LibanVision,
le regard de la Francophonie Libanaise... Le
Liban est un pays francophone bien singulier.
Au Liban, le Français est plus une langue seconde qu'une langue étrangère
et s'utilise en priorité comme une langue de culture. Les libanais
sont souvent trilingues et adaptent ainsi leur pratique de la langue en
fonction des circonstances.
La francophonie au Liban apparait souvent en retrait sur le web mais démontre
néanmoins une belle diversité et une certaine vigueur que
LibanVision a pour objectif de structurer pour en faciliter l'accès
et l'usage.
LibanVision a pour objectif d'être à la fois un portail et
un observatoire des acteurs de la francophonie libanaise au Liban, en France
et dans le monde avec la mission de contribuer à sa vitalité
et sa pérénnité."Pour
que vive la francophonie libanaise!"
LibanVision.com
Votre
Portail et lien privilégié avec le Liban
francophone et 1er observatoire en ligne de la francophonie
libanaise au Liban et dans le monde. Email
- courriel en français: contact@libanvision.com
Le
20 mars, journée internationale de la francophonie
marque le pic du mois de la francophonie célébré
au Liban:
à cette occasion le site Ici
Beyrouth est allé à la rencontre de Libanais
francophones et francophiles attachés à la
langue et la culture françaises.
Parce
ce qu'observer sert parfois à débusquer des
anomalies choquantes dans la défense de la francophonie
au Liban surtout quand les acteurs, censés la défendre
et payés pour cela, agissent à contre sens
et l'affaiblissent de façon assez irresponsable comme
en témoigne cette affiche éditée au
printemps 2023 dans le cadre de la "fête
de la musique" dont ce seul terme semble résonner
(ou raisonner?) comme le dernier vestige de la langue française
lorsqu'il s'agit de chercher à Beyrouth et ailleurs
des artistes et nouveaux talents prêts à y
performer...
Reste à se consoler en se disant que ces pourfendeurs
ne sont pas libanais mais bien plus souvent français!
L'affiche
de la honte ou de la capitulation?
Quand on vante le caractère
francophone et multilingue du Liban, n'est-ce pas
mieux de le respecter?
A loccasion
de la Fête de la Musique de Juin 2023, lInstitut
français du Liban et ses partenaires offrent
la chance aux jeunes artistes libanais(es) de jouer
en live sur une scène tremplin exceptionnelle.
La cause est certes noble mais le choix linguistique
de cet appel en dit long sur l'état d'esprit
désormais insufflé par l'actuelle
diplomatie française pour défendre
les valeurs et la culture francophones. Que l'on
ne nous serve pas la "soupe" du plurilinguisme
ou de la dimension multiculturelle du Liban. La
jeunesse libanaise est d'abord arabophone et le
choix fait ici est clairement celui de la facilité,
du moindre effort ou de la perversité.
Plus que la honte et la capitulation, cela ressemble
davantage à une trahison. Reconnaissons que
ces trois mots ont eu un sens et une cohérence...
Dont acte!
Vous
avez aimé "CHOOSE FRANCE" à
Versailles?
Vous allez adorer le "France
Alumni Day" du 24 Mai 2023 à Beyrouth
Servir
la France ou la Macronie au Liban, that is the question! Promouvoir
l'attractivité de la France est louable et
nécessaire, encore faut-il le faire dans
le respect de soi-même et avec une certaine
"idée de la France"...
Entré en 2017 dans le Petit Robert mais seulement
en 2022 dans le Larousse, le mot Alumni, issu du
latin signifiant "élève ou disciple"
est défini par ces dictionnaires de référence
de la langue française, comme un anglicisme
puisqu'il désigne dans le monde contemporain
et originellement anglo-saxon un ancien élève
diplomé de grande école ou d'université
américaine.
Encore peu usité dans l'univers francophone
au tout début de notre siècle, il
s'est imposé progressivement au sein des
réseaux académiques pour finir par
être reconnu: nous ne laisserons donc pas
pièger sur ce seul mot en entrant dans une
nouvelle polémique d'usage ou de respect
de la langue française, notamment au Liban.
Nous avons trouvé particulièrement
tendre et savoureux que la rédactrice d'un
article
du journal L'Orient Le Jour sur l'évènement
prévu le 24 mai 2023 qualifie sa rubrique
de "réseautage" lorsque, dans son
entretien avec la conseillère de coopération
et d'action culturelle de l'ambassade de France,
cette dernière présente ledit évènement
comme un "afterwork" ou que sur l'affiche
de promotion (voir ci-dessus), le public est invité
à un apéro time! Mais que dire lorsque
cet évènement lui-même est intitulé
FRANCE ALUMNIDAY?
Cette fois, pas de doute, nous assistons à
une sortie de route par rapport au dictionnaire
et à un choix délibéré
qui sort de l'usage quotidien pour revendiquer une
portée politique. Au-delà du terme,
c'est même l'expression qui s'aligne sur une
syntaxe américaine!
Cet "Alumniday" est digne d'entrer au
Panthéon de "l'anglo-canonisation"
de la culture française. Sommes-nous encore
à l'institut français du Liban ou
plutôt dans l'espace de la Macronie au Liban
qui se croit autorisée à toutes ces
dérives en usant du cadre d'une ambassade
que ses bâtisseurs ont pensée, il y
a à peine vingt ans, dans le respect d'un
pays et d'une culture?
Ce
printemps 2023 semble
marquer un moment d'accélération dans
la profanation certaine de la mission de représentation
culturelle au moment même ou la politique
du président Macron au Liban interroge beaucoup
d'observateurs tant français que libanais.
Cet enchainement de style dans la communication
d'évènements, certes très valables
et utiles sur le fond mais catastrophiques ou provocateurs
dans la forme, est particulièrement troublant
et sans doute inquiétant s'il devait ouvrir
la voie à quatre autres années de
la même veine.
Ne nous y trompons pas, du "Choose France"
de Versailles le 14 mai à cet "Alumniday"
de Beyrouth le 24 Mai, le cheminement et la cohérence
macronistes sont bien là et démontrent
qu'il s'agit bien d'un choix politique et réfléchi
de gangrénage en réseau, d'une mise
en danger de l'influence de la France et de la francophonie
auxquelles les libanais sont cependant tant attachés.
Puissent les représentants de la France en
être conscients et rester en mesure de corriger
le tir à moins qu'ils aient opté pour
l'asservissement volontaire et l'abandon de leur
liberté!
JM Druart - LibanVision
Francophonie
au Liban
Ce groupe Facebook fondé
en 2011 a pour but de regrouper des libanais francophones
vivant au Liban comme toute personne attachée
à la francophonie au Liban.
Il diffuse ainsi des informations illustrant le
dynamisme de cette francophonie libanaise, suit
les évènements culturels ou sociaux
en rapport avec elle et relaie des articles de presse
qui lui sont liés.
Au Liban,
la francophonie scolaire se laisse distancer par
l'anglais
Qu'il semble loin le temps
ou le français représentait encore
plus de deux tiers des effectifs scolarisés
au pays du cèdre. Et pourtant, nous n'étions
encore qu'au milieu des années 1990, à
la sortie de la guerre.
Depuis le recul a été
linéaire et malgré les louables efforts
des diverses institutions dont certaines ont bien
tardé à prendre la mesure de la vitesse
du phénomène, le croisement des courbes
a eu lieu à la rentrée 2019-2020 selon
les statistiques officielles du Centre de recherche
et de développement pédagogique (CRDP).
Face à ce reflux, l'argument du trilinguisme
est brandi comme solution pour contenir la régression
de la langue française car pour les jeunes
Libanais, il constitue un atout demployabilité
à ne pas négliger. Mais il n'est pas
certain que cela soit suffisant pour les convaincre,
eux comme leurs parents, notamment lorsqu'on prend
en compte une crise économique plus que sévère
qui éloigne certaines familles qui y étaient
prédisposées de la possibilité
d'un choix considéré aujourd'hui comme
un luxe.
Lorsqu'une famille a le projet de sinstaller
à létranger dans un avenir proche,
la décision de privilégier langlais
comme première langue denseignement
en milieu scolaire nest plus une exception
au pays du Cèdre. Elle illustre, au contraire,
une tendance qui se précise depuis plusieurs
décennies déjà, faisant de
langlais la langue denseignement du
plus grand nombre délèves désormais,
sachant que les matières scientifiques sont
enseignées en langue étrangère.
De plus, la probabilité d'émigrer
dans un pays anglophone reste supérieure
à celle de partir dans un pays membre de
la francophonie.
Selon les
statistiques de lannée scolaire
2020-2021 du CRDP rattaché au ministère
de lÉducation et de lEnseignement
supérieur, le nombre deffectifs dans
lenseignement anglophone a atteint 533 279
élèves, contre 520 677 dans lenseignement
francophone, sur un total de 1 053 956. Cela représente
50,6 % délèves dans le système
anglophone, contre 49,4 % pour son alter ego francophone.
Une réalité qui inverse la donne,
dans un pays au système éducatif traditionnellement
francophone. « Depuis trois ans déjà,
les élèves anglophones sont plus nombreux
que les élèves francophones, analyse
le statisticien senior au CRDP, Raymond Bou Nader.
Linversion sest
concrétisée au début de lannée
scolaire 2019-2020. » Elle est le résultat
« dune baisse progressive du nombre
deffectifs dans lenseignement francophone
au fil des années ».
