L'affaire
CGM-CMA:
12 ans après la privatisation, bientôt
l'épilogue d'un interminable feuilleton franco-libanais?
La
compagnie est fondée en 1976 par Jacques Saadé.
En 1978, le premier porte-conteneurs de la compagnie est affrété:
le Ville d'Orient. En 2007, elle s'est hissée au rang de
3ème armateur mondial malgré quelques perturbations
d'ordre familial. En
1996, les frères Saadé rachètent la CGM (Compagnie
générale maritime) à l'Etat français
pour moins de 20 millions de francs lors d'une privatisation.
La CGM disposait cependant d'un milliard de francs de liquidités
ce qui a pu étonner quelques analystes et observateurs.
Il convient de préciser que la CGM était alors structurellement
déficitaire et nécessitait une restructuration et
une rationalisation que l'Etat ne semblait alors pas apte à
mener.
Initialement associé dans la CMA, Johnny Saadé a
contesté, après les avoir cependant acceptées,
les modalités de cette privatisation ainsi que les évaluations
de la CGM.
Depuis 1999, le conflit a repris de plus belle et de nombreuses
plaintes, notamment pénales, sont actuellement encore en
cours.
Par cette privatisation
entérinée sous le gouvernement d'Alain Juppé,
la CMA-CGM est aujourd'hui devenu la troisième compagnie
de frêt maritime du monde, aujourd'hui dirigée
par Jacques Saadé à partir d'un superbe siège
social érigé face au port de Marseille qu'une tour
unique conçue par la célèbre architecte Zaha
Hadid viendra parachever d'ici la fin 2009.
Décembre 2013
Décision de justice à Damas
contre le président de CMA CGM
Johnny Saadé et
sa société Mistral Holding ont obtenu une
décision de justice contre son frère Jacques,
devant un tribunal de première instance de Damas.
Le président de CMA CGM a été condamné
personnellement et en tant que président du troisième
transporteur maritime mondial et de Merit Holding à
verser des indemnités de près de 600 millions
deuros, plus intérêts. La décision
du 11 décembre 2013 condamne aussi conjointement
et solidairement lépouse et les deux enfants
de Jacques Saadé.
Il sagit dun nouvel épisode du feuilleton
judiciaire opposant depuis 17 ans les deux frères
Saadé et leurs holdings respectives devant la justice
de plusieurs pays.
Prié de commenter la décision, CMA CGM na
pas précisé si le groupe comptait interjeter
appel en Syrie, rappelant le jugement « définitif
» obtenu en faveur de Jacques Saadé auprès
de la Cour de cassation libanaise et une condamnation
en France à payer 4 millions deuros de dommages
et intérêts pour « procédures
abusives ».
Le groupe CMA CGM est présent en Syrie, doù
est originaire la famille Saadé. Il y a notamment
obtenu en février 2009 la concession pour dix ans
du terminal du port de conteneurs de Lattaquié
qui continue de fonctionner, au ralenti, malgré
le conflit en Syrie.
Eté 2008
L'article suivant paru dans le news-magazine
"Le Point" du 31 Juillet donne un éclairage
objectif sur la situation et met également en lumière
la possible utilisation d'Internet tant pour informer
que pour parfois désinformer le public voire tenter
de ternir l'image d'une compagnie maritime cependant désormais
solidement installée au 3ème rang mondial
de son activité.
De nombreux médias et journalistes des plus connus
aux plus obscurs se sont parfois prêtés à
cet exercice sans toujours en mesurer les conséquences.
Frères Saadé : « Dallas » à
Marseille
Jacques Saadé a
créé, à partir de rien ou presque,
CMA-CGM, lun des grands de larmement maritime
mondial. Une réussite exceptionnelle. Tout irait
bien pour lui si son frère Johnny ne lui intentait
procès sur procès.
