pays mais n'ont pas touché leur salaire depuis des
mois voire des années. Les journaux publient les noms
et souvent les photos de celles qui sont en fuite, et la police
est chargée de ramener les fuyardes à l'employeur
de gré ou de force.
A
l'ambassade d'Ethiopie, Yeftusran, 22 ans, est prostrée
sur une chaise depuis le matin. Elle a un bras cassé.
L'assistante sociale de l'ambassade, Lina, Libanaise compatissante,
tente de comprendre son histoire, mais Yeftusran est mutique,
hormis quelques mots qu'elle répète en boucle
: "Je veux rentrer à Addis-Abeba." Ses yeux
sont vides, sa détermination est terrifiante. Au bout
de plusieurs heures, la jeune femme lâche par bribes son
histoire. Depuis quatre ans, elle vit dans une famille de campagnards,
dans le nord du pays. Le fils de 22 ans lui a cassé le
bras parce qu'elle n'avait pu - ou su - ramasser la grand-mère
impotente qui gisait au sol. Yeftusran ne veut ni voir un médecin
ni en dire plus. Le lendemain, l'ambassade fera chercher ses
affaires personnelles pour l'expédier à Addis-Abeba.
"Nous avons eu trois suicides cette semaine, j'ai peur
pour celle-ci, murmure Lina. Une Ethiopienne arrivée
il y a deux jours est à l'hôpital. Elle serait
tombée d'un balcon", poursuit l'assistante sociale
en levant les yeux au ciel.
Environ
400 domestiques croupissent en prison pour des vols imaginaires,
affirme Me Roland Tawk. Dès qu'une employée de
maison prend la fuite, l'employeur dépose plainte pour
vol. Durant l'été 2006, l'attaque israélienne
au Liban et le désarroi des Libanais fuyant les bombes
ont été largement couverts. Les médias
ont évoqué, sans s'attarder sur le sujet, le nombre
de 30 000 domestiques abandonnées dans des appartements
fermés à clef, souvent avec le chien. A leur retour,
les employeurs étaient furieux. La domestique était
partie ! "Nous avons eu beaucoup de mal à récupérer
leurs passeports, certains employeurs menaçaient d'entamer
des procès pour abandon de poste", raconte Annie
Israel, assistante sociale à l'ambassade des Philippines.
Le
dimanche, les services religieux sont bondés à
Beyrouth. Les domestiques qui ont droit au congé hebdomadaire
et celles qui sont en fuite se retrouvent. A l'église
Saint-Joseph, le Père MacDermott, un Américain
de 75 ans installé au Liban depuis trente ans, dénonce
chaque dimanche le calvaire des domestiques et souhaite que
la hiérarchie chrétienne s'implique. En 2001,
les évêques du Moyen-Orient ont publié un
rapport sur le calvaire des domestiques, mais il est resté
confidentiel.
En
1948, le Liban a signé un traité contre la confiscation
des papiers d'identité. En 1991, la Convention des droits
de l'homme est devenue partie intégrante de la Constitution
libanaise.
Grand reporter à France 2, Dominique Torrès est
la fondatrice du Comité contre l'esclavage moderne et
l'auteur d'"Esclaves" (éd. Phébus, 1996).
Elle a réalisé un reportage, "Liban, le pays
des esclaves", qui sera diffusé sur France 2 dans
le cadre d'"Envoyé spécial", le jeudi
18 octobre 2007.
Liban:
les spécialistes divisés sur l'assassinat d'Antoine
Ghanem
Le fait d'avoir donné
la parole au spécialiste du Moyen-Orient Antoine Basbous
a soulevé beaucoup de réactions de la part des
internautes.
Pour
ce spécialiste, l'assassinat mercredi à Beyrouth
d'Antoine Ghanem, député antisyrien, est lié
à la prochaine élection présidentielle
libanaise, qui se tient à partir du 25 septembre. Selon
Basbous, Damas et Téhéran sont prêts à
éliminer physiquement des parlementaires pour obtenir
un vote favorable.
Rue89
a donc interrogé un autre spécialiste du Liban,
Joseph Bahout, un politologue qui récuse la thèse
d'Antoine Basbous:
Si
la personnalité d'Antoine Ghalem, membre du camp souverainiste
du 14 mars, éminemment antisyrien, fait de la Syrie le
principal suspect, Joseph Bahout tient à apporter des
nuances.
Certes,
les prosyriens, en assassinant un député, renoueraient
ainsi avec la politique de la terreur et torpilleraient l'élection
présidentielle. Le message délivré à
la majorité serait clair: réfléchissez
à deux fois avant d'imposer votre propre candidat.
Cependant,
l'assassinat de Ghanem arrive alors que des tractations entre
les différentes forces politiques libanaises sont en
cours, et que la Syrie s'active en coulisses à travers
des émissaires arabes et européens, dont la diplomatie
française.