Même constat à
lambassade de France. Selon Henri de
Rohan-Csermak, conseiller adjoint de coopération
et daction culturelle chargé de lenseignement
du français, également inspecteur
général de léducation,
du sport et de la recherche, « la francophonie
scolaire est effectivement en baisse régulière
au Liban depuis un certain temps, face à
langlais en hausse ». Et pourtant, le
paysage éducatif compte toujours «
davantage détablissements privilégiant
le français » (43,56 %, contre 33,91
% langlais, NDLR). « Cest dans
les classes maternelles que la baisse du français
a été particulièrement observée,
remarque le conseiller adjoint. Mais il faut aussi
compter avec la crise économique locale et
la pandémie de Covid-19 qui a vu un recul
mondial de lâge de la scolarisation.
»
Sur le territoire,
quelques tendances basées sur des données
chiffrées se précisent : le Nord est
encore largement francophone, le Sud et Nabatiyé
anglophones, et la capitale et ses environs trilingues.
Le pays compte à ce titre 22,53 % détablissements
qui accordent autant dimportance à
langlais quau français comme
première langue étrangère.
Le changement est, de plus, davantage perceptible
à lécole privée que dans
le public, où 207 000 élèves
apprennent encore le français comme première
langue étrangère et presque 178 000
langlais. « Le secteur public est incapable
de se réformer et ses enseignants sont largement
francophones, dans un contexte de crise inédite
et de gel des embauches », observe Lama Tawil,
présidente de lUnion des parents délèves
et des comités de parents des écoles
privées du Liban.
Un changement amorcé dans les années
90 Loin dêtre
une surprise, la baisse des effectifs dans lenseignement
francophone est le signe que langlais sest
imposé internationalement comme langue de
la mondialisation, de la technologie et des affaires,
de linsertion professionnelle et de la mobilité
sociale. « Dès les années 90,
la mondialisation avec pour langue langlais
a renforcé la tendance à linternational
», constate le professeur en sciences éducatives
Adnane el-Amine. Au Liban, le changement a été
amorcé bien avant cela, lorsque, dans les
années 80, est édifiée lUniversité
Notre-Dame (NDU), première université
maronite anglophone. « La création
de cette université (après celle de
Balamand relevant de lÉglise orthodoxe)
a provoqué un tollé, car cétait
la première fois que lÉglise
maronite, connue pour son attachement traditionnel
à la francophonie, se tournait vers un enseignement
supérieur anglophone », se souvient
le chercheur. Et qui plus est, dans le fief maronite
du Kesrouan. « Moins chère »
que lUniversité américaine de
Beyrouth, « plus proche géographiquement
» pour les étudiants de la région,
évoluant « dans le giron de lÉglise
», la NDU attire alors. « Cest
le début de la popularité de langlais
au Liban. Un changement sociétal aussitôt
répercuté dans les nouveaux programmes
scolaires de 1997 », observe le professeur
Amine. « À compter de cette date, le
Liban compte deux premières langues étrangères,
et non plus le français exclusivement »,
affirme-t-il. Leffet domino est garanti.
La crise syrienne et lafflux
de réfugiés au Liban dès
2011 ont renforcé lengouement pour
langlais comme première langue étrangère
denseignement. « Nous avons été
confrontés à une demande record
des déplacés syriens pour langlais
scolaire, observe le directeur général
du ministère de lÉducation,
Fady Yarak. Pour ces élèves essentiellement
arabophones, il a donc fallu faire le choix de
langlais, en tenant compte par la même
occasion de laccès plus aisé
aux universités anglophones. » Le rapport dEuromena
Consulting de septembre 2021 sur « lAccompagnement
des écoles privées francophones
du Liban dans la transition de leur modèle
économique » décrit bien la
réalité. Initié par lambassade
de France et lAgence française de
développement (AFD) dans le cadre du soutien
du gouvernement français au Liban, il évoque
« lérosion dune éducation
francophone perçue comme moins attractive
que léducation anglophone ».
La crise locale économique, financière
et sanitaire, à laquelle est venue se superposer
la double explosion au port de Beyrouth, a «
aggravé la tendance », faisant de
« léducation francophone privée
un produit de luxe », analyse-t-il. À
titre de comparaison avec les années de
gloire, lenseignement francophone comptait
557 000 élèves en 2016-2017, contre
508 257 pour lenseignement anglophone, selon
le CRDP. « Sajoutent à ces
facteurs, qui nuisent au maintien de la langue
française scolaire, le manque de ressources
de qualité en français sur le net,
des pratiques pédagogiques qui mériteraient
dêtre actualisées, et la représentation
négative que les gens se font de la langue
française », commente Cécile
Saint-Martin, attachée de coopération
éducative près lambassade
de France, évoquant une langue française
dépeinte comme « langue de la culture,
qui fait peur car on croit quelle exige
un bien-parler, face à une langue anglaise
décrite comme langue de la technologie,
de linsertion professionnelle »
Manque de vision, crise, erreur stratégique
Labsence de vision
étatique nest pas étrangère
au recul de la francophonie scolaire au pays du
Cèdre. Montrés du doigt, le manque
de politique linguistique officielle, la grande
fragmentation dun système éducatif
basé sur linitiative privée
et cette dichotomie entre un monde scolaire majoritairement
francophone jusque-là, et un enseignement
supérieur largement anglophone. «
Il nexiste pas de politique linguistique
officielle. Lenseignement est plutôt
basé sur loffre que sur la demande
», regrette Maysoon Chehab, experte en éducation
auprès de lUnesco, espérant
voir la question linguistique figurer dans la
réforme annoncée de léducation.
« Face à ce vide, les parents orientent
leur choix scolaire en fonction des universités,
largement anglophones dans le pays », relève-t-elle.
Se superpose aussi « la problématique
de choc de crise que subit le système éducatif
libanais », souligne le directeur régional
de lAgence universitaire de la francophonie
(AUF), Jean-Noël Baléo. Une crise
qui, espère-t-il, « ne sacrifiera
pas latout linguistique des Libanais, leur
trilinguisme ».
Également critiquée pour son manque
dagressivité, la politique française
de soutien à léducation au
Liban, qui a privilégié les
établissements privés à programme
français, au détriment de léducation
de masse. « La France a commis une erreur
stratégique », regrette un expert
de léducation sous couvert danonymat.
« Elle a largement investi dans le soutien
aux écoles francophones homologuées
qui scolarisent lélite. Mais elle
na pas pesé de tout son poids sur
la masse qui suit le programme libanais, à
lécole publique ou dans le privé
francophone de moindre envergure », explique-t-il.
Selon le spécialiste, « lHexagone
aurait dû élargir sa zone de travail
et se positionner sur le territoire des autres
». Il reconnaît toutefois «
un revirement de la politique française,
depuis quelques années, à linitiative
du président Macron ».
Concurrence et avancée
anglo-saxonnes
À cette réalité,
soppose le dynamisme anglo-saxon pour soutenir
un secteur éducatif terrassé par
les crises et renforcer langlais à
lécole, luniversité
ou auprès des populations. Celui des chancelleries
américaine et britannique, et des organismes
humanitaires et culturels de leurs États
respectifs, lAgence américaine pour
le développement (USAID) pour la première,
le British Council pour la seconde.
Côté américain,
les aides se calculent en centaines de millions
de dollars. Diversifiées, adressées
à la fois aux secteurs public et privé,
elles sinscrivent dans la formation denseignants,
lalphabétisation, laide humanitaire,
lapprentissage intensif de langlais,
loctroi de bourses scolaires et universitaires.
Avec pour particularité dattirer
les élèves arabophones et francophones.
« Notre priorité est de promouvoir
langlais », souligne à LOrient-Le
Jour la directrice des relations publiques à
lambassade des États-Unis, Kristina
Hayden. Les investissements américains
touchent donc davantage le nord du pays, majoritairement
francophone, que le Sud, déjà largement
anglophone. « Nos programmes sont essentiellement
destinés aux élèves des établissements
francophones et arabophones, mais pas dans un
esprit de compétition avec les autres langues
», précise la diplomate. Pas question
pour autant dinfluencer le système
en vigueur, ni de le changer. « Nous ne
cherchons pas à passer au système
anglais denseignement, mais soutenons le
système éducatif en vigueur, en
coordination avec le ministère de lÉducation
», assure Mme Hayden.
Côté britannique,
même engagement pour soutenir le système
éducatif local, concrétisé
notamment par des formations professionnelles
continues aux enseignants et chefs détablissement
ou la préparation des écoles publiques
à la scolarisation des petits réfugiés
syriens. Le Royaume-Uni met aussi laccent
sur « les compétences du XXIe siècle
à lécole », le soutien
à la pensée critique, à la
créativité, à la citoyenneté,
à lalphabétisation, au leadership,
à lenseignement à distance.
Cest de plus dans la langue de Shakespeare
que se concrétise lappui de Londres
« aux communautés vulnérables,
aux enfants libanais et syriens », souligne
le directeur du British Council, David Knox. Et
pour encourager les établissements scolaires
à adopter une dimension internationale,
« la norme de qualité International
School Award (ISA) » est désormais
instaurée. De même, le réseau
de professeurs danglais du Liban figure
« parmi les plus actifs de la région
MENA ». Il faut dire que le British Council
sintéresse de près à
« lapprentissage des langues depuis
plus de 20 ans ». À lissue
dune étude récente sur lavenir
de langlais, M. Knox révèle
la réflexion engagée par des experts
locaux « pour une circulation encore plus
importante » de cette langue considérée
comme une « compétence-clé
pour le travail et/ou la migration ».
