Histoires
d'amitié franc-libanaises
|
|
LIBAN
FRATERNITE :
Liban-Fraternité est une association
loi 1901 crée en 1985 et dont le but était, alors que le Liban
était en pleine guerre, de permettre à des enfants parmi les
plus exposés et les plus démunis de venir dans des familles
en France, d'y être soignés pour certains et pour tous, de continuer
leur scolarité dans de bonnes conditions.
Après la fin de la guerre, les jeunes sont rentrés dans leurs
familles, et ont continué leur scolarité au Liban, aidés en
général par les familles qui les avaient hébergés. Certains
sont restés un peu plus longtemps pour achever un cycle d'étude
ou une formation.Plus de 2000 enfants sont ainsi venus en France
pendant les années de guerre. Beaucoup travaillent maintenant,
mais beaucoup se retrouvent malgré tout au chômage à cause de
la situation économique du pays. Lorsque les jeunes travaillent
le parrainage évidemment cesse. Un certain nombre de familles
parrainent alors un autre enfant.Il y a aussi de nouvelles familles,
malheureusement trop peu nombreuses vu les demandes.
Le principe de l'association est de travailler directement,
avec les familles libanaises pour éviter tout intermédiaire.
Nous sommes évidemment en relation avec pas mal de personnes
sur place, mais nous distribuons, nous-mêmes les sommes envoyées
par les familles. Deux fois par an une délégation de l'association
se rend (les frais de voyage étant à la charge des délégués)
sur place et après avoir rencontré les jeunes et leurs familles,
et après s'être assuré que les jeunes sont bien scolarisés.
Les aides sont versées soit directement aux écoles pour participer
à la scolarité, souvent très élevée, soit à la famille, si celle-ci
a déjà réglé la scolarité.
150 jeunes et étudiants sont actuellement aidés.
Liban-Fraternité - B.P. 122 - 38243 MEYLAN
Tel : 04 76 90 70 29 Fax : 04 76 18 26 90
> L'association
Liban-Fraternité sur le web
|
Plus
de 125 parrains français pour scolariser 300 enfants libanais
Maryvonne et Pierre Lambert,
ou linlassable volonté daider le Liban
Beyrouth, novembre 2005-
Maryvonne et Pierre Lambert sont tombés amoureux il y a
bien longtemps du Liban. Ce couple, qui vit en banlieue parisienne
et qui soccupe de lassociation française
Parrainage enfants du Liban, assurant chaque année
la scolarité denviron 300 enfants, ne parvient pas
à expliquer lamour quil porte pour le pays.
Cest simple, il est de ces sentiments tellement grands qui
deviennent comme des évidences et qui nont nul besoin
dêtre expliqués.
Maryvonne et Pierre Lambert ont habité Beyrouth durant
quatre ans, de 1964 à 1968. Ils sétaient installés
à Ramlet el-Baïda avec leurs cinq enfants. À
lépoque, Pierre Lambert, ingénieur à
lÉlectricité de France, occupait le poste
de consultant auprès de lOffice du Litani. Il sétait
rendu à maintes reprises au Liban au début des années
soixante, avant de sy établir avec sa famille.
Cest ensemble que Maryvonne et Pierre parlent de leur «
rencontre » avec le Liban. Un pays où ils ont tout
de suite été « bien accueillis ». «
Nos enfants étaient tout petits et les gens étaient
contents de voir une grande famille, notre sixième enfant
nétait pas encore né », se souvient
Maryvonne.
Le couple nutilise pas les clichés connus sur le
soleil, la mer et la montagne (bref, la diversité du paysage
libanais dans un espace réduit), mais choisit dautres
phrases, dautres concepts pour parler du Liban. Il évoque
certes « la chaleur de laccueil et la générosité
» des Libanais mais surtout « cette tolérance
qui nexiste nulle part ailleurs quau Liban, cette
convivialité entre les Libanais ».
« Le Liban a beaucoup à donner dans ce cadre à
lOccident, à la France. Les Libanais ont un esprit
de consensus, un esprit ouvert, qui pourrait parfois être
pris en exemple », indique Pierre Lambert, qui est le secrétaire
général de
lassociation Parrainage enfants du Liban.
M. Lambert
nest certes pas contre lesprit cartésien, mais
il a dû apprécier, il y a bien longtemps, ce laisser-aller
libanais, cette douceur de vivre propre au pays et qui se traduit
à travers des choses que lon croit anodines.
Dans ce cadre, il se souvient de la guerre des Six-Jours, «
où lon voyait partout à Beyrouth les portraits
de Nasser ». « Cette vague a été suivie
par une autre où des portraits dautres leaders arabes
étaient collés à tous les murs de Beyrouth.
Ensuite, nous avions vu les portraits du général
Charles de Gaulle apparaître ici et là. Plus tard,
il a été décidé denlever tous
les portraits de la ville », se souvient Pierre Lambert,
essayant dexpliquer le consensus libanais
Maryvonne et Pierre Lambert, qui ont vécu la Deuxième
Guerre mondiale et la guerre dAlgérie, nétaient
pas à Beyrouth durant les événements du Liban.