Des
négociations qui s'acheminaient vers la désignation
d'un président de consensus, ménageant les intérêts
vitaux de la Syrie:
"L'assassinat
d'hier a freiné ce processus et ramené la crispation
politique libanaise à son point de départ. Le
bénéficiaire de cet attentat pourrait être
celui qui ne voulait pas voir ce processus de négociation
aboutir. Qui est ce bénéficiaire?
La question reste entière."
L'espoir
de voir les forces politiques du pays adopter un candidat du
consensus est désormais bien loin. La seule certitude:
la condamnation du Liban à n'être qu'un pays coincé,
très poreux aux enjeux régionaux:
"La
vie politique du Liban est le reflet quasi exact des tiraillements
régionaux et internationaux. Aujourd'hui, la région
vit des heures cruciales entre l'Irak, la Palestine ou l'Iran.
Il n'y a pas de raisons que le Liban ne tienne pas à
nouveau ce funeste rôle de caisse de résonance
régionale."
En
campant sur leur position, Joseph Bahout estime que les politiques
libanais manquent une chance historique, avec la désignation
d'un candidat "neutre", de trouver un compromis certes
boiteux, mais qui permettraient au pays d'échapper un
peu aux enjeux régionaux.
Coincé
entre des poudrières, le Liban paye une confrontation
qui dépasse largement ses frontières. Les deux
mois de tractations pour l'élection présidentielle
s'annoncent donc très sombres pour les Libanais. Avec
le risque d'une explosion politique si, à la date du
26 novembre, aucun candidat ne satisfait les deux camps.
Joseph
Bahout s'inquiète également de l'"après",
et brandit le risque d'un scénario comparable à
ce qui se passe dans la bande de Gaza ou en Irak
Le lobby
israélien au cur de la polémique aux Etats-Unis Septembre
2007- Un
ouvrage dénonce le soutien inconditionnel de Washington
à lEtat hébreu.
Lorsque, lan
dernier, lambassadeur de France aux Etats-Unis a invité
la candidate à la présidentielle Hillary Clinton,
celle-ci lui a adressé ce message très direct :
«Je ne parle avec aucun ambassadeur, sauf un, lambassadeur
dIsraël.» Cet échange confirme limportance
cardinale dIsraël dans la politique intérieure
des Etats-Unis. Linfluence profonde du lobby pro-israélien
dans la diplomatie américaine au Moyen-Orient est indiscutable.
Mais jusquoù va-t-elle ? Ce soutien sert-il les intérêts
américains ? Telles sont les questions explorées
par le Lobby pro-israélien et la Politique étrangère
des Etats-Unis (1), un livre dont débat le tout-Washington
depuis sa sortie, voilà quelques semaines. «Aucun
autre essai académique a eu un tel impact, écrit
la New York Review of Books, depuis la publication du livre de
Samuel Huntington le Choc des civilisations [1993].»
Charge.
Compte
tenu des tabous historiques et sémantiques quelle
aborde, cette étude a demandé un courage considérable
à ses deux auteurs, John Mearsheimer, de luniversité
de Chicago, et Stephen Walt, de Harvard. Les deux universitaires
ont conscience de marcher sur un champ de mines. A la suite dun
article à lorigine de louvrage actuel publié
dans la London Review of Books en 2006, «nous avons été
dénoncés comme antisémites [ ] par des
éditorialistes du Jerusalem Post, du New York Sun, du Wall
Street Journal et du Washington Post», constatent-ils dans
leur préface. «Dès quon critique Israël
ou lAipac [le Comité des affaires publiques américano-israélien,
qui sintitule sur son site web «le lobby pro-israélien
en Amérique», ndlr] , on est sûr dêtre
accusé dantisémitisme. Cest la tactique
diffamatoire classique. La plupart des gens hésitent à
aborder ce genre de questions en raison de ces attaques»,
dit Stephen Walt. Leurs pressentiments ont été amplement
confirmés. La charge a été sonnée
par Eliot Cohen, un professeur de luniversité Johns-Hopkins,
dans une opinion publiée dans le Washington Post intitulée
«Oui, cest antisémite». Cohen reproche
aux auteurs, non sans une certaine mauvaise foi, le fait que leur
ouvrage ait été applaudi par lancien chef
du Ku Klux Klan. Dautres critiques ont qualifié les
universitaires de «sombres obsédés du complot».
Et ce nétait quun début.
En septembre, un livre a été publié pour
dénoncer les deux auteurs : les Mensonges les plus mortels,
le lobby israélien et le mythe du contrôle juif.
Selon son auteur, Abraham Foxman - président très
controversé, y compris au sein de la communauté
juive américaine, de lAnti-Defamation League -, lidée
«pernicieuse» quil existe un lobby israélien
doté dune influence hors de proportion sur la diplomatie
des Etats-Unis «fait partie du mythe antisémite traditionnel
du complot juif ». «Les stéréotypes
antisémites haineux refont surface et deviennent acceptables»,
sinquiète Foxman.