Des notes
d'optimisme tout de même...
Le bac français séduit toujours Une chose est sûre.
Le pays du Cèdre nest pas près
pour autant de se départir de lenseignement
en français. Sa communauté francophone
y veille jalousement, brandissant lavantage
dont elle tire fierté par rapport aux anglophones
: son trilinguisme. « Mes enfants étaient
scolarisés au collège anglophone Saint
oseph School. Je les ai récemment transférés
au système français, au Grand Lycée
franco-libanais de Beyrouth. Nous voulions, mon
épouse et moi, leur donner la chance que
nous avons eue de baigner dans la culture française
et dêtre trilingues . » Le témoignage
de ce père de famille, Halim A., résume
lattachement des familles libanaises francophones
à un système scolaire qui leur apporte
ce sentiment dappartenance et louverture
véhiculée par la langue de Molière.
Pour avoir vécu une dizaine dannées
dans le Golfe, Halim et son épouse avaient
dabord été tentés par
le système anglophone. « Nous avons
rapidement regretté notre choix et fait le
nécessaire », avoue Halim.
Un solide réseau d'établissements
enseignant en français Au sein des institutions
éducatives, lattachement au français
est tout aussi prégnant, mené par
un souci de reconnaissance de qualité. Avec
quelques réajustements, toutefois, en faveur
de langlais. Face à un bac libanais
perçu comme obsolète et un IB peu
répandu et particulièrement coûteux,
le bac français comme diplôme de fin
détudes scolaires continue de séduire.
Pour laccès à un enseignement
supérieur de qualité, il est vu comme
une valeur sûre. « Nos établissements,
qui scolarisent 14 000 élèves, sont
à 80 % francophones. Et dès lannée
prochaine, nous proposons le bac français
à une partie de nos élèves
», révèle soeur Bassima Khoury,
directrice du bureau pédagogique des surs
Antonines et directrice du Collège des surs
Antonines de Roumié. Mais pour répondre
à une demande importante, « langlais
occupe une place de choix dans lemploi du
temps des élèves, 5 à 6 heures
par semaine, dès les petites classes »,
précise-t-elle. Une façon pour la
responsable de revendiquer à la fois le trilinguisme
et lengagement de ses établissements
sur la voie de lhomologation avec le soutien
de lambassade de France. Un soutien de dizaines
de millions deuros à léchelle
nationale, qui na cessé daugmenter
depuis laggravation de la crise, face à
la baisse du pouvoir dachat des familles,
la double explosion au port de Beyrouth, la pandémie
de Covid-19. « Depuis notre homologation,
nous nous sentons constamment soutenus par la France,
financièrement et au niveau de la formation
denseignants notamment », salue la responsable.
« En labsence de stratégie étatique
pour léducation, ce soutien est très
important », insiste-t-elle.
Cest dans ce cadre
que le réseau de lenseignement français
au Liban poursuit son ascension. « Avec
56 établissements, dont celui de Damas,
le réseau scolaire français compte
aujourdhui 60 000 élèves au
Liban, soit 20 000 de plus quen 2011 »,
souligne Henri de Rohan-Csermak. Preuve du «
dynamisme de ce réseau exceptionnel, le
plus important dans le monde, sept nouvelles demandes
dhomologation ont été récemment
formulées », affirme le conseiller
culturel adjoint. Pour la France, qui soutient
institutions et élèves durement
touchés par la crise financière,
« cet enseignement est essentiel ».
Le rapport Euromena rappelle à ce titre
que « le secteur éducatif privé
du Liban, qui scolarise 68 % des élèves,
offre quasiment un service public ». Le
défi qui se pose désormais est la
viabilité économique et financière
des établissements francophones privés
du Liban, dans un contexte deffondrement
de la monnaie locale. Doù la nécessité,
selon Euromena, « dobtenir des financements
alternatifs, doptimiser les revenus, de
réduire les coûts et de promouvoir
le trilinguisme ». « Dans la concurrence
entre langlais et le français, le
trilinguisme est un atout », relève
M. de Rohan-Csermak.
Le trilinguisme, atout
des Libanais
Nettement moins solide
malgré des programmes de labellisation
et de certification, la francophonie de masse
est aujourdhui la source principale dinquiétude
face à la hausse de popularité de
langlais scolaire. Sauf que les autorités
libanaises se veulent rassurantes. « La
demande pour langlais est certes très
importante. Mais la politique officielle vise
à maintenir léquilibre entre
le français et langlais »,
tempère Fady Yarak, évoquant des
raisons à la fois politiques et économiques,
ajoutées au nombre insuffisant denseignants
en anglais. « Le plurilinguisme est au cur
de la politique linguistique du ministère,
décrite dans le plan quinquennal »,
promet le directeur général, rappelant
quil est aisé pour les élèves
francophones de poursuivre des études supérieures
en anglais, le contraire nétant pas
évident.
Quel avenir dans ce cadre
pour le français scolaire au Liban ? «
Le français fait partie de notre réalité,
de notre histoire, de notre capital linguistique.
À moins dune décision politique
dangliciser totalement léducation,
il continuera dexister au pays du Cèdre
», soutient Adnane el-Amine. « Le
français nest pas quune langue.
Il fait partie de lidentité libanaise,
de la façon de penser et de concevoir le
monde. Et puis, la majorité des chefs détablissement
sont francophones », renchérit Léon
Lilzi, directeur du Collège patriarcal
de Raboué.
Émerge alors une
réflexion française pour le maintien,
voire la dynamisation du français scolaire
au Liban, forte dune conviction que lécole
publique du Liban ne va pas abandonner le français.
« Nous imaginons un dispositif de coopération
renouvelé en contexte postcrise qui nen
est encore quà ses prémices
», révèle Cécile Saint-Martin.
Face à la problématique actuelle
liée aux budgets scolaires et aux difficultés
logistiques, Paris souhaite apporter sa contribution
« au système dans son ensemble »,
et « accompagner le mouvement de sortie
de crise ». Outre la promotion du plurilinguisme
qui constitue « la force des Libanais »,
laccent est de plus mis sur le développement
de plateformes numériques (telles le groupement
EdInnov) destinées à doter
lenvironnement éducatif francophone
de ressources de qualité. Limage
de la langue française est également
au cur du débat : « La langue
française se vit aussi indéniablement,
comme celle de la mobilité sociale, de
linsertion professionnelle, de la technologie,
des sciences et des affaires », martèle
Mme Saint-Martin.
La situation est complexe,
au point de dépasser le contexte scolaire.
Elle représente aujourdhui un enjeu
pour lemployabilité de la jeunesse
libanaise dans le monde. « Par rapport aux
jeunes de la région, les Libanais ont toujours
eu lavantage dêtre trilingues
et davoir la capacité de se mouvoir
dans les trois systèmes, libanais, arabe
et occidental, observe Jean-Noël Baléo.
Si le Liban perdait cette singularité,
rien ne distinguerait alors un jeune Libanais
dun autre jeune dans le monde. » Doù
la nécessité de préserver
cet atout, de « soutenir le secteur éducatif
public » et dengager « des efforts
de massification » du français.
Article du 16
décembre 2021 en collaboration avec le CRDP
et
la journaliste de l'Orient Le Jour Anne-Marie El-Hage
La place
de la langue française au Liban
vue par France 24 (Octobre 2020)
Communication
du 20 Aout 2020
Réunion entre S.E.M. Charbel Wehbe, Ministre
des Affaires étrangères et des Emigrés
et S.E.M. Jean-Baptiste LEMOYNE, Secrétaire
d'Etat auprès du Ministre de l'Europe et
des Affaires étrangères, Chargé
du Tourisme, des Français de l'étranger
et de la Francophonie.
FRANCOPHONIE
1. La Francophonie a exprimé sa solidarité
avec le Liban:
Louise Mushikiwabo,
Secrétaire générale de la Francophonie,
s'est entretenue lundi 20 juillet avec Michel Aoun,
Président de la République du Liban,
au sujet de la crise financière, économique,
politique et sociale que traverse ce pays. L'échange
a notamment porté sur la dégradation
dramatique des conditions de vie des populations,
alors que le Liban fait également face à
la pandémie de covid-19 ainsi qu'à
une situation humanitaire particulièrement
difficile avec l'accueil de près d'1,7 million
de réfugiés et déplacés
sur son territoire. La Secrétaire générale
a exprimé au Président Aoun la pleine
solidarité de la famille francophone au peuple
libanais, qui porte la langue française et
les valeurs universelles de la Francophonie au Moyen-Orient.
Elle a marqué sa disponibilité à
participer aux efforts de mobilisation internationale,
notamment dans le domaine de l'éducation,
secteur qui est particulièrement touché
par cette crise majeure et qui revêt un caractère
stratégique pour le redressement du pays.
2. Renouvellement du Pacte Linguistique signé
entre le Liban et l'OIF en 2010
Le Pacte renouvelé
vise à renforcer davantage la présence
de la langue française au Liban qui fait
partie intégrante de l'identité culturelle
libanaise et véhicule les valeurs de la Francophonie.
