Liban:
des personnalités apportent leur éclairage
sur l'actualité libanaise
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L'avenir du Liban dans le nouveau contexte géopolitique
né du départ "partiel" des troupes syriennes
Alexandre
Najjar, avocat, auteur du Roman de Beyrouth (éditions
Plon, 2004) répond à Emmanuel Dupuy pour Défense et Sécurité
Internationale sur sa vision de l'avenir du Liban :
" Comment voyez-vous l'avenir
de votre pays dans le nouveau contexte géopolitique né
du départ "partiel" des troupes syriennes et de sa tutelle
maintenue, ainsi que par rapport à l'enjeu qu'il représente
eu égard aux projets américains pour le "Grand Moyen-Orient
"? "
Au
lendemain de l'assassinat de Rafic Hariri et des manifestations
du 14 mars qui ont précipité le départ des troupes syriennes
du Liban, conformément aux accords de Taef et de la résolution
1559 de l'ONU, le Liban s'est engagé sur la voie de l'indépendance.
Mais cette indépendance est encore loin d'être acquise
: de nombreux élements à l'intérieur du pays sont encore
inféodés à la Syrie et les dernières élections n'ont pas
réussi à les éliminer de la vie politique. Les Chiites
(Hezbollah et Amal), omniprésents au Sud et à Baalbeck,
ont confirmé leur puissance dans les régions en question
- d'où les difficultés qu'on soupçonne pour le désarmement
futur de ces milices chiites. En outre, le "tsunami" Aoun
(selon le mot du chef druze Walid Joumblatt) a réussi
à s'imposer dans les régions chrétiennes au détriment
des forces chrétiennes traditionnelles et en s'alliant,
contre toute attente, avec des symboles de la tutelle
syrienne (Michel Murr, Sleiman Frangié, Omar Karamé...).
Sur un plan intérieur, les cartes sont donc brouillées.
Sur un plan international, il ne faut pas qu'une tutelle
américaine succède à la tutelle syrienne. Les Américains
ont le souci de désarmer le Hezbollah et d'implanter les
300 000 réfugiés palestiniens au Liban - pour répondre
aux souhaits d'Israël. Pour eux, le Liban est un laboratoire
sur l'échiquier du Grand Moyen-Orient. Quelle attitude
adopteront-ils à l'égard de la Syrie qu'ils accusent toujours
d'aider la guérilla en Irak ? Jusqu'où sont-ils prêts
à aller dans leur réclamation de l'application de la 1559
? Les mois à venir seront décisifs pour le Liban et pour
la région.
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«
L’assassinat de Hariri marque la fin de
l’ère syrienne au Liban »
Samir Frangié porte-parole
et personnalité de l'opposition libanaise
«Samir Frangié : Le processus est irréversible, et nul
ne peut plus aller à contre-courant.»
Entretien avec Michel Hajji Georgiou
début Mars 2005
pour le quotidien L'Orient-Le Jour
«Il plane désormais sur la ville une odeur de printemps.
L’espoir d’en finir avec cette chape de plomb qui nous
étouffe est aujourd’hui possible. La peur, qui a été jusque-là
le principal instrument de pouvoir, commence à s’estomper.
» Il ne pensait pas si bien dire, Samir Frangié, le 26
janvier dernier, dans son texte de présentation de Walid
Joumblatt à l’USJ. Il ne pouvait pas savoir que Rafic
Hariri, qui était l’absent omniprésent à cette conférence,
allait être sauvagement arraché à la ville qu’il s’est
acharné à reconstruire durant des années. Il ne pouvait
pas non plus prévoir, nul ne pouvait le faire, que les
Libanais rejetteraient avec autant de fermeté et de détermination
ce « crime sorti d’un autre temps » avant de prendre d’assaut
la rue pour balayer tous les tabous. Mais il avait déjà
pressenti, avec ce sixième supersens politique qui le
caractérise, l’extrême urgence d’un changement dépassant
tout, et qui emporterait tout sur son passage. «
La mort de Hariri a marqué la fin de la guerre civile
libanaise.