Christ.
Que disent Walt et Mearsheimer ? Quil y a un lobby pro-israélien
composé dorganisations juives, mais aussi déditorialistes,
dhommes daffaires et de «chrétiens sionistes».
Cette importante minorité fondamentaliste, qui vote républicain,
croit littéralement que le Christ reviendra lorsque les
juifs auront repris possession de la «Terre sainte».
«Ce nest en aucun cas, insistent les auteurs, un mouvement
unifié doté dune direction, et ce nest
pas un complot ou une conspiration qui contrôle la diplomatie
américaine», mais plutôt «une coalition
disparate dindividus et dorganisations qui uvre
pour aiguiller la politique américaine sur une voie pro-israélienne».
Les auteurs nont aucun mal à démontrer la
nature exceptionnelle de la relation entre les Etats-Unis et Israël.
Entre 1972 et 2006, les Etats-Unis ont mis leur veto à
42 résolutions des Nations unies critiquant Israël.
Lan dernier, pendant quIsraël bombardait le Liban,
la Chambre des représentants a adopté, par 410 voix
contre 8, une motion de soutien inconditionnel à Israël.
Louvrage devient discutable lorsquil affirme que sans
le lobby pro-israélien «la guerre [dIrak] naurait
presque certainement pas eu lieu». La démonstration
: «La quasi-totalité des néoconservateurs
est fortement engagée aux côtés dIsraël»,
ajoutent-ils. Mais les vrais maîtres duvre de
la guerre dIrak demeurent George W. Bush et le vice-président
Dick Cheney. Et cest oublier que plusieurs sondages, comme
le concèdent les auteurs, ont démontré que
la communauté juive américaine était
plus opposée à cette guerre que lAméricain
moyen. «Pays normal». Linfluence du lobby serait
telle quil compromettrait lintérêt national
américain, avancent-ils. Lalliance entre les Etats-Unis
et Israël, utile pendant la guerre froide, suscite lhostilité
des pays arabes à légard des Etats-Unis, qui
sont la cible des terroristes islamistes. Et sil nest
pas dans lintérêt de Washington de poursuivre
son soutien inconditionnel à Israël, cest que
le lobby pro-israélien y est pour quelque chose.
Pour Walt et Mearsheimer, les Etats-Unis devraient considérer
Israël comme un «pays normal», car son existence,
selon eux, nest plus en danger : «Linfluence
politique du lobby et sa sagacité en termes de relations
publiques ont découragé les leaders américains
à rechercher des politiques moyen-orientales conformes
à leurs intérêts, qui protégeraient
aussi Israël de ses pires erreurs. Linfluence du lobby,
pour résumer, est mauvaise pour les deux pays.» Ils
préconisent «une discussion franche et civilisée
sur linfluence du lobby».
Philippe Grangrereau
correspondant de Libération
à Washington (1)
John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, éditions la Découverte,
20 euros.
Sur le même sujet voir le site
officiel de l'AIPAC et la page
Wikipédia consacrée à cette puissante
association lobbyiste pro-israelienne dont les actions débordent
sans doute largement les seules frontières américaines...
Des intellectuels juifs français dénoncent
"l'offensive meurtrière d'Israël"
Août 2006- Il
y a des voix "dissidentes" en France que "personne
ne veut entendre", affirment des personnalités juives
du monde médical, littéraire ou politique. Elles
tentent, dans un appel public, de dénoncer "l'offensive
meurtrière d'Israël" et réclament "un
cessez-le-feu immédiat" au Proche-Orient. En quelques
jours, 177 personnes ont signé l'appel.
Ces
voix semblent indiquer une première brèche, selon
des signataires, dans le soutien qu'apporte la communauté
juive de France aux actions d'Israël au Liban.
L'appel, lancé à l'initiative du professeur de médecine
Marcel-Francis Kahn, intitulé "Nous,
Juifs contre les frappes d'Israël"
et publié par le quotidien Libération, s'inspire
de celui lancé, en 1982, par l'historien Pierre Vidal-Naquet
aux intellectuels juifs pour se désolidariser de l'opération
"Paix en Galilée", qui avait mené l'armée
israélienne jusqu'à Beyrouth.
Vingt-quatre ans plus tard, Rony Brauman, l'ex-président
de Médecins sans frontières (MSF), déplore
"l'esprit communautaire des juifs de France se retrouvant
systématiquement autour d'Israël". Quant à
l'ancien ambassadeur de France à l'ONU, Stéphane
Hessel, il estime que "c'est à la diaspora de pointer
les erreurs du gouvernement israélien".