Le Liban accorde une importance particulière
à la signature du Pacte Linguistique avec
l'OIF prévue bientôt. Ce pacte forme
le cadre à partir duquel nous pourrons renforcer
la coopération et traduire le support offert
au Liban.
Le pacte propose trois axes prioritaires :
o L'éducation ;
o Les médias ;
o L'entreprenariat des jeunes et des femmes. Et
suite à la pandémie Covid-19 et l'explosion
du 4 août 2020, des consultations entre l'OIF
et les partenaires libanais ont été
organisées et ont fait ressortir l'urgence
d'un nouvel axe : le Numérique qui devrait
s'intégrer au Pacte renouvelé.
Le Numérique
L'enseignement numérique devient incontournable.
Il suppose des urgences en :
- Formation à distance (cadres, conseillers
et surtout enseignants) dans les deux secteurs :
public et privé, et aux deux niveaux : scolaire
et universitaire.
- Matériels informatiques divers ;
- Matériels pédagogiques : manuels
et documents divers numérisés.
3. Bureau régional
de l'OIF Le sommet
d'EREVAN a décidé d'ouvrir un Bureau
Régional de l'OIF à Beyrouth, vu l'engagement
dynamique du Liban dans la francophonie ( utilisation
du français, respect des valeurs véhiculées
par le français dont notamment : la liberté
d'expression, le dialogue, l'égalité
entre l'Homme et la Femme et le respect des différences)
et vu la montée de l'appel du français
dans les pays du Golfe et en Iran (candidature de
l'Arabie Saoudite à l'OIF ; déjà
membres : le Qatar et les Emirats unis ; Extension
de l'AUF dans les universités : autour de
80 membres).
L'ouverture est prévue
en 2021. Premier projet à
monter : " L'observatoire du
français au Liban et au Moyen-Orient " Il aura pour mission
de :
1° A court terme : faire un premier état
des lieux du français an Liban et au Moyen-Orient,
en vue de l'élaboration d'une Stratégie
francophone pour la région ;
2° A moyen et long terme : observer de façon
régulière l'état du français,
en vue de nouvelles actions a proposer.
LibanVision
se félicite donc de la traduction politique
et concrète de sa proposition faite depuis
2018: un observatoire institutionnel de la Francophonie
verra le jour courant 2021 au Liban à travers
l'ouverture d'un bureau régional de l'OIF.
Parions que nous pourrons être un partenaire
actif et utile de ce projet!
De
2000 à 2020:
une vraie évolution de la francophonie libanaise
sur près de vingt ans
LibanVision est né
le 26 Octobre 2000. L'idée à l'époque
était de couvrir la préparation et la tenue
du Sommet de la Francophonie de Beyrouth qui devait se tenir
en Octobre 2001.
Les évènements du 11 Septembre ont alors engendré
le report d'une année et le sommet s'est finalement
tenu un an plus tard du 18 au 20 Octobre 2002.
Voilà donc quinze années déjà,
quinze années qui ont connu au Liban comme dans le
monde entier, la généralisation de la téléphonie
mobile, l'accéleration de l'usage de l'internet,
des sites web et plus récemment l'émergence
des réseaux sociaux comme lien de communication.
Dans un pays comme le Liban, ou la francophonie constitue
un attribut spécifique dans le cadre d'un trilinguisme
de facto, il nous est apparu impératif de dresser
un diagnostic de l'évolution de l'usage du français
au Liban et dans les communautés libanaises du monde.
Au-delà
de tous préjugés ou intérêts,
nous ambitionnons de dresser un état objectif de
cette francophonie libanaise sur le web et les réseaux
sociaux comme dans la plupart des domaines ou elle est susceptible
de se pratiquer et donc de s'évaluer.
Nous sommes persuadés que la particularité
du Liban fait que sa Francophonie est un révèlateur,
un enjeu et un symbole de la Francophonie au sens le plus
large.
Comme il existe un usage courant du français bien
particulier au Liban, la mise en place d'une veille continue
sur cet usage qui fait la francophonie libanaise au quotidien
s'impose aussi.
Voilà pourquoi, au-delà du diagnostic, nous
voulons faire de LibanVision la pierre angulaire d'un authentique
Observatoire de la Francophonie Libanaise et en y associant
un certain nombre de personnalités reconnues en la
matière. Notre objectif sera donc de constituer une
force de propositions afin que cette francophonie au Liban
garantisse sa vitalité et sa pérennité
en y associant donc la jeunesse libanaise.
Jean-Michel Druart
Fondateur & directeur
de publication
Vous
avez dit bizarre?
Le Liban est un pays francophone, le français
est une langue de contestation issue de la France
qui incarne les valeurs de la révolution
depuis 1789 mais, étrangement, le français
n'est plus, après l'arabe,
la langue seconde qui exprime la contestation au
Liban en 2019.
La jeunesse libanaise, principal
moteur de la contestation de l'automne 2019
Derrière
ce constat flagrant se profile bien des questions
avec des réponses qui se trouvent aussi en
France, aux Etats-Unis ou ailleurs...
Au moment ou devait se tenir le salon du livre francophone,
la réalité est sévère
mais réelle: le français est en danger
au Liban et risque de vite devenir une langue étrangère
au lieu d'être la langue seconde qu'elle est
depuis plus de 150 ans. Cette révolution
en est le dérangeant révèlateur,
alors même que bien des libanais sont d'ardents
défenseurs du français:
le Liban, certes, concentre les paradoxes mais envoie
aussi des alertes.
La jeunesse libanaise s'affirme comme le principal
moteur de la contestation de l'automne 2019 et veut
inscrire une rupture avec un système politico-confessionnel.
L'observation objective du
déroulement des évènements
inciterait à croire que ceux-ci pourraient
également marquer un tournant dans l'usage
de la langue française dont les valeurs sont
censées épouser les valeurs de la
révolution mais qui est se révèle
très en retrait sur le plan de l'expression
et de la visibilité de la francophonie libanaise.
C'est un indice peut-être bien plus inquiétant
que troublant au moment ou le nombre d'élèves
scolarisés en français au Liban est
en passe de devenir minoritaire alors qu'il était
encore de deux tiers il y a vingt ans. Il doit donc
faire réfléchir tous ceux qui de près
ou de loin oeuvrent pour la francophonie en général
et pour cette francophonie libanaise à laquelle
nous resterons attachés contre vents et marées.
JM Druart
Une
discussion mettant en comparaison les révolutions
française et libanaise se tient en Anglais
à Beyrouth...
Un professeur de civilisations anciennes
et études culturelles, Farid Khoury, animera
une discussion autour de son étude portant
sur les révolutions françaises et
libanaises. Ce débat comparatif va couvrir
le contexte historique, les causes, les caractéristiques
et les résultats des deux révolutions.
Cet événement
se déroulera le Mardi 19 Novembre 2019 à
Home Sweet Home à Mar Mikhael de 18h à
20h et la discussion se fera en anglais.
Il faut être un fin observateur
pour apercevoir ici ou là des pancartes
en Français au cours des manifestations de
la révolution libanaise. Le
Liban a déployé sa thawra, littéralement
sa « révolution », sur lensemble
de son territoire, avec les deux moments très
forts de la chaîne humaine du 27 octobre (où
des dizaines de milliers de femmes et dhommes
se sont donné la main de la frontière
Nord à la frontière Sud du pays) et
du 22 novembre (où la Fête nationale
a été célébrée
dans de formidables rassemblements populaires, marginalisant
les commémorations officielles du pouvoir
en place). Quand ils ne recourent pas à larabe,
les manifestants privilégient des slogans
en anglais, dont ils espèrent la reprise
par les médias étrangers et sur les
réseaux sociaux. Doù la relative
rareté des slogans en langue française,
comme ici, le 19 Octobre 2019 à Beyrouth.
Il faut dire que dans ce contexte particuier, l'usage
d'une langue autre que l'arabe peut évoquer
l'acceptation d'une ingérence étrangère...
Combien de libanais
francophones dans le monde? L'apport réel de la francophonie
libanaise à la francophonie mondiale
Plus de 4 millions de libanais francophones
dans le monde?
Pour tenter de parvenir à une évaluation
aussi réaliste que juste, nous avons effectué
des recoupements entre différentes études
menées par l'OIF (Organistation Internationale de
la Francophonie), les études locales entreprises
par les ambassades de France au sein des principaux pays,
foyers de francophonie et les études spécifiques
sur la diaspora lbanaise dont la plus récente est
celle du journaliste René Naba, réalisée
en 2014.
1/ La francophonie libanaise au Liban:
Il convient en premier lieu de définir
la population réellement libanaise au Liban car il
faut rappeler que le Liban compte actuellement entre 6 et
6,5 millions d'habitants dont plus de 1,5 millions de réfugiés
syriens et palestiniens. Pour notre étude, nous avons
donc évalué la population libanaise du Liban
à 4,5 millions de libanais.
Sur cette population, d'après les enquêtes
les plus récentes et les statistiques du ministère
de l'enseignement, il est réaliste de considérer
que le Liban compte en 2018 près de
1.000.000 locuteurs (soit 20%) avec une bonne maitrise du
français permettant un usage habituel et précis
et environ 900.000 (soit autour de 18%) possédant
assez de bases
pour permettre un usage occasionnel et de conversation basique. Le
nombre total de francophones au Liban peut donc être
estimé
autour de 1,9 millions.