Dans
limmense aquarium du hall daccueil du siège
de CMA-CGM à Marseille sébattent trois
requins. Les employés ont surnommé lun
dentre eux Jacques. Comme Jacques Saadé,
le patron des lieux. Homme à poigne devenu le troisième
armateur mondial avec une flotte qui compte aujourdhui
près de 400 navires. Au début de 2010, sa
tour de 148 mètres dominera les quais de la Joliette-ce
sera le plus haut édifice de Marseille. De son
bureau au 33e étage, il surplombera la ville. Patriarche
comblé, père de trois enfants travaillant
tous à ses côtés, il est devenu le
nouveau pacha de Marseille. A 71 ans, tout sourit à
Jacques Saadé. Bref, le tableau serait idyllique
sil ny avait... son frère Johnny, qui
le poursuit de sa vindicte depuis des années et
des années. Le cadet de 67 ans, toujours fringant,
sest mis en tête de récupérer
ce quil estime comme son dû. Il considère
avoir été spolié lorsquen septembre
2000 il a cédé à Jacques ses parts
dans CMA-CGM. Le tribunal de Beyrouth saisi de laffaire
devait se prononcer ces jours-ci sur la validité
de la vente.
Et voilà que, le 11 juillet, à quelques
jours du prononcé du jugement tant attendu, le
magistrat chargé du dossier se défile. Le
suspense se prolonge...
Dernier
épisode dune interminable guerre de tranchées
judiciaire qui dure depuis 2000 et marquée par
mille et une péripéties. Comme cette perquisition
en règle du siège marseillais de CMA-CGM
en juillet 2007. Johnny attaque Jacques sans relâche.
Et Jacques, qui nest pas devenu le roi des armateurs
en baissant pavillon, ne reste pas les bras croisés.
Résultat : une vingtaine dactions en justice
opposent les Abel et Caïn du transport maritime
au Liban et en Syrie et une dizaine en France. Johnny-il
possède une agence de voyages et des vignobles
au Liban-et Jacques engloutissent des fortunes en honoraires
davocats. Me Thierry Lévy, conseil de Johnny,
justifie la haine obstinée de son client.
« Jacques Saadé a tout fait pour empêcher
son frère de connaître la situation comptable
des sociétés quil dirige. »
Petit
retour en arrière. La famille Saadé, grecque
orthodoxe, est originaire de Lattaquié, le principal
port syrien. Le grand-père, Gabriel, a fait fortune
dans les années 1900 grâce aux relations
commerciales florissantes entre la Syrie et le port
dAlexandrie, avant que le père, Rodolphe,
ne prenne sa suite. Mais, en janvier 1958, la figure
tutélaire décède soudainement,
victime dune crise cardiaque. Jacques et Johnny
ont alors 20 et 16 ans. Leur mère décide
de partager les avoirs à parts égales,
écornant au passage les règles du jeu
oriental qui désigne le fils aîné
comme héritier naturel. Dans les années
qui suivent, la Syrie lance un vaste mouvement de nationalisation.
Les biens des Saadé sont confisqués. Puis
la guerre civile déchire le Liban. Jacques quitte
le pays et débarque à Marseille en 1977,
où il crée la Compagnie maritime daffrètement
(CMA). Johnny, lui, prend en charge les agences de Beyrouth
et de Lattaquié.
La
belle harmonie ne va pas durer. Dautant que, selon
Johnny, Jacques, qui nest pas né de la
dernière pluie, sest attribué «
malicieusement » 7 actions sur 600 000 pour devenir
majoritaire, brisant de la sorte la stricte égalité
voulue par leur mère, Odette. Cest sans
doute de là que vient lesprit de contestation
du cadet.
Faux
armistice
La
querelle entre les deux frères avait connu une
première crise en 1996. Cette année-là,
la CMA est sur les rangs pour racheter la CGM, compagnie
dEtat déficitaire. Johnny sy oppose.
Il considère que la CGM est payée trop
cher. Ce qui surprend en France, où lopposition
considère au contraire que lon fait un
cadeau à Jacques Saadé qui, comme le président
de la République de lépoque, un
certain Jacques Chirac, est proche du milliardaire libanais
Rafic Hariri.