"PROPAGANDE"
Les signataires
réprouvent le "monopole" de la parole juive
de certaines organisations communautaires, telles que le Conseil
représentatif des institutions juives de France (CRIF).
"La voix qu'on a entendue jusqu'à présent
n'est pas celle des juifs de France mais c'est celle du CRIF",
martèle Richard Wagman, président d'honneur de
l'Union juive française pour la paix (UJFP).
Ces
personnalités rappellent que les juifs de France ne soutiennent
pas "aveuglément" Israël. Ils évoquent,
comme Raymond Aubrac, "une propagande qui pousse à
le croire", estimant que "la paix sociale est en jeu".
L'ancien résistant craint que juifs et musulmans - "deux
communautés vulnérables" - s'affrontent,
chacun pensant défendre Israël et la Palestine ou
le Liban. Il redoute également une poussée d'un
sentiment "judéophobe" en France.
Le
président du CRIF, Roger Cukierman, assure que les signataires
de cet appel ne représentent qu'"un courant extrêmement
minoritaire" au sein de la communauté juive.
L'écrivain
Marek Halter stigmatise ceux qui "exhibent leur étoile
jaune pour condamner Israël". Mais, comme l'explique
l'ancien président de l'Union des étudiants juifs
de France (UEJF), Yonathan Arfi, lorsque Israël se retrouve
dans une situation délicate, "beaucoup de juifs
préfèrent garder le silence plutôt que critiquer
Israël. Ils évitent de donner du grain à
moudre aux personnes qui haïssent ce pays".
Mustapha
Kessous / Le Monde du 11 Août 2006
Dissonances au coeur du Printemps de Beyrouth: Le
Hezbollah refuse le jeu américain et dénonce les
ingérences Classée
comme formation chiite radicale, le Hezbollah
ne s'était pas encore départi d'une certaine ambiguïté, entre
prudence et embarras, trois semaines après l'assassinat
de Rafic Hariri.
S'apprête-t-il à changer d'attitude? La question est posée à
Walid Charara. journaliste, chercheur en relations internationales,
et auteur avec Frédéric Domont d'un livre paru en 2004 aux Editions
Fayard - «Le Hezbollah. Un mouvement islamo-nationaliste».
Que signifie l'intervention du Hezbollah
jusqu'ici plutôt attentiste?
La manifestation n'est pas dirigée contre le retrait syrien, mais
contre l'ingérence américaine. Pour cheikh Nasrallah, le chef
du Hezbollah, il y a là une ligne rouge que le Hezbollah ne peut
tolérer: les Etats-Unis sont accusés d'instrumentaliser à la fois
les dissensions internes et la résolution 1559 de l'ONU, dont
le véritable objectif est le désarmement de la résistance libanaise.
Le ton, cependant, demeure conciliant. Cheikh Nasrallah ménage
les acteurs de l'opposition, qui ne s'estiment pas visés par la
manifestation.
L'initiative du Hezbollah ne résonne pas moins comme une dissonance.
Peut-elle aller jusqu'à disloquer le mouvement de contestation?
Les manifestations ont associé des courants divers. Pour l'instant,
aucun projet alternatif ne se dessine. Bien plus: sur l'avenir
de l'opposition et sur la nature des relations entre le Liban
et la Syrie - autrement dit sur deux questions capitales - les
divergences ne sont pas dissipées. Le Hezbollah, de son côté,
ne renonce pas au dialogue. Il tentera plutôt de gagner à sa cause
les autres composantes du paysage politique - lesquelles n'exigent
pas toutes son désarmement. Fort d'une importante capacité de
mobilisation, il devrait aujourd'hui réunir à Beyrouth des partisans
nombreux et disciplinés. Je ne crains pas les provocations ni
les dérives violentes. En mai 2000, lorsqu'Israël a retiré ses
forces du Sud-Liban, de nombreux observateurs européens avaient
cru pouvoir annoncer d'inévitables débordements. Il n'en fut rien:
aucun règlement de compte n'a eu lieu, aucune exécution sommaire.
Vous assimilez le Hezbollah à la résistance...
C'est en effet la résistance du Hezbollah qui a conduit la première
puissance militaire du Proche-Orient à quitter le territoire libanais.
Ce combat national, il en a été l'inspirateur et le meneur. Il
l'a porté avec le soutien de l'ensemble des partis, gauche et
droite confondues. Il en retire un respect qui dépasse les clivages
communautaires. Bien implanté dans la population chiite - la plus
nombreuse du pays, avec 40% des habitants -il apparaît comme l'une
des principales formations du Liban, peut-être la plus importante.
Ce «parti du Dieu» est-il aussi islamiste?
Un parti de ce genre se donnerait pour objectif l'instauration
d'un Etat islamique. Tel n'est pas le projet du Hezbollah. Parti
d'inspiration religieuse, il a accepté la règle de la coexistence
que suppose le jeu politique dans un Liban multiconfessionnel.