Pour information, le rapport officiel
de l'Observatoire de la Francophonie placé sous l'égide
de l'OIF, Organisation Internationale de la Francophonie,
estime à 38% de la population résidente au
Liban, le nombre de francophones, soit 2,315 millions de
locuteurs sur une population totale de 6,094 millions d'habitants.
La différence avec notre évaluation se fonde
d'une part sur une propension des institutions à
embellir la réalité du terrain et surtout
à prendre en compte que sur les 6,1 d'habitants au
Liban, un maximum de 5 millions sont réellement de
nationalité libanaise...
2/ La francophonie libanaise hors du Liban:
La diaspora libanaise est communément estimée
à près de 13 millions de personnes dont 8,5
en Amérique latine et zone Caraibes.
Nous avons tenté d'affiner nos estimations en tenant
évidemment compte de l'environnement francophone
réel selon les pays ou vivent les libanais d'origine.
Il est bien évident que la francophonie des pays
dont le français est la ou l'une des langues officielles
doit être différenciée de celle d'un
pays ou le français est une vraie langue étrangère.
D'autre part, nous avons tenu compte d'un correctif en fonction
de l'antériorité des vagues d'émigration,
notamment pour le continent sud-américain ou la grande
majorité des libanais n'ont pas reçu au préalable
de rudiments ou d'enseignement du français dans le
système libanais public et surtout privé.
En général, nous avons préféré
délivrer des chiffres prudents plutot basés
sur des estimations basses afin de rester dans le cadre
d'une étude objective et réaliste prenant
en compte les libanais que l'on peut qualifier de francophones
réels.
Afrique de l'Ouest Francophone: 160.000
Afrique non Francophone: 40.000
Maghreb: 10.000
Europe de l'Ouest: 300.000
Autres pays d'Europe: 30.000
Canada: 200.000
Etats Unis: 280.000
Pays du Golfe: 80.000
Asie-Océanie: 50.000
Amérique du Sud , Centrale et Caraibes: 850.000
Soit un total de 2,1 millions de personnes
minimum.
On
peut donc estimer le poids démographique de l'ensemble
de la francophonie libanaise autour de 4 millions de locuteurs
réels equitablement répartie entre celle du
Liban et celle hors du Liban.
Si on arrondit la population libanaise
totale à 17 millions (sur la base de l'origine et
non de la détention obligaoire du passeport libanais)
on peut affirmer que la francophonie libanaise réelle
pèse entre 20 et 25% des libanais dans le monde en
2018.
Il est donc acquis que l'apport de la francophonie libanaise
dans le monde doit être considéré avec
la plus grande attention, non seulement sur un plan quantitatif
mais aussi (et surtout?) sur un plan quantitatif puisqu'il
s'agit dans sa grande majorité d'une population bénéficiant
d'un haut degré d'éducation et d'une dimension
entrepreunariale évidente.
Cette estimation de la francophonie libanaise dans le monde
est donc très encourageante d'autant qu'une part
significative de celle-ci vit dans des zones ou le réservoir
francophone est le plus important pour les prochaines décennies
(notamment l'Afrique) et assez proches du Liban pour entretenir
des synergies réelles et régulières
avec la francophonie au Liban.
Face à la tendance de l'anglicisation rampante à
l'intérieur du Liban, il faudra sans doute aussi
compter sur les libanais de l'étranger pour agir
et contribuer à une saine cohabitation.
Voilà pourquoi cette étude permet aussi de
conclure sur la nécessité absolue d'aborder
la francophonie libanaise avec une vision globale pour mieux
lui garantir ancrage et pérennité!
LibanVision - Octobre 2018
Vos commentaires ou réactions
par email à: contact@libanvision.com
Pour en savoir plus sur la francophonie dans
le monde:
>>
Lire...
Nos trois objectifs
majeurs pour 2018/2020:
-Création d'une page Facebook intéractive
et complémentaire au site-web
Cette page permettra à chacune et
chacun de faire part de ses observations de terrain sur
la situation et l'évolution de la francophonie libanaise
notamment au Liban. Elle permettra aussi de nous soumettre
des suggestions afin d'améliorer notre action et
mettre en place des solutions pour la pérenniser
et la moderniser.
-Création d'un comité d'observateurs locaux
de la francophonie libanaise composé
de 10 à 12 personnes dont les deux tiers environ
au Liban.
Ces observateurs seront des personnalités reconnues
dans divers secteurs
(Culture et littérature, Journalistes ou blogueurs,
Monde des Affaires, etc...)
comme acteurs et "autorités" dans le domaine
de la francophonie libanaise.
-Faire connaitre notre action et nos travaux auprès
des Autorités politiques libanaises, françaises
et des autres pays de la Francophonie
La visite d'Etat du Président de la
République du Liban en France à la fin du
mois de Septembre 2017 a mis en lumière l'importance
de la Francophonie dans les relations des deux pays et la
volonté politique d'en faire un pilier de la relation
franco-libanaise à long terme.
Dans la perspective de la visite du Président de
la République française au Printemps 2018
au Liban notre volonté sera d'intégrer notre
démarche dans le dispositif de veille et de développement
de la francophonie libanaise.
Nous sommes convaincus que la tendance à impliquer
les initiatives de la société civile et la
modernité de notre démarche permettra à
celle-ci d'être un vrai succès pour:
Moderniser, vitaliser et pérenniser
la Francophonie Libanaise
Le franbanais comme on le parle A l'instar du
Francolof au Sénégal ou du camfranglais au
Cameroun,
le franbanais illustre au Liban l'un des joyeux métissages
du français
Les francophones du Pays du Cèdre usent dune
variété linguistique qui leur est propre,
pour laquelle le mot-valise franbanais a été
forgé. Il sagit dun code mixte où
le français côtoie larabe libanais. Ne
vous étonnez pas dentendre que la jardinière
(« éducatrice maternelle ») de vos enfants
est partie estiver (« passer lété
») dans la montagne : le franbanais conserve des emplois
aujourdhui vieillis en français général.
Et si vous apprenez que votre voisine souffre dune
maladie infectueuse (« infectieuse ») due à
une manucure (« vernis à ongles ») dorigine
douteuse, mordez sur votre mastic (« chewing-gum »)
et mettez vos mains dans leau froide (« retrouvez
votre calme »). Carrefour culturel et linguistique,
le Liban ne peut que vous surprendre >>
Lire
l'intégralité de l'excellent article du quotidien
Le Soir (Belgique/Bruxelles) paru le 31 Août 2018.
On parle assez souvent du français
du Québec et de ses savoureuses expressions parfois
difficilement compréhensibles pour un français
de la métropole. Observer une langue, c'est aussi
se pencher sur les mots et associations de mots d'une langue
qui se mettent progressivement en place et deviennent parfois
des expressions usuelles.
Le Liban n'est pas en reste concernant ce phénomène
et les usages se réfèrent souvent à
une pensée initiale dans la langue maternelle locale,
le dialecte arabe libanais. C'est
aussi une des caractéristiques majeures de la francophonie
libanaise qui peuvent freiner certains libanais à
utiliser la langue de Molière ou au contraire en
pousser d'autres à le faire suivant les circonstances!
Nous vous présentons ci-dessous deux excellents articles
sortis sur ce sujet en 2010 dans le quotidien francophone
L'Orient-Le Jour ainsi qu'un précieux glossaire de
bon nombre de mots et d'expressions typiques de libanismes
ou de franbanais.
Lorsque « libanismes »
et « franbanais »
prennent dassaut la langue française
Francophonie Libanismes et
franbanais font partie du français que parlent et
écrivent les Libanais. Richesse pour la langue de
Molière ou signe de pauvreté ? Le débat
est ouvert.
«
Hi ! Kifak ? Ça va ? » Cest en ces termes
que se saluent les Libanais, nullement conscients quils
mélangent dans cette petite phrase trois langues
différentes, langlais, larabe et le français.
Une autre phrase type de ce mélange est « Tayyib
! OK ! Daccord », où lon dit la
même chose, dans les trois langues. Lorsquils
sexpriment en français, les Libanais empruntent
tout naturellement les mots à larabe ou à
langlais, pour former des phrases que seuls eux comprennent.
Ils diront alors « Merci ktir » pour «
merci beaucoup » et ponctueront leurs propos de «
yaané », « tayyeb », « enno
», « bass », « inchallah »,
« khalass », « chou », expressions
et mots de liaisons dialectaux. Cest aussi tout naturellement
en libanais et au beau milieu dune phrase en français
quils adresseront à leurs proches ou même
à des personnes quils rencontrent pour la première
fois des marques daffection telles que « hayété
» (ma vie), « habibi » (mon amour), «
aaïné » (mes yeux) ou « toborné
» (que tu menterres). Un jour oui, un jour non
Le français tel que pratiqué au Liban est
aujourdhui célèbre. Célèbre
au point dêtre revendiqué par la jeunesse
libanaise, qui exhibe fièrement ces expressions sur
des T-shirts. Célèbre au point dinterpeller
les étrangers de passage et dêtre adopté
par ceux qui vivent au Liban. Sur Emmanuelle na-t-elle
pas importé en France lexpression populaire
arabe « Yalla » qui veut dire allez ? Baptisé
« franbanais » par certains (contraction de
franco-libanais), « libanismes » par dautres,
le parler français du Libanais ne se contente pas
de mélanger les langues. Il consiste aussi dans la
traduction littérale en français de certaines
expressions libanaises.