En
2000, de guerre lasse, Johnny dépose les armes.
Le 16 septembre, les deux frères concluent un
armistice à Beyrouth. Johnny vend ses actions
à Jacques... pour 40 millions de dollars, dont
35 payables tout de suite. On croit le conflit réglé.
Erreur ! Trois ans plus tard, le cadet sort de sa retraite
beyrouthine et se rappelle au bon souvenir de son frère
: il réclame les 5 millions de dollars quon
lui doit. Refusé ! Jacques se prévaut
dune clause du contrat qui permet de différer
le paiement jusquen septembre 2005.
Alors,
Johnny repart au combat. Il dépose une plainte
(une de plus...) à Marseille pour refus de paiement?
Cela ne donnera rien. Pas de quoi le décourager.
Surtout après le 7 avril 2004. Ce jour-là,
Johnny subit un véritable choc en découvrant
les excellents résultats de lentreprise
de son frère (202 millions deuros de profits
en 2003, plus de 400 % daugmentation !). Johnny
savise-t-il là quil a raté
le coche ? Quil serait bien plus riche sil
navait pas cédé ses parts dans CMA-CGM
? Le groupe sest en effet imposé peu à
peu comme un des grands mondiaux du porte-conteneurs,
en jouant notamment lAsie. Belle perspicacité.
La Chine est le nouvel eldorado du shipping . Jacques
Saadé lui doit une bonne partie de son exceptionnelle
réussite. Il a réveillé un armement
français en perdition.
Johnny
vit très mal la chose. Juste après lannonce
des résultats de 2003, il saisit le tribunal
de Beyrouth pour obtenir lannulation de la vente
des actions effectuée quatre ans plus tôt.
Le même jour, il écrit à lensemble
des parlementaires français pour crier au scandale
et dénoncer les agissements de son frère.
Une lettre puis deux, puis trois, puis quatre... La
guerre est relancée. Tous les coups sont permis.
En mai 2005, Johnny écrit à larmateur
taïwanais Evergreen Marine Corp., le deuxième
mondial, en affaires avec Jacques, pour lui conseiller
de suspendre toute collaboration avec CMA-CGM, car il
annonce être sur le point den reprendre
les rênes et dannuler les accords en cours.
En parallèle, il approche plusieurs cabinets
daudit, dont Ernst & Young, se faisant passer
pour Jacques afin davoir accès aux comptes.
Les auditeurs préviennent Jacques... et Johnny
porte plainte contre eux pour violation du secret professionnel
(tiens, encore une plainte...).
En
août 2006, lassé des lenteurs de la justice,
le cadet, jamais à court didées,
passe à lattaque sur Internet avec son
site mistralholding.com. Après une interdiction
partielle par la cour dappel de Paris, le «
best of » mis en ligne des malversations prêtées
à son frère est imprimé dans un
livre jaune de cinquante pages intitulé «
Laffaire CMA-CGM, la vérité sur
le conflit des frères Saadé ». Il
est envoyé aux salariés du groupe, aux
bureaux étrangers, mais aussi aux clients, aux
fournisseurs, aux banquiers et... aux journalistes.
En parallèle apparaissent sur Internet des centaines
de blogs reproduisant des articles à charge de
prétendus quotidiens égyptiens... tirés
à quelques centaines dexemplaires par des
sociétés spécialisées moyennant
200 dollars. Parfois, cela peut faire mal. Ainsi la
presse anglaise se fait-elle lécho de ces
ragots au moment où CMA-CGM postule au rachat
de la filiale américaine de P& O Ports...
A peine des accusations disparaissent-elles quen
surgissent de nouvelles sur plus de 2 000 blogs postés
par des sociétés du groupe Mistral Holding
de Johnny. Ce dernier va même jusquà
faire distribuer des milliers de flyers dans les rues
de Marseille et de Paris. Durant lhiver de 2006,
cest au tour des banques partenaires, comme Fortis,
de recevoir des lettres anonymes évoquant les
« fraudes » de CMA-CGM. Des actions pour
lesquelles Mistral Holding est condamné en première
instance en mars 2007 par le tribunal de commerce de
Marseille à 750 000 euros de dommages et intérêts.