Le Hezbollah peut-il conduire une politique
indépendante de ses parrains syriens et iraniens? Cette
terminologie n'est pas la mienne. Parti libanais, le Hezbollah
appartient plutôt avec ses alliés palestiniens, syriens et iraniens
à un axe stratégique qui a pour but de se défendre contre les
visées hégémoniques d'Israël. Le contentieux central, celui qui
surdétermine à la fois la scène politique régionale et les évolutions
de chacun des pays du Proche-Orient, demeure en effet le conflit
israélo-palestinien
Entretien réalisé le 7 Mars
2005 par Jean-François Verdonnet pour la Tribune de Genève
Après
la pensée unique, la pensée muselée? "La liberté
d'expression francophone trouvera t-elle désormais
son salut en dehors de Paris?"
Annulation des Forums
RFI - RMC MO
au Salon Lire en Français!
RFI et RMC
MO
ont le regret d'annoncer l'annulation des deux
forums d'information prévus les 23 et 24
Octobre dans le cadre du 13ème salon du
livre de Beyrouth.
Si aucune explication officielle n'a été
fournie, on imagine que la réorganisation
nécéssaire suite à "l'affaire
Ménargues" y est sans doute pour quelque
chose.
La couverture du livre qui scandalise une bonne
partie de la rédaction de RFI.
On notera que
"Le Mur de Sharon" est co-édité
par France Inter qui n'a pas semblé aussi
choqué, du moins pour le moment...
20 Octobre 2004 - Alors qu'Alain Ménargues, longtemps
correspondant de RFI à Beyrouth, de 1980 à
1995, vient d'être contraint de quitter ses fonctions
de Directeur-Général Adjoint de la station
dont il dirigeait l'information depuis à peine
4 mois, Fredéric Domont et Walid Charara sortent
chez Fayard un essai sur le Hezbollah
à l'occasion du Salon Lire en Français de
Beyrouth.
Le Ministère français des Affaires étrangères,
principal bailleur de fonds de RFI, fut très embarrassé
par les déclarations de Ménargues concernant
la politique d'Ariel Sharon, et la sortie quasi-simultanée
d'un essai sur le parti du Hezbollah libanais constitue
un hasard du calendrier qui ne manque pas de piment.
En cette période ou il semble délicat d'exprimer
la moindre opinion critique sur la politique Israelienne,
ou faire connaitre les mouvements qui osent s'y opposer
est souvent assimilé à du militantisme,
il sera intéressant de voir la place qui sera réservé
à cet essai dans les médias français...
A vrai dire, nos attentes demeurent modestes, histoire
de ne pas être trop déçus!
En attendant, nous aurons au moins la chance d'en savoir
plus à Beyrouth puisque la sortie du livre coincide
avec l'ouverture du salon "Lire en Français
et en Musique" et que les deux auteurs seront sur
place pour le présenter.
De son côté Alain Ménargues a entamé
une longue séance de signature à la Librairie
Stephan le Samedi 23 Octobre qui a connu un large succès...
JMD
Antisémitisme
et non-sens Évoquant son nouvel
ouvrage, Le Mur de Sharon, Alain Ménargues affirme : «
Il existe en Palestine autonome une balafre hideuse, incompréhensible,
et j’ai voulu savoir pourquoi. Que ce livre plaise ou
non, ce n’est pas mon problème. J’ai voulu coller à la
réalité. » Et cet anathème antisémite qu’on lui a lancé
? « Il est maintenant de bon ton, dès qu’on critique le
gouvernement israélien, d’être traité d’antisémite, ce
qui ne veut rien dire. Les sémites sont aussi les Arabes.
Mon livre n’est absolument pas critiqué, et on prétend
pourtant que je suis antisémite. C’est une espèce de voile
pour cacher la réalité – en termes de manipulation de
l’information. Le terme “antisémite” commence à ne plus
vouloir rien dire », souligne-t-il. Et de préciser qu’il
a reçu des centaines de lettres de soutien : « La France
profonde est très irritée par ces accusations qui sont
portées à tort et à travers dès lors que le gouvernement
israélien est critiqué. La France est un vieux pays de
libertés, et la liberté se gagne tous les jours. Mais
il y a des accrocs. Mon cas en est un. » Alain Ménargues
ne se sent nullement investi d’une mission. Ce n’est pas
un journaliste « engagé », au sens précieux du terme.