Le résultat, si amusant soit-il pour les étrangers,
ne manque pas décorcher les oreilles des linguistes
et puristes de la langue française. Le Libanais «
crie sur quelquun », au lieu de le gronder ou
lengueuler ; il « rit aussi sur quelquun
», lorsquil se moque de lui ; il appelle «
tante » les mères de ses amis, même si
elles ne lui sont pas apparentées ; il pratique une
activité « un jour oui, un jour non »
et non pas un jour sur deux ; il raconte à la ronde
que son enfant « est brave », au lieu de dire
tout simplement quil est doué pour les études
; lorsquil a envie de serrer son enfant dans ses bras,
il lui dit « viens chez moi » ; mais il dit
aussi à un ami quil espère revoir, «
fais-toi voir », au grand dam des Français
pour lesquels lexpression « va te faire voir
» signifie « va te faire f ». Lorsquil
donne lheure, le Libanais dit « il est huit
heures et demie et cinq », au lieu de dire «
il est huit heures trente-cinq ». Enfin, il veut «
monter en haut », et lorsquil sen va,
il « quitte », à linstar des francophones
dAfrique, et pourtant, le verbe est transitif. Certaines
expressions sont aujourdhui tellement populaires quelles
font désormais partie du dialecte libanais. À
votre « bonjour », un chauffeur de taxi, pas
bilingue pour un sou, répondra « bonjoureïn
» (deux bonjour), sans même réfléchir. Calqués de larabe
dialectal
Les exemples amusants sont légion dans ce pays qui
tire fierté de son bilinguisme, voire de son trilinguisme.
Le phénomène interpelle dailleurs linguistes
et autres spécialistes de la langue française
qui multiplient publications et études, sans pour
autant se mettre daccord. Le « franbanais »
et les « libanismes » sont-ils aujourdhui
une richesse pour la langue française parlée
et écrite au Liban ou, au contraire, une preuve du
recul de la francophonie ?
Lécrivain, historien et linguiste libanais
Abdallah Naaman, docteur ès lettres et auteur dun
essai sociologique intitulé Le français au
Liban, trouve « surprenant, sinon ridicule, de dire
la même chose, simultanément, en trois langues
différentes ». Il estime, évoquant le
« franbanais et les libanismes », que parler
« dacculturation », comme le font certains
linguistes libanais, est « abusif et fantaisiste ».
Ce phénomène résulte « dune
insuffisance, de pauvreté et dune mauvaise
assimilation des idiomes en présence ». «
Le calque de larabe dialectal ou littéral est
évident dans certains exemples » qui trahissent,
pour la plupart, « une défectueuse connaissance
du français et ou de langlais », souligne-t-il.
« En voulant jongler avec plusieurs idiomes, les Libanais
finissent par les perdre tous », observe-t-il. M.
Naaman indique que « le chevauchement des langues
et leur compétition malsaine aboutit à un
sabir, à un charabia qui ne ressemble plus à
rien ». Il considère aussi que « le trilinguisme
ne peut réellement exister, ni au Liban ni ailleurs
», égratignant au passage journalistes, politiciens,
universitaires et intellectuels de renom, « dont très
peu possèdent une seule des trois langues en présence
».
M. Naaman constate, de plus, que la francophonie est en
régression continue :
« Baragouiner le français (ou langlais)
est à la portée de nombre de Libanais, mais
posséder une langue étrangère est le
lot de quelques dinosaures en voie de disparition. »
Il dénonce alors la guerre que se font les langues
en compétition au Liban. Une guerre « qui profite
surtout à larabe, langue maternelle et nationale
des citoyens ». Il regrette, à ce propos, que
les langues étrangères véhiculent au
Liban plus un projet politique quune culture. Évoquant
une expérience quil a vécue pendant
la guerre civile, il raconte comment certains établissements
scolaires et universitaires avaient, à lépoque,
« menacé de renoncer au français »
et denseigner plutôt langlais ou lallemand,
« à cause de la politique du Quai dOrsay
qui visait à limer le pouvoir politique des maronites,
que la France jugeait exorbitant ». Le mélange, une richesse
De son côté, le professeur Hayssam Kotob, linguiste
et enseignant au département de langue française
de la faculté de pédagogie de lUniversité
libanaise, tient à distinguer « entre le franbanais
et les libanismes ». Il estime que « le franbanais,
mélange des deux langues libanaise et française
au sein dune même phrase, nest pas forcément
négatif, mais devient positif dès lors quil
respecte les structures des deux langues ». «
Ce mélange est souvent correct, et plus particulièrement
lorsquil est observé chez les étudiants
», souligne-t-il, affirmant que « le franbanais
est une richesse plutôt quune marque de pauvreté
», parce quil implique que les locuteurs maîtrisent
les deux codes. M. Kotob note à ce propos que lorsque
les Libanais sexpriment en français, ils glissent
dans leurs phrases des termes affectifs en arabe, qui leur
viennent tout naturellement.
Le professeur estime que « les libanismes, en revanche,
sont un signe de pauvreté ». « Penser
en arabe pour parler ou écrire en français
ne peut quentraîner des erreurs choquantes au
niveau de la structure syntaxique, car certains termes sont
utilisés à tort », explique-t-il. À
titre dexemple, il raconte la confusion que les Libanais
font dans lusage de certaines expressions. «
Avoir le bras long signifie en libanais être voleur.
Alors quen français, il veut dire avoir de
linfluence », précise M. Kotob. Il évoque
aussi lusage erroné de certains mots français
par les Libanais, comme « jaquette » pour veste,
« chalet » pour appartement au bord de la mer,
ou « chalumeau » pour paille. Il note à
ce propos que nombre de Français installés
au Liban ont adopté les libanismes, pour se faire
comprendre de la population. M. Kotob tient également
à préciser que chaque langue véhicule
une culture différente et exprime le monde à
sa façon. « Certains termes libanais nont
pas déquivalent en français. Les Libanais
les utilisent donc tout naturellement, comme "sahteïn"
(deux santés) pour souhaiter bon appétit à
quelquun qui mange ou qui a terminé de manger,
ou encore "nahiman" qui pourrait signifier bon
bain. »
Richesse ou pauvreté pour la langue française
? Indubitablement, la langue française pure et dure
souffre de ces emprunts, de ces faux usages, de ces expressions
incorrectes, dont certains ont été rapportés
dans un texte caricatural intitulé « Les ennuis
de Barhoum », à lintention des étudiants.
Mais « les libanismes et le franbanais » se
portent bien, et le débat nest pas près
de prendre fin.
Article écrit par Anne-Marie
El-HAGE | LOrient-Le Jour du 22/03/2010.
Franbanais et libanismes
: à prendre avec des pincettes ? Quel
enseignant de français au Liban na-t-il pas
eu droit au célèbre « Mon ami est en
train de rigoler sur moi », prononcé par un
élève vexé davoir été
la cible des moqueries dun camarade de classe ? Cette
traduction littérale dune tournure syntaxique
du dialecte libanais peut faire sourire un bon francophone
de chez nous, mais prononcée devant un étranger,
elle na sans doute pas beaucoup de sens.
Les
exemples de libanismes saugrenus et insolites ne manquent
pas. « Il a crié sur lui », « Il
est monté en haut », « Jai descendu
une application sur mon téléphone »
ou encore « Il a quitté » sont autant
de libanismes quon peut entendre à Beyrouth
et qui sortent des clous de la langue française.
Ils font bon ménage avec le « franbanais »,
pratiqué par une grande partie des Libanais francophones,
qui nest autre quun mélange darabe
dialectal et de français dans une même conversation,
une même phrase. Les libanismes et le franbanais sont
donc monnaie courante au Liban. Faut-il pour autant sen
réjouir ? Ces pratiques constituent-elles une source
dappauvrissement de la langue française ou,
au contraire, sont-elles susceptibles de lenrichir
?
Tirer
la sonnette dalarme «
Le libanisme est une expression arabe reproduite en français.
Cest un calque du dialecte libanais », explique
le linguiste et traducteur Serge Gélalian, qui considère
que les libanismes ne devraient en aucun cas constituer
une source de fierté. « Il faut tirer la sonnette
dalarme face à leur usage, car ils ne sont
pas un facteur dévolution de la langue française
», estime-t-il. Quant à lusage des «
yaané », « habibi », « tayyeb
» ou « yalla », souvent insérés
dans des phrases en français, M. Gélalian
explique que « ces termes font partie de la fonction
phatique du langage (dont lobjet est détablir
ou de prolonger la communication entre le locuteur et le
destinataire sans servir à communiquer un message,
NDLR) et du terroir libanais ». Ils nont pas
un rôle dinformation, mais servent plutôt
linteraction sociale entre le locuteur et la personne
qui lécoute.
Quant
au franbanais, le linguiste considère tout bonnement
quil « nexiste pas comme langue à
part entière ». « Ce que nous avons
au Liban, cest une alternance entre le français
et le libanais, mais jamais un mixage des deux »,
constate-t-il. Et dexpliquer, par ailleurs, que
le franbanais est à distinguer du bilinguisme.