Cette extraordinaire réponse islamo-chrétienne qu’il y
a eu autour de la sépulture a marqué une réconciliation
au niveau populaire. Les Libanais ont fait leur travail
de deuil. Ils ont pleuré le Liban, mais ils ont aussi
pleuré ensemble, pour la première fois, tous leurs morts.
Quelque part, cette image des Libanais réunis autour de
cette sépulture est venue dire au monde que toutes les
analyses selon lesquelles les Libanais allaient de nouveau
s’entre-tuer sont tombées à tout jamais. Mais cet assassinat
marque aussi la fin de l’ère syrienne, de la tutelle syrienne
», affirme Samir Frangié, se livrant en profondeur à une
analyse sociologique, anthropologique et politique de
l’acte. Le phénomène est incontestablement remarquable
dans son unicité, mais il dépasse les barrières locales.
« Ce phénomène allie deux sensibilités : l’une s’est exprimée
par la prière sur la sépulture, et l’autre, plus moderne,
par ce sit-in unique, pour la première fois non violent
et démocratique dans le monde arabe. On voit à la fois
des chrétiens et des musulmans, des jeunes et des moins
jeunes, des hommes et des femmes participer ensemble à
un mouvement pacifique. » Samir Frangié met l’accent sur
le fait qu’il s’agit également d’un « phénomène de vie
». « Ce courant de contestation marque une nouvelle période
de l’histoire du Liban.
En 1943, l’indépendance était le fait d’un compromis entre
les élites politiques. Aujourd’hui, elle est le fait du
peuple, des jeunes, des moins jeunes, des gens du Nord
et du Sud. Chacun pourra dire demain qu’il a participé
à la dynamique de l’indépendance. La voilà, la formidable
leçon de vie, de non-violence des Libanais, pourtant ébranlés
par des secousses sismiques à répétition. Le Liban a été
pour le monde arabe un modèle de violence. Nous sommes
en train de donner une autre vision du pays, qui fera
boule de neige, un autre modèle, celui d’un pays capable
d’assurer sa diversité et d’enterrer collectivement ses
morts », indique-t-il.
« Le Hezbollah participe à sa
manière »
Lorsqu’on lui rappelle qu’en 1936, la communauté chiite
avait proclamé, en manifestant, son attachement au Liban,
en réponse à un mouvement de contestation sunnite à Tripoli
réclamant le rattachement à la Syrie, et qu’aujourd’hui,
paradoxalement, les représentants les plus importants
de la composante chiite sont absents de la dynamique populaire,
Samir Frangié marque un temps, et sourit, serein. « En
1936, la Syrie était sunnite, et elle ne l’est plus. L’opposition
est très consciente de ce problème, et sait qu’une participation
chiite est nécessaire à son mouvement. Dans notre dialogue
avec le Hezbollah, nous étions d’accord sur le fait qu’il
a déjà contribué à la lutte pour l’indépendance, en libérant
le Sud, et qu’il est maintenant appelé à participer, à
sa manière et avec ses conditions, à cette nouvelle bataille,
dit-il. Les Libanais ont des sensibilités différentes,
cela se ressent dans la rue et il faut apprendre à vivre
avec, à reconnaître à chacun le droit de participer à
la refondation de ce pays. Le Hezbollah a un comportement
neutre. Il a refusé de répondre à l’appel à la contre-manifestation
lancé par les loyalistes le 28 février. Il n’a pas utilisé
le rassemblement religieux de Achoura pour prouver qu’il
a une légitimité populaire, et il a lancé un appel au
dialogue », indique-t-il. Et M. Frangié d’ajouter : «
Je pense qu’il est possible d’aboutir à une forme d’accord
politique avec lui. Le Hezbollah jouit d’une influence
considérable sur la scène régionale, il peut jouer un
rôle dans une évolution en profondeur de l’islam. C’est
là un des apports à cette caisse commune qu’est le Liban.