Son seul but est d’informer, d’expliquer aux Français
ce qui se produit ailleurs. Son message aux Libanais est
simple, direct : « Les Libanais ont la chance d’avoir
un pays merveilleux. Ils doivent s’en occuper. Le dialogue et la tolérance sont les deux concepts
qui mènent à la paix et à la sécurité. »
Extraits d'une interview
accordée à L'Orient Le Jour le 25 Octobre
Le
Hezbollah :
un mouvement islamo-nationaliste
par Frédéric DOMONT
et Walid CHARARA :
Fréderic Domont et
Walid Charara signeront leur ouvrage au stand
de la LIBRAIRIE ANTOINE
le Dimanche 24 Octobre
à partir de 19 heures
A l'intersection
de l'enquête journalistique et de l'analyse politique,
ce livre traduit une volonté d'apporter un éclairage
nouveau sur l'un des principaux acteurs de la scène
proche-orientale, et celle de contribuer à créer les
conditions d'un dialogue rendant possible une alternative
commune aux confrontations régionales et à leurs conséquences
désastreuses.
Frédéric Domont est chef du bureau régional de Radio
France Internationale au Liban. Il parcourt le Proche
et le Moyen Orient depuis quinze ans. Walid Charara
est journaliste et chercheur en relations internationales.
Il est par ailleurs consultant pour de nombreux médias
arabes et occidentaux. Tous deux s'efforcent de promouvoir
le dialogue entre l'Orient et l'Occident. Le Hezbollah
libanais, au travers de ses vingt années d'existence,
est une illustration vivante de l'émergence et de l'évolution
d'un mouvement islamo-nationaliste.
Créé après l'invasion du Liban par l'armée israélienne
en 1982, ce parti deviendra en quelques années le principal
acteur de la résistance nationale contre Israël. Son
intégration au système politique national, son ouverture
en direction des autres composantes du pays, participeront
à la construction d'un véritable consensus libanais
autour de son combat contre l'occupation. Son efficacité
militaire, son réalisme politique en feront un allié
de choix pour Damas, Téhéran et même, dans une certaine
mesure, pour Le Caire et Riyad face à ce qu'elles appellent
les visées hégémoniques d'Israël. Il deviendra également
un interlocuteur reconnu par les diplomaties européennes,
russe ou chinoise.
En revanche, pour Washington, engagé dans sa campagne
mondiale antiterroriste, le Hezbollah constitue, selon
les dires du Sous Secrétaire d'Etat Richard Armitage,
" l'équipe A du terrorisme, alors qu'Al Qaïda n'est
actuellement que l'équipe B". Après la seconde guerre
d'Irak, de nombreux responsables, experts et analystes
américains invitent l'administration Bush à l'éradiquer.
Ce refus des Etats-Unis de reconnaître le Hezbollah
comme une des composantes politiques essentielles du
Liban révèle la nature et l'ampleur des bouleversements
que Washington entend provoquer dans le cadre de son
projet de " remodelage du Moyen-Orient ".
Cette approche annonce une exacerbation de la tension
et des violences et peut être même des guerres dont
les conséquences et les retombées sont loin d'être prévisibles.
Evidemment, la radicalisation des opinions publiques
arabes qui s'ensuivra renforcera encore plus les franges
extrêmes de la mouvance islamiste au détriment de ses
courants politiques.
Contacter l'Editeur concernant
cet ouvrage:
Librairie Arthème Fayard Dominique Fusco
75, rue des Saints-pères 75006 Paris
tél. 01.45.49.82.00 fax 01.45.49.82.51 fayard.fr
A Suivre: Comment le livre "Hezbollah,
mouvement islamo-nationaliste est-il présenté
par les médias en France?
REVUE de PRESSE...
Frédéric Domont et Walid Charara:
"Démonter la théorie
du choc des civilisations à travers le prisme du parti de Dieu"
Comme ils ont écrit le livre à deux, ils donnent
leur interview ensemble. Globalement d’accord sur le fond, ils
ont chacun ses nuances et sa vision de la vie. L’un, Frédéric
Domont, est un journaliste français (à RFI), établi au Liban depuis
novembre 2000, mais après y avoir fait plusieurs séjours, et l’autre,
Walid Charara, un journaliste et un chercheur libanais, qui fait
la navette entre Beyrouth et Paris tout en défendant ses valeurs
et ses croyances.
En termes romanesques, cela s’appelle une rencontre et, pour le
lecteur, c’est le début d’une grande aventure. Car leur ouvrage, Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste,
édité par Fayard, n’est pas un livre banal sur un sujet d’actualité.
C’est plutôt une analyse globale d’une situation complexe, dans
une région qui l’est tout autant et qui a favorisé l’émergence
d’un parti comme le Hezbollah, né au départ dans un concours de
circonstances, suite à l’invasion israélienne du Liban en 1982
et dans la foulée de la révolution islamique en Iran en 1978.