Deux mois plus tard, un tribunal du Texas,
où se situe lhébergeur du site,
condamne Johnny et son holding à payer 95 millions
de dollars.
Durant
lété de 2006, le journaliste Alain
Ménargues, ancien directeur de linformation
de RFI, aujourdhui installé au Liban, est
sollicité par Johnny pour rédiger un livre
sur laffaire. Par contrat, Ménargues sengage
à ne pas joindre la partie adverse, tout en conservant
la signature du bon à tirer. Mais, au fil de
lécriture, il doute des pièces fournies
par le factotum de Johnny, un homme au passé
trouble qui a notamment été condamné
à cinq ans de prison par défaut pour banqueroute
à Marseille en avril 1989. A lautomne 2007,
en désaccord avec son commanditaire, Ménargues
bloque la sortie de louvrage... « A partir
doctobre, jai vu surgir des papiers sur
sept blogs-Nouvelobs, M6blogs, etc.-maccusant
dêtre un escroc... Jai porté
plainte contre X à Paris, tout en ayant une idée
sur lidentité de lauteur des attaques...
»
Dernièrement,
le « Dallas » proche-oriental a connu de
nouveaux rebondissements avec la réapparition
de textes diffamatoires sur de nouveaux blogs. Tout
ça nest évidemment pas bon pour
les affaires : « Le rachat de la compagnie US
Lines en 2007 na pas été simple
à gérer dans ce magma de pseudo-informations
sur Internet », reconnaît Georges Sioufi,
secrétaire général du groupe CMA-CGM.
Idem pour la Compagnie marocaine de navigation, privatisée
en 2007 et rachetée par CMA-CGM malgré
un déluge de lettres anonymes aux administrations
marocaines. « Espérons que Johnny réussisse
un jour à saffranchir de ses ressentiments
pour se consacrer à son propre groupe avec la
sérénité qui convient »,
conclut le secrétaire général.
Voeu pieu ? Jusquici, la justice française
a beau avoir systématiquement débouté
Johnny, celui-ci na jamais abandonné son
combat. Famille, quand je vous hais !
Article
de Sophie Coignard publié le 20/12/2007
N°1840 Le Point
Réputation
- Le Net m'a tuer ! L'Internet,
qui révolutionne la vie des Terriens,
peut aussi la leur empoisonner. C'est le cas
de tous ceux, stars ou anonymes, qui deviennent
la cible d'internautes malintentionnés.Extraits
La
CMA-CGM, 3e groupe maritime mondial, a choisi
la seconde voie. Son patron, Jacques Saadé,
a été accusé pendant des
mois sur le Net de toutes sortes de délits,
allant de l'abus de biens sociaux et la corruption
à l'escroquerie, la fraude et l'abus
de confiance. Ces dénonciations ont conduit
à deux non-lieux à Nanterre et
à Marseille. Une troisième information
est ouverte à Paris. Mais le blanchiment
judiciaire n'a pas arrêté la déferlante,
puisque les allégations ont continué
à fleurir sur le Net, via des blogs relayés
par les sites de M6, 20 Minutes , France 3 ou
encore Le Nouvel Observateur, qui, à
leur corps défendant, propageaient la
rumeur. « Ces grands médias ont
accepté très facilement de retirer
ces contenus, explique Me Chistophe Bigot, l'avocat
qui a remonté pour la CMA-CGM la filière
de la diffamation. Mais ce que l'on faisait
supprimer sur l'un d'eux le lundi réapparaissait
sur un autre le mardi. Il était donc
nécessaire d'aller à la source.