« Être bilingue, cest maîtriser
deux langues et passer dune langue à une
autre sans problème, ce qui nempêche
pas les calques. »
Que
lon parle de libanismes ou de franbanais, M. Gélalian
est formel : « Non seulement ces phénomènes
ne sont pas enrichissants et ne sinscrivent pas
dans une évolution de la langue française,
mais ils empêchent la progression de la francophonie
», dit-il. Estimant que « lévolution
de la langue se fait à partir du territoire français
», il met en garde contre une volonté denvisager
les libanismes comme une évolution de la langue
française. « Ce serait catastrophique. Cela
dénaturerait le français, lance-t-il, doù
la nécessité de renforcer lapprentissage
du français à lécole et luniversité.
».
Source
de richesse Jarjoura
Hardane, professeur darabe, de traductologie et
de didactique à lUniversité Saint-Joseph
de Beyrouth, définit pour sa part le franbanais
comme une sorte de « va-et-vient continu »
entre le français et le libanais. « Cest
un dérapage », observe-t-il. « Le franbanais
naît de lutilisation dune structure
syntaxique française à laquelle sajoutent
des syntagmes de structure arabe », explique encore
le directeur de lécole doctorale des sciences
humaines et sociales à lUSJ. « Il sagit
de phrases dans lesquelles on mélange les deux
langues. Un mélange un peu spécifique, un
bilinguisme non équilibré. Mais ce nest
pas réellement un registre de langue », souligne
lexpert.
Le discours que tient
Emmanuel Khoury, professeur de langue française,
de stylistique et de rhétorique, est nettement
plus favorable au franbanais et aux libanismes. M. Khoury
estime que ces phénomènes linguistiques
peuvent être « source de richesse, car ils
permettent délargir les horizons de la langue
et de créer de nouveaux mots et de nouveaux concepts
». « Les langues évoluent naturellement,
contre la volonté humaine, assure le professeur.
Les linguistes considèrent que les langues évoluent,
quoi quil arrive. » Étoffant ses propos
dexemples, M. Khoury explique que « pour certains
Libanais, une langue française teintée de
libanismes paraît non achevée ». Il
constate à ce niveau « une compétition
entre les Libanais vers ce qui est considéré
comme une excellence ». En revanche, conclut-il,
« pour certains Français, les libanismes
pourraient donner de la saveur à la langue ».
Article
écrit par Zeina Antonios| LOrient-Le Jour
du 03/04/2019.
Petit
recueil & glossaire de libanismes et de vocabulaire
franbanais
libanisme
Fais toi voir
ouvrir la porte des inscriptions
Allumer la télé
tu l'as aimé au Liban
Il est brave
de quelle famille est-elle?
Yalla
Merci ktir
Bonjourayn Bonjour
je viendrai après dix jours
Tante
découper en piastres
tirer le siphon
une boite de cigarettes
crier sur quelqu'un
rire sur quelqu'un
avancer en arrière
ouvrir le téléphone
Manger un coup
Blanchir la face
Frapper un boxe
C'est vrai
Il est venu
Ecouter la parole
Sortir de corps
Viens ici maman
Ma mère
Je pars
Quitter
Voyager
Présenter le bac
Demander une question
Faire un abonnement
Un jour oui, un jour non
Le chalumeau
Gagner quelqu'un
Long / court
Demoiselle
monter à la montagne/descendre
de la montagne
sens/commentaire
reviens me voir
possibilité de s'inscrire
Brancher la télé
As-tu aimé le Liban
il travaille bien
quel est son nom de jeune fille
vite
merci beaucoup
deux bonjours, en
réponse à "bonjour"
dans dix jours (traduction
de l'arabe)
toute femme plus âgée (marque
le respect) découper
en rondelles, en morceaux
les piastres sont l'équivalent des centimes
tirer la chasse
d'eau un paquet de
cigarettes
traduit de l'arabe
3ilbet swéguir crier après
quelqu'un (traduit
de l'arabe) se moquer traduit
de l'arabe reculer traduit
de l'arabe décrocher
le téléphone
Etre dans une mauvaise situation
traduit de l'arabe sauver la face, rendre ma fierté
donner un coup de poing
traduit de l'arabe darabo boxe
Ah bon traduit
de l'arabe
Il est arrivé traduit
de l'arabe Obéir traduit
de l'arabe isma'el kelmé
Attention de tomber Aller à
la selle viens ici fiston
Mère supérieure
Je vais
S'en aller "Tarak"
veut dire quitter et partir Partir en voyage
sa far Passer le bac
Poser une question origine
arabe sa'al sou'al
S'abonner
un jour sur deux origine
arabe nhar é,
nhar la' la paille Battre quelqu'un
(à
un jeu)
origine arabe rib7o Grand/petit se
réfère à la taille tawil, qassir
Mademoiselle variantes
de prononciation: damozél, mzmozèl
Aller/Revenir de la montagne
En arabe on dit descendre en bas
Grâce
à Dieu une mastic du tic au tac C'est quoi ton histoire?
Allez vite un peu!
une jacquette
D'oú à oú?
Mettez vos mains dans l'eau froide
Yaani
Direction
Chambréyère
Estiver
je suis avec elle
Tu as touché?
Espadrilles
Je n'ai pas la patience de faire...
Descendre aux élections
Faire un petit
Sors dehors
porter ses habits
Acétone
Fermer la lumière
Tu descends au Liban?
Frappe le frein
Faire du ballet ou de la danse
Faire un accident
Rentrer dormir
Encore un peu
Presser le bouton
Il est "classe"
Ne me dis pas!
Bottine
Viens un peu
J'ai pas ta patience
il a doublé sa classe
il a pris une bonne note
Prendre quelqu'un quelque part
Se couper les cheveux
Le petit nom
Plus bon
Hausser la musique
Taper à la porte
Faire ses cheveux
Etre faché de quelqu'un
demander la facture
Débrouiller quelque chose
L'avant-midi
Qu'est-ce qu'il y a sur la télé .....
On a demandé de toi
Qu'est-ce qu'il travaille?
Cet objet est pour moi ...
Viens chez moi
Elles n'est pas derrière son bureau
Visiter quelqu'un
C'est joli
Monter de classe
Après deux heures, je vais...
Parler à propos de choses
Faire un problème
Chercher un bébé
Enlever l'âme de quelqu'un
Va jouer
Ce n'est pas une graine
Ils tapent telle ou telle région
Il a tardé
Je suis parente à lui
Antipathiser quelqu'un
Sympathiser quelqu'un
Donner sa voix
Faire régime
Service Taxi-service
Je
vais bien réponse à "comment
allez-vous?" un chewing gum
du tac au tac Quel est ton problème? Dépêchez-vous!
une veste
pourquoi? min wein la wein? Soyez tranquille expression arabe a peu près, ou à la limite
sens initial: yaané= cela veut dire Finissage
finition Volant d'une voiture traduction du libanais
Chambre à air (roue)
Passer l'été en montagne
je suis d'accord avec elle traduit de l'arabe Tu as reçu ton salaire?
Baskets
Je n'ai pas envie traduit de l'arabe Se présenter aux élections Faire l'amour Sors!
S'habiller traduit de l'arabe
Dissolvant traduit de l'arabe
Eteindre la lumière
Tu vas au Liban?
Freine
suivre des cours de ballet
Avoir un accident
Dormir
Plus tard
Appuyer sur le bouton
Il a de la classe
C'est incroyable
Botte
viens ici
Tu m'énerves
il a redoublé
Il a eu une bonne note
Emmener quelqu'un
Se faire couper les cheveux
Le prénom
Meilleur
Hausser le volume
Frapper à la porte
Aller chez le coiffeur traduit de l'arabe Etre fachéavec qqun
demander l'addition
se débrouiller verbe intransitif en
français La matinée
.... à la télé
On a demandé de tes nouvelles
Quel est sa profession?
... est à moi
Approche-toi de moi
Elle n'est pas à son bureau
Rendre visite
C'est bien
Passer de classe
Deux heures plus tard, je vais...
Parler de choses
Avoir un problème
Avoir un bébé traduit de l'arabe
jeb walad Agacer quelqu'un traduit de l'arabe Laisse moi tranquille
Ne le sous-estime pas
Ils bombardent telle région
Il est en retard
c'est un parent
Le trouver antipathique
Le trouver sympathique
Voter
Suivre un régime traduit de l'arabe Taxis qui s'arrêtent et prennent plusieurs
passagers
A
vous
Bon appétit (à la fin du repas)
C'est un numéro
Cherche moi cet objet
Tu mets la faute sur moi
Chou fi ma fi
Respirer l'air
Regarde qu'est-ce que tu as fait
Allonger ses cheveux
Autostrade
Goute-moi ce plat
Appuyer sur le benzine
Mdabrass
Il te prend de hauteur
Ma maison est ta maison
Habiter dehors
Le manger
flanelle
Descends-moi ici
Ca n'a pas accroché!
Boire une cigarette
Dix heures et demi et cinq
Comme tu es!
Passer par quelqu'un
Les douceurs
Etre motorisé
Il est insortable
Un chalet au bord de la mer
Tu es avec moi?
Merci
à vous En réponse à un
merci Sahtein (qui veut dire 2 santés)
dit à la fin du repas Il est original Ici, en parlant de quelqu'un Apporte-moi cet objet Tu me fais assumer la faute
qu'est ce qui se passe
Prendre l'air
Regarde ce que tu as fait
faire pousser ses cheveux
voie rapide, autoroute
goute ce plat
appuyer sur l'accélérateur
déprimé traduit de l'arabe Prendre de haut traduit de l'arabe
Tu es le bienvenu chez moi
Habiter à l'étranger
La nourriture
Débardeur
Dépose moi ici
La ligne téléphonique ne marche pas
Fumer
dix heures trente cinq
interjection qui marque l'impatience
Passer le prendre
Les patisseries, sucreries
Avoir une voiture pour se déplacer
N'est pas sortable, infréquentable
une maison au bord de la mer
Tu me suis ?