Depuis, c’est un cheminement étonnant qui a donné à ce parti une
dimension nationale et une intégration de plus en plus profonde
au sein de la société libanaise. Les auteurs font d’ailleurs une
distinction entre les mouvements islamistes transnationaux, qui
veulent faire la guerre à tous les régimes non islamistes, et
ceux qui s’inscrivent dans une stratégie. Comme le Hamas et d’autres,
le Hezbollah fait partie des seconds, et dans ce livre, c’est
une vision de la situation régionale et internationale, à travers
le prisme du Hezbollah et en suivant sa propre évolution, que
racontent les auteurs. Mais pourquoi écrire un tel livre aujourd’hui
? Walid Charara et Frédéric Domont sont d’accord pour préciser
que le point de départ de l’aventure de ce livre a été les attentats
du 11 septembre 2001 aux États-Unis. C’est d’ailleurs ce jour-là
qu’ils se sont rencontrés chez un ami commun, et en commentant
la situation, ils se sont rendu compte que bien que venant d’horizons
différents, ils étaient tous deux hostiles à la théorie du choc
des civilisations et avaient un peu les mêmes peurs et appréhensions.
Walid Charara raconte que « Frédéric a eu l’idée de faire un tour
dans la banlieue sud (de Beyrouth) pour y recueillir les impressions
de la population là-bas sur les attentats, et je lui ai présenté
un vieux militant originaire du village de Hounine au Sud, détruit
par les Israéliens en 1948. Cet homme, qui avait fait ses études
dans une école chrétienne et qui avait milité dans les rangs de
la gauche, est devenu islamiste dans les années 70. Sa trajectoire
est donc emblématique ». « Cette histoire a été le déclic du livre,
ajoute Frédéric Domont. Nous avons pensé qu’il était important de faire entendre cette
voix et de montrer les différences fondamentales entre le discours
islamiste et celui qui s’articule autour d’enjeux stratégiques
pas nécessairement religieux.
Personnellement, je rejetais déjà la théorie du choc des civilisations
et j’avais déjà un regard différent sur ce qui se passait, considérant
que le problème était politique et non religieux. J’ai donc voulu
faire ce livre. » Cet ouvrage, qui est plus qu’un document, un
regard croisé entre (pardon pour les clichés) l’Européen et l’Arabe
musulman, est aussi le fruit d’un cheminement interne de chacun
des deux autres. Interrogés, tous deux refusent de dire qui a
fait le plus grand pas vers l’autre, mais sont ravis de voir qu’ils
se sont retrouvés d’accord sur un même refus des idées reçues
et des préjugés, et sur une vision globale de la situation régionale
et internationale. Si Walid Charara a des idées claires et des
convictions évidentes, Frédéric Domont est plus nuancé. Pour lui,
le souci principal est d’essayer de comprendre, et c’est en ce
sens qu’il a fait un effort pour aller vers les autres. « Nous
n’invitons pas le lecteur à adhérer à nos thèses, déclare-t-il.
Mais nous espérons qu’il essaiera, comme nous, de comprendre.
Nous lui offrons une autre lecture des faits, et nous espérons
que nos pensées convergentes puissent servir de pont entre les
conceptions du monde. »
De longues discussions et quelques compromis
Comment peut-on écrire un tel livre à deux ? « Nous avons d’abord
réfléchi ensemble, répondent-ils en même temps. Nous avons ensuite
écrit chacun de notre côté, en nous relisant ensemble. Il y a
eu de longues discussions et quelques compromis, mais pas vraiment
de grandes concessions de part et d’autre, puisque la thèse centrale
est commune. » À travers un rapide historique de la situation
au Liban et dans la région, les auteurs retracent les circonstances
qui ont vu la naissance du Hezbollah. Ils rapportent même une
phrase étonnante du secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah,
dans laquelle celui-ci affirme que « sans l’invasion israélienne
de 1982, le Hezbollah n’aurait sans doute pas existé ». Autrement
dit, et les auteurs l’expliquent très clairement, la dimension
de la libération nationale est plus importante dans l’idéologie
du Hezbollah que les concepts purement religieux. Et cette formation,
qui, dans l’inconscient collectif, aurait été la création des
services iraniens, dans un souci d’exporter la révolution islamique
toute récente, serait en fait une formation bien ancrée dans la
société libanaise, notamment au Sud qui, depuis 1948, n’a cessé
de subir les agressions israéliennes et en particulier dans le
fief chiite de Jabal Amel. Le concept peut paraître révolutionnaire.
Il devient surtout cohérent et convaincant au fil des chapitres.
Mais n’y a-t-il pas un risque que cet ouvrage ne soit perçu comme
une plaidoirie en faveur du Hezbollah ? « Notre objectif, répond
Walid Charara, n’était pas de rendre service au Hezbollah. Ce
livre n’est nullement un “ouvrage autorisé”, comme on dit. Mais
nous voulions faire connaître aux lecteurs un des principaux acteurs
de la scène régionale. Tout comme nous voulions replacer le conflit
régional dans son vrai cadre : il y a un État hégémonique et des
populations qui tentent de lutter contre cette hégémonie. Nous
voulions insister sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une guerre
de religion. Quant au Hezbollah, il n’est absolument pas intervenu
dans l’ouvrage.