Nous ne sommes pas semblables, mais ce qui nous unit est
considérablement plus important que ce qui nous sépare,
et cela peut être une véritable source de richesse pour
le pays. Chacun de nous est en contact avec 17 communautés
dans ce pays. Or l’individu se forme à travers ses contacts
avec l’extérieur. Plus ses contacts sont vastes, plus
cela l’oblige à se développer, à enrichir ses concepts,
ses manières de voir. Notre richesse provient de notre
diversité. »
L’assassin a un nom...
« Ils sont le Liban qui s’en va, vous êtes l’avenir du
Liban. » Prié de commenter cette phrase de Michel Aoun,
datant de 1989, un graffiti qu’on peut lire aujourd’hui
sur l’un des murs dans le périmètre de la place des Martyrs,
Samir Frangié se dit d’accord, avant de rappeler que ce
qui s’en va, c’est la mafia financière, la justice vindicative,
la répression, les scandales des carrières, des médicaments,
de la pollution, de l’essence, de la cigarette, du whisky
trafiqués. « Il n’est pas normal qu’un Libanais ne puisse
pas s’exprimer sans craindre d’être constamment surveillé,
soumis aux écoutes téléphoniques, qu’il ne puisse envoyer
un colis postal sans se faire fouiller, qu’il ne puisse
avoir un libre commerce de CD et de films sans échapper
aux censeurs, ou acheter une carte de portable sans donner
sa carte d’identité. Nous avons vécu ces 15 dernières
années dans l’obscurité. Maintenant, c’est la première
fois que les Libanais peuvent s’exprimer librement, se
rencontrer sans que cela ne provoque une rafle dans les
rangs des jeunes. C’est cela qui est tout nouveau. Et
il y a là quelque chose d’irréversible. » Quant au sort
qui doit être réservé à la classe politique qui gouverne
le pays depuis 15 ans, « c’est aux Libanais d’en décider,
en choisissant leurs représentants par le biais d’élections
libres et démocratiques » . « Il n’y a plus de retour
an arrière, il n’y a plus de possibilité de rejouer les
mêmes rôles. Il n’y aura pas d’élections avant le retrait
total syrien. Le nouveau gouvernement ne sert à rien s’il
ne vient pas pour nettoyer les écuries d’Augias », souligne-t-il.
« Nous voulons prouver qu’on ne peut plus tuer au Liban
impunément. Nous avons déjà eu 150 000 morts, et ça suffit.
Avant, à chaque fois que quelqu’un était tué et que nous
réclamions la vérité, on nous répondait par une analyse
de la situation régionale et locale. Assez. L’assassin
a un nom, et nous voulons le connaître. Nous sommes unanimes,
dans l’opposition, à ce sujet : celui qui a tué Hariri,
qui qu’il soit, devra être jugé. C’est ce mort de trop
qui devra rendre justice à tous les autres morts », note-t-il.
Pour Samir Frangié, « le gouvernement qui va être formé
ne sera qu’une façade, et le véritable pouvoir est celui
des patrons des SR ». « Nous allons poursuivre notre mouvement
jusqu’à ce qu’ils partent. Un nouveau gouvernement ne
sera valable que lorsque la Syrie aura proclamé son intention
de se retirer du Liban et que la lumière aura été faite
sur l’assassinat de Hariri. Il est hors de question qu’un
officier des SR syriens puisse exercer encore la moindre
pression sur un paysan du Akkar ou de la Békaa. C’est
fini. Il n’y aura pas d’élections avant un retrait total
et définitif des forces syriennes. Les Libanais doivent
pouvoir décider souverainement qui ils veulent pour représentants.
Et, dans le même état d’esprit, la décision de garder
Émile Lahoud ou de le renvoyer chez lui devrait appartenir
à la nouvelle Chambre », dit-il. Qu’en est-il de cette
« odeur de printemps », qui, pour Walid Joumblatt, a déjà
commencé ? N’est-ce pas une formule malheureuse, dans
la mesure où tous les « Printemps » se sont terminés par
des chars écrasant les manifestants ? La réponse est lapidaire
: « Je persiste dans ma formule. Les chars sont déjà passés,
c’est la différence avec Prague et Tian’anmen. Ceux qui
pouvaient faire passer les chars ne le peuvent plus aujourd’hui.