Or, contrairement à un article de presse,
dont il est très facile de déterminer
qui est l'éditeur responsable, un blog
renvoie à un hébergeur qui n'est
pas tenu par la loi de vérifier le contenu
de ce qui se trouve sur son site. En revanche,
celui-ci doit fournir les éléments
d'identification à un juge qui lui en
fait la demande. Chaque fois, il faut donc passer
par l'intermédiaire de la justice, en
sachant que n'importe qui peut se déclarer
sous une fausse identité et poster ses
contributions depuis un cybercafé ou
un site situé à l'étranger.
» L'auteur des propos désobligeants
n'avait pas pris beaucoup de précautions.
L'adresse d'envoi correspondait à Mistral
Holding, une société domiciliée
au Liban, pays d'origine de Jacques Saadé,
et dont le dirigeant n'est autre que Johnny
Saadé, le jeune frère du président
de la CMA-CGM.
Le
conflit entre les deux frères remonte
à 1996, date de la privatisation de la
CGM, que l'aîné a décidé
de racheter malgré l'opposition de son
cadet. « Depuis, Johnny Saadé,
qui a revendu ses parts dans la CMA-CGM en 2000
après deux ans de négociations
et qui voudrait aujourd'hui voir annuler cette
transaction, ne cesse de déposer des
plaintes dans différents pays. »
En tout cas, la justice du Texas, où
se trouvait le site hébergeur, a condamné
Johnny Saadé et son holding à
95 millions de dollars de dommages et intérêts
en mai 2007, tandis qu'une cour britannique
lui intimait, le 11 juillet 2007, l'injonction
de cesser son harcèlement électronique,
sous peine d'emprisonnement, d'amende et de
saisie de ses biens en cas de manquement. Johnny
Saadé, par l'intermédiaire de
son avocat Thierry Lévy, reconnaît
être à l'origine de cette campagne
liée, selon lui, aux contentieux judiciaires
en cours.
L'affaire
Saadé est certainement la plus chère
de toutes celles auxquelles la Toile mondiale
a servi de support.
Sur
le même sujet on peut également
consulter l'article paru en Novembre 2007 dans
le site Knowckers.org: Burlesque tentative
de déstabilisation de la CMA CGM
Lire...>>
Sélection
d'articles parus dans la presse française
sur le litige des frères Saadé
Juin
2008
Le patron de la CMA-CGM entendu par la justice
Publié le mardi 3 juin
2008 dans le quotidien La Provence Jacques
Saadé, patron de CMA-CGM dont le siège
est à Marseille, a été entendu,
le jeudi 29 Mai 2008 pendant plus de huit heures, par
la juge du pôle financier du
tribunal de Paris.
C'est ce qu'indique le site internet capital.fr.*
Il ajoute que le PDG du groupe a été interrogé
sur des flux financiers de la compagnie que les enquêteurs
considèrent comme suspects et sur plusieurs entreprises
"opaques" quil détient à
l'étranger.
Il est ressorti de l'audition avec le statut de témoin
assisté.
Pour rappel, le siège du groupe, troisième
transporteur maritime mondial, avait fait l'objet d'une
perquisition spectaculaire les 17 et 18 juillet 2007.
*
CMA CGM :
le PDG du groupe marseillais entendu
au pôle financier de Paris
Après
des années de procédure à Marseille,
qui n'ont pas permis de faire la lumière sur
les conditions exactes de la fusion entre la CMA et
la CGM sous la présidence de Jacques Chirac,
l'enquête, désormais confiée à
la Brigade financière de Paris, est peut-être
en train de connaître un nouveau rebondissement
judiciaire.
Jacques
Saadé, le président de la CMA CGM, troisième
groupe mondial de transport maritime, a été
entendu jeudi 30 mai, pendant plus de huit heures, par
la juge du pôle financier du tribunal de Paris,
Françoise Desset, déjà en charge
des dossiers Clearstream, Rhodia ou encore des transferts
du PSG.
Cette
audition fait suite à la perquisition spectaculaire
des 17 et 18 juillet 2007 au siège marseillais
de la CMA-CGM, avec encerclement policier du site pour
éviter que des documents n'échappent à
leur saisie, comme cela s'était produit par le
passé.