Ils étaient rentrés en France, et cest à
travers les médias quils avaient appris le début
de la guerre. Ils étaient bien tristes : « le Liban
nétait plus le pays de la tolérance. Nous
étions choqués dapprendre que les communautés
du pays pouvaient se battre entre elles », indique Maryvonne,
qui est la secrétaire de lassociation. « Choqués,
parce que durant notre séjour au Liban, jamais personne
ne nous parlait dappartenance religieuse. Je ne savais même
pas si tel ou tel collègue de lOffice du Litani était
musulman ou chrétien, nous vivions complètement
immergés dans la société libanaise et navions
pas vu les choses venir », renchérit Pierre Lambert,
qui sest quand même rendu au Liban pour un court séjour
au début des années quatre-vingt.
Appréhender
le retour
Mais ce nest quen 1999 que le couple
est retourné pour une dizaine de jours au Liban, et ce
dans le cadre de lassociation Parrainage enfants du Liban.
Maryvonne appréhendait ce retour. « Javais
peur que le Liban ne soit plus le pays que jai connu, jai
craint lintolérance, lhostilité. Jai
cru pour un moment que les Libanais avaient changé »,
dit-elle. Heureusement, ses craintes se sont vite dissipées,
dès son arrivée à laéroport.
Lamour que le couple Lambert porte au Liban a fait en sorte
de sauver la dissolution de lassociation, qui est devenue
à la longue une affaire de famille, où les enfants,
les nièces, les tantes, les cousines sont devenus les parrains
des enfants libanais dans le besoin.
Les détails, cest Pierre Lambert qui les raconte.
Lassociation Parrainage enfants du Liban a été
créée en 1990 par une Libano-Française, Jeanine
Revel. Avec un groupe damis du sud-est français,
elle avait mis en place une association pour venir en aide aux
enfants libanais, assurant leur scolarité. Le contact sest
effectué à travers des écoles que la fondatrice
de lassociation connaissait.
Jeanine Revel, qui est tombée malade, a voulu dissoudre
lassociation. Mais cest Pierre Lambert qui a proposé
de poursuivre le travail. LONG ayant pour but de tisser
des liens entre le Liban et la France, la coopération devrait
se faire sur le terrain, avec, par exemple, une visite annuelle
effectuée aux écoles. Laide a lieu à
travers des parrainages, des Français prenant en charge
des élèves libanais. Elle commence généralement
dans les petites classes et se poursuit jusquà la
terminale.
« Le but de lONG est de tisser des liens concrets
entre la France et le Liban. Il faut faire connaître le
Liban aux Français et vice versa. Ainsi, des liens se créent
entre les parrains et leurs filleuls à travers la correspondance.
Cest aussi une manière dencourager les élèves
à utiliser la langue française », indique
Pierre Lambert, soulignant limportance de « lengagement
moral des parrains envers leurs filleuls ». « Grâce
à ce parrainage, les enfants dans le besoin peuvent suivre
ensuite des études universitaires, lUL assurant des
études quasi gratuites. De plus, après le bac, certains
filleuls séjournent en France », ajoute-t-il.
Actuellement, lassociation présente dans une dizaine
décoles du Liban-Nord et de Beyrouth une aide grâce
à plus de 125 parrains français, qui permettent
de scolariser 300 enfants libanais appartenant à toutes
les communautés du pays.
« Certains parrainent plus dun enfant. Dautres
versent des sommes à lassociation ; ces dons peuvent
servir à la scolarisation de plus dun enfant. Dans
ce cadre, nous avons créé un système de bourses
pour toucher en tout 300 enfants », précise le secrétaire
général de lassociation.
Maryvonne Lambert parraine, à elle seule, quatre enfants.
Elle a même tenu à suivre lévolution
de lune de ses filleules jusquà luniversité.
Cette dernière suit actuellement une spécialisation
en gestion.
Le couple Lambert, qui rend visite chaque année, au cours
du mois doctobre, aux écoles que lassociation
parraine, mobilise tout au long de lannée la famille
proche et lointaine, ses amis et ses connaissances pour les enfants
du Liban.
Ainsi, la belle-fille du couple, Clarisse, est devenue la présidente
de lassociation. Cest à travers son mari, Pierre
Yves, quelle a connu le Liban. Et, comme ses beaux-parents,
elle est tombée sous le charme du pays, au point dencourager
des Libanais nés en France, qui nétaient jamais
venus au Liban, à passer des vacances dans le pays, et
au point dappeler lun de ses fils Pierre Emmanuel
Charbel.
Les grands-parents paternels de Pierre Emmanuel Charbel racontent
que Clarisse, qui avait du mal à avoir des enfants, sétait
rendue une fois en pèlerinage à Annaya se recueillant
devant la tombe du saint. À son retour en France, elle
était enceinte dune fille. Elle a donné naissance
ensuite à un garçon et elle avait décidé
de lui donner le prénom du saint libanais.
Clarisse est actuellement mère de trois enfants. Elle est
aussi la présidente de lassociation Parrainage enfants
du Liban.
Sans aucun doute, toute la famille Lambert continuera, inlassablement
et avec beaucoup damour, son uvre pour le Liban.
Patricia
KHODER pour L'OrientLeJour
|
|