»
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Le
Liban, une éternelle préfiguration
Le Liban ne va-t-il pas toujours
à contre-courant de la tendance universelle? Au moment
où le mur de Berlin s’effondrait, qu’il y avait la libération
de tous les pays de l’Est, le Liban tombait sous la tutelle
syrienne. Aujourd’hui, à l’heure où le monde est en proie
à la folie furieuse du choc des civilisations, le Liban
offre un modèle de contestation plurielle. Comment l’expliquer?
« Je crois que le Liban, à cause de sa composition plurielle,
est une préfiguration des années à venir. Nous avons préfiguré
la violence dans le monde arabe, donnant un exemple de
déchéance dans le monde arabe. Après la guerre du Vietnam,
dernière guerre nationale, la guerre du Liban a été la
première guerre postnationale. Ce type de guerre devait
ensuite s’étendre au Caucase, dans les Balkans et dans
une partie de l’Afrique. Durant 15 ans, Beyrouth est devenue
le symbole de la folie humaine », affirme Samir Frangié.
« Or nous sommes aujourd’hui la préfiguration d’un monde
où les gens pourraient apprendre à coexister ensemble
égaux et différents, où l’État ne gère plus seul les citoyens.
Nous sommes un laboratoire de démocratie, et nous sommes
en train de développer le monde arabe. Nous ne sommes
pas une démocratie importée, nous sommes à la recherche
d’une voie propre à nous vers la modernité, le développement
et la démocratie, fondée sur le droit à la différence,
et sur une tout autre approche des relations entre la
société et l’État », souligne-t-il.
Cela passe-t-il par le rejet de
ce qu’on appelle « le terrorisme d’État »?
« Nous sommes la première expression de refus de ce terrorisme
d’État. Jusque-là, le refus de ce terrorisme entraînait
des réactions armées, les mouvements intégristes. Les
gens n’avaient d’autre ressort, d’autre issue que la politisation
de la religion, transformée en instrument de destruction.
Aujourd’hui, nous sommes en train de montrer que le refus
de ces régimes peut se faire d’une autre manière », répond
Samir Frangié.
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Celui qui devait mourir...
Concernant la similitude, dans la forme de contestation
gaie et vivante, entre ce qui se produit à la place des
Martyrs et ce qui se produisait à Baabda en 1989, Samir
Frangié acquiesce, en notant toutefois que durant les
quinze dernières années, les Libanais ont fait entre eux
et chacun sur soi, inconsciemment, un travail important.
Il note que les barricades sont tombées, que les événements
ne peuvent plus être interprétés ou ressentis de différentes
manières, comme cela était le cas durant la guerre. «
Dans la pratique, cela se traduit par cette incroyable
discipline chez les jeunes, qui ont abandonné leurs slogans
particuliers, qui ont unifié leur drapeau, qui ont adopté
la photo de Hariri comme symbole de ralliement. Il faut
dire que c’est la sépulture qui a permis aux Libanais
de se retrouver. Dans sa mort, Hariri s’est transformé
en une véritable machine à recréer des liens. Il a rendu
au centre-ville, le seul emplacement qui n’appartienne
à personne et qui soit à tout le monde en même temps,
le rôle que ce lieu a toujours joué : celui d’un espace
public », dit-il. Rafic Hariri était-il un pharmakon,
« celui qui doit mourir », pour reprendre le titre d’un
ouvrage de Nikos Kazantzakis ? « La peine, la douleur
des gens sont énormes. Mais c’est vrai que Hariri a été
une sorte de victime sacrificielle, pour utiliser un terme
anthropologique. C’est sa mort qui a permis de réconcilier.