CMA-CGM
: Bras de fer sans fin entre les frères Saadé Publié
le mercredi 4 juin 2008 dans le quotidien La Provence Jacques
Saadé, président du directoire de la CMA-CGM,
a été entendu, à sa demande, le mercredi
28 Mai, par la juge d'instruction parisienne Françoise
Desset. Cette longue audition du patron de la 3e compagnie
maritime mondiale visait, selon M e Michel Moatti, à
"s'expliquer de A à Z" sur le bras de
fer judiciaire acharné que Johnny Saadé
livre à son frère depuis la privatisation
de la CGM, en 1996. L'audition s'est logiquement déroulée
sous le statut de témoin assisté; l'instruction
a été ouverte sur la base d'une nouvelle
plainte de Johnny alléguant la présentation
de faux bilans.
Toutes
les juridictions françaises déjà
saisies de ce conflit fratricide ont renvoyé
Johnny Saadé dans ses cordes. En septembre2006,
la cour d'appel d'Aix-en-Provence condamnait même
celui-ci à une amende civile de 15000euros, sanctionnant
"lecaractère abusif" de la plainte
déposée à Marseille, en septembre2003.
L'instruction fouillée du juge marseillais Charles
Duchaine s'était conclue par un non-lieu, estimant
que Johnny n'avait pas été floué
par Jacques à l'occasion de la signature d'un
protocole, en 2000 à Beyrouth, visant à
compenser la cession à Jacques des parts détenues
par Johnny dans le maritime.
"Excédés
par ces plaintes répétitives", les
avocats de Jacques Saadé ont saisi le tribunal
correctionnel de Marseille, devant lequel Johnny est
appelé à comparaître, le 12septembre,
pour dénonciation calomnieuse. "On en a
assez, on veut en terminer", martèle Me
Michel Moatti. En mars 2007, le tribunal de commerce
de Marseille avait condamné Johnny à verser
750 000 euros de dommages et intérêts pour
dénigrement.
26 Février 2007
Jacques Saadé,
patron de CMA-CGM, est mis en cause dans des affaires
judiciaires, en Egypte et en Syrie. En mars doit
avoir lieu la prochaine audience pour l'affaire
égyptienne, où des responsables
locaux de la société sont inculpés
et au cours de laquelle un mandat d'arrêt
international pourrait-être lancé.
Jacques Saadé est également convoqué
par un juge d'instruction syrien, des poursuites
ayant été lancées pour faux
et usage de faux.
En Janvier 1997, la célèbre revue
économique française titrait déjà: "Jacques
Saadé : Mon frère, ma galère"
>>
La
blogosphère est riche en articles plus
ou moins crédibles concernant les litiges
entre les frères Saadé, la CMA-CGM
et la Mistral Holding notamment. Nous avons préféré
brisertous les liens directs sur le sujet mais
vous pourrez, le cas échéant, aisément
consulter la prolifique littérature en
ligne en faisant par exemple une recherche sur
Google avec une requête du type "blogs
affaire cma-cgm"
Justice. Nouvelle enquête sur les
comptes CMA-CGM La
guerre sans fin des frères Saadé
9 Juillet 2007
Digne
d'une tragédie grecque, la lutte sans merci entre
les deux frères Saadé vient de reprendre.
Jacques et Johnny, héritiers de l'armateur libano-syrien
Rodolphe Saadé, ont codirigé la Compagnie
maritime d'affrètement (CMA) jusqu'en 1996, année
où la privatisation de la Compagnie générale
maritime (CGM) déclenche leur brouille. Aujourd'hui
l'aîné des Saadé, Jacques, 69 ans
, basé à Marseille, est à la tête
de l'empire CMA-CGM, troisième transporteur mondial
de conteneurs. Le cadet, Johnny, 64 ans, basé à
Beyrouth, jure qu'il a été spolié,
et ne s'adresse plus à son frère que par
avocats interposés. Depuis quelques temps, on croyait
la guerre éteinte. Or une information judiciaire
pour faux bilan vient d'être ouverte discrètement,
fin mai, au pôle financier du tribunal de Paris.