Prolongez donc votre voyage en
consultant la Base
de données lexicographiques panfrancophone (BDLP)
qui offre, pour des pays comme lAlgérie et
le Maroc, une documentation de première main.
Quant au français du Liban, il fait actuellement
lobjet dune recherche visant à établir
un Dictionnaire des libanismes.
Livre
sur le franbanais
Faux et usage de fautes Edité
en 2006 au Liban par les éditions Tamyras
puis diffusé é en France depuis 2009
par La Maison Indigo, le livre de Dounia Mansour
Abdelnour comblera tous ceux qui sont passionnés
par les franbanis les les saveurs de l'usage de
la langue française au Liban. Il a d'ailleurs
servi de support à un reportage
de RFI sur les "saveurs
orientales du français" dans le cadre
du Salon du Livre de Paris en 2013.
Le
Liban francophone contribue aussi à l'enrichissement
de la langue française ou...
Découvrez commentle
mot Beyrouthin est entré dans l'édition
Larousse 2017 sous l'impulsion de "Tamyras"
maison d'édition francophone locale.
Le
Libanais est également riche en proverbes
et en dictons
"Dessine moi un proverbe" Ecrit
par Caroline Torbey et illustré par Renée
Thomas, cet ouvrage paru à l'Automne 2017
présente une vingtaine de proverbes libanais.
S'il est tout d'abord destiné aux enfants,
il peut être lu par tous et s'articule autour
de contes écrits en français et joliment
mis en images à travers des saynètes
se déroulant dans différentes régions
libanaises. Voilà sans aucun doute un bel
outil à la fois ludique et pédagogique.
Le
français au Liban Toutes les langues s'approprient des mots appartenant
aux autres. Chaque peuple modifie, adapte, récupère
un mot, une expression. Les Américains donnent des
« Rendez-vous »,
les Français aiment la « Dolce vita »
et les Libanais...
Les Libanais parlent l'anglais, l'italien - en matière
d'habillement -, le turc et, bien sûr, le français.
Si vous n'avez pas vu les spots publicitaires pour l'événement
« La France au Liban », allez les voir sur YouTube,
ils valent le détour. Parce que l'usage de la langue
française par les Libanais est une énigme,
une exception culturelle, une espèce de mystère
dont même les Libanais ne comprennent pas l'origine.
Ces libanismes, ces confusions de sens, ces inversions existent
quasiment depuis la nuit des temps... Les plus surpris sont
généralement les Français qui entendent
pour la première fois la langue de Baudelaire revue
et corrigée par une copine, un chauffeur de taxi
ou une « tante » assise à la table d'à
côté. « Bonjourak ». « Bonjourein
». « Bonsoir, tous les soirs ». Dès
l'entrée, on est prévenu que le menu sera
corsé. Les Libanais aiment l'excès, la surenchère.
Deux fois bonjour ma chérie parce que tu le vaux
bien. Nul besoin de relever tous ces mots français
qui sont devenus des mots libanais à part entière,
déclinés en verbes, en substantifs ou en adjectifs
: « mhastra », « daprass », «
pannak », « tmaqyajit », « cousinté
» entre autres, mais surtout le plus répandu,
le plus extraordinaire de tous, le fameux « bawmar
». Il n'y a que les Libanais pour transformer en action
le point mort d'une voiture... Dans ce lexique personnel
et propre aux Libanais, on trouve de tout donc. Des traductions
littérales de l'arabe, des expressions travesties
et des fautes de français que les Français
eux-mêmes font parfois. Ce ne sont pas ces dernières
les plus sympathiques, ce sont toutes les autres. Les réponses
à un « merci »... à vous !
Les « tante » pour les femmes d'une autre génération
et le « voyageur ». « Je ne peux pas venir
ce soir, j'ai un voyageur. » Formule qui implique
un collègue, un ami, un proche ou un patron automatiquement
venu de l'étranger. Parce que le monsieur ou la dame
a pris l'avion, le train, le bateau ou la voiture pour venir
jusqu'à nous. C'est un « voyageur »...
hahahahaha. Heureusement qu'on ne dit pas quand on l'invite
au restaurant, c'est un mangeur ou quand on « veille
» ensemble, c'est un « veilleur ». Parce
que le Libanais veille. Il ne sort pas, il veille. D'ailleurs,
« où tu pars veiller ? » - comprendre
« où sors-tu ce soir ? ». Et il ne «
quittera » pas tard parce qu'il a un « voyageur
» demain, un « voyageur » qui le «
parente » et qu'il « fréquente »
depuis « 1980 et 11 ». D'ailleurs, ils ont rendez-vous
à « 10 heures et demi cinq ». Ok, ce
sont des fautes ou des traductions du libanais, mais on
a le droit d'acheter une « crosse » de cigarettes,
de boire son Coca avec un « chalumeau » ou de
mâcher son « mastic ». Chacun son truc.
Les Libanaises vont chez la « manicuriste »,
la même que la femme de celui qui « est descendu
aux élections ». On monte et on descend beaucoup
au Liban. On « monte de classe », on «
monte à Faraya », on « descend à
Beyrouth ». On « ferme » le téléphone
car, « en tout cas », on se voit tout à
l'heure. On est « fâché de lui »
parce qu'il « a ri de moi ». On fait du sport
« un jour oui, un jour non » avec ses nouvelles
« espadrines »... On « demande »
une question à une connaissance et on lui dit en
fin de conversation lorsqu'on l'a croisée par hasard,
« fais-toi voir ». « Ne me dis pas »
que tu connais Flén !!! Je te jure, « moi et
lui » on était ensemble à l'école
et c'est aussi un « ami à » Far7a et
Mar7a. Et des comme ça, il y en a des tonnes. Des
fautes d'orthographe sur certaines enseignes, des fautes
de sens, de grammaire, de compréhension, on en rencontre
tous les jours. C'est ce qui fait le charme de cette langue,
si riche et si drôle à la fois. Ces erreurs,
ces petites fautes sont touchantes, attendrissantes. Elles
sont libanaises, elles font partie de nous et c'est ce qui
les rend belles. Nulle part ailleurs qu'ici, au pays de
Khalil Gibran, des Cèdres et de Mika, vous entendrez
quelqu'un appeler un garçon dans un restaurant :
« maître ».
Yalla, c'est fini.
Médéa Azouri HABIB |
22/03/2010
DANS LES ÉCOLES LIBANAISES,
LE FRANÇAIS OU LANGLAIS Propos
recueillis par Anne-Marie el-Hage | OLJ - 03/08/2015
Interviews croisées Au terme
de leur mission au Liban, les deux ambassadeurs de France,
Patrice Paoli, et de Grande-Bretagne, Tom Fletcher, ont
répondu aux questions de « L'Orient-Le Jour»
sur l'évolution du français et de l'anglais
dans le système éducatif libanais, et sur
le rôle de leurs pays respectifs en ce sens. Malgré
une tendance à la baisse, la francophonie a encore
de beaux jours devant elle dans le système éducatif
libanais, vu la réputation d'exigence de l'enseignement
français. Preuve en est, la majorité des élèves
du pays sont scolarisés dans les filières
francophones.
Mais il n'en reste pas moins que l'anglais, réputé
pour être plus facile et pour être la langue
de l'Internet, se taille désormais une place de choix
dans l'éducation au Liban. À tel point que
pour la première année, davantage d'élèves
présentent leurs examens officiels en anglais plutôt
qu'en français. Interviews croisées des deux
ambassadeurs, quelques jours avant leur départ. >>
Lire (sur le site de ND Jamhour...)
La conclusion que tironsde la lecture de cet article-entretien:
Sur la base des données mentionnées dans cet
article et qui se réfèrent donc à des
données officielles
de la rentrée de 2014 ainsi que sur les projections
de la tendance en cours, il ressort que le français
deviendra minoritaire dans l'enseignement au Liban en 2021
ou 2022.
La
dure réalité des chiffres face aux déclarations
sur le dynamisme du français au Liban
71% en 1995, 66% en 2002, 55% en 2015,
53% en 2018 En 2021 ou 2022
le français deviendra minoritaire
dans l'enseignement primaire et secondaire
au Liban
Les principales questions que nous devons soulever:
Pourquoi une telle régularité
de cette régresssion continue?
Comment peut-on enrayer cette tendance négative?
Cette érosion continue est-elle encore réversible?
Quelle stratégie et Quels moyens pour renforcer la
présence du français au Liban?
Est-elle dangereuse à terme pour la résilience
de la francophonie libanaise?
Les
cartons de la francophonie libanaise
dans chacun des secteurs essentiels et de nos rubriques
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inclus le sommet de la Francophonie d'Octobre 2002.
LibanVision, c'est d'abord un vrai guide de navigation sur
Internet à partir d'un tri exhaustif des acteurs
représentatifs de la francophonie au Liban et à
l'étranger. LibanVision se définit comme apolitique,
oriente vers des liens de toutes tendances de pensée
ayant en commun l'usage de la langue française.Nous
déclinons ainsi toute responsabilité concernant
la nature éventuelle des contenus des liens sélectionnés.
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