C’est presque un phénomène religieux, qui dépasse même
le religieux. On peut dire que Hariri, dans sa mort, a
même incarné tous les morts de la guerre. Chacun s’est
souvenu de sa propre tragédie. Et quand les tragédies
personnelles se rencontrent avec la tragédie nationale,
il s’ensuit une œuvre de fondation », répond-il. Il évoque
dans ce cadre « l’immense portée symbolique » du geste
« d’un jeune homme dont le père a été tué », Nadim Béchir
Gemayel, déposant une couronne sur la tombe de Hariri,
avec, derrière lui, un calicot portant la mention : «
Du martyr du 14 septembre au martyr du 14 février ». «
Nous ne sommes plus dans le politique. Le mouvement de
contestation n’est d’ailleurs pas le fait des politiques.
L’opposition n’a fait que le traduire sur le plan politique.
Le phénomène en lui-même est beaucoup plus important.
Tout le monde sait que nous ne pouvons pas aller à contre-courant
de ce mouvement. Toute personne qui tenterait de le faire
se verrait expulsée de la société. L’opposition est devant
un défi très sérieux, le fait de ne plus rechercher sa
légitimité dans le passé, dans la guerre, mais dans le
futur. Joumblatt a donné une leçon admirable en ce sens,
en désamorçant le passé de la guerre. Il a eu le courage
de reconnaître ses erreurs, et je souhaite que le reste
de l’opposition le fasse aussi. Ce qui est en train d’arriver
au sein des partis politiques est important. Les partis
qui n’ont pas participé à ce mouvement sont en train d’exploser,
comme le Parti communiste ou les Kataëb. Et un parti comme
la Jamaa islamiya a quitté immédiatement le Rassemblement
de Aïn el-Tiné après l’attentat. Même certains leaders
clientélistes et loyalistes sont mis en mal, Sleimane
Frangié entre autres. Un fait est sûr : nul au Liban ne
peut plus être neutre par rapport à la tragédie », ajoute-t-il.
Extraits de l'entretien
de Samir Frangié avec Mouna Naim pour le quotidien
français Le Monde à la veille de la démission
du gouvernement Karamé
"La mort de Rafic Hariri est un
acte fondateur pour le pays"
Vous attendiez-vous à une telle
mobilisation populaire après l'assassinat de Rafic Hariri
?
Non,
personne ne s'y attendait. Lorsque, le jour de l'assassinat,
nous nous sommes retrouvés, une centaine d'opposants de
tous bords, à son domicile pour lancer un appel fort -exigeant
la vérité-, nous avons eu le sentiment que quelque chose
était en train de se passer. Sont venues ensuite les funérailles,
les plus impressionnantes de l'histoire du Liban, du fait
de la participation massive islamo-chrétienne, d'une présence
internationale qui n'est pas passée par les canaux officiels
et de l'exclusion des autorités du pays. Enfin, la sépulture
de Rafic Hariri est devenue un lieu de rencontre des gens
de toutes confessions, de tous âges, de toutes conditions
sociales et de toutes les régions. De ce fait, elle est
devenue aussi un lieu de réconciliation entre Libanais
qui, en pleurant la mort de Rafic Hariri, ont tous pleuré
ensemble tous leurs morts. C'est pour cela que la mort
de Rafic Hariri m'apparaît comme un acte fondateur. C'est
la première fois que les gens décident non de coexister,
mais de vivre ensemble. L'opposition n'a pas lancé le
mouvement ; elle l'a ensuite un peu canalisé. Ce qui s'est
passé est à mettre à l'actif des Libanais, pas à celui
des partis politiques.
Qu'attendez-vous de la Syrie ?
Une déclaration solennelle annonçant qu'elle va quitter
le Liban, quelle que soit la date de ce retrait. Notre
objectif n'est pas de faire tomber le régime de Damas.
Nous n'avons aucun intérêt à provoquer les Syriens. Nous
leur assurerons toutes les conditions d'un retrait dans
la dignité, qui servira de point de départ à une nouvelle
définition des relations libano-syriennes. Au Liban, les
Syriens ont des intérêts qui sont légitimes et d'autres
qui ne le sont pas. Nous disons : si vous quittez ce pays,
si nous pouvons avoir des relations d'un nouveau type,
nous pouvons faire jouer au Liban et à la Syrie un rôle
de premier plan dans cette partie du monde.
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