Confiée au juge d'instruction Françoise
Desset et Renaud Van Ruymbeke , l'enquête vise les
comptes de la CMA-CGM. Elle fait suite une plainte avec
constitution de partie civile déposée par
Johnny Saadé.
Johnny ne décolère pas. Il accuse son frère
de l'avoir doublé en prenant la majorité
des parts de la CMA, puis d'avoir détourné
de l'argent des caisses de la CGM, et enfin de l'avoir
roulé dans la farine en lui faisant signer un accord,
à Beyrouth, en septembre 2000. Cette transaction
devait mettre fin à leur différend, Johnny
cédant ses parts à Jacques contre 40 millions
de dollars payables en plusieurs échéances.
Les braises avaient fini par refroidir. Mais en 2003,
Johnny a trouvé que Jacques tardait à lui
régler les cinq derniers millions, et que de toute
façon, au vu du succès de la CMA-CGM, le
chiffre de 40 était loin du compte. Ces dernières
années, Johnny a déposé plusieurs
plaintes, pour abus de biens sociaux à Nanterre,
pour escroquerie et abus de confiance à Marseille,
ainsi qu'en Syrie et au Liban. En vain.
Cette fois, Johnny Saadé et son trio d'avocats
- Me. Christian Lestournelle, Jean-Pierre Gastaud et Jean-Pierre
Versini-Campinchi - ont trouvé un nouvel angle
d'attaque, en dénonçant une " présentation
de comptes inexacts ". Ils exposent que Johnny a
été trompé sur la nature des bilans
de la CMA-CGM, cela pour lui faire accepter une transaction
qui se révèle, aujourd'hui, désavantageuse.
A l'appui de sa nouvelle plainte déposée
à Paris, Johnny Saadé a produit un rapport
réalisé en août 2005 par un expert-comptable
renommé William Nahun.
L'affaire laisse de marbre Me. Olivier Metzner, l'avocat
de la CMA-CGM et de Jacques Saadé. " Toutes
les procédures qui ont été lancées
se sont achevées par des non-lieux en faveur de
Jacques. Son frère est prêt à lancer
n'importe quelle accusation, notamment dans le cadre de
plaintes pénales, pour essayer de convaincre Jacques
Saadé de l'indemniser à nouveau ",
déclare l'avocat. Courroucé d'avoir été
pris à parti par Johnny, dans des courriers adressés
à plusieurs parlementaires français, Jacques
a fini par contre-attaquer, en portant plainte pour diffamation.
Conséquence : Johnny a été mis en
examen puis renvoyé devant le tribunal correctionnel
de Paris par le juge d'instruction Jean-Louis Peries,
et son procès doit se tenir en décembre.
Une belle foire d'empoigne en perspective.
Johnny Saadé n'en a cure. Il pense déjà
tenir une autre piste pour montrer que les comptes de
la CMA-CGM sont faux: il vient de se constituer partie
civile dans une enquête pour corruption, ouverte
en Egypte.
Dans cette affaire qui a éclaté fin juin,
des officiels du port de Damiette, près d'Alexandrie,
sont soupçonnés d'avoir reçu des
pots-de-vin de la société française,
qui aurait ainsi cherché à échapper
à des taxes sur le déchargement des conteneurs.
Les autorités américaines et britanniques
suivent l'enquête de près. La CMA-CGM, elle,
conteste catégoriquement.
Michel Deléan pour le "Journal
Du Dimanche" du 9 Juillet 2006
En marge de la bruyante affaire, il convient
de mettre en exergue
un fait majeur directement lié à l'activité
du groupe et à son avenir:
Le numéro 3 mondial lance un second service direct entre
la Chine et le port de Beyrouth
CMA CGM : le volume des marchandises importées
dAsie au Liban en hausse de 20 % cette année Beyrouth-Septembre
2007-
Après avoir été le premier transporteur maritime
à lancer une ligne directe entre lAsie et le Liban
en juin 2004, la CMA CGM a annoncé le lancement dune
seconde liaison hebdomadaire entre la Chine et le port de Beyrouth
sans transbordement. La cérémonie de lancement officielle,
qui devait se dérouler hier, a été annulée
suite à lassassinat du député Antoine
Ghanem.