Nous avons rencontré certains de ses membres, que nous citons
dans le livre. Mais ils n’ont rien à voir avec lui. » À contre-courant de l’idéologie dominante
Frédéric Domont aussi confirme que ce n’est pas un livre engagé.
« C’est vrai qu’il s’inscrit à contre-courant de l’idéologie dominante,
avec tout l’héritage de préjugés et de stéréotypes, et la caricaturisation
abusive que l’on fait actuellement du monde arabe. Nous avons
voulu, à travers le cas d’école qu’est le Hezbollah, donner une
autre lecture de ce qui se passe dans la région. Mais même avec
notre vision, nous pensons être capables de recul et surtout,
nous avons essayé de faire un travail honnête. » L’ouvrage décortique
en effet toute la logique du Hezbollah, ses racines idéologiques,
sa naissance, son évolution, la notion de kamikaze, la dimension
nationale de sa stratégie, ses efforts médiatiques et la création
d’al-Manar, son rôle dans le système politique libanais, sa vision
de la situation en Palestine et ses liens avec les organisations
palestiniennes, ses relations avec l’Iran et la Syrie, etc. C’est
un véritable document, qui se lit en plus comme un roman. Et pour
bien montrer au lecteur qu’il s’agit d’un ouvrage profond, à la
hauteur des défis qui se posent aujourd’hui aux intellectuels,
il commence par deux citations, l’une de l’imam Ali, l’autre de
Chamfort, un des grands penseurs de la Révolution française. Une
fois de plus, c’est la preuve que l’Orient et l’Occident peuvent
se rencontrer, voire s’entendre. C’est donc un merveilleux message
d’espoir par le dialogue que nous offrent deux auteurs qui ont
choisi de se lancer ensemble dans l’aventure.
Scarlett HADDAD
Un livre passe au crible
la problématique du Hezbollah Dépêche AFP | 01.11.04 |reprise par Le Monde:
Sous le titre "Le Hezbollah, un mouvement islamo-nationaliste",
deux journalistes Walid Charara et Frédéric Domont exposent dans
un livre présenté au salon du livre de Beyrouth, la problématique
de ce mouvement dans le collimateur de Washington, et s'interrogent
sur son avenir.L'ouvrage, qui se veut selon ses auteurs, "à l'intersection
de l'enquête journalistique et de l'analyse politique" décrit
sur près d'un quart de siècle "la faculté d'adaptation de cette
formation politico-militaire aux modifications des rapports de
force sur la scène proche-orientale".Faculté due, selon eux, à
l'originalité de ce parti qui en fait un "cas d'école dans la
mouvance islamique".Née dans la foulée de l'invasion israélienne
du Liban en 1982, parrainé dès le départ par les gardiens de la
révolution iraniens, le Hezbollah prend "le relais des combattants
palestiniens expulsés par Israël" et de la gauche libanaise brisée
par l'installation au Liban d'un pouvoir pro-américain.Très vite
le Hezbollah joue les rassembleurs. Bien que d'inspiration iranienne,
il tourne le dos dès 1985 au projet de "construction d'une société
islamique et s'adapte à la diversité religieuse et politique du
Liban" et limite son action à "la lutte contre l'occupation israélienne
du Liban", même s'il sert souvent de caisse de résonance à Téhéran
et à Damas, ses deux soutiens régionaux.Sans trancher l'épineux
sujet de ses relations avec les preneurs d'otages occidentaux,
le livre verse au dossier les dénégations du Hezbollah et en contre-partie
des témoignages de poids comme celui d'Alain Chouet, ancien chef
de la DGSE, le contre-espionnage français.Une fois ce dossier
réglé en 1989, "le Hezbollah s'adapte à la nouvelle donne créée
par la fin de la guerre civile libanaise" en 1990.En 1996, alors
que les accords d'Oslo ont reçu un coup dur avec l'assassinat
un an auparavant d'Itzhak Rabin, "le Hezbollah résistera avec
succès à la tentative israélienne de détruire son infrastructure
militaire".Après les attentats du 11 septembre, les Etats-Unis
emboîtent le pas aux Israéliens. Le Hezbollah est placé sur la
liste américaine des organisations terroristes.Le Hezbollah se
retrouve depuis 2 septembre dans le collimateur du Conseil de
sécurité de l'Onu, dont la résolution 1559 d'inspiration franco-américaine,
exige le désarmement.Est-ce la fin de Hezbollah comme mouvement
armé, ou "pourra-t-il encore une fois s'adapter" à la convergence
franco-américain sur le dossier libanais, la nouvelle donne crée
par les attentats du 11 septembre et l'intervention militaire
américaine en Irak ? Telles sont les questions pour le moment
sans réponse posées par les auteurs