Le nouveau service de la CMA CGM est complémentaire au
premier appelé le Phoenician Express. Ce dernier relie
lAsie (Corée du Sud, Chine, Taïwan, Malaisie)
directement à Beyrouth (en passant par Djeddah et Port-Saïd)
avant de repartir vers Lattaquieh en Syrie puis continuer vers
lAdriatique (Italie, Croatie, Slovénie), doù
il rejoint lAsie en passant par Damiette (en Égypte).
Le nouveau service, lui, inclut la Thaïlande. Le Levant Express
dessert ainsi la Chine, la Thaïlande et la Malaisie avant
de rejoindre lÉgypte, la Grèce, la Turquie,
la Syrie, et le Liban doù il repart directement en
Chine. Les conteneurs chinois mettent ainsi 17 jours à
arriver au port de Beyrouth.
En visite au Liban, la directrice de la CMA CGM pour les lignes
Asie-Méditerranée, mer Rouge, mers Noire et Adriatique,
Christine Cabau, a expliqué à LOrient-Le Jour
que laugmentation des liaisons hebdomadaires directes entre
lAsie et le Liban a été dictée par
la nécessité de répondre à la demande
croissante de produits chinois sur le marché libanais.
En effet, le volume de conteneurs asiatiques importés au
Liban a augmenté de 18 % en 2006, suivie dune hausse
de plus de 20 % en 2007, sans parler de lactivité
de transbordement, a-t-elle affirmé.
Selon elle, les deux navires en provenance dAsie déchargent
entre 600 et 700 TEU (tonnes équivalent vingt pieds) par
semaine à destination du marché local, et entre
200 et 300 TEU pour le transbordement.
Les produits chinois sont dailleurs tellement demandés
dans la région que les prix du transport maritime de la
Chine vers le Proche-Orient ont augmenté de près
de 15 %, la capacité des transporteurs mondiaux nétant
pas en mesure de répondre immédiatement à
laccroissement des exportations chinoises.
Mais il nen va pas de même pour les exportations libanaises
vers lAsie. Ainsi, les navires arrivent pleins de Chine
au Liban, mais y retournent presque vides. Pour cela, la CMA CGM
a créé dautres liaisons lui permettant de
profiter des exportations libanaises.
En novembre 2006, elle a notamment inclus le port de Beyrouth
dans sa ligne reliant le nord de lEurope (Hambourg et le
Havre) au nord de la Chine en passant pas Beyrouth, puis Djeddah,
qui sert de port déclatement des marchandises libanaises
dans la région du Golfe.
Outre le lien affectif qui lie le groupe au pays du Cèdre,
son fondateur et président Jacques Saadé étant
libanais, le troisième transporteur mondial croit au potentiel
du Liban. En effet, malgré linstabilité politico-sécuritaire
qui caractérise le pays, le trafic de la CMA CGM vers le
Liban a augmenté de 40 % cette année, alors quil
est stable en Syrie par exemple. Au total, près de 70 000
TEU ont desservi le marché local et 170 000 TEU ont été
transbordées.
Le port de Beyrouth a aussi « pour vocation de devenir un
centre de transbordement régional », estime Mme Cabau,
à condition de développer ses capacités.
Selon elle, le terminal de conteneurs du port a atteint sa capacité
maximale de 500 000 TEU par an et commence à être
saturé. Les autorités portuaires étudient
actuellement léventualité détendre
les quais ou de construire un nouveau terminal.
De son côté, la CMA CGM est disposée à
accompagner les projets de développement du port de Beyrouth,
conclut Christine Cabau.
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utiles
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à la CMA-CGM
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> Le site
officiel de la Cie CMA-CGM (en français)